TOUT EST DIT

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jeudi 29 juillet 2010

Le marché publicitaire français devrait connaître cette année une reprise plus franche que prévu

Après avoir traversé une crise sans précédent en 2009, le marché publicitaire français retrouve des couleurs. Selon les prévisions de l'agence ZenithOptimedia (Publicis), publiées lundi 19 juillet, les investissements des annonceurs dans les médias devraient progresser de 3 % en 2010. En avril, elle s'attendait à une reprise plus timide limitée à 1 %.
Ce retour à meilleure fortune intervient après une dégringolade historique du marché publicitaire français de plus de 12 % en 2009. Il correspond aussi à des phénomènes conjoncturels favorables. La Coupe du monde de football est toujours un grand carrefour publicitaire, les marques se disputant le droit de s'afficher devant les fans de ce sport, présents en masse devant leur téléviseur. Surtout, avec l'ouverture à la concurrence du marché des paris sportifs et du poker sur Internet, les médias bénéficient de l'arrivée de nouveaux annonceurs. ZenithOptimedia chiffre cet apport à un montant compris entre 80 et 100 millions d'euros. Au-delà de ces phénomènes conjoncturels attendus, l'agence considère que la bonne surprise vient du secteur de la grande consommation, qui après avoir coupé sévèrement ses budgets réinvestit pour soutenir ses marques.

Concurrence d'Internet

Ce regain bénéficie d'abord à la télévision, dont les recettes publicitaires devraient augmenter de 5 %, mais aussi à l'affichage (+ 6 % attendus). La radio devrait rester stable. Seule ombre au tableau, la presse qui devrait continuer à subir une érosion de ses revenus publicitaires. L'agence estime la baisse à 1 % pour la presse quotidienne nationale et la presse magazine grand public. Les magazines spécialisés souffrant plus avec un recul de 8 %. Ils pâtissent de la concurrence d'Internet dont les recettes publicitaires progresseraient encore de 8 % en 2010 selon les données publiées par le Syndicat des régies Internet.

Cette révision à la hausse des prévisions du marché publicitaire ne se limite pas à la France. Plus globalement, ZenithOptimedia estime que malgré les problèmes d'endettement de la zone euro, les investissements progresseraient de 2,2 % en Europe de l'Ouest cette année. Elle prévoyait en avril, une quasi-stagnation à + 0,4 %. Le Royaume-Uni est très dynamique, alors que l'Espagne reste le point noir avec un marché qui continue à décroître. En Amérique du Nord, les indicateurs qui étaient encore au rouge au début d'année sont repassés au vert, avec une prévision de croissance de 1,3 %. Résultat, le marché publicitaire mondial pourrait progresser de 3,5 % en 2010 à 447 milliards de dollars (344 milliards d'euros). Le contraste reste toutefois marqué entre les pays développés et les émergents. Ces derniers bénéficiant d'un taux de croissance annuel de 8,6 %.

Une situation qui profite à la télévision, dont la part de marché publicitaire mondial devrait franchir pour la première fois la barre des 40 % en 2010. Autre média en progression, Internet. Sa part de marché passerait de 13,9 % à 17,1 % entre 2010 et 2012.

Laurence Girard

L'OSCE s'inquiète de la liberté de la presse en Europe

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a pointé les difficultés des médias à s'exprimer librement dans certains de ses Etats membres, dans un rapport présenté jeudi 29 juillet à Vienne (téléchargeable en anglais). "La situation concernant la liberté de la presse dans les pays membres n'est pas rose", a déclaré aux journalistes Dunja Mijatovic, la représentante pour la liberté des médias de l'OSCE.
Ce rapport annuel sur la situation des médias liste les sujets de préoccupation au sein des Etats membres de l'organisation. Parmi les cas pointés du doigt figurent notamment la réforme des médias hongroise, qui pourrait selon le rapport placer l'ensemble des médias audiovisuels sous la coupe politique, et la loi sur la surveillance électronique en Italie qui "pourrait nuire sévèrement au journalisme d'investigation".

LA FRANCE ÉGALEMENT ÉPINGLÉE

Le rapport évoque au total des points soulevés dans vingt-six des cinquante-six pays membres de l'OSCE (situés en Europe, en Asie centrale et en Amérique), comme la mort récente du journaliste grec Socrates Gioglis, l'agression à coup de barres de fer de l'éditorialiste serbe Teofil Pancic ou encore l'emprisonnement de journalistes en Turquie.

Concernant la France, le texte évoque surtout la nomination par le président de la République du patron de la télévision publique, qui est "un obstacle à son indépendance et en contradiction avec les engagements de l'OSCE", selon le rapport. "Les autorités doivent comprendre que les médias ne sont pas leur propriété privée et que les journalistes ont le droit d'examiner ceux qui ont été élus", a souligné Dunja Mijatovic.

Au-delà de la promotion de la pluralité des opinions, Mme Mijatovic a mis l'accent sur la surveillance et l'alerte précoce de possibles atteintes à la liberté de la presse. Elle s'est également engagée à dénoncer les atteintes au travail des journalistes: "combattre la violence et le harcèlement à l'encontre des médias sera parmi mes priorités".

Financement : petits arrangements entre amis à gauche

Comment se finance la gauche française ? Comme pour la majorité présidentielle, objet d'une enquête précédente, les partis de l'opposition échangent entre eux des flux financiers parfois complexes. Le Monde.fr a cherché, à partir des données de 2008 – les dernières disponibles – de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), à décrypter la façon dont l'opposition gère ses finances.

Infographie : Qui finançait qui à gauche en 2008 ?

* Un financement centré sur les cotisations

Le Parti socialiste disposait, en 2008 d'un budget total de 59 166 852 euros, soit plus que l'UMP (52 108 172 euros). Une manne qui provient avant tout des cotisations des adhérents (12 369 123 d'euros, 20,9 % du total) et des élus socialistes, qui reversent 10 % de leur rémunération (pour un total de 13 166 686 euros, soit 22,3 % du budget du parti). En regard, l'UMP ne recueille que 13 % de ses fonds par les cotisations, et préfère compter sur les dons (14,2 % de ses recettes) et l'aide de l'Etat (66,2 % des recettes, contre 38,4 % pour le PS).

La structure de financement du PC est proche de celle du PS (31 559 485 euros de recettes en 2008, dont 50,3 % grâce aux cotisations de ses élus). Le parti communiste reçoit beaucoup de dons également (14,2 %, autant que l'UMP), mais demande moins à ses adhérents. Les Verts comptent aussi beaucoup sur leurs élus (1 539 873 de cotisations, soit 29,8 % de leurs recettes totales qui sont de 5 166 761 euros).

Structure de financement de six partis politiques français en 2008, selon la commission des comptes de campagne et des financements politiques.

* Ecart de réciprocité avec le PCF

Comme l'UMP, le Parti socialiste échange de l'argent avec d'autres partis politiques, selon des accords électoraux. Le total de ses recettes en provenance d'autres partis était de 89 885 euros en 2008, dont près de la moitié provenaient du Parti communiste.

Selon la CNCCFP, le montant du transfert du PC vers le PS se montait en 2008 à 53 700 euros. Une somme qui correspond à des accords de campagne entre les deux partis dans les Bouches-du-Rhône, lors des municipales de 2008. Mais curieusement, seuls 42 400 euros apparaissent à l'actif du PS en provenance du Parti communiste. Un écart de "réciprocité" qui, selon la Commission, pourrait être dû à des méthodes de comptabilisation différente entre le PC, la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône et le siège national.

"Il s'agit d'une participation aux frais de campagne que le Parti communiste a abusivement identifiée à un don", assure-t-on au sein du PS. Les 11 300 euros débités des comptes du PC sont donc bien entrés dans les caisses de la fédération du Parti socialiste, mais en paiement de quoi ou de quels services ? "Il n'existe pas de traduction comptable", esquive-t-on, rue de Solférino. Deux ans après la campagne des municipales, le PS n'est pas en mesure de fournir une réponse. Pour sa part, la CNCCFP n'a pas pour mission de contrôler les dépenses des partis, mais de s'assurer que l'origine des ressources et que les flux entre partis sont légaux.

Lire : Les 11 300 euros donnés par le PC, non comptabilisés par le PS

* Accords électoraux et réversions

Le reste des dons au PS provient essentiellement de deux petits partis : Aimer Angers, lié au maire PS de cette ville, Jean-Claude Antonioni, avec un don de 20 050 euros. Selon Régis Juanico, trésorier du PS, cette association sert à "avoir un support spécifique pour récolter les contributions des élus de la majorité socialiste de la ville", rendu nécessaire par le fait que la majorité angevine est plus large que le PS.

Une autre association d'élus, l'Union des socialistes pour Midi-Pyrénées, a donné 24 835 euros à Solférino. "La réversion correspond aux contributions des élus PS, l'association ne sert qu'à cela et ne reçoit aucun don de personnes privées, précise Alain Fauconnier, trésorier du parti dans la région et vice-président du conseil régional. Elle nous sert à financer des campagnes locales sans devoir solliciter les instances nationales." Enfin, les Verts ont versé 2 600 euros au PS : la somme correspond à une rétrocession de financement public suite à des accord électoraux en 2008.

* Le PS finance le Parti radical de gauche

EN GRATANT BIEN, IL Y A CERTAINEMENT DES DONS CACHÉS À GAUCHE AUSSI, NON ?

Volontaires

L’Agence du service civique, officiellement installée à la fin du mois de mai dernier, a annoncé la semaine dernière avoir recensé 5 000 candidatures. L’objectif pour la première année de 10 000 volontaires engagés dans une mission de six à douze mois au service de la collectivité devrait donc être atteint rapidement. D’ici à cinq ans, le nombre de volontaires pourrait atteindre 75 000 jeunes.

Le nouveau service, porté avec volontarisme par Martin Hirsch depuis son départ du gouvernement en mars dernier, entend donner une cohérence aux divers dispositifs de volontariat mis en place depuis la suspension de l’appel sous les drapeaux en 1997. Il se substitue notamment au service civil volontaire mis en place après la crise des banlieues de l’automne 2005 dans le cadre de la loi sur l’égalité des chances. Le volontariat était alors envisagé comme offrant une seconde chance pour des jeunes en difficulté.

Le nouveau service, qualifié de civique et non plus de civil, envisage le volontariat dans une perspective moins instrumentale : non plus comme un dispositif pour faciliter l’intégration, mais comme une opportunité offerte à tous les jeunes Français de s’engager au service d’autrui et notamment des plus défavorisés. Le volontariat est saisi non plus comme une ultime chance pour ceux que le système social aurait laissés sur le bord du chemin, mais comme une expérience de gratuité fondatrice du lien social et structurante humainement.

Le service civique est une chance pour la génération concernée, mais aussi pour toute la société. Des jeunes de 16 à 25 ans, à travers un temps de volontariat, vont pouvoir faire l’expérience que le mot fraternité, inscrit sur le fronton des mairies, n’est pas qu’une coquille vide mais qu’il trouve son incarnation grâce à des engagements durables au service d’autres, dans la santé, la culture, l’éducation, le sport, l’humanitaire… Le lien social ne se tisse pas autrement que dans la durée et avec l’apport de tous. À charge pour les autorités politiques de garantir la pérennité des dispositifs et de leur financement.


Dominique Greiner

Fuites afghanes

On savait déjà que la guerre menée depuis neuf ans en Afghanistan s'enlisait. Que les troupes déployées se démotivaient. Que les stratèges hésitaient. Que l'objectif de démocratiser ce pays par la force était illusoire. Que le nombre de victimes civiles était imprésentable. Que le Pakistan jouait un jeu trouble. Que les talibans en bénéficiaient. Que, depuis longtemps, la vraie question n'est plus comment gagner mais comment partir. Depuis des mois, voire des années, la presse internationale, notamment américaine, a amplement débattu de ces thèmes. On le savait, mais, dans ce sentiment de marasme largement partagé, le doute subsistait, faute de pièces à conviction.

Depuis dimanche, elles sont là. La publication de 92 000 documents internes aux forces de l'Otan par le site WikiLeaks vient d'ébranler le monde politique et militaire en charge du dossier afghan. Le volume des fuites, inédit à ce jour, impressionne. Leur contenu, aux yeux des spécialistes, beaucoup moins. Il est sans doute moins exceptionnel que les modalités de communication exploitées pour le révéler. N'empêche. C'est une photo sans fard du bourbier afghan qui est décrite dans ces 200 000 pages, de la main même des militaires censés mener le combat.

Depuis deux jours, un précédent est souvent évoqué. Celui de la publication, en 1971, des Pentagone papers qui révélèrent les dessous de la sale guerre menée alors au Vietnam. Ce scoop contribua à convaincre l'opinion américaine de la nécessité de mettre un terme à ce conflit. Mais là s'arrête sans doute la comparaison.

Car, dans le contenu même des révélations, on assista, à l'époque, au déballage des mensonges proférés, durant des années, par les plus hauts responsables de la conduite de la guerre. Les fuites de WikiLeaks sont le fruit de rapports rédigés à un niveau moindre de responsabilité. Elles contiennent, en fait, peu de scoops. Même si la gravité de certains chapitres, sur les opérations commandos des forces alliées et l'occultation du nombre des victimes civiles, est bien réelle.

Une autre différence est essentielle. L'armée déployée en Afghanistan est une armée de professionnels. En Indochine, des millions des conscrits furent envoyés au front. À ce jour, environ mille GI's sont morts sur le sol afghan. Plus de 50 000 périrent sur le sol vietnamien. Pour des millions d'Américains, ce furent la perte d'un père, la vision d'un frère mutilé, d'un fils décoré dans son cercueil. Elles provoquèrent une profonde déchirure ; pas les Pentagone papers.

Sur le plan politique, néanmoins, l'onde de choc provoquée par les fuites publiées dimanche se fait déjà sentir. Barack Obama a dû monter au créneau pour faire voter, mardi soir, une rallonge budgétaire à la mission afghane. Plus de cent élus démocrates ont voté contre, les voix des républicains ont été décisives. À quelques mois des élections de mi-mandat, voici le président américain un peu plus fragilisé. En outre, chez ses alliés, le désir de partir, clairement exprimé il y a une semaine par le britannique David Cameron, est renforcé. Tout comme l'hostilité des opinions publiques.

C'est à Islamabad qu'est la clef du retour ou non des talibans au pouvoir. Et donc de la possibilité ou non de partir. Le double jeu des services secrets pakistanais, avec l'Otan et les talibans, est bien connu. Ce que les fuites peuvent apporter, c'est une volonté nouvelle, au sein de la coalition, de convaincre le Pakistan de jouer un rôle adéquat.

Laurent Marchand

Pour mieux apprendre, faites la sieste

Dans la phase de sommeil «lent», le cerveau, par des processus complexes, mémorise les connaissances et les faits.

On sait qu'une bonne nuit de sommeil est importante pour mémoriser les apprentissages de la journée. Dans la phase de sommeil «lent», le cerveau, par des processus complexes, mémorise les connaissances et les faits. Dans la phase de sommeil «paradoxal» (celle du rêve), le cerveau enregistre plus des apprentissages moteurs, c'est-à-dire les moyens techniques nécessaires à accomplir une tâche. Eh bien, une courte sieste dans la journée, si possible accompagnée d'un rêve, permettrait d'acquérir encore plus facilement certaines connaissances. Pour mieux se souvenir de ce que l'on apprend, le petit somme, serait une bonne habitude de vie, comme viennent de le montrer des chercheurs de la Harvard Medical School de Boston dans des travaux qui viennent d'être publiés dans la revue Current Biology. Pour aboutir à cette conclusion, ces scientifiques ont demandé à des volontaires d'étudier, sur un écran d'ordinateur, les différentes voies d'un labyrinthe tridimensionnel et de trouver le chemin permettant d'atteindre l'arbre central. Puis, les volontaires ont été divisés en deux groupes, les uns vaquant à d'autres activités, les autres s'offrant une petite sieste. Cinq heures plus tard, tous devaient retrouver cet arbre en partant d'un point que les expérimentateurs choisissaient au hasard dans le labyrinthe.

Surprise! Ceux qui avaient fait un somme réussissaient plus vite que les autres à trouver la voie jusqu'à l'arbre. Qui plus est, ceux qui avaient rêvé pendant leur sieste étaient encore plus performants. Les chercheurs ont d'abord cru que c'était le rêve qui permettait une meilleure mémorisation. En réalité il ne serait que le signe d'un processus de mémorisation en cours. Toujours est-il que pour bien apprendre, faites la sieste!

Aide à l'allaitement : la France peut mieux faire

Un rapport remis à Roselyne Bachelot propose une série de mesures pour encourager l'allaitement, notamment un allongement d'un mois du congé de maternité.

La France a beau caracoler en tête des pays européens pour le nombre de naissances par femme, côté allaitement, elle tendrait plutôt à faire profil bas. Même si le taux d'enfants nourris au sein à la naissance progresse ces dernières années de 62,6% en 2003, il est passé à 66,3% en 2007 il reste encore loin de celui des pays scandinaves, de l'Allemagne ou de l'Italie où l'on frôle les 90%. Or, les bienfaits de l'alimentation au lait maternel pour la santé de l'enfant sont reconnus par l'OMS et l'Académie de médecine. Le ministère de la Santé a donc commandé un «plan d'action» au professeur en pédiatrie Dominique Turck, pour se doter d'une réelle politique d'allaitement maternel.

Prolonger le congé de maternité

Parmi les plaintes récurrentes des mères et des associations figure la longueur insuffisante du congé de maternité après la naissance. «Dix semaines, c'est court. Beaucoup se disent : «A quoi bon tenter alors qu'il faudra repasser au biberon dans deux mois ?»», témoigne Dominique Opitz, présidente de La leche league, une association française composée de mères bénévoles qui animent des ateliers sur l'allaitement. Pour répondre à cette préoccupation, le rapport remis début juillet propose d'allonger de quatre semaines le congé après la naissance, une suggestion qui va dans le sens des recommandations de l'Académie de médecine, qui prônait «au moins quatre mois» d'interruption de travail dans un avis rendu en 2009.

Des conseils contradictoires

L'autre point noir souvent mis en avant est le manque d'information. «A l'heure actuelle, le sujet n'est abordé que pendant la préparation à l'accouchement, où une heure est dédiée à l'alimentation générale du bébé. Sinon, il faut prendre l'initiative de se renseigner auprès d'associations, ou avoir la chance de tomber sur du personnel médical qui a le temps d'en discuter», déplore Dominique Opitz. L'information n'est pas seulement difficile à trouver, elle est en outre contradictoire, poursuit la présidente de la Leche league. «Bien souvent, la diversité des discours entendus provoque un profond désarroi chez les jeunes accouchées».

«En France, la majorité des femmes qui cessent de nourrir leur enfant au sein dans les trois premiers mois le font parce qu'elles sont découragées par les difficultés crevasses, engorgements et ne savent pas à qui en parler», confirme Vera Walburg, psychologue et auteur de Une comparaison de mères françaises et allemandes : face à l'allaitement, le travail et le féminisme*. En Allemagne, où le taux d'allaitement à la naissance atteint les 90%, les femmes sont bien mieux informées et suivies. Elles bénéficient notamment des visites quotidiennes d'une sage-femme durant les trois semaines qui suivent la naissance, pendant lesquelles la question de l'allaitement peut-être abordée en profondeur». Le pays a en outre créé dans les années 1990 une Commission nationale sur l'allaitement maternel qui informe de façon homogène tous les acteurs amenés à côtoyer les mères.

Pour répondre à ces préoccupations, le plan d'action du Pr Turck préconise pour sa part de généraliser l'entretien individuel d'information au 4e mois de grossesse, au cours duquel médecin ou sage-femme délivrera des informations «exactes, s'appuyant sur les recommandations nationales». Pendant la deuxième semaine suivant la naissance, les jeunes mères devraient aussi se voir proposer une consultation sur l'allaitement remboursée à 100%,avec un professionnel de santé formé. Le rapport propose également de créer un poste de coordinateur national de l'allaitement, à la tête d'un comité national, pour superviser les actions de promotion, et de nommer un «référent allaitement» dans chaque maternité.

Les crèches épinglées

Mais les mères ne sont pas seules concernées par le manque d'information. Le rapport Turck épingle également les crèches, haltes-garderies ou assistantes maternelles qui refusent de nourrir l'enfant au lait maternel fourni en biberon par la mère c'est possible en respectant certaines règles de conservation - ou d'accueillir celle-ci pour la tétée. Ces structures d'accueil devraient pourtant systématiquement «informer les parents de la possibilité» de poursuivre l'allaitement lors de l'inscription, plaide le rapport.

Plus surprenant, les personnels de santé sont également dans le viseur. «On contraint trop souvent les jeunes mères à abandonner l'allaitement parce qu'elles doivent suivre un traitement, alors qu'en réalité, très peu de médicaments sont contre-indiqués», affirme Dominique Opitz. Sans aller jusque là, le travail du Pr Turck insiste sur la nécessité «d'améliorer la formation initiale et continue des professionnels de santé» sur le sujet.

Contacté par lefigaro.fr, le ministère de la Santé a indiqué qu'il était encore trop tôt pour savoir si ces recommandations seront suivies, et dans quelle mesure. Elles risquent en tout cas d'irriter les femmes qui estiment que la société fait culpabiliser celles qui ne souhaitent pas nourrir leur enfant au sein. Un courant représenté entre autres par Elisabeth Badinter qui, lors de la sortie de son livre Le Conflit, la femme et la mère en février, se disait «inquiète» de la «pression morale (…) pesant sur les femmes depuis 30 ans pour être mères à temps complet». «On interdit de penser la diversité formidable des désirs féminins. Je pense qu'il est plus que temps de rappeler aux futures mères qu'elles doivent suivre leurs envies. Si on vous force à allaiter et que vous n'avez pas envie de le faire, ce sera raté et douloureux».

ET POUR CREUSER ENCORE UN PEU PLUS LE TROU DE LA SÉCU, ON VA PROLONGER LE CONGÉ DE MATERNITÉ, COMME D'HABITUDE ! ON VA DE PLUS EN PLUS VERS UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE DÉCONNECTÉE DES RÉALITÉS ÉCONOMIQUES, PRENONS DONC L'EXEMPLE SUR LES USA ET LE SYSTÈME DE CRÈCHES, CELA NE VA PAS FAIRE DE MAL À L'ENFANT, NI À LA MÈRE.

Le travail d'aujourd'hui tue l'emploi de demain

L'emploi -le chômage, en fait ! -est un problème récurrent de la société française. Quelle que soit la conjoncture économique, le pays a du mal à passer sous la barre des 10 % et, lorsqu'il y parvient, la tendance à la baisse ne se confirme pas sur une longue période. Les économistes ont depuis longtemps fourni toutes les explications, à défaut d'avoir pu proposer des moyens concrets et surtout applicables de sortir de cette situation qui nous distingue de tous nos voisins européens. Certains d'entre eux, l'Espagne notamment, ont une fourchette plus ouverte que celle de la France, mais réussissent de ce fait, en bonne période, à atteindre des situations de quasi-plein-emploi, quitte à retomber brusquement ensuite sur un taux de chômage double du nôtre. Nous échappons en partie à ces soubresauts, mais nous connaissons un chômage endémique ! Parallèlement, un nouveau problème est apparu depuis peu : le travail est devenu psychologiquement difficile, angoissant, « stressant ». Cela conduit une proportion non négligeable de ceux qui subissent cette pression à la maladie professionnelle, voire, dans le pire des cas, au suicide. Ce qui nous paraît à la fois intéressant et troublant, c'est que, si ces phénomènes sont bien connus et largement commentés, rares sont ceux qui font un lien entre les deux. La segmentation de la pensée qui caractérise les modes de raisonnement dominants -par opposition à une approche systémique de la réalité -classe chaque phénomène dans une « boîte » et n'envisage pas de passerelles entre ces « silos mentaux ». Cette forme de fuite devant la complexité de la réalité constitue une limite certaine à la recherche de solutions collectives.

Et pourtant… La question n'est bien sûr pas d'expliquer l'un par l'autre, dans une logique de causalité directe et absolue qui serait un non-sens intellectuel. Elle est de regarder si l'un des phénomènes, la détérioration prononcée du travail, ne rend pas plus compliquée la solution de l'autre, la réduction durable du taux de chômage.

Quelle est en effet la conséquence majeure de la détérioration du travail sur les comportements des salariés ? Pour faire court, elle les conduit à des stratégies de retrait, à un désinvestissement du travail, à la fois émotionnel et en temps, au profit d'un investissement dans d'autres sphères, la sphère privée sous toutes ces formes, où ils peuvent vivre la « vraie vie ». Ce « transfert d'investissement » est bien perçu par les DRH, qui parfois ont du mal à y faire face, soit qu'ils tentent de proposer, à la population cadre en particulier, un « deal » plus attractif, soit qu'ils engagent leurs entreprises dans des politiques de contrôle contraignant qui ne disent pas leur nom, telles que la multiplication des indicateurs de gestion, censés « encadrer » les comportements au travail.

Par ailleurs, ces comportements de retrait face à la dureté croissante du travail rejoignent un phénomène beaucoup moins connu et surtout enfoui sous un accord implicite de toutes les parties concernées pour n'en pas parler, celui des « poches de sous-travail ». Soient tous les secteurs, publics ou privés, dans lesquels le « taux d'engagement » des personnels (c'est-à-dire la proportion du temps passé réellement à travailler par rapport au temps de travail supposé ou officiel) tombe en dessous d'un seuil que l'on peut estimer à 65 %. Ces phénomènes, que nos travaux nous permettent régulièrement d'identifier, n'apparaissent que très rarement au grand jour. Ils sont vécus par la collectivité comme « honteux » et il faut que la Cour des comptes s'en empare - dans le cas des contrôleurs aériens par exemple -pour qu'ils arrivent de façon éphémère sur l'agenda médiatique, avant d'être à nouveau recouverts d'un silence consensuel.

Confrontées à ces problèmes, les entreprises cherchent toutes solutions permettant de réduire leur dépendance vis-à-vis du travail humain. A défaut de pouvoir lutter efficacement -et rapidement -contre ces maux, elles se tournent vers tout ce qui va permettre de maîtriser à nouveau les rythmes de travail, sans avoir à affronter des problèmes sociaux qui viendraient encore compliquer leur situation actuelle. On voit donc réapparaître ici et là du travail à la chaîne, qui oblige le salarié à s'adapter au rythme de celle-ci, perdant ainsi « l'autonomie de son geste » ; notre pays devient progressivement le champion du monde de la mécanisation, comme si la disparition du travail humain au profit du robot était par définition un progrès donc non contestable. La réalité, c'est que la dureté du travail d'aujourd'hui et les stratégies de retrait qui en découlent se cumulent au sous-travail « éparpillé » et contribuent ainsi, dans des proportions qui jusque-là n'ont fait l'objet d'aucune étude, à tuer l'emploi de demain.

FRANÇOIS DUPUY ( CONSULTANT.)

Réconcilier les Français et l'argent : le rêve brisé du président

A l'origine était une ambition pédagogique, éducatrice même. Bien avant que l'affaire Bettencourt ne devienne le principal sujet de conversation de l'été 2010, Nicolas Sarkozy s'était fixé comme ambition majeure de réconcilier les Français avec l'argent, et plus généralement avec la réussite. En 2001, lorsqu'il pose, avec son livre « Libre », le premier jalon théorique qui le mènera à l'Elysée, il dissèque longuement les raisons de l'immobilisme français. L'intention est d'abord politique, puisqu'il s'agit de distiller la nécessité d'une « rupture » avec les années Chirac. Mais pas seulement : Nicolas Sarkozy réfléchit aux moyens de guérir la société française de ses blocages. Il a été aux Etats-Unis, il regarde de près la performance économique de l'Europe du Nord et en ressort frappé par l'exception française que constitue son rapport au succès. « Il n'est pas ressenti ni accepté comme une valeur positive », déplore-t-il dans « Libre ». « Au lieu de mobiliser la société au travers de ceux de ses membres qui ont réussi, on préfère l'exciter contre celui qui a plus que l'autre, sous-entendu parce qu'il a pris, volé ou arraché à d'autres. »

Six ans plus tard, lorsqu'il entre dans la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy n'a rien renié de ces propos : il choisit même d'en faire le coeur de son programme pour l'Elysée. « La République, c'est l'école de l'excellence, pas du nivellement et de l'égalitarisme », clame-t-il lors de son discours d'investiture, le 14 janvier 2007, en invitant les Français à assumer, décomplexés, une société du « mérite », une société où « tout devient possible » - c'est son slogan -, construite pour permettre la réussite de chacun : accession à la propriété facilitée, droits de succession supprimés, heures supplémentaires défiscalisées, bouclier fiscal.

Il sait qu'il bouscule là les Français dans leur culture profonde, alimentée par toute une mythologie politique contre « l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase. » (François Mitterrand). Il choisit dès lors deux leviers pour mener à bien son projet éducatif. Celui de la feuille de paie : c'est le « travailler plus pour gagner plus », aiguillon électoral qu'il n'arrivera jamais vraiment à traduire dans les faits. Et celui du modèle. Converti au Storytelling, Nicolas Sarkozy décide de mettre en scène sa propre réussite et de faire de son parcours de « petit Français de sang mêlé » un modèle pour tous. « Vous aussi, vous pouvez vivre l'aventure », lancent ses communicants, en montrant combien leur héros, parti de rien, a puisé aux mêmes sources que ses modèles - persévérance et audace -pour gravir les marches du pouvoir. Nicolas Sarkozy n'a donc aucune raison de cacher sa proximité avec ceux qui se sont « faits à la force du poignet », comme il le dit, qu'ils soient acteurs, sportifs et plus encore entrepreneurs. Au contraire : n'est-il pas devenu modèle à son tour ? Et tant mieux si cela lui permet au passage d'afficher une « rupture » avec l' « hypocrisie » du pouvoir vis-à-vis de l'argent.

Est-ce d'avoir ainsi affiché son propre rapport décomplexé à l'argent que paie aujourd'hui Nicolas Sarkozy dans l'opinion ? Si tel est le cas, cela ne s'est pas produit en un jour. Au départ, l'opération a eu un effet plutôt stimulant, y compris lors des premières polémiques sur le Fouquet's et le yacht de Bolloré. Si la presse s'enflamme, les Français ne semblent pas en vouloir au président. « Ils n'étaient pas vraiment convaincus sur le fond, mais étaient prêts à parier sur la force d'entraînement du nouveau président. D'ailleurs, à ce moment-là, le moral économique des Français s'inverse, il devient positif », relève Gaël Sliman, directeur de BVA Opinion. « Ce n'est qu'en 2008, lorsqu'ils constatent l'absence de résultats, qu'ils commencent à se retourner, poursuit-il, le "bling bling" n'intervient qu'en second, comme une mauvaise cerise sur un mauvais gâteau. »

Les Français restent peut-être d'incurables rétifs à la réussite. Il est probable que la crise économique ait rendu intenables des attitudes tolérées en d'autres circonstances. L'affaire Woerth-Bettencourt a peut-être également joué, par les montants avancés, le rôle de goutte d'eau faisant déborder le vase. Mais une chose est sûre : le bel objectif de départ semble loin d'être atteint. Tout se passe comme si l'allergie des Français à ce qui leur apparaît comme une collusion entre la politique et l'argent se trouvait aujourd'hui décuplée. Avec une question à la clef : Nicolas Sarkozy va-t-il, peut-il, continuer son travail de réconciliation ? Le 12 juillet, à la télévision, il est apparu pour la première fois un peu en retrait sur sa thématique de prédilection, affirmant : « Je me méfie autant des gens qui idolâtrent l'argent que de ceux qui le détestent. »

CÉCILE CORNUDET EST GRAND REPORTER AUX « ECHOS ».


POURTANT, LE FRANÇAIS AIME L'ARGENT, QUAND C'EST LE SIEN. JAMAIS UN PEUPLE N'A ÉTÉ AUSSI JALOUX VIS À VIS DE CE QUE POSSÈDE SON VOISIN, QUE CE PEUPLE. LE FRANÇAIS EST HYPOCRITE, SOMBRE ET FAINÉANT. CE QUI LE REND SOUVENT AIGRI.

Dissuasion nucléaire

L'Elysée vient de dégainer l'arme nucléaire. En menaçant Areva d'une prise de contrôle rampante par EDF, l'exécutif a placé un pistolet sur la tempe du management du géant français de l'atome. « Entendez vous avec EDF ou sinon l'électricien deviendra votre actionnaire de référence », « devenez de véritables partenaires ou vous serez relégué au rang de filiale-fournisseur plus ou moins indépendante » : voilà en substance le message que Nicolas Sarkozy vient de faire passer à Anne Lauvergeon, la patronne d'Areva. Car, même s'il n'est pas question qu'EDF rachète le fabricant de centrales, l'idée évoquée est bien de faire de l'électricien dirigé par Henri Proglio le deuxième actionnaire d'Areva - derrière le Commissariat à l'Energie atomique. Une montée en puissance qui réduirait forcément la marge de manoeuvre d'un groupe qui, jusque-là, a bénéficié d'une forte autonomie. Avec actuellement 2,4 % du capital d'Areva, EDF ne pèse guère sur les décisions du groupe. Avec 10, 15, voire 20 %, il aurait plus que son mot à dire.

Même s'il est peu compliqué à mettre en oeuvre - dans la mesure ou l'Etat comme le CEA peuvent chacun céder une partie de leurs actions à EDF -ce schéma soulèverait cependant autant de difficultés qu'il permettrait de résoudre de problèmes. Certes, l'« équipe de France » se trouverait à terme plus unie et l'autorité du capitaine, EDF, serait incontestable. Dans l'Hexagone, comme à l'international, l'équipe serait ainsi dans bien des cas plus efficace.

Mais ce n'est pas parce qu'un couple se retrouve marié que les querelles disparaissent instantanément. Au contraire, à court terme, une union sous la contrainte risquerait même de déboucher sur une guerre de tranchées. De plus, même si EDF est le premier client d'Areva, il est loin d'en être le seul. Bien d'autres énergéticiens, le plus souvent concurrents d'EDF, se fournissent eux aussi auprès d'Areva. Auraient-ils envie de contribuer aux résultats d'un groupe dont un rival serait l'actionnaire de référence ? Si Air France était au capital d'Airbus, Easyjet n'achèterait sans doute que des Boeing. Pour EDF même, une montée au capital d'Areva n'aurait pas que des points positifs. Une prise de participation significative immobiliserait en particulier des capitaux dont l'entreprise a besoin par ailleurs.

Plutôt que d'en passer par une solution ayant, à première vue, autant d'inconvénients que d'avantages, les deux groupes feraient mieux de se plier aux exigences de l'Etat. Ils devraient en finir avec les stériles batailles de pouvoir et d'ego et accepter de travailler réellement main dans la main. Ils répondraient ainsi non seulement à leur propre intérêt mais également à leur intérêt commun. Car comme l'histoire l'a démontré, EDF et Areva ne se sont jamais aussi bien portés que quand ils collaboraient efficacement.

L'Etat a décidé de manier l'arme nucléaire pour faire passer son message. Mais une telle arme a vocation à être avant tout dissuasive.


DAVID BARROUX

Une chance sur mille qu'un gros astéroïde frappe la Terre d'ici 2182

ESPACE - Il serait assez massif pour détruire une ville comme Paris...

Les Mayas et Roland Emmerich ne savent pas compter: la fin du monde, c'est pour 2182, et pas 2012. Enfin pas vraiment. La probabilité que l'astéroïde 1999 RQ36 frappe la Terre à cette période approche les 1 sur 1.000, selon des scientifiques européens emmenés par l'Espagnole Mar Eugenia Sansaturio, de l'Université de Valladolid. C'est nettement plus que la précédente alerte (1/250.000 pour l'astéroïde Apophis, en 2036)

Faut-il paniquer? Pas tout de suite. D'abord, l'astéroïde ne fait «que» 560 mètres de diamètre. Assez gros pour détruire une ville comme Paris ou créer un joli tsunami s'il tombe dans l'océan, mais pas pour causer l'extinction de toute une espèce. L'astéroïde Chicxulub, principal suspect pour expliquer la disparition des dinosaures, mesurait a priori plusieurs kilomètres.

Le dévier?

Si le gros caillou menaçait vraiment la Terre, deux solutions: le dévier ou le découper. Au printemps dernier, des scientifiques ont expliqué que faire exploser un tel astéroïde comportait un risque majeur: que les charges explosives ne soient pas assez fortes et qu'il se reforme en quelques heures, du fait de la force d'attraction gravitationnelle.

Reste donc la première solution. Pour les scientifiques, plus on s'y prend tôt, mieux c'est. Selon Mar Eugenia Sansaturio, dévier l'astéroïde deviendrait «compliqué» si on s'y met après 2080.

Mais plutôt que de compter sur des percées scientifiques, la priorité, selon elle, est d'améliorer notre capacité à prévoir avec précision la trajectoire de ces objets, pour l'instant limitée à environ 80 ans. Sinon, il reste toujours la possibilité de cryogéniser Bruce Willis et de le réveiller le moment venu.

Une estocade très politique

Un « vote contre la barbarie » qui fera exemple ? Nul ne contestera que le spectacle taurin à l'espagnole, également prisé dans le sud de la France, exhibe la cruauté à l'état pur. Malgré son cérémonial, ses lumières et la fascination qu'il exerce chez les aficionados.
Cependant, s'il s'agit du seul bien-être animal, les députés catalans auraient pu aller plus loin en interdisant dans la foulée les traditionnels « correbous ». De curieuses fêtes populaires où le taureau affolé, symbole ancestral des forces obscures, est livré aux exactions de la foule déchaînée. Et toujours au nom du bien-être animal, pourquoi ne pas s'interroger sur l'élevage en batterie, sur l'abattage industriel ?
Le vrai débat pour ou contre la tauromachie reste d'ordre éthique. Mais tel qu'il a été mené à Barcelone, il est purement politique. Malgré les apaisements donnés à Madrid par l'un ou l'autre intervenant avant le vote, il s'agissait de se démarquer de la Castille, de l'Andalousie et du reste de l'Espagne pour réaffirmer l'identité catalane. La ferveur autour de la Coupe du monde de football, avec l'Espagne en finale, a failli faire oublier une gigantesque manifestation à Barcelone : le 10 juillet dernier, la Cour constitutionnelle de Madrid rejetait les nouvelles exigences de la Catalogne pour encore plus de prérogatives dont la reconnaissance d'une nation catalane. Rien d'étonnant dans ces conditions que le vote anti-corrida ait été remporté grâce aux voix des autonomistes après une pétition populaire... qu'ils avaient largement appuyée.
La tauromachie n'est qu'un prétexte. État fédéral avec de vraies « communautés autonomes », l'Espagne est confrontée à des forces centrifuges, et pas seulement au Pays basque ou en Catalogne. La crise économique attise ces mouvements qui, à l'exception de l'ETA terroriste, s'expriment en toute démocratie en surveillant leur langage politiquement correct : il est hors de question d'affirmer que les moins pauvres ne doivent plus payer pour les plus pauvres. Mieux vaut mettre en avant les différences « culturelles » en les présentant comme des fossés infranchissables. Par exemple la querelle linguistique entre Flamands et Wallons ou encore ces « justifications » qui frisent le ridicule : en Italie, la Ligue du Nord n'hésite pas à puiser ses racines tantôt dans le royaume lombard du VIIIe siècle, tantôt dans l'asservissement des Celtes par les Romains ( !)
Le régionalisme, jusqu'à l'autonomie le cas échéant, constitue un réel progrès démocratique dans la mesure où il rapproche le pouvoir du citoyen. A condition de ne pas dresser une province contre l'autre. Et surtout pas en insistant sur les « différences ».

Jean-Claude Kiefer

Tout se termine et tout recommence


C’est une drôle de semaine, un drôle de sentiment que tout se termine et que tout recommence. Déjà.

Tout se termine, apparemment en trombe du côté de l’Élysée.

Au chapitre sécurité, l’agenda du président paraît même plutôt chargé.

L’otage, les Roms,

les gens du voyage, un nouveau préfet à installer à Grenoble...

Un dernier conseil des ministres, mercredi prochain.

Et puis… Fini.

Vacances jusqu’au 24 août.

Carla n’a plus que quelques scènes à tourner avec Woody Allen. Moteur, action. Coupé.

Tout se termine à Grenoble aussi ? Ça reste à voir. À La Villeneuve, après des nuits sans sommeil, on a pourtant envie de croire que la venue de Nicolas Sarkozy, demain, pourrait en finir avec ce mauvais feuilleton de l’été. Passer à autre chose. À août. Respirer. Souffler.

Tout se termine

et tout recommence.

Les fournitures scolaires sont en rayon et les gamins réclament déjà leur cahier de textes

pour la rentrée.

Le football a repris hier soir par un match

OM-PSG. Classique.

Et aux dernières nouvelles, il paraît même que l’équipe de France va bientôt descendre du bus pour rejouer.


Frederic AILI

Réglementation bancaire : éviter une nouvelle crise sans entraver la reprise

Les règles fixées par le comité de Bâle – un comité international de banquiers centraux et de régulateurs – doivent respecter un équilibre fragile : être suffisamment sévères pour obliger les banques à maintenir un niveau de capitaux propres leur permettant d'affronter une crise de l'ampleur de celle de 2008, sans toutefois que ces contraintes ne les empêchent de participer au financement de la reprise économique, comme le craignent les fédérations bancaires de plusieurs pays européens. Selon une estimation donnée par la Fédération bancaire française, les règles de Bâle III, telles qu'édictées en décembre 2009, auraient coûté 1,5 % de PIB à la zone euro.
Les banques européennes devraient être rassurées par les annonces faites mardi 27 juillet, souligne une note d'UBS : les nouvelles règles du comité sont prévues pour être "moins onéreuses et plus étirées dans le temps" que celles contenues dans la première version. Cela dit, il ne s'agit pas pour le comité de passer à la trappe les règles présentées en décembre, mais de les assouplir et d'espacer leur entrée en vigueur dans le temps.

* Le ratio core Tier-one

Le texte initial prévoyait une définition très étroite du ratio de fonds propres core Tier-one, noyau dur du capital des banques qui permet d'absorber les chocs en cas de crise. Dans la version "allégée" proposée par le comité de Bâle, ce noyau dur pourra intégrer, comme c'est déjà le cas, une partie des fonds propres des intérêts minoritaires détenus dans des filiales bancaires.

La composition de ce ratio avait suscité des critiques à l'occasion des tests de résistance réalisés sur les banques européennes : des économistes avaient souligné que tester le ratio Tier-one n'était pas assez rigoureux, car il ne devrait, en principe, contenir que des actions ordinaires et des bénéfices mis en réserve. De plus, le comité de Bâle ne s'est pas encore mis d'accord sur le niveau de ce ratio Tier-one qui pourrait osciller entre 4 et 6 %, 6 % étant le seuil retenu pour pratiquer les tests de résistance sur les banques européennes.

* Les ratios de liquidité

Dans la nouvelle version du texte du comité de Bâle, le durcissement des règles sur les ratios de liquidité, qui limitent les engagements des banques par rapport à leur taille de bilan et mesurent leur capacité à résister à des retraits massifs, a été repoussé de plusieurs années. Un ratio "de transition", non contraignant, sera appliqué entre 2013 et 2018, date à laquelle un ratio définitif entrera en vigueur et devra être respecté.

* Les participations financières

Régulateurs et banquiers centraux ont accepté de prendre en compte dans le calcul des fonds propres, à condition qu'elles respectent certaines limites, les participations des banques dans d'autres établissements financiers, ce qui n'était pas prévu dans la première version des accords. Cette concession est particulièrement importante pour les banques françaises, surtout mutualistes, qui croisent leurs activités entre maison-mère et caisses régionales.

Autre motif de satisfaction pour les banques françaises, notamment celles qui ont aussi des activités d'assurance : la possibilité de prendre en compte les capitaux propres des filiales d'assurance dans le calcul des fonds propres.
Audrey Fournier

QU'EN JOLI TERME DE RATIO CELA EST DIT, LES BANQUES NE SONT PLUS QUE DES GARDIENNES DE TRÉSORERIES, ELLE NE VEULENT PLUS DE RISQUES.

QUE CE PETIT MANÈGE EST BEAU, LES BANQUES NE PRÊTENT PAS AUX ENTREPRISES, LA REPRISE D'UNE ACTIVITÉ VIABLE EST SUJETTE À CAUTION, FRILEUSES, LES BANQUES FRANÇAISES SONT LES PLUS PATHÉTIQUES DE TOUTES. CRÉER UNE ENTREPRISE EN FRANCE RELÈVE DU SUICIDE...QU'ON SE LE DISE !

Zodiac : des dirigeables aux toboggans d'avion

Le dossier est clos." Avec fermeté, Olivier Zarrouati, le président du directoire de l'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace, met un terme à la perspective d'une reprise par Safran. "Le conseil de surveillance l'a dit une première fois le 9 juillet quand la proposition a été faite. Didier Domange, président du conseil de surveillance, et moi-même avons été obligés de le réaffirmer la semaine dernière dans une tribune parue dans Les Echos pour mettre fin aux spéculations, ajoute-t-il. Apparemment, notre refus n'avait pas été compris, il avait été interprété par certains comme une coquetterie, voire une invitation à discuter."
Employant 20 000 salariés, réalisant 2,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires et pesant 2,5 milliards d'euros en Bourse, le cinquième groupe aéronautique français (derrière EADS, Thales, Safran et Dassault) entend bien continuer à vivre seul. D'où le rejet de cette offre par les familles des fondateurs et leurs proches qui détiennent 32 % du capital et 44 % des droits de vote. L'Etat, présent via le Fonds stratégique d'investissement (4,92 %), n'est pas au conseil de surveillance.

Zodiac Aerospace, dont le nom est associé aux dirigeables et aux bateaux pneumatiques, n'est paradoxalement plus présent dans ces deux activités. Elles furent pourtant les piliers successifs de sa croissance. Au départ, cette entreprise, la plus ancienne dans l'aéronautique, a été créée en 1896 par Maurice Mallet pour fabriquer des ballons dirigeables. L'entreprise se relancera au sortir de la seconde guerre mondiale avec les bateaux pneumatiques en reprenant la découverte inexploitée d'un de ses ingénieurs, qui avait conçu ce type d'embarcation en 1937 pour transporter des torpilles vers des hydravions.

Retour dans l'aéronautique

Le succès est au rendez-vous. Mais en 1974, Zodiac, qui pesait alors 40 millions de francs de chiffre d'affaires, est au bord du gouffre à cause d'une mauvaise gestion. Le nouveau président Didier Domange - marié à Elisabeth Desanges, héritière de l'une des familles fondatrices - appelle près de lui un directeur général alors âgé de 31 ans, son ami Jean-Louis Gerondeau. Ce diplômé de Polytechnique et de la Harvard Business School, mort en 2009, sera à l'origine du rebond du groupe. Il entreprend d'assainir l'entreprise : réduction des stocks, compression des frais généraux, réorganisation du réseau commercial et contraction des effectifs. Les effets se font sentir rapidement.

Si Zodiac reprend la moitié du marché mondial des canots gonflables, le nouveau patron veut développer l'entreprise. "Il a défini une stratégie de croissance externe par laquelle les sociétés acquises vont à chaque fois renforcer une activité existante, explique M. Zarrouati, qui lui a succédé en 2007 à la présidence du directoire. En trente-cinq ans, sous son impulsion, Zodiac Aerospace a fait une cinquantaine d'acquisitions d'entreprises de toutes tailles et en a très peu vendu."

Revanche de l'histoire, en 1978, Zodiac achète Aerazur, son concurrent dans les ballons du début du siècle, spécialisé depuis dans l'utilisation des textiles et des structures gonflables. Cela signe son retour dans l'aéronautique. Pour la première fois en 1989, cette activité, allant des sièges aux toboggans en passant par l'équipement des cabines, dépasse celle de la marine. Ne pouvant développer les deux de front, le groupe se sépare de sa branche marine en 2007. Zodiac devient alors Zodiac Aerospace.

Le développement continue avec le rachat en cours de l'allemand Sell, spécialisé dans l'aménagement de cabine. "Notre stratégie de développement sur des métiers de niches fonctionne parfaitement, souligne M. Zarrouati. Il faut la poursuivre. Je crains qu'un adossement à un grand groupe nous enlève la souplesse et la réactivité nécessaires à cette stratégie."

Dominique Gallois

Jean-Paul Herteman : "Zodiac et Safran pourraient offrir 75 % des équipements d'un avion"

Jean-Paul Herteman, président du directoire de l'équipementier aéronautique Safran, a créé la surprise au début du mois de juillet en adressant une lettre au président du conseil de surveillance de son concurrent Zodiac Aerospace, Didier Domange, lui proposant d'étudier un rapprochement. Cette proposition a été rejetée.
A l'occasion de la présentation des résultats semestriels de Safran, mercredi 28 juillet, qui se sont traduits par un résultat opérationnel en hausse de 23 %, à 428 millions d'euros, il évoque la stratégie de développement de son groupe. Safran est cité comme candidat à l'achat de l'américain L1, spécialisé dans la biométrie, mais ne fait aucun commentaire.

Après le refus de Zodiac, envisagez-vous toujours un rapprochement ?

Nous n'abandonnons pas cette idée, au contraire, et nous continuons à travailler sur un rapprochement qui se fera de manière amicale. Je voudrais d'ailleurs exprimer ma surprise devant ce refus d'engager une discussion. Ce n'était pas une offre formelle que nous avions déposée, mais une proposition de discussion. Il s'agissait d'étudier ensemble l'intérêt et les modalités éventuelles d'un rapprochement de nos deux groupes en analysant les avantages et les inconvénients d'une telle opération, sans aucun engagement de part et d'autre.

Depuis longtemps, Safran a des vues sur ce groupe. Pourquoi les formaliser maintenant ?

Nous sommes convaincus que le mouvement de consolidation des équipementiers est lancé de manière irréversible en raison de la complexité des programmes et de l'accroissement des coûts et des risques. Nous devons tous y participer, au risque de nous affaiblir à terme. Or en associant Zodiac et Safran, nous pourrions offrir 75 % des équipements d'un avion, des moteurs aux systèmes électriques en passant par les sièges et les toboggans. De plus, le marché change avec l'arrivée de nouveaux avionneurs, futurs concurrents d'Airbus et de Boeing, qui veulent aller vite en achetant des ensembles complets. Nous avons emporté la motorisation de l'avion chinois C919 en fournissant le moteur CFM, mais aussi la nacelle.

Quels sont les autres avantages d'une telle union ?

Sur le plan opérationnel, nous avons les mêmes clients, soit près de 500 compagnies aériennes dans le monde. Les synergies sont importantes et réalisables à court terme. Mais ce rapprochement a une dimension stratégique essentielle. Nous sommes convaincus que les systèmes hydrauliques dans les avions seront remplacés par du tout-électrique. Les câbles sont moins lourds et moins chers que les canalisations.

D'ici à 2030, la quasi-totalité des avions seront gérés de manière électrique. Il faut s'y préparer. Or Safran maîtrise la technologie de l'extraction de puissance des moteurs et nous sommes numéro un mondial du câblage. Zodiac est très fort dans la distribution électrique. Nous avons ensemble l'opportunité de conquérir 50 % de ce marché estimé entre 3 et 4 milliards de dollars (2,3 à 3 milliards d'euros).

Dans cette perspective, il vous faut aller vite.

Si nous prévoyons une première application en 2018, nous devons être prêts vers 2014-2015. Nous ne sommes donc pas à un ou deux ans près pour ce rapprochement, mais nous n'attendrons pas dix ans.

Y a-t-il des alternatives à cette solution franco-française ?

Nous avons d'autres possibilités en nous alliant avec des américains, mais nous préférons cette option plus logique. Cette alliance n'a rien de "franchouillard", puisque nous employons chacun 10 000 personnes en Amérique du Nord, soit 20 000 au total.

Avez-vous déjà eu des échos positifs à cette offre ?

Je note que, pour les marchés, l'histoire n'est pas finie. Depuis le 9 juillet, date du refus de notre proposition, l'action Zodiac a grimpé de 12 %, et nous n'avons baissé que quelques pour cent. Ce qui suggère que certains trouvent que notre projet mérite qu'on l'examine. De plus, la semaine dernière, au Salon aéronautique de Farnborough, j'ai eu l'occasion d'évoquer l'idée avec les dirigeants des avionneurs. Aucun ne rejette notre logique

L'Etat, présent au capital des deux côtés, va-t-il intervenir ?

Ce n'est pas à moi de le dire. L'Etat est notre premier actionnaire à hauteur de 30 %. Il a été informé de notre projet et a donné son accord, c'est pour moi le plus important.

Quelle issue voyez-vous à cette opération ?

Ce projet est une bonne idée, et comme toutes les bonnes idées, elles finissent par se concrétiser un jour. Aussi ce ne sera pas le feuilleton de l'été, car nous n'agirons pas de manière agressive. Nous prendrons le temps de convaincre.

Propos recueillis par Dominique Gallois