TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 19 août 2011

Ces spéculateurs qui parient sur la faillite des Etats

Le recours à des assurances pour se protéger de l'impact de la faillite d'un pays a été dévoyé par les spéculateurs qui en ont fait une arme financière, désormais massivement utilisée à mesure que les inquiétudes sur la solvabilité des Etats grandissent.
Le CDS ("Credit Default Swap") est au départ une simple assurance sur un emprunt émis par un état ou une entreprise, contractée de gré à gré.
Un investisseur détient de la dette grecque, il désire se couvrir contre le risque de banqueroute de ce pays et contracte un tel produit auprès d'un "assureur". Après tout, rien que de très normal.
Le problème est qu'il peut aussi très bien acheter un CDS sur de la dette grecque sans pour autant en détenir.
"C'est exactement comme si je m'assurais contre un incendie sur une habitation dont je ne suis ni propriétaire ni locataire. J'ai tout intérêt à ce que cette maison prenne feu pour toucher la prime", explique Paul Jorion, auteur de plusieurs ouvrages dont "Vers la crise du capitalisme américain" (Editions du Croquant).
"Les CDS sont dévoyés, ils sont aujourd?hui majoritairement utilisés pour spéculer sur la faillite des Etats. Ainsi, des fonds spéculatifs n?ayant jamais investi un euro en Grèce les ont utilisés pour parier sur la faillite de ce pays", explique cet ancien trader.
Et de mettre en garde contre un danger d'autant plus grand que ces prophéties sont souvent "auto-réalisatrices".
Plus la demande de CDS sur un pays est forte, plus les marchés vont croire qu'il est proche de la faillite, plus le taux auquel ils lui prêteront de l'argent sera élevé, ce qui mettra cet Etat en position délicate pour se financer.
La dernière phase pour le spéculateur est alors de revendre ces CDS beaucoup plus cher qu'il ne les a achetés, vu que le risque est plus élevé.
"Ce n'est pas le commun des mortels qui détient ce type de placements mais des initiés travaillant pour des hedge funds (fonds spéculatifs) ou des grandes banques", souligne Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.
Imaginé, en 1994, par Blythe Masters de la banque d'affaires américaine J.P. Morgan --"la femme qui a inventé les armes financières de destruction massive", selon le quotidien britannique The Guardian-- ces produits financiers ont connu un développement fulgurant.
Depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, ces contrats, jusque-là essentiellement limités à l'assurance des dettes des entreprises, se sont développés pour les Etats.
"Ils sont aujourd'hui l'un des instruments les plus importants pour juger de la qualité de bon payeur d'un pays avec les notes délivrées par les agences d'évaluation financière" (Fitch, Moody's, Standard & Poor's), ce qui en fait des armes redoutables, explique M. Regnat.
Actuellement, le montant total des assurances souscrites contre une éventuelle faillite de la France représente 23 milliards de dollars, contre 17 milliards pour l'Allemagne et 5,6 milliards pour les Etats-Unis.
Preuve de l?incohérence de la situation, le contrat d'assurance sur les Etats-Unis, jugés "AA+" par les agences de notation, coûte trois fois moins que celui de la France qui détient la meilleure note possible (à "AAA").
Et s'assurer contre une banqueroute de l'Hexagone coûte plus cher aujourd'hui que pour le Mexique ou la Colombie.
Pour la Grèce, l'équation est encore plus folle. Il faut aujourd'hui débourser 10 millions de dollars pour assurer 10 millions de dette grecque sur dix ans et les investisseurs ont déserté ce marché.
"On est dans un système totalement déconnecté des fondamentaux économiques", reconnaît Eric Oynoyan, stratégiste chez BNP Paribas à Londres.
Toute tentative de régulation de ce marché opaque, car non réglementé, est restée à ce jour vaine.
En septembre 2010, la Commission européenne avait émis l'hypothèse d'interdire l'achat de CDS aux personnes ne détenant pas d'obligations de l'Etat concerné.
Mais cette mesure est à ce jour encore dans les tiroirs, de nombreux pays y étant opposés, aux premiers rangs desquels le Royaume-Uni.

Grèce/PIB: le recul atteindrait 4,5%

Le produit intérieur brut (PIB) grec pourrait se contracter de plus de 4,5% en 2011, contre 3,8% prévu jusqu'à présent a indiqué vendredi le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos. "Les premières prévisions tablaient sur un recul de 3,5%, mais ensuite cela a changé (...) et nous sommes maintenant au niveau de -3,8%.-3,9%", a affirmé le ministre dans un entretien à la radio athénienne Skaï. "Désormais, il y a une fourchette de prévisions qui peut aller au-delà de -4,5%", a ajouté le ministre.

"Désormais, il y a une fourchette de prévisions qui peut aller au-delà de -4,5%, et on va voir où cela va se situer, moi je serais heureux si nous avions un meilleur résultat, mais la vérité est que la conjoncture nationale et internationale a fait empirer la récession".

Selon les estimations provisoires de l'Autorité des statistiques grecques (ASE), le PIB grec s'est fortement contracté au deuxième trimestre 2011 de 6,9% par rapport à la même période en 2010, contre 5,5% au premier trimestre. Frappée par la crise de la dette, la Grèce traverse sa troisième année de récession. En 2010, l'économie s'est contractée de 4,5% en 2010.

Cela est surtout dû à des mesures d'austérité draconiennes, comprenant des coupes salariales et des hausses des taxes sur plusieurs produits, imposées au pays depuis 2010 par ses créanciers, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, en échange d'un prêt pour le sauver de la faillite.

Negociations sur le deuxième plan de sauvetage pas achevés avant octobre

Vénizélos a précisé dans le même entretien que les négociations sur le contenu du deuxième plan de sauvetage octroyé au pays par le Fonds monétaire international et l'Union européenne ne seront pas achevées avant la mi-octobre.

"N'attendons pas d'en avoir fini avant la première ou deuxième semaine d'octobre, car il faut que les parlements votent, et que les banques et caisses d'assurances fassent leurs procédures", a-t-il affirmé sur la radio athénienne Skaï.

Vénizélos a par ailleurs souligné que l'objectif de la Grèce "est que cela soit fini le plus vite possible", mais a relevé la complexité de la mise en oeuvre du plan, car "le secteur privé attend des garanties" de la part des Etats, tandis que "la partie publique attend que les négociations avec le secteur privé avancent favorablement".

L'échange des titres est prévu par le nouveau plan de soutien de près de 160 milliards d'euros, décidé par la zone euro réunie en sommet extraordinaire à Bruxelles le 21 juillet. La contribution du secteur privé sur une base volontaire prévue par le montage de la zone euro est à hauteur de 54 milliards d'euros sur trois ans, et 135 milliards d'euros sur dix ans.

Pourquoi les bourses replongent-elles ?



Quand les riches socialistes aiment tendrement l’impôt


Quand les riches socialistes aiment tendrement l’impôt
Magie du socialisme ambiant aidée par une presse obséquieusement dévouée à son extension maximale : on voit actuellement fleurir de nombreuses propositions de taxer les riches un grand coup (éventuellement derrière la nuque), propositions parfois soutenues par les riches eux-mêmes, exemple parfait de soumission servile des individus à l’État tout puissant.
La presse, frétillante comme on peut l’imaginer sur un sujet pareil, nous abreuve donc d’articles presque dithyrambiques sur les appels poignants de magnats multimilliardaires qui réclament bruyamment plus d’impôts pour eux-mêmes, sur le mode « Nous avons trop d’argent, aidez-nous à aider l’État, quoi, bon, à la fin ! »
Çà et là, l’idée est donc reprise pour faire comprendre que les impôts vont augmenter (Non ? Sans blagues ?) et qu’en plus, tout le monde est d’accord à commencer par les plus riches. C’est dire si l’idée est bonne et à la mode ! Allons-y, donc !
Et évidemment, au bal des hypocrites et des imbéciles, les socialistes français ne sont pas les derniers. Vous pourrez ranger Pierre Bergé dans l’une ou l’autre catégorie (d’ailleurs pas mutuellement exclusive) puisque lui aussi, de sa petite voix assurée, réclame vouloir absolument participer à l’incontinence financière dramatique de l’État, lui aussi veut laisser des ronds-de-cuir claquer son argent dans des futilités cosmiques et des balles de golf (par exemple).

Déjà, rien qu’ici, on peut noter une différence flagrante entre les riches d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.
Du côté de l’Oncle Sam, on sent que derrière les appels chevrotants d’un Warren Buffett et de certains des autres signataires se cache en réalité une stratégie bien calculée vis-à-vis des petits contribuables qui sont, d’une façon ou d’une autre, aussi leurs clients directs ou indirects. Et puis, montrer très médiatiquement allégeance aux sbires de l’État, c’est toujours une bonne idée lorsque le fisc doit passer. Enfin, faire passer l’ensemble pour un geste philanthropique, ce n’est pas trop dur : Buffett est célèbre pour son implication dans la Bill & Melinda Gates Fundation à laquelle il participe à coups de milliards de dollars.
En France, en revanche, il n’y a pas exactement la même bousculade de bons sentiments calculés ; d’une part, les personnes qui se sentent concernées (Maurice Levy, Pierre Bergé) ne jouent pas dans la même cour qu’un Buffett ou en plus français, un Bernard Arnault (qui n’a pas surenchérit sur ces aimables niaiseries, tiens, au passage). D’autre part, on sent bien plus une stratégie politique, avec un socialisme clairement affiché, là où la stratégie Buffett ressemble plus à une occupation médiatique du terrain. Et enfin, lorsqu’on voit les « philanthropies » très particulières d’un Pierre Bergé, qui a subventionné, un temps durant, la serial-perdante Ségolène Royal, ou la plus que douteuse association SOS Racisme, on peut mesurer l’écart entre l’Amérique du don et la France de la joyeuse bidouille politique à retour d’ascenseur intégré.
Quoi qu’il en soit, on ne peut que noter le parfait ridicule de la proposition, des deux côtés de l’Amérique, et ce, à deux niveaux.
Tout d’abord, parlons montants.
Pour rire.
Parce qu’il y a de quoi.
Prenons le simple déficit, américain tout d’abord, qui s’établit à peu près à 1500 milliards de dollars cette année.
Si nos joyeux pétitionnaires versaient l’intégralité de leurs fortunes respectives (pas simplement un pourcentage, hein, l’intégralité) , ce déficit serait résorbé d’un grand maximum de 4%, soit 1450 milliards restant dû. C’est bien, Warren, mais c’est encore un peu juste pour passer l’hiver, ça.
Un compte qui affiche -1450 milliards arrivé en Septembre, c’est pas joli joli, surtout pour tenir jusqu’à la Saint Sylvestre. Hum. En gros, les 50 milliards permettent de tenir… 2 semaines.
Je ne parlerai pas d’essayer ainsi de rembourser la dette américaine (de 14.500 milliards de dollars), puisque là, le lessivage de ces guignols permet d’amoindrir ce montant de 0,34%. On ne frise même pas le symbolique, ici.
Évidemment, le calcul qui a été mené avec ces serviles assujettis fiscaux outre-Atlantique donne la même poilade pour la France, avec un bonus pour le côté ridicule puisque les petits collabos français ne comptent pas (encore ?) de milliardaires dans leurs rangs. Les 150 millions de fortune personnelle de Bergé (et à peu près autant pour Levy) permettront à l’État français de tenir… une journée de plus environ puisqu’il chie autour de 250 millions d’euros de déficit supplémentaire par jour.
En somme, pour que l’État continue à péter dans la soie une journée de plus, il faut confisquer complètement la fortune de ces deux bouffons tragiques.
Eh oui : 14.000 milliards de dollars de dette américaine, franchement, c’est quoi face à la puissance de feu des 40 milliards d’un Buffet et des millions de dollars des autres ? Et 2000 milliards d’euros de dettes française, c’est quoi face aux 150 miyons de Pierre Bergé ?
Oh, et puis on se rappellera sans mal que l’impôt imaginé ne porte en réalité que sur une fraction de ces montants, ce qui rend… microscopique l’effort de ces richesprécieux ridicules.
Mais le plus absurde, dans cette histoire, n’est même pas la mise en perspective de ce qu’ils prétendent offrir avec les besoins d’un État devenu obèse, non. C’est le moyen utilisé pour faire valoir leur extravagante générosité.
Parlons maintenant moyen.
Parce que, aux États-Unis ou en France, l’idée de donner à l’État se concrétise de la même façon : non, il ne s’agit pas, pour eux, d’envoyer, sous pli discret, des dons aux administrations fiscales correspondantes (qui les accepteraient volontiers, croyez-moi).
Que nenni.
Nos amis donateurs préfèrent largement
a/ médiatiser leur don au maximum, et surtout,
b/ attendent de l’État qu’il mette en place la tuyauterie fiscale qui va bien pour que ce don passe par l’impôt.
Eh oui : ces « donateurs » sont très malins, en réalité (d’ailleurs, ils ne seraient pas multi-millionnaires sans avoir développé quelques capacités intellectuelles). Ils savent pertinemment que l’écriture d’une loi, c’est long et coûteux, très coûteux. Qu’il faudra du temps et de l’argent pour que cette loi soit votée. Et surtout, que cette loi ne rencontrera qu’un succès d’estime : eh oui, dans les personnes qui seraient éligibles à payer plus d’impôts, il y a… des élus, plein d’élus, une palanquée de ces législateurs.
Bref.
Cet appel est un pur pipeau médiatique pour acheter, à peu de frais, une bonne conscience. Non seulement la démarche est inutile, mais elle est parfaitement hypocrite.
Car enfin, si nos aimables bouffons veulent vraiment aider des gens que la crise a touchés, c’est très simple : donnez directement à des associations caritatives.
Tenez, Maurice, Pierre : suivez les liens suivants, par exemple.
Vous donnez déjà ? Donnez plus, plutôt que de donner votre argent à une cause perdue, dépensière, qui va claquer vos thunes en balles de golf et petits fours.
Aidez vraiment et arrêtez vos stupides jérémiades fiscales.

Huit raisons pour baisser la note de la France d’ici à 2012

A la suite de la dégradation du triple A des Etats-Unis, la panique s’est emparée de la classe politique française. A juste titre, selon Philippe Simonnot, qui énumère huit raisons pour lesquelles la note française sera sans doute abaissée d’ici la prochaine élection présidentielle. Une critique très libérale de la politique sarkozyste. 
  La panique qui s’est emparée de la classe politique française à la suite de la dégradation du triple A des Etats-Unis  donnerait envie de rire si nos  portemonnaies n’étaient directement concernés , et surtout si elle n’était pas justifiée par la réalité. La note française sera sans doute abaissée d’ici la prochaine présidentielle de 2012, au moins pour huit raisons.

1) Avec la dégradation de la note américaine, un tabou a été franchi : un grand pays a perdu son triple A, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la première économie mondiale. Si les Etats-Unis sont abaissés, alors pourquoi pas la France ? C’est la question que tous les marchés se posent maintenant.

2) La dégradation américaine est une mauvaise nouvelle pour les pays européens déjà fragiles, et notamment l’Espagne et l’Italie. Ces deux pays pèsent lourd sur la zone euro. L’environnement économique  immédiat de la France  est touché. On est sorti du cas « bénin » (apparemment) de la Grèce, du Portugal  et de l’Irlande.

3) Pour s’en sortir, notre  Napoléon comptait sur le Grouchy  de la croissance économique. C’est le Blücher de la stagnation qui est arrivé. La croissance zéro de l’économie française au deuxième trimestre sonne le glas des plans budgétaires que notre gouvernement a bâtis sur la comète. Le rétablissement, s’il a lieu, sera beaucoup plus long et beaucoup plus douloureux que prévu, la croissance espérée n’étant pas au rendez-vous.  Waterloo morne plaine !

4) Aujourd'hui, la France est entrée dans une spirale de la dette tout à fait classique. Et ce quelque soit le choix gouvernemental. Si l'Etat réduit ses dépenses et augmente ses recettes, il plombe un peu plus l’économie. S’il ne le fait pas, la dette augmente. Dans les deux cas, le poids relatif de la dette publique  (en %du PIB)  s’accroît, mettant  en cause notre capacité de remboursement.

5) La « règle d’or » que cherche à vendre Sarkozy aux parlementaires, c’est du pipeau par rapport à ce qu’ont établi les Allemands : pas de vraies contraintes, pas de date butoir. La polémique politicienne  que cette tentative a générée en dit long sur la clairvoyance d’une classe politique qui a été incapable d’équilibre le budget de l'Etat depuis trente-sept ans ! Il en est ainsi parce que la pression étatique est telle que les Français, qui fraudent déjà beaucoup, sont au bord de la révolte fiscale et que nos gouvernements, de droite comme de gauche, préfèrent la fuite en avant dans l’endettement. A noter en passant que des milliers d’emplois sont protégés, voire créés par certaines des « niches fiscales » qu’il s’agit de  supprimer  au risque d’aggraver le chômage, déjà scandaleusement élevé.

6) L’auto-destruction d’un Etat-Providence, dont la France est le champion dans l’Euroland, est aussi prévisible au bout de deux ou trois générations que le fut la faillite du système soviétique : moins d’enfants et plus de chômeurs, moins d’épargne et plus d’impôts, moins de sécurité et plus d’immigrés, et si les politiques le nient ou le dénient, les marchés, eux, le savent fort bien et en tiennent compte.

7) Les primaires socialistes vont obliger le candidat du PS à en rajouter dans la démagogie. On n’est qu’au début de la course à l’échalote monétaire.

8) La gauche elle-même a intérêt à ce que la note de la France soit dégradée avant l’échéance de la présidentielle. Sarkozy humilié par les marchés, elle serait sûre de gagner ; une fois au pouvoir, elle n’aurait pas à redouter de subir cette première, la perte du triple A par la France  – même s’il y aura d’autres dégradations à venir. Souvenons-nous qu’au début de son règne François Mitterrand a dévalué le franc, non pas une fois, mais trois fois.
Maintenant couvrez-vous comme vous pouvez !

L’énergie “propre” dévore nos campagnes

Frappés par la crise, les agriculteurs italiens se convertissent à la culture intensive du maïs pour produire du biogaz, plus rémunérateur. Mais ils se mettent ainsi à la merci des spéculateurs et menacent la biodiversité, dénonce le fondateur du mouvement Slow Food. 

Agriculture industrielle. Méditons sur cet oxymore. En son nom, l’homme a pensé pouvoir produire de la nourriture sans paysans et a fini par évincer ces derniers des campagnes. Nous en sommes même aujourd’hui à l’idée qu’il puisse y avoir des champs cultivés sans que des aliments y soient produits : une agriculture sans nourriture. Une agriculture, qui, dès lors qu’elle se base uniquement sur le profit et sur les spéculations, parvient à rendre mauvais tout ce qui peut être bon : la nourriture, les terrains fertiles (qui le sont de moins en moins), mais aussi l’énergie propre et renouvelable. Comme le photovoltaïque, comme le biogaz.
On a déjà parlé de la façon dont l’énergie photovoltaïque peut devenir une machine dévoreuse de terrains et de ressources alimentaires. Aujourd’hui l’heure est aux centrales au biogaz qui exploitent les biomasses, c’est à dire les déchets de l’élevage, l’herbe de fenaison et autres végétaux. Ces installations seraient idéales pour se débarrasser des déjections, problème récurrent des éleveurs, et autres déchets biologiques, en améliorant leur revenu grâce à une production d’énergie qui peut-être utilisée pour l’exploitation agricole, ou vendue.
Mais si l’affairisme s’en mêle, si des investisseurs qui se fichent complètement que l’agriculture produise de la nourriture et qu’elle le fasse le mieux possible, flairent la bonne affaire et accourent, alors le biogaz peut devenir une malédiction. C’est ce qui est en train d’arriver dans de nombreuses régions de la plaine du Pô, surtout là où il y a de fortes concentrations d’élevages intensifs.

On cesse de produire de la nourriture pour produire de l'énergie

Que se passe-t-il ? De nombreux agriculteurs, aux abois en raison de la crise généralisée du secteur, se transforment en producteurs d’énergie et cessent de produire des aliments. En fait, ils se contentent de cultiver du maïs de manière intensive pour remplir des "digesteurs", générateurs de biogaz. Des investisseurs les aident et parfois les exploitent. Il y a des fermes d’élevage où les agriculteurs sont payés par ceux qui ont construit les installations pour la culture du maïs : ils sont devenus des ouvriers du secteur énergétique, ce ne sont plus des paysans.
Tout a commencé en 2008, lorsqu’a été introduit un nouveau certificat vert "agricole" pour la production d’énergie électrique avec des installations de production de biogaz à partir de biomasses. De "petites" installations d’une puissance électrique ne dépassant pas 1 Mw. Mais 1 Mw, c’est beaucoup : ça a stimulé le business, parce qu’un tarif de 28 cent/kWh a été accordé à ceux qui produisent, soit trois fois le prix qu’il leur faut payer pour l’énergie produite "normalement".
C’est ainsi que le système des subventions, auquel s’ajoutent celles de l’Union européenne pour la production de maïs, a rendu la construction d’installations importantes et coûteuses (jusqu’4 millions d’euros) très rentables, d’autant plus que leur coût peut être amorti en quelques années. Rien que dans la région de Crémone [Nord], il y avait en 2007 cinq installations autorisées, il y en a aujourd’hui 130. On estime que le maïs destiné au biogaz occupe 25% des terres actuellement cultivées. D’ici à 2013 il devrait y avoir 500 installations sur l’ensemble de la Lombardie.
L'environnement et l’agriculture elle-même sont donc menacés. Quelques constatations (et lapalissades). Primo : on cesse de produire de la nourriture pour produire de l’énergie. Secundo : la monoculture intensive du maïs est délétère pour les terrains parce qu’elle fait appel à de grandes quantités d’engrais chimiques et consomme énormément d’eau, prélevée dans des nappes phréatiques de plus en plus pauvres et polluées. Sans rotation des parcelles, leur fertilité est compromise et la diffusion de parasites est facilitée – et elle est éliminée ensuite par un ajout de produits antiparasitaires.

Un marché noir des déchets biologiques

Tertio : ceux qui produisent de l’énergie en cultivant du maïs peuvent se permettre de payer des loyers beaucoup plus élevés pour les terrains, jusqu’à 1 500 euros l’hectare, ce qui crée une concurrence déloyale envers ceux qui en ont besoin pour l’élevage. C’est le même phénomène que celui qui s’est créé avec les parcs voltaïques, on répète donc la même erreur. Quarto : les installations elles-mêmes, celles d’1 Mw, sont des structures de grandes dimensions et pour les construire du terrain agricole est définitivement sacrifié.
Quinto : on entend déjà des rumeurs sur la naissance d’un marché noir des déchets biologiques, comme les déchets de boucherie, vendus illégalement pour fabriquer du biogaz. Ils ne devraient jamais être utilisés comme biomasse, parce que ce qui reste de la "digestion" est ensuite répandu dans les champs pour les fertiliser, et ce type de déchet pourrait non seulement polluer, mais aussi propager des maladies.
C'est un problème d’échelle. En soi, le biogaz issu des biomasses n’aurait aucun défaut. Mais s’il est produit à des fins spéculatives et est surdimensionné, s’il intensifie la production de maïs dans le seul but de nourrir l’installation, s’il fait monter les prix du terrain, l’épuise et le pollue, alors il faut dire non. Fort et clair.
Il est certain ces problèmes doivent être mis sur la table et débattus lors des discussions sur la nouvelle Politique agricole commune (PAC) qui a débuté récemment à Bruxelles. Tôt ou tard, les subventions finiront. Les biogaz avec de grosses installations sont un cautère sur la jambe de bois de notre agriculture malade, et ce pourrait bien être le coup de grâce. Il sera en effet très difficile de revenir en arrière : les terrains fertiles ne sont pas récupérables, les nappes sont polluées, la salubrité disparaît, ceux qui s’efforcent de faire une bonne agriculture sont contraints d’arrêter face à une concurrence impitoyable et insoutenable. Agriculture industrielle, quel oxymore !

La santé va vite profiter des percées de la science

Techniques moins invasives, lutte contre les effets secondaires, gestes 
médicaux automatisés : les progrès des nanotechnologies et de la thérapie cellulaire rendront prévention et traitements beaucoup plus efficaces.
 Les nanotechnologies vont bouleverser l’électronique et les matériaux, mais aussi la santé (18% de leur impact économique en 2010). Administration de médicaments ou miniaturisation des instruments, une infinité d’applications se profile.
Greffe de cellules : il n’y aura plus besoin d’implanter un organe entier
Et si, au lieu de greffer un organe entier, on se contentait d’implanter quelques cellules ? L’année dernière, 
au centre hospitalier de Lille, l’équipe du docteur François Pattou a ainsi greffé dans l’avant-bras d’une patiente diabétique des «îlots de Langerhans», ces cellules pancréatiques chargées de la sécrétion d’insuline, l’hormone qui régule le taux de glucose du sang. Pour l’heure, ce type de greffes n’a souvent qu’un effet passager, car l’organisme finit par détruire les «intrus». Mais les médecins espèrent allonger la durée de vie de ces traitements. Cette technique n’est que l’une des possibilités offertes par la greffe cellulaire. Une autre piste consisterait à implanter des cellules souches, capables de donner naissance à des cellules spécialisées devenant, par exemple, sécréteuses d’insuline. Les cellules souches pourraient également soigner d’autres pathologies. Ainsi, ces dernières années, elles ont été utilisées pour réparer des malformations de la trachée du nouveau-né, améliorer l’état de patients atteints de sclérose en plaques ou encore pour reconstituer la peau de grands brûlés. Mieux : si les souches les plus performantes se situent dans le cordon ombilical des nouveau-nés, on en trouve partout dans l’organisme adulte. Ainsi, l’équipe de Piero Anversa, de la Harvard Medical School (Etats-Unis), vient de découvrir que même nos poumons en contiennent. A partir de telles cellules, ils ont réparé des lésions pulmonaires de souris.
Sommeil : une sieste 
à l’aéroport permettra de gérer le décalage horaire
Tous les spécialistes du sommeil le savent, s’autoriser une sieste est l’une des meilleures armes contre le jet lag. Mais le conseil n’est pas facile à mettre en œuvre à l’aéroport, entre deux vols… D’où le prototype de Sleep Box imaginé par Arch Group, un cabinet d’architectes russe : un espace de 3,75 mètres carrés ouvert à la location (de 15 minutes à plusieurs heures) dans les terminaux, les gares ferroviaires ou les centres commerciaux. La «box», isolée du monde extérieur, comporte un vrai lit de 2 mètres (les draps sont changés automatiquement après chaque utilisation), mais aussi un bureau escamotable avec connexion Wi-Fi.
Stérilité : les chimiothérapies n’empêcheront plus d’avoir des enfants
Première mondiale cette année au Japon ! L’équipe de Takehiko Ogawa, de l’université de Yokohama, a obtenu des spermatozoïdes matures en utilisant des cellules extraites de testicules de souriceaux nouveau-nés. Cultivées in vitro, ces cellules ont ensuite été inséminées pour finalement donner naissance à plusieurs portées de souris. Aux Etats-Unis, l’équipe de Sandra Carson, de l’Université Brown à Rhode Island, a quant à elle mis au point l’année dernière le premier ovaire artificiel à partir de cellules ovariennes prélevées chez des femmes fertiles. Cet ovaire a ensuite permis la maturation des ovules que les biologistes y avaient insérés. Ces deux avancées pourraient permettre aux jeunes garçons et aux femmes devant subir une chimiothérapie stérilisante de conserver l’espoir de fonder une famille.
Maladies cardiaques : il y aura toujours moins d’opérations à cœur ouvert
Ouvrir le thorax pour soigner le cœur, y pratiquer des pontages coronariens ou y placer des valves cardiaques pourrait bientôt appartenir au passé. «Ces dernières années, la chirurgie cardiaque a perdu beaucoup 
de terrain face à la cardiologie interventionnelle, et cette tendance va se confirmer à l’avenir», affirme Olivier Varenne, de l’hôpital Cochin, à Paris. Ainsi, la pose d’un «stent» (une sorte de tube métallique pour maintenir ouvertes des artères bouchées) est de plus en plus souvent préférée au pontage, une intervention chirurgicale lourde. Quant aux valves cardiaques, il est désormais possible de les poser par voie transcathéter, y compris sur des patients âgés jugés jusqu’à présent inopérables.

Antibiotiques : des virus tueront les bactéries à la place des médicaments
Devenues résistantes aux antibiotiques, certaines bactéries font planer sur les hôpitaux du monde entier une nouvelle menace sanitaire. Menace que l’on pourrait combattre à l’aide de… virus. Plus précisément de bactériophages, des virus mangeurs de bactéries. La technique est en réalité vieille de plus d’un siècle, mais avait été abandonnée avec l’avènement des antibiotiques. Seuls certains pays, dont la Géorgie, ont continué de la pratiquer, mais de manière assez artisanale. Aujourd’hui, elle fait l’objet d’un regain d’intérêt de la part des scientifiques occidentaux. Ainsi, l’année dernière, Laurent Debarbieux, microbiologiste à l’Institut Pasteur, a utilisé des bactériophages prélevés dans l’eau des égouts de Paris pour traiter, avec succès, des souris atteintes d’une infection pulmonaire, causée par une bactérie qui prolifère dans les poumons des patients atteints de mucoviscidose.
Tests diagnostics : on anticipera mieux accidents cardiaques et cancers
A l’avenir, on devrait réussir à diagnostiquer certaines maladies plus rapidement, plus facilement et à partir de simples échantillons de sang, d’urine 
ou même de cheveux. Ainsi, la mesure du taux de cortisol (l’hormone du stress) dans les cheveux d’hommes a montré que celui-ci y augmente trois mois avant une crise cardiaque. Certaines molécules détectables dans le sang ou dans les urines pourraient aussi perme ttre de détecter le risque de prééclampsie (une forme d’hypertension) chez la femme enceinte ou l’évolution de maladies rénales chroniques. Encore plus surprenant, des chercheurs de l’université de Haïfa, en Israël, ont mis au point l’année dernière une biopuce capable de détecter le cancer dans l’haleine expirée par les patients.
Nanomédicaments : ils remplaceront la chimiothérapie
Pour traiter les cancers ou éviter les métastases, la thérapie de choix est aujourd’hui la chimiothérapie. Mais elle n’est pas toujours efficace et inonde tout l’organisme, au risque d’effets indésirables sur les cellules et les organes sains. Un problème que sont en passe de résoudre les nanomédicaments. Délivrés en plus petite quantité et parfois de façon ciblée grâce à l’utilisation de molécules capables de reconnaître spécifiquement les cellules cancéreuses, les nanomédicaments ont déjà commencé à inonder le marché. Les Entreprises du médicament, principale association des industries pharmaceutiques françaises, estiment que le marché de la nanomédecine pourrait atteindre 170 milliards de dollars en 2015.

Les 7 innovations qui vont révolutionner la médecine
1. Du botox contre 
la migraine
Des chercheurs espagnols ont découvert il y a quelques années un effet surprise de la toxine botulique, le célèbre antirides : injectée 
en certains points de la tête et 
du cou, elle réduit la fréquence 
des migraines chez deux patients sur trois. On pense donc la proposer aux malades chroniques. Aux Etats-Unis, la prescription est déjà autorisée.
2. Une "imprimante" 
pour réparer la peau
Le Fab@Home est une imprimante capable de reproduire des objets. James Yoo, de l’université de Wake Forest (Etats-Unis), l’a utilisée pour recréer du cartilage ou de la peau : l’appareil scanne la zone à réparer et crée une image numérique en 3D, qui sert de «patron» pour projeter un gel contenant les cellules voulues, directement sur la blessure.
3. Un patch pour se faire vacciner sans piqûre
L’an dernier, des chercheurs américains ont vacciné des souris contre la grippe avec ce patch semé d’aiguilles de moins de 1 millimètre de long, qui fondent sous la peau pour y répandre le produit. La technique permet une bonne conservation des vaccins à température ambiante (selon l’OMS, la réfrigération représente 14% du coût de la vaccination) et évite les risques liés aux seringues. Il reste à lancer les tests cliniques sur l’homme.
4. Un détecteur de chute pour personnes âgées
Créée par l’urgentiste Jean-Eric Lundy, la société Vigilio planche sur ce dispositif de télésurveillance. Il s’agit d’un patch muni d’un mini-accéléromètre, qui détecte les chutes et avertit les secours si les capteurs de mouvement répartis dans le logement confirment l’immobilité, ce qui évite les fausses alertes. Une étude clinique va être menée auprès de 200 personnes.
5. Une seringue
 100% automatisée
Soutenue par le pôle de compétitivité Minalogic (Grenoble), la start-up Eveon a conçu, entre 
autres brevets, une micropompe qui permet à ce dispositif de gérer des injections automatiques, sécurisées et ultraprécises. La société, qui a 
levé au total 4,5 millions d’euros depuis 2008, prévoit une mise sur le marché avant 2015.
6. Des organes cultivés 
en laboratoire
Fabriquer un greffon à partir d’un organe humain abîmé, ou de celui d’un animal, résoudra le manque de donneurs et le risque de rejet, car on sait déjà semer des cellules du receveur sur un organe dont on ne garde que la «charpente». L’an dernier, foie et poumons ainsi obtenus ont profité à un autre rat. En octobre dernier, au Wake Forest Baptist Medical Center (Etats-Unis), on a créé le premier foie humain issu d’un furet. En cardiologie, l’hôpital Gregorio Marañón (Madrid) espère lancer des essais cliniques d’ici trois ans.
7. Un vélo ultraléger pour garder la forme
Le designer américain John 
Villareal a imaginé un vélo ultraléger, 
au cadre en fibres de carbone. A l’avant et à l’arrière, 
des lampes à LED basse consommation amélioreront vision et visibilité du cycliste. L’absence de chaîne réduit le poids et les risques de panne. La transmission se ferait par des pignons. D’autres designers travaillent sur la propulsion par aimants supraconducteurs ! Après vingt ans de recherche, 
de telles roues «orbitales» (sans moyeu) ont été montées sur plusieurs prototypes de cycles.

La Chine de nos impuissances


L'Histoire retiendra certainement cet été 2011 comme le moment où la Chine a fait la leçon aux États-Unis, rappelant à l'« oncle Sam » qu'il faut « vivre selon ses moyens ». Que peut-on en penser ?

D'abord, il y a là le résultat d'un fait simple : jusqu'à présent, la Chine a mieux géré que les deux Occidents les conséquences de la crise économique qui a commencé en 2008. Il faut en faire compliment aux dirigeants et au peuple chinois. Les premiers ont su manier tous les leviers de la politique économique pour relancer leur appareil de production, tout en contrôlant à peu près l'inflation. Et leurs administrés admettent en majorité une politique autoritaire mais efficace, qui vise à investir plus qu'à distribuer.

Ensuite, il faut oser dire aux Chinois qu'ils ont bien tort de montrer autant d'arrogance car, en politique internationale comme dans les relations entre les individus, il ne sert à rien d'humilier autrui, surtout quand et c'est le cas de la Chine on a un besoin absolu de l'autre. Sans nos inventions qu'elle achève de piller et nos marchés qu'elle envahit, le miracle économique de la Chine aurait été impossible.

Mais pourquoi se gênerait-elle quand nous-mêmes sommes aussi faibles à son égard ? Le statut nouveau de la Chine populaire dans le monde et les prétentions qu'elle affiche appellent de toute évidence une réévaluation de notre politique à son égard. Il ne s'agit pas, bien entendu, de la traiter en ennemie, mais en partenaire, en fonction de nos intérêts propres et des moyens de pression dont nous disposons à son égard.

Une telle approche implique, en tout premier lieu, une harmonisation européenne beaucoup plus forte des politiques nationales en direction de Pékin. Elle seule permettrait, en effet, d'utiliser le meilleur argument que nous ayons : elle a beaucoup plus besoin du marché européen que nous n'avons besoin du marché chinois.

À l'heure où le marché américain devient plus difficile pour elle, la Chine ne peut pas se passer du nôtre. La meilleure façon de répondre à l'arrogance chinoise et de sauvegarder le respect que la majorité des Chinois nous portent, c'est encore d'être forts, et de le montrer.

Verts, et toujours pas mûrs

L’écologie politique à la française arrivera-t-elle un jour à maturité ? Sûrement pas avant le printemps. Toutes les conditions semblaient réunies, pourtant. Les résultats des Européennes et des Régionales - même s’ils doivent être relativisés par une faible participation et une absence d’enjeu national - ont montré un net décollage électoral. Les enquêtes d’opinion mettent en évidence l’importance grandissante des enjeux écologiques dans les mentalités. Les réflexes verts rentrent peu à peu dans les habitudes.

Jamais, sans doute, les Français n’ont autant manifesté leur attente d’une vision réellement écologique de leur avenir collectif. Et le seul mouvement politique censé leur répondre continue de s’égarer dans la jungle de ses enfantillages idéologiques, ne manquant jamais de prendre un détour supplémentaire sur le chemin du pouvoir, et gaspillant un temps précieux dans des disputes groupusculaires. EELV - une appellation fluide et légère qui fait rêver - manque décidément d’horizon.

Les premières heures de la colonie de vacances de Clermont-Ferrand confirment un gros problème de boussole. Où aller ? Comment ? Avec qui ? La carte est confuse. La marche préliminaire des primaires avait pourtant été sacrificielle. Le jeu de piste a tourné au jeu de massacre, type Koh-Lanta. Jugé trop télé, trop à droite, trop suspect, trop tendre, trop idéaliste ou trop bleu - trop, quoi - Nicolas Hulot a été victime de la sélection naturelle, orchestrée par les aboiements des plus sectaires que la direction a laissé faire. On ne l’a même pas entendue sur le nécessaire tri sélectif des arguments lorsqu’on a déversé une poubelle sur le candidat à la candidature. Le parfum rafraîchissant que la nouvelle diversité du mouvement écologiste était censée apporter a pris un coup de chaud.

A ce train-là, très électrique, on se disait que la date de péremption serait vite dépassée. Depuis, le courageux clientélisme démagogique d’Eva Joly auprès des paysans, qui «ne sont pas responsables» de la prolifération des algues vertes (non, non, le coupable c’est le sans- visage Monsieur Productivisme) n’a pas franchement purifié l’atmosphère. Et voilà qu’une nouvelle émanation nocive se produit au pied des volcans d’Auvergne.

Cette fois, c’est une proche de la candidate désignée, Laurence Vichnievsky, qui décaperait trop fort en mettant au jour la réalité. Tout juste si on n’a pas dit qu’elle était devenue folle, la nouvelle ! Et quand Dany Cohn-Bendit s’interroge sur la pertinence d’une candidature à la présidentielle préférant une stratégie parlementaire qui a fait ses preuves en Allemagne, c’est forcément un «schtroumpf grognon». Étranger à la cuisine française traditionnelle peut-être ?


«Faire de la politique autrement», disaient-ils tous, pourtant. Sans blague ?

Le pape dans l'arène espagnole

« No pasaran ». Le slogan de ralliement des républicains pendant la guerre civile espagnole a retenti avant l'arrivée du Saint Père à Madrid. Il était tourné contre les pèlerins : ils ne passeront pas ! C'est dire que le début du voyage pontifical pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) a pris une tonalité très inhabituelle. Un accueil sous tension où se mêlaient la ferveur de la foi, la colère des indignés et la protestation des défenseurs de la laïcité. Il faudra voir comment Benoît XVI, là où le charisme de son prédécesseur illuminait cette célébration, se sort de l'épreuve. Car c'en est une. Le voici en reconquête sur une terre de vieille tradition chrétienne, mais sur le déclin, que le Vatican voudrait réévangéliser. Un pays où l'Église, en perte d'influence, entretient des relations exécrables avec le gouvernement socialiste coupable, entre autres pêchés, d'avoir légalisé le mariage homosexuel. Une Espagne que la contestation sociale des indignés a mise en effervescence, leur combat contre l'austérité révélant aussi un fond d'anticléricalisme. Il n'en demeure pas moins que l'opportunité des JMJ en plein marasme économique, ce qu'elles coûtent au contribuable, suscite une polémique nationale. Le « bastion » catholique a fait les choses en grand. Dépenses somptuaires ou faste nécessaire pour témoigner la modernité et l'ouverture d'une société envers le plus grand rassemblement de jeunes qui existe au monde ? Le débat est vain. Quand bien même cette visite serait autofinancée, la question de savoir si l'argent public engagé est supérieur aux retombées sur l'économie ne peut que rester sans réponse.

Avant l’audience DSK, la pression monte

Pour les médecins qui ont examiné Nafissatou Diallo quelques heures après son agression, il n’y a pas de doute, il y a bien eu viol.

« Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression, viol », indique le rapport de l’hôpital new-yorkais publié par L’Express. Il précise que Nafissatou Diallo a décrit l’acte de viol et que la dernière page du rapport médical comporte un schéma sur lequel est hachuré au crayon l’emplacement des traumatismes sexuels.

Récemment encore, la défense de DSK affirmait que le dossier médical était « vide ».

L’ancien champion poids lourd du parti socialiste est toujours sous le coup de sept chefs d’accusation, notamment tentative de viol, agression sexuelle et séquestration. Ses avocats nient l’agression et plaident le rapport consenti avec la femme de chambre du Sofitel. William W. Taylor et Benjamin Brafman ont vivement protesté contre l’utilisation de ce rapport, « trompeuse et malhonnête » et essentiellement basée sur les propos de Nafissatou Diallo « qui a prouvé de manière répétée qu’elle n’était pas crédible ». Or ce rapport médico-légal a deux objectifs : faire un bilan médical de la plaignante et chercher les éléments physiques qui corroborent ces propos. Il est bien basé aussi sur des observations médicales. Pour les avocats américains de DSK, le traumatisme peut avoir été provoqué par un autre rapport sexuel antérieur… Et pourquoi pas par leur honorable client après tout, dont la mère de Tristane Banon, son ancienne maîtresse, a évoqué tout l’été dans la presse le goût pour les rapports sexuels brutaux. La fille, elle, a déposé plainte contre Strauss-Kahn pour tentative de viol.

A moins d’une semaine de l’audience cruciale du 23 août, la foire d’empoigne entre l’accusation et la défense est à son comble. Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont mené de nombreuses interviews dans la communauté africaine de New York pour essayer de construire le portrait d’une femme vénale, prête à tout pour rester aux Etats-Unis et y gagner assez d’argent pour y vivre avec sa fille de 15 ans. Les défenseurs de Nafissatou Diallo qui démentent toute motivation financière et ont insisté dans la plainte au civil sur le caractère « violent et sadique » de l’agression, espèrent à l’inverse que le procès aura lieu et que la date sera fixée mardi prochain. Dominique Strauss-Kahn, quant à lui, ne s’est jamais exprimé sur sa version des faits. Il sera obligé de la raconter au procès civil, pas au pénal.

Pourquoi les riches veulent payer plus

Comme les milliardaires américains, quelques grandes fortunes françaises demandent à payer plus d'impôts. Les points clés du débat et des liens pour comprendre ses enjeux. 

 1. A l'origine, des riches américains contre les baisses d'impôts
"Message aux membres du Congrès, par les millionnaires patriotes." Telle est la dédicace qui ouvre la vidéo postée début juin par un groupe d'entrepreneurs américains. Leur slogan: "Taxez-nous plus!" Ces ultra-riches demandent en fait de supprimer les exonérations fiscales qui leur sont accordées depuis 2001. Leur message n'a rien de nouveau, plusieurs milliardaires américains s'étant déjà manifestés en novembre dernier. Mais Warren Buffett a relancé le débat lundi: le patron de Berkshire Hathaway se plaint de ne payer en impôt que 17,4% de son revenu imposable. Et ce alors que Barack Obama a dû renoncer à augmenter les taxes des plus riches, sous la pression des républicains.
> Voir la vidéo des "millionnaires patriotes"
> Pour connaître les arguments de Warren Buffet, lire sa tribune sur le New York Times et la critique d'un économiste du Wall Street Journal (en anglais)
> Pour comprendre le contexte politique de son intervention, lire "Les trois leçons de la crise de la dette américaine"
2. Maurice Lévy veut combler le déficit françaisQuelques heures seulement après l'appel de Warren Buffett, Maurice Lévy a repris le flambeau de ce côté-ci de l'Atlantique. Là aussi, le patron de Publicis et président de l'Association française des entreprises privées évoque le déficit budgétaire, critiquant au passage l'absence d'unité politique sur la règle d'or. Tout en demandant une réduction drastique des dépenses de l'Etat, il appelle de ses voeux une "contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis". En ces temps de rigueur, il juge "indispensable que l'effort de solidarité passe d'abord par ceux que le sort a préservés".
> Pour comprendre l'appel de Maurice Lévy, lire sa tribune dans Le Monde
3. Un coup de pouce à la taxation des très hauts revenus?Maurice Levy ne précise pas les modalités de sa "contribution". Pierre Bergé, le fondateur de la maison Yves-Saint-Laurent, connu pour son engagement à gauche, se fait plus précis en demandant de "taxer davantage les hauts revenus". Un projet en ce sens circule depuis plusieurs mois, mais le gouvernement tergiverse. L'appel de Maurice Lévy va-t-il accélérer les choses? Pour Pierre Bergé, tout dépendra "du nombre des riches amis du Président de la République qui lui téléphoneront"...
> Pour comprendre ce que propose Pierre Bergé, lire ses interviews dans La Tribune et sur RTL
4. Millionnaires ou milliardaires, à qui le tour?Après Pierre Bergé et Maurice Lévy, les Bernard Arnault, Martin Bouygues, François Pinault et autres Serge Dassault réclameront-ils aussi plus d'impôts? Rien n'est moins sûr. Sur RTL, Pierre Bergé ne croit d'ailleurs pas à une vague d'enthousiasme. Quatorze Français figurent pourtant au dernier classement Forbes des plus grosses fortunes mondiales. Parmi eux, Liliane Bettencourt, dont le taux d'imposition serait de 9% seulement.
> Pour découvrir les plus grosses fortunes françaises, voir le diaporama "Les milliardaires français distingués par Forbes"
> Pour comprendre pourquoi certains milliardaires sont peu imposés, lire aussi "Pourquoi Liliane Bettencourt paye si peu d'impôts"
5. Entre la France et les Etats-Unis, un contexte culturel différentWarren Buffet et les "millionnaires patriotes" proposent de payer plus d'impôts pour aider à résoudre le problème de la dette. Mais au-delà du contexte actuel, la philanthropie fait partie intégrante de la vie économique outre-Atlantique. L'été dernier, quarante milliardaires s'étaient engagés à verser la moitié de leur fortune à des organisations caritatives de leur vivant ou à leur mort, à l'initiative de Bill Gates et... Warren Buffett. Un projet fidèle à la notion de self-made man, qui considère l'héritage comme un frein à l'innovation et à la création de nouvelles richesses.
> Pour savoir qui sont les Américains les plus généreux, voir le diaporama "Ces milliardaires qui font don de leur fortune"
> Pour comprendre ce qui les pousse à donner leur fortune, lire "Pourquoi les riches américains sont si généreux"
> Pour comprendre les différences culturelles et religieuses entre milliardaires français et américains, lire aussi "Pourquoi les riches français sont moins philanthropes que les Américains"

Aide à la Grèce: la demande d'Helsinki fait tache d'huile

L'Autriche, les Pays-Bas et la Slovaquie souhaitent à leur tour la mise en place d'un collatéral attaché aux prêts consentis à Athènes si l'accord conclu entre la Finlande et la Grèce est approuvé par les pays de la zone euro.

Le modèle collatéral doit être ouvert à l'ensemble des pays de la zone euro. Nous allons voir si c'est le cas, a indiqué Harald Waiglen, porte-parole du ministère autrichien des Finances, dans les colonnes du Helsingin Sanomat.
Les trois pays à vouloir suivre la voie de la Finlande contribuent à hauteur d'environ 11% au plan de sauvetage de 109 milliards d'euros accordé à Athènes.
La Finlande est parvenue à un accord avec la Grèce concernant le collatéral attaché aux prêts consentis par Helsinki à Athènes, ce qui devrait faciliter la mise en place d'une aide du pays nordique au plus endetté des membres de la zone euro.
La mise en place d'un collatéral - des actifs déposés en garantie lors d'un emprunt - à ses prêts était une condition sine qua non pour que la Finlande accepte de participer au plan d'aide à la Grèce.
La coopération du pays à ce plan est considérée comme importante, non pas en raison de la taille de sa participation mais parce qu'il s'agit de l'un des six membres de la zone euro à bénéficier d'une note AAA, la plus élevée possible.
Un représentant du gouvernement grec a toutefois prévenu que l'extension de cette option à d'autres Etats de la zone euro reviendrait à annuler les effets de l'aide d'urgence.
Il a donc rapidement fait savoir qu'Athènes n'évoquait pas une telle éventualité avec d'autres pays que la Finlande.
Nous ne discutons pas de cela, a-t-il dit sous couvert d'anonymat. "Lancer de telles discussions reviendrait à annuler l'effet du plan de sauvetage.
Le ministre grec des Finances a refusé de commenter ces informations.
"Si d'autres Etats membres de la zone euro demandent des collatéraux pour garantir leur contribution au deuxième plan de sauvetage, le montant des fonds disponibles s'amenuise, ce qui compromet le succès de cette nouvelle aide", commente Theodore Krintas d'Attica Bank.
Marco Valli, économiste en chef de la zone euro chez UniCredit, estime de son côté que la multiplication des demandes sape la crédibilité du plan d'aide

Pourquoi la croissance européenne cale

Selon Eurostat, le PIB européen a augmenté de seulement 0.2% par rapport au premier trimestre 2011, dans la zone euro et pour les Vingt-Sept pays de l'Union européenne. Retour sur les raisons de ce coup d'arrêt.
Le cœur de la zone euro souffre...
Effet de réajustement après un très bon premier trimestre ? Conséquences des tensions autour des dettes des pays périphériques de la zone euro, qui, après avoir touché la Grèce, se sont abattues sur le Portugal puis menacent l'Espagne et l'Italie ? Probablement un peu des deux pour les analystes, peu surpris par un deuxième trimestre morose sur le plan de la croissance. Si les chiffres minimalistes de l'augmentation du PIB en France (0%), au Royaume-Uni (0,2%), en Espagne (0,2%) et en l'Italie (0,3%) étaient attendus, le freinage brutal du PIB allemand, qui n'a augmenté que de 0,1% par rapport à l'excellent premier trimestre (1,5%), a été plus rude que prévu. L'ampleur du ralentissement en France et en Allemagne, dont le PIB représente à eux seuls près de 50% de celui de la zone euro, a surpris les économistes, qui tablaient sur une progression située entre 0,3% et 0,5% pour l'Allemagne.
Si la locomotive de la zone euro connaît un brutal coup d'arrêt, Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, dédramatise. "Le mauvais chiffre allemand est en partie lié à une combinaison de facteurs temporaires, comme le net ralentissement de la demande automobile mondiale, l'augmentation de l'inflation au deuxième trimestre, une consommation des ménages en berne, des exportations moins performantes et le contrecoup de la fin des grands chantiers publics dans le secteur de la construction. Il ne s'agit pas de la fin de la forte croissance allemande mais plutôt un rééquilibrage après un excellent premier trimestre", analyse-t-il.
Autre pays noté triple A par les agences de notation, les Pays-Bas ont vu leur PIB croître de seulement 0,1% au deuxième trimestre. Au Royaume-Uni, les conséquences de l'austérité, l'inflation élevée et l'érosion du pouvoir d'achat des ménages aboutissent également à une croissance maigre, de seulement 0,2% du PIB. Seule exception à ce tableau morose : la Belgique. Le plat pays voit son PIB croître de 0,7%. Mais attention au trompe-l'œil. "L'absence de plan d'austérité, la bonne tenue des exportations et la pression fiscale plus forte donnent l'illusion d'une meilleure santé économique. Mais cette divergence avec les autres économies de la zone euro est anecdotique. La Belgique va rentrer dans le rang car le cycle de l'économie belge reste fortement corrélé au reste de la zone euro", met en garde Sylvain Broyer.

... et impacte la croissance des pays d'Europe centrale
Entrer dans le rang, c'est également ce qu'ont fait les pays d'Europe centrale, pourtant habitués à des chiffres de croissance plus élevés. Au deuxième trimestre, le constat est sans appel : 0% pour la Hongrie, 0,1% pour la Bulgarie, 0,2% pour la République Tchèque, la Lituanie ou la Roumanie. La croissance polonaise pourrait se limiter à 0,3% selon Citibank. Pour Juan Carlos Rodado, spécialiste des économies de l'Europe centrale et orientale chez Natixis, l'Europe centrale est la région la plus touchée par la décélération de l'économie allemande. "Le ralentissement de l'Allemagne, les tensions sur les dettes et les fortes instabilités sur les monnaie font plonger la croissance de pays très dépendants tels que la Hongrie, la République Tchèque ou la Pologne", explique l'économiste, qui se réfère à un modèle de croissance tiré par les exportations.
En effet, un tiers des exportations des pays d'Europe centrale sont destinées au marché allemand. Les exportations polonaises ont ralenti de 12% en juin par rapport à mai. Le pays est également handicapé par les tensions sur les marchés des changes. Les prêts libellés en devises étrangères représentent 59% du total des prêts immobiliers polonais, et la plupart sont libellés en franc suisse, une valeur refuge qui s'est appréciée de 40% depuis 2008 face à l'euro. Pour la Hongrie (0% de croissance du PIB au deuxième trimestre), qui s'est ruée depuis dix ans sur les prêts privés libellés en francs suisses, la situation est encore plus catastrophique. La Roumanie et la Bulgarie pâtissent d'une demande interne en berne, en partie liée à l'austérité. Le fait qu'une grande partie du secteur bancaire.

Seuls les pays du nord restent performants
Dans ce tableau pessimiste, seuls les "pays du Nord" de l'Europe tirent leur épingle du jeu. Ce groupe de pays, daont l'Allemagne fait habituellement partie, se caractérisent moins par leur proximité géographique que par leur moteurs de croissance similaires : un endettement faible et une gestion rigoureuse des finances publiques, des conditions monétaires favorables car très lâches, et des excédents courants. Grâce à des fondamentaux solides, la Finlande enregistre ainsi une croissance de 1,2% par rapport au premier trimestre, tandis que la Suède affiche 1% d'augmentation, tout comme l'Autriche. Mais l'absence, ce trimestre, de l'Allemagne pour compléter le podium inquiète les analystes. Au sortir de deux semaines de tourmente boursière, les chiffres décevants de la croissance européenne jettent une ombre sur la capacité de l'Union européenne, et notamment de l'Allemagne, à régler la crise de la dette. Pour le troisième trimestre, la croissance allemande devrait rebondir, mais l'Union européenne ne devrait croître que de 0,3% ou 0,4%, preuve d'un ralentissement qui s'inscrit dans la durée.

Vive la crise: la Grèce dépénalise

Evidemment, on est en droit de penser que le gouvernement grec, dont le pays est au bord de la banqueroute, a mieux à faire que de s’occuper de drogues. D’un autre côté, on peut aussi penser qu’en ces temps difficiles pour le peuple grec, un petit pétard sans être emmerdé par la police peut aider à faire passer la pilule financière.
Quoi qu’il en soit, le ministre socialiste de la Justice Miltiadis Papaioannou a présenté le 2 août au comité des affaires sociales du Parlement un projet de décriminalisation de l’usage de drogues, à condition qu’il se fasse dans un cadre strictement privé. Un projet qui vient conclure un an de débats lancés par le Premier ministre George Papandreou, par ailleurs membre de la Global commission on drug policy, réunion d’anciens chefs d’Etats et politiques de tous bords demandant un arrêt de la guerre mondiale à la drogue.
La philosophie générale du texte, a déclaré le ministre, est de ne plus considérer les drogués comme des délinquants mais comme des malades. Un projet qui semble s’inspirer de ce qui se fait, avec succès, au Portugal. Pour Miltiadis Papaioannou:
« Nous ne deviendrons pas la Hollande. Mais les toxicomanes ont besoin de traitement pas d’être enfermés en prison. Nous ne voulons toutefois pas non plus envoyer le message qu’il n’y aura plus de sanctions – il y en aura. »
Le secrétaire d’Etat à la Justice Gioros Petalotis a ajouté de son côté:
« Nous ne pouvons pas envoyer les gens en prison pour deux grammes de haschich. » Affirmant que les personnes arrêtées en possession de drogues « seraient désormais considérées comme des délinquants mineurs. Nos prisons sont pleines de détenus pour des délits liés à la drogue. Ce sont des gens qui ont besoin d’aide ».
Le projet n’est pas encore strictement défini, mais à ce stade, la mesure semble devoir s’appliquer à toutes les drogues. Selon Greek Reporter, et le site de Ekathimerini, la possession et la revente de drogues resteraient des infractions, ainsi que la culture de cannabis. Mais s’il n’y a pas d’intention de revente, la possession et la culture ne seraient plus considérées que comme des délits mineurs et non des crimes comme aujourd’hui.
Le projet prévoirait également la mise en place de traitements pour toxicomanes, particulièrement dans les prisons. Les condamnés reconnus comme toxicomanes pour des infractions mineures pourraient également échapper à la prison en acceptant d’aller en cure de désintoxication. Les places dans ces centres devront être multipliées car les listes d’attente sont aujourd’hui interminables.
Une proposition de loi qui serait motivée par deux statistiques récentes: plus de 300 décès seraient liés à l’usage de drogues chaque année en Grèce. Et 40% des détenus le seraient pour des affaires liées à la drogue. C’est peut-être le point sur lequel le projet de décriminalisation rejoint les préoccupations budgétaires de la Grèce.
Vider les prisons de détenus qui ne faisaient de mal qu’à eux-mêmes pourrait en effet permettre de réaliser quelques économies pour le gouvernement. De nombreuses études s’accordent aujourd’hui à dire que le traitement des toxicomanes est beaucoup plus économique que leur enfermement. Un argument régulièrement repris par les adversaires de la guerre à la drogue. Le site Athens News cite ainsi une étude « officielle » selon laquelle le traitement serait dix fois moins coûteux que la prison. Enfin, d’après le mesure Papaioannou, la mesure permettra à la police de se concentrer sur d’autres priorités plus importantes.
Si ce projet est adopté, la France va se trouver de plus en plus isolée au niveau européen dans sa politique de tolérance zéro. La Pologne, qui était l’un des pays les plus répressifs, vient en effet d’adopter des mesures invitant les procureurs à ne plus poursuivre les simples consommateurs arrêtés pour la première fois. La France reste donc l’un des tout derniers pays de l’UE, avec la Grèce et la Suède notamment, à prévoir des peines de prison ferme pour la simple consommation de drogues. Avec les résultats que l’on sait: nous sommes l’un des pays d’Europe où les jeunes consomment le plus de cannabis.