TOUT EST DIT

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mardi 31 janvier 2012

Sarkozy : "On me dit suicidaire, je suis le suicidaire le plus en forme de France"

 Nicolas Sarkozy a défendu mardi 31 janvier au matin, à l'Elysée, devant les parlementaires de la majorité (UMP, Nouveau centre, Alliance centriste) les mesures qu'il a annoncées dimanche pour tenter d'enrayer le chômage et d'améliorer la compétitivité française. Et a demandé à ces élus "de prendre le relais législatif" de ces mesures, selon des propos du président rapportés par plusieurs élus UMP sur Twitter.
Peu avant, Nicolas Sarkozy avait débriefé son émission télévisée avec les ténors de l'UMP, lors du petit-déjeuner de la majorité.

> Lire : M. Sarkozy débriefe son émission télévisée avec les ténors de l'UMP
"JE SUIS LE SUICIDAIRE LE PLUS EN FORME DE FRANCE"
Même s'il est distancé dans les sondages par le candidat socialiste, François Hollande, M. Sarkozy a de nouveau réaffirmé sa conviction selon laquelle le match est loin d'être joué à l'avance, selon des participants à la réunion.
"On me dit suicidaire, je suis le suicidaire le plus en forme de France", a notamment déclaré le chef de l'Etat, selon le député UMP Sébastien Huygue, sur Twitter.

Le chef de l'Etat faisait allusion à de récentes déclarations d'un autre député UMP, Lionnel Luca, selon qui la hausse de la TVA annoncée pour financer la protection sociale ne relève pas du courage mais du "suicide politique". Réitérant ses critiques contre la TVA sociale, M. Luca n'est d'ailleurs pas venu à cette réunion.
"Je suis déterminé comme jamais", a-t-il ajouté, rapporte l'ancienne ministre et sénatrice UMP de Paris, Chantal Jouanno, sur le réseau social. "Si votre candidat arrive à faire passer ses idées, on a des chances de l'emporter" aux élections présidentielle et législatives, a encore estimé M. Sarkozy, selon un membre de l'UMP, cité par l'AFP.
Selon M. Huygue, le président s'est montré "en grande forme, à l'offensive, complètement tourné vers l'intérêt de la France et des Français". Une impression également relayée par les députées UMP Valérie Rosso-Debord et Laure de La Raudière.
"PARFOIS, L'ATTENTE FAIT MONTER LE DÉSIR"
Pressé par une partie de la majorité d'accélérer l'officialisation de sa candidature à l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai, le chef de l'Etat a souligné l'avantage de l'annoncer le plus tard possible. "Parfois, l'attente fait monter le désir", a-t-il expliqué, selon M. Huygue.
"Je vous demande d'être patients et ne pas tomber dans tous les pièges. Le moment n'est pas encore venu", a-t-il ajouté, selon Mme Jouanno.
A près de 80 jours du premier tour de la présidentielle, le locataire de l'Elysée a également livré son analyse sur la manière dont le scrutin "se jouera", en précisant les thèmes qui, selon lui, seront au cœur du débat. "La présidentielle ne se jouera pas sur la gauche, la droite ou le centre. Elle se jouera sur la prise en compte de ce nouveau monde", a-t-il estimé, selon Chantal Jouanno.
Avant d'ajouter, toujours selon cette dernière : "La présidentielle ne se joue pas avec des petites décisions dans un pays frondeur et qui aime le panache comme la France." "On croit au travail, c'est notre marque de fabrique, notre singularité", aurait encore lancé M. Sarkozy, reprenant son thème de campagne de 2007.
Pour la campagne électorale, "parler du bilan, c'est insuffisant, et les projets, plus personne n'y croit. Il convient de faire un mix entre les projets d'aujourd'hui et de demain", a-t-il déclaré, selon une source UMP citée par l'AFP. Pour l'avenir, M. Sarkozy croit "à quatre ou cinq mesures très fortes".
"LE DRAME VIENT DE L'EUROPE OÙ NOUS PERDONS DES PARTS"
M. Sarkozy a également justifié les réformes engagées à la fin de son quinquennat. "Notre boussole est : 'qu'est-ce qui est bon pour la France' ?", s'est-il interrogé, selon Sébastien Huygue.
"Le drame ne vient pas de la Chine mais de l'Europe où nous perdons des parts", a-t-il regretté pour justifier les mesures annoncées pour améliorer la compétitivité française. "Les principales pertes de part de marché du 'fournisseur' France sont vis-à-vis de nos clients européens sur ces neuf dernières années", a-t-il expliqué, selon le député UMP Olivier Carré.
Le chantier prioritaire reste la formation des chômeurs pour rendre obligatoires les formations qualifiantes vers les secteurs en croissance, a encore précisé M. Sarkozy. Il a répété qu'il avait dû faire preuve de courage pour mettre en place la taxe sur les transactions financières, note Olivier Carré.


S'il n'a pas abordé le thème de la prime pour l'emploi (PPE), dimanche, il a convenu, d'après Mme Jouanno, que c'était "un vrai sujet", suggérant "un mouvement" entre les cotisations salariales et cette prime.
"COMMENT VOULEZ-VOUS ATTENDRE TRANQUILLEMENT LES ÉLECTIONS ?"
Le chef de l'Etat a aussi, selon M. Huygue, justifié le tempo des réformes engagées : "Si on ne fait rien maintenant, on attendra après la présidentielle, puis après les législatives, puis après les vacances donc pas avant septembre".
"Comment voulez-vous après avoir dit que nous sommes devant un mur, attendre tranquillement les élections ?", a-t-il ajouté, selon Mme Jouanno"Vous voyez le président de la République dire a une personne au chômage : 'il y a les élections on fait rien...' ?", s'est-il encore interrogé à voix haute, selon Valérie Rosso-Debord.



Le locataire de l'Elysée a regretté les critiques dont il a été l'objet pour avoir mené la réforme des retraites, en 2010. "J'ai pas de chance. Les retraites on m'a dit c'est trop tôt. Et maintenant on me dit c'est trop tard !", a-t-il dit, selon Mme Jouanno.
UNE PIQUE POUR HOLLANDE
M. Sarkozy a aussi ironisé sur les critiques du PS sur la hausse de la TVA, estimant - d'après Mme Jouanno - ne pas à avoir à recevoir de leçons de la part de "ceux qui ne proposent que des impôts !"
Et a également lancé une pique à son adversaire François Hollande, qui voudrait, selon lui, "attendre septembre pour prendre des mesures" contre le chômage. Partant de ce constat, M. Sarkozy a demandé, selon la même source : "Ça donne envie de voter pour lui ?!"
"LE DIALOGUE, ON L'A AVEC LES FRANÇAIS, PAS AVEC LA PRESSE"

Le président de la République a enfin donné son sentiment sur l'état d'esprit des Français face aux réformes engagées. "Et si tout un coup on faisait confiance à notre peuple ? La vérité est que le peuple Français est plus courageux que ses élites. La réalité est que les élites sont dans le politiquement correct", a-t-il lancé, d'après Mme Jouanno.
Et de trancher, selon le député UMP Olivier Carré : "Je dois faire mon devoir et j'ai confiance dans les Français. Le dialogue, on l'a avec les Français, pas avec la presse."
Récemment, le conseiller spécial de M. Sarkozy, Henri Guaino, a justement jugé que le camp du président sortant n'était "pas beaucoup aidé dans les médias" et se battait "dans une hostilité générale".
A la fin de son discours, le chef de l'Etat aurait été "très applaudi par tous les parlementaires présents", précise encore M. Huygue. Certains le faisant par politesse, d'autres avec plus d'entrain...

La France, le pays qui taxe l'épargne au taux record de 40%

Avec la hausse de deux points de la CSG sur les revenus financiers, Nicolas Sarkozy porte au niveau record de 39,5% la taxation de l'épargne. Soit onze points de mieux en cinq ans... De quoi faire fuir les capitaux et dissuader les Français de financer l'économie. Retour critique sur les annonces fiscales du président-candidat.

Jamais l'épargnant n'aura subi une telle curée. C'est donc sous Nicolas Sarkozy et une majorité de droite que la taxation des revenus financiers aura le plus fortement augmenté au cours de notre histoire, subissant un choc fiscal sans précédent, même quand la gauche était au pouvoir.
En annonçant son intention de relever de 2 points la CSG sur les produits financiers, en complément de la hausse de 1,6 point du taux normal de TVA ( à 22,1%), pour financer la baisse de 13 milliards d'euros des cotisations patronale de la branche Famille, le chef de l'Etat fait mentir son engagement de ne pas augmenter les impôts. Il procède surtout à un tour de passe-passe improvisé et dangereux pour le financement de l'économie française, de la façon la plus injuste qui soit de surcroît. Pas sûr d'ailleurs qu'il parvienne à convaincre sa majorité UMP de voter un tel coup de massue fiscal à la veille des échéances présidentielles et législatives. Conscient que sa majorité renâcle, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs dû reporter dans l'urgence de ce matin à cet après-midi ses voeux à la presse, pour tenir une réunion d'urgence avec les parlementaires UMP.
Cette hausse de la CSGi concernera en effet la quasi totalité des placements (dividendes, intérêts d'obligations, y compris celles émises par l'Etat, assurance-vie, sicav et FCP, épargne salariale, livrets et comptes sur livrets et autres comptes à terme) et donc tous les épargnants, les gros comme les petits, notamment les retraités aux revenus modestes qui vivent des revenus de leur épargne. Seuls le livret A et le Livrets de Développement Durable y échapperont. De ce point de vue, le projet annoncé par François Hollande d'aligner la taxation du capital sur celle des autres revenus comme les salaires, en leur appliquant le barème de l'IR apparaît plus équitable, puisque le prélèvement sera progressif en fonction du revenu. Les petits patrimoines seront donc moins taxés que les gros.
Au total, sur l'ensemble du quinquennat, Nicolas Sarkozy aura augmenté les prélèvements sociaux sur l'épargne de 3,4 points, les faisant passer de 12,1% à 15,5%. ils s'ajoutent à une fiscalité d'État qui a porté le niveau du prélèvement libératoire de 16% à 24% au cours du quinquennat (21% pour les dividendes). En clair, un placement qui était imposé à 16% de prélèvement libératoire plus 12,1% de prélèvements sociaux en 2007 ( soit 28,1%) le sera désormais à presque 40%... 11,4 points de hausse en cinq ans... Même Jospin avait la main plus légère en ne relevant la taxation des revenus du capital que de 2,1 points pendant ses cinq années de cohabitation avec Jacques Chirac.
Cette hausse de la CSG sur les revenus financiers est d'autant plus étonnante qu'elle entre en totale contradiction avec l'affichage, purement factice il est vrai, de la fiscalité entre la France et l'Allemagne. Vaccinée depuis la fin des années 1980 contre tout excès de taxation du capital (qui avait à l'époque fait fuir les capitaux massivement au Luxembourg), notre voisin taxe de façon beaucoup plus légère les épargnants. Selon les statistiques 2010 d'Eurostat, avant donc les hausses annoncées en France depuis cet automne, la France taxait le capital à 38,8% contre 23,1% pour l'Allemagne.Outre-Rhin, la retenue à la source unique sur les revenus d'intérêts, de dividendes, et de plus values (à l'exception de l'immobilier) a diminué sous Angela Merkel, passant de 30% en 2008 à 25% à partir de 2009.
En revanche, notre voisin a un impôt sur le revenu plus lourd qu'en France, avec un taux marginal supérieur de 45% exactement le taux annoncé par François Hollande dans son projet présidentiel. C'est à ne pas se demander qui converge vraiment avec la fiscalité allemande... !
Avec un taux de TVA passant de 19,6% à 22,1% (contre 19% en Allemagne), une taxation de l'épargne de 39,5% (contre 25% outre-Rhin) et enfin, un taux de prélevements obligatoires qui va remonter au- dessus de 45% (contre 39,5% outre-Rhin), la France est en train de s'éloigner à grande vitesse du modèle allemand dont le président nous a tant vanté les mérites dimanche soir... Certes, la gauche veut elle aussi augmenter lourdement les impôts, mais la structure qu'elle envisage est beaucoup plus cohérente avec une stratégie de convergence avec l'Allemagne, puisqu'au lieu d'augmenter la CSG et la TVA, elle veut alourdir l'impôt sur le revenu et baisser l'impôt sur les sociétés sur les PME et les bénéfices réinvestis. A tout prendre, le Medef, qui a applaudi discrètement la TVA sociale Sarkozy, ferait peut-être bien de refaire ses calculs...
En faisant financer les déficits sociaux par l'alourdissement de la fiscalité de l'épargne et de la TVA, Nicolas Sarkozy prend le double risque de faire chuter la consommation, seul moteur de la croissance et de provoquer une vague d'évasion fiscale qui pénaliserait gravement le financement de l'économie par l'épargne nationale. Il est peu probable que la compétitivité de la France en sortira améliorée. Car les 3 ou 4 points de baisse de charges dont va bénéficier l'industrie risquent d'être annulés par une hausse de leur coût d'accès au capital. Sans oublier le cadeau fiscal gigantesque fait au passage aux banques, qui ne sont pas assujetties à la TVA, mais payent une taxe sur les salaires, et sont parmi les plus concernées par l'allégement de cotisations familiales vu les niveaux de revenus concernés (jusqu'à 2,4 Smic)...
 

Les limites de la publicité comparative

Il est toujours dangereux de sélectionner ses exemples. Avant-hier soir, Nicolas Sarkozy avait présenté une image de réussite de l'Allemagne. « Ce qui marche chez eux, pourquoi cela ne marcherait-il pas chez nous ? » On le sait, les Allemands, c'est la rigueur, la solidité des Mercedes, l'ordre, la précision, chacun à sa place. Quand les Français ne seraient qu'embrouilles, Système D, poètes et mégot au coin des lèvres. Hier, par crainte de fâcher l'Allemagne, par peur d'Angela Merkel, pas un socialiste n'est venu corriger le tir présidentiel de la veille par rapport à l'Allemagne. Ils eussent pu expliquer, par exemple, que le taux de salariés pauvres, en Allemagne, est plus qu'inquiétant ; que la société du travail se misérabilise ; qu'il n'y a pas de salaire minimum garanti ; que la protection sociale y est de plus en plus faible ; que des femmes exécutent des travaux pénibles 42 heures par semaine, etc. Mais Angela Merkel ou son successeur sera l'interlocuteur de demain. Donc, nos socialistes centristes ont raillé Nicolas Sarkozy, ses idées, mais ils ne sont pas revenus avec acharnement sur le fond du discours. Les conversations avec l'Allemagne ne leur échoient pas encore que, déjà, les socialistes en ont peur. Dès lors, leurs électeurs devraient se demander s'ils ont bien l'intention de tenir leurs promesses. En tout cas, on peut en être sûr : ils n'ont pas envie de s'investir dans la défense sans concession de ce qui fait la France. C'est sans doute là qu'est le changement qu'annonce le PS à l'arrière des bus.

Limite

Samedi soir à Lyon, quatre jeunes de 18 à 21 ans ont roué de coups un homme, puis lui ont roulé dessus avec leur voiture, le laissant entre la vie et la mort. La querelle avait éclaté parce que les jeunes avaient « branché », comme ils disent, la compagne de leur victime. Une ou deux injures échangées, et puis ce déchaînement de violence sans limite. Totale, bestiale… Dimanche en début de soirée, juste après l’intervention de notre Président à l’Élysée, la télévision publique diffusait « Le Serpent ». Un film avec Clovis Cornillac et Yvan Attal, d’une violence sans borne, à la fois montrée et suggérée. Coups de couteau dans les chairs, filmés de près. Suffocation d’une femme et ses deux enfants enfermés dans un congélateur. Ce « Serpent » était juste déconseillé aux moins de 12 ans… Le rapport entre le fait-divers et le film ? Aucun, sinon la violence sans limite de notre monde.

Scandale de Vienne : Jean-Marie Le Pen : "C'était Strauss, sans Kahn"

Marine Le Pen est pointée du doigt à cause de sa participation à un bal organisé par l'extrême droite autrichienne.
Le président d'honneur du Front national Jean-Marie Le Pen, interrogé sur la polémique autour du bal d'extrême droite en Autriche où s'est rendue sa fille Marine Le Pen, a estimé que l'événement "retraçait le Vienne du XIXe siècle" et que c'était "Strauss, sans Kahn". Ce bal organisé vendredi par des corporations estudiantines autrichiennes proches de l'extrême droite, avec la participation de Marine Le Pen, candidate du Front national à l'élection présidentielle, avait provoqué une contre-manifestation à Vienne vendredi et la dénonciation d'organisations en France, SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France. "J'ai moi-même assisté à cette magnifique manifestation (le bal, NDLR) qui retrace d'ailleurs le Vienne du XIXe siècle, c'est Strauss, sans Kahn, si vous voulez", a lâché le leader d'extrême droite sur France 3, dans un jeu de mots associant le compositeur Johann Strauss, célèbre pour ses valses, et l'ancien patron du FMI, le socialiste français Dominique Strauss-Kahn.
"C'est une plaisanterie, un trait d'humour", a réagi Marine Le Pen, interrogée dans la soirée par des journalistes à Perpignan, où elle a tenu un meeting dimanche. "Je le goûte plus que les traits des humoristes qui nous traitent successivement de gros cons, de salauds, d'étrons. (...) Je vois qu'on est plus difficile avec l'humour de Jean-Marie Le Pen qu'avec l'humour de ceux qui sont payés soi-disant pour ça", a-t-elle ajouté.

Au pas cadencé

La rupture la plus originale de ce quinquennat imprévisible jusqu’au bout s’est finalement produite à moins de 80 jours du terme du mandat présidentiel. Baroque, l’accélération finale de Nicolas Sarkozy contraste avec le ralentissement de tous ses prédécesseurs à l’approche du rendez-vous électoral. Le calendrier du Premier ministre pour orchestrer les réformes annoncées dimanche soir est, lui, presque sidérant. Le Parlement est carrément secoué au moment même où les députés de la majorité sont soucieux de rentrer dans leurs circonscriptions pour préparer des législatives particulièrement périlleuses. Une fois de plus, le chef de l’État a bousculé la V e République, bien obligée d’avancer à marche forcée.


Est-ce un vrai courage ou une vulgaire fébrilité ? La question n’a pas fini de diviser les commentateurs circonspects, plutôt déroutés, il faut bien le dire, par des méthodes aussi peu orthodoxes que celles de l’homme de l’Élysée. Mais ce sont bien les Français qui trancheront et nul ne peut savoir aujourd’hui comment ils jugeront la posture offensive de ce président-candidat qui ne se résout pas à devenir candidat-président.


Qui peut croire que ces réformes à la hussarde peuvent être discutées à l’Assemblée et au Sénat avec la sérénité que leur importance exige ? Ces procédures bâclées augurent mal de la qualité et de la pérennité du changement radical qu’elles annoncent. Elles ne contribuent pas non plus à donner du pouvoir législatif une image digne. Mais qui s’en soucie dans la précipitation d’une campagne qui roule déjà et roule encore. Tout se mélange : la recherche d’un indispensable effet durable et la nécessité d’un résultat immédiat…


Abaisser le coût du travail est une entreprise politique noble et nécessaire dont l’objectif peut être parfaitement rassembleur. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy a bien joué. Mais l’usine à gaz qu’il a mise en place est tellement obscure et tellement explosive qu’elle nivelle les opinions, lassées d’un jeu politique particulièrement élitiste. Que d’efforts dérisoires pour tenter, par exemple, de démontrer scientifiquement que le relèvement de la TVA n’entraînera pas de hausse des prix ! Comme s’il suffisait de décréter l’un de ces beaux principes pour mettre le pays à l’abri… Comme s’il suffisait que 16,5 millions de téléspectateurs regardent l’émission présidentielle sur le petit écran pour que les positions du président soient validées. L’ampleur de la déception peut aussi être proportionnelle à celle de l’audimat.

Opération blanche


Où est-il passé ? Où est passé le Nicolas Sarkozy si brillant à la télévision qu’il pouvait en une seule émission renverser le cours d’une partie mal engagée contre une opinion sceptique, des sondages décourageants, des vents de face… Il nous avait conviés hier soir, sur huit chaînes à la même heure, à ce combat solitaire avec un destin contrariant. Il lui fallait absolument gagner. Montrer qu’envers et contre tout la magie pouvait encore opérer. Adversaires ou partisans, chacun attendait de voir l’artiste capable de marquer, enfin, pour libérer son camp. Certains le rêvaient exceptionnel… Il a été à peine honorable.

Le président de la République a réalisé un terne match nul quand il lui fallait l’emporter par trois buts d’écart pour espérer refaire une partie de son retard. Un jeu sans surprise après les révélations des journaux du matin sur ses « annonces ». Pas de surprises, pas de dribble inattendu non plus. Plutôt l’expression d’une certaine lassitude devant la figure qu’il s’était lui-même imposée. Le chef de l’État n’a manifestement pris aucun plaisir à égrener laborieusement des mesures déjà largement commentées sur les réseaux sociaux avant qu’il ne les présente. On avait parfois l’impression qu’il s’ennuyait autant que nous…

On peut le comprendre. Il doit être bien pénible de faire la promotion d’un relèvement de la TVA de 1,6 point quand durant un quinquennat entier, ou presque, on a juré qu’on n’augmenterait pas les impôts et les taxes. Il doit être déprimant de se faire l’apôtre d’une sorte de travailler plus pour espérer garder son emploi quand on a cru, sans doute sincèrement, qu’il suffisait de déclamer la formule miracle « travailler plus pour gagner plus » pour que la volonté s’accomplisse. Il doit être lassant de devoir citer l’Allemagne en exemple une bonne dizaine de fois quand la France en fut longtemps l’égale avant d’être largement distancée par sa voisine et amie. De quoi raviver la blessure narcissique d’un président au tempérament dominateur.

En misant tout sur sa force de proposition pour renverser la vapeur, le président engage un dernier pari à hauts risques. Les Français n’ont pas besoin d’être convaincus que les temps à venir seront difficiles : ils le savent. Ils ne cherchent pas tant à être rassurés par des recettes d’expert-comptable – toutes plus laborieuses les unes que les autres, de droite à gauche et de gauche à droite – qu’à choisir celui qui ramera avec eux dans cinq années de tempête. Dans un tel casting l’omniprésent sortant est mécaniquement handicapé par son vécu au pouvoir.

Hollande grimpe, Sarkozy stagne

D'après une enquête d'opinion Ifop-Fiducial, Hollande gagne trois points contre un demi seulement pour le président, toujours à la traîne.

François Hollande gagne trois points dans les intentions de vote du premier tour de la présidentielle par rapport au 14 janvier, s'affichant à 31 %, devant Nicolas Sarkozy à 24,5 % (+ 0,5) et Marine Le PenParis Match et Public Sénat entre dimanche 21 h 30 et lundi, soit dans la foulée de l'intervention télévisée du président de la République consacrée à la présentation de nouvelles mesures chocs pour combattre le chômage et restaurer la compétitivité des entreprises. à 19 % (- 1), selon un sondage Ifop-Fiducial. Cette enquête a été réalisée pour Europe 1,
Si le premier tour de la présidentielle avait lieu dimanche prochain, le candidat du PS François Hollande recueillerait 31 % des voix, six points et demi devant le président sortant, pas encore officiellement candidat, et douze points devant la candidate du FN, qui retombe sous les 20 %. Viennent ensuite François Bayrou (MoDem), qui perd un point par rapport à une précédente étude du 14 janvier, à 11,5 %, puis Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Eva Joly (Europe Écologie-Les Verts), tous deux inchangés à respectivement 7,5 % et 3 % des intentions de vote. Dominique de Villepin (1 %, - 1 point), puis, avec le même 0,5 %, Nathalie Arthaud, Jean-Pierre Chevènement, Corinne Lepage et Nicolas Dupont-Aignan arrivent en queue de classement. Aucun chiffre n'est donné pour Philippe Poutou, Frédéric Nihous et Christine Boutin (score inférieur à 0,5 %).
Au second tour, François Hollande (58 %, + 1 point) l'emporterait largement sur Nicolas Sarkozy (42 %, - 1), souligne encore l'étude.
HOLLANDE LA BAUDRUCHE SE DÉGONFLERA AVEC LE TEMPS.

Pour sauver l’euro, écartons l’Allemagne

En imposant l’austérité fiscale à ses partenaires tout en refusant obstinément que la BCE ne s'implique davantage et un plus grand soutien mutuel face à la dette, l’Allemagne démontre qu'elle est l'erreur de la zone euro, affirme Anatole Kaletsky. 

A la fois fasciné et horrifié, le monde suit l’enquête sur les causes d’un naufrage plus qu’évitable en Italie. Pendant ce temps-là, nous prenons peu à peu conscience de celles d’un autre naufrage, infiniment plus terrible. Alors que la Grèce dérive vers la cessation de paiement, que la France, l’Italie et l’Espagne voient leurs notes dégradées et que les négociations sur le traité fiscal du mois dernier se retrouvent dans l’impasse, l’euro fonce sur les récifs, et on sait maintenant clairement qui est à la barre. La véritable cause du désastre de l’euro, ce n’est ni la France, ni l’Italie ou la Grèce. C’est l’Allemagne.
Le problème fondamental n’est pas lié à l’efficacité de l’économie allemande, bien qu’elle ait contribué à la divergence entre les destins économiques des uns et des autres, mais au comportement de la classe politique et des banquiers centraux allemands.
Non seulement le gouvernement allemand a systématiquement opposé son veto aux seules politiques qui auraient permis de reprendre le contrôle de la crise de l’euro – des garanties européennes collectives pour les dettes publiques et une intervention à grande échelle de la Banque Centrale Européenne.

A l'origine de toutes les politiques mal inspirées

Histoire d’aggraver les choses, l’Allemagne a en outre été responsable de presque toutes les politiques mal inspirées mises en œuvre dans la zone euro, allant des hausses délirantes des taux d’intérêt par la BCE l’an dernier aux exigences draconiennes d’austérité et aux pertes bancaires qui menacent aujourd’hui de plonger la Grèce dans un défaut de paiement chaotique.
Mario Monti, Premier ministre italien nommé par Berlin, n’a pas mâché ses mots et averti que l’Allemagne subirait un “violent retour de bâton” si elle continuait à s’opposer à des mesures susceptibles d’alléger les pressions financières sur d’autres membres de la zone euro, comme l’émission d’obligations bénéficiant d’une garantie conjointe.
Par ailleurs, plusieurs économistes, anciens gouverneurs de la banque centrale et autres capitaines d’industrie du pays ont commencé à écrire des articles préconisant un retrait de l’euro sous prétexte que la politique de l’Allemagne serait incompatible avec celle des autres membres.
Peu à peu, l’Europe se rend compte que l’erreur, dans la zone euro, c’est l’Allemagne, ce qui permet de mieux comprendre les tours et détours de la crise et comment elle pourrait se terminer. Comme les eurosceptiques l’affirment depuis le début des années 90, le projet de monnaie unique ne peut finalement aboutir qu’à l’un ou l’autre de deux résultats.
Soit l’euro se désintègre, soit la zone euro se métamorphose en fédération fiscale et en union politique à grande échelle. Cette dichotomie est aujourd’hui communément admise. La question est néanmoins de savoir ce que l’on entend exactement par “fédération fiscale”. Et c’est là que nous touchons à la racine de la culpabilité allemande dans la crise actuelle.
Pour que l’euro survive, trois conditions essentielles doivent être remplies. La première, à laquelle tient tant l’Allemagne, est la mise en place d’une discipline budgétaire qui ne peut être imposée que par un contrôle centralisé de l’UE sur les politiques fiscales et budgétaires des gouvernements nationaux.

L' occasion de se soustraire de l'hégémonie allemande

La deuxième est un degré substantiel de responsabilité collective européenne vis-à-vis des dettes publiques et des garanties bancaires. Ce soutien mutuel est le revers de la médaille du fédéralisme fiscal, comme l’a expliqué Monti sans détours, mais les Allemands ont régulièrement refusé de ne serait-ce qu’évoquer ce compromis.
La troisième condition est le soutien de la BCE à la fédération fiscale, comparable au soutien monétaire apporté aux marchés de la dette publique par les banques centrales aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon, en Suisse et dans toutes les économies développées. C’est grâce à ce soutien des banques centrales en faveur des marchés obligataires que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon sont parvenus à financer des déficits beaucoup plus importants que la France ou l’Italie sans se soucier vraiment d’une dégradation de leur note.
Le problème essentiel, pour la zone euro, c’est que l’Allemagne se concentre exclusivement sur la première condition. Elle oblige d’autres gouvernements à adopter des objectifs plus sévères et irréalistes en matière d’austérité tout en refusant de seulement discuter de la contrepartie de garanties collectives et d’une intervention de la banque centrale. Du fait de l’intransigeance allemande sur ces deux questions, le nouveau traité de l’euro, théoriquement accepté le mois dernier, ressemble à un tabouret à trois pieds qui ne tiendrait plus que sur un seul.
Cela veut-il dire que la désintégration de l’euro est désormais certaine ? Pas forcément, pour deux raisons contraires. D’un point de vue optimiste, on peut considérer le “contrat fiscal” convenu le mois dernier n’a été qu’une diversion, le temps qu’Angela Merkel prépare l’opinion politique et publique allemande aux compromis qui se profilent sur les garanties conjointes et l’engagement de la BCE dans un soutien quantitatif à l’Anglo-Saxonne.
Ou alors, d’un point de vue pessimiste, l’Allemagne est bel et bien décidée à empêcher ce soulagement fiscal et monétaire pourtant nécessaire si l’on veut que l’euro ait une chance d’en réchapper. Si tel est le cas, alors les autres membres de la zone euro seront bientôt confrontés à un choix historique. Devront-ils abandonner l’euro ? Ou en excluront-ils l’Allemagne, soit en lui demandant tout simplement de partir, soit, plus vraisemblablement, en s’entendant entre eux sur une stratégie monétaire et fiscale qui pousserait Berlin à s’en aller ?
La France, l’Italie, l’Espagne et leurs partenaires de la zone euro ont les moyens de sauver la monnaie unique et pourraient en profiter pour se soustraire à l’hégémonie allemande. La seule question est de savoir s’ils se sentent assez en confiance et maîtrisent suffisamment les rouages de l’économie pour s’unir contre l’Allemagne.
Quoi qu’il en soit, il va bientôt être temps pour les dirigeants européens de cesser de rejeter la faute de la crise de l’euro sur l’économie mondiale, sur les banques ou la prodigalité de gouvernements précédents. Comme l’a écrit Shakespeare : “Si nous ne sommes que des subalternes, cher Brutus, la faute en est à nous et non à nos étoiles.”

Haro sur le commissaire au budget

Les 130 milliards du deuxième plan d’aide à la Grèce contre la tutelle d’un commissaire européen au budget sur Athènes : cette proposition allemande, révélée à la veille du Conseil européen du 30 janvier, n'est, ni plus ni moins, qu’une atteinte à la souveraineté d’un Etat, estime la presse européenne.
“Une ombre va peser sur le Conseil européen d’aujourd’hui à Bruxelles”, constate Público. “L’ombre d’une proposition allemande selon laquelle le gouvernement grec serait placé sous le contrôle direct d’un ‘commissaire au budget’ avec des pouvoirs de décision”. Cela pose un problème, estime le quotidien portugais.
Une chose est de voir la souveraineté financière limitée par des circonstances particulières, telles que celles qui vivent le Portugal ou la Grèce. Une autre est de voir la souveraineté politique traitée comme un problème mineur.
Or, note Le Monde, si la proposition allemande, révélée par le Financial Times, devait être approuvée par les Vingt-Sept lors du Conseil européen, la Grèce
devrait aussi s'engager dans son budget à "utiliser les revenus de l'Etat d'abord et avant tout pour le service de la dette", c'est à dire le remboursement des intérêts des emprunts contractés. Cet abandon de souveraineté devrait enfin, selon le document, être inscrit "pleinement" dans la législation nationale grecque, "de préférence via un amendement à la Constitution".
A Athènes, ce projet suscite la colère. “Nein, nein, nein”, titre Ta Nea, qui oppose aux demandes de la chancelière allemande un triple refus de perte de la souveraineté du pays, des treizième et quatorzième mois et du salaire minimum. Pour cela, le quotidien appelle
le gouvernement, les partis politiques et les syndicats [à] établir un front de négociation fort face aux créanciers et aux superviseurs dans le pays. Pour parler d'une seule voix, nous devons tous mettre de côté les stratégies personnelles, les objectifs des partis, les rivalités entre les groupes et les considérations électorales. Rien de tout cela n'aurait de valeur si la lutte pour le salut national était perdue au bout du compte.
De son côté, dans le quotidien To Ethnos, l’éditorialiste Georges Delastik s’insurge contre la proposition allemande qui, à son sens,
ne peut être considéré comme venant d'un pays ami. Le document recommande des conditions dictées par un conquérant à une population asservie et doit donc être traité par le peuple grec comme une attaque hostile de la part d’un Etat qui veut détruire la souveraineté de la Grèce tout comme l’attaque de l'Allemagne nazie d'Hitler en avril 1941. [...] Un Gauleiter allemand décidera de fermer les écoles et les hôpitaux et de ne plus payer les salaires et les retraites publiques pendant un ou plusieurs mois. Méprisables, les Allemands préparent le cadre pour conduire les Grecs à la famine, au sens propre. [...] ce document révèle la face laide de la zone euro et de l’UE au XXIe siècle.
De toutes façons, juge la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce projet est “une distraction à usage de politique intérieure”. Car aucun commissaire ne pourra résoudre la crise. Rappelant l’exemple d’Othon Ier, le roi bavarois qui régna sur la Grèce de 1832 à 1862, le quotidien estime : 
On pourrait polémiquer si les Grecs avaient vécu sous Otton un développement économique comparable à celui de la Bavière. Mais ils seraient aussi peu libérés des dettes que la Bavière aujourd’hui. Car aussi longtemps que l’aide affluera, même si tout ce qui a été promis n’est pas tenu, aucun commissaire venant de Bruxelles ou de Berlin ne sera capable de remettre en état l’administration à Athènes. Il suffit de regarder la péréquation en Allemagne. La ville de Berlin consomme à elle seule les milliards de la Bavière, sans que l’Etat fédéral puisse pousser les Berlinois à changer quoi que ce soit dans leur vie “sexy” à crédit. Et çela continuera tant que ceux qui prennent seront plus nombreux que ceux qui donnent. C’est la même chose dans l’UE. Seule la matraque des taux d’intérêt des marchés ou la menace crédible d’un au revoir à l’euro peuvent forcer le changement.

S&P dégrade les notes de l'Ile-de-France et de Paris

La région Ile-de-France et la Ville de Paris ont perdu lundi 30 janvier leurs notes "triple A", les meilleures, qui ont été abaissées d'un cran par l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) dans la foulée de la dégradation de la note de la France le 13 janvier.

"Le cadre institutionnel et financier des collectivités locales françaises ne leur permet pas d'être notées au-dessus de l'Etat" français, explique S&P dans deux communiqués distincts. L'agence de notation a abaissé d'un cran, de AAA à AA+, la note de référence à long terme de la région Ile-de-France et celle de la Ville de Paris, une note qui leur permettait d'emprunter aux meilleurs taux. Elle a assorti cet abaissement d'une perspective "négative", ce qui signifie que les notes de ces deux collectivités pourront être abaissées dans un délai d'un à deux ans.
"FAIBLE FLEXIBILITÉ SUR SES RECETTES" POUR L'IDF
Ces abaissements résultent "d'une action similaire sur la note de la République française" le 13 janvier, quand S&P avait abaissé d'un cran, de AAA à AA+ la note de la France. Pour autant, l'agence considère que la "qualité de crédit indicative" de la région reste "la plus élevée". Standard & Poor's voit comme principale "contrainte" pour l'Ile-de-France une "faible flexibilité sur ses recettes" et pour la Ville de Paris un "ambitieux programme d'investissement de la mandature".
Le 13 janvier, lors de sa revue des pays de la zone euro, S&P avait privé la France de son triple A historique. Cette dégradation avait été suivie par celle de plusieurs institutions et entreprises publiques, parmi lesquelles l'opérateur historique de l'électricité EDF, sa filiale RTE, et le groupe ferroviaire SNCF. S&P a aussi abaissé d'un cran, le 24 janvier, les notes de trois grands groupes bancaires français Société générale, Crédit agricole et BPCE et privé de son "triple A" la Caisse des dépôts, bras armé financier de l'Etat.

lundi 30 janvier 2012

"Pour Nicolas Sarkozy c'est quitte ou double"



L'intervention de Nicolas Sarkozy commentée dans la presse



Allemagne, « Ich liebe dich »

Nicolas Sarkozy a fait son coming-out hier soir à la TV (la TV triple A). Il adore l'Allemagne. C'est son modèle économique. Il devrait tout de même prendre garde aux formulations à chausse-trapes. « Si ça marche en Allemagne, pourquoi ça ne marcherait pas en France ? » Et de citer les réformes drastiques lancées en 2003 par le chancelier fédéral allemand, socialiste. Eh oui, et si on considérait que les socialistes au pouvoir, ça a marché en Allemagne ? Bon, ça eut marché, comme disait Fernand Raynaud, car c'est par une femme de droite que les électeurs allemands ont finalement remplacé Gerhard Schröder. Angela Merkel, première supporter du chef de l'Etat s'il est candidat, avait bénéficié de l'impopularité générée par les plans de rigueur de son prédécesseur. Ça non plus, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas en France. « L'important, Mme Chazal, n'est pas la date d'application des mesures, mais quand on les décide. » Précisément ! L'un de ses slogans de 2007 était de s'ériger en « président du pouvoir d'achat ». Et il ne s'y attaque réellement que maintenant, après deux crises sans précédent. Emploi, logement ; baisser les charges patronales et augmenter la TVA pour favoriser le « made in France » et freiner les importations ; des accords d'entreprises pour revenir sur les 35 heures « jamais imitées »... La litanie est pleine de bon sens et assez pédagogique. Reste à savoir comment ce sera ressenti par les ouvrières de Lejaby et d'ailleurs. Car ce qui compte désormais, ce n'est plus le pouvoir, qu'a encore Nicolas Sarkozy, mais sa conquête, qu'il n'a pas encore enclenchée.

Comment la BCE soulage les États

Depuis le début de l'année, il règne comme un parfum de sortie de crise sur les marchés alors que l'ambiance était au catastrophisme en décembre.

Mario Draghi peut s'autocongratuler. «Les progrès sont spectaculaires. Si vous comparez aujourd'hui avec les cinq derniers mois, la zone euro est un autre monde», s'est félicité vendredi à Davos le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE). De fait, depuis le début de l'année, il règne comme un parfum de sortie de crise sur les marchés alors que l'ambiance était au catastrophisme en décembre.
Dans l'intervalle, le cas grec n'a pourtant pas été réglé, la mise en place des pare-feu de la zone euro -FESF et MES- n'a pas progressé. Un seul événement permet donc s'expliquer ce changement d'humeur soudain. Le fait d'arme de Mario Draghi: un prêt massif de 489 milliards d'euros consenti le 21 décembre pour trois ans aux banques européennes.

La portée de cette mesure avait été sous-estimée lors de son annonce le 8 décembre. Car les marchés comme nombre de gouvernements européens n'attendaient qu'une chose de Mario Draghi: que la BCE se résolve enfin à faire ce que ses dirigeants et l'Allemagne ont toujours refusé, c'est-à-dire prêter enfin, directement, aux États comme le font la Fed aux États-Unis ou la Banque d'Angleterre.
Mario Draghi, tout juste installé à Francfort, a choisi une arme dans son arsenal de crise. Celle-ci s'est avérée être un bazooka. La BCE a proposé aux banques de lui emprunter en quantité illimitée et à bas prix (1% de taux d'intérêt). En temps normal, la banque centrale ne prête aux établissements que sur des périodes courtes, jusqu'à trois mois. La crise avait déjà justifié des prêts à un an. Cette fois, l'argent a été mis à disposition pour trois ans. «La BCE a donné un temps précieux aux décideurs européens pour boucler leurs propositions de solution à la crise», souligne Guy Mandy, stratégiste chez Nomura.
•Bouée de sauvetage pour les banque fragiles
Si cette mesure inédite de la BCE à l'égard des banques a eu un tel effet, c'est que la zone euro était bel et bien menacée fin 2011 par une crise bancaire. Une sortie de route, à l'image de celle de Dexia en octobre, était la hantise des marchés. Car les banques les plus fragiles de la zone euro ne parvenaient plus à trouver le moindre euro de liquidités en dehors de ceux que la BCE voulait bien leur prêter, à court terme. «Nous n'avons plus de lignes pour prêter aux banques grecques, portugaises ou aux petits établissements espagnols.» À l'instar de ce trésorier d'un établissement parisien, les institutions financières du monde entier ont établi une ligne de démarcation. Or, comme les États, les banques ont besoin d'aller régulièrement chercher de l'argent sur les marchés pour financer leur activité. Quand les robinets se ferment, la crise de liquidité qui en résulte peut emporter un établissement en quelques jours.
Grâce à la BCE, les banques du sud de l'Europe ont pu amasser assez de noisettes pour cet hiver, et au-delà. «La probabilité qu'une banque européenne fasse défaut a chuté de façon très importante», soulignent les analystes de la Société générale. D'autant que le 29 février prochain, la BCE proposera une nouvelle opération à «guichets ouverts». Et les banques auront d'autant plus de facilité à y participer que la BCE aura d'ici là considérablement élargi la palette des actifs (les «collatéraux») qu'elle accepte en garantie de ses prêts. Cette seconde opération pourrait attirer une demande de 250 à 350 milliards d'euros, selon Barclays.
• Les grandes banques se prêtent entre elles
Pour les grandes banques, l'effet a également été très bénéfique. La plupart ont pris à bord de quoi couvrir une partie de leurs programmes d'émissions de dette pour toute l'année 2012. C'est typiquement le cas des banques françaises qui ont puisé 43 milliards d'euros à la BCE et pourront compléter ce matelas en février. Face à l'incertitude que représentent des marchés susceptibles de se fermer à tout moment, cette sécurité retrouvée a détendu tout le monde. Conséquence immédiate, depuis un mois, le marché interbancaire s'est rouvert pour les grandes signatures, de BNP Paribas à Deutsche Bank. Les banques se prêtent à nouveau entre elles, sur des durées allant jusqu'à un mois. «On peut emprunter au jour le jour moins cher que le 1% de taux d'intérêt demandé par la BCE», relève un opérateur de marché.
Même les fonds monétaires américains, qui avaient coupé en 2011 les lignes des banques européennes et en particulier françaises, reviennent avec prudence. Mieux, quelques banques sont parvenues à lever des emprunts sur un marché qui s'était totalement fermé au second semestre 2011.
• Détente sur la dette des États
Le «bazooka» de la BCE n'a pas seulement agi sur la crise bancaire. Il a aussi permis de soulager considérablement les tensions sur les dettes souveraines. Avec ce nouvel afflux de liquidités, les taux d'intérêt sur les pays de la zone euro se sont fortement détendus. L'Italie, par exemple, a émis vendredi des bons à six mois assortis d'un rendement inférieur à 2%, soit 3 fois moins qu'en novembre pour une adjudication équivalente! Cette détente n'est pas seulement le résultat d'un meilleur moral sur les marchés. Elle révèle qu'avec l'argent qu'elles ont emprunté à 1% à la BCE, les banques achètent des obligations d'État, surtout quand elles rapportent beaucoup, comme en Espagne et en Italie.
«Les banques espagnoles et dans une moindre mesure italiennes reconstituent leurs marges en utilisant l'argent tiré à la BCE pour acheter de la dette de leur pays», relate un banquier. C'est ce qu'on appelle le «Sarko trade», car le président français avait publiquement souhaité que les fonds libérés par la BCE viennent, par l'intermédiaire des banques, se placer sur les dettes d'État. Ont-elles subi des pressions amicales de leur Trésor national? Vraisemblablement, rétorquent les spécialistes, mais c'est aussi l'intérêt bien compris du secteur bancaire de ne pas laisser son pays faire faillite…
Paradoxalement, même si le nom de Nicolas Sarkozy a été donné à ces opérations, on assure à la fois du côté de Bercy et des banques que ces types d'achats n'ont eu lieu qu'à la marge en France. Ce qui n'a pas empêché les obligations tricolores, par contagion, de bénéficier elles aussi d'une détente sur ses taux, malgré la perte du AAA.

Grèce: Merkel alimente le spectre d'une «Europe allemande»

En proposant de mettre la Grèce sous tutelle budgétaire de l'UE, la chancelière allemande Angela Merkel n'a pas seulement braqué Athènes mais aussi donné du grain à moudre à ceux qui, notamment à gauche, dénoncent une Europe de plus en plus «à l'heure allemande».
La proposition allemande consiste à faire accepter à Athènes «un transfert de souveraineté budgétaire au niveau européen pendant une certaine période», compte tenu des résultats «décevants» à ce jour des gouvernements Papandréou et Papademos à remplir leurs engagements de réduction de la dette.
Révélée au cours du week-end, juste avant le sommet européen de lundi, l'idée a été d'emblée rejetée par les responsables grecs.
Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a appelé dimanche l'Europe à respecter «l'identité nationale» de son pays et le principe d'égalité entre États de l'UE.
«Je crois que nous avons besoin de plus de démocratie, pas de moins de démocratie» en Europe, a renchéri l'ancien Premier ministre grec Georges Papandréou, leader du PASOK (parti socialiste grec), toujours membre du gouvernement d'unité nationale au pouvoir.
Ils ont reçu lundi le soutien de plusieurs de leurs homologues européens.
«Vexante», la proposition allemande «n'apporte rien et ne va pas dans le bon sens», a tranché le chancelier social-démocrate autrichien Werner Faymann en marge d'une réunion des socialistes européens à Bruxelles.
«Attention à ne pas blesser plus que nécessaire» le peuple grec, a abondé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, pour qui prôner une mise sous tutelle de la Grèce n'est «pas très sain».
«Évidemment qu'il faut faire de la rigueur, on doit faire attention à nos déficits budgétaires, mais la façon dont l'Allemagne nous fait la leçon en nous disant ma méthode est la meilleure et la seule, est assez désagréable», accuse aussi l'écologiste belge Isabelle Durant.
La proposition allemande risque de fait d'alimenter un retour perceptible de la germanophobie dans certains pays, à commencer par la Grèce, mais pas uniquement. Elle pourrait être utilisée par ceux qui, comme certains socialistes français, dénoncent depuis plusieurs mois la gestion allemande de la crise de la dette axée uniquement sur la rigueur budgétaire.
Fin novembre déjà, le candidat socialiste à la présidence française François Hollande avait estimé que la chancelière allemande essayait «d'imposer un modèle européen qui n'est pas nécessairement le nôtre».
À sa gauche, Arnaud Montebourg a accusé Mme Merkel de mener «une politique à la Bismarck» en faisant «fortune» sur «la ruine» des autres pays de la zone euro, et Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé son «diktat».
De facto, la Grèce est déjà placée sous tutelle partielle de ses créanciers publics qui ont négocié avec elle plusieurs programmes d'économies budgétaires et de réformes et évaluent leur respect à intervalle régulier, avant tout nouveau déboursement de prêts.
Mais la proposition de Berlin va plus loin. Elle prévoit notamment de donner à un «commissaire budgétaire européen» le droit de veto sur des décisions politiques d'Athènes qu'il jugerait trop dépensières.
À la tête de la première économie de la zone euro - et par conséquent du principal contributeur aux plans d'aide européens aux pays en difficulté -, Mme Merkel cherche surtout à se justifier face à son opinion publique.
«C'est une question de réciprocité», arguait récemment le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle en soulignant que son pays avait déjà mis des «sommes gigantesques» sur la table.
«On ne peut pas expliquer aux contribuables allemands qu'ils doivent faire des choses que d'autres ne veulent pas faire, tout en demandant de l'argent aux contribuables allemands» pour aider ces autres, a-t-il martelé.

Rendez-vous


Notre Président nous l’a promis hier soir, il a rendez-vous avec nous. Pas aujourd’hui, ni demain, mais bientôt. Dans l’attente, il ne dit certes pas, comme le poète : Sa Majesté financière garde son or, mais de son or, moi je m’en fous, j’ai rendez-vous avec vous… Non, il affirme même ne s’occuper que de ça, de notre or, de nos sous et de nos emplois. Il nous pique les uns pour garantir les autres, dit-il, il augmente les impôts pour notre bien. Il est comme ça, notre Président pas candidat : aux autres les promesses, à lui le courage, à lui l’authenticité, ce mot qui va si bien aux voyages et aux antiquités. Et pourtant il y viendra, au rendez-vous, comme les autres. La fortune que je préfère, nous dira-t-il alors, c’est votre cœur d’amadou dans l’urne en bois. Quant à nous, continuons de regarder tout cela sereinement, en fiancée certaine qu’ils seront nombreux, les candidats au rendez-vous…

Le Président et le candidat


À cause de la crise, le Président presque candidat gouvernera jusqu'au bout. En raison des sondages, le candidat encore Président devrait faire campagne.

L'urgence économique et sociale obligeait Nicolas Sarkozy à dire des vérités, pas toutes réjouissantes. L'urgence politique exigeait qu'il soit salué pour sa sincérité. En proposant des mesures tardives et parfois trop modestes pour être très efficaces, il jouait gros. L'importance de l'enjeu se mesure au nombre de chaînes de télévision mobilisées hier soir !

Le Président candidat va donc faire voter une mini TVA sociale. Son niveau laisse prévoir qu'elle n'aura pas plus d'effet qu'une petite dévaluation sur la compétitivité de nos produits à l'exportation. Elle inquiétera pour autant ceux pour qui la fin du mois commence le quinze.

Cette mesure de faible ampleur ¯ 13 milliards sur les 350 que paient les entreprises ¯ bouleversera d'autant moins l'économie que la main-d'oeuvre n'est qu'une partie du problème. Si, à coût égal, la France produisait plus de valeur ajoutée, la question se poserait autrement. Le vrai handicap réside dans le positionnement de ses produits et dans l'insuffisante force de frappe de ses entreprises pour innover et investir.

Quant au déblocage du marché de l'immobilier, au lancement d'une banque pour l'industrie, au développement de l'apprentissage et à la négociation du temps de travail ¯ mesures parfois empruntées à l'opposition ¯ certains se demandent pourquoi avoir tant attendu. Pourquoi faire du Schroeder ¯ l'ex-chancelier socialiste allemand, devenu le modèle à suivre ¯ huit ans après ?

Ces questions, qui demandent du temps et des remises en cause, relèvent plutôt d'un début de mandat que d'un projet, à 84 jours d'une présidentielle. Tous les députés le disent, eux pour qui tout ce qui déstabilise, à la veille d'une élection, présente un risque.



Le candidat Président est dans une situation tout aussi délicate. La tortue Hollande a pris une longueur d'avance dans les sondages. Le lièvre Sarkozy doit éviter de perdre du temps. Plus le calendrier file, et plus il sera difficile pour lui de réduire le retard dans les intentions de vote. L'expérience montre en effet que les socles électoraux se solidifient en janvier-février. Et pour les troupes de l'UMP, il n'est pas facile de mobiliser en faveur d'un candidat, même évident, qui ne se déclare toujours pas.

Mais il n'est pas facile, après avoir laissé filtrer qu'il présiderait jusqu'au bout, d'accélérer sa candidature sans donner l'impression d'être à la remorque du candidat socialiste. Il n'est pas davantage commode, pour un candidat déclaré, de représenter la France dans des sommets internationaux ¯ le futur traité européen sera signé début mars ¯ sans que le moindre propos soit suspecté d'électoralisme. Pour l'instant, il défend son bilan, redécouvre les syndicats, ironise sur les rêves à bon marché (dont la retraite à 60 ans), et invoque les souffrances des Français pour rester pudique sur sa réélection.

Le calendrier du candidat Sarkozy dépendra de l'impact de l'émission d'hier soir. Mais la montée en puissance de François Hollande, et surtout les menaces de Marine Le Pen et de François Bayrou, ses rivaux pour l'accession au second tour, pourraient l'inciter à presser le pas.

La fin d'un quotidien national, symptôme d'une presse malade

C'est la dernière édition papier de « La Tribune ». Érosion des ventes, chute de la publicité, coûts de distribution et de fabrication, montée en puissance du Net sont autant de raisons expliquant les pertes de la presse quotidienne nationale.

Et de deux. Après « France-Soir » en décembre, au tour de notre journal « La Tribune » de publier sa dernière édition papier. Ces deux arrêts, coup sur coup, témoignent de la violente crise qui s'est abattue sur la presse quotidienne nationale depuis quelques années. Tous les titres souffrent : « Les Échos » et « L'Équipe », qui furent longtemps les seuls à gagner de l'argent, sont dans le rouge. « Le Monde » a dû sacrifier son indépendance pour éviter le dépôt de bilan, et appartient désormais à trois acteurs économiques, Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse (banque Lazard) et Pierre Bergé. Même le groupe Amaury a songé à se séparer du « Parisien-Aujourd'hui en France » l'an dernier. « Libération », qui a été mis sous sauvegarde par deux fois, se redresse mais reste fragile. Si le groupe « Le Figaro » gagne de l'argent, le quotidien est déficitaire. Système de fabrication obsolète et sous-capitalisation chronique, Internet a fait ressortir les faiblesses ancestrales de la presse quotidienne française.
La diffusion s'érode
Depuis les années 1960, la diffusion des quotidiens nationaux n'a cessé de reculer. Si un média n'en a jamais tué un autre, l'arrivée de la radio, puis de la télévision, a eu un impact direct sur la place des journaux dans l'information. L'émergence d'Internet a accéléré le phénomène : le citoyen accède sur la Toile à une multitude d'informations rendant chaque jour moins nécessaire l'achat d'un quotidien. Or les ventes des titres rapportaient encore, il y a quelques années, plus de la moitié du chiffre d'affaires total des journaux. Aujourd'hui, non seulement les journaux n'ont plus le monopole de l'information, mais, en plus, cette dernière est désormais gratuite. Dans ce paysage, « La Tribune », qui a longtemps cherché sa place face aux « Échos », a dû affronter une concurrence chaque jour renforcée sur le Web. « La presse est en passe de devenir le seul média d'information payant », notait le rapport Tessier de 2007.
Fonte des revenus
C'est le corollaire de la baisse de la diffusion. Entre 2004 et 2010, les recettes commerciales des quotidiens ont reculé de 28 %, selon l'Irep. La crise de 2009 a marqué un tournant important : l'annonceur n'est plus prêt à dépenser autant. Les revenus publicitaires du Web, bien qu'en forte croissance, ne parviennent pas à compenser l'érosion du chiffre d'affaires papier. Car sur la Toile, les tarifs sont très inférieurs. Autre problème, spécifique à la presse économique : les revenus de la pub financière, qui représentaient 70 % du chiffre d'affaires commercial de « La Tribune » en 2000, sont en train de disparaître.
Un premier décrochage est intervenu après l'éclatement de la bulle Internet, en 2001 : moins d'introductions en Bourse et des entreprises qui se tournent peu à peu vers le Web, moins onéreux, pour leurs communications légales. Le coup de grâce arrive en 2007, avec la transposition de la directive Transparence, qui oblige les sociétés cotées à communiquer sur support électronique. Ont alors fleuri des plates-formes comme Business NewsWire ou PR Newswire qui proposent la diffusion de communiqués financiers moyennant un abonnement de 3.000 à 4.000 euros par an, alors que les journaux facturent des campagnes plusieurs dizaines de milliers d'euros. Le petit actionnaire individuel se raréfiant, beaucoup d'entreprises cotées se contentent désormais de ces services. « La Tribune » n'est pas la seule touchée. « Les Échos » sont en perte depuis 2008, « Le Journal des finances » a été fondu dans l'hebdomadaire patrimonial « Investir », lui-même en difficulté.
Lourdeur du processus de fabrication et de distribution
La sous-capitalisation de la presse française s'explique d'abord par la lourdeur de ses coûts de distribution et surtout d'impression, qui représentent la moitié du prix de vente d'un quotidien, selon un rapport du Sénat de 2007. Héritage de la Libération, le Livre CGT possède toujours un quasi-monopole d'embauche dans les imprimeries de la presse quotidienne, un système unique en Europe. Il gère les effectifs et impose sa grille de rémunérations. Le Livre est aussi présent au sein du système de distribution de Presstalis (ex-NMPP) aujourd'hui au bord du dépôt de bilan. Au final, les quotidiens français sont les moins rentables d'Europe au niveau opérationnel - ce qui tend à n'attirer que les investisseurs en quête d'influence et non des industriels du secteur. Chroniquement déficitaires, les quotidiens n'ont pu ni investir dans l'offre éditoriale, ni anticiper les mutations technologiques.

Un tableau peint en 1913 par Hitler vendu 42 400$

BRATISLAVA - Un tableau intitulé Marine nocturne peint en 1913 par Adolf Hitler jeune (1889-1945), a été vendu dimanche pour 32 000 euros (environ 42 400$) aux enchères en Slovaquie, a annoncé sur son site la maison de ventes Darte.

Le nom de l'acheteur n'a pas été publié.
Le prix d'ouverture a été de 10 000 euros (13 250$). Sa valeur a été estimée à 25 000 euros (33 100$), selon un expert cité par Darte.
Ce tableau de 60x48cm montre un paysage marin la nuit sous une pleine lune.
«Le tableau a été mis en vente par la famille d'un peintre slovaque ayant probablement rencontré personnellement Hitler à l'époque où il s'efforçait de s'imposer comme peintre à Vienne», a récemment expliqué à l'AFP Jaroslav Krajnak, propriétaire de Darte.
Cette famille a souhaité rester dans l'anonymat, selon lui.
L'année dernière, Darte avait déjà vendu pour 10 200 euros (13 500$) une autre peinture d'Adolf Hitler, offerte par la même famille.

Sarkozy, président presque candidat, "ne se dérobera pas"

Le rendez-vous était plus qu'attendu. A la peine dans les sondages, en butte aux doutes de sa propre majorité sur sa capacité à être réélu, Nicolas Sarkozy avait misé beaucoup sur une intervention présidentielle, à moins de cent jours du premier tour. Toute la semaine, les conseillers de l'Elysée parlaient d'annonces "très importantes", de nature à changer la donne. Au sortir de cette heure d'interview présidentielle, le chef de l'Etat s'est contenté d'annonces pour la plupart prévues, tout en restant dans une partition régalienne qui le laissait parfois quelque peu hésitant face aux questions les plus politiques.

"J'ai un rendez vous avec les Français, je ne me déroberai pas." Refusant de se déclarer candidat, Nicolas Sarkozy a toutefois souligné que la date de sa déclaration "approche", comme celle du dépôt officiel des candidatures. "Je me fais une idée de mon devoir. Il y a un calendrier, c'est pas l'agitation qui va me faire changer", a-t-il promis. Se disant "très déterminé", il a rendu hommage au peuple français, "libre, frondeur, souverain, qui ne se laisse imposer sa décision par personne".
  "J'ai un rendez vous avec les Français, je ne me déroberai pas", a-t-il dit. "Si un jour je dois rentrer en campagne, à ce moment-là je serai le candidat", a-t-il dit aussi, "parfois je peux en avoir l'impatience tant je constate d'arrogance déplacée".

Malgré les appels pressants du pied de nombreux responsables et élus de sa majorité qui s'inquiètent de l'avance prise dans les sondages par François Hollande, Nicolas Sarkozy n'a donc pas, comme prévu, franchi le rubicon et défendu sa posture de "président courage" face à la crise.

Le bilan et la crise financière qui "s'apaise". Nicolas Sarkozy a débuté l'interview en se livrant une nouvelle fois à un exercice de pédagogie sur la crise. Assurant que "les éléments d'une stabilité financière du monde et de l'Europe sont posés", il a vanté des résultats meilleurs que prévu dans la réduction du déficit, et promis qu'il n'y aurait pas de nouveau plan de rigueur.
La crise financière "s'apaise", a dit le chef de l'Etat, qui a expliqué vouloir se concentrer sur la bataille contre le chômage et de la compétitivité : "Nous sommes exactement dans la trajectoire de réduction du déficit", s'est réjoui le président. "La question maintenant, c'est comment réamorcer de la croissance (...) sans dépenser un centime", a-t-il posé, pour justifier les annonces qu'il a ensuite formulées, sur la hausse de la TVA pour baisser le coût du travail, notamment.
>> Lire TVA, logement... Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy
"Cela a marché en Allemagne, pourquoi ça marcherait pas chez nous ?" Un nom est revenu constamment durant l'émission : celui de l'Allemagne, cité en permanence comme exemple à suivre. Le chef de l'Etat, qui devrait recevoir l'appui d'Angela Merkel pour quelques meetings, a multiplié les références à "notre premier client", dont la France est le "troisième fournisseur", vantant ses réformes sociales, le poids des partenaires sociaux ou la solidité économique de la première économie d'Europe.
Pour justifier le besoin de baisser le coût du travail en France, Nicolas Sarkozy a évoqué l'Allemagne, expliquant que sur un salaire de 4.000 euros, les charges s'élèvent à 840 euros outre-Rhin contre le "double en France". Pour améliorer la compétitivité française, le chef de l'Etat propose dont une hausse de 1,6 points du taux de TVA actuellement à 19,6%.
S'appuyant sur l'Allemagne, il s'est demandé : "Ca a marché chez eux, pourquoi ça marcherait pas chez nous ?". Réfutant toute crainte sur les prix, il promet qu'il "ne s'agit pas de baisser les salaires, au contraire." Quant au pouvoir d'achat, affecté par la mesure, puisqu'il n'y a pas de contrepartie salariale, il a botté en touche : "Quel est votre pouvoir d'achat quand vous avez perdu votre travail ?"
"Je ne laisserai pas tomber les gens de Lejaby". Le chef de l'Etat a promis par ailleurs qu'il ne laisserait pas tomber les ouvriers de l'usine Lejaby d'Yssingeaux en Haute-Loire, usine menacée de fermeture. Il a dit qu'il n'acceptait "pas la fatalité", en faisant une référence explicite à Lionel Jospin : "Je ne serai pas monsieur Jospin face à Vilvoorde (l'usine de Renault qui a fermé en 1997, ndlr), 'on n'y peut rien', 'on n'y peut rien'."
"Nous sommes en train de travailler, il y a plusieurs possibilités. J'espère que dans quelques jours on aura trouvé la solution", a-t-il ajouté. Le site est devenu un symbole dans une campagne marquée par le thème de la désisndustrialisation, et devient un nouveau cas d'usine dont la situation met au défi le pouvoir des politiques, comme Gandrange, à une autre époque, souvent citée par Nicolas Sarkozy. Dans le cas de Lejaby, François Hollande a lui aussi affirmé chercher à favoriser une solution, via Arnaud Montebourg, qui s'est rendu sur place.
Frapper fort sur Hollande. Sans jamais citer son nom, Nicolas Sarkozy a plusieurs fois critiqué fortement les propositions de François Hollande : l'idée de revenir à une retraite à 60 ans "est une folie, il n'y a personne qui croit ça", assure-t-il notamment, jugeant que la mesure "conduirait le pays à la ruine. Si les gens travaillent moins longtemps, qui va payer leurs pensions ?". Il attaque aussi sa proposition de donner des terrains de l'Etat aux collectivités territoriales, évoquant là encore une "folie", même si son gouvernement a lui aussi donné des terrains de l'Etat.
Il aussi violemment critiqué la réforme du quotient familial voulue par le candidat PS, expliquant que "la remise en cause du quotient familial ferait peser sur les classes moyennes une charge qu'elles ne peuvent pas supporter" - une vision plutôt caricaturale de la réforme Hollande, qui n'affectera que les ménages gagnant plus de six fois le Smic. Le président s'est aussi réjoui que l'on "tourne la page" des 35 heures, réforme socialiste, avec les accords compétitivé-emploi.
Enfin, Nicolas Sarkozy a aussi évoqué la campagne, jugeant que "chacun devrait comprendre que quand on se met au niveau du caniveau, personne n'y gagne. Chacun d'entre nous, on devrait se respecter". Il a dénoncé, toujours sans nommer M. Hollande, ceux qui font selon lui preuve "d'arrogance".
Une esquisse d'autocritique. Revenant sur son mandat, il a une nouvelle fois fait entendre des accents plus modestes, déjà esquissés dans la semaine, évoquant "le devoir de lucidité, ça compte dans la vie. J'ai connu bien des épreuves, bien des hauts et bien des bas", et évoquant en creux un François Hollande trop sûr de lui. Il a reconnu : "Vous me demandez si en cinq ans j'ai tout réussi. Je suis lucide : non." Il a affirmé qu'il aurait "l'occasion d'y revenir".
Interrogé sur les réformes du début de son quinquennat, dont la loi TEPA, il a plutôt toutefois défendu son travail, notamment la réforme de l'ISF et la défiscalisation des heures supplémentaires, que le PS veut défaire.
Le chef de l'Etat a évoqué son bilan. "J'accepte qu'on me dise que j'en ai pas fait assez, mais je croyais que pendant cinq ans le thème c'était : 'on en fait trop", a-t-il expliqué, jugeant qu'"en démocratie, c'est normal qu'on critique", et assurant : "J'ai le sens du ridicule, ce , n'est pas à moi de juger mon propre bilan, c'est aux Français".
Enfin, il a conclu par deux allusions au FN et à la proportionnelle : "Il faut aller vers une démocratie exemplaire, et est-ce qu'il est sain que des partis politiques ne soient pas représentés au Parlement ? C'est une question à laquelle il faudra répondre", a-t-il demandé.

Le sauvetage de la Grèce à l’épreuve de la solidarité

La Grèce semble avoir du mal à convaincre ses partenaires européens, singulièrement l’Allemagne, qu’il est urgent de venir à sa rescousse. Les bailleurs privés, telle que la banque Merryll Lynch, qui ont investi dans la dette grecque en novembre 2011 pour empocher à l’échéance des prêts en mars de conséquentes plus-values en sont pour leur frais. Ils savent maintenant qu’ils devront prendre leur perte. Mais cela ne suffira pas. En l’absence en effet d’un deuxième paquet d’aides financières des autres pays européens – 130 milliards d’euros s’ajoutant aux 110 milliards déjà consentis par les 17 Etats de l’eurozone –la Grèce pourrait être en défaut en mars. Et personne n’y gagnera.

Nul ne conteste, pas même les Grecs eux-mêmes, que le pays a sa responsabilité dans la crise majeure à laquelle il est confronté. Un excellent article paru sous la signature de Costas Douzinas dans le Guardian du 27 janvier, pointe les failles d’un Etat délaissé par ses élites. Les trois grandes familles qui ont dominé la politique depuis des décennies – les Caramanlis, Mitsotakis et Papandréou – n’ont pas su faire appliquer les mesures nécessaires à la modernisation du pays. A telle enseigne que certains se demandent si le pays est apte à « faire face à la pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’Union » pour reprendre le libellé des « critères de Copenhague », conditions de l’accession à l’Union européenne (UE)

Quoiqu’il en soit, il faut aiderla Grèce.Pourelle et pour une population qui souffre. Mais aussi pour nous Européens. Car sauverla Grèce, c’est sauver l’Europe. C’est prouver que la solidarité qui – avec la réconciliation franco-allemande – a été marque de fabrique de la construction européenne n’est pas un vain mot.

La solidarité est l’expression d’une cohésion politique et sociale. Le cas de l’Allemagne en est l’éclatante illustration. La réunification du pays a requis des efforts financiers gigantesques : pas moins de 175 milliards€ par an à partir des années 90. Or en dépit de l’importance d’un tel effort, il n’a pas été discuté, car le but était la réunion d’une nation. De même, comme le montre un article du International Herald Tribune des 28/29 janvier, le pays de Galles, en graves difficultés financières, bénéficie d’aides massives du gouvernement britannique. C’est le prix normal de l’existence d’un Etat solidaire. Autre cas de figure : l’Etat d’Illinois aux Etats-Unis est  au bord de la faillite. Chacun sait que l’augmentation de 67% de l’impôt sur le revenu récemment décidé par son gouverneur ne parviendra pas à combler le déficit budgétaire abyssal de cet Etat. Eh bien là encore, il est convenu que si besoin est, l’Etat fédéral viendra au secours de l’Illinois.

Voilà ce qui pêche en Europe et hypothèque d’une certaine façon l’avenir de l’Europe conçue comme une communauté politique, et non pas seulement un marché intérieur. La solidarité n’est pas ancrée dans l’esprit des citoyens européens. Le jugement dela Courconstitutionnelle de Karlsruhe du 30 juin 2009 sur le traité de Lisbonne est venu rappeler avec radicalité cette réalité. Il n’y a pas de peuple européen, ditla Cour.Lefondement de la démocratie repose sur le seul peuple allemand. Cette décision, qui affecte la légitimité des institutions politiques européennes, révèle la fragilité de l’Union européenne. Elle s’est voulue – comme l’affirme le traité de Lisbonne – une Union entre Etats, mais aussi entre peuples.

Or les peuples européens à qui l’on fait supporter le redressement de l’économie européenne et spécialement de la zone euro n’ont pas de raison de se sentir véritablement unis. D’une part, l’Europe ne leur parler actuellement que de punitions. Pour indispensable qu’elles soient, la rigueur budgétaire et la lutte contre les déficits des Etats ne peuvent être l’unique message. D’autre part, leurs dirigeants ne leur ouvrent pas vraiment de perspectives communes, ni ne proposent de véritables progrès à partager. Chacun va de son côté :la France va créer seule une taxe sur les transactions financières, l’Allemagne s’oppose à toute création d’eurobonds et on ne voit pas où est le feuille de route européenne de développement et de croissance.

Il est temps de retrouver le sens de la construction européenne. Et d’aider la Grèce avant qu’il ne soit trop tard.