L'homme a porté plainte au commissariat après avoir reçu des insultes d'un groupe de jeunes qui se réclament de l'islam.
vendredi 12 juillet 2013
Argenteuil : un libraire affiche en vitrine "Charlie Hebdo" et reçoit des menaces
Un libraire d'Argenteuil (Val-d'Oise) a porté plainte jeudi, disant avoir été menacé par des jeunes qui lui reprochaient d'avoir mis en vitrine des numéros de Charlie Hebdo sur l'islam, a-t-on appris vendredi de sources concordantes. Le libraire, installé dans la cité du Val-d'Argent, dit avoir été menacé de représailles par des jeunes se réclamant de l'islam, mercredi vers 16 heures, alors qu'il se trouvait dans sa boutique, a précisé une source proche du dossier, confirmant une information du Parisien. "Les jeunes lui ont demandé de retirer le numéro de son kiosque, ce qu'il a refusé", a indiqué cette source. "Ils l'ont intimidé en frappant sur la vitrine du magasin, mais il n'y a pas eu de coups."
Le commerçant a alors contacté la police, qui l'a escorté jusqu'au commissariat de la ville, où il a porté plainte. Des patrouilles de police ont par ailleurs été mises en place pour surveiller le magasin, a ajouté la source proche du dossier. Selon le libraire, les menaces ont commencé à cause de la couverture d'un numéro hors série de l'hebdomadaire intitulé "La vie de Mahomet", placé en vitrine, a-t-il raconté. "Une demi-dizaine de jeunes se sont regroupés devant le magasin, ils ont dit qu'ils allaient me casser la vitrine", a-t-il rapporté. Par précaution, il a d'abord retiré le numéro de sa vitrine, avant de se raviser et d'y placer le numéro de la semaine.
Sur cette une, consacrée à la fusillade survenue lors de manifestations favorables à l'ex-président Mohamed Morsi enÉgypte, l'hebdomadaire titre "Le Coran, c'est de la merde", ajoutant, dans un cadre jaune en dessous, "ça n'arrête pas les balles". "L'un des jeunes a alors arraché Charlie de la vitrine, l'a déchiré sur le trottoir. Il est revenu avec deux-trois copains et m'a dit sale pute, on va te faire la peau", a-t-il raconté. "Je fais mon métier et je n'ai pas l'intention d'en changer", a ajouté ce libraire, qui dit avoir reçu le soutien du directeur de Charlie Hebdo, Charb.
Cette affaire intervient dans un contexte de tensions religieuses à Argenteuil, ville de 105 000 habitants à une dizaine de kilomètres de Paris, près d'un mois après les agressions, en pleine rue, de deux jeunes femmes portant le voile. Plusieurs associations avaient alors dénoncé une "montée de l'islamophobie".
Dérapage des finances publiques.
La Cour des Comptes a rendu public le 27 juin son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques.
Depuis l’élection de François Hollande, les dépenses s’accumulent (créations de 70.000 postes de fonctionnaires, hausse des prestations sociales,…) et les recettes n’augmentent pas autant que prévues malgré les 30 milliards d’euros de hausses d’impôts.
Résultat, les déficits qui étaient prévus à 4,5% du PIB en 2012 ont été de 4,8%. En 2013, le déficit qui devait être de 3% sera entre 3,8 et 4,1%. Tandis que le déficit qui devait être de 2% en 2014 sera de 3,5% du PIB.
Bref, ces dérapages sont très nocifs pour la France puisque la dette a dépassé pour la première fois les 90% du PIB soit 1900 milliards d’euros.
Pour la période 2014-2017, la Cour tire aussi le signal d’alarme craignant que nos objectifs budgétaires ne soient pas tenus à cause d’hypothèses de croissance du PIB et des recettes trop favorables, ainsi que des programmes d’économies pour l’heure hypothétiques. La Cour appelle à corriger le tir très vite. C’est ce que demandaient les parlementaires UMP en appelant à un collectif budgétaire. Mais le gouvernement leur a adressé une fin de non-recevoir. Le gouvernement ne peut continuer à faire la sourde oreille, il a un devoir de vérité sur l’état réel de nos finances publiques.
La Cour des comptes reprend à son compte des pistes de réformes avancées par l’UMP. Notamment, le relèvement de l’âge de départ à la retraite, la réduction du nombre de fonctionnaires, l’allongement de la durée de travail.
Alors, l’heure n’est plus aux hausses d’impôts et de dépenses. Il faut en urgence baisser drastiquement le niveau des dépenses publiques afin de réduire durablement la dette et baisser les impôts pour relancer la croissance.
Rappelons que la Cour des Comptes est présidée par Didier Migaud, ancien Député socialiste.
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
Cher Nicolas,
Je profite de votre courrier reçu ce jour, « Urgence UMP » destiné aux membres du Premier Cercle de notre Parti, pour vous faire connaitre les raisons qui me poussent à n’envoyer aucun centime à ce Parti que j’ai pourtant tant aimé.
Depuis des années, comme des millions de Français, je vous ai soutenu pour votre engagement sans faille pour notre France, pour nous.
Vous nous rassembliez tous, fier d’être français.
Mon attrait pour la Politique et pour ce qu’elle engendre, c’est à vous que je le dois. Vous avez été un modèle.
Pourtant depuis votre vibrant discours à la Mutualité, rien ne va plus à l’UMP.
Vous étiez le capitaine du Bateau, et ce Bateau coule doucement, mais sûrement.
Nous avons subi des élections internes humiliantes, entachées d’irrégularités, suivies d’accords politiciens qui nous mènent à une unité de façade depuis des mois et pour des mois.
Pourtant les français, les militants, ne sont pas dupes.
« Les bons comptes font les bons amis »
Un Parti, c’est une entreprise. La prise de risque est son métier. Ses atouts, ne pas jouer avec l’argent qu’il n’a pas et savoir anticiper.
Donc ou ce Parti n’est pas une bonne entreprise et se doit de disparaître, ou il avait anticipé et cet appel aux dons n’est pas nécessaire, comme pour toute société française face aux difficultés.
Si des responsabilités doivent être assumées, ce ne doit pas être par les militants ou l’argent du contribuable, mais bien par vous, les politiques.
L’expression démocratique libre dans notre pays se fera avec ou sans l’UMP, les français ne doivent avoir aucune crainte pour ça.
Ceux qui paieront le plus lourd tribu si à l’avenir l’UMP disparaissait, seront ceux qui au sein de notre Parti, ont joué pour votre défaite en 2012. Doit-on s’en plaindre.
Avec mon amitié,
Un fidèle parmi vos fidèles
David THOMAS
Le crépuscule du photovoltaïque
La fameuse transition énergétique allemande est un échec retentissant. L'Allemagne décide de jeter l'éponge, en annonçant le non-renouvellement de la subvention au photovoltaïque.
Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse.
Par Stéphane Montabert, depuis Renens, Suisse.
Crépuscule du photovoltaïque, mais pas en Suisse, rassurez-vous, mais bien en Allemagne. Dès 2018 et probablement avant, le gouvernement arrêtera de subventionner l'énergie solaire :
Le ministre conservateur Peter Altmaier avait fixé l'an dernier un plafond de capacité solaire installée au-delà duquel les pouvoirs publics arrêteraient de subventionner cette énergie. Il a déclaré lundi lors d'une conférence de presse que ce seuil de 52 gigawatts serait vraisemblablement atteint en 2017, au plus tard en 2018.
Le ministre de l'Environnement Peter Altmaier – un conservateur précise la dépêche, qu'on puisse identifier l'ennemi – ne fait rien d'autre que d'appliquer les contrats jusqu'à leur terme. Les subventions au photovoltaïque auraient-elles vocation à être éternelles ? L'admettre reviendrait à avouer que ce type d'énergie ne sera jamais compétitif. Le compromis politique consiste à lancer la machine en y brûlant de l'argent jusqu'à un certain point. Or, le niveau d'équipement recherché est en passe d'être atteint :
À l'heure actuelle, les panneaux solaires installés en Allemagne ont une capacité cumulée de 34 gigawatts. Le régime de subventions – sous forme d'un prix garanti payé aux producteurs solaires pour chaque kilowatt-heure produit – a conduit à un véritable boom ces dernières années, particuliers et agriculteurs notamment se découvrant des vocations de producteur photovoltaïque. Le prix très bas des panneaux solaires en provenance d'Asie a aussi contribué à cet engouement.
Ah, l'engouement pour le solaire avec des prix d'Asie, quelle élégante tournure !
La semaine dernière, l'entreprise photovoltaïque Conergy de Hambourg a déposé le bilan après plusieurs restructurations, mettant un dernier lot de 1.200 employés allemands sur le carreau. La société existait depuis 1998 et avait un chiffre d'affaires de 473 millions d'euros. Cette faillite s'ajoute à celle de nombreuses autres : Q-Cells (1.700 postes supprimés), First Solar (1.200 postes supprimés), Odesun (260 postes supprimés), le spécialiste bavarois du solaire thermique Solar Millenium, l'entreprise berlinoise Solon, la firme de Westphalie Solarhybrid...
Qu'il est ensoleillé le secteur photovoltaïque allemand !
On voit donc une application concrète du fameux argument des "emplois verts". On savait que chacun de ces "emplois verts" détruit 3,7 emplois dans le privé en moyenne, mais on réalise également que ledit emploi vert a plus de chances d'apparaître dans une usine chinoise que dans un atelier européen, compétitivité oblige.
L'énergie photovoltaïque pas plus que l'éolienne ne contribuent à un approvisionnement sûr. Les aléas de la météo obligent les producteurs d'énergie sérieux à utiliser des sources d'énergie alternatives pour les situations défavorables, autrement dit, des centrales à gaz. Il faut en outre reconstruire entièrement le réseau électrique pour tenir compte de la répartition des sources d'énergie en fonction du vent ou de l'ensoleillement.
La transition énergétique allemande prévoit une utilisation de renouvelable à hauteur de 80% d'ici 2050 ; comme pour toute planification délirante, l'économie du pays aura jeté l'éponge bien avant. Selon le directeur du conglomérat industriel Siemens, l'Allemagne a englouti jusqu'à maintenant 216 milliards d'euros dans les renouvelables. Et pour quel résultat ? L'Allemagne a un des prix de l'électricité les plus élevés d'Europe. Cela plombe la compétitivité de toutes les industries allemandes. La fameuse transition énergétique allemande, à peine entamée, est déjà un échec retentissant, au point de s'inviter dans la campagne électorale de Mme Merkel.
Les Allemands voient d'un mauvais œil la litanie sans fin des dépôts de bilan des entreprises du secteur solaire alors qu'ils se saignent aux quatre veines pour payer l'installation de panneaux photovoltaïques et payent plus cher leur énergie pour subventionner la maigre production d'électricité de ceux-ci. Mais tous ont bien compris que l'engouement pour le renouvelable n'existe qu'à travers les subventions, c'est-à-dire des prix maintenus artificiellement bas grâce à des taxes spéciales sur les sources d'énergie efficaces.
On cherchera en vain la relation entre la subvention au photovoltaïque et l'amélioration de l'efficacité des cellules. Au contraire, l'argent public est un oreiller de paresse amenant les gens à s'équiper de panneaux peu performants et les industriels à corrompre les politiciens plutôt qu'à investir dans la recherche.
Perdant sur toute la ligne – fiabilité de l'approvisionnement, emploi, coût de l'énergie, déficit publics – le gouvernement allemand a décidé de jeter l'éponge. En annonçant le non-renouvellement de la subvention au photovoltaïque, le ministre de l'Environnement Peter Altmaier n'a rien fait d'autre qu'entériner une situation économique prévalant sur l'idéologie énergétique. L'expérience est close. Les nouvelles unités de production photovoltaïque en Allemagne devront être installées sans subventions ; autant dire qu'elles ne verront jamais le jour.
Les lubies écologistes sont tout simplement devenues inabordables, même pour l'Allemagne. Mais la Suisse, elle, a encore de l'argent à jeter par les fenêtres.
+ 25% pour la fortune des 500 Français les plus riches en pleine crise : pourquoi c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle
Alors que le taux de chômage plafonne à des niveaux records, la France devrait connaître une croissance de 0,2% en 2013 selon la Banque de France. Parallèlement, la fortune des 500 Français les plus riches a connu une forte augmentation.
La fortune des 500 Français les plus riches a augmenté de 25% en moyenne en un an selon l'hebdomadaire Challenges. Alors que la France peine à sortir de la crise avec une croissance de 0,2% selon la Banque de France, que révèle ce classement et ces chiffres sur l'état de l'économie française ?
Philippe Crevel: Les chiffres sur les 500 premières fortunes françaises peuvent donner le tournis. Mais, il faut nuancer. En effet, la très grande majorité des 500 premières fortunes sont riches de leur patrimoine professionnel. Que ce soit Bernard Arnault avec LVMH, Gérard Mulliez avec le Groupe Auchan, Bertrand Puech avec Hermès ou François Pinault avec Kering, ce sont avant tout des chefs d’entreprise. Si demain leur entreprise est confrontée à un problème, leur patrimoine peut fondre très rapidement. Ainsi, la fortune des Peugeot avec la crise de l’automobile a fondu en deux ans de 70 %. Il en est de même pour Jacques Servier depuis l’affaire du Médiator. Il ne faut pas confondre fortune professionnelle et richesse personnelle. Néanmoins, la valorisation de 25 % des patrimoines des Français dits les plus riches constitue une bonne nouvelle. Cela prouve que nos grandes entreprises arrivent à capter le vent de l’économie mondiale. C’est évidemment le cas de LVMH, d’Hermès, de Chanel mais aussi de Boloré qui est implanté en Afrique. 70 % du chiffre d’affaires des grandes entreprises françaises est réalisé au-delà des frontières nationales. Cette situation permet de réduire l’impact de la récession française sur les résultats de ces entreprises.
Le classement des grandes fortunes est relativement stable en France. Certes, dans le classement des 10 premières fortunes, il faut noter l’arrivée de Pierre Castel, dont le groupe est le N°3 du vin et le N°2 de la bière en Afrique, d’Alain Wertheimer de Chanel et de Xavier Niel qui détient le groupe Iliad. Les secteurs du luxe, de la distribution et de l’agro-alimentaire sont toujours surreprésentés dans le classement. Ce dernier illustre les faibles performances industrielles de la France. Hormis, la famille Dassault, les fortunes industrielles se trouvent au-delà de la 30ème place. La présence de Xavier Niel reste une exception, tant par la rapidité de la constitution de sa fortune que par la nature de son activité ainsi qu’en raison de son âge, 46 ans. La présence des héritiers demeure importante ce qui est logique. En effet, la constitution de patrimoine en milliards d’euros nécessite le travail de plusieurs générations.
Jean-Philippe Delsol: La meilleure nouvelle est sans doute que Xavier Niel se soit beaucoup enrichi car il ne s'est enrichi qu'en enrichissant des millions de français. En effet, c'est au travers de ses innovations techniques et marketing qu'il a pu faire gagner à de très nombreux foyers 10 à 20 euros par mois sur leur abonnement téléphonique et s'enrichir ainsi lui-même.
Dans une économie libre, il n'est en principe possible de s'enrichir qu'en offrant des produits et services à des consommateurs libres de les acheter. S'ils les achètent, c'est qu'ils y trouvent plaisir ou utilité et qu'ils en acceptent le prix. Tous ceux qui participent ainsi à ce processus de production, de vente et d'achat s'enrichissent. Si les riches sont plus jeunes, c'est d'ailleurs la preuve que la richesse provient de la création de valeur dont sont aujourd'hui souvent capables de jeunes, voire très jeunes, entrepreneurs.
Comment expliquer que les riches connaissent une croissance à deux chiffres de leur fortune en moyenne alors que la France est en stagnation économique et que le chômage reste la priorité numéro 1 du gouvernement ?
Philippe Crevel : La croissance des grandes fortunes françaises est directement liée à la valorisation de leur entreprise. En 2011, la bourse de Paris avait enregistré une baisse de 17 % quand en 2012 la hausse a été de 15 %. La valorisation des entreprises familiales françaises est une bonne nouvelle car cela devrait leur permettre d’investir plus facilement. Il faut arrêter d’opposer les Français en fonction de leur niveau de richesse. En effet, à la lecture du classement et de certains commentaires, nous pourrions avoir l’impression que les Français les plus fortunés se sont enrichis sur le dos des salariés les plus modestes qui doivent faire face à la crise. Or, il s’agit de la valorisation d’un capital et non d’un flux. Certes, cette valorisation a été rendue possible par le travail des salariés des entreprises concernées mais ils en tireront profit s’ils ont accès à la participation et à l’intéressement. Ce qui est obligatoirement le cas pour les grandes entreprises mentionnées dans le classement de Challenges.
Jean-Philippe Delsol : La mauvaise nouvelle tient probablement au fait que beaucoup de ceux qui deviennent riches le sont au travers de marchés étrangers. C'est la preuve d'une dynamique exportatrice et entrepreneuriale des entreprises françaises. Mais c'est aussi le signe des difficultés du marché français et, sans doute, du malaise de la société française.
Quels sont les effets bénéfiques directs et indirects des riches sur l'économie française ? Notamment pour l'avenir...
Philippe Crevel : L’augmentation des fortunes des plus riches est avant tout une photographie à une date précise. Pour avoir un réel impact sur l’économie, il faudrait que cette appréciation se poursuive dans la durée et que la politique des gouvernements soit accommodante. Des entreprises bien valorisées est un gage d’investissement et réduit d’autant les possibilités d’OPA hostiles. Comme dans la grande majorité des cas, il s’agit de groupes familiaux qui sont implantés en France et moins sujets aux délocalisations, il faut espérer quelques retombées en termes d’emplois et de croissance.
Les gouvernements devraient avant tout s’attacher à faciliter l’investissement afin d’améliorer le positionnement de notre économie en encourageant les dirigeants propriétaires à épauler des start-up, des créateurs d’entreprise… Il faut souligner que Xavier Niel s’est engagé dans une démarche de cette nature.
Jean-Philippe Delsol : La possibilité de s'enrichir est un mobile fort pour mobiliser un certain nombre de personnes, pour les inciter à travailler, à innover, à investir, etc... Heureusement, ce n'est pas le seul mobile de ces personnes mais l'histoire et l'expérience montrent que là où l'enrichissement n'est pas possible, lorsque tous sont payés de la même manière ou presque, indépendamment de ce qu'ils produisent comme efforts, comme idées, comme travail, c'est la société toute entière qui s'appauvrit. Lorsqu'il n'y a plus de riches, les pauvres deviennent plus pauvres.
Au demeurant, la richesse n'est pas un bien définitivement acquis. Le classement deChallenges montre aussi que ceux qui n'ont pas eu un comportement correct sur le marché (Servier) s'appauvrissent et que ceux qui n'ont pas anticipé correctement les besoins, les coûts et les exigences du marché et de la mondialisation s'appauvrissent aussi (Peugeot).Les riches sont utiles à l'économie parce que ce sont eux qui investissent et créent des entreprises. Les dix premières fortunes de France représentent, au travers de leurs entreprises, 700 000 emplois.
Certes, la croissance de plus de 25% de la fortune des 500 français les plus riches d'une année sur l'autre apparaît considérable mais cette richesse est, elle-même, dans son évaluation souvent erratique, au gré notamment de l'évolution des bourses mondiales, tant la fortune de ces gens-là comprend de manière significative des valeurs mobilières dont le cours est flottant.
La France est-elle devenue une économie à générer de l'inégalité ?
Philippe Crevel : Le classement français est relativement stable tout comme ceux de l’Allemagne ou de l’Italie, à la différence des classements américain ou anglais. La fortune, en France, se bâtit dans le temps, sur plusieurs générations. La France est un pays de grands groupes avec des liens forts avec les pouvoirs publics. Les Dassault, les Arnault, les Pinault, les Bolloré... ont des relations étroites avec les pouvoirs publics et ont inscrit leur empire sur plusieurs générations.
Les inégalités de patrimoine ont augmenté plus vite en France que celles liées aux revenus. Cette situation résulte de l’appréciation des biens immobiliers et des valeurs financières dans les années 2000. Elles restent bien inférieures à celles d’autres pays occidentaux. Le patrimoine est par nature moins bien réparti que les revenus et il y a un effet cumulatif naturel. Il faut noter que ces inégalités sont aujourd’hui moindres qu’au début du 20ème siècle. L’instauration des droits de succession constitue un facteur de nivellement des fortunes. Cet impôt cumulé avec l’ISF constitue un frein au développement des groupes familiaux. Ces droits de mutation peuvent inciter à la vente prématurée des entreprises à des fonds d’investissement ou à des investisseurs étrangers. Ils génèrent des tensions au sein des familles. Il serait intéressant de mettre en place la notion de trustee en vigueur en Belgique ou aux Pays-Bas afin d’assurer la pérennité des entreprises familiales françaises. Il faut surtout souhaiter que d’ici quelques années, il y ait de nouveaux Xavier Niel, de nouveaux Dassault et que les fortunes françaises soient plus nombreuses dans le classement des fortunes mondiales.
Jean-Philippe Delsol : Il est vrai au demeurant qu'un trop grand écart entre riches et pauvres est nuisible à la cohésion des communautés humaines. Mais de tels écarts sont surtout significatifs dans les pays où l'économie est administrée à son seul profit par une oligarchie. Dans les pays libres, l'enrichissement est l'objet d'un flux incessant. Et plus l'ascenseur social fonctionne, moins l'écart entre riches et pauvres apparaît injuste. Au contraire, cet écart favorise le rêve des plus modestes à travailler et innover pour rejoindre les plus riches. C'est particulièrement vrai aux Etats-Unis.
Au demeurant, l'écart entre plus riches et plus pauvres demeure dans les pays libres relativement stable dans la longue durée avec une tendance au rétrécissement des écarts. Et ces écarts seraient encore plus modestes si étaient pris en compte les prélèvements fiscaux et sociaux qui pèsent sur les plus riches, notamment en France avec des droits de succession de 45 à 60% auxquels s'ajoutent un ISF annuel dont le taux marginal est de 1,5%. Enfin, cet écart se réduit encore si on prend en compte, en ce qui concerne le patrimoine des Français, leurs droits à la retraite qui sont, à tort, toujours occultés dans les évaluations de patrimoine.
La finance n'est plus son ennemie !
Et soudain, Pierre Moscovici sonna le glas de la taxe Tobin...
Et soudain, Pierre Moscovici sonna le glas de la taxe Tobin. La scène se passe au Bois de Boulogne, au très chic Pavillon d'Armenonville, un ancien pavillon de chasse devenu au Second Empire l'un des haut lieu des fêtes de la bourgeoisie parisienne. Au terme d'un long et assez laborieux discours destiné à convaincre la communauté financière de renoncer au « French Bashing », sa nouvelle expression fétiche, et la convaincre que la politique économique du gouvernement ne fait pas de zig-zag (comme l'en a accusé Pierre-André de Chalendar, le patron de Saint Gobain, samedi dernier aux Rencontres Economiques d'Aix-en-Provence), le ministre des finances lance une petite bombe... La proposition de taxe sur les transactions financières avancée par la commission européenne est « excessive ». Il faut « être pragmatique et réaliste », ose donc avancer Moscovici, promettant aux banquiers ravis d'agir pour « améliorer » le projet de Bruxelles, « afin de mettre en œuvre une taxe qui ne nuise pas au financement de l'économie »...
Applaudissement nourris dans la salle, soulagée. Cela faisait plusieurs mois que l'Association Paris Europlace, puissance invitante du déjeuner d'Armenonville ce jeudi 11 juillet, dénonce un projet aux « risques dévastateurs » pour la place de Paris, selon Gérard Mestrallet. Ou enfin ce qu'il en reste après vingt ans d'errements stratégiques et politiques des gouvernements de droite comme de gauche...
L'amusant, avec cette déclaration de Moscovici, c'est qu'elle prend l'exact contrepied avec l'affirmation faite par François Hollande pendant sa campagne, et répétée pas plus tard qu'un certain 14 juillet 2012 : « Madame Merkel et moi-même, nous avons convenu d'instaurer une taxe sur les transactions financières d'ici la fin de l'année »... Nouveau couac ? En affirmant ainsi son absence de solidarité avec la ligne élyséenne, Pierre Moscovici va-t-il connaître le sort funeste de Delphine Batho ? Non. Si le ministre des finances a pris le risque d'une telle annonce, certes avec prudence (la taxe sur les transaction financière n'est pas officiellement abandonnée), on ne peut pas imaginer qu'il n'ait pas assuré ses arrières auprès du président. S'il cède ainsi au lobbying de la finance, hier vilipendée comme l'ennemi sans visage qui peut faire échouer la gauche par le candidat à la présidence de la République François Hollande, c'est donc qu'il a de bonnes raisons...
C'est un fait, le projet de la commission européenne d'instituer une taxe de 0,1% sur les transactions sur actions et obligations et de 0,01% sur les produits dérivés ne fait pas l'unanimité en Europe. David Cameron et toute la City de Londres en a fait un cassus belli et un des motifs qui pourrait conduire le Royaume-Uni à quitter l'Union européenne. Or, dans un monde aussi concurrentiel que la finance de marché, une taxe sur les transactions financières ne peut être efficace que si elle est adoptée en même temps dans tous les pays. La mettre en place de façon unilatérale dans seulement les onze pays d'Europe continentale qui s'y sont, pour l'instant engagés, est donc une forme de suicide collectif assuré pour l'industrie financière. Elle serait « destructrice de richesse », comme l'a écrit dans une note récente la banque Goldman Sachs. James Tobin lui-même reconnaissait que son projet de taxe, qui ne concernait à l'époque que le marché des changes, n'avait de sens que si elle était imposée dans tous les pays. Pierre Moscovici a donc raison de mettre le pied sur le frein, quitte à susciter la colère des partisans acharnés de la taxe Tobin, notamment l'association Attac.
Il ne reste plus à François Hollande qu'à dire dimanche lors de son interview télévisée du 14 juillet que la finance, qui permet à la France de placer les 200 milliards d'euros de dette émis chaque année par le Trésor, n'est plus l'ennemi à abattre, et le débat politique français aura peut-être un peu progressé dans un sens moins démagogique.
Bien au contraire, Pierre Moscovici s'est attaché hier à démontrer à quel point la finance était utile et indispensable au financement de l'économie. Il a même appelé les banquiers de la place de Paris à passer à la caisse pour participer à la création d'un actionnariat stable pour la bourse Euronext, que l'Amérique s'apprête à nous revendre après en avoir pris le contrôle au nez et à la barbe des mêmes banquiers.
Pour finir sur la taxe sur les transactions financières, rappelons pour le plaisir ce qu'en avait dit l'ancien ministre des finances et directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, lors de sa récente audition devant le Sénat : « une vaste illusion qui ne va nulle part à la grande satisfaction de ceux craignent que l'on s'attaque aux vrais problème ». DSK avait ajouté, dans une forme de Hollande-bashing qu'« incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons en Europe en général et en particulier dans notre pays a pour moi à peu près la même pertinence qu'incriminer l'industrie automobile quand on parle des morts sur la route ». En d'autres termes, ce n'est pas l'arme qui tue, mais celui qui en fait mauvais usage...
L'amusant, avec cette déclaration de Moscovici, c'est qu'elle prend l'exact contrepied avec l'affirmation faite par François Hollande pendant sa campagne, et répétée pas plus tard qu'un certain 14 juillet 2012 : « Madame Merkel et moi-même, nous avons convenu d'instaurer une taxe sur les transactions financières d'ici la fin de l'année »... Nouveau couac ? En affirmant ainsi son absence de solidarité avec la ligne élyséenne, Pierre Moscovici va-t-il connaître le sort funeste de Delphine Batho ? Non. Si le ministre des finances a pris le risque d'une telle annonce, certes avec prudence (la taxe sur les transaction financière n'est pas officiellement abandonnée), on ne peut pas imaginer qu'il n'ait pas assuré ses arrières auprès du président. S'il cède ainsi au lobbying de la finance, hier vilipendée comme l'ennemi sans visage qui peut faire échouer la gauche par le candidat à la présidence de la République François Hollande, c'est donc qu'il a de bonnes raisons...
C'est un fait, le projet de la commission européenne d'instituer une taxe de 0,1% sur les transactions sur actions et obligations et de 0,01% sur les produits dérivés ne fait pas l'unanimité en Europe. David Cameron et toute la City de Londres en a fait un cassus belli et un des motifs qui pourrait conduire le Royaume-Uni à quitter l'Union européenne. Or, dans un monde aussi concurrentiel que la finance de marché, une taxe sur les transactions financières ne peut être efficace que si elle est adoptée en même temps dans tous les pays. La mettre en place de façon unilatérale dans seulement les onze pays d'Europe continentale qui s'y sont, pour l'instant engagés, est donc une forme de suicide collectif assuré pour l'industrie financière. Elle serait « destructrice de richesse », comme l'a écrit dans une note récente la banque Goldman Sachs. James Tobin lui-même reconnaissait que son projet de taxe, qui ne concernait à l'époque que le marché des changes, n'avait de sens que si elle était imposée dans tous les pays. Pierre Moscovici a donc raison de mettre le pied sur le frein, quitte à susciter la colère des partisans acharnés de la taxe Tobin, notamment l'association Attac.
Il ne reste plus à François Hollande qu'à dire dimanche lors de son interview télévisée du 14 juillet que la finance, qui permet à la France de placer les 200 milliards d'euros de dette émis chaque année par le Trésor, n'est plus l'ennemi à abattre, et le débat politique français aura peut-être un peu progressé dans un sens moins démagogique.
Bien au contraire, Pierre Moscovici s'est attaché hier à démontrer à quel point la finance était utile et indispensable au financement de l'économie. Il a même appelé les banquiers de la place de Paris à passer à la caisse pour participer à la création d'un actionnariat stable pour la bourse Euronext, que l'Amérique s'apprête à nous revendre après en avoir pris le contrôle au nez et à la barbe des mêmes banquiers.
Pour finir sur la taxe sur les transactions financières, rappelons pour le plaisir ce qu'en avait dit l'ancien ministre des finances et directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, lors de sa récente audition devant le Sénat : « une vaste illusion qui ne va nulle part à la grande satisfaction de ceux craignent que l'on s'attaque aux vrais problème ». DSK avait ajouté, dans une forme de Hollande-bashing qu'« incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons en Europe en général et en particulier dans notre pays a pour moi à peu près la même pertinence qu'incriminer l'industrie automobile quand on parle des morts sur la route ». En d'autres termes, ce n'est pas l'arme qui tue, mais celui qui en fait mauvais usage...
François Hollande a-t-il besoin de se plier à l'interview du 14 juillet?
Les Français sont partagés sur la nécessité d'une interview du président de la République le 14 juillet, 48% étant "pour" et 51% jugeant que cela n'est pas nécessaire, selon un sondage BVA pouri-télé et Le Parisien/Aujourd'hui en France à paraître vendredi.
Les sympathisants de gauche sont toutefois plus nombreux (58%) à juger nécessaire l'intervention de François Hollande que l'ensemble des Français, selon cette étude. Dans un communiqué, l'Elysée a confirmé le passage télévisé du président de la République à 13h le 14 juillet sur TF1 et France 2.
Priorité aux sujets économiques et sociaux
Interrogés sur les thèmes qu'ils souhaiteraient voir abordés parFrançois Hollande dimanche, les sujets économiques et sociauxsont en tête du classement et le thème du chômage est le plus cité (48%), puis vient la "croissance économique" (34%) et le pouvoir d'achat (24%).
17% des Français seulement saluent le dynamisme de François Hollande
Par ailleurs, l'institut de sondage a testé des "qualificatifs" au sujet du chef de l'Etat. "Les Français sont largement minoritaires à trouver François Hollande compétent (36%) et capable de prendre les décisions qui s'imposent (30%). Ils ne sont par ailleurs qu'un quart à le juger rassembleur et expliquant bien son action (25%). Enfin, 17% estiment qu'il est dynamique", affirme l'institut.
L'enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de 982 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, recrutés par téléphone et interrogés par Internet les 10 et 11 juillet 2013, selon la méthode des quotas.
Et vous, qu'en pensez vous? Le président a-t-il besoin d'accorder une interview sur France 2 et TF1 à l'occasion du 14 juillet?
Charles Wyplosz: "la France va connaître une crise de la dette"
Le Professeur à l’Institut des Hautes Etudes Internationales de Genève, Charles Wyplosz juge que les politiques d’austérité européennes vont entraîner une nouvelle crise financière.
Aux "Rencontres Economiques d’Aix", qui ont rassemblé experts, grands patrons et gouvernants de la planète, du 5 au 7 juillet, Charles Wyplosz a été l’un des plus virulents. Cet économiste de renommée internationale, professeur à l’Institut des Hautes Etudes Internationales de Genève, a dénoncé les dégâts des politiques d’austérité européennes, qui sont en train de fabriquer une nouvelle crise financière.
Que révèlent les turbulences récentes des marchés financiers. Une nouvelle crise financière est-elle possible ?
La crise de la zone euro n’est pas terminée. Le plus grave n’a pas encore eu lieu. D’abord, les dettes publiques ne sont pas soutenables : celles de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne et sans doute de la France. Ensuite, les banques n’ont pas été nettoyées. Pire, depuis 2008, les dettes publiques ont migré dans les bilans des grandes banques européennes, qui ont signé un véritable pacte du diable avec les Etats. Ces derniers les ont incitées à acheter leurs dettes publiques en leur promettant de les sauver en cas de crise. Aujourd’hui, les établissements bancaires sont donc beaucoup plus sensibles à une remontée des taux d’intérêt, venue des Etats Unis, qui risque de provoquer de lourdes pertes en capital.
Cette nouvelle crise peut-elle survenir cet été ?
Le baril de poudre est là. Il est impossible de prévoir à quel moment il va exploser.
La Commission européenne vient de donner deux ans de plus à la France pour ramener son déficit public en dessous de 3% du PIB. Est-ce une bonne décision ?
Je suis en colère. La commission européenne reconnaît son plantage, qui sera enseigné dans les livres d’histoire. Elle a imposé des coupes budgétaires au plus mauvais moment, alors que l’économie européenne n’était pas sortie de la récession. Le résultat, c’est plus de récession, plus de chômage et plus de dette. Mais la commission persiste dans l’erreur : elle maintient des objectifs de réduction de déficit, alors que nous sommes en récession. Il faut absolument suspendre ces programmes de retour en dessous de 3% de déficit, qui n’ont aucun sens économique. Et les reprendre uniquement lorsque la croissance sera vraiment revenue.
Que pensez-vous de la politique économique de Hollande ?
A peine arrivé au pouvoir, il a entériné la voie de l’austérité voulue par l’Allemagne. En échange, il a obtenu quelques promesses de dépenses de la Banque européenne d’investissement, de taille microscopique. Il a pratiqué la pire austérité qui soit : l’alourdissement d’une pression fiscale parfaitement étouffante. Il n’arrive pas à amorcer un reflux significatif des dépenses publiques, même si le budget 2014 marque un progrès. Peu importe que l’Éducation nationale affiche une performance désolante, sanctionnée par les comparaisons internationales, il continue à embaucher alors qu’il faut rationaliser, c’est-à-dire faire beaucoup mieux avec beaucoup moins.
La France peut-elle être attaquée sur les marchés financiers ?
Le succès de François Hollande est d’avoir tenu un an sans que la France ne rejoigne l’Italie et l’Espagne dans la catégorie des pays officiellement en crise de la dette publique. Mais la dette de l’Etat continue de prospérer et ce n’est plus qu’une question de temps avant que la grande catastrophe arrive. Dans un proche avenir, l’Italie et l’Espagne vont plonger et l’attention se portera alors sur le domino suivant, la France.
Les trois bombes financières qui pourraient exploser cet été
Aux Rencontres économiques, experts, patrons et gouvernants n’ont pas masqué leur inquiétude, notamment pour l’Europe. Retour sur trois bombes financières qui pourraient exploser cet été.
On sait s’amuser, aux Rencontres économiques d’Aix. Ce Davos provençal, qui a rassemblé experts, grands patrons et gouvernants de la planète du 5 au 7 juillet, s’est conclu en chansons avec l’artiste sénégalais Youssou N’Dour. L’économiste Jean--Hervé Lorenzi, organisateur de l’événement, et l’académicien Erik Orsenna ont également poussé la chansonnette. La veille, les participants étaient aussi très détendus au Théâtre de l’Archevêché, où ils ont apprécié le Rigoletto de Verdi.
Mais, cette année, la fête a été un peu gâchée. Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, a piqué une colère contre "les patrons qui doivent respecter les politiques", après avoir été critiqué par le PDG de Saint-Gobain. Et derrière leur apparente décontraction, les économistes n’ont pas caché leur pessimisme, notamment à propos de l’Europe. "La crise de la zone euro n’est pas terminée. Le plus grave n’a pas encore eu lieu, s’inquiète ainsi Charles Wyplosz, professeur à l’Institut des hautes études internationales et du développement de Genève. Les dettes publiques ne sont pas soutenables et les bilans des banques n’ont pas été vraiment nettoyés". Les récentes turbulences financières ont relancé les inquiétudes. "La zone euro est la seule région du monde dont la croissance est à l’arrêt", a rappelé Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Décryptage de ces bombes financières qui pourraient tomber sur le continent.
Cote d'alerte sur les dettes publiques
Ils sont presque tous d’accord. A Aix, les experts en finances publiques comme Anna Kinberg Batra, qui a présidé la commission des Finances au Parlement suédois, Jared Bernstein, ancien conseiller du vice-président américain Joe Biden, ou l’économiste italien Francesco Giavazzi ont dénoncé les effets dévastateurs des politiques d’austérité en Europe. "Les Européens ont appliqué ces coupes budgétaires au plus mauvais moment, alors que leur économie n’était pas sortie de la récession. Le résultat, c’est plus de récession, plus de chômage et plus de dette", a déploré Charles Wyplosz. La veille, Peter Bofinger, membre du conseil indépendant des économistes d’Angela Merkel, la chancelière allemande, avait déjà enfoncé le clou : "Les dirigeants européens sont en train de prendre conscience que leurs politiques de restriction budgétaire ont mené à la récession. Prenez le Portugal : c’est le bon élève de la zone euro, qui a appliqué rigoureusement les plans d’économies prônés par la Commission. Trois ans plus tard, il va beaucoup plus mal", déplore ce keynésien, l’un des rares, en Allemagne, à tenir ce discours. Même les agences de notation, que les Européens ont cherché à rassurer en lançant ces politiques de -rigueur, sont inquiètes : "Nous constatons un certain découragement face aux politiques d’austérité, qui ont eu peu d’effet sur la réduction du déficit et de la dette. Il y a un risque d’explosion sociale", confie, hors micros, Jean-Michel Six, chef économiste à Standard & Poor’s.
Alors que faire ? Certains experts ont suggéré la suspension sine die du pacte de stabilité européen, donc des objectifs de réduction des déficits, jusqu’au retour réel de la croissance. "Il faut supprimer toute restriction budgétaire lorsque l’activité économique est déprimée", avance Jared Bernstein. Interpellé sur cette proposition, Pierre Moscovici a botté en touche, en réclamant simplement "plus d’attention portée à la croissance et à l’emploi" dans les politiques européennes.
Conséquence de l’inefficacité du serrage de vis budgétaire : le fardeau des dettes publiques a continué de s’alourdir, dépassant largement les 100 % du PIB au Portugal, en Italie et en Grèce (voir graphique). Face à Christine Lagarde, Patrick Artus, le directeur de la recherche et des études de Natixis, a mis les pieds dans le plat : "C’est une illusion de penser que toutes ces dettes seront remboursées. En Europe, un certain nombre de pays ne sont pas solvables". Gênée par ce sujet explosif, la directrice du FMI a répondu que "tous les pays avancés ne pouvaient pas se retrouver au Club de Paris", l’instance représentant les créanciers publics des Etats surendettés. Mais, elle l’a admis, son institution planche sur ce dossier, avec la création d’un groupe de travail sur "le traitement des dettes lourdes". Traduction : comment faire accepter aux bailleurs de fonds d’abandonner une partie de leurs créances. Un point crucial pour beaucoup d’économistes : tant que ces "vieilles dettes", pour reprendre l’expression de Patrick Artus, ne seront pas apurées, la zone euro ne pourra pas rebondir.
Risque de krach obligataire
Une bombe à plus de 100 milliards d’euros. Selon Natixis, c’est ce que pourrait coûter une hausse des taux de 100 points de base (1 %) aux banques européennes, qui détiennent pas moins de 1.700 milliards de titres publics dans leurs bilans. Depuis le 19 juin, avec l’annonce par le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, qu’il allait réduire ses achats massifs de bons du Trésor, les financiers sont inquiets. Les taux américains ont immédiatement grimpé (voir graphique) et entraîné ceux de la zone euro dans leur sillage. Aux Etats-Unis, où l’économie redémarre (195.000 emplois créés en juin, ce qui a ramené le taux de chômage à 7,6 %), cette tension sur les prix du crédit n’est pas un drame. En revanche, dans la zone euro, qui reste déprimée, le coup est rude. Après avoir exporté leur crise des subprimes, les Américains menacent aujourd’hui de casser la reprise dans le Vieux Continent en cessant de faire tourner leur planche à billets… Au cœur de la vieille ville d’Aix, dans les petites salles de l’immeuble historique de Sciences-Po, où il fait une chaleur étouffante, les experts prennent le risque très au sérieux. "En 1994, l’Europe avait subi une crise obligataire, car la Fed avait remonté ses taux brutalement", rappelle Michel Aglietta, économiste au CEPII et spécialiste de la finance. Mais aujourd’hui, la réaction épidermique des marchés est irrationnelle. Car la Fed agit de façon beaucoup plus modérée en annonçant qu’elle va arrêter progressivement d’injecter des liquidités".
Irrationnelle ou pas, une forte remontée des taux ébranlerait les banques européennes, à peine remises de la crise financière de 2008. D’autant que certaines d’entre elles se sont fragilisées en se gavant de titres publics. "Elles ont signé un pacte avec le diable , tempête Charles Wyplosz. Les Etats les ont incitées à acheter leurs dettes en leur promettant de les sauver en cas de crise". Un deal qui rend les banques plus sensibles à une hausse des taux obligataires, qui diminuerait automatiquement la valeur des emprunts d’Etat dans leurs bilans. "Cela dégraderait leurs ratios de solvabilité et leurs cours de Bourse", prévoit Michel Aglietta.
Malgré cette épée de Damoclès, beaucoup restent pourtant optimistes. La raison ? Ils croient en -Super Mario. Depuis sa sortie tonitruante de l’été dernier – "l’euro est irréversible" –, qui avait cassé la spéculation, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), apparaît comme un rempart. "Je crois à l’engagement de la BCE d’intervenir en cas de nouvelle crise financière", confie Laura Tyson, professeur à Berkeley et ancienne conseillère de Bill Clinton. " La BCE a créé un parapluie nucléaire avec son programme OMT, qui permet de financer un pays en difficulté subissant une -attaque sur les marchés", relève Carol Sirou, présidente de Standard & Poor’s France. Sauf que ce parapluie nucléaire est troué : l’OMT ne concerne que les pays sous assistance européenne, comme le Portugal ou l’Irlande. Si l’Espagne, l’Italie et la France devaient être attaquées, la BCE n’aurait pas le droit de les secourir. Mais pour les optimistes, Super Mario ne s’embarrasserait pas de ces règles contraignantes en cas de krach…
Crainte d'une explosion de la bulle chinoise
A Aix, la Chine inquiète. Dans l’empire du Milieu, le shadow banking, la distribution de crédits par les grandes entreprises – qui empruntent aux banques et reprêtent aux PME –, a bondi (voir graphique). "Cette explosion du crédit est préoccupante. Les autorités vont devoir la juguler, ce qui va encore ralentir la croissance", s’inquiète Jean-Michel Six. "Il n’y a pas pour autant de risque de crise financière, tempère Michel Aglietta. L’Etat central dispose de réserves de change colossales, et il peut y puiser pour recapitaliser les banques défaillantes".
N’empêche, la Chine, locomotive du commerce mondial, donc de l’économie très ouverte qu’est l’Europe, est en pleine décélération. Certes, son taux de croissance fait encore pâlir d’envie les Européens, prévu à 7,7 % l’année prochaine, selon Natixis. Mais il marque un recul de presque 3 points par rapport à 2010, l’équivalent d’une récession dans les pays "matures". Un ralentissement qui concerne aussi d’autres économies émergentes, comme l’Inde ou le Brésil, et suffisamment marqué pour pousser le FMI à réviser à la baisse ses prévisions de croissance mondiale à 3,3 % en 2013.
Dans les débats aixois, où défilent beaucoup d’experts des pays émergents, certains craignent un impact plus violent si les taux d’intérêt repartaient durablement à la hausse aux Etats-Unis : cela pousserait les investisseurs à quitter les pays du Sud vers les placements plus sûrs. "Certains pays émergents, comme le Brésil ou la Turquie, sont très dépendants des flux de capitaux, analyse l’économiste turc Kemal Dervis, un ancien de la Banque mondiale. Ils pourraient subir un choc bien plus fort qu’en Asie".
Ces risques peuvent paraître lointains. Mais quel que soit le virus qui menace la planète financière, ceux qui sont en récession et mal guéris seront les plus vulnérables. Et au sein de la zone euro, ils sont quelques-uns.
(Avec Marie Charrel)
En meeting, Fillon lance l'offensive contre Sarkozy
En meeting ce jeudi soir à La Grande-Motte, François Fillon a dit vouloir «solder le passé» sarkozyste. L’ex-Premier ministre a poursuivi l’inventaire du quinquennat et de ses méthodes.
« Il faut solder le passé. » C’est par ces mots que François Fillon a lancé ce jeudi soir à La Grande-Motte sa contre-offensive contre Nicolas Sarkozy. Remonté comme jamais, il a exprimé la volonté de tourner définitivement la page. Un « affranchissement total », a souligné son porte-parole Jérôme Chartier. Il a non seulement poursuivi l’inventaire entamé l’été dernier sur le quinquennat précédent. Mais il a aussi et surtout dénoncé implicitement les méthodes et le comportement de l’ancien président, conscient que c’est là son point faible dans l’électorat de droite. Dessinant, par contraste, le candidat qu’il souhaite être pour la primaire ouverte de 2016 à droite.
« L’autoproclamation, c’est fini ! »
La primaire justement, François Fillon a lancé qu’elle permettrait de désigner « celui que vous jugerez le plus à même de rassembler les Français ». Quand dans l’entourage du député de Paris, on estime que Nicolas Sarkozy « n’a pas changé. Il demeure clivant et va réenclencher la machine à perdre ». « L’autoproclamation, c’est fini ! » a lancé François Fillon, estimant que l’UMP est faite pour « porter des valeurs et un programme et pas seulement acclamer ses leaders ». Référence aux cérémonies d’investiture de Nicolas Sarkozy pour les deux dernières présidentielles.
Revenant sur le rejet du compte de campagne du candidat par le Conseil constitutionnel , François Fillon a de nouveau appelé à « respecter les juridictions », exigeant « cohérence et dignité ». Manière d’insinuer que la réaction de l’ex-chef de l’Etat face à cette décision en était dénuée.
Fillon: "L'UMP ne peut pas vivre dans l'attente... par BFMTV
Evoquant la prestation de Nicolas Sarkozy au bureau politique de lundi , le député de Paris a attaqué : « Je ne lie pas l'avenir de l'UMP à un home (...) L’UMP ne peut vivre immobile, congelée, au garde-à-vous, dans l’attente d’un homme providentiel ! (...) Rester sur son piédestal en attendant que la gauche s’effondre et en espérant être plébiscité des Français : ça, c’est l’assurance d’échouer. » Une tentative pour démolir la statue du Commandeur chez les militants et démonter la stratégie de recours de Nicolas Sarkozy. Qui a, jusqu’ici, bloqué tout inventaire.
Des critiques de fond et de forme
François Fillon a au contraire invité ce jeudi à ne pas « chercher d’excuses quand on a perdu les élections ». Lui dont Nicolas Sarkozy – et bien d’autres – a régulièrement raillé le manque de courage, a martelé : « Il faut avoir le courage de s’interroger sur soi-même » – une pique au style et à la personnalité de l’ancien président – et « avoir la lucidité de peser le pour et le contre de notre bilan ».
Et sur ce bilan, celui qui est resté cinq ans à Matignon et s’est battu pour être confirmé en 2010, regrette une action « trop au coup par coup, sans aller toujours au bout des changements nécessaires et attendus », avec une « économie pas assez modernisée », un « modèle social [qui] n’a pas été repensé en profondeur » et un « pacte républicain (...) resté fragile ». Des critiques de fond et de forme. Pour la reconquête, François Fillon a prôné des « comportements exemplaires » alors que plusieurs proches de Nicolas Sarkozy sont inquiétés par les juges.
« Hisser la France au-dessus de ses peurs »
Ce jeudi soir, l’ancien Premier ministre a aussi mis en garde ceux qui seraient tentés de faire de l’UMP « un parti protestataire » qui consiste « à épouser toutes les démagogies, à s’allier avec n’importe qui, pour promettre n’importe quoi ». Message au courant la Droite forte. Mais aussi, avant les municipales , à ceux qui voudraient, localement, s’allier au FN. L’ex-Premier ministre a, lui, dit vouloir « hisser la France au-dessus de ses peurs », « rassembler pour relancer le pays » et mis de nouveau en avant, entre autres, le thème du progrès et de réformes profondes. « Nous devons tous refaire nos preuves, moi le premier », a-t-il glissé. Même ses proches reconnaissent que le renouvellement des idées n’est encore qu'esquissé.
L’affranchissement
De la prestation de Nicolas Sarkozy à l’UMP, François Fillon est ressorti avec « le sentiment d’un affranchissement total », a assuré son porte-parole Jérôme Chartier. Ultime étape d’un processus marqué par sa prise de distance en août 2012 dans « Le Point », soulignant les « débats assez vifs » sur la rigueur et la différence entre sarkozysme et fillonisme, « une approche plus sereine et pragmatique ».
En février, en meeting à Paris pour le lancement de Force républicaine, il veut se hisser « au même niveau ». « Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie. La défaite (...) nous remet tous à notre place », lance-t-il, tout en poursuivant son inventaire du quinquennat.
Début mai, François Fillon assure depuis Tokyo qu’il sera candidat à la primaire de 2016 « quoiqu’il arrive ». Et exprime une « différence d’approche irréconciliable »entre Nicolas Sarkozy et lui sur le FN.
En février, en meeting à Paris pour le lancement de Force républicaine, il veut se hisser « au même niveau ». « Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie. La défaite (...) nous remet tous à notre place », lance-t-il, tout en poursuivant son inventaire du quinquennat.
Début mai, François Fillon assure depuis Tokyo qu’il sera candidat à la primaire de 2016 « quoiqu’il arrive ». Et exprime une « différence d’approche irréconciliable »entre Nicolas Sarkozy et lui sur le FN.
Roms : le bras de fer des maires avec l‘État
Roms : le bras de fer des maires avec l‘État
Comme tous les étés, le problème resurgit. Et de plus en plus épineux au fur et à mesure des années. Gens du voyage et roms (les premiers sont français, les autres pas) se déplacent en nombre et occupent illégalement des centaines de terrains communaux et privés. Sans qu’ils soit aisé de leur signifier de les quitter…
Le maire de Guérande est allé jusqu‘à démissionner… Le geste mérite d‘être souligné tant il marque le désarroi des élus et l’absence de soutien étatique sur un contexte qui s’aggrave. Depuis dimanche, plus de 150 caravanes se sont installées sur les terrains de football de la ville. Sur cette côte atlantique qui voit venir chaque été ces grands rassemblements religieux, les municipalités s’entendent pour accueillir les pèlerins à tour de rôle. Mais ces derniers n’ont pas trouvé optimal le terrain qui leur était destiné à Herbignac. Ils sont donc revenus à Guérande, comme l’année précédente…
Pour le député-maire UMP Christophe Priou, c’est « un des pires problèmes que les maires de la presqu‘île ont à gérer ». Et pourtant, ces collectivités locales sont à jour de leurs obligations en matière de terrains d’accueil. Ce dernier a envoyé sa lettre de démission au préfet dès le lendemain.
Et ses adjoints ont choisi de démissionner aussi de leur fonction exécutive. Résultat : mardi, la justice a réagi et rendu une ordonnance d’expulsion pour vendredi matin. Et l’appui de la force publique sera sans doute accordé à la commune. Christophe Priou a un délai d’un mois pour revenir sur sa démission.
Estrosi et Jean-Marie Le Pen
Christian Estrosi, maire UMP de Nice, a parlé sur le même ton, dimanche, au cours du « Grand Rendez-Vous Europe1/i-Télé/Le Parisien ». en proposant carrément un « mode d’emploi » pour évacuer les gens du voyage installés illégalement. « J’appelle les maires de France à la révolte » a-t-il lancé. Il a fait référence notamment à un groupe d’une centaine de caravanes qu’il a réussi à faire quitter la semaine dernière d’un terrain de rugby qu’il occupait sans autorisation. Et a rapporté le discours tenu à un autre groupe encore sur place.
« J’en ai maté d’autres, je vous materai. » « La première chose que je fais, c’est vous mettre des caméras partout pour surveiller vos faits et gestes dans les quelques heures qui viennent », leur aurait-il dit. « On va noter ceux qui rentrent, ceux qui sortent, à quelle minute, à quel moment et ce que vous allez faire partout, partout dans la ville, dans la métropole, etc. Je vais relever les plaques d’immatriculation les unes après les autres »... Il a ajouté qu’il allait faire un référé devant le tribunal à titre conservatoire « pour pouvoir saisir les véhicules, vous savez ces belles et grosses voitures avec lesquelles ils tirent leurs belles et grosses caravanes pour lesquelles il faudrait parfois aux Français toute une vie pour pouvoir se payer les mêmes »...
Des paroles qui ont fait du grabuge ! Et qui lui ont valu l’ire de la gauche estimant que, par ces mots « imbéciles et dangereux », Christian Estrosi cherchait à « faire plus dur que le FN » en vue des élections municipales de 2014 ! Manuel Valls a dénoncé, d’un ton grave, ces propos qui « sont l‘émanation d’une politique passée qui a fait du mal à la France, celle de l’amalgame et de la stigmatisation ». On voit. L’association de défense des gens du voyage France Liberté Voyage a carrément déposé plainte lundi auprès du procureur de Nice pour diffamation publique, incitation à la discrimination et à la haine raciale.
Ce qui pend au nez de Jean-Marie Le Pen, qui avait déclaré quelques jours auparavant, à Nice où il était venu soutenir la candidature de Marie-Christine Arnautu pour les municipales de 2014 : « Vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons odorante »...
La grogne monte
Quelques soucis qui sont ceux de beaucoup dans toute la France. A Montévrain, en Seine-et-Marne, fin mai, le maire avait même fait appel à ses administrés via Facebook, réclamant un soutien « physique », pour empêcher des gens du voyage d’accéder à un terrain. Alors qu’il voulait pour sa part « assurer la sécurité des citoyens », il s’est vu opposer une plainte pour « abus de pouvoir » parce qu’il aurait constitué « une milice » ! Un mois plus tard, à Frangy, en Haute-Savoie, l’adjoint au maire, Frédéric Darlot, se faisait hospitaliser pour une fracture au nez après avoir été frappé par des gens du voyage qui cherchaient à s’installer sur une aire de loisirs de la commune, en frappant à coups de masse sur les poteaux qui en barraient l’entrée… A Maulette, dans les Yvelines, les agriculteurs sont allés jusqu‘à répandre du lisier tout autour d’un campement illégal qui leur volait leur terrain de culture…
La grogne monte. Y compris chez les paysans, sur les nerfs, face aux vols dans les campagnes. Victimes de vols d’animaux, d’engins, de gasoil, de cuivre et même de clôtures, certains en sont venus à faire des rondes pour tenter de surprendre les malfaiteurs mais beaucoup se sentent impuissants face à ce fléau difficile à éradiquer. Il y a un an, une note de la Direction centrale de la police judiciaire montrait que la délinquance des Roms avait progressé de 69% et même de 100% pour les mineurs. Et ils sont vingt mille, en France, dont un tiers d’enfants, installés dans quatre cents campements informels.
Le problème prend de l’ampleur. Sans que pourtant les démantèlements et les expulsions ne cessent.
Cette semaine seulement, 50 Roms expulsés d’un squat à Lyon, 60 virés de leur campement à Deuil-la-Barre dans le Val-d’Oise et 20 à Ris-Orangis en Essonne. Au troisième trimestre 2012, le nombre de personnes évacuées s’élevait à 1 582 ; aujourd’hui, à la fin du deuxième trimestre, il s’élève à 5 482. La France continue donc d‘être largement stigmatisée. Le dernier rapport du Collectif national droits de l’Homme Romeurope critique le traitement réservé aux Roms, dénonçant une situation qui se dégrade. Mardi, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a enfoncé le clou, fustigeant le nombre insuffisant d’aires d’hébergement en France, le manque d’enseignants dans les classes d‘élèves non francophones… Un comble.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit se déplacer aujourd’hui en Roumanie pour conforter les échanges économiques. Sans doute évoquera-t-il le sujet qui devient brûlant.
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