TOUT EST DIT

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jeudi 8 avril 2010

Le patron du renseignement contredit Carla Sarkozy

Mercredi soir, la première dame a démenti l'existence d'une enquête sur l'origine des ragots sur son couple. Or le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur assure le contraire.

A l'Elysée, «on a tourné la page» des rumeurs «depuis belle lurette». Tel est le message que devait faire passer et qu'a répété Carla Bruni-Sarkozy, mercredi soir. «Je considère que nous ne sommes victimes d'aucun complot. Il n'y a pas de vengeance. Les rumeurs sont inhérentes à l'être humain», a martelé la première dame, lors d'une interview de moins de dix minutes à Europe 1. Une mise au point destinée à dissiper le trouble causé par les déclarations de Pierre Charon. Le proche conseiller de Nicolas Sarkozy, a attribué dimanche les bruits incessants sur les prétendues liaisons extraconjugales du couple présidentiel à une conspiration visant à déstabiliser le président français.

«Pierre Charon a parlé avec l'emportement de l'amitié», a observé l'ex- mannequin, qui a manifestement pris ses distances avec lui. «Il a pris cela plus avec cœur que nous». Carla Bruni-Sarkozy a également démenti l'existence d'une enquête des renseignements sur l'origine des ragots. «Il n'y a aucune enquête de police. C'est inimaginable. Il y a une plainte dont je ne connais pas la suite», a -t-elle insisté. Pas plus qu'il n'y a eu de pressions sur le Journal du Dimanche, dont la société éditrice, le Groupe Lagardère, a déposé ce week-end la plainte contre X pour «introduction frauduleuse de données dans un système informatique». Un billet sous pseudonyme publié sur un blog hébergé par le site Internet du journal avait relayé les rumeurs, aussitôt présentées comme authentiques par les médias étrangers.

Toutefois dans la soirée, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) Bernard Squarcini a affirmé au site Internet Mediapart que ses services avaient bel et bien enquêté en mars sur ces rumeurs, après saisine du «directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard». Et de préciser : «Nous avons mené des investigations techniques, notamment informatiques, afin d'essayer de déterminer d'où étaient parties ces rumeurs. Mais nous n'avons pas été plus loin car dès la fin du mois de mars, la direction du Journal du Dimanche (JDD), sur le site duquel la rumeur avait été mise en ligne, a déposé plainte contre X. L'affaire est alors devenue judiciaire», a-t-il souligné.

«Désormais, je ne croirai plus jamais aucune rumeur»

Autre incendie à éteindre pour la première dame, les allégations de conflit entre Nicolas Sarkozy et Rachida Dati, accusée par l'entourage du président d'être à l'origine des ragots sur la vie conjugale du couple Sarkozy, selon le Canard enchaîné. L'ex-Garde des Sceaux reste «tout à fait notre amie», a assuré Carla Bruni-Sarkozy. «L'accusation qui dirait que Rachida Dati a propagé ces rumeurs est une rumeur. Je n'y crois donc pas. Désormais, je ne croirai plus jamais aucune rumeur», a-t-elle insisté. Interrogée sur un éventuel coup de téléphone du président à l'eurodéputée, la première dame est restée évasive : «Peut-être on l'a fait».

«Je suis venue pour relativiser, pour éviter qu'une affaire qui n'a aucune importance prenne des proportions que je trouve ridicules», s'est justifiée Carla Bruni-Sarkozy. «Ces rumeurs sont pour mon mari et pour moi-même insignifiantes, même si elles ne sont pas agréables». Ces bruits, «qui nous tirent vers le bas, n'intéressent personne : les préoccupations de mon mari, ce sont les Français et la France, et celles des Français, c'est la crise», a conclu la chanteuse.

Verte Antigone


Le vert est délavé et c’est une régression dans ce printemps pluvieux, comme si au doigt mouillé on décrétait le danger écarté et nous ne mourrons plus, ni de chaleur ni de fonte des glaces, et le climat ne va pas resserrer ses griffes - il nous épargnera, le climat, il n’abusera pas de notre impuissance?

Le succès de Claude Allègre et de ses alliés, ce jeu des médias que tout nourrit, le désarroi des scientifiques etl’apathie de l’opinion, tout cela laisse rêveur. Il y a moins d’un an la France communiait devant Home, nous étions le plus conscientisé des pays occidentaux pour conjurer le mal, un Président de droite défiait son camp en taxant les énergies fossiles, le sursaut était là. Et tout a disparu, dans une opinion zappeuse ou simplement découragée?

On peut raconter la déconstruction d’une conscience collective. Commencer par la démagogie d’une gauche - Royal la première - incapable de soutenir une juste taxe carbone, puisque proposée par l’ennemi; poursuivre par le coup de bambou de Copenhague, quand les maîtres du monde n’ont affiché que leur impuissance verbeuse; en finir par la fatigue d’une droite finalement contente de ne plus s’embêter avec des carabistouilles, et cette tristesse rageuse du pouvoir, actant sa défaite pour sauver sa peau. Il ne faut pas en vouloir à Sarkozy dans cette histoire, qui se sera beaucoup battu contre lui-même, et sa culture, et ses amis et tous les autres, mais qui refuse de se suicider pour une cause devenue perdue. On n’est pas président pour être Antigone et mourir d’une vérité…

Dans cette défaite, le désarroi des scientifiques est troublant, qui en appellent au pouvoir pour qu’il les revalide contre les charges d’Allègre. Comme s’ils avaient besoin de cela, l’adoubement princier. On touche ici à la peur des guetteurs, à leur erreur tactique peut-être. Détenteurs d’une vérité dramatique pour l’humanité, ils sont descendus dans l’agora, ont entrepris de conquérir les esprits - mais en sont devenus les otages de l’opinion commune: et quand celle-ci se retourne…

Ils se trompent pourtant, les scientifiques, s’ils pensent que la parole des politiques les sauvera. Elle ne changera rien aux catastrophes à venir. Sarkozy peut défendre le Giec et Pécresse soutenir les chercheurs anti- Allègre, on ne leur demande pas ça: leur domaine n’est pas le verbe, mais l’action. C’est leur échec d’abord, aux gouvernants, leur incapacité à répondre à l’urgence écologique, qui incite les gens à se réfugier dans l’aboulie mentale: on ne peut pas gagner cette bataille, faisons comme si elle n’avait pas existé, lisons Allègre et advienne que pourra… Tout est à reprendre donc, entre les taxations carbone, les "Fonds verts" à l’international, les deals à passer avec la Chine… Tout ce qu’il faut faire, qui a été raté, qu’il faut pourtant reprendre, puisque la vérité est inchangée. Que les hommes de pouvoir prennent notre destin au sérieux, même sans nous, même contre nous, et même au risque d’eux-mêmes.

Ni ange ni maton

Muscler les sanctions ne sera pas plus efficace à sanctuariser l'école que les trop visibles et bruyantes opérations sécuritaires n'ont réussi à empêcher les violences en banlieue et l'incivilité générale. La formation des maîtres et la stabilité des équipes pédagogiques sont un bien meilleur moyen que les fouilles des cartables et les portiques. C'est là une certitude fondée sur l'observation scientifique dont il n'est que marginalement tenu compte depuis des années. On a, dès lors, bien du mal à imaginer que les politiques prennent plus leurs responsabilités cette fois qu'ils ne l'ont fait par le passé et s'approprient les conclusions des États généraux avec la volonté de mettre en oeuvre des stratégies à long terme. D'autant que les experts sont les mêmes qu'avant et leurs avis connus.

Il faut renforcer le respect pour l'institution scolaire si l'on veut redonner à l'école son caractère exceptionnel. L'école ne peut être un sanctuaire dans la société que si elle redevient un lieu de respect et d'intérêt partagés par tous. On ne sanctuarise que les lieux à part, ceux où les moins favorisés peuvent grandir aussi bien que les autres et trouver là les moyens de leur émancipation. Les lieux où l'on forme des citoyens en leur inculquant le goût du progrès, de la justice et le respect de ceux qui les servent. L'école laïque doit rendre libre hors de tous les dogmes sociaux.

L'école doit être sacralisée pour ne pas devenir un endroit comme un autre, comme un stade ou un grand magasin où se déchaînent les violences et dans lequel ne prime plus la loi. Pour faire régner l'ordre, l'adulte doit accompagner et si besoin punir pour faire respecter l'espace d'éducation et de réussite où l'on ne peut entrer, ou sortir, que sous contrôle.

Il est vain de penser que l'on sortira de cette spirale brutale par le zèle répressif, les mesures d'exclusion et moins encore par l'angélisme permissif. Le traitement de la violence nécessite que soit redéfinie la place de l'école dans la société et celle de l'encadrement pendant les temps de loisirs. Peut-être en redonnant du sens à l'éducation populaire et en rétablissant les centres d'animation ? Cela voudrait alors dire l'école redevient une priorité nationale et que l'on arrête la saignée des personnels.

DANIEL RUIZ

Zapping


Décidément, la majorité a la main sur la zappette depuis quelque temps. Après la taxe carbone et le bouclier fiscal voici la suppression totale de la publicité sur France Télévisions qui est remise en question. Ça commence à faire beaucoup. Pour un électorat de droite qui a réclamé, semble-t-il, de la stabilité et de la constance dans les urnes des régionales, un nouveau revirement sur un dossier majeur du quinquennat risque de donner, un peu plus encore, le tournis.
A vrai dire, les téléspectateurs ne comprennent pas grand-chose aux rebondissements de la vente de la régie publicitaire. Toute cette agitation fait plutôt mauvais effet, l'électricité de l'argent venant tout à coup court-circuiter le sens et la portée d'une décision politique. La fin de la réclame sur l'audiovisuel public, c'est un changement qui touche directement l'imaginaire du téléspectateur, ses habitudes et sa conception personnelle de l'offre de chaînes pour lesquelles il paie une redevance.
Les soirées sans spots, et le début des programmes dès 20h35, les Français s'y sont facilement habitués. Et dans leur grande majorité, avec plaisir. Si l'annonce de la disparition totale de la pub à la fin de 2011 est soutenue, c'est parce qu'elle répond aux attentes d'une antenne différente, débarrassée d'objectifs de pdm (parts de marché). C'est précisément cet argument choc qui a permis à l'Élysée de « vendre » à l'opinion l'autre volet de la réforme : la nomination directe du président de France Télévisions par le président de la République. Cette nouvelle règle du jeu correspondait à une logique : si l'État paie intégralement les dépenses de la télé publique, alors il est normal que le chef de l'État contrôle directement le président de la télé publique. CQFD.
Cette vision - politiquement discutable - avait le mérite d'être claire et transparente. L'Élysée affirmait d'ailleurs, non sans une certaine franchise, qu'elle mettait fin à l'hypocrisie. C'était donnant-donnant. Cet équilibre entre le principe de la recherche de qualité et la stratégie de reprise en main présidentielle serait rompu si les termes de l'échéance de 2011 étaient modifiés.
Quand Jean-François Copé minimise à l'avance l'arrêt du processus engagé au motif que l'essentiel est fait, il n'a pas complètement tort : le sort de Patrick de Carolis, élu par le CSA en 2005, est entre les mains du chef de l'État. Sur le papier, le sortant - volontiers rebelle - a peu de chances d'être reconduit. Il avait planifié son action sur dix ans, en deux parties. Le temps nécessaire pour réformer en profondeur France Télévisions. Il sera peut être contraint de s'arrêter à la fin du premier épisode. Mais la volonté de l'Élysée peut encore changer. Elle vire de bord si brutalement, parfois, qu'elle en devient imprévisible.

La mise au point de Carla Sarkozy

Invitée mercredi sur Europe 1, Carla Bruni-Sarkozy a pour la première fois mis les choses au point sur les rumeurs qui visent le couple présidentiel, assurant que ces dernières n'avaient "aucune importance" pour eux. La première dame a pris le contre-pied des propos de Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy, et de Thierry Herzog, avocat du chef de l'Etat. Le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur a toutefois confirmé qu'il y avait bien eu une enquête de la part de ses services.


Les rumeurs n’ont "aucune importance pour nous". Le ton est clair. Carla Bruni-Sarkozy s'est expliquée pour la première fois mercredi soir sur Europe 1 au sujet des rumeurs qui visent depuis plusieurs semaines le couple présidentiel. "Je suis venue pour relativiser, pour éviter qu’une affaire qui n’a aucune importance prenne des proportions que je trouve ridicules, insignifiantes", a expliqué la première dame de France. "Il est vrai que nous avons été victimes de rumeurs, il est vrai que ce n’est pas très agréable. Il est vrai aussi que ça n’a aucune, mais aucune importance pour nous", a-t-elle insisté. Et de tempérer: "Je pense que les rumeurs ont toujours existé, qu’elles sont inhérentes à l’être humain malheureusement".
"Je vous parle au nom de mon mari"

Contrairement à ce que Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy et Me Thierry Herzog, avocat du chef de l'Etat avaient envisagé, Carla Bruni estime pour sa part qu'"il n’y a pas de complot, il n’y a pas de vengeance". "Pierre Charon a parlé avec l’emportement de l’amitié […] Quant à Thierry Herzog, je pense qu’il a répondu à une question que lui posait un journaliste en donnant son opinion", a nuancé la première dame.

Et de prendre ses distances avec les positions adoptées par les deux hommes: "Quelle que soit l’amitié, l’affection, le respect que j’ai pour Pierre Charon et pour Thierry Herzog, ils ne sont ni moi, ni mon mari", a-t-elle rappelé. Et d'insister: "Et là c’est moi qui vous parle. Et je vous parle au nom de mon mari". La première dame a par ailleurs assuré que l’Elysée n’avait pas demandé une enquête dans cette affaire, alors que plusieurs médias assuraient le contraire. "On ne fait pas une enquête sur des commérages", a-t-elle justifié.

Interrogé par Mediapart, le patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), Bernard Squarcini, a toutefois confirmé mercredi qu'il y avait bien eu une enquête de la part de ses services. La DCRI a" mené des investigations techniques, notamment informatiques, afin d'essayer de déterminer d'où était parties ces rumeurs", a-t-il expliqué, précisant que ces recherches avaient pris fin avec l'ouverture d'une enquête judiciaire, après le dépôt de plainte.
"Une page tournée depuis bien longtemps"

Au sujet de Rachida Dati, soupçonnée d'être à l'origine de ces rumeurs, Carla Bruni-Sarkozy s'est montré sans ambigüité: "L'accusation qui dirait que Rachida Dati a propagé ces rumeurs est une rumeur. Je n'y crois donc pas. Elle reste tout à fait notre amie", a-t-elle résumé. D’après le JDD, une enquête des services de renseignement français tendrait à montrer que l’ancienne Garde des Sceaux aurait eu un rôle "dans la diffusion d’informations jugées malveillantes à l’Elysée". "Maintenant ça suffit, il faut que ça s'arrête", s'est agacée Rachida Dati mercredi matin sur RTL. Et de promettre qu'il y a entre elle et le locataire de l’Elysée "de la loyauté et de la confiance".

Mercredi l'intention de Carla Bruni-Sarkozy était claire: dissiper le malaise autour de cette affaire: "Mon mari n’a qu’une seule préoccupation, ce ne sont pas les commentaires, ce ne sont pas les rumeurs, ce sont les Français et la France qui traversent une crise très difficile", a-t-elle lancé, comme un rappel à la réalité. "En fait, depuis déjà trois semaines, un mois, on ne tient plus compte de ces rumeurs", a confié la première dame. "Pour nous, c’est une page tournée depuis bien longtemps", a-t-elle encore promis. Et de suggérer que tout le monde en fasse de même.

Détente nucléaire entre Russie et États-Unis


Au début des années 1990, le monde comptait près de 60 000 bombes nucléaires, réparties essentiellement entre Américains et Soviétiques. Depuis, leur nombre a été réduit de plus de moitié, grâce notamment au traité Start de 1991, que Barack Obama et Dmitri Medvedev vont renouveler, aujourd'hui, à Prague, réduisant encore les arsenaux des deux pays. Mais vingt ans après la chute du Mur de Berlin, l'héritage de la guerre froide se compte encore en ogives nucléaires.

Il y a tout juste un an, à Prague, Obama avait planté le décor de ce qui doit définir la gestion des armements nucléaires au XXIe siècle. « La menace d'une guerre nucléaire mondiale a diminué, disait-il, mais le risque d'une attaque nucléaire a augmenté. » Le cauchemar de l'apocalypse a cédé la place aux risques terroristes. Cela exige une redéfinition des priorités. C'est tout l'enjeu des débats et des négociations, actuellement en cours, entre les principales puissances nucléaires.

Mardi, l'administration américaine a dévoilé sa nouvelle doctrine, qui restreint les conditions d'utilisation de l'arme nucléaire de la part de Washington. Aujourd'hui, Obama et Medvedev signent un accord de réduction des têtes nucléaires, qui accompagne le mouvement engagé depuis vingt ans. La semaine prochaine, près d'une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement se retrouveront à Washington pour parler de la sécurisation des stocks et des transports de matière fissile. En mai, l'application du traité de non-prolifération fera l'objet d'un examen à New York. Parallèlement, on s'active à l'Onu pour une nouvelle résolution contre l'Iran et ses ambitions nucléaires.

Sur ce dossier nucléaire, c'est l'Amérique qui donne le tempo. Obama en a fait l'un des axes majeurs de son mandat. Si le XXe siècle a été caractérisé par ce que les experts appellent la prolifération verticale, autrement dit la course aux armements d'un nombre réduit de puissances, le XXIe risque d'être le siècle de la prolifération horizontale, de la contagion sans contrôle. Depuis Hiroshima et l'utilisation de la première bombe atomique par les États-Unis, huit autres nations ont acquis l'arme fatale. La crainte de tous est de voir l'Iran devenir le numéro dix.

En affirmant, l'an dernier, vouloir oeuvrer à un monde « sans armes nucléaires », Obama a pu paraître idéaliste aux yeux de beaucoup. De nombreux républicains s'inquiètent, outre-Atlantique, de l'image de faiblesse que peut comporter ce type de discours. C'est pourtant un objectif élaboré en toute discrétion, depuis plusieurs années. Début 2007, quatre stratèges de tous bords politiques avaient publié un article dans le Wall Street Journal, intitulé déjà « Un monde sans armes nucléaires ». Ils mettaient en garde contre les « terribles dangers » que les armes nucléaires font peser sur le monde. Parmi ces experts des questions de défense, il y avait un certain Henry Kissinger, l'ancien secrétaire d'Etat de Nixon. Peu connu pour être un idéaliste.

Car l'enjeu est de taille pour l'administration américaine. Il s'agit, pour elle, de reprendre politiquement la main en dictant l'agenda nucléaire. Dans le même temps, d'impliquer stratégiquement ses partenaires pour agir efficacement contre la prolifération. Le sommet au Château de Prague, aujourd'hui, aura tous les atours rassurants d'une consécration de l'après-guerre froide. Mais c'est surtout au monde terriblement dangereux de l'après-11-Septembre que la nouvelle doctrine nucléaire américaine entend répondre.
Laurent Marchand

Les robots deviennent encore plus humains

Le fantasme du robot à tout faire vient de passer un nouveau cap. La semaine dernière, deux nouveaux prototypes ont vu le jour au Japon. Chacun d'entre d'eux s'est vu assigner par son créateur une fonction bien particulière, Le premier, qui a l'apparence d'une femme, pourrait pourrait devenir un garde-malade dans un hôpital. Pour sa part, le second, qui prend la forme d'un ourson en peluche, a pour objectif de tenir compagnie aux personnes âgées, ou participer à l'éveil des enfants.

Le professeur Hiroshi Ishiguro, qui a déjà imaginé une famille de robots à figure humaine, a présenté samedi un robot d'apparence féminine, portant le nom de "Geminoïd-TMF". Lors de sa première démonstration, l'androïde aux longs cheveux bruns, vêtu d'une jupe noire, a souri et froncé les
sourcils en signe de colère, imitant presque simultanément une jeune femme d'une vingtaine d'années qui lui servait de modèle. Une caméra filmait les expressions, les transmettant ensuite au robot par signaux électriques.

Cet androïde va être embauché à titre expérimental dans un hôpital, pour tenir compagnie aux malades et les apaiser. Le robot devrait aussi bénéficier d'un poste à l'essai dans un musée de la science.

Dans un domaine plus ludique, des chercheurs du groupe électronique japonais Fujitsu ont imaginé un ourson en peluche robotisé, au petit minois espiègle, qui pourrait tenir compagnie aux personnes âgées, ainsi que contribuer à l'éveil des enfants. L''équipe de chercheurs souhaite proposer dans le futur « un objet qui puisse entrer dans les familles, les maisons de repos ou les écoles ».

Encore à l'état de prototype, cet ourson, qui ne porte pas encore de nom, a un regard, des gestes, des attitudes et des murmures qui inspirent d'emblée confiance. A tel point qu'on ne remarque même pas que sa truffe est une caméra, sorte de troisième œil destiné à repérer la présence d'êtres humains, et répond à leur comportement par des mimiques adaptées. Une bibliothèque de 320 postures a été mise à disposition du robot, afin qu'il puisse réagir au mieux à l'attention qui lui est portée.

L'ourson de Fujitsu, qui se met parfois à somnoler de façon inopinée en ronflant, rigole et pousse des petits cris, est chaleureux au premier abord. Il est en effet couvert de peluche et non de métal, contrairement à beaucoup de robots de compagnies déjà présentés au Japon. « Nous envisageons de le tester prochainement dans des maisons de repos pour qu'il divertisse et apaise les personnes âgées » précise un membre de l'équipe de recherche.

L'ourson-robot pourrait également se retrouver dans les écoles, afin d'aider les enfants à communiquer, et à prendre confiance en eux. Les vidéos prises par les caméras pourraient servir de base à l'analyse de leurs réactions. Cet ourson pourrait aussi être au sein du foyer un médiateur sympathique entre de froids appareils électroniques sans âme et leur propriétaire.

Une quantité d'utilisations qui, si elles prennent sens au Japon, ne seront pas forcément adaptables partout. Les japonais sont en effet beaucoup plus tolérants que les occidentaux face à la présence de robot dans leur quotidien, car ils ne les considèrent pas comme une menace, et leur prêtent parfois des sentiments.

POLEMIQUE – "Les Infiltrés", 22 v'là France 2 !

Le médecin est tenu au secret médical ; le juge au secret de l'instruction et le journaliste ? C'est toute la question qui se pose suite à la diffusion du magazine d'investigation "Les Infiltrés" sur France 2 mardi dernier. Laurent Richard, journaliste, s'est infiltré dans le milieu pédophile en se faisant passer pour une petite fille, et les a ensuite dénoncés à la police. Un journaliste peut-il, dans des circonstances extrêmes, dénoncer les criminels rencontrés dans le cadre de son enquête ?
Ce sont 23 personnes qui ont été arrêtées suite à la dénonciation du journaliste de l'agence Capa, Laurent Richard. "Certains pédophiles avaient l'intention d'abuser d'enfants ; d'autres étaient déjà passés à l'acte. La décision de signaler leurs pseudonymes aux policiers a été prise au cours de l'enquête dans un souci de protection des enfants. Moralement, il était impossible d'agir autrement. Si j'étais rentré chez moi sans rien dire, je n'aurai plus jamais dormi de ma vie.", justifie Laurent Richard.

Le droit de dénoncer, pas l'obligation
L’agence Capa explique que la loi contraint tout citoyen à dénoncer quand il s'agit d'affaires ayant trait à l'enfance. Maître Pierre-Olivier Sur, spécialiste en droit de la presse et l’un des avocats de France Télévision explique qu’il existe en France un principe selon lequel ne pas dénoncer les crimes est un délit. Mais que les journalistes n’y sont pas tenus. Qu’il existe effectivement une spécificité des affaires concernant l’enfance; que les journalistes ont alors le droit de dénoncer, mais en aucun cas l’obligation.

Le secret des sources, l'essence même du journalisme
Le secret des sources, qui permet d'instaurer une relation de confiance, est un gage de crédibilité du journaliste. Si ce secret n'est plus respecté, c'est la confiance du lecteur qui disparait. Aux yeux de Me Jean-Yves Dupeux, spécialiste du droit de la presse, la démarche relève d'un "regrettable mélange des genres". "En se faisant auxiliaire de police, le journaliste sort de son rôle, estime l'avocat. Son devoir est d'informer le public, mais son obligation déontologique, issue de toute la tradition de son métier, est de ne pas dénoncer ses sources."

Quelques contre-exemples
Après la diffusion d'un reportage sur la prostitution infantile il y a quelques semaines dans Envoyé Spécial (France 2), la police a voulu saisir les rushes. L'agence de presse Comiti a refusé de les leur remettre, en invoquant le secret des sources.
En 1975, la presse s'extasiait devant le New York Times qui préférait laisser un de ses journalistes (Myron Farber) en prison pendant 40 jours plutôt que de livrer à la justice ses notes confidentielles concernant un médecin qui assassinait ses patients. Les temps changent…

Information ou délation?
Tout journaliste en situation d'enquête peut et doit avoir des problèmes de conscience qu'il résout au cas par cas, en franchissant parfois certaines limites. Dominique Pradalié du Syndicat national des journalistes (SNJ) commente qu’il est "hypocrite de dire qu'il était contraint. Quand on enquête sur des pédophiles, on ne pense pas tomber sur des fraises des bois. Laurent Richard savait à quoi s’attendre." Alors où poser les limites ? Pourquoi ne pas décréter qu'en ces temps de crise un journaliste doit dénoncer à la police les criminels en col blanc à qui il aurait parlé ? Qui décide de la nature du crime à dénoncer ? Quand le secret des sources doit-il "sauter" et qui a le droit de passer outre ? Il semble qu'il y ait bien un mélange entre deux professions : journaliste et policier, comme le précise Dominique Pradalié : "Journaliste ou policier, les deux professions sont respectables, mais il faut choisir. A cause de cela, les journalistes vont tout le temps être suspectés." Les journalistes ne sont pas habilités à rendre justice. Leur métier consiste à témoigner de l'actualité. Aux institutions de faire le reste.



Claire Largillière

CANNABIS – Faut-il dépénaliser pour renflouer les caisses ?

Légaliser les drogues douces, le meilleur outil fiscal anticrise ? Le débat fait rage en Californie où l'on propose d'autoriser l'usage "récréatif" du cannabis pour en récolter les taxes. Et en France, à quand la marijuana dans les bars-tabacs ?
Les vertus médicales du cannabis pour calmer les douleurs des patients souffrant terriblement suite à un accident ou une maladie, sont reconnues depuis 1996 en Californie, qui en autorise l'usage pour ces raisons. La consommation "récréative" y est en revanche prohibée. Peut-être plus pour longtemps car la Californie pourrait être le premier Etat américain à dépénaliser la marijuana. C'est en tout cas ce que demande le Tax Cannabis act, un texte qui sera soumis au vote des Californiens en novembre prochain. La proposition prévoit que toute personne majeure puisse posséder jusqu'à 28 grammes de cannabis et même faire pousser la plante dans leur jardin !

Un débat fumant
Des voix s'élèvent pour que cette loi ne passe pas. La légalisation du cannabis étant pour certains élus démocrates et républicains, ainsi que les associations de lutte contre la toxicomanie, la porte ouverte à la banalisation et la légalisation de toutes les drogues, et donc à une augmentation de la consommation. Mais selon l'initiateur du projet, le pape du chanvre, Richard Lee, la taxation de la drogue douce permettra une levée de fonds de plus d'un milliard de dollars par an, un argument de poids pour un Etat dont les finances sont au rouge (19 milliards de dollars de déficit). Le gouverneur Arnold Schwarzenegger apporterait d'ailleurs son soutien au projet. Bizarrement, les forces de police seraient également solidaires. La répression actuelle coûterait trop cher pour de maigres résultats et accaparerait les policiers aux dépens d'autres crimes plus sérieux."Nos policiers passent trop de temps à poursuivre des consommateurs non-violents. Ils n'ont plus le temps de protéger les citoyens contre les meurtriers et les pédophiles", déplore Jack Pole, président de l'association des policiers opposés à la pénalisation.

Une politique répressive inutile
La répression face au cannabis serait-elle plus dangereuse que sa dépénalisation ? Pour certains policiers californiens cela ne fait pas de doute. L'approche actuelle"mène à des cartels violents, des dealers dans nos écoles et nos rues, coûte des millions de dollars et n'a pas fait chuter la consommation". D'après un rapport des Nations unies : malgré la prohibition, la consommation de stupéfiants ne diminue pas. Les mesures répressives lourdes (peines de prison voire de mort) ainsi que les sanctions financières (contre le blanchiment de l'argent) n'ont pas eu les effets escomptés. L'Afghanistan, le Mexique ou bien la Colombie restent des plaques tournantes de la drogue mondiale. La violence des cartels et des gangs, contrôlant ce marché noir se fait de plus en plus intense. Des personnalités politiques d'Amérique du Sud comme les anciens présidents Ernesto Zedillo (Mexique), Fernando Henrique Cardoso (Brésil), Alejandro Toledo (Pérou) ou Carlos Gaviria (Colombie) se sont déclarés favorables à la dépénalisation de la drogue.

Possible en France ?
En France, le maire du 18ème arrondissement de Paris, Daniel Vaillant (PS), a crée un groupe parlementaire sur la légalisation du cannabis. "Ne faudrait-il pas prendre le pari de légaliser la consommation personnelle de cannabis à travers un contrôle de la production et de l'importation, comme c'est le cas avec l'alcool ?", s'est-il interrogé dans les colonnes du Parisien. Les violences récentes dans les banlieues d'Ile-de-France ainsi que la consommation de plus en plus importante de drogue dans les campagnes françaises appuient ce besoin d'un contrôle étatique des stupéfiants. Pourquoi ne pas alors traiter le cannabis comme le tabac ou l'alcool, deux substances également addictives et nocives ? Au 19ème siècle, l'Etat français tirait de nombreuses recettes de la vente de l'opium. Aujourd'hui, avec un déficit budgétaire important, la France ne cracherait peut-être pas sur cette nouvelle manne fiscale. La Californie pourrait en tout cas montrer l'exemple. Selon un sondage réalisé fin 2009, 56% des Californiens se disent favorables à la légalisation.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Faut-il dépénaliser les drogues douces comme c'est déjà le cas aux Pays-Bas ? Cela permettrait-il un contrôle plus accru des stupéfiants ou au contraire cela inciterait-il à une plus grande consommation de ces substances au demeurant dangereuses ? Votre avis nous intéresse ! Laissez-vos commentaires en bas de cet article.
Damien Bouhours