TOUT EST DIT

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mercredi 25 juillet 2012

Petite psychanalyse de l’Etat : le gouvernement français prend-il inconsciemment les employés de PSA pour des incapables ?

Arnaud Montebourg doit présenter ce mercredi son plan de soutien à l'automobile, dont les axes sont de soutenir les équipementiers et de favoriser la R&D. Pour le psychiatre Jean-Paul Mialet, l’État se conduit là comme des parents - qui "savent" tout - avec leurs enfants.
Le redressement productif ? Un jeu d'enfant. On convoque les patrons des entreprises qui produisent trop peu, ou mal, et on leur fait copier 100 fois : "je ne tricherai pas", "je ne mentirai pas", ou surtout "je ne licencierai pas". Finie l'époque d'indulgence du proviseur ; avec les surveillants généraux d’aujourd’hui, tout le monde rentre dans le rang. Que le peuple dorme tranquille.
Connaissez-vous la différence entre immaturité et maturité ? Pensez à votre enfant. Il attend tout de vous. Il vit dans un monde de géants. Vous êtes pour lui - c’est flatteur - un de ces géants-là, qui ne perd jamais pied même dans les eaux les plus profondes. Où qu’il aille avec vous, il est protégé : vous le porterez au-dessus des abîmes. L’immaturité est la bienheureuse conviction de disposer d’une protection illimitée. 
Période d'insouciance dont on conservera toujours de la nostalgie. Mais avec un revers. Dans ce monde où certains – "les grands" - disposent de tous les pouvoirs, l'enfant, lui, en a peu : il doit se contenter de ce que lui laissent ceux qui "savent" en le protégeant contre des dangers qu'il ignore. La sécurité protectrice a un prix : la dépendance.
Par chance, les "grands" sont souvent décevants. Ils se trompent, ne vivent que leur vie et pas celle des autres. Parvenu à la maturité, on comprend qu'on ne peut compter que sur soi-même. Ce que l'on perd en certitudes sécurisantes, on le gagne en liberté. On est maître de son existence.
Mais il reste toujours au fond de soi un enfant qui veut être protégé. Ou, plus sournoisement, un enfant qui se pique de jouer aux grands et de protéger tout le monde. Notre regard d’enfant ne nous quitte jamais tout à fait.
Inspirerait-il tout particulièrement les politiques ?
De la "big mother" dont s’alarmait Michel Schneider, l’état français semble passer aujourd’hui au "little father". Nos ministres se comportent comme de "bons" grands, qui vont protéger les petits contre d’autres grands, les "mauvais". Une lutte de géants, volontiers énarques, réduit l’ensemble du peuple français à une vaste cour d’enfants incapables d’assumer leur part d’histoire. 
Et si ce peuple était pourtant capable d’initiative quand on le traite en adulte, quand on lui fait confiance et qu’on le responsabilise. Les français n’ignorent pas qu’il y a une crise, ils sont prêts à accepter des changements et, peut-être plus qu’on ne le croit, à inventer de nouvelles façons de vivre ensemble et de travailler. Mais, même s’ils en rêvent , ils ne supportent pas qu’on leur mente en leur promettant l’impossible. S’il y a des enfants en France, ils sont peut-être, paradoxalement, dans la cour des grands plus que chez les petits – de ces grands qui plastronnent et veulent se faire plus forts que le mouvement du monde.

Arnaud Montebourg, une erreur de casting dans le système hollandais ?

Nous avons attiré l’attention sur la gravité de l’affaire Peugeot.
Le dossier de la restructuration de PSA est important, avons-nous expliqué, car il va servir de référence, d’exemple, pour les restructurations futures, il va créer des procédures nouvelles, des principes nouveaux, des droits nouveaux, etc. 
Bien entendu, toutes ces innovations iront dans le même sens, à savoir le sens de la limitation de la liberté d’entreprendre, de la liberté de gérer, dans le sens de l’augmentation des pouvoirs de la classe politique, de ses technocrates, de ses fonctionnaires et bien sûr de ses banquiers. 
Nous avons expliqué que tous ces gens en ont assez assez de leur statut infantile, assez de faire joujou avec les signes, les abstractions, la parlotte, ils veulent  enfin jouir du Pouvoir, du Vrai, du Pouvoir sur les Gens. Nous avons assez  fréquenté le monde politique pour savoir, pour avoir compris, qu’il fait un complexe d’impuissance face à ceux qui gèrent le  réel, qui se le coltinent, qui en souffrent, mais qui, en contrepartie, en jouissent. Ce qui est à la racine de l’interventionnisme, ce n’est évidemment pas la prétendue compétence de nos gouvernants et de leur classe de bureaucrates,  ce n’est pas non plus la meilleure prise en compte de l’intérêt général, surtout pas; non, c’est l’envie, le « ôte-toi de là que je m’y mette ».
Le changement, c’est cela en France, c’est le grand « ôte-toi de là que je m’y mette ». On a connu de grandes vagues de changement dans l’histoire française, elles ont toujours été inspirées par le même motif avec des manifestations quelques fois sanglantes, comme lors des épurations successives de la Révolution ou de La Libération. Cette dernière ayant été encore plus significative que les précédentes sous l’aspect « ôte-toi de là que je m’y mette ». 
Le procédé est toujours le même, la diabolisation de l’ennemi, son dénigrement. Mais aussi la réécriture de l’histoire.  
Nous soutenons que le système français se caractérise par un antagonisme fondamental et que le fait de l’occulter, de le nier, de le masquer, fait partie intégrante du combat. Ce procédé permet  à la coalition des attaquants d’avancer masquée, sous couvert de légitimité, de compétence, d’intérêt général, lesquels ne recouvrent que la collusion d’intérêts particuliers scandaleux.
La lutte des classes est un concept intéressant, mais il est abstrait, concrètement dépassé, historiquement dépassé. Il est le produit d’un moment de l’Histoire marqué par un certain rapport des forces de production et par un certain stade de la pensée. Les gesticulations et abstractions des néo-marxistes pour faire rentrer la situation présente dans le cadre des analyses marxistes sont assez pitoyables, elles se déconsidèrent d’elles-mêmes par leur caractère abscons, leur inintelligibilité. Même pour les plus grands, comme Alain Badiou. Même pour les plus intelligents comme le défunt Daniel Bensaid.
Mais il y a une chose qui doit être retenue de cette idée de lutte des classes, c’est l’idée qu’il y a des antagonismes sociaux et que les lois, les idéologies, les organisations politiques, les idées dominantes, les organisations sociales sont, font partie intégrante de ces antagonismes, de ces luttes. Tout cela est la fois enjeu de conquête, mais aussi une fois que la conquête est opérée, cela devient une arme pour les avancées, conquêtes futures. 
  • Ce n’est pas vrai que tout le monde il est beau, que tout le monde il est gentil ;
  • Ce n’est pas vrai que l’homme est né bon, que la solidarité est une valeur universelle ;
  • Ce n’est pas vrai que ceux qui tiennent le haut du pavé veulent votre bien ;
  • Ce n’est pas vrai qu’ils gouvernent ou servent les gouvernements dans l’intérêt général ;
  • Ce n’est pas vrai qu’ils sont légitimes dès lors qu’ils ont été élus, mais qu’ils vivent sur le mensonge et la non transparence ;
  • Ce n’est pas vrai qu’ils défendent et sont détenteurs des valeurs universelles comme la justice, la morale. La liste est longue, mais nous pensons que vous nous avez compris; derrière les masques de la justice, de l’intérêt général se cache toujours la loi du plus fort. Les masques ont pour fonction de vous tromper, de vous culpabiliser, de faire sorte que vos révoltes et ressentiments soient désamorcés. De faire en  sorte que vous tendiez toujours la joue gauche, que vous doutiez de vous et du bien fondé de vos convictions. Les Pouvoirs ont un besoin absolu que vous perdiez confiance en vous, en vos croyances, en votre éducation; il leur faut détruire vos valeurs, vos acquis où qu’ils s’enracinent.

C’est cela le changement. Vous vous coupez de vos bases, de vos racines. La destruction de ce qui constitue vos bases, vos repères, votre raison d’être, votre héritage social et familial. 
Il faut faire de vous un homme un sujet nouveau, malléable, prêt à se rallier, lui aussi, comme ceux qui l’ont  fait avant vous. Comme ceux qui, en échange de leur pain quotidien, ont le cou pelé par le collier de la servitude librement acceptée, comme ceux qui ont accepté de renier leur statut de loup libre, révolté, mais noble et fier de ses combats.
Nous insistons, les Pouvoirs ne vous dépossèdent de vos biens  du sens  de votre vie, que par la mystification. Ils vous font croire que vous avez tort, ils réécrivent l’histoire pour vous en persuader. Ils trafiquent la mémoire. Ils vous font croire que vos révoltes et rebellions ne sont pas légitimes, ils vous font marcher sur la tête en inversant, par leur propagande, les causes et les effets. Ils se servent de l’idéal démocratique pour mieux le bafouer, du principe de charité et de solidarité, pour mieux vous tondre et vous piller.
Dans nos sociétés, il y a un grand clivage, the big divide, comme l’ont théorisé les think tanks américains. Il y a d’un côté les producteurs, ceux qui produisent des richesses, biens et services fondamentaux, et il y a les autres, tous les autre qui ne produisent rien, mais vivent quand même, ceux-là vivent de répartition.
C’est une distinction à la hache, un concept opérationnel pour réfléchir, pour mettre en ordre le chaos complexe du monde réel. Mais c’est là que cela se joue, là que cela se noue. C’est là que se noue la Grande Alliance contre vous. Contre le Privé. Contre les producteurs. 
Tous ceux qui vivent de prélèvement/répartition ont un intérêt commun, une raison fondamentale de forcer le mouvement de l’histoire toujours dans le même sens. Ce sens, c’est celui de la socialisation qui les nourrit, qui augmente leur pouvoir, leur jouissance, leur nombre.  
L’homme est intersection de l’individuel et du social. Le sens de leurs actions inconscientes est de pousser à la modification de l’équilibre entre l’individuel et le social, de faire en sorte que vous soyez de moins en moins vous-même, individu libre et authentique et, de plus en plus, un être social, un sujet. Pour cela, il faut vous dépouiller, vous castrer, et de plus en plus, et, en plus, avec votre consentement.  La Grande Coalition vous dépouille de tout ce qui fait de vous, de tout ce qui pourrait faire de vous, des individus autonomes, indépendants, et fiers de l’être, pour vous transformer en sujet social de second ordre.  
De second ordre, car l’ordre premier, c’est eux. Eux qui manipulent les lois, les idées, l’histoire. Et quand c’est nécessaire, et ce l’est de plus en plus, ils utilisent la violence.  
Avis à Monsieur Jospin chargé par la énième mystification politicienne de réfléchir sur la moralisation de la vie politique, Monsieur Jospin, vos tartes  à la crème sur les mandats cumulés, les prises illégales d’intérêt, ne sont rien à côté du crime princeps, quotidien, de la Grande Coalition, son crime de mensonge et de perpétuel lèse vérité. Le vrai crime, le plus grave de tous ces gens, est le mensonge, le détournement de la vérité, la non transparence, l’organisation de la névrose sociale fondée sur la fausseté.
Là, on voit clairement le conflit dont nous parlons, le conflit pour le pouvoir. Toute la position de Montebourg consiste à profiter des restructurations de l’outil de production pour monter ou tenter de montrer qui est le patron. Une solution optimum fondée sur la compétence professionnelle la technicité, voire le bon sens, ne l’intéresse pas. Ce qu’il veut, c’est abaisser le symbole que constitue la famille Peugeot, l’humilier. Nous lisons qu’il a mis en cause la stratégie du constructeur et la stratégie patrimoniale de la famille.
Et le public et les médias suivent, applaudissent. 
La famille est tombée dans le piège, elle se défend sur le terrain balisé par ses ennemis. 
Elle répond  « qu’elle a toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie, n’hésitant pas à diluer sa participation quand la situation le requerrait ».  
Le problème n’est pas là. Qui connaissait il y a 20 ans, 10 ans, la bonne stratégie pour Peugeot ? Un chef d’entreprise travaille, investit en avenir incertain. A chaque fois qu’il prend une décision, c’est en avenir non écrit, c’est un choix, un pari. Un terrible pari  dans lequel il risque son patrimoine, son statut social.

Alors, il faut dire aux stratèges en chambre, à tous ceux qui n’ont jamais rien fait de bien dans leur vie,  rien d’autre que séduire ou plaire, qu’il est facile de critiquer a posteriori. De deviner le numéro gagnant après que le tirage ait eu lieu.  
En moins de deux mois, le nouveau gouvernement a accumulé plus d’erreurs criminelles que tout le secteur privé réuni, par la rupture de l’axe franco allemand, par ses hausses de la fiscalité sur l’épargne pour ne prendre que deux exemples. Si ce gouvernement avait la capacité de juger de son action présente avec les yeux et l’expérience de demain ou après-demain, il annulerait tout ce qu’il a fait depuis sa prise de pouvoir sous ces deux aspects. Ce sont des erreurs qui coûteront cher en niveau de vie futur, en chômage et en dignité.
C’est une escroquerie intellectuelle de critiquer des choix passés  opérés en avenir incertain, à la lueur des certitudes du présent.
Et la classe politique, ses bureaucrates, ses kleptocrates se sont fait une spécialité de jouer de l’inculture du peuple et de sa naïveté pour conquérir de plus en plus de pouvoirs. Dans un pays où 56% de la dépense nationale, chiffres de l’INSEE,  est une dépense publique, le champ d’action du privé est de plus en plus restreint, il devient de plus en plus irresponsable, la capacité de prévision et d’anticipation se réduit comme peau de chagrin. Dans un pays comme celui-là, c’est le règne du bonneteau, le règne de l’arbitraire, du hasard. Du hasard dans lequel quand vous perdez, en plus, on vous plante le poignard dans le dos.
Nous espérons, au cours de l’été, pouvoir vous développer un texte scandaleux, vraiment scandaleux qui montre sur un cas concret, historique les ravages de la politique, les crimes des politiciens constructivistes, leurs infâmes mensonges. Nous pointerons les responsabilités des soi-disant idoles qu’étaient Mitterrand et Kohl dans la mise en place de l’euro. Vous finirez par penser comme nous,  que tous ces gens sont des usurpateurs, des menteurs, de vrais incompétents, dont la seule force réelle est de pouvoir faire payer aux autres leurs erreurs et prétentions.
En effet, le journal allemand Der Spiegel a forcé légalement les autorités allemandes à rendre publics les documents de l’Administration de Helmut Kohl. Ces documents étaient confidentiels. Ce sont des centaines de pages qui vont de 1994 à 1998 et qui traitent de l’introduction de l’euro et  l’inclusion de l’Italie.  
Des documents d’histoire, de la vraie histoire, pas de l’histoire de l’industrie automobile à usage de gauche réécrite par Montebourg. De l’histoire « live », vivante de l’époque et qui montre à quel point ces gens sont nuls, incompétents, menteurs et à quel point ils sont cyniques de jouer aux dès l’avenir des peuples. Ferré parlait « du capital qui joue aux dès notre royaume » mais là, c’est bien pire, ce sont deux individus mégalomanes qui veulent construire l’histoire et jouer aux dès nos nations, notre futur et celui de nos enfants
Dans ces documents, on voit toute l’absurde genèse du monstre européen, comment Kohl a trompé le peuple allemand et la Cour Constitutionnelle allemande avec son  complice français. On y apprend que Kohl a bâclé, c’est le mot, l’union monétaire pour des raisons électorales , avant les élections au parlement en 1998, parce que sa réélection était en difficulté !  On y apprend que c’est en toute connaissance de cause de la situation italienne que Mitterrand et Kohl ont accepté cyniquement de la faire entrer dans l’union, ce qui a ouvert la voie aux admissions des autres pays du sud, ces fameux pays dit du Club Med. Toute la dégringolade était sue, suivie, et on a menti, dissimulé. Tous les problèmes que l’ont fait semblant de découvrir et de traiter depuis 2010, étaient connus, prévus, ce sont ces gens qui les ont causés et qui maintenant vous les font payer, à vous et à vos enfants et aux enfants de vos enfants.
Vous le savez, une de nos idées phares est de réintroduire la responsabilité du monde politique. Ne pas être réélu ne suffit pas, au contraire, car quels que soient les crimes qu’ils ont commis, peu de temps après, effet de mémoire et de propagande, ils sont réhabilités. Il faut créer une continuité de la responsabilité de l’Etat, de ses serviteurs, de la classe politique, afin qu’ils ne puissent plus jamais dire, ce n’est pas moi, c’est l’autre. Faute de la réintroduction d’une telle responsabilité et des sanctions correspondantes, le mouvement actuel de dislocation, d’éclatement social se poursuivra avec son aboutissement final, le retour à une société de violence.



GRAND CHAGRIN :Royal n'ira pas aux universités d'été du PS à La Rochelle

«Elle est comme un grand sportif qui a une triple fracture. La tête va bien mais la jambe est dans le plâtre», confie au Figaro un proche de l'ex-candidate aux législatives battue par un dissident PS.

Battue sévèrement par le candidat socialiste dissident Olivier Falorni, dans la 1re circonscription de la Charente-Maritime, Ségolène Royal n'ira pas aux universités d'été du PS à La Rochelle fin août, comme l'a annoncé mardi soir lefigaro.fr. La présidente de la région Poitou-Charentes a vu son «cercle rapproché» le week-end dernier pour faire le point sur les semaines et les mois à venir. Elle leur a fait part de son souhait de prendre du recul et de la hauteur, après l'«épreuve» - c'est ainsi qu'elle a qualifié sa défaite. «Elle a besoin de temps pour se reconstruire, explique un proche. Elle est comme un grand sportif qui a une triple fracture. La tête va bien mais la jambe est dans le plâtre. Elle doit se reposer.»
Ségolène Royal a fait part de sa décision mardi à la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Les deux femmes, qui se sont vues longuement il y a quelques jours, avaient déjà évoqué la question à cette occasion mais Royal n'avait pas encore pris sa décision. Pour excuser son absence, Royal avance son déplacement fin août au Cap, en Afrique du Sud, où elle doit se rendre pour le congrès de l'Internationale socialiste (du 30 août au 1er septembre). Elle avancera son voyage et partira ainsi «trois ou quatre jours avant» le début du congrès, précise un proche, qui insiste sur «l'importance» que revêt ce rendez-vous aux yeux de l'ex-candidate à la présidentielle de 2007. Royal profitera de ce déplacement pour demander à rencontrer l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela, si la santé de ce dernier le permet.

Une «scène de crime»

Le PS avait hésité à supprimer ses universités d'été de La Rochelle, estimant qu'il n'était peut-être pas très judicieux de faire une rentrée politique placée sous l'égide du rassemblement sur une «scène de crime» après le duel fratricide qui a opposé Royal et Falorni aux législatives. Finalement, les universités d'été auront bien lieu, du 24 au 26 août. «Ce n'est plus un sujet, botte en touche le tombeur de Royal, Olivier Falorni, qui par mesure de rétorsion contre le maintien de sa candidature dans la 1re circonscription de Charente-Maritime n'a pas pu intégrer le groupe PS à l'Assemblée. Nous avons gagné, pourquoi y aurait-il des problèmes, des tensions? À moins que Royal ait envie de régler ses comptes?» Dans un sourire, le député ajoute: «Moi, en tout cas, j'y serai, à La Rochelle…»
Chouchoutée par Martine Aubry, Royal vient d'être nommée conseillère auprès de la première secrétaire, «en charge des mobilisations citoyennes». Deux de ses proches, Hélène Geoffroy, députée du Rhône, et Françoise Mesnard, vice-présidente de la région Poitou-Charentes, ont intégré la nouvelle équipe de direction du PS. Royal est en outre la première signataire - non ministre - à signer la contribution Aubry-Ayrault pour le congrès. «Elle place ses pions» veut croire l'un de ses amis.

Pourquoi je ne vous embaucherai pas

Il y a quelques mois, Contrepoints avait proposé à ses lecteurs une traduction de l'article du blogueur hongrois Andor Jakab, qui avait atteint une certaine notoriété sur la toile et dans lequel il relatait les difficultés d'un entrepreneur à embaucher un salarié. Georges Kaplan nous propose aujourd'hui une analyse comparable dans le contexte français.
En tant que patron et actionnaire unique, je n’embaucherai un salarié que si j’ai des raisons objectives de penser que sa contribution aux résultats de ma petite entreprise sera supérieure ou au moins égale à son salaire. Je sais bien que les marxistes appelleront ça de l’exploitation mais je me permets de vous rappeler que, dans cette opération, celui qui prend tous les risques, c’est moi. C’est le principe du capitalisme : celui qui investit ses économies et s’endette même parfois lourdement pour créer son entreprise, c’est le patron. Celui qui devra faire la variable d’ajustement si son salarié est malade, en vacances ou en congé-maternité, c’est le patron. Celui qui devra réduire ses émoluments, ne rien gagner du tout ou même perdre de l’argent si ses affaires périclitent, c’est le patron. Si les bolchéviques veulent éviter d’être exploités, je les invite à créer leurs propres boîtes ; on en reparlera. En attendant, celui qui risque la faillite, celui qui travaillera 60 heures par semaine sans même être sûr de pouvoir se payer, c’est moi. Alors oui, je vous le confirme, je n’embaucherai quelqu’un que si j’ai de bonnes raisons de penser que j’ai quelque chose à y gagner.
Mais je suis un garçon optimiste et, à vrai dire, le simple fait d’avoir quelqu’un avec qui discuter durant mes journées de travail est une perspective qui m’est agréable. Aussi, suis-je prêt à embaucher un salarié pour peu que sa contribution au résultat de mon entreprise rembourse son salaire ; c'est-à-dire que je ne gagnerai rien et, qu’au sens marxiste du terme, je ne l’exploiterai pas. Par exemple, si je rencontre un candidat qui, selon mes estimations, est capable de générer 4 215 euros de bénéfices pour mon entreprise, je suis prêt à le payer 4 215 euros [1].
Un salaire de 4 215 euros, ça peut vous sembler beaucoup mais n’oubliez pas que sur cette somme, je devrai payer 689 euros de charges sociales dites « salariales » et 1 400 euros de charges sociales dites « patronales » : après ces prélèvements obligatoires, la somme que je verserai effectivement sur le compte de mon employé – son salaire net – ne sera plus que de 2 126 euros. Et ce n’est pas fini : sur son salaire net, il devra vraisemblablement s’acquitter de 168 euros d’impôt sur le revenu et d’au moins 125 euros de TVA ce qui fait qu’au total, sur les 4 215 euros que je débourserai chaque mois, il disposera d’un salaire disponible après impôts de 1 833 euros ; le solde, 2 382 euros, 56,5% de son salaire réel, étant ponctionné par l’État. C’est, selon une étude récente de l’Institut Économique Molinari réalisée sur la base de données fournies par Ernst & Young [2], le deuxième taux de fiscalisation le plus élevé de l’Union européenne après la Belgique (59,2%). Avec ces 1 833 euros il devra se loger, s’habiller, se nourrir, payer ses factures et, s’il en reste un peu, il pourra s’offrir quelques loisirs.
Et ça, voyez-vous, c’est déjà un gros problème. C’est un gros problème parce que j’ai beau accepter de ne pas gagner un centime grâce au travail de cet hypothétique salarié, j’ai tout de même besoin d’un type compétent et motivé. Si c’est pour me coltiner un incompétent notoire ou un bonhomme qui n’en fiche pas une et va finir par couler ma boîte, pardon, mais je préfère faire sans. Seulement voilà : à 2 126 euros nets par mois, même pas deux fois le Smic, ça commence à être très juste pour motiver des gens du calibre dont j’ai besoin et ce, d’autant plus que si l’un de mes concurrents anglais avait la même idée que moi, le salaire disponible après impôts de mon employé serait 47% plus élevé outre-manche qu’à Marseille. Autant vous dire que pour un employeur français, la concurrence est rude. Oh ! Bien sûr, me direz-vous, il y a bien des gens qui sont prêts à gagner moins pour le simple plaisir de vivre au bord de la Méditerranée ; je ne vais pas vous dire le contraire : c’est mon cas. Mais il n’en reste pas moins que 2 126 euros nets par mois, dans ma branche, ce n’est pas grand-chose et que ce pas grand-chose peu vite devenir un problème.
Tenez par exemple : imaginez que j’embauche une jeune femme. Naturellement, au sens le plus humain que ce terme puisse avoir, il arrivera fatalement un moment où, aillant rencontré son prince charmant, elle sera titillée par l’envie d’avoir un bébé. Elle sera donc placée devant un choix extrêmement clair : privilégier son métier et continuer à toucher son salaire dont elle sait qu’il n’est pas à la hauteur de ce à quoi elle pourrait prétendre et faire un bébé et continuer à toucher le même salaire avec l’assurance, la loi l’imposant, de retrouver son poste à la fin de son congé-maternité. Que croyez-vous qu’elle fera ? Eh bien, voyez-vous, pour moi ça signifie que, pendant toute la durée de sa grossesse, non seulement elle ne rapportera pas un centime à l’entreprise mais elle coûtera 4 215 euros par mois qui viendront en déduction de ma rémunération ; c'est-à-dire des vacances que je peux offrir à mes enfants, des cadeaux que j’aimerais faire à ma femme et si ça se trouve de ma capacité à payer mon loyer. Voilà pourquoi je n’embaucherai certainement pas une jeune femme. Croyez bien que le regrette mais je ne suis pas riche à ce point.
Soyons optimistes et imaginons que je décide, finalement, d’embaucher un homme ou une femme d’âge mûr qui partage mon amour immodéré pour la citée phocéenne. Même dans ce cas, mes problèmes sont loin d’être réglés puisque ma capacité à payer un salaire de 4 215 euros par mois est intimement liée au chiffre d’affaires que réalise ma société. Je dois à ce stade vous préciser que mon métier, l’activité de ma petite entreprise, consiste à gérer un portefeuille d’actions. Vous en conviendrez, il y a, de nos jours, des métiers qui bénéficient d’une meilleure publicité que le mien et c’est justement là que se niche la difficulté dont je veux vous entretenir maintenant. Je vous expliquais plus haut pourquoi être le patron de sa petite entreprise est un métier risqué : une des principales sources de risque tient au fait que vos revenus ne sont pas garantis, ils fluctuent en fonction de la marche de vos affaires et peuvent même, en période de vaches maigres, se transformer en pertes. De toute évidence, lorsque vous êtes de surcroît un employeur, c'est-à-dire que vous devez dans mon exemple payer vos 4 215 euros chaque mois, le risque n’en est que plus grand.
Or voilà, mon métier consistant à gérer l’argent des autres, la bonne marche de mes affaires est naturellement conditionnée par l’existence de clients potentiels ; c'est-à-dire de gens qui disposent d’un patrimoine financier ; c'est-à-dire – pour reprendre la terminologie officielle – de riches. C’est aussi simple que cela : sans riches, mon entreprise n’existe plus et du coup, elle ne risque pas d’embaucher. Je vais donc faire appel à votre intelligence et à votre bon sens : si vous étiez à ma place, lorsque le président de votre pays décrète que vous êtes son ennemi, qu’il va taxer les riches au bazooka et poursuivre ceux qui tentent de fuir à l’étranger, qu’il va taxer les marchés financiers, en remettre une couche sur les entreprises en général et sur celles qui payent des dividendes en particuliers, qu’il se pique de donner des leçons de stratégie industrielle alors que lui-même n’a jamais rien réussi d’autre que de ruiner le département dont il avait la charge… [3] Vous embaucheriez, vous ? Eh bien laissez-moi vous le dire, à moins que vous ne soyez un des très riches amis dudit président ou totalement fou : il n’y a pas la moindre chance. Voilà pourquoi, et croyez bien que j’en suis sincèrement désolé, je n’embaucherai pas.
De toute manière et pour être parfaitement honnête, j’ai un aveu à vous faire : ma petite entreprise n’existe pas. Ce n’est pas que je n’ai pas envie ni que je doute de mes capacités mais plutôt que les coûts règlementaires qui pèsent sur la création d’une entreprise dans mon secteur ne me permettent tout simplement pas de le faire. Nous pourrions passer encore quelques heures ensemble – le temps que je vous décrive par le menu ce à quoi ressemble vraiment cette soi-disant « dérégulation de la finance » – mais je me contenterai d’un seul exemple qui, je le crois, fixera bien les idées. Figurez-vous que, pour exercer mon métier en France, je dois au préalable obtenir un agrément, une autorisation administrative. Comme toute autorisation administrative, son obtention nécessite de longues et laborieuses négociations avec l’autorité de tutelle présumée compétente mais surtout, avant même d’entamer ce long chemin de croix, la règlementation m’impose d’avoir embauché non pas un mais deux salariés. C'est-à-dire que pendant environ six mois, sans même savoir si j’obtiendrai le droit de travailler, je dois être en mesure de financer deux emplois au tarif évoqué plus haut. Je vous fais un dessin ?
Voilà où nous en sommes les amis. Si vous faites partie de celles et ceux qui pensent que notre salut passera par plus de dépense publique, plus d’impôts et plus de réglementations sachez au moins qu’au rythme où vont les choses, il faudra bientôt prévoir un peu de la première pour que ma famille subsiste, ne pas trop compter sur moi pour les seconds et ne pas perdre de temps sur les dernières : il n’y aura plus grand-chose à réguler. Lorsque vous-même ou l’un de vos enfants chercherez du travail dans le champ de ruines que nous préparent nos bons politiciens, vous aurez peut-être une petite pensée pour moi et pour ce job à 4 215 euros par mois que j’aurais pu vous offrir. D’ici là, bonne chance à toutes et à tous.

NOTES:

  1. Je vous fais grâce des mètres-carrés, du bureau, du matériel informatique, des frais téléphoniques, de l’éventuel surcoût que représente une embauche auprès de mon comptable etc.
  2. Cécile Philippe, Nicolas Marques et James Rogers, Fardeau social et fiscal de l'employé lambda au sein de l'UE ‐ 2012 ‐ 3ème édition (juillet 2012).
  3. Quelques données de la gestion Hollandaise de la Corrèze selon les chiffres publiés par Bercy : un résultat comptable nettement positif en 2007 et nettement négatif en 2010, une croissance de 55% des charges de personnel et une dette qui progresse de près de 34%.

Réflexion sur les riches

Petite réflexion sur l'utilité de la présence d'individus riches dans une société.
Il y a trois façons d'acquérir des richesses. Par ordre de moralité croissante, ce sont :

  • la coercition,
  • l'héritage,
  • le marché de l'emploi.
La coercition signifie qu'on s'enrichit en dépossédant quelqu'un contre sa volonté. On peut citer la tromperie, le vol, la corruption, l'enrichissement injustifié de certains politiques grâce aux impôts, etc. Tout le monde est d'accord que c'est immoral.
L'héritage ne fait pas l'unanimité : dans un esprit d'égalité, certains pensent qu'il serait plus moral que toutes les personnes repartent à zéro à chaque génération. L'ennui c'est qu'on ne peut obtenir ce résultat autrement que par la coercition. D'autres pensent qu'il ne faut pas se placer du point de vue de celui qui reçoit, mais de celui qui donne. Dans une société libre, il aurait bien le droit de transmettre ce qu'il possède comme il l'entend.
Le marché de l'emploi donne une valeur exceptionnelle à certaines personnes possédant des talents particuliers, ce qui entraîne des rémunérations sortant de l'ordinaire. Ainsi un joueur de football, un acteur de cinéma peut avoir des rémunérations qui font pâlir le commun des mortels. Mais elles sont moralement justifiées dans la mesure où elles sont obtenues sans coercition. Si tel joueur, tel acteur gagne tant d'argent, c'est seulement parce que beaucoup de gens, sans y être obligés, ont envie de le voir et de dépenser un peu d'argent pour cela.
Mais est-ce totalement vrai ? Lorsque le club qui embauche le joueur est subventionné, lorsque les films qui utilisent l'acteur sont subventionnés, il y a des gens qui devront payer des impôts pour cela et à ces gens on ne demande pas leur avis. Il y a donc une part de coercition dans les revenus de certains joueurs, de certains acteurs. Mais ce n'est pas vrai pour tous, et ceux pour lesquels c'est vrai ne doivent qu'une part modeste de leur revenu à cette forme de coercition.
Le cas des dirigeants d'entreprises privées présente quelques analogies avec ceux des joueurs ou des acteurs, mais il en diffère un peu dans la mesure où il n'y a strictement aucun élément de coercition dans leur rémunération. Imaginons le cas, relativement fréquent, où une grande entreprise se trouve en difficulté. Ses actionnaires, ses dirigeants pensent que l'homme à sa tête, quelles que soient ses réalisations antérieures, ne parvient plus à faire face à la situation actuelle. Il est possible que les directeurs, quelles que soient leurs performances antérieures, aient atteint, voire dépassé, le maximum de leur compétence. Il faudra donc chercher à l'extérieur une personne capable de redresser l'entreprise. Mais cette personne est forcément quelqu'un qui réussit très bien dans sa propre entreprise. Mettons-nous à sa place : pour qu'il accepte de passer de la tête de l'entreprise florissante où il est à la tête d'une entreprise en perdition, il lui faudra bien entendu un salaire supérieur à celui qu'il a déjà, mais aussi des garanties au cas où il échouerait : des indemnités de départ et une retraite confortables. S'il échoue, on se trouve dans le cas si décrié où un dirigeant licencié dont la société fait des pertes perçoit les indemnités importantes prévues dans son contrat. Mais n'est-ce pas normal ?
On voit donc que le seul critère pour juger qu'un revenu important est moral ou pas, quel que soit son niveau, c'est le prix que lui attribue le marché libre de l'emploi. Ce prix vient du fait que ses prestations sont utiles et que les personnes qui en bénéficient le paient volontiers. Personne ne les oblige à le faire. Il n'y a donc aucune raison de juger un revenu, quel qu'il soit, comme immoral s'il est obtenu sans coercition de qui que ce soit et quoi qu'en pense l'opinion publique ou les hommes politiques.
Beaucoup s'imaginent que la rémunération doit récompenser le mérite. Cela ne fait que traduire une certaine inconsistance de la pensée. Certes, le sportif qui s'entraîne tous les jours, le chanteur qui cultive sa voix, ont quelque mérite, mais pas davantage que l'ouvrier de fonderie qui travaille pour nourrir sa famille. Dans l'entreprise libre, et malgré le vocabulaire courant, les augmentations dites "au mérite", ne récompensent pas un vague mérite abstrait impossible à mesurer, mais bel et bien l'accroissement de la contribution de l'employé aux résultats de l'entreprise. Si l'entreprise a un cadre très performant, et si elle veut le garder, il faudra qu'elle lui verse un salaire un peu supérieur à celui qu'il pourrait trouver ailleurs. Là encore, c'est le marché qui détermine le revenu. Ce n'est pas aussi vrai pour les ouvriers, car leurs salaires sont soumis à tout un tas de règlementations négociées entre l'État et les syndicats qui violent la loi de l'offre et de la demande. Contrairement à ce qu'un vain peuple pense, cela n'est pas forcément favorable aux bons ouvriers.
C'est aussi au "mérite" que se réfèrent les hommes politiques lorsqu'ils portent des jugements sur les revenus de tel ou tel. Ce sont ces jugements qui déterminent  les salaires dans la fonction publique et dans la totalité des fonctions dans les régimes totalitaires. Mais qui est juge de ce mérite ? L'État ? Existe-t-il un moyen objectif de le mesurer ? Non ! Le revenu résultant d'un service rendu par une personne n'est juste que dans la mesure où ce service est jugé suffisamment utile par les personnes qui en bénéficient pour qu'elles le paient volontairement.
En résumé, le seul critère pour juger si un revenu est juste ou injuste, c'est le degré de coercition qui a été nécessaire pour l'obtenir. Un revenu obtenu sur un marché libre en dehors de toute coercition est juste quel que soit son montant. Coercition est le mot clé.
Même si les riches ont obtenu leurs revenus sans coercition, on peut se demander si la façon dont ils emploient leurs richesses est utile pour la société. En effet, les politiques au pouvoir, aujourd'hui comme hier, ont besoin de taxer les citoyens pour couvrir leurs dépenses inconsidérées. Lesdits citoyens acceptent plus facilement ces taxes si on leur fait croire qu'elles vont s'appliquer "aux riches". Il y a là une triple malhonnêteté :
  • Il y a beaucoup trop peu de gens très riches pour couvrir les accroissements des dépenses de l'État ou commencer à rembourser les emprunts antérieurs. Ainsi, M. Hollande veut taxer à 75% les ménages dont le revenu excède un million d'euros par an, mais il n'y en a guère qu'environ 0,01%, soit un sur dix mille. Ce n'est pas assez pour couvrir les nouvelles dépenses. Pour mémoire, il y a seulement un ménage sur mille dont le revenu dépasse 240 000 Euros par an.
  • Les gens très riches, et c'est là le point principal, dépensent leur argent de façon beaucoup plus utile pour la société que l'État. En effet, ils ne laissent pas cet argent dormir dans des bas de laine. Ils ne l'utilisent pas à entretenir des danseuses. Même si certains d'entre eux font quelques dépenses ostentatoires, comme acheter une voiture de luxe, ces dépenses ne représentent qu'une fraction faible de leur revenu. Le reste est investi dans des entreprises, la leur en particulier, et servira ainsi à produire de nouveaux biens et services qui contribueront à l'augmentation des niveaux de vie et la diminution du chômage. On dira que la partie que l'État va leur prendre servira aussi à investir, mais ce n'est pas complètement exact. Une partie servira à couvrir des dépenses courantes dont l'État pourrait se passer s'il cherchait l'efficacité au lieu de la popularité. Quant à la partie qui sera investie par l'État, on ne peut s'empêcher de penser qu'elle serait investie de manière plus rentable par des gens qui investissent leur propre argent plutôt que par des fonctionnaires.
  • La rhétorique de l'État sur la taxation des riches s'appuie sur l'envie, l'un des sentiments condamnés par les dix commandements, et jette le discrédit sur des gens fort utiles à la société, comme nous l'avons démontré précédemment.
En conclusion :
  • le seul critère objectif pour juger de la moralité des revenus est l'absence de coercition ;
  • les riches investissent leur argent de manière plus efficace pour la société que l'État ;
  • pour obtenir ses fins, l'État fait appel aux mauvais sentiments des électeurs.

À quoi sert Montebourg ? Bonne question !

Quel est donc le rôle d'Arnaud Montebourg au ministère du "redressement productif" ? Quelle peut être son utilité à la tête de ce ministère alors qu'il ne possède pas de compétences en économie et qu'il n'a jamais travaillé dans une entreprise ?
À quoi sert Montebourg ? Bonne question que pose Libération ! Il était temps !
Il faut dire que le Ministre du Redressement Productif cumule tout ce qu'on peut reprocher au socialisme :

  • la vanité de croire qu'un ministre est plus compétent qu'une foule d'entrepreneurs pour savoir ce que veulent les consommateurs,
  • la prétention de vouloir mettre en œuvre les solutions de Keynes, alors qu'elles ont prouvé leur inefficacité,
  • la capacité, assez incroyable, de lancer des anathèmes, sans fondement.
Quels anathèmes ? De quel droit Montebourg attaque-il les Peugeot, comme demande KerdrelQuand Montebourg accuse un groupe de mensonges et de dissimulation, se rend-il compte qu'il accuse aussi des centaines de comptables, de contrôleurs de gestion et de financiers qui travaillent pour ce groupe ? Si Montebourg pense qu'il y a eu mensonge, pourquoi ne demande-t-il pas à la brigade financière d’enquêter et à l'Autorité des Marchés Financiers de sanctionner ? Le défaut de communication est un délit, pour les entreprises cotées.
Le problème de Montebourg est double. Comme les autres ministres, il n'a jamais travaillé dans une entreprise. C'est une première dans un gouvernement qu'aucun ministre n'ait d'expérience de plus de 2 ans dans le secteur privé. Mais surtout, les interventions de Montebourg sont contreproductives.
En ce qui concerne PSA, les investisseurs anglo-saxons se demandent, à juste titre, pourquoi l’État se mêle du sort d'une entreprise privée. Quand un fond qatari ou chinois aura racheté et liquidé Peugeot, peut-être que Montebourg sera content ?
Un autre exemple, c'est Fralib, l'usine de thé près de Marseille qu'Unilever cherche à fermer. Montebourg est fier de remettre les parties prenantes autour d'une table de discussion. Mais sait-il que tant que le cas Fralib n'est pas reglé, Unilever ne peut pas embaucher et se développer comme il le souhaite ?
Sans doute le sait-il, mais il est aussi au courant du fait que 10 gusses avec des banderoles CGT ou Sud ont plus de poids médiatique qu'un entrepreneur, dans son coin, qui crée un, deux ou dix emplois.
Il y a un problème de demande de thé Lipton ou de Citroen C3. Est ce que Montebourg pense sérieusement savoir mieux que les consommateurs eux-mêmes ce qui est bon pour eux ? Est-ce qu'il pense aussi qu'en rapatriant les hotlines en France, nous allons résoudre le problème de pouvoir d'achat dans ce pays ?
Alors, comme se demande la Tribune, Montebourg... Zorro ou Don Quichotte ? Bruno Bertez, sur le blog à lupus, parle d'erreur de casting. Pour H16 de ContrepointsPSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible. L'Hérétique, un centriste posé et modéré, écrit carrément que Montebourg est un guignolo !
Ne soyons pas si méchants. Montebourg aura au moins servi à une personne. Après avoir négativement impacté la carrière d'Audrey Pulvar (sur un juste retour de flamme, voir Arnaud Montebourg : l'arroseur arrosé sur YouTube), Montebourg lui aura indirectement servi à retrouver un job aux Inrocks, une publication possédée par un financier proche du PS (lire une connivence "normale", sur le blog de Jean Quattremer). Tout n'est donc pas perdu !
Le changement promis par Flamby, ça n'est pas pour maintenant, mais le redressement productif, lui, marche pour certain(e)s ! Pauvre électeur socialiste, roulé dans la farine... et bon courage aux employés de Sanofi, Jet Aviation, Bouygues Telecom, Fram, Doux, Sony Music France, Microsoft France, Cheuvreux, Air France, HP, Voyage Fram... qu'ils n'oublient pas que si Montebourg ne peut rien pour eux, des créateurs de PME, eux, créent des emplois. Ils sont simplement discrets et inconnus, à l'image de Augment, Feel Like Ohm et tant d'autres.

Les Allemands ont-ils raison d’être inflexibles ?

Malgré quelques inflexions, Berlin refuse de payer pour les mauvais élèves de l’euro. Au risque d’aggraver la crise ?
Voilà au moins une chose que François Hollande et Nicolas Sarkozy ont en commun : en coulisse, leurs conseillers surnomment la chancelière allemande «Madame Nein». «Elle commence systématiquement par dire non à tout, par principe», s’agace l’un des experts fraîchement débarqué à Bercy. Certains de ses collègues lui préfèrent un sobriquet tout aussi inspiré : «la chancelière de fer». Selon eux, l’intransigeance d’Angela Merkel n’est pas sans rappeler celle de Margaret Thatcher, qui libéralisa brutalement le Royaume-Uni dans les années 1980. «Face à elle, on a toujours l’impression d’être le dernier de la classe.»
Ah, la légendaire discipline allemande… Un temps vantée comme le modèle à suivre, elle a, ces derniers temps, beaucoup moins la cote sur le Vieux Continent. Il faut dire que, depuis le début de la crise, l’Allemagne impose à ses partenaires une épuisante partie de poker dont, pour l’instant, elle a remporté toutes les manches. «En jouant la montre, elle obtient toujours que les membres se plient à ses conditions, en particulier l’austérité», analyse Eric Dor, économiste à l’Iéseg de Lille. Avec, en ligne de mire, un seul objectif : éviter par tous les moyens que les contribuables allemands ne paient pour le laxisme supposé des Grecs, des Italiens ou encore des Français. Une position que de nombreux économistes jugent désormais irresponsable. «Plus Berlin fera traîner les choses, plus la crise coûtera cher à tout le monde», dénonce ainsi le Prix Nobel Paul Krugman à longueur de tribune. «Si les Allemands continuent, ils conduiront l’Europe à sa perte», renchérit le milliardaire américain George Soros. Convaincu lui aussi qu’Angela Merkel en fait trop, François Hollande, soutenu par l’Italien Mario Monti, l’Espagnol Mariano Rajoy et même, depuis peu, le FMI, tente de la convaincre de relâcher un peu la bride. Mais rien n’y fait : les Allemands refusent de payer pour les autres. A première vue, ils ont bien raison.
D’abord parce que, pendant que leurs voisins s’endormaient sur leurs lauriers, eux en ont profité pour se serrer la ceinture et se réformer en profondeur. «C’est l’histoire de la cigale et de la fourmi», commente Christian Parisot, d’Aurel BCG. En 2003, Berlin était en effet dans une situation aussi inquiétante que la nôtre aujourd’hui : taux de chômage frisant les 10%, industrie à la peine, dépenses publiques frôlant les 50% du PIB… «On nous appelait l’homme malade d’Europe et les agences de notation menaçaient tous les jours de nous retirer notre triple A», tremble encore Christian Schulz, économiste à la Berenberg, l’une des plus vieilles banques privées d’outre-Rhin.
Pour redresser la situation, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder et son conseiller Peter Hartz ont alors lancé une réforme titanesque du marché du travail. La durée de versement des indemnités chômage est ainsi passée de trente-deux à douze mois, les syndicats ont accepté une stricte modération salariale, l’âge de la retraite a été repoussé de 65 à 67 ans… Grâce à quoi, en à peine dix ans, les parts de marché du pays dans le commerce mondial ont augmenté de 2% (pendant que les nôtres reculaient de 25%), son coût du travail s’est stabilisé (tandis que le nôtre bondissait de 17%) et son taux de prélèvements obligatoires est descendu à 43,5% du PIB (alors que chez nous il frise toujours les 50%). 
Pas étonnant que nos riches voisins rechignent à nous prêter main-forte. Selon les derniers sondages, 70% d’entre eux sont opposés à toute nouvelle mesure d’aide en faveur d’Athènes, de Madrid ou même de Paris. «Les Grecs n’ont pas payé d’impôts pendant des années et la moitié des fonctionnaires français partent encore en retraite à 55 ans, râle, comme beaucoup de ses concitoyens, Dieter Werner, patron d’une petite start-up à Berlin. Il serait injuste que maintenant nous payions pour eux !» Peu de monde l’imagine ici, mais des dizaines de Berlinois en colère écrivent chaque semaine à la Cour constitutionnelle pour qu’elle empêche Angela Merkel de céder aux pressions des autres pays. «Même si les craintes des Allemands sont parfois irrationnelles, la chancelière est obligée de les prendre en compte si elle veut conserver son électorat», explique Clément Fontan, spécialiste de l’Allemagne au CNRS.
Autant dire que la plupart des solutions que proposent la France et ses alliés pour résoudre la crise sont, aux yeux de la chancelière, proprement inacceptables. Prenez les rachats d’obligations par la Banque centrale européenne (BCE). Selon François Hollande et bon nombre d’économistes, l’équation est simple : puisque les investisseurs rechignent à acheter des obligations espagnoles ou italiennes, ce devrait être à la BCE de le faire. «Cela stopperait immédiatement la spéculation et ramènerait les taux d’intérêt à des niveaux décents, assure Bruno Colmant, économiste à l’Université catholique de Louvain. C’est aujourd’hui la meilleure option dont nous disposons pour éteindre l’incendie.»
Les Allemands ne sont pas de cet avis. Pour racheter ces bons du Trésor, la BCE devrait en effet imprimer de nouveaux euros. Certes, elle n’aurait en théorie pas à le faire beaucoup, puisque le remède est censé agir sur-le-champ. Mais ce ne serait pas tout à fait sûr. Si elle n’était pas maîtrisée, cette «monétisation de la dette» pourrait alors provoquer une envolée des prix potentiellement ravageuse pour le pouvoir d’achat. «Les Allemands ont une peur quasi irrationnelle de l’inflation : cela leur rappelle les pires moments de leur histoire», souligne Bruno Colmant.
Les eurobonds ne trouvent pas beaucoup plus de crédit aux yeux de Berlin. A première vue, ces obligations émises par l’Europe elle-même (et non plus par chacun des Etats) ont pourtant tout du remède miracle. En permettant à tous les pays ­d’emprunter en commun et au même taux, elles protégeraient les plus faibles des attaques spéculatives et leur assureraient un financement facile en dehors des contraintes du marché.
Mais là encore, nos voisins d’outre-Rhin ne voient pas les choses de cette manière. Ils risqueraient en effet d’être les grands perdants d’un tel dispositif. D’abord parce que les eurobonds ne leur permettraient pas de se financer à des conditions aussi avantageuses qu’aujourd’hui. Selon les calculs des économistes de Natixis, les obligations européennes, estampillées AA+ par les agences de notation, offriraient aux Etats cigales la possibilité d’emprunter à 3% environ. Un progrès considérable pour l’Espagne et l’Italie, qui actuellement se financent respectivement à 7,5% et 6,6% sur les marchés. Mais pas pour l’Allemagne, qui bénéficiait d’un taux historiquement bas, à 1,2%. Tous calculs faits, les eurobonds contribueraient à alourdir sa dette de 2 à 4 milliards d’euros par an.
Et cette perte sèche pourrait encore gonfler. Protégés par un tel filet de sécurité, les Français, les Italiens et les Belges, qui n’ont jamais levé le petit doigt ces trente dernières années pour maîtriser leur dette, seraient en effet tentés de la laisser filer encore. Et les marchés réclameraient des taux de plus en plus élevés pour les ­eurobonds. Si ces derniers dépassaient les 5%, l’addition s’élèverait à près de 8 milliards par an pour
les fourmis berlinoises. Voilà pourquoi, avant toute éventuelle concession sur ce sujet, Angela Merkel exige que ses partenaires respectent au moins deux conditions. En premier lieu, qu’ils gravent dans leur Constitution la fameuse règle d’or. Déjà adoptée par l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne et ­l’Irlande (l’Italie et le Portugal devraient bientôt suivre), celle-ci les contraindra à limiter leur déficit à 0,5% du PIB. Pour y arriver, la quasi-totalité des pays de la zone euro a d’ailleurs déjà entamé des cures d’austérité drastiques, en taillant à la hache dans ses dépenses publiques et en augmentant les impôts.
Angela Merkel veut aussi pousser les pays de la zone euro à mettre en œuvre les mesures structurelles qui ont fonctionné chez elle. «Les Allemands accepteront d’aider les Espagnols ou les Grecs si ces derniers ne profitent pas de systèmes sociaux plus généreux que le leur», résume Thierry Chopin, économiste à la Fondation Robert Schuman. Là encore, la plupart des Etats s’y sont mis. L’Italie, par exemple, a repoussé l’âge légal de la retraite à 66 ans et l’Espagne à 67. Cette dernière a également réduit les indemnités de licenciement de 45 à 33 jours par année d’ancienneté et autorisé les entreprises en difficulté à baisser les salaires sans consulter leurs employés. La Grèce a quant à elle réduit de près de 40% les salaires des fonctionnaires et baissé de 20% le Smic dans le privé.
En définitive, seule la France n’a pour l’instant pratiquement rien fait de concret. Et cela, les Allemands ont du mal à l’avaler. «François Hollande vient nous réclamer des concessions alors que son programme ne prévoit pas le dixième des efforts qu’il faudrait fournir : c’est gonflé !», s’agace Christian Schulz, de la banque Berenberg. Comme lui, les autorités de Berlin espèrent qu’une fois les législatives passées le président français annoncera des mesures un peu plus ambitieuses. A commencer par l’adoption rapide de la règle d’or – si ce n’est pas dans la Constitution, au moins dans une loi organique. Mais ils attendent aussi que la France lance enfin une réforme sérieuse de ses retraites, qui repousserait l’âge légal de la retraite à 65 ans au moins – sauf, peut-être, pour les personnes ayant commencé à travailler très tôt, qui pourraient continuer de partir à 60 ans.
Une fois toutes ces conditions remplies, l’Allemagne pourrait alors – Angela Merkel elle-même en a détaillé le projet – envisager de renforcer le fédéralisme en Europe, avec, à terme, un budget unique décidé par le Parlement européen, une fiscalité coordonnée, et peut-être même des eurobonds. «Cela ne pourrait se faire qu’avec un strict contrôle des dépenses de chacun et des sanctions pour les moins sérieux», insiste-t-on dans l’entourage de la chancelière, avec la certitude absolue de suivre le bon chemin.
Ce n’est pourtant pas certain. D’un point de vue moral, le rigorisme revanchard prôné par Berlin est certes compréhensible. Mais sur le plan économique, il pourrait s’avérer bien pire que le mal. «En fait, l’hyper-rigueur généralisée n’est pas du tout adaptée à l’urgence de la crise», fait valoir Alexandre Delaigue, économiste à Saint-Cyr.
D’abord pour une simple question de timing. Si les fourmis berlinoises ont pu se serrer la ceinture avec succès entre 2003 et 2008, c’est parce que tous leurs voisins étaient, eux, en pleine croissance : grâce au dynamisme de leur consommation, les exportations allemandes ont pu se maintenir et le pays a évité la récession. Mais si tous les Etats s’administrent en même temps une cure de rigueur, ce mécanisme vertueux ne peut plus jouer : la baisse généralisée de la demande intérieure assèche les débouchés sur tout le Vieux Continent. Et comme la demande des pays émergents n’est pas assez musclée pour prendre le relais, la zone euro dans son ensemble risque de plonger dans la récession. C’est d’ailleurs déjà le cas. Cette année, son PIB devrait déjà reculer de 0,1%, selon l’OCDE. «Si la situation s’aggrave encore, l’Europe pourrait sombrer dans une dépression ravageuse dont elle aura toutes les peines du monde à sortir», s’alarme Evariste Lefeuvre, de Natixis.
Si un tel désastre se produisait, l’Espagne, le Portugal, l’Italie – et sans doute la France – ne pourraient probablement pas tenir leur promesse de ramener leur déficit à 3% du PIB en 2013. Et c’en serait fait de leurs engagements de réduction de leur dette. C’est mathématique : lorsque le PIB et les recettes publiques diminuent, les ratios de déficit et de dette sur PIB, eux, ne peuvent que grimper…
Il y a plus inquiétant encore. Pendant que l’Allemagne fait pression sur les gouvernements pour qu’ils plient, les spéculateurs, eux, continuent leur job. «Les investisseurs supportent mal l’incertitude dans laquelle la stratégie de Berlin est en train de plonger l’Europe, commente Michel Aglietta, du Cepii. Et les Allemands ne s’en rendent pas compte : ils sont tellement obsédés par la rigueur qu’ils sous-estiment les dégâts engendrés par leur partie de poker.» La Grèce ne vit plus que grâce aux perfusions de l’Europe. L’Espagne et l’Italie paient déjà des primes de 6,5 et 5,8% pour se financer. Si ces taux viennent à dépasser les 7%, ce qui est tout à fait possible, ces deux pays ne seront plus solvables. «Comme toujours, l’Allemagne attendra le dernier moment pour leur venir en aide, prédit Evariste Lefeuvre, de Natixis. Mais cette fois, cela pourrait bien être trop tard.» Car l’Europe sombrerait alors dans une spirale que plus rien ne pourrait stopper : envolée des taux d’intérêt, fuite des capitaux, panique des épargnants, défauts en cascade des dettes publiques, dépression économique, retour aux monnaies nationales dans l’anarchie…
L’Allemagne pourrait-elle sortir indemne d’un tel scénario ? Probablement pas. Au ­total, ses entreprises possèdent plus de 1 000 milliards d’euros d’avoirs dans toute l’Europe. La seule sortie de la Grèce de l’euro lui coûterait au bas mot 100 milliards. Et en cas de retour au mark (ou à une forme d’euro-mark), sa monnaie s’apprécierait immédiatement de 40%, ce qui plomberait violemment la compétitivité de ses exportations. Elle aussi aurait alors tôt fait de plonger dans la dépression… Signe qu’il ne s’agit pas d’une fiction, sa croissance commence déjà à donner des signes de faiblesse. Selon les dernières prévisions du FMI, elle devrait plafonner à 0,6% cette année, alors qu’il y a six mois encore le gouvernement tablait plutôt sur 1 à 1,5%. «Si Angela Merkel ne fait rien pour inverser la tendance, sa coalition avec les libéraux du FDP explosera et elle se fera battre aux élections de 2013», estime Michel Aglietta.
Voilà pourquoi, par-delà ses discours jusqu’au-boutistes, Berlin planche discrètement sur des solutions alternatives. Pas question, bien sûr, de céder sur les eurobonds. Et moins encore de laisser la BCE boucher les trous des Etats en imprimant des billets à tire-larigot. Il ne faut pas exagérer. En revanche, Angela Merkel pourrait très bien finir par accepter le programme de grands travaux européens proposés par François Hollande, sans attendre que ses voisins aient rempli toutes les conditions qu’elle exige. Ceux-ci seraient financés par la Banque européenne d’investissement (BEI), ou par les fonds structurels non utilisés par Bruxelles. Et pour faire bonne figure, la chancelière pourrait proposer elle-même d’autres mesures favorables à l’activité, comme l’instauration de zones franches susceptibles d’attirer des investisseurs en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Italie. Vous avez dit inflexible ?
Avant l’euro, les pays dévaluaient leur monnaie pour retrouver leur compétitivité
Avant la création de l’euro, les pays dont la crois­sance vacillait disposaient d’une arme simple pour retrouver un peu de compétitivité : ils dévaluaient leur monnaie. Une baisse de 20% du franc par rapport au mark permettait d’abaisser d’autant le prix de nos produits face à leurs concurrents allemands – et de doper ainsi nos exportations. Certes, la dévaluation ne résolvait en rien les problèmes de compétitivité structurelle et elle instaurait une concurrence déloyale vis-à-vis des pays voisins. Mais elle permettait au moins aux gouvernements de mettre un peu d’huile dans le moteur en cas de récession et de regonfler leur commerce extérieur. Aujourd’hui, ces ajustements entre Etats européens ne sont plus possibles.

D’abord parce que ces derniers ont adopté une monnaie unique. Mais aussi parce qu’entre-temps le monde est passé à un régime de changes flottants : le cours des monnaies varie tous les jours en fonction de l’offre et de la demande internationale de billets. Privés de l’arme de la dévaluation, les mauvais élèves – Grèce en tête – ont donc vu leur déficit commercial se creuser. Plutôt que de se réformer en profondeur, ils se sont endettés pour tenter de soutenir malgré tout leur croissance. Résultat : les marchés financiers, qui ont fini par s’en rendre compte, leur réclament des taux d’intérêt faramineux.

Arnaud Montebourg : cause toujours !

Le ministre du Redressement productif ne manque ni d’énergie ni de volonté. Mais face à l’avalanche des plans sociaux, ses rodomontades tombent à l’eau.

Ce lundi 25 juin, dans la Citroën C5 de fonction qui vient de quitter Chalon-sur-Saône pour le ramener à Paris, Arnaud Montebourg tente de raisonner son chef de cabinet, conscient des consignes édictées par le nouveau chef de l’Etat : «Christophe, respectez les limites de vitesse s’il vous plaît.» Au volant, son chauffeur occasionnel acquiesce poliment, ralentit quelques secondes, puis repart de plus belle, à 160 kilomètres-heure. A trois reprises, le ministre du Redressement productif renouvellera ses ordres, sans plus de succès.
Si même dans sa voiture il n’arrive pas à se faire entendre ! Lors de son -investiture le 17 mai dernier, le flamboyant candidat aux primaires socialistes avait annoncé la couleur : «Mon ministère sera celui de la reconquête des emplois perdus.» L’industrie, promis juré, serait au cœur de la stratégie gouvernementale et lui, Montebourg, au cœur du réacteur. Bref, pas un sous-ministre comme ses prédécesseurs, Christian Estrosi et Eric Besson. Deux mois après sa prise de fonctions, notre don Quichotte se heurte déjà aux dures réalités du business.
Il cavale de plans sociaux (la CGT a identifié 75 000 postes menacés) en fermetures d’usines. Installe ses casernes de pompiers, pardon, ses commissaires régionaux. Apostrophe les patrons pour leur demander de jouer la carte du made in France. Mais ils n’en font, peu ou prou, qu’à leur tête.
Bien sûr, Arnaud Montebourg connaissait la difficulté du job. Et il a su s’entourer d’une équipe de choc qui connaît les entreprises. Stéphane Israël, son directeur de cabinet, est un ancien d’EADS. Il est épaulé aussi par Fanny Letier, qui a sauvé des dizaines de sociétés au sein du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle), ou encore Christophe Béjach, cofondateur de la compagnie aérienne L’Avion.
Et puis le fougueux camarade a potassé ses dossiers. «C’est du 7 heures-minuit, raconte le ministre à Capital, tandis que nous dépassons Beaune. Il faut en absorber jusqu’à l’indigestion. Il n’y a plus aucune place pour la vie privée.» Même les patrons qui l’ont rencontré saluent sa bonne volonté. «On croyait affronter le chantre de la démondiali-sation, on a vu un ministre à l’écoute», fait savoir un constructeur automobile. «Il maîtrise à fond ses dossiers», confirme un brin flagorneur Olivier Duha, le président de l’association patronale CroissancePlus. «En deux mois, il a fait des progrès impressionnants», ajoute l’ex-président d’un fleuron du CAC 40 et visiteur du soir régulier.

Voilà pour les compliments de -salon. Mais sur le terrain, les patrons français lui font plutôt mordre la poussière, que ce soit chez Doux, Fralib ou Petroplus. «Nous avons ramené direction et syndicats à la table des négociations», se félicite Arnaud Montebourg, alors que sa Citroën vient de dépasser Dijon. Sauf que sur ces trois dossiers les discussions n’ont abouti à aucun compromis.
Sa plus grosse déconvenue, le ministre l’a subie avec le patron de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin. Le 29 juin, alors que toute la presse annonçait la fermeture du site d’Aulnay- sous-Bois, le ministre a pris sa plus belle plume pour lui demander de «clarifier ses intentions». Une semaine plus tard, le P-DG de PSA ne lui avait apporté aucune réponse officielle.
Et le 12 juillet, le groupe annonçait crânement qu'il allait supprimer 8000 emplois et fermer l'usine d'Aulnay-sous-Bois. A Chartres-de- Bretagne, où le constructeur emploie 5800 salariés, le maire PS Philippe Bonnin s’inquiète de la méthode. «L’industrie automobile française n’a pas besoin de pompes à incendie mais de stratégies de long terme», estime l’élu qui a cosigné un rapport sur l’avenir du secteur avec... Pierre Moscovici. Dans ce flot de mauvaises nouvelles, le redresseur en chef tient à faire connaître les bonnes : lors de notre rencontre, il venait de célébrer le projet du nouveau centre logistique d’Amazon à Chalon. «C’était bien, Christophe, hein ?, se rassurait-il auprès de son chef de cabinet. On avait toutlemonde:TF1,Europe1,RTL...»
Le volontarisme d’Arnaud Montebourg ne se heurte pas qu’à la mauvaise volonté des patrons. Déjà maigrelet en 2012 (2 milliards d’euros), son budget «développement des entreprises et de l’emploi» n’a pas été épargné par le rabotage général des dépenses publiques. «Nous avons aussi les 8 milliards d’euros du grand emprunt», assure le ministre, à l’approche d’Auxerre. Un peu rapide : c’est le Premier ministre en direct qui ventilera cette somme. L’ancien député n’a pas non plus réussi à décrocher la tutelle de la Banque publique d’investissement, dévolue pour l’essentiel à Pierre Moscovici, le tout-puissant ministre de l’Economie. «Mais nous l’associerons évidemment aux décisions», consent-on poliment au cabinet de «Mosco». Idem pour l’Agence des participations de l’Etat, le bras de l’actionnaire public dans les entreprises. Officiellement, Arnaud Montebourg en partage le pilotage avec Bercy. Début juin, le cas de France Télécom (l’Etat en possède 27%) a démontré que son avis ne pesait guère.
En cohérence avec son discours, l’ex-avocat d’affaires réclamait une baisse du dividende à 1 euro par action pour favoriser l’emploi et l’investissement chez Orange, quitte à réduire les recettes de l’Etat de 285 millions d’euros. «Mais Moscovici n’a pas lâché et a obtenu le maintien à 1,40 euro par action», regrette Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC/Unsa de l’opérateur.
«Je mène un combat au long cours, se défend le ministre. Vous venez trop tôt, je demande à être jugé dans cinq ans.» Aura-t-il réussi alors à faire avancer sa doctrine antimondialiste ? Arnaud Montebourg espère évangéliser ses homologues européens quant aux bienfaits du protectionnisme. «Je veux que l’Europe se mette au niveau des Etats-Unis, qui défendent leurs intérêts souverains, maintient-t-il, aux alentours de Souppes-sur-Loing. Je vais commencer une tournée des ministres européens de l’Industrie en ce sens.» On imagine pourtant mal l’Allemagne, gavée d’excédents commerciaux, prendre le risque d’une brouille avec la Chine.
Plus près de nous, ce petit-fils d’Algérien (le père de sa mère est né en Oranie) prône le rapatriement des centres d’appels en France. «Ce n’est ni réaliste ni souhaitable, lui répond Olivier Duha, le patron de la société de call--center Webhelp. Cela nuirait considérablement à nos relations avec la Tunisie et le Maroc qui, je le rappelle, nous achètent des TGV et des centrales électriques.» Par ailleurs, le surcoût d’une relocalisation, que les opérateurs ne manqueraient pas de répercuter sur la facture, s’élèverait à environ 5 euros par abonné et par mois. Et la compétitivité de la France ? Et le coût du travail ? Arnaud Montebourg botte en touche, et renvoie vers les discussions entre les partenaires sociaux. Quand on lui fait remarquer que les syndicats patronaux et ceux des salariés ont des visions diamétralement opposées, il répond : «Ce ne serait pas mieux, un accord CGT-Medef ?» Ce serait mieux, en effet.
En attendant que l’Europe et les entreprises exécutent son programme, Arnaud Montebourg tente de mettre au pas ses hauts fonctionnaires. En l’occurrence ceux de la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS). «C’est exaspérant, ils ne font que de la gestion bureaucratique sans aucune vision politique, expliquait-il sous nos yeux auprès d’un conseiller, après lecture d’un rapport de la DGCIS. Vous les ferez venir deux heures dans mon bureau. J’ai des questions à leur poser.» A cet instant, la voiture du ministre approche de la porte de Bercy. Nous avons rejoint la capitale à 140 kilomètres-heure en moyenne.




Rebelles pour l’ordre !

Terrible époque où la nation et la famille sont conjointement attaquées de toutes parts. Familles de familles et non pas masses d’individus, les nations sont par leur culture propre « les grandes institutrices des peuples », écrivait Jean-Paul II (Mémoire et identité). « Si les nations étaient supprimées, les plus hautes et les plus précieuses communications économiques ou spirituelles de l’Univers seraient également compromises et menacées : nous aurions à craindre le recul de la civilisation », avertissait déjà Maurras. Que dirait-il aujourd’hui de l’agression de la famille par la dénaturation du mariage ouvert aux personnes de même sexe et la mise en pratique de la théorie du genre ?
Dans Présent du 11 juillet, Jacques Trémolet de Villers a remarquablement défini la famille comme un royaume : « Vrai royaume avec ivraie et bon grain, à ne pas séparer avant le temps de la moisson. Vrai royaume humain dont le principe, plus fort que tout, est l’amour du roi et de la reine. La tendresse du roi, le ventre de la reine… Et pour être une famille, un royaume il faut, pour commencer, un mariage… »
L’amour conjugal (le bien des époux) est à la famille ce que l’amitié politique (le bien commun) est à la nation. On peut ainsi dire de l’Etat-nation ce que notre avocat explique du mariage par rapport à l’amour fécond des conjoints : écrin de l’amitié politique, il en est aussi l’épreuve. L’écrin protège le bien commun des attaques extérieures. Il lui donne un cadre, un ordre à l’intérieur duquel il peut s’épanouir. Sans cette structure – cette institution – la concorde se disloque, s’éparpille, s’évapore. Il n’en reste rien. Mais la nation, en forgeant cette protection contre l’extérieur, impose par le même mouvement, l’épreuve intérieure. Il la renforce. Il l’aiguise…
Comme il y a le secret des familles (« Nous fermerons un peu la porte, nous mettrons du bois sur le feu… ») il y a le secret des nations : elles fondent un « chez nous », qui sera, bien sûr ouvert, accueillant… tout ce qu’on veut, mais d’abord un coin de terre à elles… leur âme, leur monde et leur royaume…
Mais voilà, il faut être lucide, le mondialisme et sa culture de mort ont submergé les nations et s’attaquent aujourd’hui jusqu’aux familles. On en revient alors aux propos prophétiques de Péguy dans Notre jeunesse : « Les plus faibles, les femmes, les enfants au berceau sont déjà assiégés. La guerre bat le seuil de nos portes… C’est elle qui nous cherche et qui nous trouve. Les vertus qui n’étaient requises que des hommes d’arme du Seigneur en armure, aujourd’hui sont requises de cette femme et de cet enfant. Nous sommes tous aujourd’hui placés sur la brèche, nous sommes tous à la frontière, la frontière est partout… Ces croisades que nos pères allaient chercher jusque sur les terres des Infidèles, ce sont elles aujourd’hui qui nous ont rejoint au contraire et nous les avons à domicile. Nos fidélités sont des citadelles. »
« Nos fidélités sont des citadelles »
Oui, la guerre bat le seuil, non plus de feu la chrétienté ni de nos nations émérites jadis chrétiennes, mais de nos maisons autrefois tranquilles : « Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris », au péril de la mer du relativisme s’ajoutant à celle de l’islamisme, menaçant nos femmes et nos enfants. L’union des forteresses battues par les flots d’une incessante tempête détruisant les nations et les familles s’appelle un sain et légitime communautarisme, par une culture de dissidence.
« Désormais, enfin, c’est dit, c’est clair, concluait également Jacques Trémolet de Villers dans sa chronique sur la famille, nous sommes les a-normaux, les non-conformes. Acceptons cette grâce et cultivons-là. Sachons être, nous, les vrais amoureux de l’ordre véritable, de vrais rebelles à l’encontre du désordre établi. C’est une chance qui n’a pas été donnée à tout le monde. Saisissons-là. L’ordre et la liberté marchent ensemble, et, chose quasiment inconnue depuis longtemps, la vertu et le rire sont enfin en ménage. » Sous l’enseigne d’Antigone et de Jeanne bien sûr avec son admirable « vertu d’insolence » (Brasillach) ! Mais aussi de Jacques le Majeur, le tueur de Maures, qui montre le chemin d’étoiles marquant la reconquête : « Soyez, Seigneur, pour votre peuple, sanctificateur et gardien ; fortifié du secours de votre Apôtre Jacques, qu’il vous plaise dans ses mœurs et vous serve d’un cœur  tranquille » (Collecte de sa fête, ce 25 juillet).
« Tout ce qui emplit aujourd’hui les ondes de son pitoyable vacarme stérile et de ses grimaces, toutes ses enflures qui envahissent nos écrans de télévision, tout cela passera, s’évanouira, se perdra dans l’histoire en poussière oubliée. Que le peuple subsiste ou bien qu’il périsse, cela dépendra de ceux qui vont devoir traverser cette sombre époque en contribuant par leur propre travail concentré ou par une aide matérielle apportée au travail d’autrui, à sauver de la destruction, à relever, à consolider et à développer notre vie intérieure, celle de l’intelligence et celle de l’âme, cette vie qui est la culture », prévenait aussi Soljénitsyne (Le Figaro, 23 janvier 1998).

UMP: "La droite a besoin de sang neuf"



Les 10 leçons à tirer de la bonne réaction de PSA face aux attaques d'Arnaud Montebourg

Au-delà des stratégies, ce qui compte avant tout, c’est la sincérité et la justesse du discours chez les dirigeants d'entreprises.
Les entreprises, surtout « les grandes », sont, et seront sans doute encore, malmenées. L’actualité récente du groupe PSA nous apporte quelques enseignements intéressants sur la gestion de telles situations.

1 - Montrer que la décision a été longuement murie

Il faut montrer que ce n’est pas une décision prise « à la légère », montrer qu’une vaste étude des différents scenarii possibles a été réalisée, que plusieurs hypothèses étaient envisageables. Rappeler ces autres hypothèses et le temps pris pour la réflexion, montrer que la décision prise n’est pas conjoncturelle ou opportuniste, « boursière » comme on dit aujourd’hui. C'est une décision responsable, en pleine connaissance de cause des impacts sociaux, gérés du mieux possible. Dès lors, si l’hypothèse retenue, longuement mûrie, est la moins mauvaise, de fait elle n’est pas négociable. Au mieux certains ajustements peuvent être discutés, mais toute modification significative du plan remettrait en cause le fait qu’il ait fait l’objet de toutes les attentions au préalable.    

2 - Assumer sa part de responsabilité

Il s’agit ici d’évoquer avec subtilité les éléments tangibles du contexte : la mondialisation, la concurrence, le coût du travail, la crise … tous ces éléments sont des facteurs pris en compte, en partie explicatifs, mais ce ne sont pas des bouc-émissaires, des refuges déresponsabilisants. L’entreprise vit dans un environnement contraignant, difficile, c’est son lot quotidien, ce ne sont pas des excuses. Sa part de responsabilité, c’est aussi montrer que l’entreprise n’est pas restée inerte face à la conjoncture de son marché (sans pour autant ré-argumenter par le menu les choix stratégiques des années passées). Sa responsabilité, c’est montrer également que les décisions, même difficiles, sont toujours prises en perspective, pour construire ou pour préserver l’avenir. 

3 - Ne pas accepter l’inacceptable

Comme les attaques plus ou moins masquées à l’encontre de la marque, de la gestion hasardeuse, peu professionnelle ou peu stratégique de l’entreprise. Humilité et modestie certes, mais orgueil et fierté aussi !

4 - Incarner la marque

Ne pas laisser les autres parler pour vous. Faire face et monter au créneau, au plus haut niveau de l’entreprise. Ne pas laisser un secrétaire général ou un directeur de la communication (tout talentueux qu’ils soient) s’exposer, ou alors, en plus pour relayer les messages, mais pas à la place. Ne pas non plus laisser un syndicat sectoriel ou patronal parler pour vous, ce qui reviendrait d’une part à créer un doute sur la marque (qui se protégerait derrière des barricades), et d’autre part créerait une ambiance de lutte corporatiste, de gang des « puissants ». Incarner l’entreprise, c’est aussi montrer qu’elle est humaine, qu’elle peut-être faillible comme tout le monde, mais qu’elle fait face et tente de faire au mieux. C’est aussi montrer que l’entreprise peut avoir des émotions, que les décisions ne sont pas nécessairement froides et mathématiques comme beaucoup voudraient le laisser penser.

5 - S’appuyer sur le « capital corporate » de la marque

S'appuyer sur l'ancrage de la marque dans l’opinion publique, son histoire, y compris son histoire industrielle familiale (qui dans des cas comme Peugeot ou Michelin sont des points d’appui possibles, lorsque c’est plus compliqué pour des Bolloré ou des Wendel). Il s’agit là, non pas de révéler des informations nouvelles, mais de s’appuyer sur des socles qui ne nécessitent pas d’être démontrés : gestion raisonnable et responsable, côté no show off des dirigeants, une marque qui n’est pas une « marque boursière », des produits au cœur du quotidien des familles françaises depuis des décennies (« mon mari est Peugeot à mort » cf « Les Bronzés » !), etc.

6 - Réagir, mais pas trop vite

Montrer que l’on ne se laisse pas attaquer, « salir » impunément, mais laisser « les autres » livrer leurs armes pour pouvoir les reprendre point à point sans y répondre au coup pour coup. Il est en effet important de ne surtout pas s’inscrire dans le même rythme. Il s’agit alors d’être à contre-rythme et à contre-tonalité, en acceptant l’échange, sur la base de données objectives et dans un esprit certes combatif, mais surtout constructif. Tout en essayant de maitriser l’agenda, de ne pas être trop en réaction, pour réagir lorsque l’on se sent prêt, éventuellement lorsque l’autre a vidé son chargeur.

7 - Contre-attaquer sans surenchérir

Ne rentrer ni dans l’argumentation dogmatique (de type « de quoi se mêle l’Etat ? »), ni dans les sous-entendus personnels (de type « ministre incompétent », « besoin de projecteurs médiatiques »), ni dans le refuge juridique (de type « de toute façon l’Etat ne peut rien imposer »). Mais pour autant, s’offusquer des attaques, des inepties, des approximations, des jugements de valeurs … sans jamais se positionner dans un rôle de victime, que la « grande entreprise » ne sera jamais aux yeux de l’opinion. S’étonner de la sur-exposition et sur-exploitation médiatique … sans jamais laisser penser que de tels sujets sociaux ne méritent pas toutes les Unes.

8 - Faire preuve de solidarité au sein de l’entreprise

Faire aussi preuve de concertation, d’esprit d’équipe, comme a pu le témoigner le soutien de Christian Peugeot envers Philippe Varin. La crise ne doit pas être l’occasion de règlements de compte ou de signes de dissensions qui seront autant d’aspérités crédibilisant et légitimant les critiques.

9 - Ne pas oublier l’interne

Trop souvent dans ce type de situation on cherche à répondre à l’externe, aux médias, aux cabinets et aux ministres en oubliant un peu l’interne, qui se retrouve informé après les autres, ce qui est très dommageable et de plus en plus souvent critiqué par les collaborateurs. Lorsqu’une marque est attaquée (dans sa bonne gestion, dans la qualité de son offre, etc.), lorsqu’une certaine fierté d’appartenance existe, et que le discours « officiel » est ressenti comme sincère et « vrai », c’est en effet tout l’interne qui se sent attaqué, en plus d’être concerné. Les dirigeants qui s’expriment ne sont alors que les « représentants » du collectif. La « réplique » est alors attendue, cela peut même devenir un vecteur de mobilisation, et une « opportunité » médiatique pour refaire passer des messages liés à l’actualité de la marque.

10 - Préserver de « bonnes nouvelles »

Préserver de « bonnes nouvelles » venant nourrir le fil de l’actualité du dossier, pour compenser les effets négatifs et montrer que tout ne doit pas être noirci et caricaturé sous l’angle de la gestion désastreuse. C’est par exemple le rappel des non-licenciements secs, les projets de ré-industrialisation du site, les « rapatriements » sur le site voisin de Poissy, le partenariat avec Toyota, important pour le site de Sevelnord près de Valenciennes, etc.

Alors bien sûr, ce ne sont que quelques réflexions et enseignements, et d’aucune manière un mode d’emploi ou une « recette ». Surtout, cela ne minimise en rien l’actualité sociale bien réelle. Mais ces réalités sociales peuvent, dans certains cas, être gérées de façon plus apaisées. Au-delà des stratégies, ce qui compte avant tout, c’est la sincérité et la justesse du discours. Tout comme aucune publicité ne peut longtemps vendre un mauvais produit, aucune stratégie de communication dans de telles situations ne peut être efficace si elle n’est pas authentique. Authentique, mais ni naïf ni passif, pour réagir de façon naturelle et instinctive, avec le cœur, mais aussi réfléchie et stratégique, avec la tête. Le cœur peut de temps en temps avoir des raisons que la raison n’ignore pas.


Le grand retour de l'obscurantisme

"La musique de la nouvelle équipe au gouvernement laisse miroiter multiples promesses plutôt que de faire la pédagogie des temps de crise" nous dit Éric Le Boucher dans Les Échos du 6 juillet. Certes, les premières décisions ne sont que modérément catastrophiques, mais cette "musique" illustre une ignorance ou une irresponsabilité ou un double discours que l'on peut résumer en un mot : "l'obscurantisme".
L’ignorance surprend dans un premier temps, mais nous verrons plus bas qu’elle est la conséquence de l’irresponsabilité, dont le double discours est une des manifestations. Ce double discours est lui-même une conséquence du clientélisme : il s'agit d’avoir l’air sérieux vis-à-vis de l’extérieur et notamment des marchés, tout en flattant ou remerciant des électeurs dont on sait pertinemment que les désirs sont profondément contre-productifs, ruineux et injustes.
Et ces électeurs prennent d'ailleurs les devants. Ainsi Les Échos nous ont rappelé que la CGT cheminots, désirant que "le changement" se matérialise, a préparé une longue liste de griefs à l'encontre des orientations prises par le président de l'entreprise, tandis que les autres organisations se disent également "plus fermes".
Or cela devrait être insupportable à ceux qui sont censés connaître l'état calamiteux non seulement financier, mais aussi organisationnel et humain de ce monstre intouchable, et notamment de sa partie fret. Je peux en témoigner en tant qu'ancien client important de ce fret ayant continué à suivre cette question souvent très mal exposée dans la presse : exemple parmi bien d'autres, Le Monde du 11 avril 2011 et ses autres articles du même mois (période d'agitation) ont été particulièrement "nuancés" et syndicalement corrects. Pourtant, même la CGT "nationale" est gênée par le comportement de sa fédération ferroviaire. Heureusement, l’IFRAP a joué son rôle de rééquilibrage de l'information.

L'obscurantisme est très naturellement relayé par l’oligarchie syndicale. Je ne dis pas "les syndicats", car, en tant qu’industriel, j'ai toujours eu d'excellentes relations avec les élus du personnel qui ont un rôle très utile pour tous, et des relations plus fluctuantes, mais globalement positives avec les délégués syndicaux. J’emploie donc le mot "oligarchie" pour les interlocuteurs syndicaux au niveau gouvernemental, car on ne sait pas très bien qui ils représentent : pas vraiment leur base, laquelle est d'ailleurs très réduite puisqu'il s'agit du secteur public, et donc pas du tout l'ensemble des salariés et encore moins celui des citoyens (alors que dans les pays scandinaves, presque tout le monde étant syndiqué, l'équivalent français des confédérations n'a pas d'opinions fondamentalement différentes de celles de l'ensemble du pays).
Il est donc étrange que la pratique française ait donné un tel pouvoir à cette oligarchie : codécision de fait avec le politique pour les retraites, les plans sociaux, la formation professionnelle, le droit du travail et ses conséquences économiques.
L’obscurantisme, dans ce cas, c’est de répandre et cultiver l’idée qu’il est naturel de donner un tel pouvoir à des associations en laissant justement dans l’obscurité et sous l’appellation de "progrès social" la consolidation des privilèges d'une petite minorité au détriment du redressement que l’on proclame par ailleurs. On a par exemple enfin mesuré la captation par cette minorité d’une partie du pouvoir d'achat du reste de la population à l'occasion du problème de financement des retraites.
Jean-Francis Pécresse dans Les Échos du 10 juillet remarque donc que "François Hollande risque d'aller au-delà de ce qu'une démocratie politique peut accepter d'une démocratie sociale : conférer force de loi à tout accord signé par les partenaires sociaux". Et même si le candidat devenu président a fortement nuancé cette énormité antidémocratique, l'esprit en demeure comme en témoigne cette récente déclaration : "il n'y aura pas de loi dans le domaine de la vie économique et sociale qui pourra être votée par le Parlement sans qu'il y ait une phase de dialogue et de concertation."
C’est laisser dans l’obscurité que le rôle naturel de cette oligarchie "sociale" n’est pas de participer au lancement des offensives technologiques ou commerciales indispensables, mais de conserver l'emploi (et "les avantages") en l'état. Quitte à scier la branche sur laquelle vivent ses adhérents comme le montre l'exemple extrême des dockers et ouvriers du livre, dont on connaît le rôle en matière d'assassinat des ports français et de la presse de notre pays.
C'est également à la proximité des fédérations syndicales et de l'actuel gouvernement que l'on doit la suppression de la RGPP (révision générale des politiques publiques), qui vient d'être proclamée par le premier ministre. L’objectif était que l'État puisse "faire mieux avec moins". Pourquoi cette suppression ? Parce que la RGPP était dénoncée par des syndicats comme ayant "profondément déstabilisé nos services publics et leurs agents" et donc aurait mené à un "démantèlement des services publics".
Or on se souvient que son objectif était d'introduire la culture du résultat dans le secteur public et de rationaliser les moyens mis en œuvre ; elle aurait permis d'économiser environ 15 milliards de 2007 à 2012. Sa réforme était peut-être nécessaire, mais, là aussi, "la musique" est inquiétante : "les agents" passent avant l’efficacité de l’État et demandent donc aux autres citoyens de faire l’effort organisationnel et financier qu’ils refusent : cette défense des privilèges au détriment de la bonne marche de l’État rappelle la "réaction nobiliaire" qui a coulé la France de Louis XVI.
Risquons une image : si les paysans avaient eu depuis deux ou trois siècles des syndicats dotés d’un pouvoir institutionnel, nous aurions encore les deux tiers de la population derrière la charrue, s'épuisant à nourrir leur famille et hors d’état d'importer les produits du reste du monde, des antibiotiques à l'ordinateur, et parallèlement un État incapable de payer ne serait-ce que les instituteurs ! Bref, "la place des syndicats n'est pas à Matignon, mais dans les entreprises".
On pourrait multiplier ces exemples de discours obscurantistes. Le dernier en date est celui du président de la République promettant l'intervention de l'État dans le dossier PSA après l'annonce des 8 000 suppressions de postes. Veut-il obliger Peugeot à perdre davantage d'argent et donc à sacrifier d'autres usines ? Ou veut-il prendre le relais de cet industriel et gaspiller les moyens de l'État dans une industrie "mûre" et écologiquement nuisible d’après ses propres troupes ? On est une fois de plus dans la logique syndicale consistant à maintenir ce qui est dépassé alors que, par exemple, le secteur aéronautique a une production, des emplois et des exportations en accroissement rapide ; de même pour les services (Jean-Marc Vittori et Richard Vainopoulos dans Les Échos du 3 avril).
On est aussi dans "ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" (en l’occurrence le "sauvetage" de certains emplois au détriment d’autres secteurs), la fameuse phrase de Frédéric Bastiat connue dans le monde entier, sauf en France : on se souvient de cet article du Monde où un journaliste découvrait Bastiat à l’occasion d’un reportage sur le Tea Party, et le décrivait comme un obscur inspirateur de ce mouvement.
De même pour le blocage des loyers, malgré l'expérience historique, de même pour la taxe à 75%, que notre ministre des finances, Pierre Moscovici qualifie de "patriotique, pas punitive" ce qui laissera de glace les investisseurs étrangers et sera un des éléments les poussant à ne pas venir en France ! De même pour Arnaud Montebourg qui veut mettre à contribution les consommateurs pour rapatrier les centres d'appel qui se sont développés au Maghreb, rajoutant à l'erreur économique la brimade de pays amis et une atteinte à la francophonie économique, qui est pourtant l'un des atouts de nos entreprises dans cette région.
Il suffit pourtant de voir comment ont émergé "les émergents", qui ont monté en gamme en abandonnant des secteurs entiers, ou comment les Italiens et - en principe - les Grecs font des réformes qui ne coûtent rien en débloquant toutes sortes de freins. Mais comme les freins en question sont "les acquis" des clientèles électorales, il n'est pas question d'en parler ! Certes, cette attitude n’est pas le monopole de la gauche, mais la clientèle de cette dernière s’y prête infiniment plus.
Nous voyons donc s’accentuer le cercle vicieux entre posture électoraliste, clientélisme en faveur de couches déjà avantagées proches de la nouvelle équipe, diffusion de cet obscurantisme par les médias et dans une certaine mesure par l'enseignement (par la conviction personnelle des enseignants autant que par les programmes), et en retour, nécessité d'accentuer les postures puis de multiplier les mesures contre-productives par rapport aux objectifs proclamés.
Seules la nécessité et les pressions internationales rompront ce cercle vicieux, mais ce sera d'autant plus difficile et tardif que les liens de causalité avec les échecs - ou les catastrophes - seront justement cachés par cet obscurantisme. Bref ce ne sera pas "nous nous sommes trompés", ou, plus sincèrement "nous vous avons mené en bateau", ce sera "c’est de la faute des autres", "du libéralisme" ou de "la finance" : ça marche depuis 1936, la campagne présidentielle l’a encore rappelé.
La diffusion de cet obscurantisme est illustrée par le jugement des Français sur la politique gouvernementale (Les Échos du 6 juillet). Sont massivement approuvés la mise en place de la tranche d'imposition à 75%, le rétablissement partiel de la retraite à 60 ans, le coup de pouce au SMIC, l'abrogation de la TVA sociale et la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires.
Ce dernier point est un écho du mythe selon lequel l’emploi est en quantité limitée, et donc à répartir. Comment peut-on oublier les ravages de ce mythe ? Rappelons les destructions d'emplois dues aux 40 heures en 1936 (et le sauvetage de 1938 grâce à l'invention des heures supplémentaires par Alfred Sauvy), le sabotage des retraites en 1981 par la baisse de l'âge du départ de 65 à 60 ans, les complications coûteuses des 35 heures et la pagaille qu'elles ont générée dans le secteur public notamment hospitalier. Mais les politiques ne retiennent qu'un seul point de tout cela : "ça a permis de gagner les élections".
Toutes ces mesures vont augmenter le chômage, mais nos énarques revenus en masse dans les fourgons de leur camarade vont soupirer "priorité au politique", et n’en informeront donc pas l'électeur, participant ainsi à la diffusion de l'obscurantisme. On continuera notamment à cacher au citoyen que l'instabilité fiscale et l'insécurité juridique pratiquée pour acheter son suffrage poussent les investisseurs français comme étrangers à s'abstenir de venir chez nous, voire à quitter notre territoire. Si j’étais l’administrateur étranger d'une grande entreprise française, je demanderais au président de l'installer dans un pays plus fiable. Or Les Échos du 17 juillet viennent de confirmer l’importance des investisseurs étrangers dans "nos" entreprises.