François Hollande n’est pas content. Ce n’est pas tellement le chômage catastrophique qui provoque sa colère. Ce n’est pas non plus le profil désespérément plat de la croissance, ni le recul de la production industrielle. Ce ne sont pas davantage les records en matière de déficit extérieur, ni celui des faillites d’entreprises. François Hollande n’est pas content, mais ça n’a rien à voir avec l’autorité de l’Etat bafouée par les manifestations anti-Israël. Rien à voir non plus avec la perte d’influence de Paris à Bruxelles. Et ce ne sont pas les divisions de plus en plus criantes de sa majorité ou le coup de sang de Martine Aubry qui l’agaceraient. Non, si François Hollande n’est pas content, c’est parce que le patronat est inquiet et le dit.
Quel toupet, il est vrai, ce Pierre Gattaz. Cette façon de dire la vérité est intolérable : alors que, dans la Hollandie imaginaire, la reprise est là depuis un an et le retournement depuis trois mois, voilà que le patronat, dans sa grande médiocrité, préfère s’en tenir aux chiffres plutôt que danser sur l’air de la marquise. Il ne connaît pas, ce petit patron, la force des mots, la puissance des rêves : il ne sait pas que mentir un peu suffirait pour déclencher la reprise des embauches et des investissements. Oui vraiment, le patron du Medef a « un problème de langage ». Un petit stage en politique lui permettrait de faire des progrès : c’est là que vivent les meilleurs spécialistes de la promesse, du rase-gratis et des plans sur la comète. François Hollande en sait quelque chose, c’est ainsi qu’il a été élu. Bon, il faut admettre que les promesses tardent un peu à se réaliser. Mais en attendant, il suffit de mettre cet échec sur le dos des patrons. Et puis la croissance reviendra, foi de président socialiste. Et ce jour-là François Hollande sera content : il aura été le premier à l’annoncer.