TOUT EST DIT

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vendredi 15 novembre 2013

France : après la reprise, la "recrise"...


Ah la reprise… A peine a-t-elle fait son apparition qu'elle a déjà disparu. Telle pourrait être la synthèse de la première version des comptes nationaux de la France au troisième trimestre 2013. En effet, après avoir reculé de 0,4 % du deuxième trimestre 2012 au premier de 2013, puis avoir rebondi de 0,5 % au deuxième, le PIB français a rechuté de 0,1 % au troisième.a

Bien entendu, cela aurait pu être pire. Pour autant, le détail des chiffres a de quoi inquiéter. Et pour cause : en retirant la contribution de la formation de stocks, variable ô combien artificielle, le PIB français a en fait chuté de 0,6 % au troisième trimestre. En d'autres termes, en dehors d'un mouvement de restockage technique, l'économie française reste bien ancrée dans une léthargie dangereuse. 

Pis, à côté d'une consommation sous perfusion qui n'a progressé que de 0,2 % au troisième trimestre, l'investissement s'est de nouveau effondré de 0,6 %, une contre-performance identique pour l'investissement des entreprises et celui des ménages. Cela fait désormais sept trimestres consécutifs que l'investissement recule dans l'Hexagone. 

Le France demeure donc bien engoncée dans le cercle pernicieux « désinvestissement-chômage-croissance zéro ». La nouvelle baisse de l'emploi de 0,1 % au troisième trimestre ne fait d'ailleurs que confirmer ce triste état des lieux. Pour retrouver une variation positive de l'emploi dans le secteur marchand, il faut même remonter au deuxième trimestre 2011. Dans ces conditions, le chômage va malheureusement continuer d'augmenter, alimentant la morosité ambiante, notamment sur le front de la consommation. 

Que dire enfin des exportations qui se sont affaissées de 1,5 %. Le problème est que la vigueur de ces dernières était la pierre angulaire des prévisions de reprise du gouvernement... 

Plus globalement, avec un acquis de seulement 0,1 % au sortir du troisième trimestre, la croissance annuelle du PIB français devrait bien avoisiner le zéro pointé en 2013. Il faut donc admettre la triste réalité : le taux de chômage va se rapprocher des 12 % en 2014, le déficit public va rester supérieur à 4 % du PIB et la dette publique atteindra les 100 % du PIB. 

En conclusion, avec des prix à la consommation qui ont encore reculé de 0,1 % en octobre (soit un glissement annuel de 0,6 %), la France est non seulement menacée par la stagnation, le chômage de masse, mais aussi par la déflation et, in fine, la crise sociale. Bon courage à tous ! 

La France partage la même chambre d’hôpital que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie ! (1er partie)

Une partie de l’intrigue de mon livre « Deux tigres sur la même colline » est économique et géopolitique. Pour proposer aux lecteurs du livre une histoire qui « tienne la route », j’avais été amené à faire un diagnostic sur l’Europe, la France et l’Allemagne. Pour ce faire je me suis principalement appuyé sur des rapports de l’OCDE. Je vous livre un diagnostic réactualisé en trois parties. Il y a quelques décennies les structures de l'Union Européenne étaient suffisamment fortes pour permettre à Paris d'ignorer les lacunes économiques du pays. Ce n’est plus le cas aujourd’hui avec les dégradations successives de la note de la France par l’agence de notation Standads & Poor’s. 

Le déclin, car il s’agit bien de déclin de la France, a commencé il y a plus d’une décennie, si l’on croit différents indicateurs de OCDE et les divers classements internationaux de la France dans le monde. Certes, l’ancien président initia le redressement de la France par des réformes courageuses, comme la réforme des retraites, mais les urnes stoppèrent son action. Et nous devons respecter le choix des urnes de 16,5 millions de suffrages portés sur le président élu, contre 15,5 millions sur son prédécesseur et 2 millions de votes blanc ou nul, portant sur plus de 42 des 46 millions d'inscrits et 34,1 millions de votants. Nous sommes une démocratie, ce qui m’offre la possibilité de publier ce papier. Nous devons respecter nos institutions, dans le cas contraire nous ferons un bon dans le passé de plusieurs siècles. 

Il me semble que le « slogan » de votre élection Monsieur le Président, était « Le Changement c’est maintenant. » Changements il y a eu, doit penser une majorité de français si l’on en croit la cote de votre popularité. Mais ceci est un autre sujet, aussi poursuivons un diagnostic sur l’état de la France. Une légère hausse mensuelle de la production industrielle au printemps vous incité Monsieur le Président à déclarer que la récession était terminée. Votre optimisme est surprenant, compte tenu de certains indicateurs actualisés de l’OCDE, et de ceux issus de la Banque de France, de l’INSEE et de vos ministères. 

- Plus d'un millier d'usines ont fermé en France depuis 2009. Et pas une semaine ne passe sans une nouvelle annonce de fermetures ou de délocalisations vers l'Europe de l'Est ou vers l’Asie. Et ce n’est pas le faible nombre de retours sur notre sol qui changera la tendance ; 
- Le taux de création d'entreprise reste aujourd'hui de 13,3 % inférieur à la fin de 2009 ; 
- Le nombre de défaillances d’entreprises progresse de 4,1 % sur 12 mois à fin juillet 2013 ; 
- Le rythme des ventes à domicile, même s’il semble avoir cessé de diminuer, ne montre aucun signe d'amélioration et reste de 16 % en dessous des niveaux de 2008 ; 
- Le taux de chômage est de 10,5 % de la main-d'œuvre du pays ; 
- Le taux de chômage des jeunes flirte avec les 25 % (Janvier 2013 : 24,9 – Avril 2013 : 24,4 %). ¼ de nos jeunes sont au chômage) ; 
- Les salaires réels en France, après avoir stagné pendant plusieurs mois, ont diminué au cours des quatre derniers trimestres consécutifs ; 
- La balance des paiements internationaux continue de s'enfoncer dans le rouge, avec un déficit des exportations par rapport aux importations ayant presque doublé en seulement un an, à près de 3 % du PIB ; 
- Les finances publiques dépassent de loin les 3 % fixés par U.E ; 
- Les déficits budgétaires (dette) correspondent à près de 90 % du PIB de la France. 

Malgré cette situation catastrophique, les dépenses publiques n’ont cessé de croitre, avoisinant les 4 % aux cours de deux dernières années. Et pour « continuer à dépenser plus », Paris à solliciter l’aide de Bruxelles pour poursuivre ses déficits budgétaires jusqu’en 2015 ! 

Et dire qu’il y a dix 10 ans, l’économie française rivalisait avec l’économie allemande. Les exportations françaises, après avoir chuté de plus de 20 % depuis 2005, sont aujourd'hui au plus bas des vingt dernières années. En revanche l’Allemagne connait une hausse des exportations depuis plusieurs années creusant encore plus l’écart avec la France. Le revenu réel par habitant en France a augmenté moitié moins que celui de l’Allemagne. 

C’est cette situation Monsieur le Président qui a amené la principale agence de notation Standard & Poors, à retirer le « AAA » il y a un an et demie, puis l’abaisser à « AA+ », et enfin le 8 novembre 2013 à caractériser notre économie par « perspective stable » en dégradant une nouvelle fois la note à « AA. » Ce n’est pas tant cette note, qui reste bonne Monsieur le Président qui est inquiétante, mais la spirale de dégradations successives. 

Même, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance négligeable d’environ 1 % en 2014 et pas beaucoup mieux sur le long terme, ce qui est nettement insuffisant pour créer des « emplois réels. » 

Comme c'est généralement le cas avec les fondamentaux économiques la racine du mal est structurelle. Dans le cas de la France, le problème est en grande partie du aux décisions de Paris. 

Les gouvernements successifs, socialistes et conservateurs, ont posé sur l'économie un ensemble de politiques mal conçues : matraquage fiscal, climat dépressif, mépris de la réussite. Casse-toi riche con ! avait hurlé Libération à la une, à l'intention de Bernard Arnault, première fortune française, en découvrant son projet de naturalisation belge en septembre dernier. Puis ce fut le « cas » de Gérard Depardieu et ses pérégrinations belgo-russes. Minable, avait lâché le Premier ministre à propos de notre «Gégé» national. 

Oui Monsieur le Président, cet ensemble de politiques a sapé la vitalité économique de la nation, contrecarré son efficacité, abaissé ses efforts de productivité, et d’une manière générale a détruit sa capacité concurrentielle. S'ajoute à cette situation inédite, des services sociaux somptueux (protection sociale au sens large) qui semblent servir ni les contribuables qui les supportent par les prélèvements, ni les intérêts de la France (cf. Ces « cons » qui quittent la France !) 

Les prélèvements sur les salaires en France s'élève à 38,8 %, et si l’on ajoute le fardeau supplémentaire de l'impôt sur le revenu des entreprises et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), un employeur en France verse au gouvernement l'équivalent de près de 64 % de sa masse salariale. C’est 53 % en Allemagne et 38,5 % aux Etats-Unis. Nos entreprises partent avec un sérieux handicap, même avec le Made In France, cher à l’un de vos ministres, qui se bat comme il peut pour limiter la casse. 

Plus difficile à quantifier, mais pas moins un fardeau sur les entreprises françaises est la complexité notoire du code général des impôts français. Mais passons sur ce point de détail !!! 

Puisque le régime fiscal n’est pas assez destructeur, la France dispose de règles de travail de longue date qui semblent être exclusivement conçues pour détruire son dynamisme économique et son efficacité. Ces réglementations complexes, sont détaillées dans 3200 pages du Code du Travail et s'appliquent à toute entreprise de 50 salariés ou plus. Les principales mesures sont : la semaine de 35 heures imposées à tous - un minimum de cinq semaines de congés payés (contre trois en Allemagne et pas de minimum aux États-Unis). Et je ne parle pas de l'âge légal du départ à la retraite dans un monde où notre espérance de vie augmente de 5 heures et demi chaque jour ! 

Poursuivons l’analyse des spécificités françaises 

En France nous avons un grand nombre de services gouvernementaux qui exercent un contrôle : il y a « la commune » qui est la plus petite unité gouvernementale, qui représente en moyenne 1800 personnes. A comparer aux 5.500 personnes en moyenne pour la plus petite unité gouvernementale européenne. Cette spécificité française offre ainsi 36.000 entités dirigeantes, avec bien souvent des règles locales en fonction des préférences des entreprises locales et de l’intérêt des travailleurs. Ainsi, les commerçants locaux ont plus de succès en France qu'ailleurs dans le blocage de la grande distribution. C’est pourquoi la pression locale a bloqué les efforts pour introduire les prestations de services en ligne dans le pays (@Pharmacie,…). Et pour être complet sur la structure, rappelons que nous avons 22 régions, 95 départements, 577 députés, 348 sénateurs et 750 députés Européens. 

Pour illustrer mon propos sur les règles locales, prenons le cas des taxis à Paris 

Le ministère de l'Intérieur a annoncé travailler en étroite collaboration avec les syndicats de taxis, les collectivités locales et la ville de Paris afin d'augmenter le nombre de taxis, en particulier aux heures de forte affluence. Le gouvernement veut augmenter le parc de licences de 1 000 véhicules supplémentaires sur Paris et la petite couronne, qui se rajouteront aux 17 500 déjà existantes. En échange de ces nouvelles licences, les nouveaux taxis devront circuler notamment aux heures les plus difficiles, à savoir la nuit et le week-end. Bon courage Monsieur le Ministre de l’intérieur, et si vous réussissez, ce que nous vous souhaitons, il faudra alors se pencher sur le cas particulier d’autres villes. 

Mais reprenons le fil du diagnostic, avec notre enseignement 

Les écoles françaises ne préparent pas les étudiants et futurs employés au marché du travail comme dans d'autres pays. Pendant les vacances scolaires, l’un de mes enfants en classe de seconde m’a demandé de l’aider à analyser un texte de Victor Hugo. Intéressant pour moi qui aime la littérature, mais certainement pas pour une majorité d’enfants vivants au XXI siècle. Il aurait préféré l’analyse d’un texte plus contemporain. Regardez notre langue, certains adjectifs prennent un « s » au pluriel et d’autres non (La secrétaire a commandé des stylos rouges et des stylos verts. Mais… « La secrétaire a commandé des stylos orange ») Heureusement les français sont excellents en mathématiques. 

Quelles sont les conséquences de cette inadaptation de notre enseignement au monde d’aujourd’hui ? 

Un exemple simple : Au cours des trois dernières années, l'industrie française a installé un peu plus de 3000 robots industriels, contre 20 000 installés dans l'industrie allemande. L'Allemagne a dépensé près de 70 % de plus que la France en recherche et le développement. La France consacre 2 % de son PIB aux investissements dans les technologies, c’est à peine plus de la moitié du taux en Allemagne. Ce déficit d’investissements est corrélé avec l’érosion de talents en France ainsi qu’à la baisse de la productivité. De même, le coût du travail par unité de production en France a augmenté de 28 % au cours des dix dernières années, contre avec seulement 8 % en Allemagne (chiffre OCDE) 

Cette situation n’a pas seulement contrarié la croissance, mais a initié la désindustrialisation de la France. Ainsi, l’augmentation des coûts a donc fait passer la valeur ajoutée industrielle française de 18 % en 2000, à seulement 12,5 % récemment publié par OCDE : la plus faible dans la zone euro ! 

Le nombre d’emplois dans le secteur manufacturier français a chuté de 20 % depuis 2000, toujours d’après OCDE. 

Mon analyse à ce niveau du diagnostic. Attention, préparez vos mouchoirs ! 

La France aurait probablement pris des mesures correctrices depuis longtemps s'il n'y avait pas le soutien implicite de l'Union Européenne, la monnaie commune et l'Allemagne. 

Plus que jamais la France partage la même chambre d’hôpital que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie. 

Mais l’Italie est en train de quitter la chambre. Ah, ces Italiens, vraiment trop forts. 

« Humour » nostalgique

« Humour » nostalgique


L’humour et la provocation sont deux domaines où la France excelle. On le sait depuis fort longtemps. Il fut des époques où l’humour conduisait en prison. Les impertinents purent même passer pour les hérauts de la liberté. Leurs descendants ne risquent plus la bastonnade ou la cellule. Cela ne donne pas pour autant le droit de camoufler l’ignominie sous les oripeaux de la caricature.
La « Une » de Minute s’égare dans les mêmes marigots que certaines feuilles d’avant-guerre. Le débat politique d’alors était souvent brutal. Il a pu tuer, à l’image du suicide de Roger Salengro. Quelques-uns de ces journaux allèrent jusqu’à ouvrir leurs colonnes aux pires théories raciales. On pensait la France d’aujourd’hui vaccinée. Erreur.
La liberté de la presse est vitale, mais, comme toutes les libertés, elle doit se fixer ses propres limites. Les attaques contre Christiane Taubira les ont franchies en jouant sur les mots et les images. Les journalistes de Minute pensent n’avoir usé que de leur droit à l’irrévérence. La justice devra se prononcer sur ce point. Comparer cette affaire à celle des couvertures de Charlie Hebdo dénonçant les djihadistes musulmans est un argument fallacieux. La lutte contre le fanatisme ne saurait être comparée à un douteux amalgame.
Pierre Desproges disait que l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. L’extrême droite veut faire croire que l’on peut rire de tout en faisant n’importe quoi. Pas n’importe quand en l’occurrence. La crise donne des ailes aux extrémistes. La multiplication des attaques contre la garde des Sceaux n’a rien de surprenant. Elle concentre bien des rancœurs, parfois à cause de son militantisme. Ses adversaires, jamais remis de l’élection de 2012, emploient tous les moyens pour prendre leur revanche, quitte, pour certains, à nier les règles les plus élémentaires de la démocratie.
Les sondages calamiteux pour les partis traditionnels, comme les résultats des élections partielles, alimentent le triomphalisme de ceux qui aimeraient capter le ras-le-bol actuel. On devine même chez certains des penchants pour une croix mal gommée. Ils nous renvoient aux pires moments de notre histoire.

"Parler de déflation est excessif"


Alors que l'inflation dans la zone euro est tombée à 0,7 % fin octobre, certains économistes estiment que l'Europe est désormais menacée par la déflation. Une crainte que ne partage pas Jean-Marc Daniel, professeur à l'ESCP Europe. Il explique pourquoi il juge excessif le débat actuel sur la baisse des prix.
Craignez-vous que le Vieux Continent tombe dans une spirale déflationniste à la japonaise ?

Non. Les prix continuent à augmenter, même faiblement. Parler de déflation est excessif. D'ailleurs, l'idée que la hausse des prix, même modérée, est une bonne chose heurte le sentiment de la population qui se plaint de pertes de pouvoird'achat. Il ne faut pas oublier qu'une faible inflation ou une légère baisse des prix transfère du pouvoir d'achat vers les consommateurs.

Les prix augmentent peu, d'abord parce que l'arbitrage de Phillips, entre l'inflation et le chômage, fonctionne. Dans cet arbitrage, autant l'inflation n'est pas le moyen de réduire le chômage, autant le chômage freine l'évolution des prix.
En outre, la faible inflation est le fruit positif de notre choix de la concurrence, tant au niveau européen qu'au niveau international. Quant au Japon, on ne comprend pas ce qui s'y passe si on n'intègre pas la composante démographique. Pour un pays, d'importants excédents extérieurs correspondent à un effort significatif d'épargne. L'appréciation du yen et la faible inflation y ont correspondu au souci defavoriser l'épargne face à son vieillissement.
Les chiffres sont  inquiétants encore au Portugal et en Grèce, où les prix sont désormais en recul. Que faire si seule une partie de la zone euro tombe en déflation ?
Les prix baissent dans ces pays et on parle de dévaluation interne, barbarisme qui permet de ne pas employer le mot "maudit" de déflation. On retrouve les recettes qui furent celles du XIXe siècle, dont la croissance moyenne fut du même ordre de grandeur que celle du XXe siècle qui préféra à la déflation le couple inflation-dévaluation.
Auparavant, la Grèce ou l'Espagne avaient des taux d'inflation supérieurs aux autres pays, et c'est la correction de cette divergence qui se met en place.
En quoi la situation de la zone euro est-elle différente de celle du Japon des années 1990 ?
La zone euro partage avec le Japon un problème de vieillissement auquel la bonne réponse est de mobiliser le plus d'épargne. L'Allemagne, qui a un fort excédent extérieur, l'a compris. La question est : pourquoi les Allemands préfèrent investir leur épargne en Pologneou en Turquie plutôt qu'en Grèce ou en France ?
En outre, les performances du Japon depuis vingt-cinq ans sont heurtées mais ne sont pas aussi catastrophiques que ce que l'on décrit. Ce qui y est préoccupant, c'est l'accumulation de dette publique. Mais l'Europe, avec l'adoption du nouveau traité sur les financespubliques - le TSCG -, en limitant l'action budgétaire au lissage du cycle a fait preuve de sagacité économique.
La Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle réagi de façon adaptée en baissant son taux directeur ? Devrait-elle en faire plus ?
Il ne faut pas tout attendre de la politique monétaire. L'enjeu est deredresser notre croissance potentielle et cela suppose un redressement du niveau des investissements.
Dans un pays comme la France, les prêts à long terme de la BCE aux banques [LTRO] ne feront rien pour des entrepreneurs dont les impôts augmentent sans cesse, dont le taux de marge est durablement installé en dessous de 30 %. Il faut baisser les impôts sur les entreprises pour leur redonner les moyens de leur développement.
N'est-ce pas aussi aux gouvernements de réagir face à un éventuel risque de déflation ?
Les gouvernements doivent se préoccuper de la croissance potentielle. Quand ils se réunissent pour agir sur le chômage des jeunes qui touche 5 millions de moins de 25 ans dans l'Union européenne, alors même que l'Europe vieillit et devrait mobiliser au maximum sa jeunesse, ils sont dans leur rôle. Qu'ils baissent pour y parvenir les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises ! La croissance reviendra et plus personne ne se souciera de la déflation.
La politique accommodante de la BCE, et plus encore celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), risquent-elles de créer de l'inflation à moyen terme ?
Pour l'instant, la masse monétaire augmente peu. Les banques centrales changent la nature de la monnaie en la transformant de plus en plus en monnaie banque centrale mais elles en ont assez peu changé la quantité. Quoi qu'il en soit, la période Alan Greenspan[président de la Fed de 1987 à 2006] a montré la nocivité des politiques monétaires outrancièrement expansionnistes.
En outre, les bas taux d'intérêt permettent aux Etats de se financer à bon compte et de retarder les ajustements indispensables dans leur politique budgétaire.
Quels sont les dangers que font courir les politiques monétaires non conventionnelles ?
Je pense de fait que ces politiques, au nom de la menace de déflation, préparent la crise de demain. Il faudrait remettre de l'ordre dans les systèmes bancaires, en partant d'une idée simple que la banque est une activité commerciale et qu'en tant que telle, elle doit être soumise à la sanction de la faillite en cas d'échec et de pertes accumulées.
Le "too big to fail", [trop gros pour être mis en faillite] qui garantit l'impunité aux banques est en train de transformer les banques centrales en des sortes de "bad bank" de l'irresponsabilité des années Greenspan. Cela atteint ses limites.

Léonarda et Ecomouv’, on s'en fout… Les six échecs qui constituent la vraie facture de François Hollande pour la France


François Hollande en chute libre n'est plus qu'à 15% de popularité. Si certains observateurs se focalisent sur ses erreurs de communication, le président de la République a commis des erreurs politiques beaucoup plus importantes pour l'avenir de la France. Petite liste non exhaustive.

Son erreur de diagnostic sur la crise actuelle

Alors que les Etats-Unis et le Japon ont identifié un problème de demande intérieure et opté pour des solutions monétaires, François Hollande, comme la plupart des dirigeants européen est resté bloqué sur une vision purement budgétaire de la crise. Une erreur de diagnostic qui empêche la France de retrouver le chemin de la croissance.
Jean-Charles Simon : Au moment de l’élection, il a dû penser comme beaucoup que la reprise allait s’affirmer en zone euro et en France. Alors que l’activité a rechuté en Europe fin 2012. Au-delà de ce ressac fort malvenu pour ses premiers pas budgétaires, c’est la dégradation structurelle de l’économie française sur longue période qui a été sous-estimée : perte de compétitivité de l’industrie depuis 15 ans, affaiblissement à l’export, fragilisation des entreprises illustrée par un taux de marge au plus bas... Dès lors, le pari d’un salut par une reprise "à l’ancienne" est très périlleux. Car le pays est piégé dans un triangle infernal dette / dépenses publiques / prélèvements obligatoires au plus haut, avec une croissance au mieux très faible. La fuite en avant dans les déficits étant contraire à ses convictions et sacrément osée face à l’Europe et aux marchés, et une réforme radicale du modèle français étant exclue de son logiciel, il ne lui reste que ce cabotage poussif au gré d’une incertaine consolidation de la reprise internationale…
 Depuis bientôt cinq ans, les autres grandes zones économiques ont identifié un problème de demande intérieure et non un problème de dettes ou de compétitivitéLa solution est donc monétaire
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/euro-bugs-virage-decisif-pourquoi-allemagne-est-loin-ne-devoir-excedents-qu-gestion-vertueuse-economie-et-que-pourra-faire-commi-898215.html#mOlf5hGTftTLZ06M.99
 Depuis bientôt cinq ans, les autres grandes zones économiques ont identifié un problème de demande intérieure et non un problème de dettes ou de compétitivitéLa solution est donc monétaire
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L' incompréhension du monde de l'entreprise

Si le président de la République, fait rare chez les gouvernants français, a fait HEC, sa connaissance de la réalité des petites entreprises semble limitée et sa politique fiscale excède les patrons. Dans ces conditions, son objectif d'inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année semble se transformer en mission impossible.
Christophe de Voogd : Je voudrais replacer ces sujets dans le cadre de trois remarques générales qui me paraissent essentielles :
1/ Il est un peu tôt pour établir ce qui ressemble fort à un bilan du quinquennat ! Admettons toutefois que sur la croissance, le chômage, la dette, la politique européenne, les choses sont déjà si mal engagées que la première partie du quinquennat se solde par un échec qui entraînera très vite, j’en suis convaincu, des bouleversements politiques.

2/ Il est très difficile de gouverner la France en ces temps de crise mais surtout parce que la culture politique française, la culture française tout court rend notre pays particulièrement en porte à faux avec la nature profonde de cette crise qui est une crise de compétitivité globale dans le cadre d’une nouvelle mondialisation. Or nous n’avons ni la culture de la compétitivité, ni celle du vaste monde ! Nicolas Sarkozy en a fait les frais en son temps. Au tour de François Hollande.

3/ Ceci dit –et ce qui explique le caractère bien plus rapide de l’échec du président Hollande, il a encore moins que son prédécesseur le logiciel qui convient à la situation : élevé dans les illusions du socialisme français, éduqué dans la mentalité étatiste et technocratique de la haute fonction publique, marqué par l’expérience du mitterrandisme, et doté d’un tempérament personnel peu enclin au choix tranché si celui-ci l’expose à un conflit avec ses proches, il est en complet décalage – un décalage de trente ans environ - avec les exigences de l’heure.

Concernant plus particulièrement le monde de l'entreprise, fait rare chez nos gouvernants : François Hollande a fait HEC et a enseigné l’économie. Mais les entreprises qu’il connait sont les grandes entreprises du CAC 40 et les entreprises nationales, où l’élite technocratique française détient les positions clefs. Mais ce qu’il ignore comme l’ensemble de notre classe dirigeante, c’est la vie quotidienne des PME : l’URSSAF, les problèmes de trésorerie, la relation-clientèle, le droit du travail etc…Les PME attendent encore "leur" président, même si Nicolas Sarkozy a fait des choses utiles comme le régime des heures supplémentaires ou la réforme de l’apprentissage ou du licenciement conventionnel.  Réformes presque toutes supprimées par François Hollande ! La création de la BPI incarne parfaitement cette vision à la fois dirigiste, technocratique et orientée vers les grandes entreprises, malgré les proclamations d’intention. Ou encore "l’usine à gaz" du Crédit compétitivité emploi (CICE), qui servira d’abord "les gros".
Jean-Charles Simon : François Hollande semble conserver du cours d’économie à Sciences Po qu’il faisait avec Pierre Moscovici, dans les années 1980, une vision macroéconomique très mécanique, où la vie ressemble à un schéma IS/LM. Et il raffole des mécanos fiscaux.Le CICE en est un exemple frappant. Il met 20 milliards sur la table, un gros dispositif, plus important que celui de la majorité précédente avec la TVA sociale ! Et il pense se jouer de la Commission européenne et de la contrainte des déficits avec un mécanisme de crédit d’impôt pour reporter sa charge budgétaire. Mais sans mesurer, par manque de culture microéconomique, qu’il perd du même coup l’essentiel de l’effet "choc de compétitivité" espéré et qui aurait pu résulter d’un allègement direct des charges. Car les entreprises n’y voient que complexité, décalage dans le temps et même aléa, compte tenu des pétitions de principe ajoutées par la majorité dans la loi. Au moment où elles ont cruellement besoin de cash ! Ajoutons enfin un tropisme très CAC40, alors que la réalité de ces groupes n’a pas grand-chose à voir avec celle des TPE et PME françaises.
Mathieu Mucherie : Les reproches économiques adressés à Hollande sont-ils pertinents ? N’ayant pas souscrit à l’appel des économistes de gauche en faveur de Hollande à cinq jours de l’élection de 2012 quand le candidat avait 10 points d’avance dans les sondages, et ayant même eu l’outrecuidance de me moquer un peu de leur texte ce qui m’avait d’ailleurs rapporté un certain nombre d’embêtements, je suis assez légitime dans ces colonnes pour tenter une défense en règle de Notre Président sur les dossiers économiques. Avec un peu de mauvaise foi, tout est possible. 
Pour ce qui est de la compréhension du monde de l'entreprise, depuis quand est-ce un prérequis ou une qualité pour un président en France ? Vous imaginez De Gaulle, Giscard ou Mitterrand avec une expérience de salarié ou de cadre moyen ou même de cadre dirigeant ? Comprendre l’entreprise n’est même pas indispensable à un économiste, les meilleurs (dont je ne fais pas partie bien entendu !) n’ayant jamais mis les pieds dans un secteur productif. Milton Friedman (qui n’avait pourtant aucune sympathie pour le bolchévisme) notait en son temps, et les choses n’ont pas du tout changé, que les patrons ne connaissent que des prix particuliers, des équilibres partiels et des détails misleading (statistiques n’est pas le pluriel d’anecdote), ils sont incapables de se livrer à une analyse macroéconomique, en équilibre général, intégrant les boucles de rétro-action et autres effets contre-intuitifs qui font le sel de la matière. Ces gens réclamaient un durcissement monétaire en pleine crise déflationniste des années 1930 (relire tous les Wall Street Journal de 1932 ou de 2009, un vrai supplice), et n’ont rien à nous dire d’intéressant en matière de prévisions. Sur les enquêtes de conjoncture réalisées à partir des sondages auprès des directeurs d’achats, Friedman disait : quand on veut savoir ce que les gens font, on ne les écoute pas, on regarde les actes. Les enseignants feraient bien de mieux connaitre l’entreprise (un gros effort à été fait par l’Institut de l’entreprise par exemple mais le chemin est long et la pente est rude), mais pour un président ce n’est pas la priorité. Les salariés sont victimes de l’illusion nominale, les financiers croient toujours que les taux vont monter (alors qu’ils passent leur temps à baisser depuis 30 ans) et les lobbyistes défendent rarement l’intérêt général : franchement, ne rien comprendre à tous ces gens lorsqu’ils défilent à l’Elysée n’est pas un drame. François Hollande ne comprend certes rien aux entreprises, mais il n’a pas été élu pour ça, et ce n’est pas son job, et qui parmi les apparatchiks du monde administrativo-politique hexagonal va lui jeter la première pierre ? L’important est qu’il ne fasse pas trop de dégâts car les PME françaises ont des marges étroites, des dettes importantes et aucune perspective de croissance du coté de la demande. Nul besoin d’un haut niveau de compréhension pour prendre conscience de cela et pour tenter quelques améliorations, il faut juste un peu de bon sens, de la modération fiscale et réglementaire. Il est vrai que, même avec cet abaissement des exigences en tête, ça part très mal depuis 18 mois. Mais tout n’est pas perdu, il reste plus de 3 ans…   


Le refus de diminuer les dépenses publiques

Selon la Commission européenne, le déficit du pays atteindra 3,7% en 2015, au lieu des 3% espérés. En cause, le choix du président de privilégier la hausse des impôts plutôt que de réduire les dépenses.
Christophe de Voogd : Claude Weil, peu suspect d’hostilité, vient de définir admirablement le "hollandisme" et donne une clef de lecture de bien des aspects du quinquennat en cours : celui-ci est fondé sur la double volonté d’éviter, d’un côté le chaos financier –d’où l’obsession budgétaire- et de l’autre le chaos social - d’où le refus de diminuer les dépense publiques. Refus qui a aussi de décisives motivations électorales vu la clientèle du PS ! Résultat : non seulement le matraquage fiscal mais surtout l’impossibilité de donner un cap ; car François Hollande avance en fait sur une ligne de crête entre deux précipices… position littéralement vertigineuse et donc invendable à l’opinion !
Jean-Charles Simon : Sur les dépenses publiques, c’est l’échec majeur. Car pour la France, la seule issue par le haut serait un choc sur les dépenses publiques pour permettre une baisse massive des prélèvements. Tout en dépend. Soyons justes, aucune majorité n’a un bon bilan en la matière au cours des dernières décennies. Pour une raison simple : l’essentiel du sujet, ce sont les dépenses sociales. Elles atteignent 32,5% du PIB à elles seules, un record mondial. Et tandis que les autres postes décroissent légèrement depuis 20 ans en part du PIB, ces dépenses progressent régulièrement. Mais les remettre en cause, c’est toucher au sacrosaint modèle social français. Et inéluctablement, pour être à la hauteur des enjeux, privatiser une partie des couvertures publiques santé et retraite. Des réformes engagées ailleurs, y compris dans des social-démocraties historiques ! Pour le reste, la gestion des administrations n’étant pas le fort de l’exécutif, qui aime mieux faire des lois, les coupes sont faites un peu à l’aveugle, en paupérisant les services touchés sans les réformer en profondeur.
Mathieu Mucherie : L'absence de réforme des dépenses publiques ? Ok, ça c’est plus gênant, car cela relève de son domaine. Sauf que le programme sur lequel il a été élu en 2012 était très clair : consolidation du socle bureaucratique traditionnel, calinothérapie des enseignants, appui aux collectivités locales, un petit geste pour tout le monde, etc. Le peuple a voté ! Et si le président souhaite conserver sa base électorale (la Fédération PS du Pas-de-Calais n’est pas composée que de jeunes entrepreneurs vifs et polyglottes), il n’a pas le choix, il lui faut dépenser beaucoup et n’importe comment. La plupart des gens qui lui reprocheront de céder (aux Bretons, aux DOM-TOM,…) ont fait ou ont laissé faire les mêmes choses. J’espère simplement qu’il ne multipliera pas trop les programmes hors-bilan, les garanties et autres dépenses cachées ou à retardement, pour qu’une vague imputation des responsabilités puisse encore se faire vers 2017. Mais "découvrir" fin 2013 que François Hollande est un peu plus dépensôlatre et un peu plus stato-centré qu’Alain Madelin, c’est franchement abuser. Du reste le champion de la compression des dépenses au cours de ce cycle a été Berlusconi (!!!), vous voyez bien que ça ne sert à rien de faire des efforts : ce n’est pas connu et a fortiori reconnu, et cela n’empêche pas de se faire virer par la BCE :

Les excès de la finance

En janvier 2012, François Hollande prononçait le discours fondateur de sa compagne, le discours du Bourget. "Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance", avait-il déclaré devant 20 000 partisans. 

Jean-Charles Simon : Il n'a rien fait contre les excès de la finance et il a eu raison !D’autant que celle-ci est très bienveillante, ce qui devient rare autour de lui… Qu’on en juge : les taux d’intérêt français, l’écart avec les taux allemands ou encore les CDS du pays ont reculé en 18 mois. Et les dégradations de Moody’s et Fitch, puis la seconde couche de S&P n’y ont rien changé. En vérité, il est assez impuissant sur les sujets pour lesquels la France ne peut agir seule. Mais il aurait pu être beaucoup plus audacieux sur sa loi bancaire, alors qu’elle est étrangement videTout comme la réforme de l’assurance vie va accoucher d’une souris. Et il freine même la taxation des transactions financières, en France comme dans l’Union : un comble ! Il me paraît craindre une fragilisation du secteur financier en France et ses conséquences – et il a raison. Et avoir surtout redouté une explosion de la prime de risque de la France sur les marchés, avec une crise à l’italienne, voire pire. Alors qu’à partir du moment où la BCE s’engageait à des interventions illimitées pour sauver l’euro, la France se retrouvait immunisée et arrimée à l’Allemagne, car il est difficile de concevoir la monnaie unique sans elle.

Mathieu Mucherie : Paris est une place financière secondaire, donc les excès y sont secondaires. Les choses sérieuses relèvent de la FED, de la Maison Blanche, du Procureur de New York, des autorités britanniques, de la BCE, de la BRI et de quelques autres instances. Le président de la République française est la cinquième roue du carrosse dans ce domaine. Il ne lui sera pas facile d’avoir une prise ne serait-ce que légère sur quelques dossiers sérieux. Il traîne en plus, quoi qu’il fasse, un certain nombre de handicaps :

1/ la misérable réputation de ses prédécesseurs qui tous un jour ont promis de "domestiquer la finance mondiale" (Chirac comparait la spéculation à un SIDA mental…),

2/ la grande dépendance de la France envers tous ces méchants financiers (nos déficits se transforment en OAT qui sont achetés… par nos "ennemis" !),

3/ divers boulets qui décrédibilisent, comme par exemple la "taxe Tobin" (qui fait se retourner James Tobin dans sa tombe). Il est vrai que François Hollande a aggravé son cas avec le projet mort-né de séparation des banques, ou avec la taxe à 75%, etc. Mais qui va lui lancer la première pierre ? Ceux qui ont surfé pendant 15 ans sur une fabuleuse bulle immobilière ?

 

L' absence de vision européenne

Après avoir tenté d'imposer un nouvel axe avec les pays du Sud, François Hollande semble de plus isolé en Europe. Le couple franco-allemand est au point mort et Angela Merkel est seule à la tête de l'Europe.
Christophe de Voogd : Sur ce point, l’échec est patent et sidère les observateurs bruxellois : le couple franco-allemand a quasiment disparu, laissant l’Allemagne seule en tête de l’Union. En 18 mois aucune initiative de quelque envergure. La chose est a priori surprenante car François Hollande a toujours été très engagé en matière européenne, seul sujet où il a vraiment imposé une ligne au PS en 2005. Comment comprendre l’inertie actuelle ? Je crois qu’elle s’explique d’abord par la faiblesse économique et le climat politique du pays qui l’empêche de peser autant qu’avant ; Mais assurément la campagne électorale allemande n’a pas favorisé les initiatives communes. Il est possible qu’avec l’entrée du SPD au gouvernement et les pressions qui s’exercent sur Berlin, les choses changent et permettent un compromis franco-allemand pour la relance européenne. Mais encore faut-il trancher à Paris sur la politique à suivre.
Mathieu Mucherie : Je ferais la même remarque que sur la connaissance du monde l'entreprise : ce n'est pas son job (en plus nos partenaires en ont parfois ras le bol de toutes ces « visions » françaises pour l’Europe !), pas sa plate-forme 2012, pas l’urgence. Mais là aussi il a aggravé son cas. En particulier avec son erreur de diagnostic sur la nature de la crise (crise monétaire et non budgétaire), même si cette erreur est faite par à peu près tout le monde elle est très grave. Elle enferme dans une impasse budgétariste du type "damned if I do, damned if I don’t". Si on réduit les déficits, on accentue la crise de la demande et les pressions déflationnistes qui vont compliquer le remboursement des dettes, mais si on ne les réduit pas un peu on passe encore plus pour des menteurs et des laxistes et on sent bien que le crédit de la France n’est pas infini. Alors que seule une détente monétaire permet de s’en sortir par le haut dans de telles circonstances. Montebourg évoque parfois l’euro trop cher, mais il faut dire que cela n’empêche pas vraiment les nomenklaturistes BCE de dormir. Hollande devrait l’appuyer et ne pas laisser ce terrain au couple Mélenchon Le Pen, mettre le peu de crédit qui lui reste dans cette bataille (une bataille noble si elle est couplée à quelques réformes, c’était celle de Jacques Rueff !), trouver quelques alliés (avec la récession partout en Europe, c’est possible), faire de la pédagogie, pointer les contradictions et les mensonges de la Bundesbank, parler du scandale de M3 à 2%/an, contraindre l’institution de Francfort à quelques progrès de transparence… et alors, là, on pourra le saluer bien bas, et célébrer sa vision européenne, et tout et tout. Mais je rêve peut-être…

La mauvaise gestion du dossier syrien et la perte d'influence de la France dans le Monde

Le président de la République avait acquis une certaine crédibilité sur le dossier malien. Mais ses erreurs stratégiques sur le dossier syrien l'ont marginalisé face à Obama et Poutine. Surtout, François Hollande s'est écarté du rôle géopolitique historique de la France.
Jean-Bernard Pinatel : Le dossier syrien ne marque pas les limites de l’influence française comme l’a soutenu Natalie Nougayrède dans Le Monde du 1er Octobre. Ce sont les trois erreurs politiques et stratégiques commises par François Hollande dans ce dossier qui ont affaibli l’influence de la France dans le Monde.
La première erreur du chef de l’Etat est d’avoir réagi trop vite dans l’émotion et d’avoir attribué immédiatement, dans sa pensée et probablement dans le cercle de ses proches,  le crime au régime Syrien. Et ce, alors qu’il ne disposait d’aucune information vérifiée par nos services qui n’avaient pas eu le temps nécessaire, ni pour recueillir des preuves sur le terrain, ni pour confronter leurs analyses avec les services amis. Il enclenchait ainsi un processus pervers dans son entourage dont le rôle n’était plus de l’informer objectivement mais de conforter le discours présidentiel, au besoin en déformant la réalité[1].
La seconde erreur est de s’être satisfait, voire d’avoir été flatté de se trouver seul en tête à tête avec Obama. Et de n’avoir pas compris que le président américain, auto-piégé par l’évocation d’une ligne rouge à ne pas franchir,  n’avait aucune envie de s’engager dans  l’aventure syrienne sans preuves formelles et au moment même où il était en plein combat avec l’aile droite républicaine du Sénat qui refusait de voter le budget. Ainsi François Hollande n’a jugé bon d’explorer d’autres options envisageables ni avec nos partenaires européens ni avec la Russie.
La troisième erreur est une conséquence des deux premières.  Il s’est écarté du rôle géopolitique de la France : être un moteur dans la construction d’une unité diplomatique et militaire de l’Europe, qui seule peut établir un pont entre les intérêts diamétralement opposés de la Russie et des Etats-Unis dans cette partie du Monde. Il a ainsi ouvert la porte à la proposition Russe qui l’a mis immédiatement hors-jeu, les Américains et les Russes discutant ensemble sur les termes de la résolution à présenter au Conseil de sécurité. Par sa réaction hâtive, Hollande s’est écarté du rôle que l’on attend de la France dans la communauté internationale : aider les victimes, faire une pression égale sur les belligérants pour les amener autour d’une table de négociation. Eviter de rajouter la guerre à la guerre  par une intervention ou en distribuant des armes aux rebelles car on ne peut jamais contrôler dans quelles mains elles aboutiront finalement. Comme le montre les défections de plusieurs unités de l’ASL qui viennent de rejoindre les katibas djihadistes.
Ces trois erreurs ont affaibli l’influence de la France dans le Monde et ont fait perdre à François Hollande la crédibilité qu’il avait acquise dans le dossier malien.


[1] Il se murmure dans les cercles militaires que les analystes de la DGSE sont furieux de ne  pas avoir retrouvé, dans le texte qui a été distribué aux médias, les conclusions de l’étude qui avait été transmises au cabinet du ministre de la Défense.

La machine antiraciste à plein rendement

La machine antiraciste à plein rendement


« C’est la République qui est insultée. La une de Minute est un crachat au fronton de nos mairies », s’insurge, non le maire de Champignac, mais Maurice Ulrich dans L’Humanité. Puisse-t-il retrouver pareille fougue la prochaine fois que la Marseillaise sera sifflée dans un stade ou que le drapeau français sera sali par un rappeur !
La République en danger ! La « déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français des Outre-mer », Sophie Elizéon, appelle à l’union des « patriotes », des « républicains » et des « démocrates de tous bords ». Ça va faire du monde. L’ancien secrétaire d’Etat Kofi Yamgnane déclare avoir trois cartons pleins de lettres d’injures et de menaces de mort qui remontent à son passage aux affaires publiques et se souvient avoir été qualifié de singe par des syndicats ouvriers (mauvais exemple).
Une contre-vérité
Une autre ancienne secrétaire d’Etat, Rama Yade, confesse avoir elle aussi reçu « des lettres avec des dessins de singe », mais elle les jetait à la poubelle.
Que la une de Minute compare Taubira à un singe est une contre-vérité serinée. Comme l’explique Jean-Marie Molitor, le directeur de publication : « C’est un jeu de mot horrible, du mauvais goût à l’état pur. Mais c’est un comique bien français, on dit bien malin comme un singe. » Du mauvais goût et du comique français ? On a plutôt l’impression que le rédacteur des blagues Carambar a participé à l’élaboration de ce numéro. Passons, le vrai est que le Garde des Sceaux n’est pas comparé à un singe.
Cela n’a pas empêché SOS Racisme, la Licra et le Mrap de porter plainte (pour incitation à la haine raciale ou injure raciale). « En ordre dispersé », précise l’AFP, avec un comique involontaire. Et le Premier ministre de saisir le procureur. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « injure publique à caractère racial ».
Lubrification
Tous les rouages de la machine antiraciste tournent avec une lubrification maximale. Les roues dentées des médias, les pistons de la classe politique, les courroies des intellectuels nous moulinent, bruyamment, une « affaire » supposée nous faire dresser les cheveux. Entre tous, Mélenchon a le meilleur rendement. Il aperçoit « tous les monstres » derrière Marine Le Pen, à savoir : « Les identitaires, les bagarreurs de rue qui tuent Clément Méric, les barbares qui font le journal Minute, et ainsi de suite. Sans oublier la bienpensance catholique, apostolique et romaine, qui traite de guenon une ministre en trimbalant ses gosses et les tenant par la main. »
La presse ressasse les paroles d’un enfant, lors d’une manifestation anti-« mariage » gay, en octobre à Angers. Les mots d’enfant doivent-ils être traduits en justice ? La comparaison simiesque, par une frontiste, est elle aussi rappelée. Pour le coup, la machine antiraciste avait eu des ratés. Elle patinait. Avoir crié au loup pendant trente ans et, le moment venu, se trouver muette ou presque, c’était mal justifier des subventions reçues. Grâce à Minute, la machine antiraciste peut de nouveau crier au loup. Elle n’est faite que pour cela. Son ignorance délibérée du racisme anti-français et anti-blanc le confirme.