dimanche 28 août 2011
2012: déconstruire ce qu'a fait Sarkozy, seul programme du PS ?
Laurent Fabius présentait aujourd’hui à La Rochelle les toutes premières mesures que devraient prendre la gauche si elle accède aux commandes du pays en mai 2012. Mais à la vue des rares mesures annoncées, le Parti socialiste va surtout s’attacher à déconstruire l’œuvre de Nicolas Sarkozy. Nécessaire, certes, mais sans doute pas suffisant…
Les démonstrations de force entre candidats à la primaire, c’était hier : le matin, pour Martine Aubry, devant ses soutiens réunis dans un amphi bondé du Pôle sciences et technologie de l’université de la Rochelle et, le soir, pour un François Hollande galvanisé et galvanisant, plus mitterrandien que jamais, lors d’un véritable meeting sous les voûtes de pierre de la salle de l’Oratoire. Mais comment « tourner la page », comme le proclame l’hymne gentiment guilleret du Parti socialiste ? Quelles seront les « premières réformes de la mandature » si la gauche parvient au pouvoir en 2012 ? À ces questions (autrement plus importantes que le nombre de personnes présentes dans chacune des deux salles), Laurent Fabius a tâché de répondre ce matin lors d’une intervention dans le grand auditorium de l’Espace Encan.
Voilà plusieurs mois déjà que Martine Aubry lui a confié la difficile tâche de répertorier les premières actions que la gauche devra entreprendre si elle accède à l’Elysée. Une tâche extrêmement complexe puisque « le péché mignon de [ses] camarades, explique-t-il amusé, c’est de croire que l’on peut faire en un an ce que l’on doit faire en cinq ans ». Extrêmement complexe, surtout et plus sérieusement, parce que la gauche devra faire avec une situation budgétaire très handicapante : « Près de 1 800 milliards de dette », prédit Laurent Fabius.
Mais l’ancien Premier ministre ne veut pas céder au catastrophisme. Le PS devra malgré tout défendre, affirme-t-il, « un projet de transformation sociale, économique et écologique ». Et éviter ainsi de tomber dans ce qu’il considère comme un nouveau « piège » tendu par Nicolas Sarkozy. Ce « piège » ? Instiller dans l’opinion l’idée selon laquelle, comme il y a la crise, il ne faudrait pas qu’il y ait changement politique. Il ne faudrait pas, en somme, ajouter de l’instabilité à l’instabilité. « Mais c’est une escroquerie intellectuelle, juge Fabius, C’est parce qu’il y a la crise, qu’il faut qu’il y ait un changement. »
Justement, ce « changement » dont parle le député de Seine-Maritime a quoi ressemblera-t-il ? Et quelles seront donc les fameuses premières mesures dont il a la charge. L’esprit affûté qu’est Laurent Fabius se sera finalement montré très laconique sur le sujet. Histoire de ne pas dévoiler trop tôt le jeu du PS, diront certains. Parce que le calendrier pour le ou la nouvelle Présidente de la République sera extrêmement délicat, a expliqué quant à lui Laurent Fabius qui connaît, il est vrai, les rouages gouvernementaux.
Mais qu'importe. Laurent Fabius aura surtout donné le sentiment que le PS cherchera, une fois aux responsabilités, à défaire tout ce que Nicolas Sarkozy a fait au cours de son mandat (et qu’il est d’ailleurs déjà lui-même en train de défaire…). Le soutien de Martine Aubry a par exemple annoncé la suspension du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux et la fin de cette « honte » qui a consisté à envoyer devant des élèves des professeurs sans formation. Le Parti socialiste abrogera aussi le « conseiller territorial » voulu par Sarkozy ainsi qu’un « certain nombre de lois scélérates » en matière de justice et de sécurité nées sous sa présidence. Finalement, le seul chantier complètement déconnecté de l’œuvre de l’actuel chef de l’Etat que le PS compte lancer rapidement, c’est une révision de la constitution adoptée par voie référendaire pour graver dans le marbre la parité et le non-cumul si chers à Martine Aubry. Alors même s’il s’en défend, Laurent Fabius aura donné l'impression que le PS va bel et bien « passer [son] temps à défaire les lois » du Président sortant et se lancer dans une interminable partie de « ping-pong législatif ». Mais si les Français veulent en finir avec Sarkozy et sa politique, ils ne seront pas séduits par des socialistes qui se poseront seulement en nettoyeur de Sarkozy, en simple « éradiqueur » de son quinquennat. C’est certes nécessaire, mais il faudra faire plus. Il leur faudra proposer.
AAAphatie retrouve son triple A
Le journaliste de Canal + et de RTL triomphe : la dette, son obsession depuis des années, est au centre de l'actualité. Pour Philippe Cohen, cela ne clôt pas le débat.
Revenu gonflé à bloc de son repos estival bien mérité, Jean-Michel Aphatie triomphe : il avait bien raison d'être obsédé par la dette puisqu'aujourd'hui - il le dit d'ailleurs en anglais - la dette est devenue le sujet principal de l'actualité, mais aussi des salles de marchés et des cabinets ministériels.
On ne saurait, sur ce point, lui donner tort. A lire les sondage de IFOP effectué juste après la baisse de la note américaine, la dette serait même devenu le premier souci des Français, dont la moitié souhaitent qu'il figure en priorité sur l'agenda politique.
Donc, la dette, après avoir été l'obsession de Jean-Michel Aphatie et de quelques autres citoyens conscients des enjeux et très soucieux de préserver l'avenir de nos enfants - qu'il en soit remercié - deviendrait celle des Français. C'est une très bonne nouvelle pour le journaliste de RTl et de Canal +. Mais c'est peut-être aussi une moins bonne nouvelle pour l'économie.
Car le débat - si toutefois les billets en forme d'invective sont des appels au débat - n'oppose pas, n'en déplaise à Aphatie, des garçons vertueux dans son genre et des jeanfoutre dans le mien ou celui, sauf mon respect - de l'estimable Daniel Schneidermann. Une fois la dette identifiée, la question qui se pose est celle de savoir comment la réduire. La réponse de Jean-Michel Aphatie est claire : il faut diminuer la dépense publique. Il n'est pas le seul à le dire. François Fillon a déclaré le pays en quasi-faillite sur le perron de Matignon en 2007. Et avant lui, Barre, Rocard et bien d'autres, qui n'ont pas semble-t-il, fait avancer le schmilblick d'un centimètre.
D'autres personnes, et elles m'ont plutôt convaincu, considèrent que la réponse souhaitée par Aphatie et Fillon n'a pas donné des résultats fameux. En Grèce, en Espagne, en Grande Bretagne par exemple, mais aussi en Allemagne, la rigueur a raboté la croissance. Du coup, le risque est grand que la rigueur finisse par accroître la dette en provoquant une baisse des recettes de l'état : comme le dit Henri Guaino chaque fois qu'on en parle avec lui, le déficit public n'est pas une soustraction, c'est une fraction avec les dépenses en numérateur mais aussi les recettes (le PIB) en dénominateur.
Cet avis est, semble-t-il partagé par ce que l'on appelle « les marchés », comme il est expliqué dans le dernier numéro de Marianne papier. Les investisseurs sont inquiets non pas seulement parce que les états ont trop dépensé, comme semble le croire Jean-Michel Aphatie, mais aussi à cause du risque de récession, elle-même conséquence de la rigueur, dont le spectre grandit et effraie tout le monde et d'abord les dirigeants des pays excédentaires comme la Chine ou l'Allemagne.
En réalité, les notions d'économie d'Aphatie ne lui permettent pas de comprendre que, même si la dette de la France a fait un bond considérable suite à la crise de 2008, la situation de la France est bien plus favorable que celle de beaucoup de pays, y compris l'Allemagne. On sait bien que le péché mignon des économistes qui semblent influencer Aphatie est de ne considérer que la dette publique alors que celle du privé est tout aussi grave, comme on le voit dans le cas des Etats-unis ou de la Grèce. L'endettement d'une nation se mesure donc en additionnant les deux dettes. Ce qui change tout concernant la France, l'un des pays développés détenant l'épargne la plus forte. Le patrimoine financier des Français est de 3320 milliards (dont la moitié en assurance-vie). Celui de l'Etat, strictement mobilier (sans le Louvre et la tour Eiffel) est de 850 milliards d'euros. La France comptabilise donc un peu plus de 4000 milliards d'actifs financiers. Dans l'autre poids de la balance, les dettes privées (1 000 milliards surtout en crédit immobilier) et publiques (1600 milliards), pour importantes qu'elles soient, laissent un solde largement positif. Sur ce point, Jean-Luc Mélenchon a raison quand il déclare au Monde « Imaginez que l'on compare ce que vous devez pour l'achat de votre appartement et votre revenu annuel ! » Dans une autre vie, le patron de PME que j'étais a dû, hélas, fréquenter des banquiers de près. Ils étaient aussi sympathiques que le croque-mort des Lucky Lucke de notre enfance. Mais aucun d'entre eux ne comparait la dette de l'entreprise avec son chiffre d'affaire annuel...
La France dispose d'un deuxième atout superbement ignorés par les obsédés de la règle d'or et les ayatollah de l'endettement : une démographie qui lui coûte cher aujourd'hui (l'éducation est onéreuse) mais peut lui rapporter gros demain, alors que ce sera l'inverse en Allemagne.
ll ne faut donc ni croire que la France peut dépenser à tout va ni que les spéculateurs sont les enfants du bon Dieu. Leur inquiétude est aussi une façon de réaliser des opérations spéculatives en pariant à la baisse ou à la hausse sur les obligations d'état. Elle n'est pas toujours en rapport avec la situation réelle du pays. De même, les formidables profits de la Société Générale (- 45% entre le 1° janvier et le 18 août) ou de la BNP (- 40%) n'empêchent pas les marchés de s'inquiéter dans la mesure où ces banques disposent de créances dont personne ne sait si elles seront un jour recouvrées.
Tout ceci sans vouloir offenser Jean-Michel Aphatie : il est toujours agréable de triompher et de fredonner l'air de « Je vous l'avais bien dit » (Marianne n'évite pas toujours, d'ailleurs, ce travers). Surtout quand on rentre de vacance...
On ne saurait, sur ce point, lui donner tort. A lire les sondage de IFOP effectué juste après la baisse de la note américaine, la dette serait même devenu le premier souci des Français, dont la moitié souhaitent qu'il figure en priorité sur l'agenda politique.
Donc, la dette, après avoir été l'obsession de Jean-Michel Aphatie et de quelques autres citoyens conscients des enjeux et très soucieux de préserver l'avenir de nos enfants - qu'il en soit remercié - deviendrait celle des Français. C'est une très bonne nouvelle pour le journaliste de RTl et de Canal +. Mais c'est peut-être aussi une moins bonne nouvelle pour l'économie.
Car le débat - si toutefois les billets en forme d'invective sont des appels au débat - n'oppose pas, n'en déplaise à Aphatie, des garçons vertueux dans son genre et des jeanfoutre dans le mien ou celui, sauf mon respect - de l'estimable Daniel Schneidermann. Une fois la dette identifiée, la question qui se pose est celle de savoir comment la réduire. La réponse de Jean-Michel Aphatie est claire : il faut diminuer la dépense publique. Il n'est pas le seul à le dire. François Fillon a déclaré le pays en quasi-faillite sur le perron de Matignon en 2007. Et avant lui, Barre, Rocard et bien d'autres, qui n'ont pas semble-t-il, fait avancer le schmilblick d'un centimètre.
D'autres personnes, et elles m'ont plutôt convaincu, considèrent que la réponse souhaitée par Aphatie et Fillon n'a pas donné des résultats fameux. En Grèce, en Espagne, en Grande Bretagne par exemple, mais aussi en Allemagne, la rigueur a raboté la croissance. Du coup, le risque est grand que la rigueur finisse par accroître la dette en provoquant une baisse des recettes de l'état : comme le dit Henri Guaino chaque fois qu'on en parle avec lui, le déficit public n'est pas une soustraction, c'est une fraction avec les dépenses en numérateur mais aussi les recettes (le PIB) en dénominateur.
Cet avis est, semble-t-il partagé par ce que l'on appelle « les marchés », comme il est expliqué dans le dernier numéro de Marianne papier. Les investisseurs sont inquiets non pas seulement parce que les états ont trop dépensé, comme semble le croire Jean-Michel Aphatie, mais aussi à cause du risque de récession, elle-même conséquence de la rigueur, dont le spectre grandit et effraie tout le monde et d'abord les dirigeants des pays excédentaires comme la Chine ou l'Allemagne.
En réalité, les notions d'économie d'Aphatie ne lui permettent pas de comprendre que, même si la dette de la France a fait un bond considérable suite à la crise de 2008, la situation de la France est bien plus favorable que celle de beaucoup de pays, y compris l'Allemagne. On sait bien que le péché mignon des économistes qui semblent influencer Aphatie est de ne considérer que la dette publique alors que celle du privé est tout aussi grave, comme on le voit dans le cas des Etats-unis ou de la Grèce. L'endettement d'une nation se mesure donc en additionnant les deux dettes. Ce qui change tout concernant la France, l'un des pays développés détenant l'épargne la plus forte. Le patrimoine financier des Français est de 3320 milliards (dont la moitié en assurance-vie). Celui de l'Etat, strictement mobilier (sans le Louvre et la tour Eiffel) est de 850 milliards d'euros. La France comptabilise donc un peu plus de 4000 milliards d'actifs financiers. Dans l'autre poids de la balance, les dettes privées (1 000 milliards surtout en crédit immobilier) et publiques (1600 milliards), pour importantes qu'elles soient, laissent un solde largement positif. Sur ce point, Jean-Luc Mélenchon a raison quand il déclare au Monde « Imaginez que l'on compare ce que vous devez pour l'achat de votre appartement et votre revenu annuel ! » Dans une autre vie, le patron de PME que j'étais a dû, hélas, fréquenter des banquiers de près. Ils étaient aussi sympathiques que le croque-mort des Lucky Lucke de notre enfance. Mais aucun d'entre eux ne comparait la dette de l'entreprise avec son chiffre d'affaire annuel...
La France dispose d'un deuxième atout superbement ignorés par les obsédés de la règle d'or et les ayatollah de l'endettement : une démographie qui lui coûte cher aujourd'hui (l'éducation est onéreuse) mais peut lui rapporter gros demain, alors que ce sera l'inverse en Allemagne.
ll ne faut donc ni croire que la France peut dépenser à tout va ni que les spéculateurs sont les enfants du bon Dieu. Leur inquiétude est aussi une façon de réaliser des opérations spéculatives en pariant à la baisse ou à la hausse sur les obligations d'état. Elle n'est pas toujours en rapport avec la situation réelle du pays. De même, les formidables profits de la Société Générale (- 45% entre le 1° janvier et le 18 août) ou de la BNP (- 40%) n'empêchent pas les marchés de s'inquiéter dans la mesure où ces banques disposent de créances dont personne ne sait si elles seront un jour recouvrées.
Tout ceci sans vouloir offenser Jean-Michel Aphatie : il est toujours agréable de triompher et de fredonner l'air de « Je vous l'avais bien dit » (Marianne n'évite pas toujours, d'ailleurs, ce travers). Surtout quand on rentre de vacance...
Le B-A BA du «AAA»
(La France vaut mieux que ça, non ?)
« AAA » : déclinée trois fois, la première voyelle de l’alphabet est depuis des semaines au cœur de l’actualité. Dans toutes les controverses aussi, comme si notre avenir devait dépendre des appréciations émises par quelques agences sous trois majuscules nourrissant les espoirs ou les angoisses des marchés et des États. Ces derniers s’accrochent à ce «très bien» qui permet d’emprunter à taux bas auprès des souscripteurs de leurs obligations, car le triple « A » offre les meilleures garanties. Avec des nuances, toutefois. Ainsi la France, l’un des six pays de la zone euro à se prévaloir de cette excellente note, affichait début du mois un taux de 3,14 % pour les obligations à dix ans (OAT), les Pays-Bas 2,82 % et l’Allemagne 2,42 % pour des titres équivalents…
Ces différences, même entre les premiers de la classe, pointent déjà l’évidence : les marchés savent que la France se situe à l’extrême limite des critères autorisés pour son «triple A » avec son déficit public de 5,7 % et une dette publique de 85,2 % du PIB. Dans l’immédiat c’est moins la dette – tous les États empruntent, même la vertueuse Suisse est dans le rouge à près de 53 % de son PIB – que le déficit budgétaire français qui est inquiétant. D’autant plus que le pays souffre d’une faible croissance. François Fillon a annoncé 1,75 % pour cette année, autant pour l’année prochaine, ce qui semble bien optimiste. Or, un petit pour cent rapporte environ 12 milliards en impôts aux caisses de l’État, exactement la manne que devrait récolter le plan de rigueur gouvernemental qui ne dit pas son nom. Le jour pourrait arriver où la croissance dans l’Hexagone (l’accroissement annuel de la richesse) ne payera même plus les intérêts de la dette ! Et cela en un temps où on espère surtout que la croissance aidera à résorber un chômage grandissant, du moins selon les promesses électorales.
Certes, la France possède aussi des atouts autres qu’économiques, notamment une réelle stabilité politique dans un pays en parfait état de fonctionnement : un critère primordial pour les agences de notation.
Enfin, l’Hexagone peut compter sur un atout caché susceptible de maintenir son «triple A» : l’interdépendance des économies française et allemande, chaque pays étant le premier partenaire de l’autre. Une dégradation de la note française toucherait à terme celle de notre voisin en provoquant une nouvelle panique, un cauchemar à éviter. Déjà l’Allemagne n’est pas loin d’entrer à son tour en ligne de mire pour sa passivité dans le sauvetage de la zone euro et en raison de ses tiraillements politiques encore accentués hier par la CSU, l’aile bavaroise de la majorité au pouvoir à Berlin. Ce parti rejette le «gouvernement économique de la zone euro» proposé le 16 août par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. La crise européenne est loin d’être terminée…
Or, résoudre cette crise, pour en revenir à l’alphabet, est le « B-A BA » politique dont découle aussi le fameux « AAA ». Car c’est cette crise qui, partie de Grèce, a lancé l’infernale spéculation sur les dettes souveraines. Avec des répercussions à l’infini.
(La France vaut mieux que ça, non ?)
« AAA » : déclinée trois fois, la première voyelle de l’alphabet est depuis des semaines au cœur de l’actualité. Dans toutes les controverses aussi, comme si notre avenir devait dépendre des appréciations émises par quelques agences sous trois majuscules nourrissant les espoirs ou les angoisses des marchés et des États. Ces derniers s’accrochent à ce «très bien» qui permet d’emprunter à taux bas auprès des souscripteurs de leurs obligations, car le triple « A » offre les meilleures garanties. Avec des nuances, toutefois. Ainsi la France, l’un des six pays de la zone euro à se prévaloir de cette excellente note, affichait début du mois un taux de 3,14 % pour les obligations à dix ans (OAT), les Pays-Bas 2,82 % et l’Allemagne 2,42 % pour des titres équivalents…
Ces différences, même entre les premiers de la classe, pointent déjà l’évidence : les marchés savent que la France se situe à l’extrême limite des critères autorisés pour son «triple A » avec son déficit public de 5,7 % et une dette publique de 85,2 % du PIB. Dans l’immédiat c’est moins la dette – tous les États empruntent, même la vertueuse Suisse est dans le rouge à près de 53 % de son PIB – que le déficit budgétaire français qui est inquiétant. D’autant plus que le pays souffre d’une faible croissance. François Fillon a annoncé 1,75 % pour cette année, autant pour l’année prochaine, ce qui semble bien optimiste. Or, un petit pour cent rapporte environ 12 milliards en impôts aux caisses de l’État, exactement la manne que devrait récolter le plan de rigueur gouvernemental qui ne dit pas son nom. Le jour pourrait arriver où la croissance dans l’Hexagone (l’accroissement annuel de la richesse) ne payera même plus les intérêts de la dette ! Et cela en un temps où on espère surtout que la croissance aidera à résorber un chômage grandissant, du moins selon les promesses électorales.
Certes, la France possède aussi des atouts autres qu’économiques, notamment une réelle stabilité politique dans un pays en parfait état de fonctionnement : un critère primordial pour les agences de notation.
Enfin, l’Hexagone peut compter sur un atout caché susceptible de maintenir son «triple A» : l’interdépendance des économies française et allemande, chaque pays étant le premier partenaire de l’autre. Une dégradation de la note française toucherait à terme celle de notre voisin en provoquant une nouvelle panique, un cauchemar à éviter. Déjà l’Allemagne n’est pas loin d’entrer à son tour en ligne de mire pour sa passivité dans le sauvetage de la zone euro et en raison de ses tiraillements politiques encore accentués hier par la CSU, l’aile bavaroise de la majorité au pouvoir à Berlin. Ce parti rejette le «gouvernement économique de la zone euro» proposé le 16 août par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. La crise européenne est loin d’être terminée…
Or, résoudre cette crise, pour en revenir à l’alphabet, est le « B-A BA » politique dont découle aussi le fameux « AAA ». Car c’est cette crise qui, partie de Grèce, a lancé l’infernale spéculation sur les dettes souveraines. Avec des répercussions à l’infini.
L'ouragan Irène est arrivé à New York
Après avoir fait neuf morts et entraîné l'évacuation d'au moins 1,5 million de personnes, l'ouragan Irène a frappé New York dans la nuit de samedi à dimanche.
VILLE MORTE
Transports en commun arrêtés, aéroports fermés, évacuations par milliers, New York, habituellement si festive le samedi soir, ressemblait à une ville morte. A Manhattan, les bars et restaurants étaient fermés, les spectacles de Broadway annulés, les habituelles hordes de touristes avaient déserté Time Square. Nombre de magasins avaient protégé leurs vitrines avec des panneaux de contreplaqué, et les New Yorkais étaient calfeutrés chez eux.370 000 personnes avaient reçu l'ordre du maire, Michael Bloomberg, d'évacuer avant samedi soir les zones inondables de la ville, du jamais vu à New York. Certains ont quitté la ville, d'autres se sont réfugiés chez des proches, dans les hôtels pris d'assaut ou dans la petite centaine de centres d'accueil ouverts par la mairie. Plus tôt dans la journée, Michael Bloomberg n'avait pas mâché ses mots : "C'est une question de vie et de mort, n'attendez pas", avait-il insisté, redoutant une brusque montée des eaux qui pourrait causer "de nombreuses inondations" et des coupures d'électricité.
UN MILLION DE PERSONNES ÉVACUÉES
Dans le New Jersey voisin, plus d'un million de personnes ont été évacuées des zones côtières. La quasi-totalité de petite ville touristique de Cap May, directement située sur la trajectoire d'Irène, a été évacuée. Irène avait touché la terre samedi en Caroline du nord, provoquant vents violents et pluies torrentielles, et privant d'électricité des centaines de milliers de personnes.Neuf personnes sont mortes en Caroline du Nord, en Virginie et en Floride. Irène doit remonter la côte Est vers Washington, New York et Boston, une des régions les plus peuplées au monde avec 65 millions d'habitants, et pourrait s'accompagner de vagues de 3 à 4 mètres de haut, selon le centre national des ouragans (NHC).
AÉROPORTS FERMÉS
Le président Obama, qui a exigé d'être tenu au courant de la situation heure par heure, s'est entretenu avec son équipe chargée des situations d'urgence, comprenant notamment le vice-président Joe Biden, et la secrétaire à la sécurité intérieure Janet Napolitano, a indiqué la Maison Blanche.La fermeture des trois aéroports new yorkais, dont l'aéroport international J.F. Kennedy, a créé une formidable pagaille, avec des milliers de vols annulés. Le service ferroviaire a aussi été réduit et la compagnie Amtrack prévoit de suspendre tout le trafic sur la côte Est dimanche.
En Caroline du Nord et dans la Virginie voisine, près de 900 000 foyers étaient privés d'électricité samedi soir, selon les compagnies d'électricité. Les autorités craignent des dégâts qui pourraient coûter de 5 à 10 milliards de dollars, selon des estimations d'experts.
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