TOUT EST DIT

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mercredi 3 avril 2013

Une affaire d’État

Une affaire d’État


Il est encore trop tôt pour mesurer pleinement les conséquences politiques des aveux de Jérôme Cahuzac. Même si Jean-Marc Ayrault et les caciques du PS s’en défendent, c’est bien d’une affaire d’État qu’il s’agit.
En croyant à l’innocence de leur ex-ministre du budget, celui qui était plus que tout autre chargé d’incarner la République « irréprochable », François Hollande et son Premier ministre ont commis une erreur de jugement qui les poursuivra longtemps.
La peste du doute contamine tout et il est illusoire d’imaginer la balayer avec des paroles indignées et un air contrit, fussent-ils sincères. Jean-Marc Ayrault, constitutionnel fusible par essence, sait forcément cela et tout aussi bien ce qu’il pourrait lui en coûter.
Mais au-delà de la crise annoncée d’un gouvernement déjà chahuté de toutes parts, au-delà même de la faillite morale d’un homme et de l’indigne attitude d’un ministre de la République qui a bafoué sans cligner des yeux les plus absolus symboles de la démocratie, c’est la classe politique dans son ensemble qui va se retrouver éclaboussée par cet épisode. Plus par le parjure d’ailleurs que par la dissimulation de fonds au fisc.
Il faut pourtant résister à toute force au « Tous pourris ». Ce refrain rance déjà entamé hier soir par les enfants spirituels des liguards qui vilipendaient « La gueuse » au temps de la IIIe République et qui, en ces heures de crise morale, financière et existentielle retrouvent de la voix.
Car aussi scandaleuse et inexcusable que soit cette affaire Cahuzac, son dénouement est paradoxalement le signe d’une démocratie qui ne fonctionne pas si mal que ça.
Avec des journalistes, ceux de Mediapart en l’occurrence, libres d’enquêter sur le ministre vedette du gouvernement et de dénoncer ses mensonges. Avec des juges assez indépendants et surtout assez sûrs de leur indépendance pour mener leurs investigations à bien.
Dans cette histoire il y a bien une morale finalement.

La politique abîmée

La politique abîmée


Jérôme Cahuzac a menti. Devant l'opinion. Devant les députés. Devant le Premier ministre. Devant le Président à qui il avait assuré, les yeux dans les yeux, avec un aplomb qui laissait peu de place au doute, qu'il n'avait jamais détenu de compte en Suisse.

Chose avouée est à moitié pardonnée, dit-on à propos d'un justiciable lambda. Surtout lorsque l'on demande soi-même à parler aux juges. Mais Jérôme Cahuzac était ministre. Et quel ministre ! Une pièce maîtresse du gouvernement, le redresseur des comptes publics, le chef d'orchestre de la rigueur, chargé de la lutte contre l'évasion fiscale ! À ce niveau-là, le mensonge est une injure à tous les Français.
Tant que personne ne disposait de preuves, l'affaire Cahuzac était un accident politique gérable. Après tout, l'ex-ministre du Budget n'était pas mis en examen au moment de sa démission. Effective la veille du débat de motion de censure, elle n'avait pas mis le Parlement à feu et à sang. Le respect de la présomption d'innocence avait plutôt bien fonctionné, y compris au sein de la droite, contrairement aux mitraillages accusatoires de la gauche en son temps.
L'épisode d'hier change tout. Jérôme Cahuzac, ministre compétent, autoritaire et volontiers donneur de leçons, fait voler en éclats la république exemplaire dont se prévaut François Hollande.
Ses aveux tardifs et sa mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale sont une trahison pour le président de la République et pour tous ses amis socialistes qui croyaient ferme en son intégrité et en sa sincérité. Il se piège lui-même en compromettant sa carrière politique, au point qu'on l'imagine mal redevenir député !
Une injure aux Français
Même si le chef de l'État n'en est que la victime, cet aveu porte directement préjudice à une majorité qui n'avait franchement pas besoin de cela. Elle va réactiver le procès en naïveté et en laxisme instruit à l'encontre du Président et du Premier ministre.
Après un déplacement contre-productif à Dijon et une émission de télévision trop moyenne pour renverser l'opinion, François Hollande est une nouvelle fois pris à contre-pied. L'affaire éclipse le débat sur la sécurisation de l'emploi. Elle anéantit tous les efforts entrepris depuis des semaines pour contredire les mauvais sondages.
Mais il y a plus grave. Si on ne peut plus accorder sa confiance à un homme de cette envergure, si même ses proches ont été trahis, ça signifie, dans l'esprit du citoyen, qu'on ne peut plus se fier à personne. Même si on ne sait pas encore d'où vient l'argent, ni quelle était sa destination, Jérôme Cahuzac abîme la Politique avec un grand « P ». En dépit des excuses et des remords qu'il exprime, son attitude nuit autant à la droite qu'à la gauche. Elle profite aux « antisystèmes » et à la thèse du « tous pourris ».
Toutes les enquêtes confirment la suspicion, voire le rejet de l'opinion à l'égard des institutions garantes du bon fonctionnement d'une démocratie. Ce terreau est d'autant plus fertile aujourd'hui que la gauche est très minoritaire et que les ennuis et la piètre cote des prétendants à la relève ne sauraient être une consolation. Les élections partielles, spécialement celle de l'Oise, montrent le rejet des partis de gouvernement et la montée de l'extrême droite.
Dans ce contexte, a fortiori, ce mensonge d'État est un gâchis, un crime de lèse-démocratie.

Au bord du gouffre

Au bord du gouffre

Hier soir, je suis resté longtemps prostré devant ma télévision, à la suite du coup de matraque que je venais, comme tous les Français, de recevoir sur le crâne.  Comme beaucoup d’entre eux, je me raccrochais jusqu’alors vaille que vaille à la « présomption d’innocence » et à mon aversion naturelle envers les « balances ». Mais comment peut-on mentir avec autant d’aplomb et de suffisance, les yeux dans les yeux de tout un pays ? Citoyen lambda, je me suis senti trahi, humilié, outragé. Devant mon écran, j’observe,  zappant d’une chaîne à l’autre, les réactions des hommes et femmes politiques. Plusieurs représentants du PS se drapent dans leur dignité de vierges effarouchées. « Quand on est de gauche, on se doit d’être exemplaire ! » Exemplaire ? Et le Rainbow Warrior, les écoutes téléphoniques, Urba, la MNEF, l’affaire DSK, le Carlston de Lille, aujourd’hui Cahuzac, et d’autres encore bien pires qui couvent peut-être et qu’on tient enfouies. On a beau dire « c’est pas moi, c’est l’autre », cela commence à faire beaucoup… De gauche, le parti du sexe, de l’hypocrisie et de l’argent ? Qu’est-ce que cela signifie encore, de gauche ?  Il est temps qu’il disparaisse et cède sa place à autre chose ! Quant à JF Copé, il pouvait proclamer « la gauche morale, c’est fini », il avait beaucoup de mal à nous faire oublier son coup d’éclat et ses turpitudes d’octobre dernier. Ensuite, Philippon et Mélenchot s’exprimaient de concert, Laurel et Hardi pas drôles, pitoyables,  l’un avec un petit sourire satisfait et méchant, et l’autre le visage dévasté par la haine, vomissant les « crapule, crapule ». La grande panique de la classe politique ? Tous, qu’ils soient PS ou UMP, proclamaient leur indignation devant une affaire risquant de faire le jeu des « extrêmes », c’est-à-dire, dans leur esprit, de gens susceptibles de leur piquer la place. Mais non, ils n’ont rien compris, ce n’est pas le problème. Les « extrêmes », les deux fronts en gros, n’échappent pas à l’opprobre général des Français envers toute la caste politico-médiatique et cet enfumage permanent, cette grande arnaque télévisuelle au service d’intérêts personnels qu’est devenue la vie politique actuelle. Le problème n’est pas que le scandale fasse le lit des « extrêmes » puisque ces derniers inspirent aux Français autant de mépris que les autres. La seule chose qui compte, c’est le malheur du pays et de ses citoyens, accablés par le chômage, l’appauvrissement, le déclin, et trahis, profondément humiliés une fois de plus par ceux dont la mission est de les représenter. Je ne fais ici qu’exprimer, à mon modeste niveau, l’impression de nausée qui frappe tant de Français. Ce n’est évidemment pas la politique en soi qui est en cause mais son détournement à des fins mafieuses dans un formidable halo d’hypocrisie. Tous les politiques ne sont pas à mettre dans le même sac bien sûr mais l’effet de caste verrouillée et protégée par une sorte d’omerta est dévastateur. Nul ne sait pas comment cela va se terminer, mais cette fois-ci, nous sommes vraiment au bord du gouffre, face à une crise de régime, et il faut se préparer au pire en attendant, je l’espère, de reconstruire la vie politique sur des bases nouvelles.

La vérité en fait trop

Il est le sparring-partner des cyniques. Le Monsieur Loyal du Cirque Déloyal. Le Léon Zitrone du tiercé idéologique. Ladies and gentlemen, please welcome… Alaaaain Duhameeeeel !

Dans ses rêves les plus fous, Alain Duhamel est un démineur. À ses yeux, toute opinion politique est potentiellement dangereuse. Le socialiste est trop socialiste, le gaulliste trop gaulliste, l'écolo trop écolo, le libéral trop libéral. Aussi, lorsqu'il les interviewe, s'efforce-t-il de les faire reculer d'un pas. Juste un tout petit pas en arrière. Au-delà, ce serait de la gourmandise. Alain Duhamel a pour mission de faire admettre au gaulliste que le Général était légèrement mégalo, au libéral que certains patrons se surpayent, au socialiste que Mitterrand aimait mentir, et à l'écolo que les lunettes d'Éva Joly font un peu gadget. Cette comédie de la déstabilisation minimale permet à Duhamel de jouer les insolents et aux politiciens de singer la franchise. Tout le monde est content, y compris le spectateur, persuadé d'avoir vu un homme de vérité interpeller un homme de pouvoir. Ce que l'on nomme couramment "un moment de télévision". Comme si la télévision n'était pas elle-même le reste du temps.
Mais Alain Duhamel ne se contente pas de soutirer des demi-reculades à ses interrogés. Il prend aussi l'avis d'Alain Duhamel. Il a sa propre vérité : le centrisme considéré comme une forme de courage. Duhamel est bayrouïde. Sous la torture des sunlights, il avoue à reculons son penchant pour l'éleveur de chevaux instituteur. Problème : cette position est encore too much aux yeux d'Alain. Alors, il fait passer sa propre vérité dans ses propres alambics, afin de la rendre transparente, indéfinissable, absente. Il anesthésie, il édulcore, il atermoie, il zigzague, il affadit, il soupèse, il contrebalance, il hésite, il compare, il adoucit, il polit, il lime, il dilue, il dissipe, il effiloche, il réduit, il calme, il pacifie, il harmonise, il équilibre, il marie, il tempère, il assouplit, il huile, il lubrifie et, à la fin, il n'y a plus rien. Nous voilà sauvés. Les analyses d'Alain Duhamel ont pour miraculeuse particularité de ne pas exister. Métaphores politiques de l'anti-matière, elles semblent produites par un ordinateur en guimauve, à destination d'admirateurs en plastique.
Il se trouve que cette pensée fuyant sa propre définition est, dans sa nature même, adaptée aux règlements duPolitically Correct. Alain Duhamel n'est phobique de rien et tout le tolère. Il incarne la Voie de l'Acceptable Acceptant. Jeune Jedi, écoute le Maître Yoda de Sciences Po. "T'exprimer tu ne dois pas. À force de ne pas t'exprimer, impersonnel tu deviendras. La moyenne de tout tu incarneras. Que la Non-Force soit avec toi." La chose a fait école. David Pujadas est ceinture noire sixième dan d'évitement. Et, lorsque le Politically Correctvous somme de rendre compte de vos opinions, et que vous vous empressez de mettre de l'eau relativiste dans votre vin libéral, vous êtes un Duhamel – il ne vous manque que la coiffure de science-fiction. Nous sommes tous des Duhamel en puissance. Un jour, les Duhamel seront le genre humain. Il n'y aura plus de méchants. Le FN et le Front de Gauche sombreront dans la repentance ad libitum. Le Modem siègera au Conseil de Sécurité de l'ONU. Même Christiane Taubira fera attention à ce qu'elle raconte.
Alain Duhamel est cet homme qui trouve que la vérité exagère. Et plus le temps passe, plus la vérité est d'accord avec lui.

Après Cahuzac, Hollande : le changement, c'est maintenant

Alors que l'ancien Ministre du Budget Jérôme Cahuzac vient d'avouer qu'il avait menti et détenait bien deux comptes à l'étranger, l'un en Suisse, l'autre à Singapour, l'ensemble de la classe politique pourrait faire de même et cesser de cacher la réalité aux Français.
Jérôme Cahuzac, malgré ses nombreux démentis véhéments, détenait bien 
des comptes à l'étranger. La crédibilité du gouvernement en prend un coup, et avec elle la république exemplaire de notre cher président. L'affaire occupera les médias et l'opinion pendant quelques jours, à la suite desquels le gouvernement pourrait faire preuve enfin d'un courage politique qui a depuis longtemps disparu en France.
Formuler d'intenables promesses ne relève pas du courage politique, pas plus que contraindre les contribuables à des efforts supplémentaires pour maintenir le train de vie de l’État. Remplacer une taxe à 75% sur les revenus supérieurs à un million d'euros retoquée par une taxe sur les entreprises versant des salaires supérieurs à un million d'euros est un joli tour de passe-passe, mais ce n'est pas du courage politique – tour de passe-passe qui a le mérite de témoigner enfin d'une compréhension du lien direct entre salariés et entreprises qui semblait ne pas avoir, jusqu'à présent, effleuré qui que ce soit.
Non ; jusque-là, point de courage politique, point de solutions miracles, point de retour de la croissance. De solutions miracles, il n'y a pas ; et le retour de la croissance n'est, en l'état actuel des choses, pas pour demain, ni même "visible à l'horizon". Le courage politique serait de le dire clairement aux Français. Puisque je crains que personne, parmi les conseillers de notre cher président, n'y ait pensé, je me permets de lui proposer un discours qu'il pourra faire lors de sa prochaine intervention et qui ne manquerait pas d'être largement repris.
Chers Français, c'est avec une grande tristesse que je vous adresse aujourd'hui un message d'espoir infini. La tristesse d'un homme qui, après des années passées dans différentes instances politiques où il a pris des décisions vous engageant et en votre nom, après avoir accédé à la plus haute fonction politique de notre beau pays, se rend compte que le pouvoir politique ne crée pas de richesse, n'en créera jamais et ne peut pas en créer.
Je ne serai pas celui qui fera revenir la croissance, ni celui qui résorbera la récession. Je ne réduirai pas le nombre de chômeurs et ne ralentirait pas son affligeante progression. J'en avais l'intime conviction, j'en ai toujours la volonté, mais je n'en ai pas la possibilité.
J'ai pourtant à ma disposition un État qui dépense chaque année plus de la moitié de la richesse que vous produisez, qui s'endette depuis des décennies et a mis au point un complexe arsenal législatif et réglementaire permettant un contrôle de tous les pans de la société. Mais rien de tout cela ne peut faire revenir la croissance ni créer de la richesse.
Aucune des tentatives de relance n'a fonctionné, ni relance par l'offre, ni relance par la demande. Aucune augmentation des dépenses sociales, aucune interférence étatique dans l'économie n'a favorisé la prospérité et, aujourd'hui, je sais pourquoi.
Je sais que la valeur est subjective. Je sais que les choix qui vous rendent les plus heureux sont ceux que vous faites librement. Je sais que les décisions que vous prenez vous concernant seront toujours plus pertinentes que celles qu'on pourrait chercher à vous imposer. Je sais que l'homme est imparfait et que, s'il peut chercher à éviter que les imperfections des uns ne nuisent aux autres, l’État ne pourra jamais les corriger. Je sais même qu'il est dangereux de chercher à changer les individus et que le projet d'un homme nouveau ne peut jamais déboucher que sur la plus grande tyrannie.
C'est pourquoi, Françaises, Français, je vais désormais m'appliquer à vous rendre la seule condition de votre bonheur et de votre prospérité ; je vais m'appliquer à vous rendre votre liberté.
Cette liberté vous est possible à condition que vous soient garantis trois droits fondamentaux : libertés individuelles, sûreté, propriété privée. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen fait de leur préservation le but de toute association politique ; j'en fais aujourd'hui le but unique de l’État français, qui s'astreindra à les garantir pour chacun d'entre vous.
Nous sommes sur le point d'assister à de grands bouleversements. Nous pouvons en être l'origine ou nous pouvons les subir, mais nous ne pouvons pas y échapper. L'endettement de l’État compromet notre avenir ; sa réduction sera ma priorité. Pour y parvenir, je n'ai pas d'autre choix que de réduire le périmètre de l’État. Je vais même plus loin : la réduction du périmètre de l’État n'est pas un mal nécessaire, elle est un bien nécessaire.
J'ai longtemps cru que l’État était les citoyens, que les citoyens étaient l’État ; c'est une erreur. L’État doit servir les citoyens, et par servir, j'entends protéger leurs droits naturels et imprescriptibles, ni plus, ni moins. Je les ai déjà mentionnés, mais, pour avoir fait l'erreur de trop souvent les négliger, je les répète : libertés individuelles, sûreté, propriété privée.
La première étape, relativement simple, rapide et peu couteuse, sera la mise à disposition de tous les citoyens des dépenses de l’État à tous ses échelons administratifs. Nous mettrons ensuite fin aux nombreuses interférences de l’État dans les interactions entre individus. Enfin, nous réduirons l’État à la taille requise pour la préservation des droits naturels et imprescriptibles, ni plus, ni moins.
Certains d'entre vous seront sans doute mécontents. Ils perdront des avantages acquis au fil du temps et jamais remis en question, mais qui n'ont pour autant jamais été légitimes et que ont toujours été financés par l'argent des autres. A ceux-là, je dis qu'ils pourront s'estimer heureux d'avoir pu bénéficier pendant si longtemps de ce qui n'a jamais été à eux.
A tous, j'affirme que votre liberté retrouvée vous rendra plus prospère. Vous pourrez faire librement vos choix et serez sanctionnés par la seule réalité, qui vous donnera raison ou tort mais jamais ne vous mentira ni ne vous contraindra. Vos décisions, prises librement, n'en seront que plus pertinentes et créeront plus de valeur ; et cette valeur, c'est vous qui en bénéficierez.
Enfin, chers compatriotes, nous honorerons notre devise. Nous serons de nouveau un pays de liberté. Nous serons un pays où l'égalité est garantie à tous, dans le seul sens possible : l'égalité des droits. Et, je l'espère sans pouvoir en être certain, nous serons un pays de fraternité, où chacun ne percevra pas son voisin comme un bénéficiaire de la spoliation dont il est victime ni comme la source de contraintes, mais comme un égal avec lequel ses interactions sont librement consenties.
Ce n'est pas avec résignation que je vous parle, mais avec un espoir infini, malheureusement empreint de la tristesse de n'avoir su plus tôt être, enfin, le président du changement.
Courage, Monsieur le Président.

"LIBÉRATION" ; L'EDITO QUI TUE ! MAIS DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

Discrédit


C’est plus qu’une honte, c’est une ignominie. Avec ses dissimulations, ses mensonges, Jérôme Cahuzac a fait bien plus que salir son honneur. Il a jeté l’opprobre sur son action, discrédité la parole politique et soulevé des doutes quant à l’autorité du chef de l’Etat. L’existence de son compte en Suisse est la première des fautes de Jérôme Cahuzac. Qu’il ait choisi, lui figure socialiste, d’ouvrir un compte en Suisse relève déjà d’une moralité politique et personnelle douteuse. Qu’il ait accepté d’entrer au gouvernement pour y mener le combat contre l’exil fiscal tout en laissant fructifier son magot est impardonnable.
Mais Jérôme Cahuzac ne s’est pas contenté de cette faute originelle. Ses démentis au soir des révélations de Mediapart, renouvelés avec des accents aussi dramatiques que grotesques devant l’Assemblée nationale, disqualifient la parole politique. Ses mensonges portent une atteinte terrible à l’honnêteté de la majorité des élus et donnent un crédit mortel à l’extrême droite.
C’est enfin l’exécutif qui est affaibli. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ignoraient probablement l’existence du compte suisse de Jérôme Cahuzac. Mais que le ministre du Budget ait menti les yeux dans les yeux au chef de l’Etat altère durablement son autorité.
Jérôme Cahuzac a sans doute donné un coup fatal à la «République irréprochable» que promettait François Hollande.
MAIS C'EST DE LA FOUTAISE CET ÉDITO !!!!
ENCORE DU "LIBÉ"

Traditions impériales

Le futur roi Normal 1er n’avait pas promis de faire la guerre, mais...

Il faut « répondre aux armes par les armes ». En martelant cette mâle sentence en marge du sommet européen, celui qui fut le lointain successeur de Jaurès à la tête du Parti socialiste, et qui préside désormais la République française, a peut-être accru ses chances de décrocher le prochain Prix Nobel de la paix. A moins qu’il ne lui faille le partager avec les combattants qui ont juré la perte du président syrien, dont l’un des derniers faits d’armes est un attentat dans une mosquée de Damas – une cinquantaine morts, des centaines de blessés.
François Hollande plaidait ainsi pour que soient levées les dernières restrictions à la livraison d’armes lourdes à l’opposition armée. Il s’agirait d’un nouveau cran dans l’escalade qui a vu, depuis deux ans, le camp occidental s’engager de plus en plus ouvertement pour le renversement d’un gouvernement certainement pas moins légitime que tous ceux des pays de la région. Ce point est capital : quelques semaines seulement après le début des manifestations d’opposants, et donc bien avant les drames actuels, Hillary Clinton, suivie par ses alliés, exigeait déjà explicitement le départ du président syrien. Ce dernier était ainsi placé devant l’alternative : ou bien obéir aux injonctions et déguerpir, à l’image des marionnettes occidentales Ben Ali ou Moubarak ; ou bien faire face à ce qui allait s’avérer de plus en plus clairement comme une véritable guerre, portée par l’Arabie saoudite, le Qatar et leurs mercenaires (on sait en outre aujourd’hui que des formateurs américains, et très probablement français et anglais, entraînent les hommes de ladite Armée syrienne libre).
Les stratèges occidentaux comptaient que le président syrien obtempérerait, ou bien que son régime s’effondrerait rapidement. Sans doute ces derniers – à l’image de George Bush décidant d’envahir l’Irak il y a tout juste dix ans, avec les conséquences que l’on sait – se sont-ils pris au piège de leur propre propagande décrivant Bachar el-Assad comme un chef de clan isolé dans son propre pays. La réalité est qu’il continue à jouir d’un large soutien populaire, ne serait-ce que par crainte du chaos sanglant que ne manquerait pas de provoquer la victoire des proches cousins de ceux que Paris affirme vouloir éradiquer au Nord-Mali. Le chef de l’Etat français de même que le premier ministre britannique ont pris le parti d’une fuite en avant dans l’escalade. Les deux capitales, dans une sorte de réminiscence historique, veulent façonner le « gouvernement provisoire » censé diriger la future Syrie. Au nom de la paix, bien sûr.
Pour des raisons qui ne tiennent pas au refus de principe de l’ingérence, mais plutôt à la crainte (fondée) d’une situation immaitrisable, une majorité des Vingt-sept ne souhaite pas, pour l’heure du moins, suivre le duo des boutefeux. Qu’à cela ne tienne : alors qu’on lui opposait l’embargo européen reconduit le 18 février dernier, Laurent Fabius a eu cette réaction courroucée : « la France est un pays souverain ». Ainsi, au moment même où s’accélère l’abandon des dernières prérogatives nationales – budgétaires, mais aussi économiques et sociales – le ministre ne se souvient de la souveraineté que dans un seul cas de figure : pour alimenter une guerre et déstabiliser un pays indépendant.
Les dirigeants européens ont cependant retrouvé une belle unanimité dès lors qu’il s’est agi de remettre dans le droit chemin un petit et lointain Etat membre – à quelques encablures des côtes syriennes : le 16 mars à l’aube, l’eurogroupe décidait de piocher dans les comptes des Chypriotes, dans l’espoir d’éviter que la zone euro ne replonge dans le chaos. Et enjoignait aux parlementaires de ce pays de ratifier, dès le lendemain, le diktat. Lesdits élus ne s’étant pas pliés à cette formalité, le patron de la Banque centrale européenne a publié un ultimatum menaçant l’île d’un véritable blocus monétaire.
En 2007, José Manuel Barroso estimait que l’UE constituait « une sorte d’empire non-impérial ». De plus en plus ouvertement, l’adjectif est de trop.

Les pays émergents se débarrassent de leurs réserves en euro mais ils ne les substituent pas par des réserves en dollars

Selon des données du Fonds Monétaire International, les banques centrales des pays émergents se seraient débarrassées de 45 milliards d’euros en 2012, ce qui correspond à une baisse de 8%  de leurs réserves en monnaie unique. Les pays en développement leur ont substitué des montants en dollar australien, ou exprimées dans des devises de leurs comparses émergents. Désormais, les réserves en euros ne représentent plus que 24% de leurs réserves, alors qu’elles en représentaient encore 31% en 2009, et que le dollar en représente toujours près de 60%.

Ce mouvement résulte de la perte de confiance dans l’euro suite aux différents épisodes de la crise de la dette européenne, et il apparait de moins en moins probable que l’euro pourra se maintenir comme une devise alternative du dollar au plan international. « Il sera la seconde devise international mais je ne dirais pas qu’il pourra rivaliser avec le dollar », affirme Jeffrey Frankel, professeur d’économie à la Harvard Kennedy School of Government. Il estime que même si la taille de la zone euro donne toujours de la compétitivité à l’euro en tant que monnaie de réserve, les doutes concernant la situation de l’Espagne et de l’Italie ont compromis la liquidité et la stabilité des marchés obligataires européens, qui ont à leur tour nui au statut de l’euro en tant que monnaie internationale.
L’euro pourrait regagner la faveur des marchés si la zone euro décidait de s’engager vers davantage d’intégration fiscale, écrit le Financial Times.

    Oubliez tout ce que vous avez appris à l'école sur l'économie: voici les 5 leçons de la 'nouvelle normalité'

    « Ma compréhension de l’Economie était fausse, je viens de m’en rendre compte et il me faut donc reconnaitre mes torts », écrit Charles Gave, économiste et financier français, ami de Milton Friedman et président des l’Institut des libertés, un think tank libéral. A la suite de la crise chypriote, il tire cinq leçons de la nouvelle donne économique et des nouveaux liens qui sont apparus entre l’économie et les marchés :
    ✓ Le gouvernement est plus intelligent et plus efficace que le marché
    Ce n’est plus le marché libre qui fixe le niveau des taux d’intérêt et des taux de change, les salaires , les coûts , les prix ou de la valeur de l'argent, mais les gouvernements. Les salaires jugés trop importants sont de plus en plus taxés (sauf ceux des fonctionnaires), et l’épargne est redirigée vers les obligations, au point que ces obligations sont plus rentables que les actions. Peu à peu, on ne pourra plus acheter de l’or, l’investissement stérile par excellence, et les contrôles de capitaux, qui viennent d’être institués à Chypre, pourraient être généralisés.
    ✓ Les banques centrales contrôlent les prix des actifs et empêchent l’effondrement des marchés boursiers
    Dans une économie capitaliste, les marchés fluctuent de façon chaotique, en fonction des anticipations de rentabilité des opérateurs. Les banques centrales doivent éliminer l’incertitude des marchés pour éviter ces fluctuations, et garantir la hausse continue du cours des actifs. Les participants qui désapprouveront cette nouvelle stabilité des marchés parce qu’ils exploitaient la volatilité des marchés pour spéculer pourront être sanctionnés de leurs comportements antisociaux au moyen d’une taxe « Tobin » qui aura l’heureux effet secondaire d’éponger les déficits. La montée continue du cours des actifs sera également garantie par une taxation punitive des plus-values en cas de vente, qui pourra être accompagnée d’une taxation des capitaux au même niveau que le travail.
    ✓ Darwin et Schumpeter avaient tort: il est possible de manger gratuitement
    La croissance économique n’est pas issue d'un processus de destruction créatrice, comme l’enseignait Schumpeter. La croissance et la richesse sont créées à partir de rien par l'Etat divin qui stimule la demande par l'achat de biens et de services dont personne n'a besoin avec de l'argent qui n'existe pas. Ce processus conduit à l’élévation continue du niveau de vie. C’est le prophète Keynes qui a révélé ce principe, maintenant relayé par ses apôtres, des fonctionnaires très bien payés qui se battent pour améliorer les vies du commun des mortel.
    ✓ Le PIB est la mesure de la réussite économique
    Cette nouvelle religion utilise un indicateur quantitatif indiscutable pour s’assurer que les actions du pays recueillent l’approbation divine : le PIB. Cette valeur agrège les valeurs ajoutées du secteur privé et les coûts du secteur public. Ces coûts du secteur public sont financés par des taxes et des emprunts. La dégradation du bilan de l’Etat liée à l’augmentation de son endettement n’est en revanche pas prise en compte. Tant que le PIB monte, c’est que tout va bien, selon ce dogme. Pour s’assurer de cette croissance, l’Etat doit créer de l’argent pour acheter des biens et services dont les citoyens ont besoin, mais dont ils ignorent qu’ils en ont besoin. Il doit donc prendre le contrôle de la banque centrale.
    Gave cocnlut par une synthèse du nouveau dogme économique, totalement à contre-courant de la philosophie libérale:
    ✓ Le gouvernement est le mieux à même de comprendre ce qu’est l’intérêt général, ce qui le fonde à allouer le capital, fixer les taux d'intérêt, les taux de change et le niveau des prix.
    ✓ La banque centrale a pour but de financer les dépenses du gouvernement.
    ✓ L'argent appartient au gouvernement comme nous l’avons vu à Chypre.
    ✓ Les droits de propriété ont été abolis.
    ✓ Le prix des actifs doit monter continuellement, d’autant que les banques centrales continuent d’imprimer de l’argent (80 milliards de dollars par mois aux Etats-Unis).
    ✓ Plus d’argent crée plus de richesse et plus de richesse crée plus d’emplois, notamment dans le domaine de l’immobilier.
    ✓ Les biens et services inutiles achetés avec de l’argent qui n’existe pas contribuent à augmenter le PNB, signe que la politique économique est la bonne.
    ✓ Ces produits et services ont une valeur morale supérieure à ceux du secteur privé.