TOUT EST DIT

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samedi 15 février 2014

La Terre a connu 5 extinctions de masse, voilà ce qui nous attend avec la 6e qui vient de débuter


Changement climatique, exploitation excessive des ressources... Autant de phénomènes qui modifient rapidement la Terre. Comme 66 millions d'années auparavant avec les dinosaures, il se pourrait que le XXIe soit marqué par la 6e extinction de masse de notre planète.

Dans son ouvrage The Sixth Extinction, Elizabeth Kolbert estime que nous pourrions être à l'aube de la 6ème extinction de masse. A quoi reconnaît-on une extinction de masse ? Quelles en sont les caractéristiques ?

Romain Julliard: L'extinction de masse, c'est ce que l'on a observé dans les données paléontologiques au cours de cinq périodes du passé. Ces dernières ont été caractérisées par une diminution très importante du nombre d'espèces présentes avant ces extinctionsCes taux d'extinction sont généralement compris entre le tiers et près de 90 %. Selon la précision des données, certaines de ces extinctions se sont étalées dans le temps, parfois sur plusieurs millions d'années. Néanmoins, ces extinctions sont généralement des évènements très brutaux à l'échelle de notre Histoire.

Un rapport de 2007 de l'Intergovernmental Panel on Climate Changeestime entre 20 et 30 % la proportion d'espèces végétales et animales qui pourraient disparaître au cours de ce siècle. La principale raison invoquée est celle du réchauffement climatique. Quels autres facteurs contribuent à ce risque d'extinction ?

Parmi les différents facteurs pouvant contribuer à ce risque d'extinction, il y a, en premier, la transformation des habitats naturels à cause des activités humaines, à chaque fois par exemple que l'on construit une ville, ou bien que l'on transforme une forêt en zone d'agriculture ou qu'on la décime pour son bois, etc.
The Sixth Extinction- An Unnatural History- Elizabeth Kolbert- 9

La deuxième cause, généralement vraie pour les océans, concerne les prélèvements effectués dans ces zones qui contribuent à déstabiliser le fonctionnement de ces écosystèmes. Environ 30 % de la production océanique est prélevée par les hommes à des fins de consommation.
Un autre phénomène contribue à renforcer ce risque de nouvelle extinction : le déplacement de certaines espèces de leur habitat naturel, qui concerne en particulier les espèces des îles ou des grands lacs africains, ravagées par leur déplacement dans des zones dans lesquelles elles ne peuvent pas survivre comme la Nouvelle-Zélande par exemple.
A ces trois facteurs précédemment énumérés, il convient bien évidemment d'ajouter le réchauffement climatique qui complique davantage la situation. La réponse naturelle de certaines espèces  au réchauffement climatique, notamment des oiseaux, est de partir à la recherche de zones au climat similaire à ce qu'elles ont pu connaître avec le réchauffement. Pour d'autres en revanche, la seule issue possible aux modifications de leur environnement à cause du réchauffement climatique est leur disparition. Cela est notamment le cas de certaines espèces de papillon qui ont l'habitude d'évoluer au sommet de certaines montagnes de la péninsule ibérique, mais dont les pelouses sont en train de disparaître.

Quelles sont les principales espèces concernées par ce nouveau risque d'extinction de masse ?

Les extinctions les mieux documentées sont celles liées aux introductions d'espèces invasives dans les villes. Les connaissances sont nombreuses et solides en ce qui concerne les oiseaux tout particulièrement, moins en revanche pour ce qui concerne les invertébrés. Les espèces d'oiseaux ayant totalement disparu se sont généralement retrouvées confrontées à des espèces de prédateurs introduites dans leur milieu naturel.
D'autres espèces sont sur le point de connaître des extinctions spectaculaires, généralement celles qui sont surchassées ou qui n'ont pas su s'adapter rapidement à des changements d'écosystème dus aux précédents facteurs présentés. On peut citer notamment, parmi ces espèces, l'ours polaire dont l'habitat naturel est complètement dépendant du réchauffement climatique; certains grands prédateurs comme les tigres en Inde ou les éléphants en Afrique, victimes d'une persécution à outrance, etc.

La précédente extinction de masse était celle des dinosaures, il y a 66 millions d'années. On en garde l'image d'un déroulé plutôt dramatique mais celle qui s'annoncerait prendrait-elle nécessairement la même forme ?

Par rapport aux dinosaures, il y a ici un drame supplémentaire qui est que nous allons en subir directement les conséquences, tant notre qualité de vie dépend de la richesse de notre biodiversité. En ce qui concerne les océans, nous avons atteint, depuis une dizaine d'années, le maximum de ce que nous pouvions tirer des ressources océaniques; la phase descendante est d'ailleurs déjà amorcée.
Une autre source de richesse, qui dépend de cette biodiversité, est la productivité des sols. Certaines zones sont complètement surexploitées, caractérisées désormais par une culture hors-sol.
Pour ce qui concerne les extinctions du passé, il est vrai que, quelques années après, la biodiversité s'est reconstituée.

Pendant très longtemps, la communauté scientifique, Charles Darwin et Charles Lyell en tête, ont clamé que notre planète changeait à un rythme très lent. Aujourd'hui, il est reconnu que des périodes de rapides changements, auxquels les organismes peinent à résister, peuvent survenir. Comment expliquer ce changement de paradigme ?

La science progresse, et les découvertes faites au cours du temps ont permis ce changement de paradigme. Selon le modèle de Darwin, le taux de transformation était relativement constant dans le temps. Le modèle actuel comprend davantage de phases d'accélération de ce taux de transformation liées en particulier à ces phénomènes un peu extrêmes pouvant causer une extinction de masse, tels que le réchauffement climatique, le changement d'habitat naturel, etc.

Au regard des facteurs à l'origine des précédentes extinctions au cours de notre histoire, est-il possible de prévenir celle qui pourrait prochainement survenir ? Plus généralement, comment l'éviter ?

Il conviendrait de modifier en profondeur notre manière d'exploiter le vivant. Le modèle actuel est construit selon l'idée qu'il y a des ressources finies qui doivent rapidement être exploitées pour pouvoir passer à l'exploitation d'une autre ressource. Pour le vivant, il conviendrait d'aborder cette problématique sous l'aspect du renouvelable; l'exploitation doit être réalisée de telle sorte qu'elle n'entrave pas le renouvellement des ressources, des espèces, etc. Cela concerne notamment la pêche qui, pratiquée comme elle l'est en état actuel, épuise les ressources marines. Notre économie globalisée ne tient pas compte de cette contrainte de la biodiversité dont nous dépendons. 

Economies drastiques en vue : mais avant de couper à la hache, les dépenses publiques françaises pèchent-elles vraiment le plus là où on le croit ?


La réduction des dépenses publiques est le nouveau cheval de bataille de François Hollande : des fonctionnaires aux collectivités en passant par la santé, tous les postes doivent être passés au peigne fin.

Source OCDE

Il n’en reste pas moins que ce poste est trop important en France. Selon Eurostat, les dépenses publiques de santé sont 3 points au-dessus de la moyenne européenne, à 8% du PIB. Ce chiffre est à mettre en relation avec un niveau de dépense totale de 11% du PIB (public et privé réunis) contre 17% aux Etats Unis (public et privé réunis). Afin de tempérer ce constat, il convient de constater que ces dépenses ne sont pas vaines car la France dispose d’une espérance de vie élevée à 82,2 ans, et ce, comparativement aux autres pays de l’OCDE. L’Allemagne par exemple dépense tout autant dans ce domaine tout en ayant une espérance de vie plus faible à 80,8 ans. Ici encore, des économies sont possibles (remboursements ; encore les taxis ??), mais voici un domaine où la France est plutôt considérée comme un modèle.

Reste un poste. Les retraites. Ici, il sera bien difficile d’argumenter car les chiffres sont sévères. Le titre de champion du monde est incontestable. En premier lieu, le nombre d’années passées à la retraite atteint 28 ans pour les femmes, 24 ans pour les hommes :


Source OCDE
50 milliards d’euros. Voici le casse-tête de la baisse des dépenses publiques auquel le gouvernement est aujourd’hui confronté, c’est-à-dire 2.5% du PIB du pays. Dans un pays qui s’approche des 57% de dépenses publiques dans le PIB, la tâche semble presque facile. D’autant plus que la dépense publique c’est un peu comme le football, chacun a son avis sur l’équipe à mettre en place, ou la dépense à raboter. Le problème est que la réalité de cette dépense publique française révèle quelques surprises, et que le rabot n’est pas si évident à manier.
Tout d’abord, il ne sert à rien d’argumenter, la France dépense beaucoup. Les différents classements en la matière font du pays une sorte de champion absolu en la matière.Seuls quelques Etats dont la taille ne permet pas de comparaison raisonnable (le Danemark et ses 5 millions d’habitants ?) peuvent s’enorgueillir de dépasser la France d’une courte tête sur ce terrain-là. Mais la réalité est là, la France dépense près de 7 points de PIB de plus que ses partenaires de l’Union Européenne. Le fait de dépenser beaucoup est un problème car un niveau de dépenses élevé suppose un niveau de recettes élevé. Et la France revient ainsi en haut des classements internationaux sur une autre catégorie, le niveau d’imposition par rapport au PIB qui atteint 44%. En ajoutant les autres revenus de l’Etat, celui se retrouve dans l’obligation d’emprunter à hauteur de plus de 4% de son PIB pour financer son « train de vie ».
Mais à regarder de plus près, certains points doivent être pris en compte. Tout d’abord, et selon les données Eurostat 2011, les dépenses relatives à l’administration centrale ne sont pas plus élevées qu’ailleurs, soit 22,4% du PIB contre 22,6% dans le reste de la zone euro. Il est bien évident que des économies peuvent y être réalisées, mais il ne s’agit pas là d’une anomalie. La part relevant des services généraux représente ainsi 6,4% du PIB contre 6,8% pour les autres partenaires européens. La défense ? 0.5% de PIB de plus que ses partenaires, ce qui va de pair avec un poids géostratégique qui reste prépondérant. L’éducation ? Avec 6% du PIB, la France dépense plus que la moyenne, pour un point, mais dispose d’une croissance démographique également plus forte et donc d’un nombre de jeunes plus important. La police ? Ici la France dépense bien moins que l’Italie ou le Royaume Uni, avec 1% de PIB consacré à ce domaine. Les dépenses de fonctionnement de l’exécutif et du législatif ? Toujours rien, avec un niveau bien plus faible qu’en Allemagne. Dans l’ensemble de ces domaines, il s’agit bien plus de problèmes d’efficacité que de niveaux de dépenses.
Concernant les collectivités locales, une différence de plus de 1 point de PIB est à mettre au débit de la France par rapport à ses voisins. Un écart qui doit être une source d’interrogations et qui représente enfin une réelle opportunité d’économie. Chaque point de PIB représentant 20 milliards d’euros, cela fait cher le point.
Au bout du compte, Etat et collectivités locales réunis, ces sources d’économies ne sont pas si évidentes à trouver. Ne reste que la protection sociale pour comprendre la principale source d’écart entre la France et les autres pays. Selon Eurostat cette différence atteint 6 points de PIB, soit l’exacte différence entre la somme totale des dépenses françaises et celle de ses voisins. 6 points de PIB qui représentent 120 milliards d’euros. Mais ici encore, le calcul et la comparaison ne sont pas aisés. Alors que d’autres pays ont pu faire le choix des dépenses privées pour la protection sociale, la France s’est engagée dans la voie du tout service public. Bien qu’à titre individuel, la différence n’est effectivement pas très évidente. Payer des impôts pour assurer une protection sociale ou payer un acteur privé pour qu’il assure le même service ne change pas le problème de fond : il faut payer. Lorsqu’une famille américaine dispose de revenus plus importants après impôt, elle doit tout de même payer de nombreuses charges supplémentaires par rapport à une famille française (et ce aussi bien pour la protection sociale que pour l’éducation des enfants par exemple). C’est ainsi que derrière la France, championne du monde de la protection sociale, se trouve un challenger inattendu : les Etats Unis. La différence tient effectivement au fait que les dépenses privées des ménages américains comptent pour une bien plus large part dans le total, et sont ainsi naturellement extirpées du calcul de la somme des dépenses publiques totales. En prenant en compte l’intégralité des coûts, privés et publics, les différences se resserrent sensiblement :

Source OCDE


Source OCDE

En conclusion ; collectivités locales, efforts de fonctionnement dans les services de l’état, (statut de la fonction publique ? absentéisme ? etc..), dépenses de santé, et un système de retraite à revoir largement sont les principales pistes pour permettre un ajustement cohérent du budget de la France. 
Reste un point essentiel. Pour ajuster les dépenses, l’arme absolue reste la croissance. L’efficacité d’un gouvernement qui souhaite réformer le pays dépend avant tout de sa capacité à restaurer la croissance dans un pays qui ne sait même plus ce que c’est. La croissance comme moteur de la baisse des dépenses ; ce qui permettra également de réduire énergiquement la fiscalité et ainsi d’entrer dans un cercle économique vertueux. Car sur la base des taux de croissance connus en France jusqu’en 2007, et la volonté actuelle du public d’ajuster le poids de l’Etat dans l’économie; la tâche en serait presque facile.

A titre de comparaison, et malgré une espérance de vie plus élevée qu’en France, les hommes Japonais passent 10 ans de moins à la retraite que les Français, et 7 ans de moins pour les femmes.
C’est ainsi qu’en France, à 58.7 ans d’âge effectif pour partir à la retraite, une espérance de vie en constante hausse, et un système tout public (à 85% pour les retraites), le système semble bien mal parti. Au total, 13% du PIB sont consacrés aux retraites contre 10% en moyenne, soit une différence de 60 milliards d’euros. Avec un nombre d’heures travaillées par année parmi les plus faibles au monde, la France est ici engagée dans un régime de « sous-travail » difficilement soutenable. Ce système est d’autant plus néfaste que les pensions versées aux retraités sont inférieures à la moyenne de l’OCDE, comme le démontre le graphique suivant :