TOUT EST DIT

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vendredi 29 mars 2013

Dos au mur

Dos au mur


Quand on préside une République inquiète, « parler aux Français » est un exercice à hauts risques. La France ne carbure plus qu’à l’affectif : le rejet l’emporte sur l’adhésion. Ce mécanisme concerne autant François Hollande que son bouillant prédécesseur. Dans ce contexte angoissé, il est évident que l’intervention d’hier n’inversera pas la tendance flageolante.
Ce fut un très honorable tour d’horizon. Le président s’est efforcé de répondre aux questions qu’on lui posait, il a donné des indications sur la réforme des allocations familiales, la stabilisation des impôts d’État, les simplifications administratives, les prélèvements sur les grandes entreprises, le statut d’une employée de crèche qui porte un voile et bien d’autres sujets non négligeables.
Mais on survolait là une sorte de second cercle alors que les Français n’ont d’yeux que pour l’épicentre. Quand la terre tremble, il est difficile de se passionner pour le réaménagement de la cuisine et du salon, aussi pertinent soit-il. C’est le drame de cette présidence.
Quand elle combat les djihadistes maliens avec succès, quand elle se propose d’assainir la vie publique en limitant le cumul des mandats, elle fait penser au lycéen qui propose gentiment de réparer le garage ou d’aider une voisine malade alors que ses parents n’attendent qu’une chose de lui, qu’il potasse ses devoirs et réussisse son bac.
Le bac présidentiel, c’est évidemment le retour de la croissance. Pour l’instant, François Hollande maintient son engagement cardinal : dans neuf mois, la courbe du chômage sera inversée. Il ne dit pas trop comment, mais c’est un quitte ou double, assez courageux au demeurant, qui est ainsi réitéré.
François Hollande se met la pression : ou il aura son bac avec mention ou il échouera. Pour notre avenir à tous, on lui souhaite une mention très bien, avec les félicitations du jury électoral…

LA CORÉE DU NORD SE PRÉPARE À FRAPPER LES ÉTATS-UNIS

Le dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-Un, a ordonné vendredi des préparatifs en vue de frappes de missiles vers le continent américain et les bases des États-Unis dans le Pacifique, en réponse aux vols d’entraînement de bombardiers furtifs B-2, dans une péninsule sous tension.

Les experts estiment toutefois très peu probable une guerre véritable --que le Nord est assuré de perdre-- mais s’attendent à un geste de mécontentement de Pyongyang, semblable au bombardement d’une petite île sud-coréenne en novembre 2010, qui avait fait quatre morts.

Les forces nord-coréennes « devront frapper sans pitié le continent américain »

L’ordre, diffusé lors d’une réunion d’urgence pendant la nuit avec les hauts commandants de l’armée, répond aux vols des B-2, capables de transporter des armes nucléaires, lors des manœuvres conjointes américano-sud-coréennes qui se déroulent actuellement, a déclaré le dirigeant nord-coréen. Kim Jong-Un.
En cas de provocation « téméraire » des Américains, les forces nord-coréennes « devront frapper sans pitié le continent américain […], les bases militaires du Pacifique, y compris Hawaï et Guam, et celles qui se trouvent en Corée du Sud », a déclaré Kim, selon des propos rapportés par l’agence officielle KCNA.
Le Nord ne dispose pas de la technologie permettant de tirer des missiles sur des cibles aussi lointaines, estiment la majorité des experts.
Selon une source militaire sud-coréenne anonyme, citée par l’agence sud-coréenne Yonhap, « une nette hausse » des mouvements de véhicules et de personnes a été détectée sur les sites de lancement de missiles côté nord-coréen. Le ministère de la Défense a refusé de commenter ces informations.
La veille, les États-Unis ont annoncé que deux bombardiers furtifs B-2 avaient survolé la Corée du Sud, lors de sessions d’entraînement, soulignant ainsi l’engagement américain aux côtés de son allié, la Corée du Sud, en cette période de tensions accrues sur la péninsule.
Kim Jong-Un a estimé que les vols des bombardiers étaient bien plus qu’une simple démonstration de force et qu’ils équivalaient à un « ultimatum (des Américains) montrant qu’ils voulaient déclencher à tout prix une guerre nucléaire ».
Washington ne rend que rarement publics ses vols d’entraînement de B-2, une arme redoutable conçue pour des missions spéciales de bombardement stratégique à haute altitude (jusqu’à 15 000 m) derrière les lignes adverses.
La Chine, seul allié de poids de Pyongyang et bouée économique du régime, « a appelé les parties concernées à faire des efforts conjoints pour détendre la situation ». « La paix et la stabilité dans la péninsule coréenne servent l’intérêt commun », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei.
La veille, Washington a indiqué une nouvelle fois être « prêt à faire face à toute éventualité » en provenance de la Corée du Nord.

Il n’a pas changé…

Il n’a pas changé…


François Hollande a le cuir et les nerfs solides. Il l'a dit hier soir, sur le plateau de France 2, à David Pujadas et aux Français. Alors, pourquoi changerait-il ? Plus que jamais, il reste dans l'exigence et l'apaisement pour le pays. Ceux qui, bien imprudemment, attendaient un changement de style du Président en auront été pour leurs frais. Les nostalgiques qui voulaient retrouver la flamme du discours du Bourget auront forcément regretté cet entretien relativement monocorde où François Hollande a quelque peu déminé le terrain, sur plusieurs sujets, sans vraiment le déblayer.
En septembre dernier, pour sa première interview télévisée sur TF1, François Hollande avait décliné son « agenda du redressement sur deux ans ». Six mois plus tard, sous l'effet d'une crise persistante et de sondages en berne, il ne jure plus que par la simplification et la rapidité des procédures. Il va faire du « choc de la simplification » un levier de croissance puisque tel est son cap. Cela suffira-t-il à optimiser les outils dont il a encore dressé l'inventaire ?
On notera qu'une fois de plus il est resté très flou sur la réduction des réformes de structure de l'État, citant pour seul exemple la centralisation des achats. Plus précises ont été ses réponses sur les retraites (allongement des durées de cotisation), les allocations familiales (plafonnement pour les plus aisés) et la prise en charge par les entreprises de la taxe à 75 % sur les très hauts salaires.
François Hollande se sera quand même employé à calmer le jeu sur le mariage homosexuel en renvoyant la question de la PMA au Comité national consultatif d'éthique. Tout comme il a cherché l'apaisement sur le budget de la Défense qui restera, en 2013, au même niveau qu'en 2012. Dans la tempête, François Hollande avait manifestement le souci de ne pas faire de vagues supplémentaires. Hier soir, le vrai cap qu'il a voulu maintenir est celui de « sa » confiance.

BOÎTE À OUTILS

BOÎTE À OUTILS


Nicolas Sarkozy voulait aller chercher la croissance « avec les dents ». François Hollande préfère la « créer » avec sa « boîte à outils ». Cela fait un peu « Monsieur Bricolage », comparé à son prédécesseur, mais l’option carnassière ayant échoué, difficile de refuser à l’actuel président son propre droit à l’expérimentation. L’essentiel est qu’il veuille agir plutôt qu’attendre passivement.
Quitte à s’égarer parfois dans son catalogue de mesures, l’homme s’est fait le VRP de ses dix mois d’action. On en retiendra le concept inédit de « choc de simplification » qui ne veut pas dire grand-chose. Ainsi qu’un petit lapsus : « Je ne suis plus président socialiste », lâché pour signifier qu’il était celui de tous les Français. Espérons pour lui que la formule fera moins de dégâts sur son aile gauche que la maladresse comparable de Lionel Jospin.
Au final, François Hollande est resté comme toujours, prévisible. Certes, il a beaucoup usé du « Je » pour s’éloigner de l’envahissant « normal » d’autrefois. Mais à le voir et à l’écouter, impossible de ne pas penser au « Je est un autre » de Rimbaud et Lacan. Comme si le chef de l’Etat, qui sait sûrement où il veut aller et comment, n’était pas encore prêt à l’assumer.

Les Champs, c’était un piège du pouvoir !

Les Champs, c’était un piège du pouvoir !


Pour Me Françoise Besson, il n’y a pas de doute. Venue en robe manifester aux côtés de ses confrères avocats et des magistrats, professeurs et autres juristes nombreux en haut de l’avenue de la Grande-Armée, dimanche, elle a été témoin direct des « débordements » qualifiés d’« inacceptables » par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur (et du gazage). Elle a vu comment des familles étaient bloquées dans des espaces beaucoup trop restreints, dangereusement même, et ont tout simplement cherché à trouver un peu de place pour bouger, et passer les barrières du service d’ordre de la manif – mais aussi des forces de l’ordre, dont elle atteste qu’ils ont laissé certains accès libres vers l’Etoile. Elle a vu la pression monter du fait de la poussée de personnes entassées qui ne pouvaient reculer.
Et puis elle a vu, pas une fois mais à plusieurs reprises, les forces de l’ordre actionner leurs bombes de gel lacrymogène, sans la moindre sommation, souvent à bout portant, vers des personnes qui étaient totalement pacifiques. Des personnes qui tentaient en vain de s’éloigner vers l’arrière. Des jeunes assis, qui chantaient et qui ont été gazés sur les Champs-Elysées alors qu’ils ne pouvaient même pas s’en aller, les forces de l’ordre les ayant encerclés…
Tentant elle-même de parlementer avec les responsables des CRS ou des gendarmes, elle a eu confirmation qu’ils avaient eu des ordres stricts. Et a constaté qu’ils étaient « sans pitié ».
Pour Me Besson, c’est clair : les forces de l’ordre se sont comportées de manière à « provoquer des actes de violence de la part des manifestants, c’est une certitude ». Le miracle, c’est qu’il n’y en a pas eu. Il n’y a pas eu de riposte qu’on aurait pu maquiller en agression. Les gens braves qui étaient là étaient aussi des braves gens !
« On a attiré les gens dans une nasse, une souricière », accuse Me Besson.
Il est clair que le pouvoir ne voulait pas de cette manifestation de dimanche et a tout fait pour démobiliser avant – en laissant planer l’incertitude sur les autorisations de parcours le plus longtemps possible – ; pour discréditer et accuser mensongèrement ensuite.
La brutalité des forces de l’ordre est de plus en plus difficile à passer sous silence. Les multiples vidéos postées sur internet – on en trouve un bel échantillon sur le Salon beige, le blog qui remarquablement centralise les informations qui permettent de contrer la désinformation dans cette affaire – mais aussi les témoignages de personnes de tous âges victimes de coups ou de lacrymogènes, en attestent. Et il faut citer celui d’un pro-« mariage gay (dans Le Figaro) qui est allé porter de l’eau aux victimes des lacrymos en bas de son bureau, sur les Champs-Elysées. Lui aussi s’est pris une rasade de gel en pleine figure : ce gel qui adhère, qui reste collé aux vêtements et qui a fait tousser et vomir des enfants plusieurs heures après.
Tout cela a été dit, mercredi, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue en haut des Champs par un groupe d’avocats qui, tel Frédéric Pichon et en coordination avec l’AGRIF notamment, apportent leur aide à ceux qui portent plainte contre l’Etat. L’Etat qui n’a pas voulu prévoir l’ampleur de la manifestation, alors qu’il a les moyens de le faire ou qui, plutôt, a agi malgré ce qu’il savait forcément, de manière à faire dégénérer des mouvements de foule certes déterminés et parfois bruyants, mais qui sont restés pacifiques dans leur écrasante majorité.
Il faut voir une vidéo de très bonne qualité, signée fxdubc (et retrouvable par ce biais sur internet), prise depuis le podium de l’avenue de la Grande-Armée. On y voit notamment des élus UMP arborer un large sourire en voyant l’Etoile se remplir de manifestants avec des drapeaux de la Manif pour tous. Christine Boutin, interrogée à ce moment-là, se demande joyeusement si le « Printemps français » n’est pas en train de commencer…
On sait la suite.
Une suite à laquelle a participé Béatrice Bourges, qui a rejoint alors les Champs-Elysées pour ne pas laisser « seuls » ces groupes de manifestants pacifiques dont elle voyait qu’ils risquaient d’être victimes du piège qu’elle voyait se tendre autour d’eux. Intervenant elle aussi à la conférence de presse de mercredi après-midi, elle a confirmé qu’elle avait été exclue de l’organisation de la Manif pour tous – chose qu’elle a apprise de ses amis. Sans rancune : pour elle, les actions menées par la Manif pour tous autour de Frigide Barjot et celles entreprises par le tout nouveau « Printemps français » sont complémentaires.
Et mobilisent probablement, à l’occasion, les mêmes militants. De jour en jour, ceux-ci « harcèlent » pacifiquement et dans la bonne humeur les membres du gouvernement dans leurs déplacements : Le Drian accueilli par une mini-manifestation à Annecy, Christiane Taubira qui a vu sa voiture bloquée alors qu’elle assistait à la première de Claude à l’Opéra de Lyon (livret : Robert Badinter…), Erwann Binet, rapporteur du projet, empêché sans violence, mais bruyamment, de participer à un débat à l’université de Versailles Saint-Quentin, mardi après-midi. Une nouvelle manifestation était prévue pour « accueillir » François Hollande à son arrivée à France 2, jeudi soir.
Le mépris continue en effet. A l’heure d’écrire, ni l’Elysée, ni le gouvernement n’ont répondu aux demandes de la Manif pour tous, sinon pour dire qu’il n’était pas question de changer quoi que ce soit. La préfecture de police soutient mordicus que son chiffre de 300 000 est le bon, se fondant sur le travail de deux équipes policières de deux personnes postées dans une manifestation statique. C’est tellement absurde que même les gros médias n’y croient plus !

Hollande fait son service après-vente

Une confession? Une boulette? Une prise de hauteur? Hier, sur France 2, alors qu’il tentait de vendre son pouvoir de persuasion en Europe, François Hollande a eu un peu de mal à trouver les mots pour se définir : «C’est mon rôle, non pas parce que je suis un président socialiste, d’ailleurs je ne suis maintenant plus un président socialiste, je suis le président de tous les Français, je suis le président de la France.» Comme si le chef de l’Etat avait acté hier soir une transformation, un changement. Pensait-il à sa stature ? Ou à sa politique ? En tout cas, hier, Hollande a surtout cherché à rassurer. Sur un cap : le retour de la croissance. Et son objectif : la baisse du chômage. «Je serai jugé sur un seul critère : est-ce que j’ai fait avancer la France? […] Est-ce que j’ai réussi à faire diminuer le chômage ?»
Chapelet. Les Français qui espéraient hier pouvoir comprendre les raisons de cette crise inouïe qui n’en finit pas de durer, en seront pour leur frais. Hollande a totalement manqué le début de son émission. Plutôt que de recontextualiser cette crise européenne et française et en donner une explication pédagogique, le chef de l’Etat a récité d’emblée toute la boîte à outils de sa politique économique : le contrat de génération, la création de la BPI, le pacte de compétitivité, le marché de l’emploi… Un long et fastidieux chapelet de mesures. Comme si Hollande s’était fixé une obligation: convaincre les Français qu’il y a bien une politique économique en route. Non, il n’attend pas les bras croisés le retour hypothétique de la croissance. Car, reconnaît-il, si «on l’attend, pas sûr qu’elle revienne.» «Il faut aller trouver de la croissance par nous-même par nos leviers». Et de qualifier toutes ces mesures«d’exceptionnelles». Cerise sur le gâteau, il annonce pour la première fois un «choc de simplification administrative» : «Aujourd’hui, une entreprise - petite - est obligée d’envoyer 3 000 informations par an à l’administration. Demain, il faut réduire deux fois, trois fois ce chiffre». A quand les premiers résultats? Hier, il a redit sa volonté d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année. Et annoncé pour la première fois qu’il espérait un retour de croissance avant la fin de l’année. Il a juste confessé avoir, au début de son quinquennat, sous-estimé la gravité la crise.
A défaut de tracer de nouvelles perspectives, Hollande a déminé plusieurs dossiers inflammables. Il a d’abord annoncé que la taxe sur les 75% serait payée par les entreprises, et non par les ménagesLes allocations familiales ? «Pas de fiscalisation des prestations familiales, parce que c’est absurde». Mais «que les plus hauts revenus aient les mêmes allocations, non ! Ça sera revu». La réforme des retraites ?«Comme on vit plus longtemps, il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues». La hausse des impôts ? «En 2013, pas d’efforts supplémentaires pour les Français en 2014, il n’y aura aucune autre augmentation d’impôts», à l’exception de celle de la TVA pour financer le pacte de compétitivité. Enfin, grosse surprise, il sanctuarise pour cinq ans le budget de la défense au niveau de 2013.
L’émission s’étire, les sujets de société arrivent sur le tapis. Frigide Barjot et sa cohorte de manifestants ont-ils fait vaciller le Président sur le mariage pour tous ? Hollande a redit son engagement en faveur du mariage et de l’adoption pour tous les couples. Mais il a bien pris soin de circonscrire ce périmètre, sans l’épineuse question de la procréation médicalement assistée(PMA). Bottant totalement en touche sur cette question en affirmant qu’il «respecterait» l’avis du comité national consultatif d’éthique, attendu à la fin de l’année. Et si ledit comité dit non ? Pareil, il respectera. Il y a six semaines, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, assurait pourtant que cet avis «n’engage en rien le gouvernement». Sur le non-cumul des mandats, qui met sa majorité en émoi, Hollande a mis fin à un suspense de dix mois sans dissiper entièrement le flou. Le texte, interdisant le cumul d’un mandat de député ou de sénateur avec la présidence d’un exécutif local, «sera au Conseil des ministres la semaine prochaine, devant le Parlement le plus vite possible et appliqué avant la fin de mon mandat».
Couacs. Le sort des parlementaires réglé, Hollande est passé à ses ministres. Et, une fois de plus, comme lors de ses vœux de janvier, il a sévèrement condamné les couacs. «Vous ne pouvez pas, quand les temps sont durs pour les Français, commettre la moindre erreur, la moindre expression malheureuse. Je le répète, comme un avertissement.» Face aux ministres qui se chamaillent et aux Français qui se divisent, il a posé en président de la «réconciliation».Réaffirmant sa légitimité sortie des urnes il y a dix mois et refusant le discours des efforts pour les efforts. «Bien sûr une partie du pays ne m’apprécie pas. Et alors ? C’est le jeu démocratique, j’ai suffisamment d’expérience pour ne pas être affecté, a-t-il assuré, balayant les critiques et les attaques. Je veux faire réussir mon pays. J’ai le cuir solide et le sang froid. Pourquoi faire du sang et des larmes ? Il faut donner de l’espoir au contraire !» Hollande chef de guerre économique a conclu : «Je suis en ordre de bataille, je suis le chef de cette bataille. J’avance.»
OUI, MAIS OÙ ?

François Hollande sur France 2 : les réactions des politiques après son grand oral

François Hollande, au plus bas dans les sondages, était l'invité du JT de France 2 ce jeudi. Interrogé par David Pujadas, le chef de l'Etat a essayé d'éclairer la politique menée par son gouvernement.

  • Emploi/chômage, croissance, impôts, déficits publics, retraites, intervention au Mali, mariage homosexuel, ou encore cumul des mandats ont été les principaux dossiers abordés.


    François Hollande a répondu jeudi soir questions de David Pujadas sur le plateau du JT de France 2 pendant une heure. Voici les principaux points à retenir de cet entretien (pour plus de précision, voir le live de l'émission). :

    Chômage - "A la fin de l'année, nous aurons une baisse du nombre de chômeurs", a déclaré le président dès le début de l'émission. "Ce n'est ni un vœu, ni un pronostic, mais un engagement."

    Entreprises taxées à 75 % - Sur la taxation à 75%, censurée par le Conseil constitutionnel, "je vais procéder différemment", a expliqué François Hollande. "Lorsque la rémunération des grands patrons dépassera le million d'euros, l'entreprise devra prendre en charge une contribution qui atteindra 75%."

    Allocations familiales -"Il n'y aura pas de fiscalisation des prestations familiales, a assuré le président. On va garder l'universalité des prestations familiales."
    Pas d'augmentation d'impôt en 2014 - "Nous allons faire des économies pour ne pas demander d'effort supplémentaire aux Français. Pour 2014, aucune autre augmentation que celle déjà annoncée de la TVA, aucune nouvelle taxe."

    Retraites - "L'espérance de vie s'allonge. Il va y avoir des durées de cotisations plus longues." "Pas de diminution des pensions pour les petites retraites, ajoute François Hollande. Il y aura une discussion sur les paramètres : cotisations, indexations et allongement de la durée." 
    Non-cumul des mandats - "Ca se fera avant la fin de mon mandat." Pas plus de précisions.

    Mariage homosexuel - "C'est une conviction, un engagement que j'ai pris", a-t-il déclaré. "Je suis un président qui veut tenir mes engagements mais je veux respecter et apaiser. Donc il n'y a que le mariage pour tous et l'adoption dans certaines conditions dans le texte. (...) La PMA est renvoyée au comité national d'éthique dont l'avis sera donné à la fin de l'année."

Les réactions à l'intervention du président :

Alain Juppé, maire UMP de Bordeaux, estime que sur plusieurs sujets "on reste dans le flou artistique". Par exemple sur les pistes de réduction des dépenses publiques ou sur la réforme des retraites "renvoyée aux négociations avec les partenaires sociaux". Selon lui, "la thérapie de choc qui était nécessaire n'a pas été appliquée".
Marine Le Pen, présidente du Front national : "Le président de la République s'est livré à une véritable mise en scène du vide, n'ayant rien de concret à annoncer, rien qui puisse sortir les Français de leur pessimisme. Il s'est contenté de rappeler les quelques mesurettes qu'il a prises depuis le début de son quinquennat et dont il espère qu'elles vont par magie faire revenir la croissance, c'est maigre. On retiendra cependant l'annonce d'une nouvelle augmentation probable de la durée de cotisation des retraités, et une accentuation de la politique ultralibérale dans beaucoup de domaines."
François Bayrou, président du Modem : "Je l'ai trouvé à l'aise, équilibré. Dans la deuxième partie, il a parlé assez juste, il a bien parlé du Mali." En revanche, il déplore "une impression de fouillis" dans la première partie, celle sur les outils pour répondre à la crise économique.


Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste : "Les mots de François Hollande sont restés totalement déconnectés des urgences sociales et des solutions nouvelles nécessaires. Rien de ce que nous avons entendu n'est de nature à rassurer les Françaises et les Français qui souffrent et ont plus que jamais besoin du changement pour lequel ils ont voté".

Gagner du temps

Gagner du temps


Face à une défiance inédite, François Hollande aurait été coupable d'éviter cet exercice télévisuel. S'y prêtant, il savait qu'un oral, même porté à soixante-treize minutes, ne suffirait pas à refaire le monde et à redonner espoir aux chômeurs, aux investisseurs et aux contribuables.
Il est même à craindre pour lui que la rareté de ses interventions - c'était la première depuis sept mois - et la solennité d'un événement savamment préparé ne mettent en relief, par contraste, des explications un peu laborieuses et une vision un peu éparpillée.
François Hollande était attendu sur le terrain de la pédagogie, celui qui démontre qu'il domine son sujet et sait où l'on va. Il se devait de dissiper les malentendus qui créent des inquiétudes catégorielles et un attentisme général. Enfin, au-delà des correctifs nécessaires, on attendait qu'il frappe un grand coup en annonçant des réformes structurelles.
Pédagogue ? François Hollande est assez habile pour situer ses dix mois dans un continuum de dix ans, pour montrer que c'est pire ailleurs. Il compte toujours sur une conjonction vertueuse, dans les mois qui viennent, entre les décisions votées : les emplois d'avenir, le contrat de génération, le pacte de compétitivité, le financement des entreprises, la flexi-sécurité de l'emploi.
Dans son explication de texte, le Président confirme son cap de la rigueur en prenant un engagement sur la dépense publique : l'État dépensera moins en 2014 qu'en 2013.
Rassurant ? Oui, pour les patrons à qui il promet un allégement de la fiscalité sur la transmission d'entreprises. Rassurant pour son aile gauche puisqu'il trouve le moyen de tenir son engagement sur le fameux 75 % sans effrayer le dirigeant concerné : c'est l'entreprise qui paiera lorsque la rémunération dépassera un million d'euros annuel.
Rassurant pour le contribuable : François Hollande s'engage à ce qu'il n'y ait plus de surprise fiscale supplémentaire. Il assure les familles qu'il n'y aura pas de fiscalisation des allocations familiales, seulement un plafonnement pour les plus aisées. Rassurant pour les petits retraités. Rassurant pour les demandeurs d'emploi en mettant l'accent sur la formation.
Rassurant pour les militaires en préservant un niveau de Défense permettant de répondre à nos missions de protection, de dissuasion et d'intervention rapide. Rassurant pour le consommateur en confirmant l'effort en faveur du bâtiment, en pesant sur les loyers, le prix du gaz ou les frais bancaires, et en annonçant un déblocage de la participation pendant six mois.
Ambitieux ? Deux ans pour redresser, trois ans pour nous dépasser, dit-il. François Hollande est resté assez évasif sur la loi de décentralisation, pour le moins discret sur la réforme fiscale, imprécis sur la réforme de l'État. Impopulaire pour impopulaire, autant les faire ! Quitte à recourir aux ordonnances si sa majorité ne suit pas. En étant directif, réactif et précis, comme pour le Mali.
Même quand il dit sa confiance et sa détermination, François Hollande reste un président tiraillé entre rigueur et vigueur, entre court et long terme. Les Français veulent du travail, du pouvoir d'achat et un État plus efficace et moins coûteux. Lui, compte sur le temps. Un peu pédagogue, un peu rassurant, un peu ambitieux : tout au plus a-t-on assisté, hier soir, au modeste début d'une longue tentative de reconquête.