TOUT EST DIT

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vendredi 20 décembre 2013

L’insécurité est-elle un sentiment ?

L’insécurité est-elle un sentiment ?


L’ONDPR et l’INSEE ont publié leur enquête annuelle dite de « victimation ». Les chiffres sont éloquents et les Français sans illusions.
L’ONDPR, Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, s’est déjà fait remarquer cette semaine par son rapport sur la part importante des étrangers impliqués dans les vols (voir Présent de mercredi). Des vols en hausse et un « sentiment d’insécurité » qui grandit : plus de 17 % des personnes interrogées disent avoir ressenti ce sentiment, dans leur quartier ou à domicile même.
Aussi 53 % d’entre elles citent la délinquance « parmi les trois problèmes les plus préoccupants dans la société française ».
Les chiffres concernant les vols diffèrent des chiffres officiels : ils seraient deux à trois fois plus élevés que dans les données ministérielles et policières… Plusieurs raisons à cela : d’une part les chiffres officiels sont tripatouillés de façon à minimiser les faits pour ne pas, comme on dit, « faire le lit du Front national », d’autre part 39 % des victimes seulement portent plainte. Les autres ne s’en donnent pas la peine, parce qu’ils doutent fortement de l’efficacité de la démarche. Le pire est qu’ils ont raison : près des trois quarts des ménages qui portent plainte pour vol n’en entendent plus jamais parler ensuite. L’affaire est « classée », si l’on peut dire : elle dort, comme les braves gens sur l’injonction du veilleur.
Typologie du vol
Le modus operandi ? Classique. Les maisons sont plus cambriolées que les appartements. Les voleurs entrent par la porte (54,2 %) ou la fenêtre (22,7 %) et raflent les bijoux en priorité, sans dédaigner le matériel hi-fi, l’argent liquide, les outils de bricolage, les vélos et les vins et spiritueux. Ils opèrent en réseau. Mi-décembre, un réseau de soixante Géorgiens a été démantelé dans toute la France. Ils avaient écumé la Bretagne et l’Aveyron : deux mille vols à leur actif… Mais, comme le déclarait Manuel Valls, surtout, pas d’amalgames ! Pas de lien entre vols et immigration.
L’enquête de l’ONDPR (qui porte sur 14 589 ménages et personnes) donne par ailleurs des chiffres sur les insultes. 1,5 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes d’insultes « à caractère raciste, antisémite ou xénophobe », 4,5 % des femmes d’insultes « à caractère sexiste ». Les associations et le gouvernement font voir là une urgence, l’occasion d’une campagne pédagogico-répressive, et tout ce qui s’ensuit. Le reste n’est que « sentiment », c’est-à-dire subjectivité affective : cette notion de sentiment d’insécurité n’est pas seulement un euphémisme, c’est une tromperie sur la marchandise et une provocation à l’encontre des gens confrontés à des réalités difficiles. Quoi de mieux qu’une urne pour répondre fermement à cette provocation ?

François Hollande sermonné par les grands patrons


Entre la pétition de patrons français de groupes étrangers et un déjeuner plein de reproches avec les poids lourds du CAC 40, la journée d’hier fut épouvantable pour François Hollande.
François Hollande a encore passé une journée épouvantable à Paris. Il a d’abord reçu une pétition signée de 50 patrons de filiales de groupes étrangers installés en France, qui préviennent que leurs sièges ne veulent plus investir en France et expliquent pourquoi. La pétition signée par 50 présidents de grandes entreprises installées en France est assez incroyable. Parmi les signataires, on trouve les patrons français de Siemens, d’Accenture, d’HP France, Esso, American Express, Shell, ABB France, Hertz, Sony, Volkswagen, Barclays, Cisco etc. Au total, 50 filiales françaises de multinationales qui représentent en France plus de 150.000 emplois et plus de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Tous ces patrons étrangers qui habitent la France sont, quelque part, des ambassadeurs de la France auprès de leur direction générale. Que disent-ils ? Très simple ! 
Ils disent et écrivent aujourd’hui au président de la République que la France a beau être l’un des plus beaux pays du monde, avec les équipements de transports les plus performants, les universités, les centres de recherches, les talents… c’est aussi devenu le pays le plus difficile pour y travailler.
Les maisons mères ne veulent plus investir et se développer en France et les raisons invoquées sont archi-connues du monde des affaires. Trop d’instabilité fiscale, aucune visibilité sur ce qui va se passer, trop de charges sociales, trop de bureaucratie et pas de goût pour le travail. Cette affaire est extrêmement grave parce que les 50 signataires de ces grosses entreprises estiment qu'ils représentent quelques 20.000 entreprises étrangères qui emploient indirectement 2 millions de salariés, 13% de la population salariée, 25 % de la seule industrie et assurent le tiers des exportations françaises.
Jamais depuis très longtemps on avait assisté à une telle fronde des chefs d’entreprise contre la gouvernance française.
Le plus étonnant, c’est que le jour même,  le Président avait convié une dizaine de grands patrons français dont celui de Total, Suez, Société Générale, Publicis… des patrons qui se préparent à partir le mois prochain à Davos. François Hollande, s’interrogeant de savoir s’il doit aller à ce forum du capitalisme mondial, voulait connaitre la tendance des débats cette année. Il voulait évaluer l’intérêt qu'il y aurait pour la France à ce qu'il se rende à Davos. Il a donc fait un tour de table pour connaitre l’avis de tous ces patrons.
La réalité a été plus que cruelle. Peu ont parlé de Davos. Tous ont dénoncé la situation française en reprochant au Président l’impuissance de la politique économique. Le ton n’était pas très amical d’après quelques participants. Tous ont parlé de la fiscalité, de son instabilité, du manque de compétitivité et de la difficulté à travailler en France. Tous ont parlé du déficit chronique de solidarité européenne à commencer par l’égocentrisme français. De Christophe de Margerie (Total) à Maurice Levy (Publicis), François Hollande n’avait pourtant pas convié de dangereux provocateurs, simplement les poids lourds de l’économie française.
Le plus curieux, c’est qu’en raccompagnant ses hôtes, le Président a laissé entendre qu'il était d’accord avec tout ce qu'il avait entendu. Comme le week-end dernier au Brésil, il a convenu que la fiscalité devait être stabilisée et même abaissée, que la compétitivité des entreprises était trop faible etc. Et comme d’habitude, la majorité des patrons sont sortis de l’Élysée convaincus que ce déjeuner ne servirait à pas grand chose.

Le Père Noël a disparu


 Le Père Noël a disparu

Longtemps, la France fut la mère patrie du Père Noël. Au point que c'était Noël tous les jours. Depuis le début des années 80, nos politiciens sont toujours arrivés au pouvoir avec une hotte remplie à ras bord de cadeaux achetés à crédit, qu'ils déversaient aux pieds des électeurs ébahis.
Ces farceurs décrétaient, contre toute évidence, que les Trente Glorieuses continueraient chez nous : de 1945 à 1973, les pays européens ont enregistré une croissance moyenne de près de 5 % l'an. Depuis que nous avons perdu le rythme, nos gouvernants de droite ou de gauche ont prétendu le retrouver, avec des relances "volontaristes" qui ont toutes lamentablement échoué.
Ces temps-ci, le Père Noël a un coup de mou : dans sa hotte, il n'y aurait plus que des avis d'huissiers et des reconnaissances de dette. Aux dernières nouvelles, il aurait quitté la France et notre Vieux Continent pour aller se faire voir ailleurs. Là où ça bouge et où les économies tournent à plein. En Chine, en Inde, en Corée, en Afrique ou au Brésil, autant de pays qui, contrairement à nous, croient en eux.
En attendant un éventuel retour du Père Noël, qu'il nous soit permis de lui présenter quelques requêtes pour que reviennent des jours meilleurs :
- Qu'on en finisse avec la gauche gnangnan, dont la dernière blague involontaire est un rapport sur l'intégration, commandé par le Premier ministre et à lui remis avant d'être sottement publié. Célébrant les "dynamiques plurielles de la société", ce texte comique a réussi à faire l'unanimité contre lui, de Hollande à Copé. Ce qu'il propose, notamment à travers le retour du voile à l'école, c'est le sabordage de la République laïque, ainsi qu'un désaveu des enseignants qui travaillent sur le terrain contre les dérives intégristes. Les auteurs de ce gribouillage infantile n'ont simplement pas compris que l'intégration passe par l'éducation, pas par la geignardise ou la compassion. Si ces élites "anti-Valls" ne croient plus au modèle républicain français, pourquoi les enfants d'immigrés y adhéreraient-ils ? On ne veut plus les entendre. Elles ont déjà fait trop de mal au pays.
- Qu'on renvoie au plus vite Mme Lebranchu dans sa chère Bretagne, où elle pourra prendre une retraite bien méritée. Au mépris de la justice et de l'équité, la ministre de la Fonction publique a décidé de supprimer le fameux jour de carence pour les fonctionnaires - jour pendant lequel un arrêt maladie n'est pas indemnisé. Une excellente mesure décidée par l'ancienne majorité, qui entendait rapprocher ainsi les conditions de travail du secteur public et du secteur privé, qui a, lui, trois jours de carence. Grâce à quoi, vient de nous apprendre une étude, l'absentéisme a chuté de 43 % dans la fonction publique territoriale, où il atteignait jusqu'alors des niveaux hallucinants. Merci, le pouvoir précédent. Malgré ça, Mme Lebranchu tient bon sur sa décision en nous servant des explications vaseuses. N'est-ce pas la preuve qu'elle considère les salariés du privé comme des citoyens de troisième zone, alors qu'ils sont déjà payés 12 % de moins que ceux du public ?
- Que les "néocons", autrement dit les néo-conservateurs souverainistes, mettent une sourdine à leur antieuropéanisme primaire. Il est urgent de réinventer l'Europe, tout le monde est d'accord là-dessus. À condition de ne pas la faire sauter pour retourner se pelotonner derrière les barbelés des frontières : on a vu où ça menait. Aujourd'hui, la tendance est d'imputer toutes nos difficultés au bouc émissaire européen. C'est lui qui, sous la férule de l'hydre allemande, nous imposerait une austérité à laquelle nos folies budgétaires passées nous ont condamnés. Une irresponsabilité de gauche comme de droite, qui menace désormais nos démocraties (1) en attisant le chauvinisme. "Le nationalisme, c'est la guerre", disait François Mitterrand, qui faisait partie de ceux, nombreux, qui s'étaient exclamés : "Plus jamais ça !" sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale. Le nationalisme n'est pas une solution. C'est un symptôme, celui de notre déclin économique et moral. Il faut donc le manipuler avec précaution et le consommer avec modération, à un moment où des pans entiers du pays, des classes moyennes en perdition aux classes populaires parties en vrille, ne savent plus bien où ils habitent. Puissent nos hommes (ou femmes) d'État, il en reste encore, ne pas flatter nos plus bas instincts en surfant sur la vague populacière.
Il y aurait encore plein de requêtes pour le Père Noël, mais nous voici arrivé au terme du lignage imparti. S'il se décide à repasser par chez nous, il aura en tout cas beaucoup de travail.
Bonnes fêtes !

1. Cf. l'excellent livre d'Alain Lambert, Déficits publics, la démocratie en danger (Armand Colin), qui nous raconte par le menu la spirale de l'endettement et des déficits.

Le billet de Michel Schifres

Un couard


Le monde est si indéchiffrable que même les dictateurs ne sont plus ce qu’ils étaient. Vladimir Poutine traine une sale renommée. Combattre les peuples qui lui résistent ne lui a jamais fait peur et il expédie en prison aussi vite qu’un flipper renvoie une boule. Eh bien, voilà que le bonhomme s’assoit sur sa réputation : il gracie un de ses pires ennemis.  Mieux, il évoque la maladie de la mère du prisonnier pour justifier son geste, préférant les droits de la maman à ceux de l’Homme. Par précaution, on ne dira pas que Vladimir est un couard mais on y songe. Heureusement des nations savent encore ce que signifie l’autorité de l’Etat : en Chine, les journalistes, pour être considérés comme tels, devront désormais passer un examen qui testera leurs connaissances en communisme.

Ayrault humilié, Ayrault outragé mais Ayrault... bientôt libéré?

Ayrault humilié, Ayrault outragé mais Ayrault... bientôt libéré?


On savait déjà, en entendant la plupart de ses ministres, que Jean-Marc Ayrault n’avait plus beaucoup d’autorité sur son gouvernement ou sa majorité. Aux multiples provocations d’Arnaud Montebourg refusant de poser pour une photo avec le Premier ministre, le moquant devant des journalistes, ou pire encore refusant de répondre sur son maintien à Matignon, se sont ajoutées, entre autres, les petites phrases délicatement assassines du président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone.
Et voilà qu’aux humiliations, on ajoute maintenant l’insulte : en propulsant en tête de liste pour les élections européennes Edouard Martin, le leader CFDT des hauts-fourneaux de Florange, le PS récompense en effet quelqu’un qui avait publiquement agressé Jean-Marc Ayrault, le traitant il y a tout juste un an de « traître ».
Déjà très affaibli par le lâchage de François Hollande sur son opération « remise à plat de la fiscalité », malmené par l’échec de son blitzkrieg sur Bercy, déstabilisé par l’incroyable affaire des rapports sur l’immigration et l’intégration, le Premier ministre doit encore gérer l’indiscipline de plusieurs députés et sénateurs sur le vote du budget ou de la réforme des retraites, endurer les manœuvres des Verts, supporter leur surreprésentation et l’arrogance politique qu’ils en tirent, et faire avec les stratégies personnelles des candidats à son remplacement –il n’en manque pas.
Qu’il soit en sursis ne semble plus faire beaucoup de doute. Sauf accident, cette épreuve devrait prendre fin après les élections municipales et européennes, au printemps.
Mais d’ici là, cette ambiance délétère laisse peu de chances pour que la France soit gouvernée, encore moins qu’elle soit réformée.

UN MILLION DE MECS…

UN MILLION DE MECS…


C’est l’histoire d’un mec… Coluche en-tamait souvent ses sketches par cette formule. L’histoire d’un mec… Mort. Un quart de siècle plus tard, plus d’un million survivent à la li-sière de l’hiver avec les Res-tos du cœur. La campagne de solidarité est à peine lancée et, déjà, le cap du million de repas quotidiens vient d’être franchi. Dix ans après le dé-but en 1996, les Restos ser-vaient déjà plus de 300.000 personnes chaque jour. Sa dernière émission de radio s’intitulait « Y’en aura pour tout le monde ». Jamais le clown superstar, avec sa salopette et son nez rouge, passé maître dans la négocia-tion du prix du steak haché, n’aurait imaginé : la file des damnés de la crise atteint le million ! Le fils de « prolo », idole des Français, n’avait pas créé « les Enfoirés » juste pour les « clodos ». A l’épo-que, déjà, les politiques in-ventaient le RMI pour adou-cir la violence de l’exclusion. Coluche avait créé les Restos en s’appuyant partout en France sur de futurs mana-gers des écoles supérieures de commerce. Personne ne prévoyait qu’en 2013, des étudiants deviendraient bénéficiaires, aux côtés de familles monoparentales ou de retraités précaires. Colu-che a, un jour, exorcisé cette réalité trop cruelle en lançant cette blague : « Dieu a dit : je partage en deux, les riches auront la nourriture, les pauvres, l’appétit ».

S & P RETIRE SON « AAA » À L’UNION EUROPÉENNE


L’agence d’évaluation Standard & Poor’s a retiré ce vendredi matin la note « AAA » -la meilleure de sa classification- qu’elle attribuait jusqu’ici à l’Union européenne, en soulignant que les discussions budgétaires entre pays membres devenaient de plus en plus acrimonieuses.
La note de l’UE a été abaissée d’un cran à « AA + ». Elle est dotée d’une perspective « stable », ce qui implique que S & P n’a pas l’intention de la modifier de nouveau à moyen terme.
«La crédibilité globale en matière de crédit des désormais 28 membres de l’Union européenne a décliné», a expliqué S&P dans un communiqué. L’agence relève aussi que la «cohésion» de l’UE s’est aussi dégradée.
L’UE était sous la menace d’un abaissement de sa note depuis janvier 2012, quand S&P avait revu à «négative» la perspective d’évolution de sa note.
Depuis, plusieurs grands pays de l’Union, dont la France, ont vu leur note dégradée. Après la perte par les Pays-Bas de leur «AAA», il ne reste plus que six pays de l’union bénéficiant de la note maximum pour S&P. Et la note moyenne des pays contributeurs nets au budget européen n’est plus que de «AA», soit un cran plus bas que la nouvelle note de l’UE, a fait valoir l’agence.
S&P souligne que les discussions budgétaires deviennent de plus en plus difficiles au sein de l’UE, avec notamment les principaux pays contributeurs -qui sont le plus souvent ceux notés «AAA»- demandant une réduction de leurs versements.
S&P rappelle que l’UE emprunte sur les marchés financiers pour prêter de l’argent à des pays tiers et financer certains de ses programmes, comme Euratom. Son encours de crédits s’établissait en décembre à 56 milliards d’euros. Dans la foulée, S&P a aussi abaissé de «AAA» à «AA+» la note d’Euratom.

« Grosse Koopération » ?

« Grosse Koopération » ?


En réservant à la France sa première visite après sa réélection, la chancelière Angela Merkel s'est conformée aux bons usages franco-allemands. François Hollande en avait effectivement fait de même après son investiture officielle à la présidence de la République. Toute la question est maintenant de savoir si les amabilités protocolaires vont faire place à une relation plus approfondie et sincère. Parce qu'il faut bien reconnaître que, jusqu'ici, les sourires de façade et les discours convenus ne masquaient que très imparfaitement les divergences de fond. Après qu'Angela Merkel a mis la dernière main à sa « Grosse Koalition » gouvernementale, va-t-on enfin vers une « Grosse Koopération » entre Paris et Berlin ?
Les paroles brièvement prononcées, hier soir sur le perron de l'Élysée, inviteraient à le croire. « Nous pouvons amorcer maintenant une nouvelle étape », a prophétisé la chancelière, faisant écho au propos de François Hollande évoquant « un horizon commun qui doit devenir un agenda commun ». Il est évident que la période de trois ans qui s'ouvre, dépourvue des pollutions électorales pour les deux dirigeants, peut aider au rapprochement.
Encore faudra-t-il éviter de part et d'autre du Rhin l'expression de tout complexe de supériorité, ou les impertinences jalouses sur les faiblesses du voisin. Ce n'est pas parce qu'elle a le triomphe modeste et qu'elle a dû négocier avec les sociaux-démocrates qu'Angela Merkel est prête à se « hollandiser ». Ses concessions dans le domaine social ne signifient pas l'abandon de son « ordo-libéralisme ».
Il ne saurait pas davantage être question pour François Hollande de se « merkeliser » (ce serait trop lui demander) mais encore lui incombera-t-il de se « social-démocratiser » vraiment et de l'assumer. L'axe franco-allemand ne retrouvera son rôle d'entraînement au sein d'une l'Europe conquérante que dans un dialogue dépourvu d'ambiguïtés. Cela demandera à Angela Merkel un peu moins de rigidité et à François Hollande un peu plus de clarté. On va très vite savoir s'ils en sont capables. Au-delà des accolades.

La maison brûle

La maison brûle


La refondation des politiques d’intégration n’est qu’une transfusion culturelle : “faire France”, pour dire “défaire la France”.
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. On se souvient des mots prononcés par Jacques Chirac au sommet de la Terre de Johannesburg, en septembre 2002. Il parlait de la planète et de la destruction de la nature. Mais c’est chez nous que cela se passe : notre maison brûle, et c’est de la destruction de notre culture qu’il s’agit. Les incendiaires sont parmi nous. Ils ne cachent pas leurs intentions et les ont remises au premier ministre, qui les a lui-même publiées.
Préparez-vous à « l’interculturalité », disent-ils, « mettez à distance » votre « propre cadre de référence culturelle »— autrement dit : cessez de revendiquer votre culture, de vous référer à votre patrimoine ou à votre cadre de vie, car il est temps d’en accueillir un autre : « La société française est métisse et plurielle. » Conséquence logique : « La France devrait assumer la dimension arabo-orientale de son identité et sortir de son attitude postcoloniale. » À la place de notre histoire de France, on apprendra une « histoire de la France commune », mixant notre passé à celui de toutes les immigrations. On est donc prié d’apprendre l’arabe, à côté du français, l’arabe dont l’enseignement doit être « valorisé sur tout le territoire français ». Les rédacteurs vous rassurent : « Si le chinois est une langue d’avenir économique, l’arabe l’est aussi. »
Il ne s’agit là que d’un aperçu. La recommandation visant à réexaminer la législation interdisant le port du voile à l’école n’est qu’un trompe-l’oeil pour masquer l’essentiel. Cette « refondation des politiques d’intégration » n’est rien d’autre qu’une transfusion culturelle au nom d’une vieille expression lyonnaise, déjà utilisée par la démographe Michèle Tribalat, et détournée de son sens : “faire France”, pour dire “défaire la France”. On ne pourra pas prétendre que l’on ne savait pas.
Cette affaire a soulevé une tempête justifiée dans l’opinion. Il fallait s’y attendre : le président de la République a déclaré que ce tissu de propositions ne correspondait pas à sa politique ; et le premier ministre a dû expliquer avec retard qu’il ne se reconnaissait pas dans le contenu de ces rapports. On a traduit : ceux-ci sont donc enterrés et leurs recommandations iront à la corbeille. Le croire serait prendre ses désirs pour la réalité. Ces rapports ne doivent rien au hasard. Ils ont été demandés par le premier ministre et font suite à un précédent rapport sur le même sujet remis à Matignon au mois de février par un conseiller d’État, M. Thierry Tuot. Lequel préconisait déjà nombre des mesures développées par les nouvelles contributions.
Celles-ci ont été encadrées par des fonctionnaires des dix ministères concernés, prêtant locaux et moyens pour leur rédaction. Les auteurs en sont des dirigeants d’associations engagées pour la « mémoire de l’immigration », la « citoyenneté de résidence », l’aide aux sans-papiers, l’assistance aux familles clandestines (comme celle qui protégeait les parents de la jeune Leonarda). Des réseaux subventionnés par l’État et les collectivités, tous dévoués au Parti socialiste et ardents partisans du droit de vote des étrangers aux élections municipales.
Quant à leurs recommandations, loin d’être jetées à la corbeille, elles ne sont pour la plupart qu’un prolongement, voire un aboutissement, de mesures que l’actuel gouvernement a déjà prises ou s’apprête à prendre. Dans le registre de ce qui a été fait : les naturalisations massives et la réforme du droit d’asile, en vue de faciliter le séjour des immigrés irréguliers ; la généralisation de l’aide médicale de l’État (AME) destinée aux seuls étrangers irréguliers, en supprimant son ticket d’entrée ; la suppression du Haut Conseil à l’intégration, qui faisait part (sans doute trop) de ses alarmes quant à la montée des communautarismes ; les injonctions du CSA imposant aux chaînes de radio et de télévision des quasi-quotas de la “diversité” ; l’épuration des programmes d’enseignement de l’histoire, sans parler de tous les interdits de la “néonovlangue” orwellienne qui pèsent sur l’expression publique. On en a eu une illustration le 19 août, lors du séminaire gouvernemental qui se tenait à l’Élysée : le ministre de l’Intérieur avait eu l’imprudence d’évoquer le risque que faisait courir à la France l’islamisation due au regroupement familial. Les ministres réunis restèrent interdits : il avait franchi les limites de l’acceptable !
Mais comment peut-il en être ainsi ? D’où vient cette volonté destructrice ? Deux explications : la haine de soi d’une certaine élite de gauche et le cynisme électoral du Parti socialiste. Il existe heureusement un barrage contre ces dérives : l’article premier de la Constitution, selon lequel les citoyens sont égaux devant la loi « sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Ce qui interdit les discriminations au nom d’une idéologie.

Hitler citoyen d'honneur d'un village bavarois !

Le conseil municipal de Dietramszell a d'abord refusé de déchoir le dictateur nazi, avant de se raviser devant le tollé provoqué par l'affaire.


En Bavière, on respecte la mémoire des morts, quels qu'ils soient... La semaine dernière, les membres du conseil municipal de Dietramszell, un village situé au sud de Munich, ont refusé de retirer le titre de citoyen d'honneur à... Adolf Hitler. Après de houleux débats, huit des seize conseillers ont voté contre cette décision. "Tout ce débat est risible", juge l'un d'entre eux, Traudi Fröstl. "Le titre de citoyen d'honneur disparaît le jour de la mort de celui qui le porte, renchérit Josef Hauser. Et puis tout cela remonte à tellement longtemps..." Certains arguments peuvent parfois vous plonger dans des océans de perplexité... Barbara Regul pense, elle aussi, que "la citoyenneté d'honneur prend fin avec le décès de son bénéficiaire". La responsable de l'association culturelle locale tente même de montrer "patte blanche" en expliquant que son "oncle a été interné dans un camp de concentration et que sa mère a sauvé un ami juif de la déportation vers un camp d'extermination".
Cette affaire a soulevé un tel tollé en Allemagne que le conseil municipal a décidé à l'unanimité, 24 heures après son premier vote, de retirer finalement la citoyenneté d'honneur au dictateur nazi. "Nous n'avons jamais eu l'intention de banaliser les crimes d'Adolf Hitler, ont tenté de se justifier les élus dans un communiqué publié dans le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung. Nous ne pensions pas que notre décision précédente allait être interprétée de la manière dont elle l'a été." Ces conseillers auraient pourtant bien dû se douter que leur vote n'allait pas faire que des heureux en République fédérale...

"La violence des extrémistes de droite est un énorme problème"

La montée de l'extrême droite est en effet redevenue un sujet très sensible outre-Rhin. La police a récemment annoncé qu'elle allait rouvrir les dossiers de 750 meurtres non résolus commis entre 1990 et 2011 pour savoir si certains d'entre eux pouvaient avoir des motivations racistes. Les statistiques officielles montrent en effet que 60 personnes ont été tuées par des extrémistes de droite depuis la réunification en 1990, mais de nombreux experts jugent que ces chiffres sont bien inférieurs à la réalité. Les autorités auraient ainsi "totalement sous-évalué" les crimes commis par les militants nazis, selon la dirigeante du parti écologiste, Katrin Göring-Eckardt. Pour la présidente de la fondation de lutte contre la xénophobie Amadeu Antonio, Anetta Kahane, l'État doit réaliser que "la violence des extrémistes de droite est un énorme problème".
En 2011, l'Allemagne a ainsi découvert avec horreur que les assassinats non expliqués de dix personnes originaires principalement de Turquie avaient tous été commis par trois nazillons originaires de l'ancienne Allemagne de l'Est qui n'ont pas été inquiétés par la police pendant de nombreuses années. Les manifestations de plus en plus violentes des militants du parti d'extrême droite NPD montrent également l'impunité dont ils semblent profiter. Dans un tel climat, la "surprise" des élus municipaux de Dietramszell face au tollé soulevé par leur décision de ne pas retirer à Hitler sa citoyenneté d'honneur peut laisser dubitatif...