TOUT EST DIT

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mercredi 19 janvier 2011

Les tops et les flops de la radio

Gens qui rient et gens qui pleurent à la radio, panorama des audiences, animateur par animateur

Qu'ils soient bons ou mauvais, les chiffres de Médiamétrie* (novembre/décembre 2010) sur la radio appellent immanquablement les mêmes commentaires dans les stations : quand ils sont excellents, personne ne les remet en cause. Quand ils sont mauvais, on doute de leur crédibilité ou bien on ne sait trop comment interpréter la chute. Les animateurs sont régulièrement soumis à ce type de yo-yo où, comme disait un ancien patron d'une grande station, "on s'énerve pendant une journée, on dit qu'on va tout changer, finalement on ne change rien et, le sondage suivant, ça remonte sans que l'on comprenne pourquoi".
À ce petit jeu, sur France Inter (alors que la station est globalement stable), le 6/7 d'Audrey Pulvar perd 160.000 auditeurs en un an tandis que la tranche 7/9 animée par Patrick Cohen gagne 26.000 auditeurs. Bon travail pour la revue de presse de Bruno Duvic, à 8 h 30, qui séduit 173.000 auditeurs de plus en un an. Dans le détail, le créneau occupé il y a un an par les humoristes (Guillon, Porte, Morel) à 7 h 55 perd 144.000 fidèles, mais les nouveaux humoristes (Ben, Sofia Aram et le même Morel), désormais programmés à 8 h 55, regagnent, quant à eux, 181.000 paires d'oreilles dans ce nouveau créneau horaire. Si bien que, l'un dans l'autre, il ne serait pas honnête de dire que les départs houleux de Guillon et Porte ont déstabilisé la matinale.
Laurent Gerra comique radio numéro 1
Dans la foulée, Pascale Clark repart à la hausse : 201.000 auditeurs de plus depuis un an. Stéphane Bern est aussi à la fête : ses fous du roi conquièrent 165.000 clients. Les choses se passent un peu moins bien pour Daniel Mermet (en recul de 83.000 auditeurs), Philippe Colin dans le 5/7 Boulevard (une perte de 117.000 auditeurs) et pour le Carrefour de Lodéon (en baisse de 146.000 auditeurs).
À l'image de RTL (qui bat son record de 10 ans), les animateurs de la station arborent un large sourire. C'est notamment le cas de Laurent Gerra qui reprend 100.000 auditeurs et domine désormais le paysage des comiques radio avec un total de 1.863.000 fans. La chronique d'Éric Zemmour est plutôt stable, même si elle grappille 13.000 auditeurs (chiffre trop faible pour être significatif compte tenu de la marge d'erreur). Ce sont tout de même 1,7 million d'individus de 13 ans et plus qui l'écoutent tous les matins. Il est leader sur sa tranche. Jean-Michel Aphatie et Alain Duhamel se partagent, quant à eux, une hausse de 92.000 auditeurs. Yves Calvi fait progresser sa tranche de 191.000 auditeurs. Du côté des divertissements, au quart d'heure moyen, le tandem Hanouna-Foucault progresse de 11 %, et Julien Courbet de 6 % là où Nagui, sur Europe 1, baisse de 10 %.
Hondelatte en forme, Demorand à la peine
Le match de l'après-midi entre Bouvard sur RTL et Ruquier sur Europe 1 est toujours à l'avantage du premier. Toutefois, Les Grosses Têtes perdent 4 % (1.121. auditeurs) là où la bande à Ruquier reflue de 1 % (617.000 auditeurs au quart d'heure moyen).
En fin d'après-midi, Christophe Hondelatte sur RTL est en pleine forme : + 13 % avec 641.000 auditeurs là où Nicolas Demorand est à la peine sur Europe 1 : 385.000 auditeurs, en baisse de 15 % au quart d'heure moyen. Si l'on se fie à un autre critère, celui des audiences cumulées sur l'émission, la baisse de Demorand (243.000 auditeurs perdus) est moins importante que celle subie par la matinale d'Europe 1 animée par Marc-Olivier Fogiel : 483.000 auditeurs se sont volatilisés.

Tunisie : les socialistes français optent pour la prudence

"A la demande du Parti socialiste français, qui l'avait maintes fois réclamé dans le passé, l'Internationale socialiste a rompu toute relation avec le RCD tunisien et l'a exclu de ses rangs", annonce mardi Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS chargé des questions internationales. La mise au ban du parti de Ben Ali date déjà de quelques années. Le Parti socialiste européen, notamment, a coupé les ponts depuis pas mal de temps avec le parti tunisien. De même, un peu à l'image de l'Ivoirien Laurent Gbagbo, les membres de l'Internationale socialiste, en particulier les socialistes français, considéraient officiellement le leader tunisien en se pinçant le nez. "La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a refusé de le rencontrer", assure Claude Bartolone, l'un des dirigeants du Parti socialiste et Tunisien de naissance et de coeur.
Autre natif de Tunis, Bertrand Delanoë s'est à plusieurs reprises accroché avec Ben Ali. En 2001, il rencontre le chef d'État tunisien en tête à tête. L'échange est "tonique", se souvient le maire de Paris, car il soulève la question de Sihem Bensedrine, une militante d'extrême gauche brutalisée par le régime tunisien. Lors des émeutes, Delanoë assure avoir eu au téléphone, durant "les quinze jours qui ont précédé la chute de Ben Ali", les acteurs de la rébellion, dont certains membres de l'UGTT, le principal syndicat tunisien. "J'ai dosé mes déclarations en fonction de leur combat et de ce qu'ils me demandaient", explique le maire de Paris, plutôt prudent lors de ses premières prises de parole publiques. Sur France Info, le 14 janvier, il espère encore que les réformes promises par Ben Ali suffisent à calmer la rue. Mais pas d'attaque en règle publique contre Ben Ali. "J'ai eu Mokhtar Trifi (président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, NDLR) au téléphone. Je lui ai dit : Je veux dire plus fort que je vous soutiens. Il m'a répondu que ce n'était pas la peine, argumente Delanoë. L'important, pour lui, c'était que le pouvoir cède."
Si certains élus PS, comme Jean-Marc Ayrault, ont dénoncé très tôt un "système corrompu et policier", la plupart des ténors socialistes ont adopté la ligne de conduite du maire de Paris : une critique prudente et graduée.

Des photos inédites d’Hitler vendues aux enchères

Grande-Bretagne | 600 photos inédites et 800 négatifs du photographe personnel d’Hitler ont été vendus aux enchères pour 30 000 livres, soit 46 000 francs.
 En Grande-Bretagne, 600 photos inédites et 800 négatifs du photographe personnel d’Hitler ont été vendus aux enchères pour la modique somme de 46 000 francs.
Les photos et négatifs d’Heinrich Hoffman datent de la montée en puissance du parti nazi avant la deuxième guerre mondiale. Ils sont passés aux mains d’un propriétaire privé, avant leur mise en vente mardi soir.
On peut y voir Hitler visitant un centre de formation d’officiers nazis ou saluant de sa voiture la foule pendant un rassemblement à Nuremberg. Le photographe a également fait des clichés d’une rencontre entre Hitler et Mussolini à Munich, et Hitler aux jeux Olympiques de Berlin de 1936.

"J’ai été stupéfait de l’intérêt pour ces photos, y compris en provenance d’Allemagne", a témoigné Jonathan Humbert, le responsable de la maison d’enchères dont le siège est à Towcester (centre de l’Angleterre).
Heinrich Hoffmann a adhéré au parti nazi en 1920. Ses photos d’Hitler étaient reproduites sur les timbres, les cartes postales, les affiches et les livres.
C’est lui qui a présenté à Hitler son assistante Eva Braun, qui devait devenir la maîtresse du Führer.
Arrêté en 1945 par les Américains, qui ont saisi une grande partie de ses archives, il a été condamné à quatre ans de prison et est mort en 1957.

Le top 10 des dictateurs les mieux «élus» au monde

Palmarès | En écho au retour de Duvalier en Haïti et au départ de Ben Ali en Tunisie, petit palmarès des dictateurs élus avec les scores les plus élevés au monde.

Le site d'information français Slate.fr a dressé le top 10 des dictateurs qui se sont fait "réélire" avec le score le plus élevé au monde. Certains ont organisé des élections présidentielles en étant les seuls candidats, d'autres ont eu la chance hasardeuse que leur opposant "se suicide". Tour d'horizon.

1. Ismail Omar Guelleh (Djibouti), 100%
Avec un score de ...100% des suffrages, obtenu en 2005, le président du Djibouti est le dictateur le mieux élu du moment. Il faut dire que Ismail Omar Guelleh était le seul candidat à l'élection présidentielle. Il n'est que le second président de l'hitsoire du pays depuis son indépendance en 1977, précise le site Slate.fr. Guelleh avait succédé à son oncle en 1999.
2. Bachar el-Assad (Syrie), 97,6%
Rééelu en 2007 pour un second mandat, Bachar el-Assad a succédé à son père à sa mort en 2000 avec un score de... 97.29%. En 2007, son score impliquait que 11 millions de Syriens avaient voté pour lui, contre seulement 19.653 opposants.
3. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée Equatoriale), 95,4%
Le chef de la Guinée Equatoriale en est à son cinquième mandat. Il a été rééelu à 95,4% en 2009. Il dirige le troisième exportateur de pétrole de l'Afrique sub-sahharienne. Touché par le cancer de la prostate, le président âgée de 68 ans devrait, comme tout bon dictateur, laisser prochainement sa place à son fils.

4. Paul Kagame (Rwanda), 93%

Le président du Rwanda avait été élu avec 95% des voix en 2003 après les violents troubles du pays. Il a été réélu avec 95% des voix en 2009. Lors de cette dernière élection, les quatre candidats étaient tous issus de la même coalition au pouvoir. 

5. Pierre Nkurunziza (Burundi), 91,6%

Le président du Burundi n'a obtenu "que" 91,6% des voix lors de sa réélection en 2010, alors qu'il était le seul candidat. Il devrait peut-être demander des conseils à Ismail Omar Guelleh, son homologue du Djibouti.  

6. Noursoultan Nazarbaïev (Kazakhstan), 91,1%

Il est à ce jour le premier et le seul président du Kazakhstan. En 2005, il a été réélu avec 91,1% des voix. Lors de la campagne présidentielle, son principal opposant a été retouvé mort. La justice a conclu à un suicide.
Le pays bénéficie de nombreuses richesses naturelles. Beaucoup d'entreprises étrangères s'y sont implantées. Le site Slate.fr cite une lettre de Nicolas Sarkozy adressée au président kazake dans laquelle il considère le pays comme l'«un des plus développés de l’espace postsoviétique». Noursoultan Nazarbaïev s'est également vu décerner la légion d'honneur par le président français.
7. Abdelaziz Bouteflika (Algérie), 90,2%
Le président algérien, âgé de 73 ans, s'est fait réélire en 2009 avec 90,2% des voix. Les élections avaient été boycottées par l'opposition.
8. Gurbanguly Berdimuhamedow (Turkménistan), 89,2%
Berdimuhamedow a succédé en 2007 au dictateur Saparmyrat Nyýazow, en place depuis 20 ans et au bénéfice d'un culte de la personnalité. Le nouveau président avait battu cinq autres candidats. Le site Slate.fr rappelle les nombreux faits de corruption menés pendant la campagne de Berdimuhamedow. Dans certaines provinces, les autorités ont forcé la population à voter, en les menaçant de ne pas recevoir leur ration mensuelle de farine ou en leur promettant des cadeaux.
9. Ilham Aliev (Azerbaïdjan), 88,7%
Réélu en 2008 avec 88,7% des voix, Ilham Aliev a succédé à son père en 2003. Le pays regorge de gaz et de pétrole. Les Etats-Unis et la France entretiennent d'excellents rapport avec son président, précise Slate.fr.
10. Hosni Moubarak (Egypte), 88,6%
Le président égyptien est quasiment un pharaon. Au pouvoir depuis 28 ans, Hosni Moubarak a été réélu en 2005 avec 88,6% des voix. Il clôt toutefois ce classement. Lors des élections, son opposant Ayman Nur, avait obtenu 7% des voix mais estimait son score réél quatre fois supérieur, rapporte encore Slate.fr.

La préférence masculine pour le trône britannique pourrait prendre fin

A cent jours du mariage du prince William et de Kate Middleton, la loi vieille de plus de quatre siècles qui fait passer tout héritier mâle devant une fille dans la succession au trône est jugée de plus en plus rétrograde en Grande-Bretagne. Le gouvernement envisage donc de la modifier, a rapporté mercredi 19 janvier le quotidien Daily Telegraph.

Selon la règle actuelle issue de l'Act of Settlement, si Kate Middleton donnait naissance à une fille en premier, cette dernière devrait céder sa place obligatoirement à un frère plus jeune. L'Act of Settlement, qui date de 1701, interdit également à un catholique de monter sur le trône.
Un député travailliste, Keith Vaz, a déposé un projet de loi pour modifier le texte devant le Parlement, qui devrait être débattu au mois de mai. Il fait valoir que la "domination masculine" a déjà été supprimée dans les règles de succession en Suède, aux Pays-Bas, en Norvège, en Belgique et au Danemark.
UNE RÈGLE "DISCRIMINATOIRE"
Un porte-parole du premier ministre a reconnu le caractère "discriminatoire" de la disposition mais a souligné l'extrême complexité de la question. "Amender la loi de succession est une question complexe et difficile qui requiert un examen prudent et réfléchi", a indiqué le porte-parole. En effet, pour modifier la règle de succession, il faut aussi modifier la législation dans les quinze autres pays du Commonwealth dont la reine est le chef d'Etat.
Des discussions se poursuivent avec les pays concernés, a indiqué le porte-parole du premier ministre, sans plus de précisions. Selon le Daily Telegraph, David Cameron pourrait évoquer le sujet lors du prochain sommet du Commonwealth.
Et qu'en pense la reine ? En réponse à une lettre du député Keith Vaz, elle a rappelé que l'usage voulait qu'elle ne "s'exprime sur ce type de sujet que sur le conseil de ses ministres", selon le parlementaire.

 

Le "trou noir" de la social-démocratie européenne

Aujourd'hui cantonnés au rôle d'opposants dans vingt et un des vingt-sept pays de l'Union européenne, y compris dans les pays scandinaves où ils furent naguère si puissants, les partis sociaux-démocrates et socialistes européens s'interrogent sur leur avenir. Au point qu'un homme comme Massimo d'Alema, ancien président du conseil des ministres italien (1998-2000), a pu lancer, le 15 janvier à Paris, lors d'un colloque organisé par la Fondation Jean-Jaurès, proche du Parti socialiste, que "les socialistes européens, divisés entre les partisans de la "troisième voie" de Tony Blair et les défenseurs de l'Etat providence, ont perdu". Perdu au point de se perdre eux-mêmes ?
Cette question obsède tous les sociaux-démocrates européens. Eperonnés sur leur droite par un mouvement écologique ayant élargi ses bases théoriques de la défense de l'environnement à un nouveau modèle de développement, malmenés sur leur gauche par des partis reprenant l'antienne de la "rupture avec le capitalisme" avec d'autant plus d'entrain qu'ils sont convaincus que la crise économique et financière a commencé de sonner l'hallali de leur plus vieil ennemi, les sociaux-démocrates peinent à redéfinir leur corpus théorique.
Pis, privés un peu partout de l'exécutif politique, ils doivent faire face à la montée de la droite populiste. Comme l'a expliqué l'économiste Daniel Cohen, président du conseil d'orientation scientifique de la Fondation Jean-Jaurès (membre du conseil de surveillance du Monde), "face à la crise, la droite réagit très simplement : elle remet en question l'Etat-providence, réarme la guerre entre les ayants droit de cet Etat-providence et les autres salariés et, à la mondialisation et à ses peurs, répond par le langage de la peur et un discours sécuritaire." En somme, des réponses simples à des questions complexes, un exercice auquel la gauche ne peut, par essence, céder.
Comment une belle idée, forgée au XIXe siècle et ayant connu ses grandes heures, essentiellement en Europe du Nord, dans les années 1960, a pu à ce point perdre de sa force et de son pouvoir d'entraînement ? "La crise économique mondiale et les errements du capitalisme financier prouvent que nous avions raison, dit le socialiste catalan Josep Borrell Fontelles, ancien président du Parlement européen, aujourd'hui président de l'Institut universitaire européen de Florence (Italie). Pourtant, nous avons été mis partout en échec." Ce que Jenny Anderson, professeure à Sciences Po Paris, résume d'une formule terrible : "La social-démocratie est dans un trou noir."
Si le chômage de masse, le recul de la syndicalisation, la volatilité des électorats et l'individualisation de nos sociétés concourent à son affaiblissement, elle le doit d'abord à ses propres erreurs. "Le tournant libéral du socialisme dans les années 1990 a échoué, estime ainsi John Crowley, directeur du Centre interdisciplinaire de recherche comparative en sciences sociales de Saint-Ouen. Celui-ci doit relever plusieurs défis : repenser le capitalisme en dehors de ses relations avec le néolibéralisme ; intégrer les questions écologiques ; reconsidérer l'alliance des classes en menant une réflexion novatrice sur l'égalité à la lumière de la diversité."
Ernst Hillebrandt, directeur du département Europe centrale et de l'Est de la puissante fondation sociale-démocrate allemande Friedrich Ebert, est du même avis : "Le modèle socialiste européen n'existe pas. C'est une utopie qui reste à réaliser. Il ne s'agit plus de gérer la précarité née de la mondialisation. Il faut construire une société de production soutenable, et donc écologique. Face à la précarité, qui veut dire privation de liberté, il faut renforcer l'autonomie des individus et les droits des citoyens et approfondir la démocratie en lui adjoignant des éléments participatifs.""Dignité, équité, responsabilité", telle est la devise qu'Hélène Thomas, professeure à Sciences Po Aix-en-Provence, a proposée aux auditeurs du colloque.
Mais Massimo d'Alema n'a pas paru entièrement convaincu par ces explications. "Le socialisme démocratique est un phénomène européen qui n'a pratiquement pas dépassé les frontières de l'Europe, a-t-il constaté. Il est aussi l'expression politique d'un continent qui perd de son poids et de sa centralité." Et l'ancien chef du gouvernement italien d'enterrer le mot "socialisme", constatant son caractère "inutilisable" aux Etats-Unis comme dans les pays émergents. "Aucune force de transformation sociale, a-t-il souligné, ne se réclame du socialisme dans ces pays..."
Le temps est venu pour lui de "construire une nouvelle coalition progressiste mondiale capable de dépasser les frontières de l'Europe et celles de l'Internationale socialiste". Elle pourrait rassembler "l'Europe, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud ou les Etats-Unis" afin de confronter les "expériences progressistes" qui y sont menées.
Cela permettrait aux Européens de bâtir "un projet alternatif fort au niveau continental" et de "constituer une coalition des forces de gauche, des écologistes et des démocrates du centre" à même de "défendre les valeurs européennes contre la droite populiste".

Pour sauver la planète... devenez insectivores !

WAGENINGEN, Pays-Bas (Reuters) - Il existe un moyen simple pour sauver les forêts tropicales, améliorer votre alimentation et votre santé, tout en réduisant vos émissions de gaz à effet de serre et en rognant sur votre budget alimentaire: manger des insectes.
C'est du moins la thèse que défend le chercheur néerlandais Arnold van Huis. Selon lui, à quantité égale, les insectes contiennent davantage de protéines que le bétail. Par ailleurs, leur "élevage" est moins coûteux, moins gourmand en eau et leur bilan carbone est faible.
"Les enfants n'ont aucun problème à manger des insectes mais les adultes ayant acquis des habitudes alimentaires en ont et seul le fait de goûter et d'essayer peut les faire changer d'avis", a-t-il expliqué en ajoutant que "le problème est psychologique."
Pour vaincre les réticences, il a donc organisé des conférences, des séances de dégustation et des ateliers de cuisine animés par un chef et projette désormais de sortir un livre de recettes.
"Ce sont des aliments sains, dont la valeur nutritionnelle est élevée et qui sont très bénéfiques pour les personnes âgées", a indiqué Margot Callis, dont la famille gère un élevage d'insectes destinés jusqu'ici à nourrir des oiseaux, des lézards ou des singes, près de l'université.
La productrice ne peut cependant pas consommer les petites bêtes qu'elle élève, en raison d'une allergie.
Duyugu Tatar, une consultante en technologies de l'information qui a récemment participé à des ateliers organisés par l'université, s'est montré moins enthousiaste après la dégustation.
"Le goût n'était pas si horrible (...). C'était croquant. Le goût ne ressemblait pas à des aliments habituels. Ni la viande, ni les légumes, ni les fruits. Peut-être un peu comme des cornflakes", a-t-elle témoigné.
Myriam Rivet pour le service français

Paris spectateur passif de la révolution

Dépassé par les évènements, tardant à soutenir les révolutionnaires, le(les) gouvernement français a semblé soutenir le régime de l'ancien président Ben Ali jusqu'au bout. Aujourd’hui, il a bien du mal à justifier sa position.
"Passer du jour au lendemain d’un appui total à une dictature à un soutien au mouvement démocratique qui suit n’est pas chose aisée. C’est donc avec confusion et embarras que le gouvernement français s’exprime depuis quelques jours à propos de la 'Révolution du jasmin'", écrit Libération.
Pour Le Monde, la diplomatie française, "contrainte de s’adapter à un enchaînement d’évènements qui l’a dépassée" est mise en porte-à-faux. Il aura ainsi fallu attendre le 15 janvier 14 heures, soit 24 heures après la fuite précipitée de Ben Ali, pour que l’Elysée se range pour la première fois du côté de ceux qui réclament une démocratisation.
Et c’est "avec un jour de retard sur les Etats-Unis" que la France a réclamé l’organisation d’élections libres dans les meilleurs délais dans son ancien protectorat. Il faut dire, rappelle le quotidien, que "tous les prédécesseurs de Sarkozy ont fait preuve avant lui, sinon de complaisance, au moins d'une prudence extrême à l'égard de cet ancien protectorat français."
"Pour justifier leur attentisme pendant les journées d’une répression policière sanglante en Tunisie", poursuit Le Monde, les responsables français ont énoncé, via un communiqué de l’Elysée, "un concept aux contours flous", celui de la  "non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain". 
"Le gouvernement est gêné aux entournures", note Libération. Principale accusée par la presse et les politiques : la ministre des Affaires étrangère, Michèle Alliot Marie, qui était convoquée à l’Assemblée nationale le 18 janvier pour expliquer l’incohérence de la politique diplomatique française en Tunisie, mais aussi en Côte d’Ivoire. Au début de la révolte tunisienne, rappelle Libération, elle avait proposé "le savoir-faire de nos forces de sécurité" afin que "le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité".
"Michèle Alliot-Marie aura d’autant plus de mal à se rattraper que personne, au sein de l’exécutif, ne s’est dépêchée de la soutenir", note Libé. Tandis que l’opposition de gauche dénonce "une diplomatie du cynisme", le ministre de la Défense Alain Juppé reconnaît que  "sans doute avons-nous sous-estimé le degré d'exaspération de l'opinion publique face à un régime policier et dictatorial". 
"Le gouvernement français s’emploie désormais à redresser le cap", observe donc La Croix. Mais le quotidien catholique considère que "c’est à l’Europe de prendre le relais, comme l’a fait la chef de la diplomatie de l’UE , Catherine Asthon, en promettant de soutenir la Tunisie dans tous ses efforts pour construire ‘une démocratie stable’, pour préparer et organiser les élections . Avant, un jour que l’on espère prochain, de conférer à la Tunisie nouvelle le ‘statut avancé’ qui resserrerait les liens entre les deux rives de la Méditerranée, d’égal à égal".

DROITE GAUCHE ET SURTOUT GAUCHE, TOUS COUPABLES !!!

Une fois de plus, Apple déjoue tous les pronostics

Apple a fait état mardi soir d'un résultat trimestriel qui a, une fois de plus, dépassé les attentes des analystes, même si cette annonce a été occultée par les inquiétudes relatives à la santé de son emblématique dirigeant Steve Jobs.
Au cours du premier trimestre de son exercice, la marque à la pomme a dégagé un bénéfice de 6 milliards de dollars, 6,43 dollars par action, alors que les marchés n'anticipaient que 5,40 dollars par titre.
Quant au chiffre d'affaires, il est ressorti à 26,7 milliards de dollars, là où le consensus Thomson Reuters I/B/E/S tablait sur 24,4 milliards. La marge brute s'est inscrite à 38,5%.
Dans le détail, Apple dit avoir vendu 4,13 millions de Macs, 7,33 millions d'iPads, 16,24 millions d'iPhones et 19,45 millions d'iPods au cours du trimestre.

L'international a représenté 62% de son chiffre d'affaires.
"Très clairement, il s'agit de chiffres énormes. On a un peu l'impression qu'ils auraient été meilleurs encore s'ils avaient été publiés avant que le congé-maladie de Steve Jobs soit annoncé", a commenté Stephen Massocca de Wedbush Morgan.
Steve Jobs, qui est âgé de 55 ans, a annoncé lundi un nouvel arrêt-maladie, alors que les marchés américains étaient fermés pour le Martin Luther King Day, sans donner de date prévisionnelle de retour, contrairement à ce qui s'était passé lors de son précédent arrêt.
C'est le deuxième en deux ans - il s'était absenté pour six mois en janvier 2009 pour une greffe du foie - et le troisième depuis 2004. Cette année-là, il avait été opéré pour un cancer du pancréas.
Mardi, l'action Apple a fini en baisse de 2,3% à 340,65 dollars. Sa cotation hors séance a été suspendue après la publication des résultats avant de reprendre en hausse de 4,3% à 355,22 dollars.
Ces dernières semaines, le titre avait atteint des sommets historiques sur le Nasdaq. La firme californienne venait d'annoncer que son iPhone allait être disponible pour les abonnés du premier opérateur mobile américain, Verizon Wireless.
En l'absence de Steve Jobs, ce sera au directeur général délégué du groupe, Tim Cook, qui occupe ce poste depuis 2005, de décider ce qu'il faudra dire au sujet de son patron absent et ce qu'Apple compte faire avec une trésorerie (disponibilités et valeurs mobilières de placement) de 50 milliards de dollars (37,4 milliards d'euros).
Moins médiatique que Steve Jobs, Tim Cook, qui est âgé de 50 ans, ne devrait pas faire d'annonce tonitruante. Il est toutefois considéré comme quelqu'un de confiance. Il a déjà représenté Steve Jobs avec succès par deux fois auparavant.
En 2009, pendant les six mois d'absence de Steve Jobs, l'action Apple avait gagné 60% sous la houlette de Tim Cook.
Les atouts d'Apple sont connus : l'iPhone qui devrait se vendre à plus de 60 millions d'unités dans le monde cette année, l'iPad, qui a lancé le marché des tablettes et qui, au titre de précurseur, devrait creuser son sillon malgré la concurrence.
Nicolas Delame et Danielle Rouquié

Zone euro: Berlin souhaiterait généraliser la retraite à 67 ans

Le gouvernement allemand négocie le renforcement du fonds de sauvetage de l'euro avec le Bundestag.

«Travailler plus pour sauver l'euro.» Angela Merkel pourrait faire sienne cette devise. La chancelière a attaqué l'année avec une mauvaise nouvelle pour les députés de sa majorité : la crise des dettes dans les pays de la zone euro risque de coûter encore plus cher que prévu et l'Allemagne va devoir remettre la main à la poche pour augmenter la capacité du fonds de secours européen (FESF). Mais elle a trouvé une idée pour calmer la mauvaise humeur de ses troupes : obtenir en échange que tous les pays de l'eurozone acceptent de repousser l'âge de la retraite à 67 ans. La frustration monte dans les rangs de la majorité conservatrice-libérale de Merkel, alors que se profile une augmentation des garanties allemandes pour le FESF, qui devra être approuvée par le Bundestag. «Il est impensable que nous payions tout alors que les pays à problèmes continuent comme avant», s'emporte un député, cité par le Financial Times Deutschland.
Face aux responsables de la majorité parlementaire, le patron du groupe CDU du Bundestag, Volker Kauder, a lancé lundi soir un ballon d'essai au nom de la chancelière, rapporte le quotidien. «Nous voulons imposer des standards communs pour toute l'Europe», a-t-il ainsi affirmé en citant l'exemple du frein à la dette, puis celui de la retraite à 67 ans, adoptés par l'Allemagne.

Stimuler la compétitivité

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s'est déclaré disposé à porter la capacité de prêt effective du fonds - qui, dans la réalité, ne peut prêter que 250 milliards d'euros, le reste devant être conservé comme garanties - à 440 milliards d'euros. Mais Schäuble s'oppose à un élargissement du fonds et se montre très réticent à une augmentation des garanties.
Le ministre allemand des Finances commence à poser ses conditions. «Nous voulons proposer un paquet complet de mesures», a-t-il dit, indiquant qu'un renforcement des capacités de prêt du Fonds ne pourrait être décidé sans contrepartie. «Une des leçons à tirer de l'année dernière est que nous devons rendre plus efficace le pacte de stabilité» qui encadre les politiques budgétaires dans l'UE, a-t-il affirmé hier à son arrivée à une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles. «Par ailleurs, la coordination économique doit être améliorée afin de stimuler la compétitivité dans tous les pays», a-t-il dit, souhaitant des décisions d'ici au sommet de mars. Berlin se fait ainsi l'écho d'une frustration de plus en plus présente outre-Rhin : après dix ans de réformes et de sacrifices, la reprise de l'économie allemande risque d'être tirée vers le bas par ses voisins européens qui n'ont pas consenti les mêmes efforts.

Les pistes pour remettre sur pied la Tunisie

Des milliers de jeunes diplômés sans travail, une industrie textile à bout de souffle, des systèmes mafieux… La Tunisie doit sortir de ce cercle vicieux, recommandent les observateurs.

Une masse de chômeurs diplômés (20% des sans emplois). Un client principal, l'Europe (77% des exportations), qui va mal. De nouveaux concurrents asiatiques qui cassent les prix. Voilà dans quel état se trouve la Tunisie après 24 ans de règne de Ben Ali. Quel programme économique les futurs dirigeants du pays devraient-ils mettre en place pour relever le pays et lutter contre le chômage? Quelques pistes ont été tracées par les institutions internationales et les économistes.
Aider les plus pauvres. «Étant donné les maigres résultats des politiques de l'emploi, il est temps pour la Tunisie de tous les revoir», critiquait en 2010 la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies. Le taux de chômage atteint, selon des chiffres non officiels, plus de 20%. Il est particulièrement élevé parmi les jeunes diplômés. «Les ressources de l'État étant limitées, il faut mettre en place des mesures spécifiques destinées aux plus défavorisés», recommande Mohamed Ali Marouani, économiste à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. «Certaines régions sont délaissées, il faut y lancer des projets de développement massifs.» Autant de mesures qui auraient des effets immédiats sur l'emploi.
Penser à autre chose qu'au textile et au tourisme. «La Tunisie est enfermée dans sa spécialisation dans le textile: il lui faut en sortir», conseille Agnès Chevalier, économiste au CEPII. Ce secteur représente près de la moitié des exportations. Pour combien de temps? La Tunisie subit une très forte concurrence des pays asiatiques, qui pratiquent des prix imbattables. Surtout, le textile n'est pas le secteur rêvé pour des diplômés d'université. De même, l'industrie mécanique, notamment les pièces détachées dans l'automobile, n'est pas un secteur très porteur, étant donné la chute prévisible des ventes de voiture en Europe, principal partenaire commercial de la Tunisie.
Le pays ne devrait pas non plus se contenter du tourisme. Le tourisme représente 5% des activités des services, lesquels comptent pour la moitié du produit intérieurs brut tunisien. «Beaucoup ont investi dans ce secteur, mais les profits sont limités: les propriétaires des hôtels se voient forcés de casser les prix sous la pression des grands tour opérateurs européens», avertit Jean-Raphaël Champonnière, économiste au CEPII. «Certains d'entre eux négocient à un euro seulement la réservation de chambre supplémentaire.»
Développer les services et le high-tech. La solution? Il n'y en a pas à court terme, il ne s'agit là que de long terme. «Il faut investir massivement dans la recherche et développement, promouvoir les services à forte valeur ajouté», défend Mohamed Ali Marouani. Reste à trouver les secteurs de niche où la Tunisie a une carte à jouer. Certains mentionnent la chirurgie esthétique et les soins dentaires destinés aux étrangers qui veulent se soigner pas cher.
S'affranchir de l'Europe. «Ces prochaines années, l'Union européenne pourrait importer moitié moins qu'avant la crise», prévient le Fonds monétaire international dans son rapport 2010 sur la Tunisie. Les échanges commerciaux dépendent, selon les secteurs, entre 66% et 90% de l'Union européenne, selon le Fonds monétaire international (FMI). La Tunisie pourrait développer pour cela les échanges avec les autres pays du Maghreb, très peu prisés pour l'instant. L'exemple a fonctionné dans le tourisme durant la crise de 2009 : la venue des Algériens et des Libyens, note le FMI, a compensé l'absence des Européens.

Jeu de dupes


Échange 700 millions d’euros contre 3,9 milliards : personne n’aurait l’idée de proposer une transaction aussi farfelue. Personne ? Si. Le ministère du Budget étudie le plus sérieusement du monde une réforme de la fiscalité du patrimoine qui doit se traduire, à la fois, par l’abandon du bouclier fiscal (qui coûte 700 millions annuellement aux finances publiques) et par la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui rapporte 3,9 milliards. Que le troc soit déséquilibré au possible n’effraie pas Bercy, qui agit, en la matière, sur les instructions de l’Élysée. Il suffit de trouver l’argent manquant ailleurs !


Le président Sarkozy affirme qu’il veut taxer les flux des capitaux plutôt que la détention du patrimoine. Ce choix privilégie les plus fortunés, au détriment des classes moyennes. Le « glissement » de la législation ne sera pas seulement technique, il s’annonce surtout sociologique : l’impôt sur la fortune touche 562 000 foyers, soit moins de 2 % des contribuables. La taxation des plus-values sur la vente de la résidence principale, vers laquelle on se dirige, concernera potentiellement 57 % des Français.


À son entrée à l’Élysée, le chef de l’État avait expliqué qu’une imposition plafonnée des hauts revenus serait compensée par le retour des expatriés fiscaux réfugiés en Suisse ou dans d’autres paradis pour milliardaires, parce qu’ils seraient trop fortement taxés en France. Mais le bouclier fiscal, taillé sur mesure pour ces évadés de la solidarité nationale n’a pas fait revenir grand monde. Il a, au contraire, prouvé son injustice dans l’affaire Bettencourt : la femme la plus riche de France a touché un chèque de 30 000 euros de la part du Trésor Public alors même qu’elle avait caché une partie de son immense fortune à l’étranger. À qui fera-t-on croire qu’elle a jamais été réellement taxée à plus de 50 % ?


Le bouclier fiscal est de moins en moins justifiable, mais la volonté de choyer les plus riches reste. On peut douter de l’efficacité d’une telle politique, alors que nous vivons une crise qui a encore creusé le fossé entre les plus riches et la masse des Français. Les 400 traders les mieux payés de la place de Paris ont touché, en 2009, un bonus de 1,65 million d’euros par personne. Combien paient-ils d’impôts sur cette somme ?

Baby blues, ou baby rock ?

Ce matin nous n’allons pas parler politique. Juré, promis. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Et pourtant, n’en déplaise à la majorité parlementaire, c’est pour écrire que, de gauche à droite et de droite à gauche, de Lille à Marseille et de Brest à Strasbourg, la France est rose. Oui, toute rose. Comme les joues du petit million de bébés, ou presque (allez, on ne va pas être petits joueurs, à 170 000 près…) qui a ouvert les yeux en 2010 dans le pays de la douceur de vivre, si hospitalier qu’il donne envie d’y voir grandir des enfants. Les siens, et ceux des autres. Tous les autres.

Ah, si seulement ces garnements insouciants, ces adorables petits vampires envahissants qui ont le pouvoir magique de faire oublier le poids de la vie (et de nous offrir en passant ce magnifique cliché), avaient aussi celui de faire sourire le peuple le plus pessimiste d’Europe. Le nôtre. Nous, quoi.

Ce n’est pas gagné ? Non, mais c’est précisément ça qui est amusant. L’apparente contradiction de notre société qui conjugue avec un génie inimitable la confiance et la déprime. La vitalité des naissances, et le spleen d’une vieille nation qui prend de l’âge, adore parler retraites et place la dépendance au premier rang de ses priorités pour la décennie.

La France de 2011 nous fait un joli baby blues. Celui qui accompagne inévitablement les grands changements. Le passage d’un état à un autre. Et l’appréhension de l’inconnu. Son bilan démographique est à lui seul une carte de ses humeurs contrariées tant il résume en quelques tableaux le patchwork de ses élans et de ses tourments. Beaucoup d’hésitations ? Et des lignes tremblantes qui encadrent des statistiques carrées. C’est normal : tout est en mouvement. La croissance de la fécondité qui récompense l’exceptionnelle politique familiale, héroïne de notre pacte social en danger, celui-là même qui est en jeu dans les grands choix politiques. La vieillesse et les interrogations sur les bienfaits de l’allongement de l’espérance de vie… Et que dire du couple, tant le sentiment et l’engagement sont au cœur du paysage matrimonial, avec - même - le luxe de la nouveauté : ce bon vieux mariage se maintient à un niveau élevé - ah l’éternité… - et vis bien sa compétition avec un Pacs qui progresse à côté de lui. A tel point que se pose désormais la question de l’égalité - si complexe à réaliser - de toutes les formes d’union dans une société libérée. Le conseil constitutionnel qui va trancher sur le mariage homosexuel… Qui aurait imaginé cela il y a seulement dix ans ?

Cette effervescence, qui contraste avec l’image de Français volontiers désabusés, est une richesse que les politiques aveuglés par les lumières clinquantes de la communication électorale ne voient plus vraiment. Alors, vas-y bébé ! Crie, joue, pleure ! Sors-les un peu de leurs torpeurs.

Le boycott de Stéphane Hessel

“Indignez-vous !” De ce cri, à 93 ans, Stéphane Hessel a fait un best-seller. On peut certes estimer la proposition un peu courte. Tout comme le livre, d’ailleurs, qui tient sur une trentaine de pages. Mais le respect dû à son auteur ne souffre aucune contestation. Ancien résistant, déporté à Buchenwald, ex-ambassadeur, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme… Le natif de Berlin, naturalisé Français en 1937, a mené un incessant combat pour les valeurs démocratiques. Le camp des opprimés fut toujours le sien et jamais la haine ne l’égara.


Au soir de sa vie, pourtant, il se découvre des ennemis. Tel Pierre-André Taguieff, chercheur spécialisé dans “le nouvel antisémitisme”. Voici un membre du CNRS qui, sur Facebook, dépeint le vieil humaniste en “serpent venimeux doté de bonne conscience”. Et de trouver compréhensible “qu’on ait envie de lui écraser la tête”. Son crime ? Pousser la défense des Palestiniens jusqu’à prôner un boycott des produits israéliens.


Là encore, les propos de M. Hessel ne sont pas parole d’Évangile. Nombre d’arguments lui restent opposables. À l’École Normale Supérieure, où il était invité hier, chacun aurait pu discuter sa position. Mais non. Au dernier moment, la conférence a été annulée “pour des raisons de sécurité”. Principe de précaution oblige. L’orateur éconduit n’a plus qu’à chercher un lieu culturel acceptant les “dangers” du débat. À l’université de Tel Aviv, peut-être…

Cocorico


Les sondages ont eu tort, une fois de plus : les Français ne broient pas du noir, les Français ne font pas la gueule, ils font des bébés. Qu’on pardonne ce cocorico sur la levée en masse des poussins tricolores, mais les bonnes nouvelles sont trop rares pour ne pas être saluées. Surtout si les poussins font mentir les têtes d’œuf affirmant que, par temps de crise, le bébé devrait se faire aussi rare que les augmentations de salaire. C’est ne rien connaître de la nature humaine : quand l’argent des plaisirs futiles vient à manquer, le petit bonheur simple et gratuit justement baptisé « café du pauvre » retrouve tous ses attraits – et parfois un bébé en naît. C’est oublier aussi que notre fameux « modèle social français », tant décrié, est plutôt accueillant aux jeunes parents - deuxième cocorico, si vous permettez… Alors, Françaises, Français : faites l’amour, pas la crise !

Le pain noir des géants allemands de l'énergie

E.ON et RWE, naguère stars de la place de Francfort, ont été les deux lanternes rouges du DAX en 2010. Les deux voisins de Düsseldorf et d'Essen ont perdu environ un cinquième de leur capitalisation boursière en un an. Et leurs actionnaires ne peuvent guère espérer un rebond cette année. Douze ans après une libéralisation qui semblait, à l'origine, osée, mais a en fait accouché d'un oligopole confortable entre E.ON, RWE, Vattenfall et EnBW, les vents sont désormais - durablement -contraires.
Il y a d'abord l'excès d'offre sur le marché européen du gaz, notamment sous forme liquéfiée. Il fait baisser les prix « spot » du gaz naturel, alors que les grands de l'énergie s'approvisionnent, à des tarifs supérieurs, auprès du russe Gazprom, à qui ils sont liés par des contrats de long terme. Pour E.ON, qui s'est offert Ruhrgas en 2003, contre l'avis de l'office des cartels et grâce au soutien du gouvernement Schröder, au grand dam de la Commission européenne, cela devrait se traduire, en 2011, par des pertes au niveau de son activité gazière.
Il y a ensuite la réforme du système européen d'échange de quotas d'émission. Elle prévoit que, à partir de 2013, les quotas, dans le secteur de l'électricité, devront tous être achetés. Une sérieuse ponction pour le secteur - on parle de milliards d'euros. L'addition devrait être particulièrement salée pour RWE, qui possède le plus grand parc de centrales au charbon du pays.
Il faut ajouter à cela l'impôt sur le combustible nucléaire. Le nouveau concept énergétique adopté par le gouvernement en septembre est passé, dans un premier temps, pour une victoire du lobby énergétique. Les opérateurs ont, certes, obtenu un allongement de la durée de vie des 17 réacteurs nucléaires allemands, pour douze ans en moyenne. Une vraie manne. Mais, pour ménager une opinion toujours majoritairement hostile à l'atome, le gouvernement va prélever, en contrepartie, 2,3 milliards d'euros par an jusqu'en 2016. En outre, une épée de Damoclès juridico-politique pèse sur le nouvel accord nucléaire. Des Länder gouvernés par l'opposition réfléchissent en effet à un recours devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, arguant que le Bundesrat, la chambre haute du Parlement qui représente les Etats fédéraux, aurait dû avoir voix au chapitre. Qui plus est, que se passera-t-il si l'opposition parvient à conquérir le pouvoir en 2013, ce qui ne semble pas du tout fantaisiste, à lire les derniers sondages ? Il y a fort à parier qu'une nouvelle coalition de gauche reviendrait sur la « sortie de la sortie de l'atome », comme on dit en allemand.
Autre casse-tête pour les états majors : l'opposition croissante de la population aux nouvelles infrastructures énergétiques. La nouvelle centrale à charbon d'E.ON, à Datteln, près de la frontière néerlandaise, en offre un exemple spectaculaire. Suite à une décision de justice de 2009, le chantier est partiellement gelé, au motif que la procédure d'autorisation n'a pas pris suffisamment en compte la protection de la nature et celle de la population. E.ON, qui répète à l'envi que la nouvelle centrale sera l'une des plus « propres » d'Europe, espère résoudre l'imbroglio juridique dans les mois qui viennent et relier la nouvelle unité au réseau en 2012. Mais le groupe ne devrait pas sous-estimer la persévérance d'opposants toujours plus déterminés à mettre des bâtons dans les roues d'opérateurs devenus impopulaires.
Les initiatives citoyennes ne concernent pas que les centrales, mais aussi les expérimentations de séquestration de carbone, comme a pu le constater Vattenfall à propos de son site de Jänschwalde, dans le Brandebourg. « Nous ne voulons pas devenir la poubelle à CO2 de l'Allemagne ! », scandent les opposants. Les nouvelles lignes haute tension, qui seront nécessaires pour acheminer le courant produit par les éoliennes de la mer du Nord et de la Baltique vers le sud du pays, où il est consommé, soulèvent aussi des polémiques. Les habitants concernés réclament souvent leur enfouissement, qui coûte en moyenne 4,2 millions d'euros par kilomètre, quand leur simple suspension dans les airs revient à 1,8 million d'euros le kilomètre. La multiplication des recours juridiques coûte aux grands groupes énergétiques beaucoup de temps, d'énergie et d'argent. Des néologismes sont apparus, comme « la République bloquée » ou « la République toujours contre » pour désigner - en le déplorant -le « Zeitgeist ».
Enfin, pour couronner le tout, les géants du secteur font face à un mouvement massif de « recommunalisation » du secteur. Les municipalités, qui avaient cédé en masse leurs réseaux d'électricité, de gaz ou d'eau, à la fin des années 1990 ou au début des années 2000, au moins en partie, y voyant un moyen de renflouer leurs caisses, veulent désormais reprendre la main. Mauvaise nouvelle pour les grands acteurs du secteur qui, à travers leurs participations dans les régies, pouvaient empêcher ou gêner l'arrivée de la concurrence. En décembre, six régies du nord-ouest du pays ont même racheté 51 % de Steag, la branche énergétique du conglomérat Evonik, sortant ainsi du seul rôle de distributeur pour devenir producteur d'électricité -le cinquième du pays. « La concentration sur le marché de la production diminue et c'est bien ainsi », a commenté Justus Haucap, le président de la Commission des monopoles. Dans une situation particulière -l'expiration prochaine d'un pacte d'actionnaires, EnBW s'est pour sa part retrouvé quasiment nationalisé, du jour au lendemain, quand le Land de Bade-Wurtemberg a repris les 45 % d'EDF au capital. Stuttgart a promis d'introduire ses titres en Bourse, à terme, mais, en attendant, la transaction est passée pour un retour du politique dans le secteur. Dans ce contexte, pour le moins hostile, les spécialistes du secteur attendent avec impatience la réponse stratégique des quatre grands.

Inflation-Liquidité-Stabilité ou le fin pilotage de M. Trichet

La BCE donne l’impression de courir plusieurs lièvres à la fois, ou est-ce un moyen pour faire accélérer la mise en œuvre de mécanismes politiques non conventionnels ?
 On se souvient tous de ce jour de début juillet 2008. Tous les regards étaient alors tournés vers la BCE pour qu’elle enclenche un mouvement de baisse des taux à l’image de son homologue outre-Atlantique. Et qu’a fait M. Trichet ? Il a monté le taux refinancement de 4 % à 4,25 % en s’appuyant sur son unique mission de stabilité des prix.

Les marchés ont ensuite imaginé que la BCE avait totalement revu cette unicité de sa mission. Elle a commencé à le faire avec la mise en place des mesures de liquidité exceptionnelles à court, moyen et long termes pour soutenir les banques et le système monétaire. Elle a continué en achetant et en orchestrant l’achat direct de dettes d’Etat pour calmer les inquiétudes exacerbées des marchés sur la crise des dettes souveraines.

Le réveil a sonné tout en douceur jeudi 13 janvier 2011 la fin de ce rêve.
En effet, alors que tous les regards se tournent vers l’EFSF, l’EFSM, la non-destruction de la zone euro et le besoin de mesures non-conventionnelles politiques de plus en plus marqué, M. Trichet ne répond pas à ces attentes et nous rappelle sa mission de stabilité des prix et une possible hausse du taux refi à venir, à venir avant son départ en automne prochain.
Effet garanti immédiat, les taux les plus courts, c’est-à-dire les plus proches du taux refi se tendent sur la nouvelle (voir le graphique ci-contre).

Mais d’un autre côté, M. Trichet accompagne le discours en réitérant sa volonté de maintenir les mécanismes de liquidité et de stabilité déjà mis en place ce qui a permis aux marchés des actifs risqués de se maintenir et éviter un écartement massif des primes de risques périphériques. C’est parfaitement cohérent avec l’orchestration des succès des émissions périphériques de la semaine dernière.
Il n’a pas vraiment le choix et arrive ainsi à piloter très finement entre des objectifs contradictoires.

En effet, compte tenu de l’absence de fédéralisme et d’union politique en zone euro, sa mission officielle est bien unique, et il s’agit de maintenir la stabilité des prix. Hors on constate depuis quelques semaines une forte hausse des anticipations d’inflation en zone euro de presque 30 % en deux mois sur les anticipations d’inflation à 5 ans par exemple (voir le graphique ci-contre).

M. Trichet se retrouve donc dans son rôle historique de Banquier Central avec la réponse conventionnelle de chercher à augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre la hausse de l’inflation.
D’un autre côté, pour éviter la crise de liquidité, il maintient les mécanismes de surliquidité et de programme d’achats de dettes qui ont un effet inverse de baisse des taux.
La BCE donne ainsi l’impression de courir plusieurs lièvres à la fois ce qui peut provoquer une forte volatilité sur les marchés et qui ne résout pas durablement la crise de solvabilité qui secoue aujourd’hui la zone euro.

Une autre lecture consiste à voir dans la posture de Mr Trichet un moyen pour faire accélérer la cadence de la réflexion et de la mise en œuvre de mécanismes politiques non conventionnels afin de résoudre durablement cette crise de solvabilité et pour laquelle la BCE n’a pas les armes pour le faire.

Merci à Maud pour son aide
PHILIPPE-HENRI BURLISSON

Envie d'entreprendre... Et de grandir ?


Plus de 600.000 Français ont donc relevé en 2010 le défi de la création d'entreprise. Malgré la conjoncture insaisissable, toutes les raisons, bonnes ou mauvaises, d'y réfléchir à deux fois avant de se lancer. Ce résultat record, dépassant celui de 2009, confirme le triomphe du régime d'autoentrepreneur. Au-delà, il prouve combien la France des PME a changé.


Il n'y a pas si longtemps, une décennie, on créait dans l'Hexagone moins de 200.000 entreprises chaque année. L'évolution législative et le développement des dispositifs d'accompagnement, publics ou privés, ont permis depuis le milieu des années 2000 de franchir le cap des 300.000 créations par an, puis celui des 500.000 grâce aux autoentrepreneurs. Outre cette accélération statistique, c'est la perception de l'entreprise, la valeur accordée à l'acte d'entreprendre et la figure de l'entrepreneur qui a progressé de façon spectaculaire. Dans ce pays où une publicité restée fameuse montrait des innovateurs accueillis d'un lapidaire « Ca ne marchera jamais », on dit sans doute un peu moins d'un néoentrepreneur qu'il prend des risques, et davantage qu'il tente sa chance. A l'instar du « Take your chance » anglo-saxon, qui n'est pas un détail sémantique.


Les adeptes du verre à moitié vide souligneront que ces statistiques traduisent aussi les doutes sur la stabilité de l'économie. De fait, en temps de crise, la création d'entreprise sert à la réassurance, tel un paratonnerre, devenir entrepreneur étant l'ultime moyen de ne pas subir un chômage prolongé. Mais ne réduisons pas cette floraison de 2010 à un cache-misère. Des entrepreneurs plus nombreux, c'est naturellement davantage de chances de voir se créer de la valeur et des emplois. A condition qu'ils soient plus nombreux à avoir envie non seulement d'entreprendre, mais de grandir. Le vrai bémol est là : ces chiffres ne permettent pas d'oublier ceux, plus décevants, sur l'activité économique de nombreux autoentrepreneurs, sur l'effectif moyen d'une PME française, sur le nombre des entreprises de taille intermédiaire, en recul en 2010. Avec ces 600.000 nouveaux entrepreneurs, la France confirme qu'elle vit une révolution culturelle. Pour qu'elle prenne sa pleine dimension économique, la performance durable de ces entreprises, pas simplement leur existence ou leur subsistance, est la vraie clef. Progresser, innover en ce domaine, est plus que jamais la priorité de tous ceux qui travaillent au service des PME.

Les enfants de la confiance

Etrange univers que la démographie ! Ici, la France est en plein boum. Elle ne connaît pas la crise, ni la déprime ni la lente asphyxie à laquelle elle semble trop souvent condamnée. L'an dernier, ses femmes ont accouché de 828.000 bébés. C'est le nombre le plus élevé depuis trente ans, bien plus proche du pic du baby-boom (878.000 en 1964) que du creux des années grises (711.000 en 1994). Un seuil symbolique a même été franchi : pour la première fois depuis 1974, les femmes ont en moyenne deux enfants (selon l'indicateur conjoncturel de fécondité). En une génération, le pays a ainsi dépassé les 65 millions d'habitants, soit une progression de 10 millions. Et, dans une génération, il sera plus peuplé que l'Allemagne, où la population décline depuis déjà sept ans.

Cette énergie vitale de la France s'explique par trois raisons majeures. La première est technique : il s'agit d'un décalage dans le temps. Ces dernières décennies, les femmes ont été de plus en plus nombreuses à occuper un emploi. Nombre d'entre elles ont décidé en conséquence d'avoir des enfants plus tard. L'âge moyen à l'accouchement a dépassé les 30 ans l'an dernier. Et la progression de la fécondité vient pour une bonne part des femmes de plus de 35 ans. La deuxième raison, elle, est politique. L'Etat continue d'encourager la natalité par toute une série de mesures, des allocations familiales aux crèches en passant par des réductions d'impôt. Les futurs gouvernants devront avoir cette donnée en tête quand ils devront faire des choix budgétaires déchirants.

La troisième source de notre énergie démographique est plus profonde : les Français ont tout bonnement envie d'avoir des enfants. Dans un pays en proie au doute, à l'horizon bouché, craintif d'un monde en plein changement, ce désir correspond à une envie de se projeter malgré tout dans le futur. Le sondage de la Fondation pour l'innovation politique auprès de jeunes de 25 pays, publié hier, le montre clairement : les jeunes Français sont à la fois parmi les plus pessimistes sur la situation de leur pays (25 % de satisfaits), les plus inquiets de la mondialisation (seulement 52 % la considèrent comme une opportunité) et les plus enclins à fonder une famille (47 %) et à avoir des enfants (60 %). Dans un univers vécu comme hostile, on se replie sur le cocon familial.

Il y a donc dans ce « natalisme » français le meilleur et le pire, l'espoir et la crainte. L'envie d'enfants constitue cependant d'abord un signe profond de confiance dans l'avenir. Il doit bien y avoir une voie de passage entre ce sentiment individuel et notre destin collectif, qui nous permettrait de sortir enfin de « la société de défiance ».

Jeunesse mondiale: moral d'acier des Chinois, doutes européens, selon un sondage

Plus confiants dans la mondialisation, optimistes pour eux mêmes et pour leur pays, les jeunes chinois ont un moral d'acier alors que les jeunes américains et européens, notamment français, ont de sérieux doutes, selon un sondage mené dans 25 pays et publié mardi.
Réalisée par l'institut TNS Opinion pour le compte de la Fondation (française) pour l'innovation politique (Fondapol, de tendance libérale), l'étude montre que la jeunesse des pays émergents est enthousiaste et bien dans son époque, alors que celle des pays occidentaux, Canada et pays scandinaves exceptés, a le moral plutôt en berne, en fonction de la dureté avec laquelle la crise économique a frappé leur pays.
Point commun des jeunes des pays émergents, et des grands pays industrialisés de l'après-guerre: ils sont insatisfaits d'une manière générale de la situation d'ensemble de leur pays à 61% mais en revanche satisfaits de l'époque dans laquelle ils vivent (59%). "Le pays déçoit mais l'époque console" commente Dominique Reynié, directeur général de la Fondation.
Les jeunes chinois sont les plus confiants dans la mondialisation (91%) devant leurs homologues indiens (87%), brésiliens (81%) et sud-africains (77%). Les jeunes américains n'arrivent qu'à la 10e place sur 25 (71%) alors que les Français arrivent en bas de tableau à la 22e place (52%).
S'agissant de "l'avenir prometteur" de leur pays, les jeunes indiens sont les plus optimistes (83%) devant les Chinois (82%) alors que les Américains ne sont que 37% à y croire et les Français seulement 17%.
A la question de savoir s'ils sont certains d'avoir "un bon travail dans l'avenir", les Indiens répondent par l'affirmative à 92%, les Russes à 80% les Américains à 76%, mais les Français à seulement 49% et les Japonais à 32%.
A propos de l'archipel nippon, l'étude note que "la jeunesse japonaise est en tout point plus insatisfaite que les autres".
Paradoxe français: si les jeunes de l'Hexagone se retrouvent souvent parmi les plus pessimistes, ils arrivent en tête de classement (2e à 61% derrière les Indiens) pour la question de savoir s'ils sont satisfaits de leur travail.
De même les Français sont "satisfaits" de leur vie (83%), au dessus de la moyenne européenne (78%). Les champions européens de la natalité estiment qu'avoir une vie satisfaisante c'est "fonder une famille" (47%) et non "gagner beaucoup d'argent" (14%).
Les jeunes européens sont moins attirés par les valeurs spirituelles que le reste du monde. Ils sont plus libéraux en matière de sexualité, moins prêts à mourir pour la patrie et plus réticents en matière d'immigration.
Près de 33.000 jeunes de 16 à 29 ans ont été interrogés dans 25 pays par questionnaires internet, selon la méthodes des quotas, entre le 16 juin et le 22 juillet 2010.

La vitalité retrouvée de la Silicon Valley

L'année 2010 a été la meilleure de toute l'histoire d'Intel et nous sommes persuadés que l'année 2011 sera encore meilleure », assurait la semaine passée Paul Otellini, PDG du numéro un mondial des puces. Des propos qui peuvent surprendre, alors que l'Etat de Californie traverse la pire crise financière de son histoire, que le marasme économique sévit toujours dans le Golden State, comme partout ailleurs aux Etats-Unis... Mais Intel n'est pas le seul à se porter comme un charme. A bien regarder, presque tous les autres champions de l'industrie high-tech de la Silicon Valley annoncent des bénéfices record, des chiffres d'affaires en hausse et... embauchent.
Comme avant la crise, les autoroutes de la région sont à nouveau encombrées matin et soir, les parkings des firmes technologiques sont pleins et les entreprises se battent pour conserver leurs meilleurs collaborateurs... Pour éviter une saignée, Google a même dû verser à tous ses salariés une prime de 1.000 dollars après impôts et les augmenter de 10 % au 1 er janvier de cette année. Du jamais-vu à cette échelle, même dans la région.
Reflet plus « objectif » de cette bonne santé collective retrouvée des firmes technologiques, l'indice Nasdaq a progressé de plus de 600 points depuis février 2010. Soit une hausse de près de 30 % des valeurs technologiques en moins d'un an ! S'agissant de leurs homologues pas encore cotées, les start-up, leurs investisseurs confirment que « les affaires vont bien ». Un optimisme qui n'était plus affiché depuis longtemps.
Comment s'explique ce dynamisme retrouvé ? D'abord par le fait que les entreprises technologiques locales - même les plus petites -sont réellement tournées vers les marchés mondiaux, notamment asiatiques, dont beaucoup sont en pleine expansion. Raison pour laquelle beaucoup de start-up choisissent de commencer leur existence dans la Silicon Valley, même si, dans l'absolu, les coûts y sont plus élevés qu'ailleurs.
Autre motif d'explication : la capacité des entreprises de la région à poursuivre les investissements liés à l'innovation, surtout en période de crise. On réduit les frais généraux, mais pas les programmes de R&D.
Enfin, le climat actuel s'explique aussi par une volonté très spécifique de dépasser ses points forts traditionnels. En investissant massivement dans les nanotechnologies, les biotechnologies et, plus récemment, dans les technologies vertes, la région se donne les moyens de créer de nouveaux emplois à haute valeur ajoutée, qui remplacent ceux qui sont détruits, amorçant une croissance nouvelle.
Ainsi, globalement, le nombre d'emplois salariés dans la Silicon Valley n'a que peu évolué depuis vingt ans (avec toutefois de très fortes baisses et hausses sporadiques). Mais un tiers seulement de ces emplois sont aujourd'hui liés à l'informatique, contre plus de la moitié en 1990...
Autour de San Jose par exemple, considérée comme la « capitale » de la Silicon Valley, des parcs technologiques comme celui d'Evendale sont là pour témoigner de cette évolution. Celui-ci attire désormais des firmes de clean-tech et de biosciences du monde entier, mais aussi en provenance d'autres Etats des Etats-Unis, comme New York et le Massachusetts, pourtant réputés dans ces domaines. Les start-up trouvent ici, plus qu'ailleurs, un écosystème capable d'accélérer leur développement.
Cette diversification « naturelle » (l'industrie solaire puise ses racines dans celle des semi-conducteurs, nombre de recherches sur les biocarburants viennent des biotechnologies, etc.) permet aussi aux meilleurs, qui ont déjà un emploi, de trouver de nouveaux défis professionnels à relever. Donc de rester sur place plutôt que de céder aux sirènes des autres pôles innovants de la planète.
A ce prix, la Valley reste donc une terre d'immigration et non d'émigration pour les emplois à très haute valeur ajoutée. Pour autant, la question qui agite beaucoup de responsables politiques et économiques du Golden State est de savoir si la vitalité retrouvée des firmes technologiques de la Silicon Valley sera suffisante pour tirer vers le haut l'ensemble de l'économie de l'Etat, alors que le taux de chômage (plus de 12 % de la population active) y est globalement plus élevé que la moyenne nationale et que les finances publiques sont dans un état encore « pire que prévu ». Le nouveau gouverneur, Jerry Brown, vient de revoir à la hausse (29 milliards de dollars) le budget de l'Etat en 2011.
Sur le plan macroéconomique, la situation n'est guère meilleure : les marchés de l'immobilier, du tourisme, de l'agriculture, de la construction, sans parler des secteurs industriels traditionnels, restent en mauvaise posture.
Heureusement, certains y croient. Les plus optimistes regardent vers le passé pour affirmer qu'à de nombreuses reprises, notamment dans les années 1970 puis 1990, l'expansion technologique de la Silicon Valley a bel et bien entraîné toute l'économie californienne vers de longues périodes de prospérité.
Et ils prédisent que l'innovation dans les biosciences, les technologies liées aux terminaux mobiles ou les clean-tech créeront des emplois dans la santé, l'éducation, les services à la personne, etc. Qui, à leur tour, stimuleront des secteurs comme le tourisme ou les loisirs. Mais, même s'ils ont raison, cela ne se fera qu'au prix d'une dure « réinvention sociale », qui obligera beaucoup de gens à passer par la case chômage (avec très peu d'indemnités), à changer de qualification et d'emploi.

Le poids du déclassement

Tandis que les états-majors politiques recherchent les martingales du succès en 2012, l'évolution de la société française hypothèque de plus en plus leurs calculs. La tendance de fond à l'oeuvre depuis plusieurs années dessine en effet une sorte de France à trois classes : en haut, les plus aisés, dont les revenus ont augmenté de plus de 40 % en cinq ans (principalement du fait des produits du patrimoine). En bas, les moins favorisés, touchés par la dégradation de l'emploi mais heureusement protégés par les transferts sociaux, qui en sont venus à représenter plus du tiers du revenu disponible chez les plus exposés. Et, au milieu, ce qu'on appelle la classe moyenne. Elle n'est pas assez pauvre pour bénéficier du modèle français d'assistance ou d'exemption d'impôt, et pas assez riche pour accéder aux profits financiers et aux déductions fiscales. Or, elle concentre, il faut le savoir, l'essentiel des salaires versés, du PIB... et des impôts payés. Car elle est la plus nombreuse, ce qui fait toujours saliver les spécialistes de la recette publique.

Distinguée par autant de malchances, il n'est pas étonnant qu'elle ressente plus que d'autres le poids du déclassement social. Sa partie la plus proche du bas de l'échelle est frustrée de l'argent qu'on ne lui donne pas (allocations), mais voit bien l'argent qu'on lui prend (fiscalité, dont impôts locaux). Sa partie plus haute enrage au spectacle de certaines rémunérations. Les deux sont prises en étau entre une évolution paresseuse du pouvoir d'achat (+ 20 % environ en dix ans) et le coût du logement (plus de 30 % de hausse). Menacée dans son statut social, une partie en est réduite à se réfugier dans celui, d'inspiration ethnique, que lui proposent les thèmes cauteleux de la xénophobie.

Pour résumer, cet important bataillon de Français attend qu'on lui assure une fiscalité allégée, une embellie d'activité, un logement moins cher. Avis aux candidats, dont la tâche ne sera pas aisée.

Tim Cook

Le directeur général délégué d'Apple est passé de l'ombre à la lumière en se retrouvant propulsé à titre intérimaire dans le fauteuil de numéro un de la marque à la pomme à cause des pépins de santé de son patron, Steve Jobs. Les fans de la firme californienne peuvent toutefois se sentir rassurés tant, depuis son arrivée dans la maison il y a treize ans, ce fils d'un ouvrier des chantiers navals de Robertsdale, en Alabama, s'est imposé comme un de ses piliers. Après des débuts chez IBM puis Intelligent Electronics, le titulaire d'un MBA de la Duke University, en Caroline du Nord, n'est resté que six mois responsable de la division matériaux de Compaq avant de se faire débaucher par le groupe de Cupertino. Ce gros travailleur au verbe sec, qui envoie des e-mails dès 4 h 30 du matin et organise des conférences téléphoniques avec ses collaborateurs le dimanche soir pour préparer le travail de la semaine, est loin d'avoir le charisme du père du Macintosh. Mais l'adepte de la gymnastique, qui passe son temps à avaler des barres énergétisantes même pendant ses interventions publiques, a su regonfler les marges de son groupe en réduisant l'appareil de production et en diminuant les délais de livraison. Ce célibataire amateur des chansons de Bob Dylan passe ses vacances dans les parcs nationaux américains. Il est aussi un grand admirateur de Lance Armstong, une façon de plus de rendre hommage à Steve Jobs, aux yeux duquel « l'ordinateur est l'équivalent du vélo pour l'esprit ».