TOUT EST DIT

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dimanche 17 juillet 2011

14 juillet: à qui profite la polémique?

La sortie d'Eva Joly sur le défilé militaire a embarrassé les socialistes, et soudé la droite autour de François Fillon. Analyse.

La polémique aura duré tout le week-end. En proposant de remplacer le défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées par un défilé citoyen, Eva Joly aura incontestablement été la vedette de ces quatre jours. Un bon coup pour celle qui vient de s'imposer face à Nicolas Hulot dans la primaire d'Europe-Ecologie Les Verts.  
Tout d'abord, le timing était parfait, avec ce long week-end maigre en actualité. Après la mort de six soldats français en Afghanistan, cette revendication pourtant habituelle des écolos avait tout pour provoquer des étincelles.  
Ensuite, la riposte brutale de la droite, François Fillon en tête, a forcé tous les candidats de gauche à serrer les rangs autour de l'ancienne magistrate attaquée sur ses origines norvégiennes. Et ce alors même que, au départ, les socialistes ne jugeaient pas "opportunes" les déclarations d'Eva Joly. "Pour nous, le 14 juillet marque la rencontre symbolique entre la Nation et ses citoyens par le biais de corps constitués, comme l'armée", souligne le député de l'Ardèche, Olivier Dussopt, porte-parole de Martine Aubry.  
La sortie d'Eva Joly lui aura donc permis de s'imposer dans le concert des candidats à gauche tout en cultivant sa différence. "Nous sommes une société angoissée qui a perdu ses repères. L'un des thèmes de la campagne tournera autour de l'identité de la France, de sa place dans l'Europe et dans le monde. Les hésitations des socialistes à propos du 14 juillet montrent bien qu'ils ont peur d'être pris à rebours sur le patriotisme", analyse Yannick Jadot, directeur de campagne d'Eva Joly.  
Tous autour de Fillon!
Surtout, l'écologiste s'avoue surpris du changement de positionnement du Premier ministre. "Jusqu'à présent, le fantasme de la France éternelle était porté par Marine Le Pen ou Claude Guéant, avec cette volonté de se construire par le repli sur soi. La nouveauté, c'est de voir François Fillon, avec son attaque sur la binationalité d'Eva Joly s'inscrire dans cette voie. Cela ouvre la porte à une sorte de national-conservatisme", explique-t-il.  
Depuis Libreville, au Gabon, François Fillon a justifié ses propos, s'estimant "en colère" contre l'idée d'Eva Joly. Il s'est aussi "félicité" de la polémique. Face au feu roulant de la gauche, le Premier ministre s'est replacé au centre de la majorité. Alors que ses propres députés le jugeaient "désinvolte", il a même réussi l'exploit d'être défendu par un modéré comme Lionel Tardy aussi bien que par les durs de la Droite populaire, pourtant peu tendres à son endroit. De quoi agacer son grand rival, Jean-François Copé, le patron de l'UMP... 
"Au départ, ce n'est qu'un dérapage de François Fillon. Ensuite, on en fait une construction politicienne, avec cette montée en ligne pour défendre le Premier ministre, juge le socialiste Michel Sapin, proche de François Hollande. Il demeure toutefois assez effarant, au moment où l'Europe joue son avenir dans la crise de la dette, de voir un Premier ministre se lancer dans une polémique de cette nature..."  

Dette: la zone euro joue sa survie cette semaine

Des tractations intenses sont menées pour parvenir à un accord européen sur un nouveau plan d'aide à la Grèce.

La zone euro doit impérativement boucler dans les jours à venir un nouveau plan de sauvetage de la Grèce, qui pourrait passer par un rachat de la dette du pays, en vue d'un sommet de ses dirigeants jeudi censé éviter une contagion périlleuse de la crise de la dette. 
"Il est temps pour l'Europe de se réveiller", a lancé le Premier ministre grec George Papandréou dans une interview parue dimanche dans le quotidien Kathimerini. 
"Nous sommes en passe de parvenir à une solution pour donner un répit de long terme à la dette" du pays, a-t-il ajouté, au moment où des tractations intenses vont être menées jusqu'à jeudi. 
>> Lire aussi les propositions de François Hollande pour sauver la zone euro 
L'heure est grave en effet, après une semaine difficile sur les marchés qui a révélé les risques de contagion pesant sur l'Italie, troisième économie de la zone. Rome, sous pression, vient de boucler à une vitesse record un plan d'austérité de 48 milliards d'euros. 
Certes, l'attention des marchés a été quelque peu détournée par l'autre crise de la dette qui a éclaté aux Etats-Unis, le pays risquant de se retrouver en défaut de paiement d'ici au 2 août faute d'accord politique permettant de relever la limite légale de la dette publique du pays. 
Mais une nouvelle zone de turbulences pourrait très rapidement se former si le problème à l'origine de la récente poussée de fièvre n'est pas réglé: la mise sur pied d'un deuxième plan d'aide à la Grèce, maillon le plus fragile de l'Union monétaire, d'une ampleur similaire au premier de 110 milliards d'euros décidé l'an dernier, mais déjà insuffisant. 
Martine Aubry, candidate à la primaire du parti socialiste français pour l'élection présidentielle de 2012, a pointé samedi "un risque d'explosion de l'euro". "Si trois, quatre pays dont l'Italie se trouvent attaqués, c'est l'euro qui n'existe plus", a-t-elle mis en garde. 
Une réunion des dirigeants des pays de la zone euro est prévue jeudi à Bruxelles pour parachever la riposte. Une absence de percée ce jour-là provoquerait sans doute un séisme financier. 
En elle-même, cette convocation laisse toutefois déjà supposer qu'un accord n'est plus très loin, après des semaines de tergiversations sur le meilleur moyen d'affronter la tourmente. 
Il s'agit de définir les modalités de la participation du secteur privé créancier de la Grèce au deuxième plan de sauvetage. L'Allemagne exige que les banques mettent cette fois la main au portefeuille, afin de faire passer la pilule à une opinion publique de plus en plus réticente à payer pour les autres. 
Une idée fait son chemin depuis plusieurs jours: celle de donner à la Grèce les moyens, via le Fonds de secours de la zone euro (FESF), de racheter une partie de sa propre dette publique sur les marchés. Avantage: elle ne vaut plus aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié de sa valeur d'origine. 
Le ministère allemand des Finances estime qu'Athènes pourrait ainsi réduire sa dette de 20 milliards d'euros et que ce scénario est le plus susceptible de faire consensus "en Europe", affirme l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi. 
Il n'est pas sûr toutefois que cette formule soit considérée par tous comme une "contribution" suffisante des banques. 
Le risque, en forçant trop la main aux établissements financiers, est de placer de facto Athènes en défaut de paiement, une perspective qui effraie la Banque centrale européenne (BCE). Cette issue, toutefois, n'est plus taboue dans la zone euro. 
Cette dernière suivra aussi avec anxiété lundi la réaction des marchés aux résultats des tests de résistance des banques européennes publiés vendredi soir. Ils sont un peu meilleurs qu'anticipé mais ont un gros point faible: l'examen de passage n'a pas pris un compte le risque d'un défaut de paiement d'un pays. 

Le chef de la Bundesbank opposé aux euro-obligations pour aider Athènes

Le chef de la banque centrale allemande a fustigé dimanche dans la presse l'idée d'émettre des euro-obligations garanties par les Etats de la zone euro afin d'aider la Grèce, et douté de l'efficacité d'un allègement de la dette grecque dans le contexte actuel.
"Il n'y a rien de mieux pour détruire rapidement et durablement (...) une solide politique budgétaire qu'une garantie commune des dettes des Etats", fustige Jens Weidmann dans un entretien au journal allemand Bild am Sonntag.
"C'est exactement ce que certains politiques et économistes proposent, avec les euro-obligations, pour résoudre les problèmes de la Grèce", précise-t-il.

M. Weidmann estime qu'avec cette option "les contribuables européens, en particulier allemands, auront à assumer la totalité de la dette grecque", et qu'"il s'agirait d'un pas important vers une union des transferts, que l'Allemagne a jusqu'à présent écartée à juste titre".
Par ailleurs, selon le banquier central, "la Grèce consomme bien plus qu'elle ne produit, les comptes nationaux montrent des déficits importants" et "tant que cette situation perdurera, même un allègement de la dette n'apportera pas de véritable amélioration".
L'idée de créer des euro-obligations garanties par des Etats mieux notés que la Grèce par les agences d'évaluation financière, et bénéficiant de ce fait de taux d'intérêts plus bas, est avancée par certains pour répondre aux problèmes d'Athènes et à ceux des pays plongés dans une situation économique similaire.
Alors que les Allemands rejettent catégoriquement toute option se traduisant par une augmentation des impôts, les euro-obligations entraîneraient une hausse du loyer de l'argent pour les pays qui la mettraient en place.
Dans un sondage publié par Bild am Sonntag dimanche, 60% des Allemands disent avoir "peu ou très peu confiance" dans la monnaie européenne, contre 54% en décembre.
Les dirigeants des pays de la zone euro doivent décider d'un nouveau plan d'aide à la Grèce à l'occasion d'un sommet extraordinaire, jeudi à Bruxelles.

Les Allemands ont beau jeu de se poser en parangon de rectitude financiaire, l'euro  fut créé sur la parité du Mark.

Clinton soutient la Grèce contre le "cancer" de la crise de la dette

Hillary Clinton a offert dimanche à Athènes le soutien de l'Amérique à une Grèce au bord d'un défaut partiel de paiement, félicitant le gouvernement pour sa détermination à guérir "le cancer" de la crise de la dette, qui menace l'ensemble de la zone euro.

La chef de la diplomatie américaine n'a pas hésité à comparer l'action d'Athènes à "une chimiothérapie" pour débarrasser le pays de sa dette et regagner la confiance des investisseurs internationaux.
"Les Etats-Unis soutiennent fermement la détermination du gouvernement Papandréou à accomplir les réformes nécessaires pour remettre la Grèce sur de bonnes bases économiques, et pour rendre la Grèce plus compétitive économiquement", a-t-elle lancé lors d'un point de presse avec son homologue grec, Stravos Lambrinidis.
La secrétaire d'Etat a rendu hommage aux qualités de dirigeant du Premier ministre Georges Papandréou, affaibli et isolé dans son propre pays après avoir obtenu in extremis le vote d'une nouvelle loi d'austérité.
"Le prix de l'inaction aurait été plus élevé", a observé Mme Clinton.
"Nous apprécions votre soutien et nous nous engageons à sortir victorieux de cette situation" lui a répondu le ministre grec, promettant de confondre "ceux qui, des deux côtés de l'Atlantique, ont parié sur l'effondrement de la Grèce".
"L'Union européenne a un pouvoir extraordinaire", a-t-il ajouté, lorsque nous nous tenons tous ensemble, "500 millions de personnes dans 27 pays".
Hillary Clinton, elle, n'a pas mentionné l'UE, signe de ce que les Etats-Unis ne souhaitent pas s'ingérer dans l'intense débat politique qui se joue à Bruxelles cette semaine autour du sauvetage de la zone euro.
Revenant vite sur son terrain habituel après avoir lu solennellement sa déclaration, elle a préféré relever que la Grèce, malgré ses difficultés, s'était avérée un allié fiable pour Washington en Libye, ainsi que face à la longue crise politique qui perdure dans les Balkans.
"La situation grecque est très difficile, mais elle n'est pas d'une ampleur telle que les pays européens ne puissent pas la gérer", avait glissé un diplomate américain dans la matinée à quelques journalistes, en soulignant que l'économie grecque représentait seulement 3% de l'économie de l'UE.
Ce responsable avait aussi estimé que l'Amérique n'avait pas à assumer "un rôle direct" dans la crise de la dette, soulignant que c'était l'affaire des Européens.
Malgré une forte opposition de la rue, et à la demande de ses créanciers, le gouvernement grec a obtenu fin juin le vote d'une loi imposant quatre ans d'austérité supplémentaire en Grèce.
En échange, il a obtenu le versement d'une cinquième tranche d'un prêt accordé l'an dernier par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, et surtout l'élaboration -- en cours actuellement -- d'un deuxième plan d'aide internationale dans l'espoir de lui permettre de faire face à sa dette, ses déficits, et sa profonde récession et d'essayer d'éviter un éclatement de la zone euro.
La zone euro doit impérativement boucler dans les jours à venir ce nouveau plan de sauvetage, qui pourrait passer par un rachat de la dette du pays, en vue d'un sommet extraordinaire de ses dirigeants jeudi censé éviter une contagion périlleuse de la crise de la dette.
"Il est temps pour l'Europe de se réveiller", a exhorté M. Papandréou dans une interview parue dimanche dans le quotidien Kathimerini.
Mme Clinton devait déjeuner dimanche avec le Premier ministre et s'entretenir dans l'après-midi avec le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.
Elle doit rencontrer lundi matin, avant de s'envoler pour l'Inde, le chef du principal parti d'opposition, Antonis Samaris qui refuse obstinément de soutenir la cure d'austérité du gouvernement socialiste, malgré les pressions de l'Union européenne.

Carlos Santana électrise Monaco

Le guitariste au rythme afro-cubain n'a pas ménagé sa peine pour faire danser les spectateurs de la principauté. 

  La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille pour les rock stars. Elle peut être aussi un long fleuve difficile à traverser. Carlos Santana en a fait l'expérience hier soir au Sporting Club de Monaco, où il a ramé très longtemps et a dû faire tonner l'artillerie lourde pour venir à bout d'un public peu démonstratif.
Qu'allait-il faire là-bas, pouvez-vous vous demander ?
C'est très simple : depuis quelques années, sous l'impulsion de son programmateur Jean-René Palacio, ce club huppé s'est ouvert au rock. Au rock bien élevé, bien sûr, au rock ayant gagné respectabilité dans les charts pop. N'espérez pas y voir Motörhead ou Rammstein. Mais on y a reçu ces dernières années ZZ Top, Johnny, Sting, Stevie Wonder, Eric Clapton, les Who, B.B. King, Elton John et, c'est Jean René qui nous le confiait, il a raté les Stones à un jour près. Du respectable assurément.
Santana gagne toujours à la fin
Et pourquoi pas ? Est-il plus scandaleux de payer 160 euros pour voir Jagger se déhancher à quelques mètres que d'en sortir 100 pour assister à un concert d'AC/DC au Stade de France, où, la plus grande partie du temps, on le suit sur les écrans vidéo ? Sujet à débattre. Le Sporting Club a deux configurations : le public est debout ; le public est assis et dîne. Pour Santana, il dînait.
De longues tables partaient de la scène jusqu'au fond de la salle façon congrès de pharmaciens, cérémonie des Golden Globes ou banquet de mariage. Un orchestre de bal funky assure l'ambiance musicale pendant le repas. Quand la star arrive (à 22 h 30), les tables sont certes débarrassées, mais le public, repu et en pleine digestion, a comme un petit coup de mou.
Les jolies filles sont difficiles
Et Carlos doit aller au charbon. Les travailler au forceps. Il pourrait s'en ficher, jouer le cacheton, take the money and run, mais ce n'est pas son genre. Il a donc mis le paquet, sorti tous les classiques, n'a pas trop insisté sur Love Supreme de Coltrane mais a chargé en mortier lourd sa machine de guerre afro-cubaine. Et, finalement, tous ses efforts ont payé.
Il a fait lever le Sporting Club de Monaco à l'issue d'un combat de haute lutte de deux heures et demie. En partant, il a lançé en rigolant "j'adore jouer dans le ghetto" en distribuant des médiators et des roses aux dames des premiers rangs. Son orchestre de latinos au sang chaud et lui avaient bien remarqué la très forte concentration au mètre carré de créatures en Louboutin. Salle difficile, mais filles somptueuses. Y aurait-il un rapport ?

Santana se produira le 18 aux arènes de Nîmes 
et le 19 au festival de Juan-les-Pins.

AH, C'EST AUTRE CHOSE QUE DU BERNARD LAVILLIER !!!

Quand Carla Sarkozy défend "l'homme de sa vie"

Le quotidien Nice-Matin publie vendredi une interview de la première dame de France. Carla Bruni-Sarkozy y évoque bien-sûr sa grossesse, mais rend aussi hommage à son mari. 

Le "bonheur" de sa grossesse contraste avec les "critiques" visant son mari. En repos au Fort de Brégançon, Carla Bruni-Sarkozy vante vendredi dans les colonnes du quotidien Nice-Matin le "travail" de son mari. Sur les questions militaires notamment, en qualifiant de "très beau" le discours du président aux forces armées le 14 juillet, alors que la première dame célébrait pour sa part la fête nationale avec dix femmes de marins engagés près des côtes libyennes.

Un "geste" qui était nécessaire selon elle, bien que placé sous le signe du "deuil", après la mort de six soldats en Afghanistan ces deux derniers jours. Carla Bruni-Sarkozy affirme d’ailleurs que son mari est "bouleversé" par ces décès. Car pour elle, cela ne fait aucun doute, le président – ou plutôt "l’homme de sa vie" comme elle le nomme - est avant tout "quelqu’un d’humain" contrairement à "d’autres présidents de la République".

Les "gens sentent" l'humanité du président

Pour l’ancienne top modèle, c’est précisément cette humanité que les "gens sentent" et qui "exaspère" une "certaine élite". Puis, ajoute-t-elle, ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui est visé par les critiques, mais bien sa fonction de président.

Et d’ajouter que le chef d’Etat n’en aurait de toute façon cure. "C’est l’essence de la démocratie, ça tient mon mari en éveil", affirme ainsi la future maman. Celle-ci souhaite même le voir candidat à sa réélection en 2012. "Pour la France", précise-t-elle. De quoi prolonger cette "parenthèse magnifique" qu’est celle d’être "Dame de France". Un job, à en croire l’intéressée, "beaucoup moins fatiguant que dix ans de mannequinat".

HILLARY CLINTON APPORTE LE SOUTIEN DE WASHINGTON À LA GRÈCE

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a fait part dimanche de l'entier soutien des Etats-Unis aux efforts de la Grèce pour surmonter sa crise financière, estimant qu'Athènes prenait des mesures difficiles mais nécessaires pour renouer avec la croissance.
"Les Etats-Unis soutiennent pleinement le gouvernement (du Premier ministre George) Papandréou dans ses efforts pour adopter les réformes nécessaires à une remise sur les rails de la Grèce, sur le plan financier, et pour rendre l'économie grecque plus compétitive", a-t-elle dit.

"La Grèce a inspiré le monde entier par le passé et j'ai entièrement confiance dans le fait que vous le ferez de nouveau", a ajouté Hillary Clinton au terme d'un entretien avec le ministre grec des Affaires étrangères, Stavros Lambrinidis, à Athènes.
Les dirigeants de la zone euro doivent tenir un sommet extraordinaire jeudi à Bruxelles pour débattre des moyens de mettre en place un deuxième plan d'aide financière à la Grèce, sur fond de risque de contagion de la crise de la dette à des pays comme l'Espagne et l'Italie et de risque d'une sortie de la zone euro pour certains membres de l'Union européenne.
Pour Clinton, le plan d'austérité grec adopté par le parlement, politiquement douloureux, est comme une "chimiothérapie", mais il finira par porter ses fruits.
"Je n'ai pas, ici, à minimiser les défis qui se dressent, car ils sont réels. Mais je suis venue dire que nous pensons fortement que cela (le plan d'austérité) donnera à la Grèce une économie très solide, pour aller de l'avant", a estimé Clinton.

L'Europe veut stopper la panique avant les vacances

Le président du Conseil Herman van Rompuy a convoqué les ministres des Finances de la zone euro ce jeudi. Une preuve que les dirigeants se rapprochent d'une solution dans le dossier grec, source de toutes les craintes.

Trouver une solution à la crise de la dette avant les vacances. Telle est la feuille de route des ministres des Finances de la zone euro pour la semaine prochaine. Le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, ne leur a pas laissé le choix en les convoquant jeudi pour un sommet. D'ici là, ils devront s'accorder sur les modalités d'un nouveau plan d'aide à la Grèce, clé de la stabilité en zone euro.
«Notre ordre du jour sera la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et le futur financement du programme (d'aide) grec», a indiqué Herman van Rompuy dans un communiqué publié vendredi soir. Un sommet aurait dû se tenir cette semaine, mais les désaccords étaient semble-t-il encore trop grands pour réunir les ministres de la zone euro.
Vendredi, le gouvernement allemand a encore insisté sur la nécessité de parvenir à une solution sur ce point avant d'envisager une réunion au plus haut niveau. «Ce n'est pas une rencontre en soi qui aidera la Grèce, c'est un nouveau programme», a indiqué à Berlin le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert. Une réunion n'aura lieu que si «elle fait sens, et est nécessaire», a-t-il ajouté.

«Modalités concrètes»

Le fait que le président de l'UE fixe une date pour la réunion signifie donc que les pays de la zone sont proches d'un accord pour surmonter leurs divergences sur le plan qui doit mettre à l'abri la Grèce jusqu'en 2014. Les difficultés portent sur la participation du secteur privé. Si les États sont tombés d'accord sur ce principe, «l'élément qui continue à faire l'objet de discussions c'est l'ampleur et les modalités concrètes», a expliqué le ministre belge des Finances, Didier Reynders.
Cette question, d'apparence technique, revêt des aspects plus politiques. Concrètement, l'Allemagne souhaite que les banques créancières de la Grèce mettent la main au portefeuille. La chancelière allemande Angela Merkel ne veut pas se mettre à dos son opinion publique, lasse de payer pour ses voisins européens. La solution allemande présente le risque de placer de facto Athènes en défaut de paiement. Une option rejetée par la Banque centrale européenne (BCE), la France et Madrid. «On a bien avancé» dans les discussions sur les points qui fâchent «mais il reste du travail à faire», a indiqué une source proche des discussions.

«Traiter le problème grec»

Ces dissensions troublent les marchés financiers de la zone euro. La crise a atteint un nouveau seuil cette semaine, la contagion touchant l'Italie, troisième économie de la zone euro. Rome a toutefois réussi a éteindre le feu sur les marchés en adoptant dans l'urgence un plan de rigueur de 48 milliards d'euros. La publication des résultats des stress tests des banques européennes, vendredi, pourrait également contribuer à calmer les craintes des investisseurs.
Si les ministres des Finances ne veulent pas troubler ce calme relatif, ils devront présenter, jeudi prochain, des solutions concrètes. «Il convient de traiter le problème grec, comme point de départ d'une thérapie d'ensemble», estiment les économistes de Crédit agricole. La recette qui sera appliquée à la Grèce aura valeur d'exemple.»

Dette : Hollande s'aligne sur l'objectif du gouvernement

Le candidat à la primaire socialiste François Hollande estime dans une interview au Monde que le déficit de l'État doit être réduit à 3% dès 2013. La même échéance que celle fixée par Bercy.

François Hollande rompt avec la ligne du parti socialiste en matière de réduction de la dette. Le candidat à la primaire socialiste entend ramener «dès 2013» le déficit public à 3%, soit un an avant la date fixée dans le programme officiel du parti socialiste, a-t-il déclaré dans un interview au Monde. Il s'aligne ainsi sur l'engagement pris par le gouvernement Fillon envers ses partenaires européens.
«Il faut rééquilibrer nos comptes publics dés 2013», c'est-à-dire le ramener à cette date à 3% du produit intérieur brut (PIB), a-t-il déclaré. «Nous ne pouvons pas laisser gonfler la dette publique au risque de faire de la charge de nos intérêts le premier budget du pays, ce qui altèrerait toutes nos marges de manœuvre, a-t-il expliqué. La dette est l'ennemie de la gauche et de la France.» Le parti socialiste a fixé dans son programme une trajectoire de réduction de la dette plus lente, avec un déficit à 3% du PIB en 2014 seulement.
François Hollande rejoint ainsi les objectifs actuels de Bercy. Le ministère des Finances doit réduire le déficit à 6% fin 2011, à 4,6% fin 2012, à 3% fin 2013 et à 2% fin 2014. Avec une telle politique, la dette publique commencerait à baisser, selon le gouvernement, en 2013. Le tout avec une croissance de 2% en 2011 et de 2,5% les années suivantes (cette dernière hypothèse étant jugée optimiste par nombre d'économistes).

Baroin critique le PS

La déclaration du candidat à la primaire socialiste survient alors que la zone euro, et en particulier la dette italienne, a une nouvelle fois été prise pour cible par les marchés cette semaine. La France se trouve pour l'instant à l'abri des secousses, s'est félicité le ministre de l'Économie François Baroin dans une interview au Figaro Magazine publié ce samedi. Le nouvel hôte de Bercy s'est d'autre part montré sévère avec le projet socialiste : «Il est irresponsable au regard de la préservation de notre croissance de proposer un choc fiscal d'augmentation de 50 milliards d'euros d'impôts».
François Hollande affirme en effet que sa première réforme sera fiscale, notamment via un même barème pour les revenus du travail et du capital, une fusion de l'impôt sur le revenu et la CSG et la suppression des niches fiscales. «Le candidat qui annonce qu'il n'y aura pas d'effort supplémentaire après 2012 sera un président qui se parjurera», a-t-il insisté. Il a par ailleurs réaffirmé qu'il voulait revenir à la retraite à 60 ans et qu'il voterait contre la règle d'or, qui entend fixer une limite au déficit dans la constitution.
L'agence de notation Fitch a prévenu la France fin mai: les réformes menées ces dernières années, comme celle des retraites, «ont amélioré les perspectives des finances publiques». Mais «des efforts supplémentaires seront nécessaires pour réduire le déficit à 3% du PIB en 2013, comme convenu», ajoute-t-elle. De plus, il serait bienvenu, selon Fitch, que Paris fixe dans la constitution le principe d'équilibre des finances publiques et réduise «ses rigidités structurelles».


Hollande critique les atermoiements européens
Le candidat Hollande se montre très critique envers les stratégies de Paris et Berlin dans le sauvetage de la zone euro. «La France et l'Allemagne font défaut», assène-t-il. «Nicolas Sarkozy et Angela Merkel portent une lourde responsabilité dans le divorce du couple franco-allemand car la zone euro ne peut fonctionner que s'il y a une totale concordance de vue entre les deux pays qui représentent plus de 40 % de sa puissance économique.»
La France et l'Allemagne sont divisées sur la façon de partager le fardeau du second plan d'aide à la Grèce avec le secteur bancaire. Ce qui bloque les négociations et alimente la nervosité des marchés. Une réunion de crise doit se tenir jeudi prochain entre les ministres des Finances de la zone euro. Mais le plan ne devrait être adopté définitivement qu'en septembre, lors du prochain sommet entre les chefs d'État et de gouvernement européens.

Crise grecque : Papandréou appelle l'Europe à "se réveiller"

Les dirigeants européens doivent se retrouver le 21 juillet en sommet extraordinaire pour trouver une solution viable concernant la dette de la Grèce.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou a estimé qu'il était "temps pour l'Europe de se réveiller" pour aboutir à une solution viable de la crise de la dette grecque, qui risque de miner la zone euro, dans une interview à paraître dimanche 17 juillet.
Georges Papandréou a déclaré que la Grèce ne ferait pas défaut sur son énorme dette et que les discussions actuelles portaient sur une solution "à long terme" de cette crise, selon des extraits de l'entretien publiés à l'avance par le quotidien Kathimerini.
"Dans cette étape, il n'y a pas de place pour des voix qui cultivent la peur et misent sur l'échec" des discussions entre dirigeants européens, a-t-il poursuivi.
Une solution viable
Ces derniers doivent se retrouver le 21 juillet à Bruxelles pour un sommet extraordinaire destiné à trouver une solution viable afin d'alléger la dette grecque de 350 milliards d'euros.
Ce sommet est placé de plus en plus sous la pression des marchés alors que la crise de la dette grecque risque de se propager à d'autres pays comme l'Italie, menaçant la cohésion de la zone euro.
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel rapporte dans son édition à paraître lundi que le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, estime que la Grèce pourrait réduire sa dette de 20 milliards d'euros si elle rachetait elle-même ses propres obligations.
Impliquer le secteur privé
L'opération pourrait être financée, selon Der Spiegel, par un prêt du Fonds européen de stabilité financière (EFSF) mis en place l'an dernier à titre provisoire (trois ans) pour aider les pays de la zone euro ayant des difficultés financières.
Dans une autre interview à paraître dimanche dans le quotidien grec To Vima, l'Italien Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré que le rôle de l'EFSF pourrait être modifié pour permettre d'acquérir des obligations grecques sur le marché secondaire.
Cela pourrait aider à alléger la dette grecque et aussi permettre d'impliquer le secteur privé dans ces opérations, a estimé Lorenzo Bini Smaghi, ajoutant que l'alternative d'une émission d'obligations européennes ne lui semblait pas une option facile.

LA CRISE DE LA DETTE N'EN EST QU'À SES DÉBUTS, ELLE A TOUCHÉ LA GRÈCE, LE PORTUGAL, L'ESPAGNE ET MAINTENANT L'ITALIE.
LE PROCHAIN PAYS EUROPÉEN SERA LA FRANCE...SURTOUT SI LES SOCIALISTES ARRIVENT AU POUVOIR.
POUR COMPRENDRE LES TERMES DE LA CRISE DE LA DETTE, LE JOURNAL "LES ECHOS" PUBLIE UN LEXIQUE. cliquez ici

Une polémique vraiment pas joly

C'est le genre de polémique qui ne grandit aucun de ses protagonistes. Soyons clairs, en lâchant qu'elle remplacerait bien le défilé militaire du 14 Juillet par un cortège citoyen où enfants, étudiants et seniors « fêteraient les valeurs qui nous réunissent » , Eva Joly a fait une boulette. Même si sur le fond son idée de grande manifestation citoyenne n'a rien de choquant, ces propos étaient tout sauf opportuns, alors que l'armée française déplorait la perte de plusieurs soldats dans la semaine en Afghanistan ! Et le fait que la candidate d'Europe Écologie ait tenu ces propos lors d'un rassemblement pour les valeurs de la République, à la Bastille, est une circonstance aggravante tant la fête nationale et son traditionnel défilé militaire incarnent, justement, les liens entre l'armée et la Nation. Mais si cette sortie relève de la grosse maladresse, son instrumentalisation, et sa sur- interprétation par la droite est une faute. L'insistance - affichée presque dans les mêmes termes que Marine Le Pen - par le Premier ministre François Fillon à pointer les origines norvégiennes de la candidate écologiste et son défaut supposé de culture des « valeurs françaises », frôlant l'insinuation xénophobe, est nauséeuse. Pour en revenir à la Bastille et au 14 Juillet, il n'est apparemment pas inutile de rappeler que la France révolutionnaire de 1789, et plus encore celle de 1793, se faisait un honneur, elle, d'accueillir dans ses rangs des étrangers, pourvu qu'ils partagent l'idéal républicain. Un modèle d'hospitalité et d'égalité entre les citoyens qu'il serait bon de ne pas oublier. Cela fait partie aussi, grandement, des « valeurs françaises ».

L’Europe selon Ryanair

Avec ses tarifs apparemment imbattables, la compagnie aérienne est devenue un outil essentiel de la mobilité des Européens. Mais à quoi ressemble l'Europe low cost ? Deux journalistes du Monde ont parcouru neuf pays en 5 jours, pour 500 euros. Récit. 

 Faire un tour d’Europe pour 500 euros. Fouler le sol de neuf pays en cinq jours. Bronzer (succinctement) sur une plage de Sicile, assister à la relève de la garde à Buckingham Palace, flâner dans les quartiers populaires de Porto. Dans une même journée, prendre son petit-déjeuner en Lettonie, manger des frites à midi en Belgique et se délecter de tapas le soir en Catalogne.
Une seule compagnie aérienne rend possible un tel périple : Ryanair. Les journaux ont beaucoup écrit, ces dernières années, sur les méthodes de la reine du low cost : son recours à des subventions déguisées, son mépris des cotisations sociales, sa façon de jongler avec les règles européennes… Autant de pratiques qui permettraient à la compagnie de proposer des tarifs imbattables à ses clients. Lesquels n’ont jamais été aussi nombreux (73,5 millions de passagers l’an dernier).
On aurait tort de penser, cependant, que les usagers de Ryanair sont gagnants à tous les coups. Entre les prix que promettent les affiches et les sommes déboursées in fine, l’écart peut être grand. Les tarifs que nous indiquons, pour des billets achetés plus d’un mois avant le départ, comprennent de nombreux "extras" : taxes d’aéroport, frais d’enregistrement en ligne, frais d’administration dus à l’utilisation d’une carte bancaire… Voler à bord d’un Boeing 737-800 de la compagnie irlandaise – modèle unique, pour des raisons de réduction de coût– est une expérience singulière.
Le meilleur moyen de s’en rendre compte était de faire un usage intensif de Ryanair. Sauter d’un aéroport à l’autre à un rythme soutenu. Rallier le centre-ville des destinations concernées. Se restaurer à bord, bien sûr. Et échanger avec d’autres utilisateurs. Neuf vols au programme, 12 000 km en tout : attachez vos ceintures.

JOUR 1 : L'ANGOISSE DE L'EXCÉDENT

Impossible de commencer pareille odyssée ailleurs qu’à Beauvais, eldorado low cost atteint après 1h15 de car depuis la porte Maillot, quelque deux heures avant le départ de notre premier vol (pour la Sicile), comme il est recommandé. Tuer le temps entre deux terminaux éloignés des routes traditionnelles fait partie de l’ordinaire du voyageur économe.
Deux heures, cela dit, ne sont pas de trop pour se rassurer et vérifier que rien ne manque. Notamment la carte d’embarquement que chaque client doit avoir lui-même réalisée via Internet : un oubli, et son impression sur place (par Ryanair) coûtera 40 euros, ce qui fait cher la feuille de papier A4. Le même montant sera réclamé pour tout bagage cabine ne répondant pas aux dimensions (55 cm × 40 cm × 20 cm) et au poids (10 kg) autorisés par la compagnie.
Avec Paolo, l’ami photographe, nous avons passé d’intenses moments, la veille, à échanger chemises et matériel électronique afin d’équilibrer nos deux bagages, parvenus au poids égal de 10,1 kg chacun. Un chef d’escale zélé cherchera-t-il des noises pour ces 100 grammes superflus? Ou pour les 2 centimètres de trop que compte ma valisette en hauteur ? Paolo, au moins, n’a pas ce souci : il a acheté le "sac de cabine officiel" vendu par Ryanair sur son site. Au prix fort : 79 euros pour un objet en polyester.
Mais ainsi en va-t-il du business aérien : un voyageur stressé est un bon payeur. Equation que Ryanair a poussée à son paroxysme en développant divers services à l’utilité discutable : SMS de confirmation, embarquement prioritaire… et une assurance maison que l’on n’esquivera qu’au prix d’une vive concentration : la mention "Pas d’assurance voyage" apparaît au beau milieu d’un onglet déroulant, entre la Lettonie et la Lituanie !
A Beauvais ce matin-là, l’absence de contrôle pointilleux – sinon à l’œil nu – est presque décevante. Et si tout ce qu’on entend et lit sur la fameuse "fermeté" de Ryanair n’était que littérature ? Patience…
Hasard des files d’attente, le couple situé devant nous a des choses à dire sur le sujet. Clémentine Courbin et Redouane Abdat, étudiants en Master d’affaires internationales à Paris-Dauphine, n’étaient pas mécontents de leur transaction il y a une semaine de cela : deux allers-retours Beauvais- Trapani pour 200 euros. Las : pour une raison inconnue – erreur de saisie ? bug informatique ? – son prénom à elle s’est retrouvé dans la case destinée au patronyme de son compagnon, au moment de la réservation. La correction du billet erroné leur a coûté… 100 euros supplémentaires. "On a appelé le service réclamation, un centre d’appel situé à l’étranger où des gens vous débitent des réponses toutes faites. Ils n’ont rien voulu entendre malgré notre bonne foi. C’est la première fois que je voyage avec Ryanair. C’est aussi la dernière", maugrée la jeune femme.
Arrivée à Trapani, non loin des Mirage de l’OTAN qui partent bombarder la Libye. Aller-retour dans le centre de cette petite ville sicilienne non dénuée de charme. Et départ, le soir même, pour l’aéroport de Francfort-Hahn.
Deuxième vol identique au précédent (et à ceux qui suivront), à la différence près que celui-ci est nocturne. Et dormir dans un appareil frappé de la harpe celtique (l’emblème de Ryanair) n’est pas chose aisée. L’usage de sièges non inclinables se révèle un calvaire pour des cervicales en fin de journée. Mais que voulez-vous : il faut bien entasser le maximum de personnes dans un avion pour avoir des tarifs avantageux. Lesquels le seront encore plus le jour où seront commercialisées des places debout, idée évoquée en 2009 par Michael O’Leary, le remuant PDG de Ryanair.
Dormir donc. Pas facile non plus quand, toutes les 10 à 15 minutes, le personnel de bord vient vous "vendre" quelque chose. Ryanair réalise 20 % de son chiffre d’affaires (3,6 milliards d’euros) par la vente de produits auxiliaires. Passons sur la saveur des sandwiches, inversement proportionnelle au tarif exigé. Sur Ryanair, on peut aussi acheter des cigarettes électroniques ("Bonne nouvelle pour les fumeurs !",  s’enthousiasme mollement une hôtesse de l’air), des cartes téléphoniques (bien plus avantageuses que "vos forfaits astronomiques", s’enflamme un steward débutant) ou des cartes à gratter du "fantastique"  jeu de hasard organisé par la compagnie et dont une partie des recettes est reversée à des œuvres de charité.
Mais le must – le produit-phare dont "vous avez sans doute vu la publicité à la télévision" – est un bracelet montre réalisé à partir d’une pierre fine permettant d’améliorer (on cite) "le sommeil", "la relaxation", "la  méditation", "la concentration", "la vitalité"… Et même la "détoxification naturelle du corps". Fêtons cet achat –12 euros – en dégustant un sandwich chaud mozzarella tomates aux inégalables propriétés caoutchouteuses ! Rien à craindre, puisqu’on a la montre.

 Après Beauvais, Trapani et Francfort, les deux journalistes du Monde poursuivent leur périple dans la galaxie low-cost. Un univers où les rencontres peuvent être pour le moins suprenantes… 
 JOUR 2 : LE DILEMME DU TRANSFERT  
A l’approche de Londres, il est possible de se procurer en plein vol des billets de train, avec ristourne, pour rejoindre la capitale britannique : 16 livres  l’aller simple, au lieu de 21 livres à l’aéroport de Stansted. Le trajet dure 45 minutes. Soit deux fois moins de temps que les bus, moins chers (9 livres). Dilemme pour le voyageur embarqué à Francfort : dépenser autant que son billet d’avion (27 euros) pour atteindre le centre de Londres (et en revenir) serait un comble ; tout comme passer plus de temps dans les transports en commun que dans les airs (1h10).
Va pour le bus. Et pour… 1h40 d’accordéon jusqu’à Victoria Station. C’est aussi cela, la vie low cost, nous expliquera Simon Rajbar, 24 ans, étudiant slovène (en journalisme) abordé au milieu d’un voyage au long cours – Berlin-Edimbourg puis Glasgow-Londres-Venise – d’un coût total de 110 euros : "Sur les onze jours de mes vacances, deux et demi ont été entièrement consacrés aux vols et aux différents transferts d’un endroit à l’autre."
Simon est à la fois un adepte de la compagnie irlandaise – qu’il utilise depuis Graz, Venise et Zagreb (la Slovénie n’est pas desservie) – et son premier détracteur : "Sans Ryanair, je n’aurais jamais les moyens de voyager autant en Europe. Je comprends aussi très bien qu’il puisse y avoir des contreparties aux prix proposés, et je m’en accommode. Mais ce que je n’aime pas, c’est qu’on attend de toi que tu fasses une erreur, dans ta réservation par exemple, afin de te faire payer plus. On n’est pas dans une relation transparente."
De retour à Stansted (en train, eh oui), une visite de l’aéroport s’impose. L’endroit est le principal hub de Ryanair : 109 destinations y sont accessibles, sur 165 références au catalogue. Cours de géographie et de poésie à la fois : mais où peuvent bien se trouver Haugesund, Skelleftea, Lappeenranta, Lamezia et l’imprononçable Bydgoszcz ? Stansted est aussi le seul aéroport du monde à proposer, le mercredi, un vol pour Bergerac à 15h15 et un pour La Rochelle à 15h20. C’est également un gigantesque centre commercial truffé de boutiques et de restaurants.
Aux voyageurs imprudents, des bornes Internet proposent d’imprimer des cartes d’embarquement contre 4 livres minimum. Glissez 50 pennies dans une balance pour faire peser votre valise. Et le double dans une tireuse automatique pour un lot de mini sacs en plastique destinés aux shampoings et autres dentifrice qu’il faut désormais isoler. 1 livre le sac de congélation, record du monde ! 
L’avion pour Riga décolle à l’heure. Et arrive à destination avec plus de 20 minutes d’avance. Comme à chaque fois en pareil cas, un air de cavalerie retentit dans les haut-parleurs du 737 pour célébrer cette victoire sur la ponctualité. "The on-time airline" – son slogan – se targue d’être la championne du genre, avec plus de 90% de vols arrivant à l’heure.
Tout l’effort est porté sur le tarmac : moins un appareil restera au sol après l’atterrissage, plus il effectuera de rotations. Montre en main (celle qui désintoxique et favorise la méditation), on chronométrera, le lendemain à Dublin, le temps nécessaire au personnel de bord pour nettoyer l’avion et accueillir les premiers passagers du vol suivant : six minutes. L’absence de porte-documents à l’arrière des fauteuils favorise cette opération digne d’un changement de pneumatiques sur un circuit de formule 1. Le plus étonnant est que les avions sont propres quand on monte dedans.

JOUR 3 : DES HUSSARDS EN PLEIN CIEL 

Riga gagne à être connue, notamment pour les immeubles Art nouveau de l’architecte Mikhaïl Eisenstein (le père du cinéaste). Destination low cost très prisée, la ville est animée le week-end par les touristes occidentaux qu’attirent l’alcool bon marché et la beauté des Lettones.
A l’aéroport ce jour-là, la sensation vient d’un groupe d’une dizaine de passagers vêtus en… hussards Premier Empire. Ils sont russes et s’apprêtent à s’envoler pour Charleroi, d’où ils rejoindront Waterloo pour la reconstitution annuelle de la bataille de 1815. Les gaillards suent sous leurs dolmans et leurs shakos. Pourquoi diable n’ont-ils pas rangé leurs costumes en soute ? Pardi ! "Pour faire des économies", dit l’un d’eux. A raison de 20 euros le kilo d’excédent de bagage, mieux vaut alourdir ses épaules que ses cantines…
Partis de Saint-Pétersbourg en voiture ou de Moscou en train, tous ont mis une douzaine d’heures pour rejoindre le terminal Ryanair le plus proche. Leur voyage jusqu’en Belgique coûtera à chacun 250 euros aller-retour, tout compris. "Quatre fois moins qu’en partant en avion depuis la Russie. Le voyage est aussi plus court. Avant, on mettait trois jours et trois nuits en car pour venir", raconte le responsable du groupe, Oleg Sokolov. Auguste sous son bicorne d’époque, cet historien spécialiste des batailles napoléoniennes ne cache pas sa satisfaction d’arriver "un 16 juin à Charleroi" : "Tout comme Napoléon quand il a commencé sa campagne."
Des hussards en plein ciel, pourquoi pas ? Vecteurs de démocratisation aérienne, les moyens-courriers de Ryanair brassent des populations plus variées qu’on ne croit. Sportifs en transit, amoureux en goguette, groupes de retraités en quête de soleil, hommes d’affaires, familles nombreuses, religieux… La société irlandaise séduit au delà de sa clientèle historique, les jeunes sans le sou, qui restent le noyau dur. Rendre visite, dans leurs pays d’origine, à des étudiants du réseau Erasmus en utilisant Ryanair est un grand classique, comme nous l’expliqueront plusieurs bourlingueurs croisés en chemin. 
Ce qui étonne le plus n’est toutefois pas la diversité des passagers, mais leur désinvolture à bord : allumer son téléphone portable ou se lever avant l’arrêt de l’appareil est monnaie courante sur Ryanair. Comme si voyager low cost autorisait des libertés nouvelles… Autre habitude : applaudir le pilote, même quand l’atterrissage est raté.
Le personnel de bord, lui, fait ce qu’il peut. Son rôle ressemble davantage à celui de vendeurs ambulants qu’à celui d’hôtesses et de stewards affectés au bien-être des usagers. Les voir manger, au fond de l’appareil, des frichtis préparés par leurs soins dans des Tupperware fait peine à voir. Impression vite corrigée par la lecture du magazine de la compagnie : chaque mois, une employée y pose en maillot de bain…
De là à boycotter la compagnie ? "La plupart des voyageurs ne sont pas au courant des conditions de travail des salariés, et même s’ils l’étaient, ils s’en ficheraient, estime Guillaume D’Agaro, un plasticien de 25 ans rencontré à l’aéroport de Charleroi en provenance de Cracovie. La question morale reste loin derrière le prix du billet. Il est très difficile de résister à ce type d’offres lorsqu’on est étudiant, jeune salarié ou retraité. Ryanair est représentatif de notre société “mondialisante”et capitaliste où tout s’achète et se consomme au détriment de l’aspect humain. Cette idéologie gagne la mentalité des gens, qui préfèrent peut-être se dire que pour une fois, ce sont eux qui en profitent." Et lui ? "Je n’ai pas le choix : je ne peux voyager que par le biais de Ryanair et de compagnies semblables, pour des raisons purement financières."

Neuf pays pour 500 euros. Les deux journalistes du Monde achèvent leur tour du continent sur un constat : la compagnie irlandaise vous emmène partout et loin de tout.
 JOUR 4 : LES DÎMES INCOMPRESSIBLES 
Eux aussi ont emprunté Ryanair pour faire des économies. Enfin, le croyaient-ils… Il est vrai qu’avec leurs trois enfants en bas âge, Liam et Deirdre Ryan n’avaient guère d’autre alternative pour partir en vacances en dehors de leur verte Erin. Lui dirige une petite entreprise de construction au nord de Dublin ; elle enseigne l’irlandais en milieu scolaire. Les Ryan sont pourtant propriétaires d’un camping-car. "Mais la traversée sur le continent revient à 1 700 euros. Ce à quoi il faut ajouter le diesel qui n’arrête pas d’augmenter, les emplacements dans les campings… ",  explique le couple. Le vol aller-retour en Catalogne, via l’aéroport de Reus (à 1h20 en bus de Barcelone), aura coûté 1 100 euros aux Ryan. "Un prix raisonnable. Le moins cher qu’on ait trouvé", se console Liam, qui aurait évidemment espéré faire meilleure affaire. Sauf que voilà. Primo, Ryanair a récemment augmenté de 12% le tarif moyen de ses billets (39 euros) en raison de la flambée du pétrole. 
Secundo, voyager en groupe ne compresse pas les différentes taxes existantes. Ainsi, la commission de 6 euros prélevée pour l’usage d’une carte bancaire (sauf la Mastercard Prepaid) : quand bien même un seul paiement est effectué pour plusieurs billets, l’acheteur paiera cette dîme incompressible pour chaque aller et chaque retour de chaque passager ! Idem de l’enregistrement en ligne, facturé également 6 euros et multiplié par le nombre de trajets effectués. Ajoutez une ou plusieurs valises en soute (entre 15 et 40 euros selon le poids, la période, le nombre…), et la pilule sera encore plus amère.
On comprend mieux pourquoi les passagers sont si attachés à la gratuité de leur bagage cabine. A la condition expresse, rappelons-le, que celui-ci respecte la taille et le poids permis à bord… Le moins qu’on puisse dire est que les voyageurs ne sont pas égaux entre eux. A Trapani, Francfort, Riga et Reus, personne n’a jeté le moindre regard à nos valises. A Londres et Charleroi, elles ont été, à l’inverse, scrupuleusement pesées et soumises au test du "gabarit", une structure métallique dont les dimensions reproduisent celles autorisées.
La crainte de voir son bagage rejoindre les soutes en échange de 40 euros n’est pas sans provoquer d’étranges scènes. Des hommes et des femmes, parfois très distingués, se mettent à quatre pattes en plein aéroport afin de transvaser des affaires d’une valise à l’autre. Certains passagers n’hésitent pas à se couvrir de pulls et de manteaux pour alléger leurs impedimenta. 
D’autres les font rentrer au forceps dans le gabarit en métal et sont incapables de les ressortir sans risquer une bosse au passage. A Dublin, un membre d’une équipe de football – qui s’en va disputer un match à Porto – est obligé de vider la moitié de son sac afin de le plier en deux, et passer le test avec succès. Extraordinaire comédie humaine jouée sous les yeux des grands écrivains irlandais dont l’effigie orne les murs de l’aéroport. "Le mensonge semble doux au départ, mais il finit toujours par être amer", lit-on à côté du portrait de Lady Gregory (1852-1932).

JOUR 5 : VATRY, SI LOIN DE PARIS 

Il faut savoir finir un voyage en beauté. On connaissait l’aéroport de Vatry (Marne) pour avoir assisté l’an dernier à l’ouverture de nouvelles lignes commerciales dans ce terminal dédié au fret. On ne se souvenait pas que rejoindre Paris, situé à 160km, était si fastidieux. La destination, pourtant baptisée "Paris-Vatry (Disney)", s’adresse à des touristes désireux de visiter Disneyland et/ou la capitale. L’avion venant de Porto s’est posé à l’heure pile : 15h05. Quarante-cinq minutes plus tard, le seul moyen de transport direct pour Paris démarre : un bus censé arriver au pied de la tour Eiffel à… 19h45, soit 4h40 après l’atterrissage ! Le véhicule doit desservir au passage trois hôtels Disney.
Comme le dit avec une fraîcheur désarmante une employée de l’aéroport : "Si vous avez le temps, c’est simple." Certes. Une autre solution s’offre à nous : foncer en bus jusqu’à la gare SNCF de Châlons-en-Champagne, puis attraper un train en direction de la gare de l’Est. Peu importe si le coût de cet ultime transfert (36,90 euros) est plus élevé que le prix de notre dernier vol (32,50 euros). Paris nous est promis moins de trois heures après l’atterrissage. Une paille. Enfin presque. Des "actes de malveillance" sur la voie occasionnent un retard de 30 minutes… Rester zen. Se dire que tout va bien. Jeter un oeil, si besoin, à sa montre "miracle".

 POUR UNE FOIS QUE L'ON PEUT LIRE UN ARTICLE PAS TROP CON DANS "LE MONDE", PROFITEZ-EN !!

Dette. Et si la France chutait à son tour ?

La France peut-elle éviter la contagion ? 
L'ultimatum de Barack Obama au Congrès américain a relancé un vent de panique. Les États-Unis risquent un défaut de paiement à partir du 2 août. Conséquence directe : les retraités, les militaires ou les fonctionnaires peuvent ne plus être payés à la fin du mois. Cette situation pourrait-elle arriver dans notre pays ? « La France n'est pas inattaquable. Mais un certain nombre de mesures comme la réforme des retraites ont été prises pour renforcer la confiance des investisseurs dans l'économie française », indique Marc Ivaldi, professeur à l'Ecole d'économie de Toulouse (TSE). Mais avec une dette publique à 1646,1 milliards d'euros, soit 84,5 % du PIB, « si on ne fait rien, on risque de se retrouver dans une situation très difficile, ajoute-t-il. À force d'augmenter la dette, il faudra bien que quelqu'un paye un jour ». La zone euro semble être incapable de stopper le risque de contagion en Europe. Après le plan de sauvetage de la Grèce, l'Italie montre des signes alarmants. Selon les calculs de Dexia AM, le besoin de financements cumulés de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande atteint 201 milliards d'euros pour les 24 prochains mois. Les Etats européens pourraient encore y faire face avec la possibilité de financer la dette de ces pays à hauteur de 750 milliards d'euros. Mais une contagion à l'Italie ferait plus que doubler le besoin de financement. Dans ce cas, il n'y aurait plus de marge de manœuvre et même la France risqueraitd'être attaquée.

Le pétard d'Eva

En lançant son pétard sur le défilé du 14 juillet, Eva Joly a déclenché un spectaculaire feu d'artifices. Haro sur l'écolo qui, végétarienne ou pas, a eu le culot de s'en prendre à l'une de nos vaches sacrées. Une centenaire ! La revue des troupes, en plein coeur de la capitale, reste un moment de fierté populaire, symbole du lien entre les soldats et la Nation, même si la suppression du service militaire et la professionnalisation de l'armée par Jacques Chirac en 1996 ont changé la nature de ce lien. Pour avoir chanté sa Marseillaise, Gainsbourg avait déjà fait hurler dans les chaumières.

La volée de bois... vert contre la candidate de « l'écolo Joly » est compréhensible, mais dans la bouche de certains, elle a pris une tournure indigne. C'est vrai que le moment n'était pas le mieux choisi pour une telle mise en cause, alors même que la communauté militaire et le pays lui-même étaient en deuil, sous le choc des six morts d'Afghanistan. Son propos, du coup, ressemblait à une provocation dont l'ancienne magistrate, pourtant consciente du poids des mots, ne s'est peut-être pas rendue compte dans l'instant.

Ouvert à un moment plus opportun, le propos iconoclaste d'Eva Joly aurait pu nourrir un débat intéressant. De même que certains, pas forcément ultra-gauchistes, jugent aujourd'hui trop sanguinaire notre hymne national, il n'y a rien d'illégitime à s'interroger sur la manière de célébrer le 14 juillet. À côté de sa tradition militaire, il pourrait aussi exprimer une dimension plus citoyenne, l'occasion d'une fête de l'égalité. Après tout, il ne manque pas de nouvelles Bastilles à prendre et de candidats à la présidentielle pour donner l'assaut.

Traiter d'anti-France Eva Joly, en revanche, c'est reprendre à son compte les termes de l'extrême droite antisémite d'avant-guerre. Dans la bouche de Marine Le Pen, la mise en cause de la citoyenneté française de la candidate d'origine norvégienne, ne surprend pas. Mais que le premier ministre en personne, en la discréditant sur le terrain des valeurs françaises, flirte avec cette même thématique nauséeuse, voilà plus surprenant et surtout plus inquiétant. Y compris pour lui.

Malaise

Le coq gaulois dont les cocoricos retentissent, chaque 14 Juillet, avait hier la voix cassée. Le décalage entre la fierté légitime au spectacle des troupes et matériels en revue, précédé d'un Haka polynésien, et la réalité du terrain, dans l'émotion des morts en série, était trop flagrant pour ne pas susciter un malaise. Accentué d'ailleurs par le sentiment d'un autre décalage encore plus profond entre les proclamations compréhensibles de soutien aux militaires qui font le sacrifice de leurs vies dans un métier dégradé, et le doute sur le sens et l'efficacité de cette guerre dans laquelle la grandeur de leur engagement n'est évidemment pas en cause.

Le président de la République, sur un ton de gravité sincère après sa visite aux blessés, tente de répondre à ce malaise diffus dans l'opinion, mais relayé maintenant par la gauche et le FN qui dénoncent l'impasse et demandent un retour accéléré des soldats. Preuve d'un embarras certain, s'il maintient son calendrier de retrait, 1.000 en 2012, le reste en 2014, il se doit de réagir. C'est ce qu'il s'est efforcé de faire hier, sous la pression des événements.

Il justifie son cap par la nécessité d'organiser la transition avec l'armée afghane, dont chacun fait mine de croire qu'elle sera capable d'assumer la relève. Mais la partie sera très périlleuse. Car les Talibans, dont on explique que les attentats suicides seraient le signe d'une perte de capacité opérationnelle, ne vont pas relâcher leurs attaques. D'où les mesures de sécurité ordonnées par le président, furieux de ce nouveau « carton » des insurgés. Pour se protéger, les Français se feront plus discrets, ce qui n'arrangera ni la sécurité ni l'aide économique que l'on affirme vouloir développer.

À quelques mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy ne peut courir le risque de donner le sentiment d'impuissance devant ce bourbier afghan qui ne lui enverrait que des cercueils. Le chef des Armées cherche à s'en prémunir en exaltant le courage de soldats qui se sacrifient pour la défense de la démocratie. Après dix années de prêche occidental au son du canon, on peut espérer mieux que voir une « Choura » afghane finir en bain de sang.

Welcome, Fillon

Monsieur le premier ministre, je n'ai pas d'autre choix que de vous saluer en anglais, car c'est la langue que nous parlons de plus en plus dans nos maisons. Je m'explique. Depuis que vos consulats distribuent plus que chichement les visas d'entrée dans votre pays à nos enfants, nous n'avons plus d'autre choix, pour leur faire faire de bonnes études, que de les envoyer au Ghana, en Inde, ou aux Etats-Unis et au Canada pour les plus fortunés d'entre nous. Dans ces pays, comme vous le savez, on parle plus souvent l'anglais que le français. Depuis quelque temps donc, nous sommes obligés d'apprendre quelques mots d'anglais, pour pouvoir converser avec nos enfants qui nous font croire, lorsqu'ils reviennent en vacances, qu'ils ont oublié la belle langue de Molière dans laquelle nous autres, leurs parents, avons grandi.

Comme vous le constaterez vous-même lors de votre séjour, notre système éducatif est dans un tel état qu'il faut vraiment détester son rejeton pour le laisser étudier ici, si l'on a les moyens de le faire partir à l'étranger. Pendant les dix dernières années, nous étions occupés à la noble tâche de libérer notre pays, que dis-je, toute l'Afrique, de la colonisation française. Vous savez ce que c'est que la guerre de libération. Vous en avez connue une dans votre pays entre 1939 et 1945. Alors nous avons transformé nos écoles, primaires et secondaires, universités, et même notre palais de la culture en poudrière, nous avons créé des "agoras", "parlements" et "Sorbonne" pour bien enseigner la haine à nos jeunes gens, car pour faire une bonne guerre, il faut bien haïr l'ennemi, nous avons fait de nos étudiants des miliciens et des tueurs, et nous étions bien partis pour libérer l'Afrique, du Cap Bon en Tunisie au Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, lorsque des hélicoptères venus de votre pays ont traitreusement arrêté ce grand dessein. Passons.

Akwaba, Monsieur le premier ministre Fillon.

Là, je parle une langue de chez nous. Ça signifie la même chose que welcome. Depuis que votre pays nous a empêché de libérer notre continent, et pourquoi pas les continent voisins (il n'y avait pas de raison que nous nous arrêtions en si bon chemin si notre premier objectif avait été atteint), nous avons revu nos ambitions à la baisse. Nous voulons maintenant tout juste libérer notre pays. De la pauvreté, de la malnutrition, des maladies, de l'obscurantisme, des prophètes illuminés, des sorciers en tous genres. Nous voulons développer notre agriculture, notre système de santé ; donner un peu de dignité à notre système éducatif afin que nos enfants n'aillent plus fatiguer vos consuls à demander des visas qu'ils n'auront que très rarement ; réparer nos routes ; avoir de l'électricité et de l'eau courante un peu partout, et surtout bâtir une vraie démocratie.

Rassurez-vous. Nous n'attendons pas de vous que vous fassiez tout cela pour nous. Je voulais tout juste vous dire que, passé le temps de la folie furieuse des quatre premiers mois de l'année 2011, nous avons retrouvé notre lucidité et voulons entretenir avec votre pays des relations d'amitié basées sur le respect mutuel et dépouillées de tout complexe. Des voix plus autorisées que la mienne vous diront ces choses mieux que moi, mais le simple citoyen que je suis voulait vous dire cela à sa façon. Et je peux vous assurer que de très nombreux Ivoiriens qui ont échappé à la folie collective qui s'était emparée de certains de nos compatriotes pensent la même chose. En témoigne la manière dont votre ministre des affaires étrangères et votre président ont été ovationnés lors de l'investiture de notre chef d'Etat à Yamoussoukro.

Certes, votre pays a colonisé le nôtre et vos grands parents et parents ont botté les fesses des nôtres. Ce n'était pas bien. Mais nous sommes conscients qu'il est impossible de refaire l'histoire, et nous autres, de ma génération, qui n'avons en réalité pas connu cela, n'avons pas à bâtir notre avenir et celui de nos enfants et petits-enfants sur la rancœur légitime de nos parents et grands-parents. Il n'est cependant pas question d'oublier, mais plutôt de partir de cette histoire douloureuse pour en écrire une nouvelle avec l'encre de l'amitié, de l'entente, de la franche coopération.

Le père fondateur de notre pays eut l'intelligence de comprendre que le pays dépourvu d'infrastructures, de cadres et de techniciens qu'il avait à bâtir avait tout à gagner en coopérant avec celui qui, malgré tous les méfaits de la colonisation, l'avait tout de même ouvert sur la modernité. Il y a sans doute eu des abus de la part de votre pays qui a profité de notre naïveté, de notre inculture en matière financière et technique, et sans doute aussi de notre cupidité et notre absence de sens de l'Etat. Notre souhait est de repartir sur des bases plus saines, que la France nous permette d'accéder à son savoir technique et scientifique. Nous sommes conscients que nous avons notre part de sueur à verser pour que notre pays occupe sa place de leader de notre région. Oui, nous devons travailler beaucoup. Et bien. Pour accéder à notre rêve de développement.

En attendant que vous discutiez de tout cela avec les autorités compétentes, permettez-moi, monsieur le premier ministre, de vous dire, comme mon fils qui fait ses études en Inde, "welcome in Ivory Coast, Mister Prime minister."