Qu’elle soit socialiste, sociale-démocrate ou sociale-libérale, la ligne politique de la majorité n’a aucune chance d’être un jour efficace si, en permanence, l’ambiguïté le dispute aux contradictions. En d’autres termes si le flou persiste. Pour être crédible, la politique doit être claire et son expression sans équivoque.
On en est loin. Alors que le Premier ministre a délibérément fondé son action sous le signe de l’effort et de la rigueur, le chef de l’Etat explique pour sa part que le retournement est déjà là et que bientôt on redistribuera les fruits de la croissance. Alors que l’on avait tout grand ouvert les portes de l’Elysée à la crème des investisseurs étrangers, on envoie un message d’hostilité aux trois-quarts de la planète business en rudoyant un industriel américain, General Electric, sous prétexte qu’il n’est pas assez européen pour acquérir Alstom. De même, au moment où le choc de simplification devient une ardente obligation, on introduit dans le système de retraite un compte-pénibilité, sorte de délire bureaucratique qui pèsera sur un très grand nombre d’entreprises.
Plus grave, le flou peut être sciemment organisé, dans un but clairement politicien. Mettre en avant, comme le fait le chef de l’Etat, des baisses d’impôts cent fois annoncées alors que des millions de Français remplissent des déclarations de revenus qui témoignent de l’inverse, c’est tromper son monde. Affirmer, comme il l’a fait à plusieurs reprises depuis la défaite des municipales, qu’il veut apaiser la société française et ressortir le bon vieil épouvantail du vote étranger, ou prendre prétexte d’une nécessaire grande réforme de structures pour repousser un rendez-vous électoral redouté, celui des régionales, c’est manipuler la démocratie. Ce n’est pas le meilleur moyen de reconstruire la confiance.