La période de tonte n'est pas close
Ce fut l’une des pires erreurs de communication politique de Jean-Marc Ayrault : assurer que neuf Français sur dix ne seraient pas concernés par les hausses d’impôts. C’était au temps de la gauche triomphante, sûre d’elle et intellectuellement dominatrice : il fallait tondre les riches et les problèmes de la France seraient réglés. On sait ce qu’il en est advenu : un an plus tard, le ras-le-bol fiscal était dans toutes les têtes, et l’équipe au pouvoir était devenue impopulaire auprès de huit Français sur dix.
Pourtant, le même scénario est en train de se mettre en place. Cela fait maintenant des mois que François Hollande puis Manuel Valls assurent que la pause fiscale est là, que les impôts vont baisser pour un, deux, trois, bientôt quatre millions de contribuables. On se perd dans les promesses, on s’embrouille dans les chiffrages, on se mélange dans les seuils, mais on ne voit toujours rien venir d’autre que des hausses de prélèvements, des colmatages de niches, des suppressions d’exonérations. Et pour cause : les mini-baisses d’impôts annoncées ne concernent qu’une minorité de contribuables, et rarement ceux qui ont été durement touchés par le matraquage précédent. Les autres, les plus nombreux, reçoivent ces jours-ci la confirmation que la période de tonte n’est pas close, et qu’elle touchera encore cette année une immense majorité de contribuables.
Tout se passe donc comme si le gouvernement recommençait à s’auto-intoxiquer, enivré de toujours-plus de promesses pour toujours-moins d’impôts, mais sans aucune chance ni de convaincre ni d’efficacité économique. On l’avait déjà entrevu avec la glorieuse affaire des trente-cinq heures, mais cette fois, le doute n’est plus permis : l’une des caractéristiques de la gauche est de ne rien apprendre de ses erreurs.