On saura ce jeudi si le chômage a une nouvelle fois reculé. Si c’est le cas, la majorité embouchera les trompettes de la renommée et chantera à la gloire de la politique de François Hollande, en oubliant un peu vite à quel point les statistiques de Pôle Emploi sont faussées par les centaines de milliers d’emplois subventionnés. Et si ce n’est pas le cas, l’opposition entonnera l’air du déclin et conspuera l’échec majeur du président, en oubliant qu’elle a, elle aussi, confondu baisse du chômage à coup de contrats aidés avec hausse de l’emploi, le vrai, celui qui dépend de la santé des entreprises. Dans tous les cas, on regrettera que le débat se focalise sur un chiffre, un indicateur mensuel, comme si tout en France dépendait d’une seule, d’une éphémère donnée statistique. Ridicule.
Mieux vaudrait s’intéresser de près aux tendances longues, qui disent si la France, oui ou non, a des chances de sortir de sa langueur. Deux indicateurs, en particulier, doivent être surveillés. L’un, dévoilé la veille de Noël, n’est pas précisément un cadeau : le taux de marge des entreprises a continué à reculer cette année, descendant au plus bas depuis 1985. Aucune chance, dans ces conditions, que l’investissement reparte, ni que l’emploi se redresse.
On trouvera en revanche un peu d’espoir dans une autre donnée déposée par l’Insee au pied du sapin : la dette publique a légèrement reculé cet automne. Certes, on est loin du compte, et cette contraction résulte en partie d’éléments techniques. Mais c’est ce chiffre que le gouvernement devrait brandir comme une victoire. C’est ce résultat que François Hollande devrait revendiquer, lui qui s’est engagé à réduire la dépense publique et la dette. C’est cette donnée que l’opinion publique devrait ériger en symbole absolu de notre redressement.