TOUT EST DIT

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mercredi 26 mai 2010

Sarkozy à Londres le 18 juin : une première pour un président français

Nicolas Sarkozy prépare avec attention le 70e anniversaire de l'appel du 18 juin 1940 par le général de Gaulle. Avec d'autant plus d'attention que son ennemi intime, Dominique de Villepin, qui revendique l'héritage gaulliste, lancera son propre parti le lendemain.

Le 18 juin 2010, le chef de l'Etat se rendra à Londres, une première pour un président français. Il se rendra donc au siège historique de la BBC, d'où fut lancé le célèbre appel dont il n'existe pas d'enregistrement original.
Il fleurira la statue de Churchill, en présence de la famille de l'ancien premier ministre britannique. Il ira ensuite au quartier général de De Gaulle, à Carlton Gardens. Puis, en compagnie du prince Charles, M. Sarkozy se rendra au Royal Hospital Chelsea, l'équivalent britannique des Invalides : accueil du premier ministre David Cameron, discours de Nicolas Sarkozy (en cours de rédaction avec son conseiller spécial Henri Guaino), lecture de l'appel du 18 juin par un élève du lycée Charles-de-Gaulle de Londres, chant des partisans, parade aérienne : Nicolas Sarkozy veut une grande cérémonie.

1 700 invitations ont été lancées. L'Elysée attend 700 anciens combattants français acheminés par un Eurostar spécial et 300 anciens combattants britanniques. Le chef de l'Etat s'entretiendra avec des anciens combattants de l'Ile de Sein, qui furent les premiers à rejoindre l'Angleterre.

M. Sarkozy se rendra ensuite, avec son épouse Carla Bruni, au 10 Downing Street, où il aura un déjeuner de travail avec David Cameron et son épouse. De retour de Londres, le président déposera une gerbe au pied des statues de Churchill et de Gaulle sur les Champs-Elysées, puis à la cérémonie traditionnelle du Mont-Valérien.

LE MODÈLE CHABAN-DELMAS

Le chef de l'Etat a déjà rendu hommage au général de Gaulle, le 22 février 2008 lors de l'inauguration de l'historial Charles-de-Gaulle aux Invalides puis en compagnie de la chancelière Angela Merkel à Colombey-les-deux-Eglises, le 11 octobre 2008, lors de l'inauguration du mémorial Charles-de-Gaulle.

Aux Invalides, M. Sarkozy, qui a toujours refusé de faire du gaullisme une religion, avait noté alors que "28 millions de Français sont nés après la mort du général de Gaulle".

A Colombey, surtout, il avait fait du gaullisme un pragmatisme : "Il n'y a pas de catéchisme du gaullisme et nul ne sait ce qu'il aurait fait aujourd'hui. Mais il y a une leçon du gaullisme qui s'adresse encore à nous. Cette leçon est une leçon intellectuelle, celle de la raison plus forte que le sentiment, celle du pragmatisme plus fort que l'idéologie", avait déclaré le chef de l'Etat.

En réalité, le modèle de Nicolas Sarkozy est Jacques Chaban-Delmas, premier ministre de Georges Pompidou et inventeur de la Nouvelle Société. Il fit sa première campagne électorale en faveur du candidat gaulliste, qui fut battu dès le premier tour par Valéry Giscard d'Estaing en 1974.

Arnaud Leparmentier

Priorité oubliée

Relégation. Dans la vie comme dans le sport, c'est un mot détestable. Un sentiment d'humiliation autant que la sanction d'un échec. Il n'y a pas que des équipes de foot qui l'éprouvent à un moment ou à un autre de leur histoire. Des quartiers entiers, aussi. Ceux qui dans les années 60 et 70, pourtant, devaient incarner la modernité et qui, aujourd'hui, symbolisent tout à la fois la violence ordinaire et sporadique, les zones de non droit, la drogue, le chômage, la dégradation de l'espace urbain, les ratés de l'intégration.
Que peuvent-ils ressentir après la déclaration de François Fillon, hier après-midi ? Le chef du gouvernement a fait clairement comprendre à leurs élus qu'ils n'étaient pas une priorité. Les banlieues - terme désormais générique - sont à la marge de la vision politique du pays comme elles le sont, physiquement, des grandes métropoles et des villes moyennes. A la marge. En marge de la cité, comme un perpétuel oubli.
Elles en ont l'habitude : elles devront attendre, donc. Encore. Comme elles ont attendu pendant un an la mise en place d'un conseil national de la ville qui a d'emblée affiché un manque d'ambition inquiétant.
Quand on n'a pas d'idée ou quand on n'a pas d'argent, on fait des discours. Le Premier ministre a fait une démonstration brillante de la validité de la formule. Si on a bien compris, le grand effort national pour les banlieues se limitera à la promesse du « nettoyer au Kärcher » faite par le président de la République il y a trois ans et dont les effets visuels comme judiciaires sont à peu près inexistants.
Après les avancées imaginatives du « plan Marshall » de Jean-Louis Borloo, les pétards mouillés du « plan Espoir » de Fadela Amara ont fait long feu. Le pouvoir avait la tête ailleurs. Aurait-il préféré, consciemment ou non, effacer des mémoires les émeutes de 2005, gommées avec application du paysage de « la France d'après » ?
Vingt et une nuits fauves nous avaient pourtant jeté à la figure quarante ans d'abandon. Mais on a préféré dépenser beaucoup de temps et d'énergie dans les vaines polémiques sur l'identité nationale plutôt que de regarder en face l'un des visages de la France. Tourmenté, certes, mais plein de vitalité. Il attend toujours une reconnaissance.
C'est qu'elles coûtent cher, les banlieues, exigent beaucoup d'opiniâtreté, déçoivent souvent et ne peuvent pas montrer des progrès rapides. Anachronique dans une période où on veut faire du résultat immédiat. Alors, on s'est arrêté au plus facile. On a vanté la diversité qu'elles représentent - sur le mode décoratif - mais ont-elles jamais vraiment compté dans le projet de la nation ? Il n'y a pas de guerre à mener dans ces quartiers, sinon contre la désespérance. Sans angélisme et avec fermeté, il faut commencer par leur dessiner le printemps qu'elles attendent.


Olivier Picard

Journée d'action syndicale: le PS soutient et appelle à la mobilisation

Le PS soutient la journée d'action syndicale de jeudi sur l'emploi, les salaires et les retraites, "moment indispensable pour refuser la politique d'austérité et de régression sociale du gouvernement et défendre les retraites".

Le Parti socialiste apporte son "soutien à la manifestation interprofessionnelle du 27 mai et appelle à la mobilisation aux côtés des cinq syndicats organisateurs de cette journée de lutte contre la politique du gouvernement en matière d'emploi, de salaires, de service public, de pouvoir d'achat et de retraites", selon un communiqué du Bureau national (direction) du PS.

Cette mobilisation est le "premier mouvement indispensable pour s'opposer à la volonté de la droite de pénaliser les salariés face aux conséquences de la crise financière", juge le PS pour qui "les Français doivent dire clairement qu'ils ne veulent pas payer seuls la facture d'une crise dont ils ne sont pas les responsables".

Pour le PS, le plan d'austérité qui s'annonce est une "remise en cause massive des services publics et de la protection sociale", "un coup dur porté au pouvoir d'achat des Français".

La politique du gouvernement "ne permettra pas de relancer la croissance, condition indispensable pour réduire les déficits" et sera "un coup de bambou social sans précédent".

Voulant "faire reculer l'âge du départ" à la retraite et "allonger la durée de cotisation", la droite "veut faire porter tous les efforts sur les salariés", assure le PS, pour qui "c'est à la fois injuste et inefficace".

Le Parti socialiste juge "inacceptable" que soit remis en cause l'âge légal de départ à 60 ans, "une garantie pour ceux qui ont atteint leur durée de cotisation, une protection pour les salariés usés par le travail et une liberté de choix pour tous les Français".

Face aux services publics "menacés par le gel des crédits des collectivités locales", le PS "salue" la mobilisation de quatre syndicats de postiers pour "dénoncer l'entêtement du gouvernement à privatiser La Poste".

LE PS EST À LA RAMASSE DES SYNDICATS, QUI, EUX, ONT BESOIN DE LA POPULACE POUR LEURS CORTÈGES BEUGLANTS ET PANCARTÉS.

Présidentielle: Fadela Amara pourrait voter pour Strauss-Kahn, pas pour Aubry

La secrétaire d'Etat à la Politique de la Ville, Fadela Amara, a affirmé mercredi sur RMC qu'elle pourrait voter pour Dominique Strauss-Kahn à l'élection présidentielle de 2012 mais pas pour la première secrétaire du PS Martine Aubry.

"Je trouve que Dominique Strauss-Kahn a des positions qui sont plus proches des miennes sur certains sujets, pas sur tous", a-t-elle déclaré.

A la question de savoir si elle pourrait voter pour l'actuel directeur général du FMI, en 2012, Mme Amara a répondu: "si Dominique Strauss-Kahn présente un projet politique qui correspond parfaitement à ce que je veux pour mon pays, pourquoi pas ?"

En revanche, la secrétaire d'Etat à la Ville, qui s'est présentée comme "une femme de gauche qui est pragmatique et qui veut agir", a dit qu'elle ne voterait pas pour la première secrétaire du PS.

"J'ai un problème de fond avec Martine Aubry sur la question des femmes", a-t-elle expliqué. "J'ai du mal quand j'entends un parti de gauche, progressiste soi-disant, dire qu'il n'est pas prêt à voter contre la burqa", a-t-elle ajouté: "c'est rédhibitoire chez moi".

Mme Amara s'exprimait au lendemain d'arbitrages rendu mardi en matière de politique de la ville par le Premier ministre qui a renvoyé à 2011 une réforme, que plusieurs élus de banlieue jugent urgente. A ce propos, Mme Amara a répété qu'elle ne démissionnerait pas du gouvernement. "Je ne fais pas partie des gens qui jette l'éponge", a-t-elle souligné.

VISIBLEMENT LA TRUIE DU NORD POSE PLUS DE PROBLÈMES QU'AUTRE CHOSE À CE PARTI SOCIALISTE REVANCHARD ET STÉRILE.

Absentéisme

Notre Président a raison, l'absentéisme est un cancer. L'Etat doit se mobiliser avec la plus grande fermeté contre cette dérive qui menace notre République. Car qui prétendra qu'on peut réussir en n'étant ni ponctuel, ni assidu à ses travaux ? Oui, qui peut le dire ?... Les cumulards de la République. Les rois de l'absentéisme politique, les champions du fauteuil vide à l'assemblée, au sénat ou au conseil régional, parce qu'ils sont censés en occuper deux ou trois simultanément alors qu'ils n'ont comme vous et moi qu'une paire de fesses. Ces absentéistes vous expliquent, les yeux dans les yeux, qu'on ne peut bien faire son travail qu'en en faisant deux ou davantage. Mais de deux choses l'une : ou bien l'on supprime les allocations familiales aux parents de nos cumulards absentéistes, ou bien l'on autorise les élèves à cumuler l'école buissonnière avec l'école républicaine.


Francis Brochet

Symptômes

En politique, il est des sujets sporadiques, qui surgissent parfois sur l'avant-scène de l'actualité, avant de regagner le silence des coulisses. Prenez les banlieues, dont on ne parle qu'en deux occasions : les élections et les émeutes. Dans les deux cas pour faire le même constat d'échec, suivi des mêmes promesses de « plan Marshall »… Entre-temps, on organise des colloques, on réunit des comités, on colle des rustines. Notre Premier ministre fera un peu tout cela en installant aujourd'hui le Conseil national des villes. Sa mission : préparer un énième redécoupage en quartiers difficiles et très difficiles, zones urbaines sensibles ou pas vraiment sensibles, tout ça épinglé d'un carton plein de sigles abscons… Et où sera notre Président, pendant ce temps ? A Beauvais, pour parler de la violence scolaire. Curieuse médecine politique, qui soigne les symptômes en négligeant la maladie.

Francis Brochet

La guerre de 60 ans

La guerre de 60 ans aura bien lieu. Entre rumeurs plus ou moins savamment orchestrées et polémiques plus ou moins dignes, c'est à peu près la seule certitude qui se dégage du débat sur les retraites. À gauche comme à droite, on veut en découdre sur le front très politique idéologique de l'âge légal.

Les armes lourdes sont de sortie en même temps que les prises de position caricaturales, avec, à l'évidence, une ligne d'horizon très claire : la présidentielle de 2012. La guerre de communication qui est ouverte n'en est sans doute qu'à ses premières salves. Celui qui la gagnera aura peut-être fait le plus gros.

Ralliez-vous à mon panache rose, ne touchez pas à l'un des derniers totems de la gauche au pouvoir. Martine Aubry a enfilé, la première, la tenue de campagne. En abandonnant (pour l'heure ?) le terrain du réalisme économique pour capitaliser sur une symbolique de gauche, de justice. En refermant vigoureusement la parenthèse d'un possible recul de l'âge du départ qu'elle ne semblait pas exclure il y a encore deux mois. En endossant une promesse des plus hypothétiques sur le retour aux 60 ans le cas échéant. En laissant aussi à Dominique Strauss-Kahn le champ libre pour une partition plus pragmatique.

Bref, la patronne du PS se radicalise, quitte à perdre en crédibilité économique ce qu'elle espère gagner en crédit politique dans la mouvance de la « vraie » gauche et auprès des syndicats.

De son côté, le camp gouvernemental continue à pratiquer, dans une certaine confusion, l'art de la « fuite » organisée sur l'abandon de l'âge légal à 60 ans pour tester apparemment le degré d'acceptation ou de refus de l'opinion. Même si cela ressemble un peu trop à un jeu de dupes où les dés sont pipés, c'est-à-dire les décisions déjà prises.

Les dénégations de pure forme de François Fillon et Éric Woerth ne font pas beaucoup illusion face au rouleau compresseur du camp majoritaire. Dans un système de pouvoir aussi centralisé - élyséen - que le nôtre, qui peut croire que le forcing généralisé de l'UMP sur le recul de l'âge légal relève d'une simple proposition d'élus se poussant du col ?

Reste que la position du pouvoir ressemble à une vraie déclaration des hostilités à l'égard des partenaires sociaux. Le gouvernement donne l'impression, aujourd'hui, de passer par-dessus la tête des syndicats, de concentrer le débat sur le point le plus controversé de la réforme et de viser au coeur même de l'unité intersyndicale : le maintien de l'âge légal.

Après un 1er-Mai de rassemblements en demi-teinte, la CGT et ses alliés sont donc au pied du mur. Désormais confrontés à un projet sorti du flou et du bois, ils sont condamnés à réussir la mobilisation de ce jeudi, car l'horizon estival qui se rapproche à grande vitesse ne leur laisse pas le choix. Ou bien ils arrivent à freiner le char de la réforme que Nicolas Sarkozy veut emblématique pour ponctuer son mandat présidentiel, ou bien ils coincent et leur résistance deviendra hypothétique.

Pour une fois l'appellation de journée test n'est pas usurpée.

Paul Burel

LE COMMENTAIRE POLITIQUE DE BARBIER


Retraites : Sarkozy dénonce les années Mitterrand

Devant des militants UMP, le chef de l'État a fustigé le passage à la retraite à 60 ans.
L'argument a évidemment fait mouche devant les militants UMP de l'Oise. «Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu.» En faisant ce simple rappel historique mardi à Beauvais, Nicolas Sarkozy a pris toute sa place dans la réforme des retraites en cours d'élaboration. Silencieux jusqu'à présent, le président a profité d'une réunion à huis clos, au Palais des sports de la préfecture de l'Oise, en présence de 1 200 militants ravis, pour se lâcher.
Certes, le chef de l'État s'est bien gardé de rentrer dans les détails d'une réforme qu'il a confiée à son ministre du Travail, Éric Woerth. Le maire de Chantilly, présent à la tribune, a d'ailleurs eu droit à un hommage appuyé pour son son «professionnalisme». Il a également chaudement remercié le député de l'Oise et patron des fédérations de l'UMP Édouard Courtial. Mais Nicolas Sarkozy n'a pas voulu rater l'occasion de répliquer au PS. Martine Aubry ne vient-elle pas d'annoncer qu'elle rétablirait la retraite à 60 ans si le gouvernement l'abrogeait ? Du coup, le chef de l'État a brandi l'épouvantail Mitterrand en rappelant en creux que la retraite à 60 ans pour les hommes et à 55 ans pour les femmes figurait au 82e rang des 110 propositions du candidat socialiste de 1981.

Après la prudence des premières semaines, l'exécutif semble décidé à politiser l'enjeu. Au moment où Xavier Bertrand présentait ses pistes pour réformer les retraites, le président a lancé un argument qui devrait faire florès parmi les ministres et les dirigeants UMP. Pour faire bon poids bonne mesure, il a remis le couvert sur les 35 heures : «Cela irait nettement mieux si les socialistes n'avaient pas fait les 35 heures.»

En réalité, Sarkozy est très satisfait de la tournure du débat sur les retraites. «Les Français sont râleurs, parfois bougons. Mais en même temps ils sont lucides, intelligents et responsables. Ils sauront reconnaître qu'il n'y a pas d'autre alternative à nos réformes», a-t-il dit aux militants UMP. À la sortie de la réunion, Élodie Gossuin, ex-Miss France ralliée à l'UMP, ne tarissait pas d'éloge sur le «courage politique» du président : «Heureusement qu'on l'a dans cette période de crise !»

Car Nicolas Sarkozy a aussi tiré pendant vingt-cinq minutes un rapide bilan de ses trois ans d'action. S'il n'a fait aucune allusion directe aux leaders socialistes - Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn -, le président a évoqué la prochaine présidentielle. «Y en a certains, à gauche comme à droite, qui passent leur temps à penser à la présidentielle. Vous ne croyez pas qu'ils ont autre chose à faire ! Moi, mon travail, c'est de sortir les Français de la crise», a-t-il expliqué. Avant d'alimenter lui-même le faux suspense sur sa propre candidature : «Ma passion pour la politique est intacte. Elle n'a pas changé. On y reviendra le moment venu…»

En présence de Brice Hortefeux, il est revenu enfin sur la sécurité. «Les Français attendent que le président soit au front, devant son ministre de l'Intérieur et pas derrière» , a-t-il justifié, en saluant le «travail remarquable» de son «ami» . Avant de rejoindre les militants, Sarkozy avait fait un détour par le commissariat de Beauvais. À huis clos, il s'est entretenu avec des gardiens de la paix. «Si j'ai mis Brice Hortefeux à ce poste, c'est le signe de l'affection et de l'attention que je vous porte. Faites attention ! Prenez soin de vous» , a-t-il conclu dans une allusion à la mort de la policière municipale, abattue la semaine dernière dont il préside aujourd'hui un hommage national à Villiers-sur-Marne.

La réorganisation de l'Insee inquiète les syndicats

Rendez-vous en terrain neutre. Ou presque. Mercredi 26 mai, la direction et les organisations syndicales de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) doivent se retrouver autour d'une même table dans les locaux du ministère de l'économie.

Pourquoi Bercy ? Parce que c'est le ministère de l'économie qui exerce la tutelle sur l'Insee. Et parce que, selon les syndicats de l'institut (CGT, CFDT, FO, Sud), le dialogue social est au point mort dans la maison : c'est donc vers cette tutelle qu'ils expliquent avoir dû "se tourner" et demander l'organisation de ce rendez-vous pour avoir une "vraie discussion de fond".
Or, entre une forte réduction budgétaire en cours, un projet de réorganisation des directions régionales qui s'amorce et la poursuite d'un projet de création d'un nouveau pôle à Metz qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et dont le coût leur apparaît "faramineux", les sujets "de fond" ne manquent pas, selon les organisations syndicales. Et, au-delà, "les inquiétudes pour la qualité des travaux" de l'Insee, ajoutent-elles.

"Est-ce que l'on veut une statistique publique indépendante et de qualité, et disposant donc de moyens adéquats ? C'est ça la question derrière tout ça", relève Ludovic Bourlès, représentant de la CGT, le syndicat majoritaire à l'Insee.

Sollicitée sur tous les points qui suivent, la direction de l'Insee n'a pas répondu.

* Rigueur

La direction de l'Insee a engagé cette année un plan de réduction des dépenses de fonctionnement de 25 % par rapport à 2009, expliquent les syndicats, qui chiffrent ce plan à quelque 18 millions d'euros. Mais, selon leurs informations, ce sont quelque 3 millions d'économies seulement qui auraient été engagés à ce jour. "Il est évident que l'on n'y arrivera pas, sauf à sabrer vraiment et donc à entamer la qualité de nos travaux", avance M. Bourlès.

L'intersyndicale considère que les économies déjà engagées ont commencé à écorner cette qualité. A l'appui, les syndicats produisent un document de la direction relatif aux enquêtes réalisées auprès des ménages (celles qui portent sur l'emploi, les loyers, le budget famille, le patrimoine...).

Daté de début mars, intitulé "Protocole allégé pour la préparation et le suivi de la collecte des enquêtes", il détaille la mise en place de "nouvelles dispositions", liées à la "période actuelle de rareté des crédits de fonctionnement".

"Ces nouvelles dispositions représentent une diminution des actions de préparation et de contrôle", explique d'emblée le document, qui évoque ensuite une réduction des actions de formation et d'accompagnement des enquêteurs, ou l'abandon des relances de sondés par l'envoi de lettres en recommandé.

* Réorganisation

Un projet de "regroupement des travaux dans les directions régionales" doit être présenté lors d'un Comité technique paritaire le 1er juin. Il portera sur les années 2010-2015, selon les syndicats pour qui la direction "veut recentrer sur quelques grandes directions régionales, au détriment des plus petites".

"On va faire une croix sur trois directions régionales sur quatre, même si officiellement ce n'est pas le projet", relève Ludovic Bourlès qui estime que "là aussi, il y a un risque pour la qualité de travaux".

* Relocalisation

Dans ce contexte, la poursuite du projet d'ouverture d'un "pôle statistique" à Metz a encore plus de mal à passer. Ce projet, dont le coût a été estimé à 200 millions d'euros, avait provoqué un fort mouvement de contestation à l'Insee après sa présentation fin 2008. Aujourd'hui, "avec les coupes dans le budget de fonctionnement", il devient "incompatible" avec la situation de l'Insee, considèrent les organisations syndicales.

Ce "pôle" doit rassembler 625 personnes issues de l'Insee, plus 125 venant des services du ministère de l'économie. Il regroupera notamment toute les statistiques sociales et locales (chiffres relatifs à l'emploi notamment), un centre téléphonique pour les enquêtes, l'informatique de production...

Les syndicats y voient, là encore, un déficit potentiel pour la qualité des prestations. "On risque de casser quelque chose qui fonctionne, malgré tout. Car ce pôle c'est 500 postes délocalisés – et tout le monde ne suivra pas – et 125 postes nouveaux. C'est aussi, en centralisant ainsi, se couper des liens locaux au niveau des départements", souligne Ludovic Bourlès.

Fin avril, la direction de l'Insee a annoncé que ce pôle sera installé dans les anciens locaux de la direction régionale de la SNCF, à Metz. Compte tenu des travaux nécessaires, l'Institut devra toutefois d'abord louer des locaux. Les premières arrivées de personnels sont prévues fin 2010.
Philippe Le Coeur

Vol AF447 : les familles des victimes refusent la fin des recherches

Le mystère des boîtes noires du vol AF447 reste entier après l'échec de la troisième phase de recherches, mais les familles des victimes refusent que les opérations visant à les retrouver prennent fin. Les nouvelles recherches, qui ont duré près de deux mois, ont pris fin lundi sans que les autorités aient pu localiser les boîtes noires de l'appareil, qui s'est abîmé il y a près d'un an dans l'Atlantique. A l'heure actuelle, la reprise des recherches n'a pas encore été décidée.
Pour plusieurs associations regroupant des familles de victimes, cette décision ne devrait même pas faire l'objet d'interrogations. "Nous réclamons une transparence totale et le lancement, le plus tôt possible, d'une nouvelle phase de recherches car il est assez extraordinaire qu'au bout d'un an, on n'ait retrouvé que 3 ou 4 % de l'avion", a déclaré Jean-Baptiste Audousset, président d'une association basée en France. Nelson Marinho, président de l'Association des familles des victimes du vol AF447, déplore qu'avec "toutes les informations et la technologie dont ils disposaient, ils n'ont même pas retrouvé des pièces gigantesques comme le fuselage de l'avion". "Ils ne veulent pas le retrouver", lance-t-il.

"UN MOIS OU DEUX" AVANT UNE ÉVENTUELLE DÉCISION

Les autorités affirment qu'il faudra "au moins un mois ou deux pour être capables de faire ce bilan et éventuellement prendre une décision de poursuivre les recherches". Selon Jean-Paul Troadec, directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête technique, la décision n'est pas de son seul ressort. Le coût élevé du dispositif et la zone particulièrement difficile dans laquelle a disparu l'avion pèsent également sur les suites à donner à l'opération. "On est dans une zone où les courants sont très mal connus, où très peu de bateaux passent, où les fonds sont très profonds, de l'ordre de 4 000 m, et accidentés", explique-t-il.

Depuis l'été 2009, trois phases de recherches ont eu lieu, deux après l'accident et une troisième fin mars jusqu'à lundi. Au total, une vingtaine de millions d'euros ont été investis pour retrouver l'épave et les boîtes noires, dont plus de 13 millions lors de la dernière opération cofinancée par Airbus et Air France. L'ensemble de la troisième zone de recherches (environ 2 000 km2) définie par les enquêteurs a été couverte, sauf une partie au nord de 200 à 300 km2. Avec la zone où la marine nationale a cru un temps avoir localisé les boîtes noires, ce sont au total 1 700 km2 qui ont été explorés, assure le BEA.

DE TOUTE FAÇON LES CRABES ET LES POISSONS DES BAS FONDS ONT FAIT LE MÉNAGE, IL FAUT SE RENDRE À L'ÉVIDENCE, À L'IMPOSSIBLE NUL N'EST TENU.
C'EST DE LA SENSIBLERIE ET DE LA DÉMAGOGIE QUE DE VOULOIR POURSUIVRE CES RECHERCHES QUI N'ABOUTIRONT JAMAIS.

Le « storytelling » des Etats

La planète finance est comme secouée par un tremblement de terre. Les repères habituels valdinguent, des actions de père de famille aux Etats, en passant par les banques et les frontières coréennes. Du coup, les investisseurs se raccrochent à la trinité de la stabilité : le dollar, l'or, le Bund. Le billet vert a culminé face à l'euro, le métal jaune a encore grimpé et les obligations d'Etat allemandes s'arrachent au point de faire ramener les taux d'intérêt allemands à long terme autour de 2,5 %. Dans les salles de marché, on ne sait plus à quel saint se vouer. Ou, plus précisément, on ne sait plus en quel récit on peut encore croire. Car les investisseurs ne sont pas des monstres froids guidés par la seule cupidité. Au contraire : ils n'aiment rien tant que de se faire raconter une belle histoire, avec un début, une fin et le chemin choisi pour aller de l'un à l'autre. Tout en sachant très bien que l'histoire ne se déroulera pas comme prévu, qu'il y aura des mauvaises surprises, des détours imprévus et des raccourcis surprenants.

Les gouvernants ont parfaitement compris ce goût des marchés. Ces dernières décennies, ils ont développé un véritable art du « storytelling » économique. Un pays comme la France affecte certains de ses plus brillants sujets à l'Agence France Trésor, chargée de porter la bonne parole tricolore à coups de « roadshows » partout où il y a de l'argent à placer.

Le problème, c'est qu'une crise financière séculaire a bousculé les scénarios racontés ces dernières années. Comme dans un séisme, les plafonds sont passés au-dessous des planchers et les courbes macroéconomiques ressemblent à des poutrelles tordues par la violence du choc. Les Etats développés sont pris dans des contradictions apparemment insolubles. Leurs dirigeants racontent par exemple qu'ils vont faire des efforts budgétaires sans précédent l'an prochain pour maîtriser leurs déficits publics. Ces derniers jours, ceux de l'Italie et du Royaume-Uni sont venus rejoindre la France, les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Espagne dans le choeur de ces belles promesses. Mais, dans le même temps, ils expliquent que le boom de la croissance va doper leurs rentrées fiscales, alors que le tour de vis budgétaire risque d'étouffer des économies encore mal remises du choc encaissé en 2008-2009. En France, le gouvernement conserve par exemple l'hypothèse devenue complètement irréaliste d'une croissance annuelle moyenne de 2,5 % dans les trois prochaines années. Le calme reviendra quand les Etats recommenceront à raconter une histoire crédible, et non plus des histoires.



JEAN-MARC VITTORI

L'Europe coincée entre rigueur budgétaire et croissance

Tandis que les plans d'austérité se multiplient en Europe, le doute s'instaure sur la capacité des Etats à réduire leurs déficits. Pour certains, il est trop tôt pour s'engager dans des politiques de rigueur, qui risquent d'étouffer la reprise.
Les gouvernements ne savent plus quoi faire pour satisfaire des marchés financiers capricieux. Après avoir mis sur pied, non sans mal, un système de soutien de 750 milliards d'euros destiné aux pays de la zone euro en difficulté, ils se sont lancés à corps perdu dans des programmes d'austérité massifs pour démontrer leur capacité à maîtriser leurs finances publiques et à réduire rapidement leur endettement. Dans la foulée de la Grèce qui a dû annoncer, début mai, un plan d'économies de 30 milliards d'euros, l'Espagne s'est engagée sur un programme d'assainissement budgétaire de 65 milliards d'euros sur trois ans, l'Italie a décidé de réduire ses dépenses publiques de 27 milliards d'euros en 2011 et 2012 et le Royaume-Uni vient de décider de réaliser 7 milliards d'euros d ‘économies cette année. Ces décisions devraient être suivies de bien d'autres si tous les Etats membres lourdement déficitaires de la zone euro tiennent leur promesse de ramener leur déficit public sous la barre des 3 % de PIB à l'horizon 2013.
Des situations inégales

Ces objectifs sont-ils tenables ? C'est la question qui hante désormais les investisseurs et les gouvernements. Car, à trop vouloir jouer les vertueux, c'est la croissance qui pourrait être la prochaine victime de la crise de la zone euro. Or, sans croissance, pas de consolidation budgétaire durable, mais à coup sûr une explosion du chômage que les Etats se sont évertués à contenir ces derniers mois. « La voie est étroite, mais elle existe », assure Frédérique Cerisier, économiste à BNP Paribas. La solution au problème passe, selon elle, par un délicat distinguo entre les situations budgétaires des Etats membres de la zone euro. « Dans les pays où la situation financière est très dégradée, comme la Grèce, il est indispensable de freiner le plus vite possible l'effet d'emballement de la dette, y compris au prix de la croissance », explique-t-elle. Mais, dans bien d'autres pays, poursuit-elle, la dette est moins élevée, la situation budgétaire mieux orientée, les perspectives de croissance plus fortes. « Là, il n'y a pas d'obligation à agir vite, surtout si l'on a fixé, à plus long terme, le cap d'un rééquilibrage des finances publiques. » Ainsi l'austérité ne s'emparerait pas de l'ensemble de la zone euro, alors que les perspectives de croissance sont faibles, généralement situées autour de 0,9 % cette année et de 1 % l'an prochain.

L'autre élément d'optimisme, selon les économistes, c'est la dépréciation de la monnaie unique, moteur possible de la croissance européenne au cours des prochains mois. On sait qu'un euro qui se stabiliserait à 1,20 dollar pendant un an - soit une baisse de 10 % -provoquerait un surplus de 0,5 point de croissance dans la zone euro. Un chiffre à rapprocher du coût estimé des plans d'austérité déjà annoncés par les gouvernement de la zone euro : de 0,6 à 0,7 point de croissance. « Au total, résume Cédric Thellier, de Natixis, les effets positifs de la baisse de l'euro compenseraient quasiment l'impact récessif des plans de rigueur annoncés. » La prudence reste toutefois de mise, car il n'est pas exclu non plus que les mesures d'austérité budgétaire n'engendrent une nouvelle période de récession en Europe.


CATHERINE CHATIGNOUX, Les Echos