TOUT EST DIT

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mardi 22 février 2011

Des voix à droite considèrent Anne Sinclair comme la porte-parole de DSK

On pouvait se douter que ce billet ne passerait pas inaperçu. Il faut dire qu'il est publié au lendemain de la visite de Dominique Strauss-Kahn à Paris pour le G20 et dix jours après avoir glissé au magazine Le Point qu'elle ne souhaitait pas que son mari fasse un second mandat à la tête du FMI. Lundi 21 février, la journaliste a critiqué sur son blog le débat national sur l'islam annoncé par Nicolas Sarkozy et l'UMP. Ceux-ci sont accusés de "jouer avec le feu" et de faire le jeu du Front national. La réaction n'a pas tardé : Anne Sinclair est accusée de se faire la porte-voix de son mari, soumis à un strict devoir de réserve en tant que patron du FMI.



"Si la campagne présidentielle commence comme ça, c'est-à-dire que M. Strauss-Kahn fait campagne par l'intermédiaire de sa femme, je pense que ce n'est pas au niveau que l'on attend de candidats à la présidentielle", a lancé Marine Le Pen, interrogée mardi sur RFI.
"MME SINCLAIR NE FAIT PAS D'IMAGE MAIS PARLE BEAUCOUP"
"Soit M. Strauss-Kahn quitte le FMI et fait campagne, soit il indique qu'il ne sera pas candidat. Mais il ne fait pas faire sa campagne par Anne Sinclair. Je trouve ça grotesque", a ajouté la présidente du FN, prise pour cible par Anne Sinclair dans son billet : "Marine Le Pen à 20 % dans les sondages. Belle réussite ! Certains à droite comme Alain Juppé s'émeuvent à juste titre devant la perspective de remuer encore une fois cette trouble marmite."
Au même moment, Jean-Marie Le Pen a estimé sur LCI qu'Anne Sinclair faisait "la propagande de son mari", tout en qualifiant le débat annoncé par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé de "manœuvre désespérée […] pour essayer de reconquérir l'opinion française".
UNE REMARQUE JUGÉE "MACHISTE"
Anne Sinclair, porte-voix de Dominique Strauss-Kahn ? L'argument est repris par le patron des députés UMP : Christian Jacob a fustigé sur RMC une "nouvelle technique de communication : DSK fait de l’image mais ne parle pas. Mme Sinclair ne fait pas d’image mais parle beaucoup."
Une interprétation à laquelle s'oppose le strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen, qui a dénoncé sur RTL une attaque presque "machiste" : "Elle ne parle pas comme femme de Dominique Strauss-Kahn. Elle a sa propre spontanéité. Et ce combat n'est pas spécialement neuf pour elle."
En mars 2010, Anne Sinclair avait évoqué la politique française, par exemple en dénonçant les difficultés rencontrées pour faire renouveler ses papiers d'identité : "Le climat de suspicion, lié à ce débat sur l'identité nationale, ajoute au malaise", écrivait-elle sur son blog, qui reste généralement dédié à la vie politique américaine. Sauf rares exceptions

NE RÊVONS PAS, C'EST ANNE SAINCLAIR QUI SE PRÉSENTE SOUS LES TRAITS DE DSK.

 

LE POINT SUR....

La carte des révoltes au Maghreb et au Moyen-Orient


Sur un Quai en ruine, l'Europe

Au moins, sinon plus que la fin des dictatures tunisienne et égyptienne, la chute désormais envisagée du régime libyen sonne comme une nouvelle révision déchirante pour la diplomatie française. Car si notre relation particulière avec la Tunisie, si l'amitié avec l'Egypte plongeaient leurs racines dans une plus longue histoire, le rapprochement opéré avec Mouammar Kadhafi était une initiative de l'actuelle présidence française. Elle a été assumée au point que, dès la fin de 2007, le dictateur libyen fut reçu à Paris avec plus d'honneurs que ceux réservés à bien des démocrates. Motivée autant par les espoirs de débouchés économiques que par les nécessités de la lutte contre le terrorisme, cette main tendue à la Libye illustre les avancées et les limites de la conduite sarkozyenne des affaires étrangères, alliage d'intuitions lumineuses et de nombreuses occasions manquées.

Impulsive en Afrique noire mais pas réactive en Afrique du Nord, capable d'engager une gouvernance à 20 du monde économique mais incapable de penser les relations politiques à l'heure du multilatéralisme, engoncée dans un respect sourcilleux des Etats et oublieux des peuples, la diplomatie française donne la cruelle impression d'être trop souvent en retard sur l'Histoire. Comment lui pardonner d'avoir préféré la paix à la démocratie, sans voir que celle-ci est toujours gage de stabilité ? Qu'une Egypte démocratique est plus enviable aux frontières d'Israël qu'une Egypte dictatoriale ? De cette faillite, Nicolas Sarkozy n'est pas, loin de là, seul responsable. Replié sur une cellule élyséenne qui a fait d'un domaine réservé un domaine privé, il a certes accentué la crise de confiance d'un Quai d'Orsay dont les moyens d'action s'épuisaient déjà. Mais participer à la naissance d'un monde multipolaire, n'est-ce pas trop demander à la diplomatie d'un Etat dont la puissance économique décline lentement mais sûrement ?

La vraie source d'étonnement n'est pas que la voix de la France, sixième économie mondiale, soit moins écoutée. C'est qu'elle le soit toujours autant. Elle le doit à son passé, à sa culture, à ce « soft power » qui lui offre encore un rayonnement au-delà de ses forces. Pour combien de temps ? Mieux organisées, plus fortes, aptes à défendre sans craindre l'humiliation les droits de l'homme et ceux du commerçant, l'Allemagne et la Grande-Bretagne commencent à concurrencer à la France ce privilège de l'histoire. Sur les ruines du Quai, il existe une chance de rebâtir un succès diplomatique : il est d'imaginer une véritable diplomatie pour l'Europe, à la mesure de son poids économique. Lui donner une vision claire plutôt qu'un visage muet.

Guide


Il faudrait ne jamais vieillir, surtout quand on a été jeune et révolutionnaire... Il était beau, Mouammar Kadhafi, en capitaine de 27 ans renversant le roi Idriss et promettant le pouvoir au peuple. C’était il y a plus de quarante ans. Depuis, il est devenu le Guide, en poster grand format à tous les coins de rue de la Libye, et sur ses dunes de sable, si cela se pouvait. Vu d’Europe, il avait cessé de faire peur depuis qu’il avait pris sa retraite de terroriste. Il faisait presque rire, avec ses caprices de star du désert qui plantait sa tente dans les palais de la République française, et qui initiait son ami Berlusconi aux délices orientaux du bunga-bunga. Mais là-bas, en Libye, il régnait avec les armes éternelles des dictateurs, l’argent et la terreur. Il tombera, Kadhafi, aujourd’hui ou demain, victime d’une autre révolution. Souhaitons aux Libyens que celle-ci soit sans Guide.

La folie meurtrière de Kadhafi

On croyait la forteresse libyenne inébranlable. Le régime de Kadhafi vissé plus que jamais, inaccessible au vent de libération qui souffle dans tout le monde arabe. Il n'en est rien. Depuis dimanche, Tripoli vacille à son tour. Et même si, avec un cynisme absolu, le pouvoir fait tirer sur la foule et sur les enterrements, même s'il brandit la menace du chaos, après Ben Ali et Moubarak, l'ère de Kadhafi semble toucher à sa fin.

Une ère qui dure depuis quarante-deux ans. À l'époque, un jeune bédouin se fait remarquer dans les rangs de l'armée, au point d'incarner le mouvement qui renverse le roi Idriss, balayé par un autre vent qui souffle alors dans toute l'Afrique du Nord : le nationalisme arabe. Capitaine puis colonel, Kadhafi prend le pouvoir dès 1969. Son modèle, c'est Nasser. Son régime, le socialisme arabe. Sa carte maîtresse, la nationalisation du pétrole. Sa boussole, son propre charisme, auquel il va consacrer un véritable culte.

L'image récente est d'ailleurs restée accrochée au caractère mégalomane du personnage. Citer Kadhafi, c'est immédiatement évoquer ce colonel imprévisible, y compris pour ses alliés arabes. Un prince du désert entouré d'amazones, rongé par mille lubies (peur de l'avion, peur des étages) qui justifient toutes les entorses protocolaires, avec l'installation de sa fameuse tente en plein Paris ou au coeur de Rome. Le pittoresque ferait presque oublier le caractère impitoyable de son exercice du pouvoir.

Car, pour les puissances occidentales, Kadhafi était surtout, pendant longtemps, synonyme de terrorisme. L'attentat de Lockerbie, en 1988, celui du DC-10 français, en 1989. La fin de la guerre froide fait basculer tous les anciens alliés de Moscou dans un nouveau rôle. Le colonel active d'abord la carte terroriste. Puis, isolé durant les années 1990, il se tourne vers le Sud et plaide pour l'unité africaine. Les décennies passent, le guide demeure.

Le 11-Septembre et la poussée migratoire vont lui donner une nouvelle chance sur la scène internationale. Lentement, depuis huit ans, l'isolement de Tripoli cède la place à un rapprochement avec les pays européens. Dégel motivé par trois raisons estimées, alors, supérieures : l'approvisionnement énergétique en provenance de la Libye, le rempart contre l'islamisme, le verrouillage des flux migratoires.

Ce dernier point, Kadhafi l'honore avec une férocité dénoncée, en vain, par de nombreuses ONG. Depuis des années, des milliers de migrants sans papiers sont amassés dans les prisons libyennes. D'autres, refoulés à la frontière méridionale, autrement dit en plein désert. L'isolement de Tripoli prend fin, Kadhafi redevient fréquentable. Pour ces trois raisons qui sont, en fait, autant de chantages.

Depuis un mois, cet équilibre est désormais rompu. Le printemps arabe n'épargne aucune forteresse, pas même Tripoli, et l'Europe voit ses craintes mises à nu. Spectatrice, sur l'autre rive, de la fin annoncée d'un dictateur plus sanguinaire que pittoresque, prêt à livrer son pays au chaos. Le masque de Mouammar Kadhafi est en train de tomber de la pire manière. Au son des bombes qu'il demande à son aviation de lâcher sur son propre peuple.

Le sang coule, le pétrole s’envole… et où est Kadhafi ?

Et de trois après Ben Ali et Moubarak ? Les Libyens vont-ils renverser Kadhafi ? Les informations sont difficilement vérifiables dans ce pays qui vit à huis clos depuis plus de 40 ans et est interdit aux journalistes. Néanmoins, le scénario qui s’est accéléré hier à Tripoli ressemble à celui des derniers jours de l’ère Moubarak. Avec une répression accompagnée de promesses de réformes et des rumeurs à foison sur la santé du colonel Kadhafi, voire sa fuite au Venezuela. Très curieusement aussi, c’est non Kadhafi mais l’un des fils du «Guide», Saïf Al-Islam, pourtant réputé être le représentant de l’aile « modérée» (sic.) du régime, qui s’est adressé à la population… pour dresser le spectre de la guerre civile avec des «rivières de sang».

La menace est déjà devenue réalité. Car il s’agit bien d’une insurrection. L’armée, du moins celle restée aux ordres, tire à balles réelles, les hélicoptères mitraillent les manifestants, des quartiers de Tripoli auraient été bombardés… Cette intervention militaire sans retenue n’est pas la seule différence avec les événements vécus en Tunisie et en Égypte. Les manifestants libyens sont loin d’être tous pacifiques. Des éléments armés se mêlent aux civils.

Longtemps havre du terrorisme international avant sa réintégration dans la communauté des Nations (avec tapis rouge déployé en décembre 2007 à Paris…) la Libye a toujours été un mystère. Sans constitution, le pays dépend totalement du bon vouloir de son fantasque «guide suprême» qui s’appuie, avec le concours d’imposantes forces de sécurité, sur l’autorité de plusieurs chefs tribaux relayée par un parti unique. Ainsi, que la révolte soit partie de Benghazi et de Tobrouk n’étonne pas : les tribus de la Cyrénaïque ont toujours été hostiles au pouvoir central de Tripoli, et particulièrement à Kadhafi accusé de réserver la manne pétrolière aux «siens».

Pourtant, l’opacité du pouvoir libyen n’a jamais empêché les Européens de rester en affaires avec le quatrième producteur africain d’hydrocarbures. Jusqu’à appuyer la candidature de la Libye à la présidence de la commission des droits de l’homme de l’ONU, le comble du cynisme en matière de realpolitik !

Mais aujourd’hui, pour l’Europe, le mystère libyen se mue en inquiétude. Non pas tant sur le sort de la population que sur celui des rapports économiques et particulièrement l’approvisionnement en pétrole. Tripoli, qui a alloué d’importantes concessions aux compagnies internationales, exporte 80 % de sa production en Europe. Elle est même le premier fournisseur de l’Italie. Rien d’étonnant si les cours du brut s’envolent… Le régime possède encore d’autres moyens de coercition. Il pourrait nationaliser les entreprises étrangères sur son sol et, suprême inquiétude, ouvrir ses frontières à l’émigration massive de toute l’Afrique vers le vieux continent.

Une explication au honteux profil bas, hier à Bruxelles, des ministres des Affaires étrangères de l’UE ? Quant à la diplomatie française, n’en parlons même pas. Avec la titulaire du Quai d’Orsay déjà interdite de Tunisie…

Cette fois-ci, l'Allemagne paiera...

Il est trop tôt pour proclamer le printemps de l'Europe. Mais il y a des jeunes pousses qui ne trompent pas, à condition de ne pas leur marcher dessus, comme le pacte de compétitivité conçu par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Aussi contestable (et contesté) soit-il, ce pacte est une avancée dans des champs restés jusqu'à présent hors de portée de la construction communautaire, comme le fiscal et le social. C'est en réalité le premier grand chantier soumis aux Européens depuis plus de deux décennies, depuis la monnaie unique. Et ce n'est par hasard s'il vient maintenant. Les crises grecque et irlandaise de l'an dernier ont montré de manière éclatante que l'Europe ne peut pas s'arrêter là. Une Union seulement monétaire est condamnée à l'explosion.

La monnaie a bien sûr toujours joué un rôle important dans l'économie, quoi qu'en disent nombre d'économistes qui ont longtemps voulu n'y voir qu'un voile. Ce rôle est devenu encore plus important ces dernières années avec le formidable essor de la finance. Comme la politique monétaire détermine via les taux d'intérêt le prix de l'argent, ressource de base de cette finance omniprésente, elle a acquis une puissance encore plus grande. L'histoire économique récente peut s'écrire à partir des décisions de la banque centrale. Aux Etats-Unis, la baisse des taux d'intérêt au début des années 2000 a permis une forte reprise de la croissance américaine, puis le maintien de ces taux à trop bas niveau a enclenché le gonflement de la plus grosse bulle spéculative de toute l'histoire.

En Europe, c'est plus compliqué. Car s'il y a une seule politique monétaire pour dix-sept pays, il y a dix-sept conjonctures nationales. Plutôt adaptée à la globalité de la zone euro au cours de la dernière décennie, et à la situation de la France, qui est souvent un pays « dans la moyenne », la politique de la Banque centrale européenne (BCE) a exercé des effets redoutables dans certains pays. Pendant l'essentiel des années 2000, elle a été trop sévère pour l'Allemagne, qui s'était imposée un rugueux plan d'ajustement. Elle a donc plombé la croissance du pays. A l'inverse, elle a été trop accommodante pour l'Irlande, l'Espagne ou la Grèce. De 2000 à 2008, les prix à la consommation y ont augmenté de 1 % par an plus vite que la moyenne de la zone euro (et 1,5 % de plus que l'Allemagne). De formidables bulles de dette publique ou privée y ont gonflé.

Aujourd'hui, c'est le contraire : la politique monétaire de la BCE est trop sévère pour les pays les plus durement frappés par la crise financière, et trop douce pour une Allemagne requinquée. Les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) vont donc avoir un mal fou à sortir de la crise, tandis que l'Allemagne va galoper. Ses caisses publiques vont se remplir plus vite que prévu. Le pays va fatalement gonfler à son tour une bulle. Les prix à la production y accélèrent, l'immobilier aussi. Normalement, la Bundesbank devrait relever ses taux d'intérêt ! Berlin va demander à la BCE de serrer la vis et donner des leçons de rigueur au reste du Continent. Après avoir fait exploser le Pacte de stabilité en 2003, quand le pays était dans la position symétrique...

Normalement, il y a un contrepoids pour rééquilibrer l'économie quand la politique monétaire n'est pas adaptée : le budget. Un pays qui va trop vite doit réduire sa dépense publique ou augmenter ses impôts. Mais c'est politiquement infaisable quand les comptes publics sont excédentaires, ce qui était le cas de l'Espagne (+ 2 % du PIB en 2006) ou de l'Irlande (+ 3 % la même année). La seule solution logique, c'est une forme de fédéralisme, où une partie de l'argent d'un pays en pleine forme glisse vers le pays qui est à la peine via une caisse centrale. Tout comme le Texas subventionne l'Ohio quand le premier va bien et le second mal, l'Espagne et l'Irlande auraient dû soutenir l'Allemagne dans les années 2000. Maintenant, c'est à l'Allemagne de transférer de l'argent aux pays en difficulté. Pour sauver les autres, et aussi pour se sauver elle-même.

Nous ne sommes plus ici dans la logique destructrice des années 1920, quand la France affirmait vainement que « l'Allemagne paiera ». Cette fois-ci, il y a une contrepartie. Il y a aussi une logique d'avenir, et non du passé. C'est tout le projet européen qui va se jouer dans les prochains mois. Si Paris valait bien une messe, l'Europe vaut bien un pacte.

Politique contre politique

Le dernier rapport de la Cour des comptes, à côté de son contingent habituel d'erreurs de gestion de la sphère publique, prend une coloration particulière à cause de deux faits nouveaux : la discipline imposée par la crise a inspiré un programme lisible de rééquilibrage des comptes publics, qui facilite l'audit ; le nouveau premier président de la Cour, Didier Migaud, était naguère président - socialiste -de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Se faisant honneur de rompre avec la politique politicienne, il reconnait « les progrès très importants accomplis ces dernières années dans l'efficacité de la gestion publique ». Mais en s'appliquant à sa mission d'auditeur, il relève les insuffisances, par rapport à l'objectif, du rythme de ralentissement des dépenses, des compensations aux recettes perdues, de la résorption du déficit structurel, qui se maintiendrait à 5,5 % du PIB. Toutes analyses faites, cela revient à constater que la ligne d'une politique, surtout quand elle est rigoureuse, se heurte toujours aux contraintes de « la politique ».

L'illustrent quelques chantiers dont la Cour relève les insuffisances. La dérive incontrôlée des niches fiscales, favorables notamment aux entreprises ? Le Medef y campe, avec la menace d'une récession si on y touche. Les insuffisantes réductions de dépenses publiques ? Toutes les structures françaises y résistent, dans l'administration et autour d'elle. Le coût de la fonction publique ? Quand le président de la Cour recommande de geler le traitement des fonctionnaires jusqu'en fin 2013 et de revenir sur certains de leurs avantages, il doit se féliciter d'être sorti de l'arène politique pour avoir enfin le droit de parler vrai.

On dira qu'il est plus confortable d'auditer que de gouverner. Pour l'édification générale, on devrait diffuser auprès des électeurs toutes ces recommandations qu'ils refusent. Si on le dit, c'est parce qu'il est plus facile de commenter que de faire.

Seif el-Islam Kadhafi

Dans la famille Kadhafi, il a le rôle du fils qui répare les bêtises du papa. Deuxième des sept garçons de l'extravagant colonel, c'est lui qui négocia l'indemnisation des victimes de l'attentat de Lockerbie. Le « glaive de l'Islam », comme se traduit son petit nom, apporta aussi une impulsion déterminante à la libération des infirmières bulgares en 2007. Lorsque son père voulut normaliser ses relations avec Washington, en novembre 2008, il envoya ce fringant play-boy, un pro de la communication qui sait faire la conversation en smoking avec le même naturel que quand il chasse au faucon dans le désert. Prêt à tout pour changer l'image désastreuse du régime paternel, Seif el-Islam a pris la tête, en 1997, pour fêter ses vingt-cinq ans, d'une fondation internationale Kadhafi à buts humanitaires, et célébré sa trentaine en publiant un rapport sur la violation des droits de l'homme dans son pays. La formation du jeune dauphin a commencé par des études d'architecture, mais il a aussi appris l'allemand et les affaires à Vienne, en sympathisant avec le défunt leader de l'extrême droite Jörg Haider, puis l'anglais et les relations internationales à la London School of Economics. Par souci louable d'économie, ce peintre d'occasion renonça à loger au Claridge pendant sa scolarité, mais s'est acheté depuis une maison de 10 millions de livres à Hampstead, avec piscine et salle de cinéma. Polyglotte, son discours de dimanche a toutefois montré qu'il maîtrisait mal la langue qui parle au peuple.