samedi 3 mars 2012
En Corrèze, Copé étrille le "bilan calamiteux" de Hollande
Il y avait foule, mercredi 22 février, à Malemort-sur-Corrèze, dans les faubourgs de Brive-la-Gaillarde, pour accueillir Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, et pour souder la ferveur des sympathisants de la droite derrière leur candidat désormais déclaré à l'élection présidentielle. Au bas mot plus de 1 500 personnes, entassées dans la salle Majestic et le chapiteau attenant dressé pour l'occasion : de mémoire de Corrézien, il fallait remonter à 2002, avec Jacques Chirac, pour trouver trace d'une telle mobilisation.
Si M. Copé avait effectué ce déplacement, ce n'était pas seulement pour rendre hommage à l'ancien président de la République, au côté duquel il a fait ses premiers pas politiques. Mettant son énergie et ses talents de bretteur, cette fois, au service de Nicolas Sarkozy, le patron de l'UMP venait en découdre avec l'adversaire principal, François Hollande, maire de Tulle et président du conseil général de la Corrèze.Objectif : débusquer le candidat socialiste, le "faire sortir de sa planque". "Pour nous, qui ne savons pas grand-chose de François Hollande, il n'a jamais été ministre, ni Mitterrand ni Jospin n'ont jugé utile de le nommer au gouvernement, la Corrèze est un rendez-vous important : autant regarder ce qu'il a fait", a-t-il expliqué.
Alors, c'est le bilan du "François Hollande de Corrèze" que M. Copé a voulu tailler en charpie. "Il est temps qu'à Paris, on réalise ce que veut dire, pour les contribuables corréziens, la politique de M. Hollande", a-t-il lancé en s'adressant à la presse, coupable, selon lui, de "tout passer" au candidat socialiste. "C'est inouï qu'il puisse évoluer avec une telle impunité intellectuelle, s'est plaint le chef de l'UMP. Quand c'est François Hollande, c'est pas grave, c'est de gauche."
Pour éclairer le "petit cercle parisien", M. Copé a donc étrillé le "bilan calamiteux" du président du conseil général, qui "a fait de la Corrèze le département le plus endetté de France". "En quatre ans, a-t-il répété, la dette du département a augmenté de 110 millions d'euros, les dépenses de fonctionnement sont en hausse de 30 % depuis 2007, il a matraqué les classes moyennes... " Et M. Copé d'insister : "La Corrèze est le laboratoire de ce qu'il pourrait être tenté de faire si demain, ce qu'à Dieu ne plaise, il devait être élu président de la République."
"RÉTABLIR LA VÉRITÉ"
Les meetings de campagne, évidemment, sont destinés à galvaniser son camp. Mais, comme l'a dit M. Copé, le but de son propos était de "rétablir la vérité". Quitte à déformer celle-ci puisque, quand M. Hollande est arrivé à la tête du département de la Corrèze, en 2008, celui-ci était déjà le plus endetté de France. Entre 2005 et 2008, mandat du prédécesseur (UMP) de M. Hollande, la dette a progressé de 140 millions d'euros (+ 95 %). Les 110 millions d'euros d'augmentation en quatre ans dénoncés par M. Copé concernent la période 2006-2010. Quant aux dépenses de fonctionnement du département, elles ont progressé, toujours selon les chiffres de Bercy, de 18 % entre 2007 et 2010.
Foin de ces petits arrangements avec la vérité, l'essentiel était de cogner, et de cogner dur. Alors M. Copé, qui rêve d'apporter la contradiction dans un débat télévisé à M. Hollande, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. "J'entends François Hollande, en recherche de filiation, dire qu'il ressemble à Jacques Chirac, s'est indigné le patron de l'UMP, qui ne goûte guère les affinités corréziennes qui lient les deux hommes. Mais Jacques Chirac, lui, était un homme d'Etat, il avait une connaissance approfondie des équilibres du monde et de la planète, il était respecté. Rien à voir avec François Hollande qui n'arrive même pas à avoir un rendez-vous avec aucun des grands de ce monde." M. Copé n'a pas manqué de rappeler que, lui, avait été récement reçu en Chine "avec tous les égards dus au représentant du président de la République".
Après quelques amabilités adressées à un candidat socialiste "en déconnexion complète avec les réalités d'aujourd'hui", "fragile", qui " incarne tous les conservatismes de notre pays", "coutumier du double langage", "prêt à brader les filières d'excellence de la France", M. Copé a lancé à son public un appel à resserrer les rangs. "Personne ne doit se disperser au premier tour sur les extrêmes ou sur des candidats fantaisistes", a-t-il insisté, convaincu d'avoir sonné à Malemort, en Corrèze, le signal de la "reconquête".
Patrick Roger
Guéant : "Les étrangers doivent accepter nos règles"
Accorder le droit de vote aux étrangers pourrait conduire à ce que "des étrangers rendent obligatoire la nourriture halal" dans les cantines, a affirmé vendredi 2 mars le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, lors d'un meeting près de Nancy.
"Accepter le vote des étrangers, c'est la porte ouverte au communautarisme. Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines, ou réglementent les piscines à l'encontre des principes de mixité", a dit le ministre lors d'une réunion électorale à Velaine-en-Haye, près de Nancy.
"LES SOCIALISTES CROIENT AUX VERTUS DE LA DÉPENSE"
Lors de cette réunion de soutien à Nicolas Sarkozy – à laquelle participait également la ministre de l'apprentissage et élue de Meurthe-et-Moselle, Nadine Morano –, M. Guéant a par ailleurs appelé à s'attaquer au "socle de déficits", "alors que les socialistes croient aux vertus de la dépense", a-t-il estimé.
Visant le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, par ailleurs président du conseil général de Corrèze, le ministre a affirmé que "la Corrèze, qui est le département le plus endetté, c'est la Grèce de la France". "Il a fallu d'ailleurs qu'une aide budgétaire soit accordée : ça m'a fait un peu mal au cœur de la signer", a-t-il ajouté.
>> A lire : "En Corrèze, Copé étrille le 'bilan calamiteux' de Hollande"
>> A lire : "Le caricatural exemple corrézien de l'UMP"
Mme Morano a estimé de son côté que "les riches [étaient] l'obsession des socialistes", critiquant la proposition de M. Hollande de taxer à 75 % les revenus annuels supérieurs à un million d'euros.
"En Chine, on dit toujours 'Quand tu tiens un riche, tu tues dix pauvres.' Avec eux, ce sera l'hécatombe", a-t-elle indiqué, en estimant qu'"avec la CSG et l'impôt sur la fortune, on arrivera finalement à une imposition de 83-84 voire 85 %".
Une présidentielle à fond la méforme
Dans ce tohu-bohu qui vire à la bagarre de cour de récré, on voudrait dire aux candidats à la présidentielle de mettre les pouces. Hélas, l’outrance n’est plus l’apanage des extrêmes. “Sarkozy et Hollande prennent les Français pour des couillons”. Diantre, voilà le distingué Dominique Galouzeau de Villepin qui se met à parler comme maître Panisse dans la partie de cartes de Pagnol. Le modéré François Bayrou sollicite Audiard et son “déconnomètre” et l’austère Eva Joly “emmerde” une Corinne Lepage peut-être plus verte qu’elle… Et là, on se dit que tout le monde surjoue. Hollande enfariné ou Sarkozy accueilli avec des œufs sur la tête à Bayonne donnent à voir une image burlesque, dans la tonalité de cette course à l’Élysée où procès d’intention et surenchères parasitent discours et idées. On n’est plus dans le jet de boules puantes, ces coups sournois, mais dans un concours de taloches que l’omniprésence médiatique exacerbe. Dans ce brouhaha tragicomique, des voix lointaines et raisonnées parviennent à nos chastes oreilles. À droite, Jean-Paul Delevoye, ancien médiateur de la République, juge la campagne “pas à la hauteur des enjeux”, dénonçant la perte du sens collectif dans notre pays. À gauche, Rocard, vieux sage et vétéran de 22 campagnes, voit là “un esprit futile au regard des dangers, une imbécillité politique collective et un ballet de prestations de candidats déconnectés du fond.” Mais la forme, n’est-ce pas un peu le fond qui remonte à la surface ? C’est bien le problème…
Galouzeau
Il a arpenté hier le Salon de l’Agriculture, superbe, forcément, mais sans tambour ni trompette : Dominique Galouzeau de Villepin, candidat sans troupe ni parrain, le plus célèbre inconnu de cette campagne. Il eut un jour le monde entier pour auditoire à l’Onu, contre la guerre d’Irak. Il est aujourd’hui pareil aux gargouilles de Notre-Dame qui, au soir tombé, bavardent, éructent, jacassent, mais que les hommes ont cessé d’écouter. Lui reste la raillerie contre ceux qui « prennent les Français pour des couillons »… Oui, il cause comme ça maintenant, Galouzeau. Mais n’en doutez pas, il s’amuse : « Au baromètre du plaisir, je suis en tête ». Il prend la pose dans un quotidien le dos tourné à l’objectif, en Sisyphe arc-bouté contre sa cheminée. Et il lance, au Salon : « Je n’ai pas mis ma culotte de chou pour me faire brouter le derrière par les petits lapins ». Ce Villepin-là nous manquera.
Il a arpenté hier le Salon de l’Agriculture, superbe, forcément, mais sans tambour ni trompette : Dominique Galouzeau de Villepin, candidat sans troupe ni parrain, le plus célèbre inconnu de cette campagne. Il eut un jour le monde entier pour auditoire à l’Onu, contre la guerre d’Irak. Il est aujourd’hui pareil aux gargouilles de Notre-Dame qui, au soir tombé, bavardent, éructent, jacassent, mais que les hommes ont cessé d’écouter. Lui reste la raillerie contre ceux qui « prennent les Français pour des couillons »… Oui, il cause comme ça maintenant, Galouzeau. Mais n’en doutez pas, il s’amuse : « Au baromètre du plaisir, je suis en tête ». Il prend la pose dans un quotidien le dos tourné à l’objectif, en Sisyphe arc-bouté contre sa cheminée. Et il lance, au Salon : « Je n’ai pas mis ma culotte de chou pour me faire brouter le derrière par les petits lapins ». Ce Villepin-là nous manquera.
Syrie : au mépris de l'opinion publique mondiale
Lorsque, voici un an, nous assistions incrédules au rassemblement populaire protestataire de la place Tahrir au Caire, nous nous demandions comment tout cela allait se terminer.
Quel ne fut pas notre effroi lorsque nous vîmes arriver les blindés de l'armée égyptienne. Ils furent très vite engloutis sous la masse de cette foule pacifique. Il nous apparut alors que les chars étaient inutiles. Ils ne pouvaient pas tirer au canon en pleine ville, pas plus qu'ils ne pouvaient évoluer car ils auraient écrasé les gens sous leurs chenilles. Ainsi, la démonstration de force se retournait contre ses auteurs, en manifestant leur impuissance. Personne, en effet, ne pouvait penser qu'un chef d'état-major ou un chef d'État, fut-il un dictateur, oserait, à la face du monde, massacrer son peuple au canon. Sagement, l'armée égyptienne et les autorités de ce pays acceptèrent une fraternisation imprévue. Ce fut le chef d'État qui fit, le premier, les frais de cette révolution pacifique. Il s'en alla. Nous avions conclu un peu vite que les chars ne servaient plus à rien. Nous avions simplement oublié que cela dépendait de celui ou de ceux qui en avaient le commandement.
Et voici qu'en Syrie, ce qui paraissait impossible, impensable, se produit : le chef de l'État fait tirer le canon sur les quartiers rebelles de ses propres villes. Les morts se comptent par milliers désormais. Le dictateur syrien, comme à d'autres époques que nous croyions révolues, ose braver l'opinion publique mondiale. Celle-ci, indignée, s'avère impuissante, obligée d'assister au désastre sans même pouvoir porter secours aux blessés et aux affamés, bientôt réduits à se rendre comme les assiégés de jadis.
La médiation de l'Onu est absolument indispensable
Sans doute, une intervention armée des autres nations est impossible en Syrie. Déjà, l'action entreprise en Libye fut difficile à organiser. Elle fut tout juste tolérée par les deux grands pays, la Chine et la Russie, qui aujourd'hui bloquent les politiques qui pourraient influer sur le drame syrien. De plus, l'intervention libyenne qui a entraîné la chute de Kadhafi ne produit pas aujourd'hui tout le positif espéré. Qu'en serait-il en Syrie ?
La question est de savoir maintenant comment soutenir les révoltés syriens, comment aider ces populations souffrantes et comment préserver, demain, la paix entre les différentes communautés qui pourraient fort bien s'affronter violemment. On sait, par exemple, quelles sont les difficultés et les menaces qui pèsent sur les chrétiens en ce pays.
La situation pourrait aussi entraîner de graves développements dans les pays voisins, à commencer par le Liban, et dans toute la région.
On pense, bien sûr, aux médecins, aux journalistes, aux humanitaires qui s'efforcent d'apporter leur aide et de recueillir informations et témoignages. Eux aussi doivent absolument être protégés et évacués dans les meilleures conditions possible.
Cependant, on se demande ce qui pourra faire fléchir Bachar el-Assad qui paraît de plus en plus enfermé dans son schéma simpliste et répressif. Pourtant, même s'il parvenait à rétablir « son ordre », notre indignation vis-à-vis du dictateur et de ses méthodes ne s'éteindra pas.
Puisse Kofi Annan, envoyé spécial de l'ONU, aboutir à créer une médiation qui s'impose absolument.
Et voici qu'en Syrie, ce qui paraissait impossible, impensable, se produit : le chef de l'État fait tirer le canon sur les quartiers rebelles de ses propres villes. Les morts se comptent par milliers désormais. Le dictateur syrien, comme à d'autres époques que nous croyions révolues, ose braver l'opinion publique mondiale. Celle-ci, indignée, s'avère impuissante, obligée d'assister au désastre sans même pouvoir porter secours aux blessés et aux affamés, bientôt réduits à se rendre comme les assiégés de jadis.
La médiation de l'Onu est absolument indispensable
Sans doute, une intervention armée des autres nations est impossible en Syrie. Déjà, l'action entreprise en Libye fut difficile à organiser. Elle fut tout juste tolérée par les deux grands pays, la Chine et la Russie, qui aujourd'hui bloquent les politiques qui pourraient influer sur le drame syrien. De plus, l'intervention libyenne qui a entraîné la chute de Kadhafi ne produit pas aujourd'hui tout le positif espéré. Qu'en serait-il en Syrie ?
La question est de savoir maintenant comment soutenir les révoltés syriens, comment aider ces populations souffrantes et comment préserver, demain, la paix entre les différentes communautés qui pourraient fort bien s'affronter violemment. On sait, par exemple, quelles sont les difficultés et les menaces qui pèsent sur les chrétiens en ce pays.
La situation pourrait aussi entraîner de graves développements dans les pays voisins, à commencer par le Liban, et dans toute la région.
On pense, bien sûr, aux médecins, aux journalistes, aux humanitaires qui s'efforcent d'apporter leur aide et de recueillir informations et témoignages. Eux aussi doivent absolument être protégés et évacués dans les meilleures conditions possible.
Cependant, on se demande ce qui pourra faire fléchir Bachar el-Assad qui paraît de plus en plus enfermé dans son schéma simpliste et répressif. Pourtant, même s'il parvenait à rétablir « son ordre », notre indignation vis-à-vis du dictateur et de ses méthodes ne s'éteindra pas.
Puisse Kofi Annan, envoyé spécial de l'ONU, aboutir à créer une médiation qui s'impose absolument.
François Régis Hutin
Jacques Séguéla: "Internet dessert la politique"
Jacques Séguéla est l'invité de Renaud Revel pour ce sixième numéro d'Immédias, l'émission de L'Express réalisée en partenariat avec Ina.fr. Le publicitaire, qui fut le conseiller en communication de François Mitterrand dans les années 80, livre ses impressions sur la campagne électorale en cours.
Face à Renaud Revel, il livre ses impressions sur la campagne électorale en cours et sur les stratégies de communication des candidats en lice. Après avoir donné son avis sur l'affiche de Nicolas Sarkozy, "La France forte", Jacques Séguéla revient sur la mesure proposée par François Hollande de taxer à 75% les plus hauts revenus, mesure qu'il critique vivement, allant jusqu'à la qualifier de "racisme financier".
Enfin, interrogé sur le rôle d'Internet dans cette campagne de 2012, le communicant rappelle l'utilisation du Web par Barack Obama en 2008, alors qu'il briguait la Maison Blanche. Pour Jacques Séguéla, le réseau social Twitter est l'"écume de la politique" et, plus globalement, Internet "dessert la politique et la communication".
Peut-on se passer des riches en France?
François Hollande a proposé lundi soir sur TF1 de créer un taux d'imposition à 75% sur les hauts revenus. L'UMP crie depuis au "matraquage fiscale", et craint une fuite des riches. Serait-ce si grave? L'Express est allé demander aux députés.
Le PS souligne la justice de la proposition, ses adversaires dénoncent une mesure improvisée qui va faire fuir les riches et les cerveaux.
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