TOUT EST DIT

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jeudi 3 février 2011

Malaise Alliot-Marie 

Michèle Alliot-Marie a passé ses vacances de Noël en Tunisie, avec son autre ministre de compagnon, Patrick Ollier, et ses parents. C’est leur droit. Le choix de la destination est plus contestable : le feu avait déjà pris en Tunisie (dans tous les sens du terme), et le Quai d’Orsay ne pouvait l’ignorer. En outre, les circonstances du séjour de MAM et de sa grande famille ne sont pas claires. Elle admet avoir été invitée dans son jet par un certain Aziz Miled, qui est un riche entrepreneur. Que celui-ci appartienne, comme l’affirme « Le Canard Enchaîné », au clan Ben Ali, ou qu’il ait été spolié par le beau-frère du dictateur en fuite, comme l’affirme Michèle Alliot-Marie, importe finalement peu. Ce qui devrait compter, c’est l’avertissement délivré en juin dernier par Nicolas Sarkozy, menaçant de sanctions « immédiates » les ministres qui ne paieraient pas leurs loisirs sur leurs propres deniers. La lettre du président faisait suite à l’affaire des cigares de Christian Blanc, le ministre du Grand Paris, et de l’utilisation abusive d’un jet par Alain Joyandet, le ministre de la Coopération.


Michèle Alliot-Marie et Patrick Ollier entrent-ils dans la catégorie des bénéficiaires de faveurs privées ? Si oui, ce serait un nouveau coup de canif dans la « République irréprochable » promise par le locataire de l’Élysée, et une nouvelle atteinte à l’image que se font les Français des hommes et femmes politiques. S’agissant de la ministre des Affaires étrangères, cette atteinte à l’image rejaillirait immanquablement sur notre pays, qui n’a pas besoin de ça.


La petite phrase prononcée le 11 janvier par MAM, quand elle a proposé au régime tunisien le « savoir-faire » français en matière de maintien de l’ordre, revient évidemment dans les mémoires à cette occasion. La proposition était déjà injustifiable, au vu des dramatiques événements tunisiens. Elle est encore plus inquiétante à la lumière de ce qu’on apprend sur les liaisons privées du couple ministériel. Malaise, malaise…


La polémique n’a pas seulement une dimension morale. Elle a des répercussions politiques. Alors que la diplomatie américaine s’active en Égypte pour canaliser, au profit des États-Unis, une révolte qui cristallise l’attention du monde entier, le Quai d’Orsay reste tétanisé par un énième dossier franco-français de conflit d’intérêts.

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