TOUT EST DIT

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mercredi 7 juillet 2010

Incivilités dans les banques, ce qu'en disent les salariés

Des insultes aux menaces, les altercations entre clients et employés des banques ont augmenté de 14% en un an. Un phénomène amplifié par la crise et le climat économique incertain.

Insultes, tapage, harcèlement et mêmes agressions physiques... Au total les salariés des banques ont répertorié 3 057 cas d'incivilité en 2009, soit 14% de plus que l'année précédente. L'Association française des banques (AFB) tient tous les ans une comptabilité des actes violents envers les guichetiers, conseillers et directeurs d'environ 30 000 agences de France.

Rapporté aux quelques 400 000 employés du secteur, le phénomène reste marginal. Mais face à la hausse constante des actes, l'AFB estime "que travailler dans une banque, en contact direct avec la clientèle, est un métier de plus en plus exposé aux injures et autres agressions verbales". La plupart des incivilités sont des injures, des menaces, des tapages ou des dégradations. Seules deux agressions physiques graves ont été répertoriées en 2009.

Première fautive : la crise. "Qui dit crise dit, pour certains clients, difficultés à souscrire des produits financiers, à avoir accès au crédit, d'où un mécontentement et des tensions qu'ils expriment face au banquier", constate Pascal Lagrue, secrétaire adjoint de la fédération FO Banques. "Leur colère peut se traduire par des cris, des injures", confirme Elisabeth*, la trentaine, au guichet d'une agence parisienne de la Société générale. Elle a déjà essuyé deux fois des injures depuis début 2009, date de son arrivée. "On constate un manque de respect de plus en plus fort lorsqu'on refuse d'accéder à leurs demandes ou qu'on leur rappelle les règles du système bancaire, commente t-elle. De plus en plus d'entre eux trouvent les frais bancaires anormaux et voudraient que la banque soit un service public, ce qui n'est pas le cas."
"Renflouer les caisses"

Les clients qui s'emportent savent toucher là où ça fait mal. "Il suffit qu'on facture des agios et certains nous accusent de vouloir renflouer les caisses après l'affaire Kerviel. Ils ont du mal à faire la distinction entre leurs conseillers et les responsables de la banque d'affaires", constate Elisabeth. Un climat de suspicion qui a épargné les banques les moins impliquées dans la crise. "On s'estime mois touché par les incivilités que les autres, parce qu'on a pas été associé aux affaires des subprimes, des salles de marché et du plan d'aide de l'Etat", fait-on savoir chez LCL.

Si la crise exacerbe les violences envers le personnel, elle ne les a pas créées. Dès le milieu des années 2000, les entreprises avaient pris le problème à bras le corps. Fin 2006, cinq syndicats de branche -CFDT, SNB, CFTC, FO et CGT- signaient un premier accord avec l'AFB, renouvelé en janvier dernier. Son but : répertorier les incivilités, leur gravité, et permettre si besoin d'engager des poursuites. "Récemment l'insulte d'une cliente a entraîné la clôture immédiate de son compte", explique Manolita, 25 ans, employé au Crédit du Nord depuis deux ans. "Une partie de la formation des agents est aussi consacrée à la gestion des incivilités des clients", poursuit-elle. Une sensibilité nouvelle qui explique aussi que les incidents soient plus souvent signalés aux directions. Ce qui augmente mécaniquement les statistiques.

* le prénom a été changé

LA VIOLENCE EST LIÉE À L'INEFFICACITÉ DES BANQUES, À LEUR LAXISME, LES "CLIENTS" SONT DE PLUS EN PLUS CONFRONTÉS À DES DÉCOUVERTS, QUI LEUR COÛTENT CHER EN AGIOS (les banques ne se privent pas de tondre le mouton), LES SERVICES SONT RÉDUITS À LEUR PART CONGRUE, LA COMMUNICATION SE FAIT AUJOURD'HUI AVEC DES PLATES FORMES INHUMAINES QUI SE FOUTENT TOTALEMENT D'EUX. LA VIOLENCE, EST JE LE CRAINS LA SEULE RÉPONSE FACE À L'INCOMPÉTENCE ET À LA DÉFIANCE DES ÉTABLISSEMENTS BANCAIRES DE PLUS EN PLUS RICHES.

Edwy Plenel veut porter plainte contre Xavier Bertrand pour diffamation

Le journaliste Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, a annoncé mercredi 7 juillet son intention de "saisir la justice" pour diffamation après que Xavier Bertrand (UMP) a qualifié de "méthodes fascistes" la couverture de l'affaire Bettencourt par son site Internet.
Pour le journaliste, il s'agit d'une "attaque concertée, non pas de la majorité […] mais de la garde rapprochée du président". "Je trouve que François Fillon a été beaucoup plus modéré à l'Assemblée", a-t-il estimé. "Cette garde rapprochée, au bout de trois semaines de révélations, manifeste un mépris profond de la démocratie et de la justice dans sa mauvaise foi", a affirmé le journaliste.

"Il y a eu une décision de justice qui a été rendue il y a une semaine, par une vice-présidente du tribunal de Paris qui dit que les informations de Mediapart sont légitimes et d'intérêt public, que nous avons fait notre travail de manière rigoureuse. Elle déboute Mme Bettencourt et son chargé d'affaires, qui voulaient que nous enlevions nos informations.". "Maintenant que la justice nous a donné raison, on en vient à la calomnie parce que c'est celui qui dit qui y est", a-t-il dit.

Le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand a critiqué mardi soir au Raincy, en Seine-Saint-Denis, le rôle des socialistes dans l'affaire Bettencourt ainsi que celui du site d'information Mediapart, l'accusant d'user de "méthodes fascistes".

PLENEL EST UNE FIGURE EMBLÊMATIQUE DE LA PRESSE DE GAUCHE (eh oui, Le Monde est de Gauche ) EN TANT QUE TEL, SES ANALYSES SONT ORIENTÉES ET SUJETTES À CAUTION.

Marine Le Pen gagne sept points de popularité

u terme d'une semaine marquée par la démission de deux ministres et les révélations successives de l'"affaire Woerth", la cote de popularité de Nicolas Sarkozy atteint un plancher historique, Marine Le Pen enregistrant la plus forte progression des vingt personnalités testées avec une hausse de sept points.
Nicolas Sarkozy a perdu trois points de popularité début juillet par rapport à fin mai, avec 33 % de bonnes opinions contre 64 % de mauvaises (+5), selon l'observatoire de BVA pour Orange, L'Express et France Inter publié mardi 6 juillet. Avec ce dernier chiffre, le président égale "son record historique" d'avril 2008, "qui faisait de lui le président le plus impopulaire depuis la création du baromètre il y a trente ans", note BVA.

La vice-présidente du FN Marine Le Pen est "la principale bénéficiaire de cette période marquée par les angoisses économiques et la crise morale liée aux affaires", selon l'institut. La fille de Jean-Marie Le Pen gagne en effet sept points entre février et juillet 2010, mais elle reste, avec 19 %, la dernière des vingt personnalités testées.

Interrogés pour savoir si "personnellement" ils ont "le sentiment que les affaires mêlant hommes politiques et argent sont plus nombreuses depuis l'élection de Nicolas Sarkozy", 55 % des sondés répondent "oui", 41 % répondent "non" et 4 % ne se prononcent pas.

Pour sa part, François Fillon a perdu un point, avec 49 % de bonnes opinions et 45 % de mauvaises opinions (+2). Dans le classement des personnalités ("souhaitez-vous qu'elle ait davantage d'influence dans la vie politique française ?"), Dominique Strauss-Kahn perd un point à 52 % par rapport au mois de février, et Martine Aubry en gagne un, à 44 %. Le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, et Ségolène Royal sont à 33 %, le premier gagnant quatre points, la seconde en prenant six.

QUAND LES SOCIALISTES SE LIGUENT AVEC L'EXTRÊME DROITE POUR FAIRE CHUTER UNE POLITIQUE QUI LES DÉRANGE, UNE POLITIQUE DE RAISON, HORS DES SENTIERS "FARFELUEMENT" SOCIALO-DÉMAGOGIQUE.
L'INTÉGRITÉ N'EST PAS LÀ OU ON LA CROIT, DE LA DISTANCE EST NÉCESSAIRE.

La cuvée du baccalauréat 2010 s'annonce moins bonne

Les premiers résultats au baccalauréat 2010 s'annoncent en baisse par rapport à 2009 dans les filières générale et professionnelle, seule la filière technologique connaissant un taux de réussite en hausse, selon les données provisoires du ministère de l'éducation. Le taux de réussite quasi définitif sera connu lundi, après les oraux de rattrapage prévus jusqu'à samedi.
"Le taux de réussite au baccalauréat général (54 % des candidats) est de 74,6 %, en baisse de 3,6 points" par rapport à 2009. Plus précisément, la série ES (économique et social) affiche un taux de réussite en baisse de 5,5 points, la série L (littéraire) diminue également de 4,3 points et la série S (scientifique) de 2,1 points. Les résultats du baccalauréat professionnel (20 % des effectifs) s'annonçaient "en légère baisse (–2,5 points) avec un score de 77,4 %", selon ces résultats partiels. En revanche, les résultats du baccalauréat technologique (26 % des candidats), avec un taux de succès de 66,1 %, connaissaient une augmentation de 4,5 % (secteur tertiaire en augmentation de 5,7 points notamment). "Les résultats dans les séries générales sont sensiblement à la baisse", a noté le ministre de l'éducation, Luc Chatel.

Le taux de réussite global 2009 a été de 86,2 %, dont 88,9 % au bac général, 79,8 % au bac technologique et 87,3 % au bac professionnel. 65,6 % d'une génération a le bac, une proportion stable depuis plusieurs années.

Cette journée de découverte des résultats a été marquée par une grève des informaticiens de l'éducation nationale qui a perturbé partiellement, selon eux, la remontée des données. "Au moins deux tiers des académies étaient dans l'action", ont assuré le Snasub-FSU et le SGPEN-CGT, syndicats appelant au mouvement. Selon eux, plusieurs "mises en demeure" à l'encontre de grévistes a freiné l'impact du mouvement, qui a toutefois affecté la remontée des données statistiques des académies vers le ministère. Dans un communiqué, le ministère affirmait que la communication des résultats, y compris sur les sites Internet des académies, ne devait pas être perturbée. Les informaticiens demandent le retrait du "schéma directeur des infrastructures" qui réorganise les services informatiques avec notamment la suppression ou le redéploiement de 150 postes en cinq ans.

En savoir plus :

Consulter le site Internet du ministère de l'éducation nationale.

La célébrité la plus puissante du monde est Oprah Winfrey

Selon Forbes et son classement 2010 paru lundi, l’animatrice américaine aurait gagné 315 millions de dollars l’an dernier arrivant ainsi en tête des célébrités les plus puissantes.

2011 sera également sans nul doute l’année de la consécration puisqu’elle va lancer sa propre chaîne de télévision.

Quant au reste du palmarès, la chanteuse Beyonce Knowles se place en deuxième position avec 87 millions de dollars suivie par le réalisateur James Cameron et son « Avatar ».

En quatrième place, une nouvelle recrue en la chanteuse Lady Gaga qui a récolté pas moins de 62 millions de dollars. Parmi les surprises, la chute de l’actrice Angelina Jolie de la deuxième à la 18ème position laisse penser qu’elle n’est plus aussi puissante qu’avant.

Enfin, le maintient plus que convenable du golfeur Tiger Woods malgré ses déboires conjugaux en cinquième position avec 105 millions de dollars est également très étonnant.

Le mal empire

Brigitte Bardot est sortie de sa réserve, hier, pour un « coup de gueule », dont son entourage souligne qu’il touche à la « politique générale », dépassant la cause des animaux. Peu suspecte d’être une figure de gauche, la vedette de « Babette s’en va-t-en guerre » et du « Mépris » lance au chef de l’État que son « passage laisse une trace d’une négativité et d’une médiocrité inquiétantes ». L’irruption de Mme Bardot dans le débat politique est, au climat de 2010, ce que l’annulation des tiercés fut à celui de mai 1968 : un indicateur que les choses empirent.

Depuis que Nicolas Sarkozy est nommément cité dans une accusation, jusque-là médiatique, de financement illégal de sa campagne électorale de 2007 — illégal aussi bien pour son montant que pour son cheminement secret -, on pense au scandale du Watergate. Non à cause du détail commun des écoutes dans ces deux affaires, différentes par leur objet, mais parce que l’Élysée est désormais touché de plein fouet, comme le fut la Maison Blanche en 1974. Ce précédent montre qu’une tactique de simples dénégations suffira aussi peu que le rappel au principe de la présomption d’innocence à écarter les soupçons. Accuser l’opposition d’exploiter le climat scandaleux pour mettre en échec les projets du gouvernement — ce que, naturellement, elle fait — ne démontre pas davantage qu’elle fabrique de toutes pièces des affaires sans fondement. Or, aussi bien pour son autorité dans le pays que pour son image au dehors, le sommet de l’État ne peut rester noyé dans les brumes de l’équivoque. S’il est sûr de ses actes, il est fondé à mener une contre-attaque qui démontrerait une machination hypothétique, tant il est vrai que les témoignages qui se multiplient ne sont pas paroles d’Évangile, et souvent de deuxième main.

Avec le Watergate, Richard Nixon était devenu « tricky Dick » (Ric le tricheur). L’enjeu, pour Nicolas Sarkozy, est de montrer qu’il n’est pas « tricky Nick ». Si, au contraire, les faits devaient enrichir le dossier des convergences entre le chef de l’État et certaines puissances d’argent, il y aurait un prix politique à payer. Le précédent président de la République fédérale d’Allemagne, Horst Köhler, s’est retiré pour moins que cela. Il est vrai que sa fonction est surtout honorifique. Le mot vient d’« honneur ».



André Schlecht

Expliquer

La télévision ne vaut rien au débat politique. En tout cas pas la télévision selon Laurence Ferrari recevant Eric Woerth : «Je vous regarde dans les yeux», dit l'un, pour répéter en boucle que tout cela est insupportable et honteux. «Les yeux dans les yeux», interroge l'autre, pour mieux battre des cils sans poser de question... Drôle d'échange, qui aura fait de l'audience à défaut de faire la lumière. C'est la loi du spectacle, qui préfère les sentiments aux arguments, les indignations aux explications. Et puis peu importe, après tout: c'est notre Président qu'on attend maintenant, c'est lui qui doit parler, qui va bientôt parler. Mais s'il-vous-plaît, Monsieur notre Président, parlez-nous clairement, directement, du dossier et pas de votre famille, de vos comptes de campagnes et pas de vos états d'âme - qui sont pour l'heure, Monsieur Woerth l'avait oublié, le dernier de nos soucis.

Fais du bien à Bertrand...

Nantis de tous les pays, unissez-vous ! C'est l'appel lancé par Warren Buffet et Bill Gates aux richissimes camarades. Ils les invitent à léguer la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives. Eux-mêmes, sans se retrouver sur la paille, montrent déjà l'exemple.

L'amicale U.S des "superfriqués", en jouant le jeu, pourrait distribuer 600 milliards de dollars. Ce qui motive un tel élan de générosité ? La volonté "d'inscrire son nom dans l'Histoire". Face à la postérité, virer philanthrope confère au nabab un prestigieux statut. Plutôt que de laisser l'image d'un "requin", il passera pour un bel humaniste.

Ainsi va, outre-Atlantique, le dévouement au "charity-business". Chez nous, jugée à cette aune, Liliane Bettencourt mérite une statue. On ne compte plus les "justes causes" qu'elle inonda de ses largesses.

La discrète donatrice préfère taire le nom des heureux élus. Son ex-comptable se montre plus prolixe : "Le 26 mars 2007, Madame a donné 150 000 euros en liquide pour soutenir la campagne de l'UMP." Où le mécénat ne va-t-il pas se loger...

Les cadors du parti, hier, hurlaient à "la calomnie". Faut voir. Mais si les faits se confirment, quelle ingratitude ! Comme on dit dans le Midi : "Fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant."

Les syndicats refusent d'entrer dans la polémique

Les syndicats évitent de se prononcer sur la légitimité d'Eric Woerth. Mais ils jugent en privé sa position de moins en moins tenable.
Surtout garder ses distances et ne pas en rajouter : malgré la succession d'accusations à l'encontre d'Eric Woerth, les syndicats restent fidèles à la ligne qu'ils se sont fixée dès le début de l'affaire. La question n'est « pas de leur ressort », martèlent-ils, et faute de preuve ou de démission, Eric Woerth reste leur interlocuteur sur la réforme des retraites. Ils font donc « avec ». « Pas question de mettre le doigt là-dedans ; ce n'est pas notre rôle », explique l'Unsa. « C'est un terrain compliqué. Nous n'avons aucune raison ni envie de s'y aventurer », abonde la CFDT. Mais tous sentent le vent tourner et commencent à s'irriter des conséquences. « Eric Woerth a forcément la tête à autre chose que les retraites et cela va devenir de plus en plus dur de discuter », note la CGT, tandis que la CFDT regrette que « la question des retraites passe à présent au second plan ».
« En observateurs »

Dans ce contexte, les syndicats jugent désormais, « en observateurs », « de moins en moins tenable » la position d'Eric Woerth, d'autant qu'« il ne se défend pas très bien ». Ils se préparent donc à l'arrivée d'un éventuel remplaçant. Leur pronostic ? Xavier Bertrand. « Il faut quelqu'un qui maîtrise le dossier et qui a l'expérience des syndicats. Je n'en vois pas vraiment d'autre dans l'entourage de Sarkozy », constatent plusieurs leaders syndicaux. Ce qui n'est pas pour les rassurer. Ils saluent la capacité de travail de Xavier Bertrand, mais ont encore en travers de la gorge sa « trahison » de l'été 2008, quand il avait glissé dans la loi sur la représentativité des mesures d'assouplissement des 35 heures. Il reste aussi pour les syndicats, le ministre du Travail qui avait raboté le dispositif carrières longues et fait traîner le dossier pénibilité. Mais chacun prend soin de « ne pas personnaliser » le débat. « L'important, c'est le fond de la réforme, pas le ministre », insiste l'Unsa. « C'est à l'Elysée que tout se décide. Alors Woerth ou un autre… » pointe la CFDT. « Il ne faut pas se tromper de combat, conclut la CGT. La réforme se jouera dans la rue et nous restons concentrés sur la préparation de la mobilisation du 7 septembre. »

Affaire Bettencourt : Woerth prend les Français à témoin

Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP est intervenu hier soir sur TF1. Il a réfuté tout financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy par la famille Bettencourt et a exclu de quitter le gouvernement.
S'expliquer devant les Français pour tenter de sauver ce qui peut l'être, avant que le chef de l'Etat ne prenne lui-même la parole. C'est le choix fait par Eric Woerth, invité hier soir au « 20 Heures » de TF1 au moment où, pour la première fois, Nicolas Sarkozy est personnellement mis en cause dans l'affaire Bettencourt et où, selon un sondage Ifop, deux Français sur trois (69 %) souhaitent un remaniement gouvernemental rapide. Le ministre du Travail et trésorier de l'UMP a réfuté les accusations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, selon lesquelles il aurait reçu, en 2007, 150.000 euros en espèces pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. « Jamais, jamais, je n'ai reçu le moindre euro illégal », a-t-il martelé, excluant de quitter le gouvernement sous la pression politique et médiatique : « Je suis cloué au pilori par une forme de presse et le PS. Si je démissionne, je leur donne raison. » Eric Woerth a jugé que sa situation « n'a rien à voir » avec celle de Dominique Strauss-Kahn qui, mis en cause dans l'affaire de la MNEF, démissionna avant d'être relaxé. Il s'est estimé victime d'une « cabale politique orchestrée par le PS ».
« Tenir bon »

« J'essaie de garder mon calme, mais j'ai envie de les étrangler », avait-il lâché hier matin lors de la réunion à huis clos du groupe UMP. Remerciant les élus pour leur soutien depuis « trois semaines », Eric Woerth leur a assuré : « Je tiens bon. »

« Tenir bon » au moins jusqu'aux conclusions de l'Inspection générale des finances attendues pour vendredi et dénoncer « une tentative de déstabilisation sans preuve » afin de discréditer les accusations… Tels sont les deux mots d'ordre donnés dès hier matin par Nicolas Sarkozy lors du petit déjeuner des dirigeants de la majorité. Toute la défense de l'exécutif a dreposé hier sur le respect de la « présomption d'innocence » (Michèle Alliot-Marie) face à une « chasse à l'homme » (François Fillon) fondée, selon le chef de l'Etat, sur la « calomnie ». Lors d'une séance de questions d'actualité houleuse hier à l'Assemblée, les socialistes ont, eux, demandé la saisine d'un « juge indépendant » qui puisse enquêter à la place du parquet, par nature subordonné au ministre de la Justice. Ils ont surtout voulu prouver qu'au-delà d'Eric Woerth c'est « un système » tout entier qui est mis en cause. « En quelques jours, nous sommes passés de la crise morale à la crise politique », a lancé Jean-Marc Ayrault. Excédés et déboussolés, des députés UMP ont renvoyé au PS ses ennuis judiciaires à Marseille avant d'applaudir debout François Baroin lorsqu'il a lancé à l'opposition : « Je vous en conjure, au nom d'une certaine idée que nous avons en partage de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l'extrême droite ! » Les élus socialistes ont alors quitté l'hémicycle laissant Jean Glavany répondre seul au ministre du Budget : « Le populisme ne se nourrit pas de certaines dénonciations mais de certaines pratiques. »

Au sein de la majorité, rares sont les élus qui demandent ouvertement un remaniement rapide à l'instar de Lionnel Luca ou de la villepiniste Marie-Anne Montchamp. Tous attendent, en revanche que le chef de l'Etat prenne la parole - ce sera mardi -ainsi que Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin le lui ont demandé hier matin. « On ne peut pas continuer avec un climat délétère comme ça », soupire le chef de file des députés Nouveau Centre François Sauvadet. Sous couvert d'anonymat, certains font part de leur inquiétude, n'imaginant pas qu'Eric Woerth, devenu « une cible permanente », puisse encore défendre la réforme des retraites au Parlement mais craignant qu'une éventuelle démission du ministre et trésorier de l'UMP prive Nicolas Sarkozy de protection. « Si Woerth saute, c'est le président qui est en première ligne », glisse un élu UMP. « Si le président lâche Woerth maintenant, il se lâche lui-même », explique un dirigeant de la majorité, qui souhaiterait un remaniement avant l'été dans lequel Eric Woerth ne quitterait pas le gouvernement mais changerait de poste. Un responsable de Bercy spécialiste des procédures de contrôle fiscal - Philippe Parini, directeur des Finances publiques -doit être auditionné aujourd'hui en commission des Finances à l'Assemblée nationale.

ELSA FREYSSENET

Le dilemme

Jamais depuis le début de la polémique touchant Eric Woerth, la question d'une démission du ministre des Affaires sociales et trésorier de l'UMP ne s'était posée avec autant d'acuité. Cette question que tout le monde se pose, curieusement personne ne la pose. L'opposition socialiste ne la réclame pas. Plus habile ou plus perverse, elle se contente de tout faire pour l'obtenir. Jour après jour, attaquant l'intéressé, harcelant le gouvernement, accablant le régime. Elle veut bien une tête, mais sans se salir les mains.

Et, jour après jour, cette guerre d'usure s'alimente d'allégations et d'informations mêlées, relayées avec une égalité de traitement qui confine à l'inéquité. Au débat légitime sur le cumul - acceptable sans doute, mais souhaitable ? -des fonctions de trésorier de parti et de ministre de la République, succède la réprobation épidermique d'un remboursement d'impôt, légal quoique colossal, à la première fortune française. Dans ces tourbillons qui ont emporté bien des ministres, il n'est plus donné à l'opinion de distinguer l'accessoire de l'essentiel.

Or l'essentiel est que seuls deux motifs sérieux pourraient contraindre Eric Woerth à démissionner ou à être démissionné. Le premier serait d'avoir commis des actes contraires à la loi, à l'éthique, ou à l'honneur. Pour le savoir, la sagesse d'une démocratie commande de s'en remettre aux faits, pas aux souhaits. D'attendre les conclusions des enquêteurs et des juges.

Or les seules charges retenues aujourd'hui sont celles du soupçon, de la suspicion, la dernière étant celle d'un financement occulte de la campagne de Nicolas Sarkozy. La présomption d'innocence s'applique certes moins aux responsables politiques qu'aux citoyens ordinaires, de là à les en priver… Condamné par l'opinion à la démission de son poste de ministre des Finances, en 1999, Dominique Strauss-Kahn faillit payer de son destin son geste honorable.

Si rien ne peut lui être reproché, Eric Woerth pourrait néanmoins être conduit au départ pour une deuxième raison, d'intérêt supérieur : s'il apparaît que son maintien devient un frein à la mise en oeuvre de réformes essentielles pour l'avenir du pays, si essentielles qu'en regard une carrière ministérielle pèse peu. C'est le cas de la réforme des retraites bien sûr, mais aussi de chantiers aussi vitaux que la réduction des déficits, et qui exigent un exécutif inattaquable. Cette analyse de la situation appartient au chef de l'Etat, et à lui seul. Mais en sacrifiant, fût-ce dans un plus vaste remaniement, un ministre sur l'autel du populisme, Nicolas Sarkozy affaiblirait son pouvoir plus qu'il ne le renforcerait.

JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

L'heure des comptes



Comment dire ? Devant l'emballement de l'affaire Woerth, l'éditorialiste politique ne peut qu'éprouver un sentiment de malaise et d'impuissance. En l'absence de preuves, où se niche la vérité dans l'écheveau de la communication dissimulatrice, du harcèlement caricatural et des vrais-faux mensonges ? Faudrait-il se résigner à hésiter entre l'omission et l'injustice ? A entendre le ministre du travail, hier soir sur TF1, on pourrait imaginer que la presse d'un grand pays démocratique comme la France est mue par l'affabulation, la volonté de nuire, le goût du scandale. Et aux ordres du Parti Socialiste. Une presse sadique déterminée à faire la peau d'un ministre, bien sûr. Un peu court tout de même. Si elle n'était qu'un scandale monté de toutes pièces l'affaire Woerth n'aurait pas duré trois jours ! Alors si elle a pris une telle ampleur, c'est parce que ses zones d'ombre n'ont pas été éclaircies et que ses interrogations -légitimes- n'ont pas trouvé de réponse convaincante et définitive. On sait -hélas- que les démentis les plus catégoriques, généralement surjoués avec talent, n'ont pas valeur de garanties d'innocence. On aura remarqué aussi qu'ils restent très aériens : on a attendu en vain une contradiction argumentée contre les déclarations de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt. Une démonstration précise et percutante aurait sans doute suffi à lever les doutes d'une opinion qui n'aime guère l'injustice. On l'attend toujours... Les enveloppes occultes d'argent liquide pour financer les partis ? Arrêtons de faire comme si on découvrait cette « horreur » en poussant des cris d'orfraie ! Tout le monde se doute bien qu'elles existent toujours et qu'elles prospèrent en période électorale. Comment croire que Mme Bettencourt ait pu se contenter d'un don de 4 500 euros réglementaire ? A peine, pour elle, l'équivalent d'un carambar... Mais nous sommes au bal des faux-jetons où la candeur est un masque bien utile. On peut y jouer la vertu outragée, et parfois ça marche. Bien sûr que la présomption d'innocence doit être respectée. Bien sûr que l'honneur d'un homme a un prix élevé. Bien sûr qu'il ne faut pas offrir sur un plateau des arguments aux forces d'extrême droite. A l'heure des comptes, pour la morale politique comme pour le budget de rigueur, ce ne sont pas des raisons suffisantes pour s'éxonérer de dénoncer toutes les dérives qui, à la longue, minent une démocratie bien davantage que des articles de journaux.

Olivier Picard

Derrière le voile

Mardi soir, l’Assemblée devrait se prononcer sur le texte de loi interdisant de dissimuler son visage dans l’espace public. Après des mois de tergiversations, d’échanges vifs renforcés par la discussion sur l’identité nationale, il semble qu’une majorité, transcendant les frontières des partis, pourrait se dessiner en faveur de l’interdiction : au minimum, à défaut de dire oui, certains s’abstiendront.

Derrière le rideau de l’apparent consensus, pourtant, se cachent des motivations très diverses. Il y a ceux qui veulent interdire le voile intégral (parce que c’est de cela qu’il s’agit, malgré l’habillage global de la version finale) au nom du respect de la dignité des femmes : ils partent du principe que les hommes les forcent à cacher leur visage ; il y a ceux qui expriment sans détour leur rejet de l’islam (même si le Coran n’exige pas le port du voile intégral) et de ses signes d’appartenance, de plus en plus visibles dans les pays occidentaux, par ailleurs largement déchristianisés ; d’autres mettent en avant les nécessités de la sécurité. Beaucoup, enfin, disent simplement leur gêne de ne pouvoir « envisager » la personne fantôme parfois croisée dans les rues de nos villes. Une cacophonie de raisons qui traduit les tiraillements de la société française.

Le texte de loi, donc, s’efforce de ne pas stigmatiser la burqa, mais de rappeler des principes généraux. Il se veut plus pédagogique que répressif et prévoit une période de transition pour arriver à convaincre plus qu’à contraindre et faciliter la résolution des cas litigieux : on imagine qu’il ne sera pas aisé de verbaliser. Les promoteurs de la loi espèrent une application en douceur, qu’elle libérera les femmes et ne les renverra pas, comme on peut le craindre, à l’enfermement des espaces privés. Il faut également espérer que les plus extrémistes de tous bords ne se saisiront pas de ce nouvel épisode législatif pour attiser chez les musulmans le sentiment d’être discriminés et rejetés. Le mieux vivre ensemble – justification ultime de la loi – préconisé par tous ceux qui veulent échanger à visage découvert est à ce prix. Un dialogue sans voile suppose, et l’absence de voile et la réalité d’un dialogue.


Dominique Quinio

Gaza, un piège pour Israël

Sur les cartes du Proche-Orient, ce n'est qu'un minuscule lambeau de terre, aux confins de l'Égypte. Plus d'un million cinq cent mille Palestiniens y vivent reclus, doublement punis par le blocus israélien et les méthodes très musclées du Hamas. Cet espace, c'est la bande de Gaza. Symbole de l'impasse générale dans laquelle le processus de paix a sombré depuis dix ans.

Dans les prochains jours, les ministres espagnol, français et italien des Affaires étrangères se rendront à Gaza. Leur mission officielle, qui a reçu le soutien de leurs homologues allemand et britannique, sera de vérifier l'allègement du blocus promis par Israël. C'est une occasion à ne pas manquer pour l'Europe si elle veut vraiment reprendre pied diplomatiquement sur ce dossier laissé à la dérive.

Depuis son offensive meurtrière contre le territoire palestinien, fin 2008, Israël n'a cessé de voir s'accentuer son isolement sur la scène internationale. Jamais, depuis plusieurs décennies, le soutien américain n'avait été aussi conditionnel. En Europe, même les gouvernements les plus proches d'Israël, comme l'actuel gouvernement italien, ne trouvent plus les mots pour soutenir un pays, certes menacé, mais aussi enfermé dans une logique de plus en plus indéfendable.

Le raid israélien contre la flottille internationale venue rompre le blocus naval de Gaza aura, de ce point de vue, été emblématique. La logique de l'enfermement sécuritaire est tellement prégnante, dans l'actuel gouvernement israélien, que le sens politique de cet événement semble lui avoir échappé. Car, si la flottille était un piège, il ne fallait pas tomber dedans. Si ce n'était pas le cas, la cause humanitaire, universellement évidente face à un blocus si démesuré, n'en est que plus légitime.

L'allié turc s'éloigne

Or, en tuant neuf Turcs, le 31 mai, lors de cet assaut, Israël vient de s'aliéner l'un de ses rares alliés dans la région. Sous la bénédiction américaine, l'axe militaire et stratégique Ankara-Tel Aviv a longtemps bénéficié de l'emprise du camp laïc au sommet de l'État turc pour asseoir un cadre stable. Ce n'est plus le cas. Les nouvelles ambitions diplomatiques de la Turquie, qui caresse son image de puissance régionale et redouble d'activité auprès des capitales arabes, ne coïncident plus avec celles d'Israël.

En un mois, la Turquie a ainsi multiplié les signes de rupture en rappelant son ambassadeur et en fermant son espace aérien aux avions militaires israéliens qui ont besoin d'un allié dans la région pour s'entraîner. Ces gestes vont laisser des traces et pourraient même affecter les relations commerciales entre les deux pays, jusqu'ici très intenses dans les domaines civils et militaires. Cette détérioration des relations turco-israéliennes inquiète Washington, qui compte sur l'appui stratégique de la Turquie, notamment dans le dossier irakien.

Dans un tel contexte, le sort de Gaza condense bien des enjeux. C'est d'abord une urgence humanitaire. Certes, elle est habilement exploitée par la diplomatie turque, mais il revient aux alliés d'Israël d'expliquer au gouvernement Netanyahou une évidence. En isolant un territoire aussi faible, c'est l'isolement et la faiblesse de sa propre position qu'Israël étale au grand jour.

POLEMIQUE – "Les Infiltrés", 22 v'là France 2 !

Le médecin est tenu au secret médical ; le juge au secret de l'instruction et le journaliste ? C'est toute la question qui se pose suite à la diffusion du magazine d'investigation "Les Infiltrés" sur France 2 mardi dernier. Laurent Richard, journaliste, s'est infiltré dans le milieu pédophile en se faisant passer pour une petite fille, et les a ensuite dénoncés à la police. Un journaliste peut-il, dans des circonstances extrêmes, dénoncer les criminels rencontrés dans le cadre de son enquête ?
Ce sont 23 personnes qui ont été arrêtées suite à la dénonciation du journaliste de l'agence Capa, Laurent Richard. "Certains pédophiles avaient l'intention d'abuser d'enfants ; d'autres étaient déjà passés à l'acte. La décision de signaler leurs pseudonymes aux policiers a été prise au cours de l'enquête dans un souci de protection des enfants. Moralement, il était impossible d'agir autrement. Si j'étais rentré chez moi sans rien dire, je n'aurai plus jamais dormi de ma vie.", justifie Laurent Richard.

Le droit de dénoncer, pas l'obligation
L’agence Capa explique que la loi contraint tout citoyen à dénoncer quand il s'agit d'affaires ayant trait à l'enfance. Maître Pierre-Olivier Sur, spécialiste en droit de la presse et l’un des avocats de France Télévision explique qu’il existe en France un principe selon lequel ne pas dénoncer les crimes est un délit. Mais que les journalistes n’y sont pas tenus. Qu’il existe effectivement une spécificité des affaires concernant l’enfance; que les journalistes ont alors le droit de dénoncer, mais en aucun cas l’obligation.

Le secret des sources, l'essence même du journalisme
Le secret des sources, qui permet d'instaurer une relation de confiance, est un gage de crédibilité du journaliste. Si ce secret n'est plus respecté, c'est la confiance du lecteur qui disparait. Aux yeux de Me Jean-Yves Dupeux, spécialiste du droit de la presse, la démarche relève d'un "regrettable mélange des genres". "En se faisant auxiliaire de police, le journaliste sort de son rôle, estime l'avocat. Son devoir est d'informer le public, mais son obligation déontologique, issue de toute la tradition de son métier, est de ne pas dénoncer ses sources."

Quelques contre-exemples
Après la diffusion d'un reportage sur la prostitution infantile il y a quelques semaines dans Envoyé Spécial (France 2), la police a voulu saisir les rushes. L'agence de presse Comiti a refusé de les leur remettre, en invoquant le secret des sources.
En 1975, la presse s'extasiait devant le New York Times qui préférait laisser un de ses journalistes (Myron Farber) en prison pendant 40 jours plutôt que de livrer à la justice ses notes confidentielles concernant un médecin qui assassinait ses patients. Les temps changent…

Information ou délation?
Tout journaliste en situation d'enquête peut et doit avoir des problèmes de conscience qu'il résout au cas par cas, en franchissant parfois certaines limites. Dominique Pradalié du Syndicat national des journalistes (SNJ) commente qu’il est "hypocrite de dire qu'il était contraint. Quand on enquête sur des pédophiles, on ne pense pas tomber sur des fraises des bois. Laurent Richard savait à quoi s’attendre." Alors où poser les limites ? Pourquoi ne pas décréter qu'en ces temps de crise un journaliste doit dénoncer à la police les criminels en col blanc à qui il aurait parlé ? Qui décide de la nature du crime à dénoncer ? Quand le secret des sources doit-il "sauter" et qui a le droit de passer outre ? Il semble qu'il y ait bien un mélange entre deux professions : journaliste et policier, comme le précise Dominique Pradalié : "Journaliste ou policier, les deux professions sont respectables, mais il faut choisir.

A cause de cela, les journalistes vont tout le temps être suspectés." Les journalistes ne sont pas habilités à rendre justice. Leur métier consiste à témoigner de l'actualité. Aux institutions de faire le reste.



Claire Largillière

CIGARETTES – La taxe brûlée par les deux bouts

Les prix de certaines marques de cigarettes diminuent cette semaine, dans le but de vaincre le commerce illégal et transfrontalier. Roselyne Bachelot se dit ''scandalisée'' et se prépare à contre-attaquer en augmentant les taxes, ce qui pourrait bien avoir tout l'effet contraire
Depuis lundi, et selon un arrêté paru au Journal Officiel, les prix de certaines marques de cigarettes (AFP) ont baissé. Les paquets de Rothmans, Lucky Strike (groupe British American Tobacco) sont passés de 5,50 euros à 5,30 euros, tandis que des paquets de tabac à rouler Drum (groupe britannique Imperial Tobacco) sont passés à 6,65 euros au lieu de 7 euros. Et si cela arrange bien les fumeurs, cette décision est loin de satisfaire la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.


Roselyne Bachelot, outrée
En novembre, les prix du tabac avaient augmenté de 6%. Pour justifier les prix extravagants des paquets de cigarettes, l'Etat français discourt sur une ''action de mobilisation pour la santé publique'', visant à dissuader les plus jeunes de commencer à fumer. L'initiative des industriels, British American Tobacco et Imperial Tobacco, est donc perçue comme une véritable provocation au sein du ministère de la Santé et des associations anti-tabac. Selon Roselyne Bachelot, qui s'est dite ''absolument scandalisée'', ''c'est une initiative délibérée des industriels du tabac pour attirer de nouveaux fumeurs, tout spécialement des jeunes et des femmes''. Difficile à nier pour les deux compagnies. ''Le tabac à rouler pour lequel la baisse est la plus forte, est largement consommé par les plus jeunes qui ont l'impression de faire un geste écologique en roulant leurs cigarettes. S'y ajoute l'avantage économique, étant donné leur budget restreint. Il est donc très net que l'on cherche à inciter les jeunes à fumer'', déplore Joseph Osman, directeur de l'Office français de prévention du tabagisme (OFPT). En réaction, la ministre de la Santé a affirmé qu'elle allait proposer ''une augmentation des taxes pour remettre les cigarettes à un prix dissuasif''. Cette augmentation ''peut uniquement se prendre en loi de Finance'', a-t-elle précisé, c'est-à-dire à l'automne prochain.


Erreur stratégique
En 2003-2004, lors de l'augmentation de 40 % des taxes sur les paquets de cigarettes, les buralistes étaient 31.500. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 28.000. La raison ? Ce n'est pas que l'envolée des prix ait freiné le taux de fumeurs ni même le nombre de jeunes commençant à fumer, c'est simplement que les concernés partent se fournir en dehors des frontières de l'Hexagone, le plus souvent en Espagne, où la cartouche de Lucky Strike coûte 38,50 euros, contre 53 euros en France. Une concurrence de taille, doublée de l'apparition de cigarettes low-cost ces deux dernières années, et de la future apposition d'images chocs sur les paquets, justifie Yves Trevilly, le porte-parole du groupe British American Tobacco. Mais cette baisse des prix n'a rien de sagace d'après les buralistes. ''Tout ce que British American Tobacco aura réussi à faire, c'est que les taxes augmentent. Pour garder leurs marges, les fabricants vont devoir augmenter les prix. Cette baisse est donc une erreur stratégique qui va coûter cher à tout le secteur'', déplore Jean-Luc Renaud de la Confédération des buralistes. La filiale française Japan Tobacco International souligne qu' "augmenter les taxes sur le tabac provoquerait une accélération du développement du commerce illégal et des achats dans les pays limitrophes".


Mauvaise stratégie encore une fois, pour la ministre qui avait commandé, en septembre dernier, plusieurs millions de vaccins en trop pour vaincre l'épidémie de grippe A. Yves Trévilly juge la réaction de la ministre ''un peu surjouée'', car la demande de baisse des prix des paquets de cigarettes avait été déposée il y a déjà quatre mois.

Lauriane Rialhe