TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 6 mars 2012

NKM cible les trous noirs du programme de Hollande

Ce mardi, la porte-parole de Nicolas Sarkozy Nathalie Kosciusko-Morizet a mené un procès en "imprécisions" et en "contradictions" à François Hollande. Mais si les critiques sont souvent légitimes, elles peuvent aussi se retourner contre le candidat sortant. 

L'UMP a-t-elle rangé la mauvaise foi au placard? Depuis plusieurs semaines, la majorité cherche à montrer les contradictions, voire les incohérences dans le projet de François Hollande. Mais le plus souvent, la caricature fausse la justesse des critiques. Or, ce mardi, Nathalie Kosciusko-Morizet a livré une série d'imprécisions du candidat PS à la fois justes et pertinentes. 
Elle a tout d'abord rappelé, concernant les 60 000 nouveaux postes que François Hollande veut créer dans l'éducation nationale, que ce dernier tarde à révéler les secteurs de la fonction publique qui seront concernés par les redéploiements de fonctionnaires
Elle a ensuite suggéré à François Hollande de clarifier son projet de réforme du quotient familial. Car si sa suppression n'est plus d'actualité, le candidat socialiste n'a en revanche pas encore dit quelles familles seraient concernées par la baisse du plafond. 
Après les trous noirs de son programme, la porte-parole de Nicolas Sarkozy a ensuite mené un procès en contradiction à François Hollande. 
Accusé François Hollande, levez-vous!
Elle n'a bien sûr pas oublié de mettre en parallèle la proposition de François Hollande de taxer à 75% les revenus au-delà d'un million d'euros avec les propos contradictoires qu'il tenait en janvier 2011 lors d'un débat avec l'économiste Thomas Piketty. "L'image d'un taux confiscatoire sur une toute petite fraction des contribuables n'aura aucun effet -alors là, on est sûr des effets de délocalisation-, ne produira aucune recette", pensait-il alors. 
Elle a par ailleurs ironisé sur le double discours qu'il tient sur la finance. A Paris, il en parle comme d'un ennemi, mais à Londres, en revanche, il se dit bien plus mesuré
Nathalie Kosciusko-Morizet a également énuméré les variations de positions du candidat socialiste sur les alternatives à Hadopi, comme la licence globale qu'il avait initialement proposé avant de se rétracter. L'engagement 45 de son programme ayant été corrigé à ce propos faisant disparaître l'idée d'une contribution de la part des usagers. 
Parlons des femmes...
Mais dans l'art de changer d'avis, la droite est-elle la mieux placée pour faire le procès de François Hollande? Car dans ce domaine, Nicolas Sarkozy excelle depuis plusieurs années. Droit de vote des étrangers aux élections locales, retraite à 60 ans, encadrement militaire ou encore redevance audiovisuelle, la liste des revirements de Nicolas Sarkozy est longue
Nathalie Koscisuko Morizet a voulu finir par ce qu'elle nomme "la perle de la semaine" à savoir la promesse de parité gouvernementale de François Hollande. Vendredi dernier, après avoir fait cette annonce, le candidat socialiste a eu ce propos quelque peu ambigu: "Je ne veux pas dire que les responsabilités seraient les mêmes" (entre les hommes et les femmes, ndlr). NKM demande donc à François Hollande quelle doit être la vraie place des femmes? Une question qu'il serait aussi judicieux de poser à l'UMP qui paye chaque année environ 4 millions d'euros d'amende pour non-respect de la parité

La réussite, c'est quoi pour vous ?

Existe-t-il une définition universelle de la réussite ? 3.000 entrepreneurs, cadres supérieurs, hommes et femmes, interrogés dans dix pays par l'Essec, la grande école de commerce, montrent que le sentiment de réussite est fondé sur des valeurs plus humaines que matérielles. Plus collectives qu'individuelles. Cette enquête menée par l'institut CSA semble sonner le glas d'une société individualiste, inscrite dans la performance. L'idéologie du succès recule. La "vie bonne" progresse.

"Amour, gloire et beauté" : le concept de la réussite en trois points a vécu. Désormais les actifs de la planète n'en garderont qu'un item : l'amour. Pour le reste, les priorités ont bien changé. Y compris celles de gagner beaucoup d'argent ou d'occuper un poste en vue. C'est, en résumé, ce que révèle une étude de l'Essec menée par l'institut CSA auprès de 3.000 actifs CSP+ de dix pays différents. Tous ont, globalement, à leur stade, le sentiment d'une vie réussie. « Quelle réussite si, avant la fin de sa vie, on ressemble, même de loin, à ce que l'on a toujours voulu être », disait Marcel Jouhandeau. Les Français - pas si dépressifs que cela - se placent en deuxième position, juste derrière les Indiens et devant les Américains, les Allemands et les Britanniques. Et c'est dans l'insertion harmonieuse au sein d'un cercle de proches (famille, amis, collègues) que cette impression se caractérise le mieux, et ce, de façon universelle - la famille étant le lieu de satisfaction maximale dans les dix pays confondus. En revanche, la réussite personnelle dans des domaines plus individuels, tels la vie amoureuse et la vie professionnelle, est moins revendiquée. Sans doute deux sphères où les enjeux sont forts et où le sentiment de plénitude reste incertain.
À bas le star système
Unanimement et étonnamment, la célébrité ne fait plus rêver. Dans neuf pays sur dix (sauf en Inde), elle arrive au dernier rang des objectifs à atteindre pour réussir sa vie. Fini les années frime. La télé-réalité et les déboires des stars dans la presse people ont terni les lauriers de la gloire. Les scandales des grands de ce monde aussi, illustrant magistralement le constat de l'écrivain Julien Green : « Rien ne ressemble plus à des vies ratées que certaines réussites. » La crise a laissé des traces. Pour preuve, aux États-Unis, le fait de vivre en conformité avec des principes moraux arrive en objectif numéro un pour 97 % des sondés, alors que seulement 20 % accordent crédit à la célébrité.
Le pouvoir est, lui aussi, totalement distancé par l'envie de se battre pour une grande cause humanitaire, de monter un projet ou de servir l'intérêt général. Et le narcissisme ambiant en prend pour son grade : laisser derrière soi une oeuvre n'est pas un objectif important et tient l'avant dernière place devant la célébrité.
On est loin des moteurs habituels attribués aux leaders. Arrivés à un certain niveau de réussite, les objectifs de ces sondés CSP+ ne sont donc plus, comme dans les années 1970 et 1980, d'aller vers le « toujours plus ». Faire une belle carrière professionnelle et gagner de l'argent sont moins satisfaisants à leurs yeux que d'avoir une famille heureuse (96 %), de vrais amis (95 %), du temps libre (93 %), et de vivre en conformité avec des principes moraux (91 %). Peut-être est-ce aussi ce qui manque le plus à ceux qui font déjà la course en tête ? Il n'y a qu'au Brésil et au Maroc où la carrière est signe d'une vie réussie, et en Inde où elle décroche la première place - « là où finalement les individus sont empêchés parfois de se réaliser professionnellement comme ils le souhaiteraient », relève Pierre Tapie, directeur général de l'Essec et président de la Conférence des grandes écoles. Et lorsqu'il est question de sacrifier quelque chose à sa vie professionnelle, on renoncera unanimement au temps libre, aux rêves, au plaisir au travail, mais certainement pas à la santé, aux principes moraux, et à la vie amoureuse ou familiale.
Ensemble, c'est mieux
À la lecture de ce sondage, se dessine donc, en creux, une certaine idée de la réussite. De fait, elle donne le « la » des aspirations des managers internationaux d'aujourd'hui. Et, avec elles, leurs priorités. Le sociologue François Dupuy se souvient d'une de ses études, parue en 1974, dans laquelle les trois quarts des cadres supérieurs plaçaient la vie professionnelle au summum de la réussite. Aujourd'hui, loin de s'enraciner dans un gros salaire ou une belle carte de visite, la réussite prend son sens dans les relations de travail. Interrogés sur ce qu'ils estiment avoir pour l'instant le mieux réussi dans leur vie professionnelle, les cadres de neuf des dix pays étudiés répondent unanimement : les relations avec les collègues.
Primordial désormais : s'entendre avec ses voisins de bureau, ses n+ et ses n-, tous ceux dont on partage le quotidien. Reflet d'une difficulté croissante à être bien ensemble ? Sentiment de consolation quand la pression est à son comble et que le monde des affaires est tendu comme une corde ? « C'est beaucoup plus que cela, estime Pierre Tapie. L'importance des relations entre collègues est à rapprocher des critères de décision lors des recrutements où la qualité de vie au travail prime désormais sur le salaire. »
Le niveau de responsabilité est lui aussi essentiel pour nourrir le sentiment de réussite - bien loin devant la reconnaissance, le niveau hiérarchique... et le salaire, domaine où le sentiment de réussite fait clairement défaut. C'est vrai aux États-Unis, au Brésil en Inde et au Maroc. Et, en Allemagne, en Russie et au Royaume-Uni, on s'estime davantage capable de se mettre en valeur individuellement alors que, en France, en Chine et à Singapour, on avoue moins bien réussir à sortir du lot.
En France les « Calimero » sévissent donc encore dans le monde professionnel. En témoignent les atouts que les Français accordent à la réussite ! Quand 8 pays sur 10 placent l'intelligence au sommet de la pyramide, les Français et les Chinois notent de leur côté « les relations et le réseau » comme élément stratégique pour réussir sa vie professionnelle. Ce qui, en Chine, s'explique par l'importance des « guanshi », passe, en France, pour une crainte de ne pas avoir assez de relations. Faisant écho à l'idée communément admise selon laquelle, sans réseau, on n'existe pas professionnellement. « Cela en dit long sur le désarroi de la méritocratie à la française », relève Julien Carette, directeur général adjoint d'Euro RSCG.
Signes extérieurs de réussite
Qu'on se rassure cependant : le Français se révèle somme toute assez généreux. Passionnante, la question qui oppose « créer et accumuler de la richesse » à « créer et distribuer de la richesse » dans les critères de réussite. Pour 59 % de ces Français CSP+, réussir sa vie professionnelle, c'est avant tout « créer et savoir distribuer ». Un avis partagé par les Anglais (50 %), les Américains (51 %), et les Allemands (51 %), dans une moindre mesure par les Indiens (42 %) mais encore mieux apprécié des Brésiliens (79 %) et des Marocains (83 %). Seuls les Chinois affirment à 79 % préférer « créer et accumuler de la richesse », quand la même proportion de Russes opte pour la redistribution des richesses comme critère de succès !
Mais c'est encore le rêve de devenir entrepreneur qui agite la plupart des managers des pays émergents. Ce qui n'est plus aussi désirable en Europe et aux États-Unis. Alors qu'on imagine souvent les Français adeptes de la création d'entreprise, ils sont 59 % à estimer que faire carrière dans une entreprise est plus un signe de réussite que de monter sa boîte.
Et ce n'est pas la carrière dans un grand groupe qui témoigne de ce succès : 62 % des Français interrogés placent la petite entreprise en tête de leurs aspirations. Comme 60 % des Américains, 57 % des Marocains et 55 % des Allemands. À l'opposé, 65 % des Indiens, 69 % des Russes et des Chinois portent le grand groupe au pinacle. Signe que, en France, la souffrance au travail dans les grands groupes est passée par là ? Signe aussi que les PME permettent plus aujourd'hui de réaliser le fameux équilibre vie privé/vie professionnelle qu'ils appellent de leurs voeux ? « Preuve, en tous cas, que les critères de réussite restent très individuels, alors même que les modèles de réussite communément admis continuent de faire valoir la performance et l'argent », note Julien Carette.
Un bémol toutefois : lorsqu'il s'agit de savoir s'il vaut mieux monter en responsabilité et progresser personnellement, ou déléguer et faire progresser les autres, la majorité vote pour le premier choix, accusant du même coup un individualisme encore vivace. Et ce, d'autant plus qu'il s'agit de managers et d'entrepreneurs. Autant d'éléments dont devront s'inspirer les directions d'entreprise pour faire évoluer leur gestion des ressources humaines. À commencer par un effort porté sur la revalorisation des fonctions managériales.
Et si Bill Gates apparaît spontanément dans tous les pays, en point d'orgue, comme la personnalité ayant le mieux réussi, c'est qu'il incarne cet entrepreneur complet ayant su faire de son entreprise un groupe mondial et performant tout en décidant, à partir d'un certain niveau de richesse, d'en redistribuer une partie. Consensus qui illustre à merveille à quel point les cadres ont à coeur de conjuguer la performance avec autre chose que la richesse matérielle, même si, en France, l'ambivalence reste reine et les repères brouillés - ainsi, des figures de la réussite où Zidane côtoie Steve Jobs, Strauss Kahn, Mark Zuckerberg, voire Gandhi !
Faut-il regarder ces résultats avec un certain optimisme ? Les CSP+ interrogés prouvent combien la crise a bousculé leurs repères. La prise en compte et l'acceptation de la pluralité dans les paramètres de la réussite dénotent une nouvelle forme de « sagesse ». Lorsqu'en 2002, le philosophe Luc Ferry, alors ministre de l'Education Nationale, s'interrogeait dans un livre « Qu'est-ce qu'une vie réussie ? », il tentait d'indiquer les raisons pour lesquelles une « vie bonne », réussie au sens philosophique, ne saurait se réduire à la réussite sociale... et suscitait un certain scepticisme. Les religions, mais aussi les grandes visions philosophiques du monde, sont en effet toujours parties de la conviction qu'une vie bonne ne se mesure pas à l'aune des seuls « succès » mais qu'elle doit être une vie accomplie, une vie qui a du sens. C'est justement cette quête-là qui semble émerger aujourd'hui de ce sondage. À l'entreprise et aux institutions d'y apporter désormais de nouvelles réponses.

Pierre Tapie,
Directeur général de l'Essec et président de la Conférence des grandes écoles


"Cette étude va nous faire réfléchir longtemps"

La grande école de commerce internationale a souhaité engager, à travers ce questionnaire très complet, une exploration de la notion de réussite et de ses composantes à travers le monde.
Pourquoi une étude sur le thème de la réussite ?
À l'Essec, notre objectif est de développer chez nos étudiants leur singularité pour libérer leur potentiel. Le parcours pédagogique est personnalisé. Nous estimons que, dans un monde instable et volatil, ceux qui apporteront quelque chose à la société seront des gens dont le projet sera clair et qui auront été correctement accompagnés dans ce sens. Cette étude est pour nous un moyen de mieux comprendre les aspirations des 38 % de nos étudiants étrangers (1.600 sur 4.200) qui viennent de 85 pays différents pour saisir leurs contextes culturels ainsi que les invariants de la réussite. Nous allons ainsi augmenter la profondeur de certains champs et varier les modes d'éclairage sur d'autres. C'est une matière riche à réflexion.
Qu'est-ce qui vous frappe le plus dans ces résultats ?
Les dernières places occupées par la célébrité et le pouvoir dans les critères d'une vie réussie, et l'importance accordée au fait de défendre l'intérêt général ou de servir une grande cause. Les valeurs portées par une génération de 35-45 ans polarisés par l'argent et la réussite professionnelle sont en train d'être dépassées par celles de la suivante, qui recherche l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, ainsi que par celles des jeunes diplômés que j'observe, très investis dans les questions publiques et l'entreprenariat social. Beaucoup de jeunes jouent collectif au sein de leur tribu, dans un désir de servir la collectivité. On cherche depuis longtemps à réconcilier l'économie avec le social à l'Essec et à trouver leur cohérence profonde avec les besoins du monde.
L'importance du réseau avant l'intelligence chez les Français, est-ce une critique du système élitiste des grandes écoles ?
On sait bien que les réseaux comptent plus aux États-Unis qu'en France, or ce critère arrive loin derrière l'intelligence chez les Américains. Regardez aussi la Russie, où l'intelligence sort avec 82 % et les relations 50 % ! Comme au Maroc. Ces réponses témoignent plus d'une perception du sujet que de la réalité. Même si l'on observe, comme ici, un certain nombre de croyances et de projections, les résultats sont proches de ce que je constate quotidiennement dans l'école. La planète ne va pas bien mais ces jeunes actifs, qui sont pour la plupart « en situation », ont l'air d'en avoir conscience et de vouloir se saisir du problème. Et c'est une bonne nouvelle.
Propos recueillis par Sophie Péters
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L'avis du sociologue
François Dupuy, sociologue des organisations, auteur de "Lost in Management" (Seuil)

Le monde des gens installés face à celui des bâtisseurs
Quand, dans les pays émergents, plus de 80 % des CSP+ [catégories socioprofessionnelles supérieures, Ndlr] interviewés sont prêts à consentir à des sacrifices, contre à peine plus de la moitié dans la vieille Europe et aux États-Unis, on voit clairement s'affronter deux modèles. D'un côté, celui de l'Occident, avec des gens installés et une réussite déjà acquise qui les rend moins prompts à renoncer à quoi que ce soit. Et, de l'autre, celui des pays émergents, davantage prêts à s'oublier pour construire leur avenir. Cette situation est préoccupante pour les entreprises car toutes les études sociologiques montrent que ce n'est pas avec les gens bien installés que l'on fait bouger les choses, mais avec ceux qui sont au contraire prêts à tout bousculer.
Un retour vers le collectif, signe de protectionnisme
L'individualisme s'est toujours développé dans des phases de croissance. Dans les moments de crise ou les phases incertaines, les mêmes personnes ressentent tout d'un coup l'envie de se serrer les coudes et opèrent un retour vers des valeurs plus collectives. Il faut contextualiser ces résultats car ils sont très liés à l'incertitude du monde actuel et ils montrent que l'on va vers un basculement que l'on ne maîtrise pas. Ce qui est flagrant, c'est que « l'ère Bernard Tapie » est révolue ainsi que le « Me Myself and I ».
Bill Gates, icône de la réussite
Le fondateur de Microsoft est à la réussite économique ce que Dieu est à la vie spirituelle : une icône. C'est le premier homme d'affaires à incarner la réussite dans le monde économique. Son universalité est stupéfiante et montre que les progrès à accomplir se situeront dans la capacité des managers à faire travailler les hommes autrement, à croire en eux, en les débarrassant de ce qui favorise le cynisme et l'irresponsabilité.

Les secrets de ces entreprises qui font rêver leurs employés

Meilleure autonomie des employés, esprit de cohésion, sentiment d'avoir une "mission"... Les recettes de ces entreprises "où il fait bon travailler" paraissent plutôt simples. Et elles paient puisque ces compagnies réalisent aussi des bénéfices plus élevés que la moyenne.

Plus les employés sont “heureux” au travail, plus l’entreprise est performante. A priori, ce lien semble évident. Sauf que le bien-être des salariés n’était, jusqu’à récemment, qu’une donnée parmi d’autres, rarement une priorité. Ce n’est plus le cas, à l’heure où les “risques psycho-sociaux” font l’objet de débats nationaux après une série de suicides d’employés de grandes entreprises comme France Télécom.
Une étude menée par le cabinet de conseil Bain & Company, sur les entreprises “où il fait bon travailler”, détaille le lien entre l’engagement des employés, leur enthousiasme et la performance des entreprises pour lesquelles ils travaillent.
Des bénéfices deux fois plus élevés
Premier constat : les entreprises du classement établi annuellement par l’institut Hay font des bénéfices jusqu’à deux fois et demi plus importants que les autres. D’autres classements de ce type paraissent régulièrement comme celui du “Great place do work institute” qui place PepsiCo, Microsoft et Leroy Merlin dans le Top 3 des entreprises où la satisfaction des employés est la plus élevée en France.
L’autre point commun de ces compagnies “admirées”, c’est qu’elles offrent à leurs clients un niveau de satisfaction tel qu’ils deviennent par la suite promoteurs de la marque. Elles ne feraient pas que répondre au minimum d’attentes exigé en offrant des produits et des services de qualité mais feraient “plus”. En clair, elles seraient des entreprises qui font rêver.
Trouver un sens à son travail
Quel est donc le secret de ces entreprises jouissant d’une si bonne image auprès de leurs clients pour que leurs employés aussi soient enthousiastes ? Là encore, les fondamentaux de base, comme le salaire et les conditions matérielles, sont à respecter. Mais, “ce qui fait passer à l’étape supérieure, celle où les employés sont vraiment très heureux, c’est lorsqu’il existe dans l’entreprise une communication quasi obsessionnelle sur sa mission", explique Domenico Azzarello, associé chez Bain& Cie et responsable de cette étude sur les liens entre engagement professionnel et performances de l’entreprise.
Les messages sont simples : telle société de vente en ligne ne fait pas que livrer de vulgaires chaussures à domicile, non, elle “livre du bonheur”. Telle banque ne fait pas que gérer les comptes de ses clients, elle “facilite la vie des gens”. Tel gourou du "high tech", à ses débuts, ne fait pas qu’inciter ses salariés à bien vendre des ordinateurs, il leur propose de l’aider à “changer le monde”.
Pourtant, nul besoin d’être un dirigeant charismatique pour insuffler à ses troupes la motivation nécessaire pour “faire rêver”. “Les entreprises classées parmi celles où les employés sont les plus heureux ne sont pas forcément dirigées les PDG les plus extravertis”, note ainsi le consultant de Bain & Cie.
L’exemple d’Apple revient d’ailleurs fréquemment comme “modèle” de management efficace. “Après le recrutement, nous sommes réunis pour un stage où l’on nous apprend notamment qu’il vaut mieux perdre du temps avec un client, qu’il reparte content et informé sans rien avoir acheté plutôt que de vouloir à tout prix faire du chiffre“ raconte Frédéric, vendeur dans une enseigne de la marque. Toutefois, le tableau n’est pas idyllique. Ici, plutôt que d’offrir un niveau de salaires un peu plus élevé en adéquation avec les résultats de l’entreprise, c’est l’ambiance qui est privilégiée et trois jours de vacances en bonus offerts par le patron.
Autonomie et considération
Outre le sentiment de trouver un sens à ce qu’ils font, les employés de ces entreprises “où il fait bon vivre” mettent en avant leur niveau d’autonomie ainsi que la considération dont ils font l’objet pour expliquer leur opinion favorable. Là encore, cela semble évident, mais ils manquent à bien des salariés dans les autres entreprises. Le baromètre sur le bien-être au travail établi par lpsos pour La Tribune, le 4 avril,  fait état de ces lacunes. Si 64% des gens se déclarent satisfaits de leur niveau de bien-être au travail, ce dernier aurait tendance à se détériorer, surtout chez les cadres. Parmi les causes de cette dégradation : des niveaux de stress élevé et un manque de reconnaissance. Ainsi, 62% des sondés affirment être stressés.
Plus globalement, en France quelque 60% des salariés interrogés par le cabinet Forrester avouent déconseiller à leur entourage de travailler un jour dans leur compagnie, selon une étude internationale parue fin 2010. C’est bien pire qu’en Allemagne où 40% des employés ont une telle opinion négative.
Une meilleure reconnaissance du travail effectué, une formation adéquate des managers ou encore la “valorisation des performances collectives” figurent toutes dans la liste des mesures préconisées par le Rapport sur le bien-être et l’efficacité au travail remis en février au Premier ministre. Toutes ces solutions, logiques, font déjà partie des “secrets“ des entreprises où il fait bon travailler.
Marina Torre - 27/04/2011, 16:07  | 
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Ces pays d'Europe où les femmes dirigeantes gagnent plus que les hommes

En Europe, l'écart de salaire médian des dirigeants d'entreprise reste élevé : 22%. Mais, selon l'étude du cabinet Mercer parue ce mardi, l'écart s'inverse dans deux pays du continent où les femmes gagnent 3 à 5% de plus que les hommes.

En Europe, le plafond de verre résiste toujours... sauf en Russie et en Bulgarie. Dans les entreprises du continent, les cadres restent des hommes dans 71% des cas, selon une étude publiée ce mardi du cabinet Mercer, spécialisé en ressources humaines. Surtout, l'écart salarial, à niveau de compétence égal, reste fort sur le continent. Les femmes dirigeantes gagnent en effet 22% de moins que les hommes en moyenne.
Toutefois, l'inégalité se renverse dans deux pays. Les cadres dirigeantes Bulgares reçoivent ainsi une rémunération totale 5% plus élevée que leurs équivalents masculins. Quant aux Russes, elles gagnent 3% de plus que les hommes, à compétences égales.
Beaucoup moins bien loties, en revanche, les Allemandes gagnent 22% de moins, primes et bonus compris, que leurs homologues masculins. L'écart de salaire de base est moindre : 10%. Sans doute plus souvent disponibles en dehors des heures habituelles de travail, les hommes disposent de plus de temps pour augmenter considérablement la part variable de leur salaire. Dans le reste de l'Europe de l'Est, les femmes perçoivent une rémunération 18% moins élevée en Lituanie, suivie par la Roumanie (-14%), la Hongrie (-13%), la Serbie (-12%), la Slovaquie (-11%), la Pologne (-10%) et enfin, la République Tchèque et l'Ukraine (-5%).
Les Autrichiennes, les Suédoises, ainsi que que les Espagnoles ex aequo avec les Grecque figurent également parmi les Européennes subissant le plus fort écart de salaire avec 20% à 18% de moins que leurs pairs masculins.
14% de différence en France
En France, les écarts sont les mêmes, que ce soit en rémunération totale ou en salaire de base : les femmes dirigeants gagnent 14% de moins que les hommes. Selon Mercer, dans l'Hexagone, "la nature des fonctions, l'ancienneté ou l'expérience expliquent davantage que le sexe les écarts salariaux".
En terme de rémunération totale, les Pays-Bas se classent au même niveau que la France avec une différence de 14% au profit des hommes. Danemark, Irlande, Italie, la Finlande, le Royaume Uni et le Portugal enregistrent des écarts de 12 à 9%. Les plus égalitaires sont la Norvège (-8% par rapport aux hommes), la Suisse (-7%) et la Belgique (-6%).

Très faible écart en Turquie
L'étude portait également sur des comparaisons en dehors de l'Europe. Au Moyen-Orient et en Afrique, les femmes sont moins bien payées en rémunération totale que leurs pairs masculins au Maroc (-15%), aux Emirats Arabes Unis (-12%) et en Turquie (-1%). Au Qatar, les femmes perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 38% à celle perçue par les hommes. En Arabie Saoudite, "il n'est pas possible d'établir une comparaison (...) en raison du nombre trop faible de femmes dirigeants", dit encore cette étude.
L'enquête porte sur les salaires "médians" (autant de personnes gagnent plus, autant gagnent moins) des hommes et des femmes, en "salaire de base" et en "rémunération totale" pour les membres des comités exécutifs des entreprises.

Les lolitas, ces créatures qui inquiètent 


Les lolitas, ces petites filles froufroutantes qui s'habillent comme des grandes, se trémoussent comme des divas et se maquillent comme des stars, portant sacs à main et bikinis avantageux, sont tendance. Elles ont même tendance à énerver Chantal Jouanno, sénatrice UMP, qui dans un rapport s'alarme de « l'hypersexualisation » des enfants prépubères de moins de 12 ans. Le phénomène est attesté par des spécialistes qui pointent l'intrusion précoce de la sexualité dans les vêtements, les codes, les expressions. Il nuit à leur construction et leur équilibre, favorisant les conduites à risque telle l'anorexie ; il mérite donc d'être pris au sérieux. S'il s'agit de souligner les dérives de la mode et le marketing agressif des marques de prêt-à-porter qui mettent en scène des fillettes photographiées dans des tenues suggestives, le rapport Jouanno fera consensus. Transformer l'enfant en adulte et utiliser son image pour en faire l'égérie d'une enseigne, le phénomène est condamnable. L'instrumentaliser en jouet érotique ou en objet mercantile, lui enseigner la futilité, voilà qui n'est guère susceptible de protéger son identité ou de réussir son éducation. S'il s'agit, en recommandant le rétablissement de l'uniforme à l'école ou l'interdiction des concours de mini-miss, de sombrer dans le puritanisme, le rapport se fourvoie. On ne luttera pas contre « l'hypersexualisation » précoce par de la politique spectacle. Commençons déjà par encadrer certaines règles du marketing ou de la télé-réalité, et par expliquer aux parents qu'ils sont gonflés de projeter leurs fantasmes sur leur progéniture !

TU EST GREC ?              J'ÉTAIS.

Mangement 


Monsieur Fillon, que l’on sait bon catholique, mange-t-il du poisson le vendredi ? Vous vous en fichez, sans doute : nos parents ne nous ont-ils pas appris qu’il est impoli de regarder dans l’assiette du voisin ? Monsieur Fillon, que l’on sait également bien élevé, l’a oublié pour s’interroger sur quelques traditions ancestrales, faisant que les uns mangent casher, ou d’autres halal. Il faut dire, pour sa défense, qu’il y a été poussé par son candidat, Monsieur Sarkozy. Lui-même ayant suivi un ami, Monsieur Guéant, qui avait repris un peu de la viande halal d’abord servie par Madame Le Pen… Mais arrêtons là cette dispute culinaire. Ecoutons Monsieur Prasquier, président des Institutions juives de France : il regrette la querelle, et demande que l’on s’occupe plutôt de la manière de sortir la France de la crise. Nous ne savons pas comment il mange, ce Monsieur Prasquier, mais il parle bien.

Un épouvantail nommé Europe

Paradis de l’euthanasie, patrie du socialisme, berceau de la crise de la dette… Dans la campagne pour les primaires républicaines américains, l’Europe apparaît comme le contre-modèle absolu pour effrayer les électeurs américains.
En Europe, on élimine les vieux décrépits, les capitaines sont les premiers à quitter le paquebot en train de couler, l’euro chancelant demeure un foyer d’infection dangereux pour le reste du monde, des Etats-providence pesants et prohibitifs asphyxient le dynamisme économique et les jeunes paient la facture de la crise.
Malgré 65 ans de plus ou moins bons et loyaux services, les anciens alliés européens en prennent plein la figure lors de ces élections primaires américaines : ils font office de tête de Turc sur laquelle les candidats républicains à la présidence prennent plaisir à cogner.
Due les politiciens s’insurgent les uns contre les autres lors des campagnes électorales fait partie du jeu. Rick Santorum n’est pas le premier conservateur qui clame, avec peu de respect pour la réalité, qu’aucun vieillard n’est plus en sécurité aux Pays-Bas depuis la légalisation de l’euthanasie. Mais dans la campagne actuelle, les choses prennent une ampleur inédite. S’y ajoute quelque chose d’encore beaucoup plus pénible pour les Européens : une certaine pitié. Comme si l’Europe n’avait plus aucune importance.
Dans les réunions de campagne républicaines, on parle de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Les candidats se demandent encore si ces puissances émergentes constituent un danger ou une opportunité. Mais elles sont en tout cas considérées comme des acteurs d'avenir. L’Europe, elle, représente le passé. Elle n’est pas citée ou alors seulement à titre d’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. “L’Europe ne fonctionne pas, ni en Europe ni ici”, aime à répéter Mitt Romney.
Il utilise l’Etat-providence européen comme un bâton pour frapper Obama. Selon les républicains, le président démocrate “tire son inspiration des capitales européennes”. Il est partisan d’une politique où le citoyen épris de liberté ne peut pas profiter personnellement de l’argent qu’il a durement gagné mais doit le céder en grande partie à un Etat tout-puissant qui le redistribue aux autres.
Un tel État-providence à l’européenne va à l’encontre de “l’âme de l’Amérique”, proclame régulièrement Mitt Romney qui est à chaque fois accueilli par des applaudissements. Celui qui est pro-américain doit être anti-européen et donc anti-Obama. Cette logique peu nuancée de la rhétorique électorale du candidat républicain fonctionne.
Newt Gingrich va encore un peu plus loin. Il décrit Obama comme un “socialiste européen” qui essaie d’imposer une idéologie hostile et étrangère aux Américains.
Les faits sont une notion élastique en période électorale. Les Pays-Bas ne sont pas un “lieu d’extermination” ("killing field") pour les personnes âgées. L’Europe n’est pas un pays de cocagne social et Obama n’est pas socialiste. Même les républicains ne sont pas des darwinistes déguisés. Bien qu’ils mènent, en théorie, une campagne contre les pouvoirs publics, il ressort à chaque fois des sondages d’opinion que l’électeur républicain ne souhaite pas, en réalité, que l’on modifie les programmes sociaux en faveur des personnes âgées et des malades “pour lesquels il a payé toute sa vie”. Mais ce genre de nuances tendent à s’estomper en période électorale. Les élections font valoir les contrastes qui déforment rapidement l’image.
“La seule façon pour eux de maintenir leurs coûteux Etats-providence, c’est d’imposer aux jeunes des contrats de travail temporaires pour des bas salaires”,  écrivait en janvier dans le New York Times le chroniqueur Adam Davidson. Les dirigeants européens peuvent toujours se moquer des États-Unis en ce qui concerne les inégalités et l’absence de régime de protection sociale, mais l’Europe laisse les jeunes trinquer pour les plus âgés, selon Davidson. L’Amérique aussi a une énorme dette, mais la compétitivité est intacte. “Notre croissance va reprendre”, notait-il.
Même dans ce cas, on peut formuler des objections. Ainsi la mobilité sociale est plus importante en Europe qu’en Amérique. Mais l’image négative de sclérose domine. Le chômage des jeunes constitue un baromètre. En Espagne, il est de presque 50%, en Grèce de 48%. Les Etats-Unis sont en-dessous, avec 18%. Mais un chroniqueur du Wall Street Journal estime que c’est relativement élevé et craint que la “lassitude” européenne ne menace l’Amérique. Nous y revoilà. L’Europe est un épouvantail.
De temps en temps, même si c’est rare, on entend quelque chose de positif. Lors de la fête organisée pour célébrer la victoire de Mitt Romney dans le New Hampshire, Richard Breeden rayonnait de satisfaction. Son candidat avait gagné. Il a 62 ans et a travaillé à la Maison Blanche sous Bush père. “Nous devons stabiliser l’Europe, cela a une importance vitale pour nous.” Des mots qui résonnaient comme une voix venue du passé.

Poutine à la croisée des chemins

En remportant, le 4 mars, un troisième mandat présidentiel dès le premier tour, le Premier ministre russe s’installe durablement au Kremlin. Cela satisfait l’Europe, note la presse, qui appelle à des progrès sur le front de la démocratie.

“Dimanche soir, Vladimir Poutine est entré dans sa phase Brejnev”, écrit dans The Guardian le chroniqueur Luke Harding :
Cela s’est passé au moment où il a cessé d’être simplement un leader élu pour devenir président à vie. Après avoir soigneusement contourné les règles en effectuant un mandat de premier ministre (les dirigeants russes ne peuvent accomplir plus de deux mandats présidentiels consécutifs), Poutine peut à présent continuer à l’infini. Brejnev a duré 18 ans, Staline 31. Malgré les rumeurs d’une révolution aux portes du Kremlin, qui parierait contre Vladimir-Léonid ? Confronté au spectre d’une Révolution Orange, Poutine a deux options : il peut assagir les manifestants avec de vagues promesses de réformes libérales ou réutiliser les tactiques lugubres du KGB comme les listes noires d'opposants, les arrestations ainsi que l’accusation permanente portée à ses ennemis d’être des traîtres au service de l’Occident et des infiltrés soutenus par Washington. Poutine semble pencher vers cette seconde, et plus brutale, option.
Si le nouveau locataire du Kremlin veut éviter une révolution, écrit la Westdeutsche Zeitung, il doit apprendre à faire des compromis et, de souverain autoritaire, se métamorphoser en dirigeant pragmatique. L’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev avait dénoncé le dilemme de Poutine d’une manière très juste :
"S’il ne se vainc pas lui-même et qu’il ne change pas les choses, cela se terminera dans la rue.” La communauté internationale n’a pas intérêt à ce que le printemps arabe soit suivi d’un été russe. L’Allemagne en particulier dépend de Moscou en tant que partenaire stable pour les matières premières et le commerce. Jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas eu à s’inquiéter, chez nous, des livraisons en pétrole et en gaz. Mais ne nous voilons pas la face : le crépuscule du tsar russe a commencé.
Sur la même longueur d’onde, dans Wprost, le philosophe et historien des idées Marcin Król note que l’Europe — ses médiocres leaders politiques mais aussi ses dirigeants du passé qui apparaissent aujourd’hui comme des géants politiques — ont toujours souhaité que la paix et le calme prévalent en Russie. Voilà pourquoi Poutine est une solution parfaite pour l’Europe, chose dont il est parfaitement conscient, sans crainte d'aucune opposition interne. En vérité, l’Europe serait favorable à une évolution démocratique en Russie, à condition que le processus soit pacifique, sans bain de sang ni bouleversement des relations internationales. En d’autres termes, l’Europe serait heureuse que le pouvoir en Russie soit conquis par des forces réellement démocratiques, mais elle ne lèvera pas le petit doigt pour parvenir à ce résultat.
Un avis que partage, dans le Corriere della Sera, l’ancien correspondant à Moscou Arrigo Levi, qui se demande “ce que l’Europe doit faire” avec la Russie.

Vingt ans après la chute de l’URSS, on ne sait toujours pas si les Russes “ont appris à faire un bon usage de la liberté”, comme le disait le dernier dirigeant soviétique Michaïl Gorbatchev : l’espoir que la Russie devienne du jour au lendemain une démocratie multipartite était peut-être un peu trop optimiste […]. Il semble que l’envie de réforme qui s’était manifestée avec force dans sa capitale n’est pas partagée par le reste de cet immense pays. […] Mais les choses étant ce qu’elles sont, il est dans l’intérêt de l’Europe de maintenir une relation stable de coexistence pacifique et de coopération économique et politique, quelles qu’en soient les conditions.
“Les conditions dans lesquelles M. Poutine a dû arracher ce retour au Kremlin […] lui ont sans doute laissé un goût amer”, note enfin Le Monde :
A Moscou même, il n’a pas eu la majorité. Contrairement aux apparences, Vladimir Poutine n’est plus seul maître chez lui. Cette victoire, il a dû se battre comme jamais pour l’obtenir. La Russie a changé. Le mouvement de protestation sans précédent qui a secoué la capitale, et plusieurs grandes villes du pays, depuis les élections législatives entachées de fraude du 4 décembre, illustre le réveil d’une nouvelle catégorie de citoyens, avec laquelle le maître du Kremlin va devoir compter. Cette nouvelle classe moyenne urbaine et informée a, paradoxalement, émergé et prospéré sous Poutine. […] S’il veut […] moderniser la Russie, diversifier son économie et en faire un pays qui compte sur la scène mondiale […] il doit travailler avec cette classe moyenne rebelle [et] montrer que, si la Russie a changé, lui aussi est capable d’évoluer.

L'hypersexualisation des jeunes filles, « résultat de l'influence du porno"

Alors que la sénatrice UMP Chantal Jouanno remettait ce lundi 5 mars un rapport sur l'hypersexualisation des jeunes filles, deux sociologues livrent au Monde.fr leurs analyses sur la question. Richard Poulin revient sur l'influence de la pornographie, la cause du phénomène selon lui. Frédéric Monneyron analyse, lui, les conséquences de l'hypersexualisation dans l'univers de la mode. Ils donnent également leur avis sur les préconisations avancées par le rapport Jouanno : l'adoption d'une charte de l'enfant, l'interdiction de la promotion d'images sexualisées d'enfants et la suppression des concours de mini-miss, noté uniquement sur le physique.
Richard Poulin, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa, et l'auteur de Sexualisation précoce et pornographie (2009).
L'hypersexualisation, c'est nouveau ou bien cela à toujours existé ?

C'est un phénomène plutôt récent. Alors que dans les années 1970, il soufflait un vent nouveau sur l'égalité sexuelle, avec la montée en puissance des mouvements féministes et le développement de la mode unisexe, nous sommes maintenant en période de régression, puisque la femme et les jeunes filles ressentent l'obligation d'être sexualisées pour plaire. Ces nouvelles normes corporelles apparues des années 1990 nous viennent directement de l'industrie pornographique. C'est pourquoi je suis aujourd'hui très inquiet pour la jeune génération, née dans le porno, dont c'est le lieu principal d'éducation sexuelle. Les études au Canada montrent que la consommation de porno commence aujourd'hui dès 13 ans. Les conséquences seront grandes dans les années à venir.
Pourquoi lier pornographie et hypersexualisation ?
La pornographie, en nous bombardant d'images de jeunes filles hypersexualisées, a affecté la culture en profondeur. Son influence domine les désirs, les fantasmes, mais également les pratiques sexuelles et corporelles. Désormais, on sexualise les jeunes filles en même temps qu'on infantilise les femmes. Dans l'imaginaire collectif, il faut que la femme soit toujours plus jeune pour être belle. Preuve de l'intériorisation de ces nouveaux codes : l'universalisation de l'épilation totale chez les jeunes femmes. A Ottawa, 87 % des étudiantes en sont adeptes. Mais cela n'est pas phénomène proprement canadien. Je me souviens avoir été choqué en tombant sur un exemplaire du magazine 20 ans, qui, dès 1994, recommandait l'épilation totale. Plus choquant encore, la recrudescence des opérations de nymphoplastie, opération des lèvres qui visent à "rajeunir" le sexe féminin. Cela représente aujourd'hui près de 10 % des opérations de chirurgie esthétique au Canada.
Que pensez vous des préconisations du rapport Jouanno ?
C'est une bonne chose de vouloir légiférer, mais les propositions ne traitent que les conséquences de l'hypersexualisation et non la cause. Je suis bien évidemment d'accord avec l'ensemble des mesures proposées, tout comme avec l'idée d'améliorer l'éducation sexuelle, comme le propose de nombreux rapports au Canada, mais pour moi, le plus important est de s'attaquer au porno. Or, on n'y touche jamais. On s'empêche d'y toucher, car pour beaucoup, le porno est assimilé à la liberté d'expression. Son explosion dans les années 1990 s'est fait en parallèle du triomphe de la valeur néolibérale. Pas question, depuis, de le réglementer.
Frédéric Monneyron, spécialiste des questions de mode et de sexualité, est professeur de sociologie à l'école Mod'Art International de Paris.
L'hypersexualisation, c'est un phénomène de mode ?
Dans l'univers de la haute couture et de la mode, ce n'est pas vraiment nouveau. Il y a dix ans déjà que les lolitas sont apparues. C'est d'ailleurs assez flagrant quand on regarde l'âge des mannequins. Il y a dix ans, un top model de la génération de Carla Bruni faisait carrière entre 20 et 30 ans. Aujourd'hui, on voit sur les podiums des filles de 14-15 ans. C'est d'ailleurs assez marrant de voir qu'il faut attendre une décennie avant que les politiques se réveillent.
Que pensez-vous des préconisations du rapport Jouanno ?
Je pense que, dans une certaine mesure, l'interdiction de la promotion des images d'enfants sexualisés peut être efficace. Quand on connaît l'influence des médias et de la publicité sur nos cerveaux, c'est une bonne chose d'éviter de relayer des images portant atteinte à la représentation des enfants. Je suis par contre plus sceptique sur l'interdiction des concours de mini-miss. Cela représente très peu d'enfants, c'est de l'ordre de l'anecdotique.
Pensez-vous que cette tendance va se poursuivre ?
Le pli est pris, c'est désormais ancré dans l'univers de la mode. Cependant, le milieu est fait de dérives et de fuites en avant perpétuelles. La mode est toujours à la recherche de nouveaux canons de beauté, parfois loin des standards classiques. Il y a dix ans par exemple, le magazine de mode The Face, avait fait scandale en faisant poser des handicapés. Les créateurs aiment aller toujours plus loin, provoquer, choquer, mais ce n'est pas parce que certaines images sont hypersexualisées, que la société l'est tout autant.

LA VRAI VÉRITÉ

L'Europe est l'homme malade du monde. Non que le sort des siens ne soit encore enviable pour la majorité des humains. Mais elle devient la déclassée évidente du grand remue-ménage mondial. Dans cette sorte de révolution planétaire qui voit décliner une séculaire domination occidentale, l'institution européenne affiche un lancinant désarroi. Soumise au tsunami de la crise, elle découvre qu'à l'exception de ses grandes vertueuses, l'Allemagne ou la Suède, elle n'a pas adapté, par fatigue et incurie, sa conduite à l'essor d'un monde neuf où entrent en lice les "damnés de la terre". Dans le marasme occidental, l'Amérique piétine mais garde ses réserves de puissance. L'Europe, quant à elle, aborde l'épreuve dolente et patraque.
Car voici mise à nu la fragilité de son édifice communautaire quinquagénaire. Il est ébranlé par les inégalités de ses membres. Derrière sa façade, le Nord résiste et le Sud s'effondre. L'Europe marche l'amble. Elle défend toujours mordicus son dessein unitaire dans un euro que pénalisent les faiblesses du Sud. Mais, si les jeux, Dieu merci, ne sont pas faits, l'accablement de ses peuples, sous la récession qui s'annonce, profile déjà de dangereuses régressions. Autour de son affaissement financier, autour de son unité ébranlée, rôdent les vieux démons du nationalisme de la colère.
Longtemps l'actuelle révolution mondiale n'a, chez nous, rencontré qu'ignorance ou insouciance. Il aura fallu la crise, le chômage, les fermetures d'usines, les délocalisations, la perte avérée de chasses gardées pour que nos politiques mesurent l'ampleur du phénomène majeur des temps modernes : l'éveil, dans une planète surpeuplée, de peuples victimes d'une longue détresse. Toutes les tendances lourdes du siècle ont concouru à ce grand basculement : la démographie envahissante des peuples émergents qui pèse de sa lourde masse dans l'accès à des ressources âprement disputées ; la conversion à l'économie de marché de nations comme la Chine, jadis recluses dans le carcan communiste ; la révolution numérique et Internet, qui libèrent la mutualisation des flux de commerce et d'information. À ce train, l'exclusivité occidentale des grands savoir-faire industriels s'amenuise - nucléaire, aéronautique, travaux publics, techniques de pointe. Les nouveaux riches achètent peu à peu ce que leurs ingénieurs ne peuvent encore inventer.
Enfin, on ne tiendra pas pour secondaire l'élan créatif qui emplit de confiance des pays convertis à un progrès qui embellit bel et bien leur destin. Alors que, par contraste, le défaitisme européen gagne des peuples peu à peu convaincus que le sort de leurs enfants ne sera pas préférable au leur. La confiance est l'oxygène des forts.
Il n'est pas de semaine où le transfert de puissance n'altère les rapports de forces économique et stratégique. Pas de semaine où Chine, Russie, Inde, Brésil n'assènent leurs avis, généralement contraires aux nôtres, dans les affaires du monde : ces temps-ci, sur le climat, sur l'Iran, l'horrible Syrie... Pas de semaine où nos privilèges d'Ancien Régime ne se dessèchent au grand vent de l'Histoire.
La maladie de l'Europe, c'est sa fragilité. Elle n'a pas la politique que son économie mérite. Il aura suffi que saute le rivet d'une Grèce ruinée pour que tout le Meccano se désarticule. La Grèce est insolvable, coupable et pitoyable. L'Europe, en sa faveur, pousse sans fin un rocher de Sisyphe qui ne cesse de retomber. Mais qu'on laisse filer la Grèce vers sa faillite et, par ce fil rompu, toute la pelote se dévidera ! "Nos prêts à fonds perdus sont un mal nécessaire", dit carrément le ministre allemand des Finances. Jusqu'à quand ? Ma foi, jusqu'à ce que les grandes nations fragiles du Sud - dont la France - aient recouvré une solidité financière seule capable d'interdire la cascade d'un domino fatal.
Les peuples européens aveugles sur l'état du monde se trompent encore sur ce qui les attend s'ils veulent éviter le naufrage d'une Europe vieillie et impotente. Maints pays du Sud ont pris le pli et l'ankylose du moindre travail. Ils ont raté dans les techniques d'avenir les opportunités de la croissance mondiale. Un pays comme le nôtre s'est endormi dans les libéralités d'un patrimoine en peau de chagrin. Dans un assistanat outrancier. La France, châtelaine aux abois, vit d'hypothèques.
En vérité, c'est tout un modèle social, celui de l'État-providence, qui périclite. Combien de sueur faudra-t-il pour substituer au culte des "avantages acquis" celui des avantages à conquérir ? Combien de larmes pour réveiller les têtes, les reins et les coeurs ? La démocratie grecque hurle dans la rue sa souffrance. Ailleurs, l'histoire tragique des années 30 ne se répète pas mais bégaie dans les colères des Indignés.
Les politiques exhibent encore à leurs électeurs une "vérité" maquillée, emmitouflée. Le répit sera court. Car la vraie vérité sort du puits. Elle est nue. Et elle a froid.

Fillon fait campagne "de toutes ses forces"

Dans Le Figaro et sur Europe 1, lundi, François Fillon a assuré son plein engagement dans la campagne présidentielle au côté de Nicolas Sarkozy. Mais il reconnaît aussi que la défaite lui imposera des "devoirs". 
Nicolas Sarkozy pourra toujours compter sur François Fillon. Encore sur Europe 1, lundi matin, le Premier ministre a défendu son président et, surtout, dézingué son adversaire socialiste dans la course à l'Elysée. "Depuis le début de la campagne, une question se pose : est-ce que François Hollande peut gouverner le pays. Est-ce qu'il en a le caractère et les capacités? ", s'est-il ainsi interrogé, jugeant que cette "question ne se pose pas pour Nicolas Sarkozy". Et de pointer "le changement en permanence de point de vue" de François Hollande :
Alors que mardi soir Nicolas Sarkozy aura présenté de nouvelles propositions dans l'émission Des paroles et des actes, sur France 2, François Fillon montera une nouvelle fois au front en publiant une tribune dans Le Point. L'objectif : montrer qu'il ne pense pas qu'à l'après-Sarkozy et à sa campagne législative à Paris. Au Figaro, il nuance d'ailleurs les projets d'avenir – la Mairie de Paris en 2014 et pourquoi pas l'Elysée en 2017 – que lui prête son entourage. "Si on gagne, il y a beaucoup plus de possibilités et d'options…", lâche-t-il, évoquant, selon le quotidien, la présidence de l'Assemblée.

La guerre Fillon-Copé en toile de fond



Fillon : "Hollande peut-il diriger ?" par Europe1fr
Et en cas de défaite? François Fillon n'élude pas la question. Il reconnaît que la défaite lui imposera des "devoirs". "Si on perd, la pression qui va s'exercer sur moi sera plus forte, je suis conscient de ça", dit-il en laissant entendre qu'il sera au rendez-vous. Pense-t-il à la présidence de l'UMP? Au sein du parti majoritaire, certains estiment que le Premier ministre est trop discret, selon Le Figaro, qui cite notamment Jean-François Copé, l'actuel patron de la formation : "Certains jouent la défaite."
François Fillon, lui, dit faire campagne "de toutes ses forces" au côté de Nicolas Sarkozy. Mais il ne sacrifie pas pour autant son ambition personnelle : fin mars, il inaugurera son QG de campagne pour les législatives. Le récent retour en grâce auprès de Nicolas Sarkozy de Rachida Dati, qui entend toujours briguer la même circonscription que le Premier ministre, le motive plus que jamais.