TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 8 février 2011

CHOC ? MÊME PLUS.

Alors qu’il était suivi par une équipe de TF1, dans sa traque quotidienne contre les talibans dans la région de Kandahar, le sergent Allen s’est fait surprendre par un explosif au sol, à un mètre de la caméra. Les deux journalistes s'en sont sortis indemnes, le sergent restera, lui, mutilé à vie.



Y a-t-il vraiment trop de fonctionnaires en France?

Contrairement aux idées reçues, la France se situe dans la moyenne des pays développés en nombre de fonctionnaire par habitant et en poids des dépenses de rémunération dans le PIB. La preuve en chiffres.
Face au déficit croissant des finances publiques, la question d'une éventuelle "sur-administration" est souvent posée en France. "La France compte trop de fonctionnaires", répète à l'envi Nicolas Sarkozy depuis qu'il est au pouvoir. Un argument qui justifie aux yeux du chef de l'Etat la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux à la retraite.


Parce qu'elle est légitime, cette question mérite d'être creusée. Trop de fonctionnaires par rapport à qui ou à quoi? Aux autres pays développés? A la population française? Au budget de l'Etat? Une enquête exclusive du Centre d'analyse stratégique (organisme rattaché à Matignon) apporte, pour la première fois, des éléments de comparaison dans une perspective internationale. Ce "tableau de bord de l'emploi public", publié mardi 8 février, bouleverse les idées reçues.
90 focntionnaires pour 1000 habitants

La France comptait en 2008 entre 5 et 6 millions de fonctionnaires (le million de différence tient à la prise en compte de l'emploi dans les organismes privés à financement public types établissements publics d'aménagements et les entreprises semi-publiques type SNCF ou Aéroports de Paris), selon les chiffres les plus récents de Bercy. L'emploi public représente ainsi 20 à 25% du total de l'emploi en France. Soit environ 90 emplois publics pour 1000 habitants. Un taux d'administration qui se situe dans la "moyenne haute" des pays de l'OCDE, selon le rapport du CAS.

La France se situe ainsi loin devant le Japon (40 emplois publics pour 1000 habitants) et l'Allemagne (50 pour 1000) mais loin derrière le Danemark et la Norvège (160 pour 1000). Elle est au même niveau que le Royaume-Uni. Les auteurs du rapport ajoutent que "si la France apparaît en situation relativement haute du point de vue du nombre d'emplois publics par habitant, elle recourt moins que d'autres à la sous-traitance" (moins de 5% du PIB), contrairement aux pays anglo-saxons (9% du PIB aux Etats-Unis et au Canada, 12% au Royaume-Uni) et aux pays nordiques (9% en Finlande, en Suède et au Danemark).
Les rémunérations publiques représentent 10 à 12% du PIB

En 2009, les dépenses de personnel (salaires, cotisations et prestations sociales) de l'Etat, des collectivités locales et des hôpitaux se sont élevées à 208 milliards d'euros. L'équivalent de 10 à 12% du PIB. Là encore, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE, où les dépenses de rémunération publiques varient de 3,5% du PIB au Japon à 17% au Danemark. Ce taux connaît une diminution "sensible" en France, souligne l'enquête du CAS.

Dans la plupart des pays de l'OCDE, l'essentiel des emplois publics (entre 45% et 76% des rémunérations publiques versées) est concentré dans trois secteurs: l'éducation, la santé et la protection sociale. Seuls les Etats-Unis et la Grèce consacrent plus de 10% de leurs dépenses publiques à la défense, contre 6% en moyenne dans les autres pays de l'OCDE. La France présente un profil identique avec 31% des rémunérations publiques versées à l'éducation, 18% à la santé et 10% à la protection sociale et 8% à la défense.
12 enseignants pour 100 élèves

Dans l'éducation, la France se situe à un degré intermédiaire en ce qui concerne le taux d'administration avec 30 emplois publics pour 1000 habitants ou 12 pour 100 élèves, entre le Japon (15 emplois pour 1000 habitants ou 8 pour 10 élèves) et le Danemark, le Royaume-Uni ou la Suède (respectivement entre 35 et 50 pour 1000 et 15 à 20 pour 100). Néanmoins, la France affiche des taux d'encadrement dans l'enseignement primaire et supérieur parmi les plus faibles des pays de l'OCDE.

Dans le primaire, la France ne mobilise que 5 enseignants pour 100 élèves (en comparaison, ce taux est de 10% en Grèce et en Italie). Dans le secondaire, en revanche, la France est dans la moyenne (8 enseignants pour 100 élèves, contre 6% en Allemagne et 12% en Suède). Dans le supérieur, la France affiche un taux d'encadrement de 5%, équivalent à la Grèce, contre 9% en Allemagne et 11% en Suède. Une récente étude de l'OCDE indique que la France est en 18e position en termes de performance de ses élèves, avec une note qui atteint tout juste la moyenne.

LA FRANCE SOUFFRE DU SYNDROME DE LA FAINÉANTISE, AUJOURD'HUI ÊTRE FONCTIONNAIRE C'EST LA PLANQUE, PTT ? (petit travail tranquil), C'EST ÇA UN FONCTIONNAIRE ! BIEN SÛR QUE NON, MAIS C'EST PAS LOIN. ALORS AUTANT PRIVILÉGIER LA QUALITÉ QUE LA QUANTITÉ.
ET PUIS DES GRÉVISTES PROFESSIONNELS C'EST TYPIQUEMENT FRANÇAIS.

François Fillon invité par l'Egypte pour ses vacances

Le Premier ministre a utilisé pendant ses vacances en Egypte un avion "de la flotte gouvernementale égyptienne" selon Matignon. Entre autres.

Après Michèle Alliot-Marie, François Fillon entre dans une zone de turbulence. Le Premier ministre a été hébergé par le gouvernement égyptien pendant ses vacances de fin d'année et a emprunté un avion "de la flotte gouvernementale" du pays pour une excursion d'Assouan à Abou-Simbel, a annoncé Matignon mardi dans un communiqué publié à la suite d'informations du Canard enchaîné. 
En pleine tempête sur les vacances tunisiennes de la ministre des Affaires étrangères, le Canard enchaîné, qui avait déjà révélé l'utilisation d'un jet d'un proche de Ben Ali, rappelle que le Premier ministre français s'était rendu à la fin de l'année 2010 en famille en vacances en Egypte, à Assouan. 
C'est à cette occasion qu'il s'est rendu pour une excursion à Abou-Simbel, qui abrite deux temples de l'Egypte antique, à bord d'un avion appartenant à Hosni Moubarak, poursuit le journal. 
Dans un communiqué publié "dans un souci de transparence" avant même la parution en kiosques de l'hebdomadaire mercredi, Matignon apporte plusieurs "précisions" sur ce voyage, effectué du 26 décembre 2010 au 2 janvier 2011, alors que l'Egypte connait des troubles importants
Invité d'Hosni Moubarak
"Le Premier ministre a été hébergé lors de ce séjour par les autorités égyptiennes. Le Premier ministre, toujours à l'invitation des autorités égyptiennes, a emprunté un avion de la flotte gouvernementale égyptienne pour se rendre d'Assouan à Abou Simbel où il a visité le temple", indique le texte de Matignon. 
"Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions" c'est-à-dire en tant qu'invité. 
Pour ce qui est du voyage entre Paris et Assouan, c'est "un Falcon 7X" du gouvernement français qui a été utilisé comme le veut l'usage habituel pour le Premier ministre. 
"S'agissant d'un déplacement privé, son billet et celui des membres de sa famille lui sont facturés, sur ses deniers personnels, au tarif établi par l'armée de l'air, conformément à la règle qu'il s'est lui même fixée et qu'il applique à chaque déplacement privé", poursuit le communiqué. 

Moubarak soigné en Allemagne?

La presse allemande spécule sur un séjour médical qui pourrait, s'il se prolonge, offrir une voie de sortie honorable pour le raïs égyptien.

 Des scénarios sur un départ de Hosni Moubarak, 82 ans et presque 30 ans à la tête de l'Etat, sont envisagés par la presse étrangère.  
Le site internet de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel écrit ainsi que le raïs pourrait venir effectuer "un bilan médical prolongé" en Allemagne. Selon le site de l'hebdomadaire, le chef de l'Etat égyptien devrait subir prochainement des examens médicaux à la Clinique Max Grundig dans la ville de Bühl près de Baden Baden. Des négociations seraient en cours pour envisager un prolongement du séjour du présient égyptien dans ce luxueux hôtial privé proche de la Forêt noire.  
Ce qui arrangerait tout le monde. "Les Egyptiens seraient ainsi débarrassés de leur impopulaire président et Moubarak partirait la tête haute", indique le journal qui précise qu'on ne sait pas encore "si le président est intéressé par cette voie de sortie. Il donne plutôt l'impression de vouloir s'accrocher au pouvoir." 
Interrogé lundi sur une telle éventualité, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a répondu qu'il n'y avait eu "ni demande officielle, ni demande officieuse concernant un tel séjour". 
Hosni Moubarak avait tenté, lundi, de reprendre la main, alors que les manifestations réclamant son départ se poursuivent. Le président de l'Egypte a promis une hausse de 15 % des salaires fonctionnaires et des retraites. 
Cette possible retraite du tyran égyptien en Allemagne suscite des interrogations dans la classe politique allemande. Plusieurs personnalités ded partis conservateur, social-démocrate ou libéral sont favorables à cette solution si elle permet de faciliter la transition en Egypte. En revanche, les Verts sont opposés à ce que Moubarak échappe ainsi à ses responsabilités. "Et l'Allemagne ne doit pas devenir un sanctuaire de luxe pour despotes renversés", estime Cem özdemir, vice-président des Grünen. 

Découverte d'une tribu isolée d'Amazonie

C'est vraiment injuste, des hommes vivent encore sans partager notre merveilleuse civilisation.

Regardez bien cette photo montrant cinq Indiens de la forêt brésilienne surpris dans leur quotidien. Des hommes et des femmes qui n'ont jamais entendu parler du réchauffement climatique, ni du 11-Septembre, et encore moins de la révolution tunisienne ! Des pauvres malheureux qui parviennent à survivre sans envoyer de texto, sans utiliser un objet made in China ou encore sans regarder Questions pour un champion, chaque soir, à la télé. Ils n'ont même pas l'air malheureux. N'est-ce pas trop injuste ? Pour eux, pas de chômage, pas de terrorisme, pas d'obésité. Leur existence n'est pas tolérable...
Comprenant peut-être une centaine de membres, ce groupe isolé d'Indiens appartenant à la tribu des Mashco-Piro a été repéré très récemment par la Funai, organisme brésilien chargé des questions indiennes, près de la frontière péruvienne. Isolé ne veut pas dire qu'ils n'ont jamais eu de contact avec la civilisation par le passé. Tous les groupes autonomes vivant en Amazonie sont les descendants des survivants des massacres opérés au XIXe ou au XXe siècle. Ils se cachent dans la forêt, vivent traditionnellement, mais ont des contacts avec leurs voisins. Si on regarde bien la photo, au pied de l'enfant situé sur la gauche, on peut voir une casserole. Deux individus tiennent également des machettes en métal. Des échanges existent donc entre les tribus. L'existence d'indigènes n'ayant jamais eu de contact avec la civilisation en Amazonie est un mythe.
Des bûcherons malintentionnés
Merde, il n'y a pas de raison pour que ce groupe d'hommes et de femmes échappe à l'enfer de la civilisation ! Heureusement, une bande de bûcherons illégaux se charge de leur faire rejoindre le reste du troupeau dit civilisé. Ils envahissent leur territoire pour tronçonner les bois précieux, tel l'acajou. Certes, ils ont un abord un peu rude. Ils manient les armes facilement et ne sont pas avares de maladies contagieuses...

Trêve de plaisanterie, ces Indiens isolés devraient avoir le droit qu'on leur foute la paix. Du côté brésilien de la frontière, ils ne sont pas encore trop menacés, car la Funai veille au grain ; mais du côté péruvien, jusqu'à présent, le gouvernement se lavait les mains du sort de ces tribus. Le risque étant que, sous la pression des bûcherons, les tribus côté Pérou envahissent le territoire brésilien, générant des conflits avec les Indiens s'y trouvant déjà. Depuis plusieurs mois, l'organisation Survival International faisait pression sur le gouvernement péruvien afin qu'il arrête des mesures de protection. "Enfin, nous avons été entendus. C'est une belle victoire", commente Sophie Baillon, de Survival France. Effectivement, le Pérou vient de faire connaître sa volonté de coopérer avec le Brésil pour empêcher les bûcherons de pénétrer sur le territoire des Indiens isolés vivant le long de la frontière commune aux deux pays.
Qui possède la plus belle vie, eux ou nous ?
La photo fournit quelques indications sur le mode de vie de ces Indiens isolés. L'homme tient un arc pour chasser, les enfants possèdent une machette. Derrière la femme du couple de droite, il y a un premier panier contenant du manioc venant d'être déterré, certainement dans le jardin communautaire. Juste à côté, deux paniers en fibres tressées, dont l'un est recouvert par des feuilles de bananier. Ils peuvent contenir du poisson ou encore de la viande. Sur la gauche de la photo, on distingue du manioc pelé, des papayes vertes et, sur le sol, des bananes ordinaires et plantains. Les Indiens en cultivent plusieurs espèces. Voir d'autres photos.

Le bon sauvage de Rousseau n'existe certainement pas. Il n'en demeure pas moins qu'à surprendre ces hommes dans leur paisible intimité, on ne peut que s'interroger sur nous-mêmes. Où la connaissance et le progrès nous ont-ils menés ? Qui possède la plus belle vie ? Eux ou nous ?

Printemps arabe, le risque est pour demain

La menace islamiste n'est pas qu'un fantasme des Occidentaux.

Ce printemps en hiver qui, de proche en proche, semble gagner tous les pays arabes du nord de la Méditerranée est évidemment un évènement aussi inattendu que fabuleux pour les idéaux démocratiques qui sont les nôtres. Voir après plusieurs dizaines d'années s'effondrer des régimes autocratiques, parfois brutaux et toujours corrompus, est une grande satisfaction pour tous ceux qui ne tiennent pas la déclaration des droits de l'homme pour une simple proclamation d'intention.

Constater, de plus, que ces manifestations sont, pour l'essentiel le fait de jeunes gens de la génération internet dont les mots d'ordre se transmettent grâce aux sites Facebook ou Twitter est le signe indéniable de la modernité d'un mouvement dont beaucoup croyaient qu'il ne pouvait jamais surgir dans ces pays arabes toujours prêts à s'enflammer pour d'autres causes plus ou moins défendables, mais pas pour des aspirations de liberté. De même qu'en 1989 on ne pouvait pas imaginer que les peuples d'Europe de l'Est viendraient à bout du mur de Berlin grâce à leur seule détermination, et entraîneraient dans la foulée la fin d'un empire communiste dont, depuis plus de quarante ans, les accès de mauvaise humeur ou de folie nous faisaient trembler.


Premier acte

Pourtant, quitte à prendre le risque de jouer les rabat-joie, il faut bien rappeler qu'en Égypte, comme en Tunisie, et encore plus au Yémen ou en Jordanie, ce qui vient de se passer n'est que le premier acte d'un grand chambardement dont la fin est loin d'être écrite et les bénéficiaires pas forcément ceux que l'on espère. Les mouvements qui sont en embuscade derrière les sympathiques manifestants du Caire ou de Tunis ne sont pas forcément ceux que l'on peut souhaiter voir demain remplacer les dictateurs mis en fuite par la rue.

Les islamistes, puisqu'il faut bien les appeler par leur nom, ne sont pas, loin s'en faut, des parangons de démocratie, des défenseurs des droits des femmes et des libertés publiques, ni des amis naturels de l'Occident. Il n'y a qu'à voir ce qu'est devenue depuis 1979 et le retour de Khomeini la République islamique d'Iran.

Le cas Israël

En Égypte, par exemple, la menace des Frères musulmans ne doit pas être uniquement tenue pour un fantasme qui permettait à l'Occident de se donner bonne conscience en soutenant une dictature maladroite et à bout de souffle. Les Frères musulmans sont le seul groupe d'opposition constitué du pays. Bien qu'ils n'aient pas participé aux dernières élections, on estime leur capacité de mobilisation à 30 % au moins de la population. Mohamed El Baradei, qui semble avoir accepté de jouer leur parrain, dit qu'ils ont bien changé, que leur action auprès des pauvres et des sans-abri témoigne de la modestie et de l'altruisme de leurs ambitions. Mais leur réseau d'aide sociale leur a aussi permis de noyauter toutes les couches populaires. Le loup ne sait-il pas toujours faire patte de velours pour endormir la méfiance du chaperon rouge ?

Car ce mouvement des Frères musulmans, aujourd'hui, dit-on, bien raisonnable, a tout de même enfanté le Hamas, dont l'intransigeance a toujours empêché les Palestiniens d'avoir les coudées franches pour mener jusqu'à leur terme les négociations avec Israël. Et s'il dit avoir renoncé à l'action armée à l'intérieur des États arabes, il reste totalement mobilisé contre Jérusalem. Il a pour programme un État islamiste dont la charia serait la loi et dont le premier acte, s'il arrivait au pouvoir, serait probablement de dénoncer le traité de paix signé par Sadate avec les Israéliens en 1979. Un acte qui déstabiliserait le Proche-Orient, qui n'en a pas besoin. Car après avoir vu le Hezbollah, manipulé par l'Iran, s'installer à sa frontière nord, Israël assisterait à la naissance d'un État islamiste à sa frontière sud. Pour donner des complexes d'encerclement, on ne peut guère faire mieux. Les Israéliens vont finir par espérer, ce qui serait un comble, que leur ennemi de toujours, le Syrien Assad, ne soit pas lui aussi emporté par la rue.

 

Pour une nouvelle justice


Il faut sortir par le haut de la crise de la justice. Et ce n'est pas en faisant la grève qu'on arrangera les choses...


"Les magistrats, une corporation qui n'assume pas ses responsabilités"


Malgré le tollé provoqué par les propos de Nicolas Sarkozy sur les "dysfonctionnements" de la justice, le gouvernement persiste. Il souhaite mettre les magistrats face à leurs responsabilités. Le zapping des matinales.


Ségolène Royal soutient les magistrats

Par voix de communiqué, la responsable socialiste a apporté son soutien aux magistrats qui protestent contre les accusations de Nicolas Sarkozy. 
 Nicolas Sarkozy et François Fillon doivent faire face, depuis la semaine dernière pour le premier, lundi pour le second, à la grogne des magistrats, refusant d'être les boucs émissaires des dysfonctionnements de la justice dans le cadre du meurtre de Laëtitia Perrais. Alors que de plus en plus de villes sont touchées par la grève des audiences, Ségolène Royal a apporté lundi son soutien aux magistrats qui protestent contre les accusations de Nicolas Sarkozy. 
« Ségolène Royal demande au gouvernement de donner les moyens à la justice de fonctionner dignement au lieu de l'accuser à chaque nouveau drame en entamant sa crédibilité, écrit dans un communiqué la présidente de la région Poitou-Charentes. (…) Le gouvernement fait en effet le procès des juges alors que c’est lui qui est coupable du manque de moyens. »
En conséquence, la candidate déclarée à la primaire du Parti socialiste a décidé d'apporter « son plein soutien aux magistrats dont chacun connaît l’esprit de responsabilité ». Elle « presse le gouvernement de répondre à leurs attentes et à celle des policiers d'avoir des effectifs à la hauteur des besoins ». 

ELLE SOUTIENDRAIT MON SLIP SI ÇA FAISAIT PARLER D'ELLE !!!!!

Pour le gouvernement, la fronde des magistrats est "orchestrée par les syndicats"

Une trentaine d'assemblées générales de magistrats sont organisées mardi en France sur le mot d'ordre de report d'audiences déjà voté par une cinquantaine de juridictions en réaction aux propos de Nicolas Sarkozy, selon l'Union syndicale des magistrats. La journée sera notamment marquée par l'entrée dans le mouvement de nombreuses cours d'appel, comme Toulouse, Besançon, Rennes, Pau, Orléans, Douai, Colmar ou Montpellier, qui donneront leur position. Les magistrats du tribunal de grande instance (TGI) de Paris se réunissent dans la matinée au Palais de justice.

François Baroin, le porte-parole du gouvernement, a estimé, mardi, sur France 2 que la protestation des magistrats contre les déclarations de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laëtitia était "pour une large part orchestrée par des syndicats". "Ce mouvement, certainement pour une large part sincère, est pour une large part organisé ou orchestré par des syndicats qui sont en opposition avec l'action du gouvernement", a-t-il déclaré.
Les magistrats qui protestent "s'appuient sur ce qui est un fait divers pour eux" et qui est "pour nous un drame épouvantable, auquel nous devons apporter des réponses", a-t-il ajouté. Selon lui, "ça n'est pas juste de la part des magistrats" de parler d'exploitation de la part du gouvernement.
Le meurtre de Laëtitia "n'est pas un fait divers supplémentaire, un élément statistique sur des dossiers de magistrats, c'est une épreuve collective et donc il est normal que le président de la République s'adresse d'abord aux Français". "C'est le président de la République qui reçoit la douleur des familles, qui reçoit ce cri. C'est une douleur pour lui", et, "sur ces sujets, il n'accepte pas la fatalité, il n'accepte pas que la société ne soit pas capable d'apporter des réponses, il n'accepte pas qu'il n'y ait pas des évolutions pour sauver nos enfants", a-t-il insisté.
"UNE DES CORPORATIONS QUI A LE PLUS DE MAL À ASSUMER SA PART DE RESPONSABILITÉ"
M. Baroin a également souligné que le budget de la justice était le seul, avec celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, à être "épargné par les suppressions de postes et par la RGPP [révision générale des politiques publiques]". M. Baroin a appelé les magistrats à ne pas donner "l'impression de ne pas accepter le sens des responsabilités, de ne pas accepter qu'il y ait eu des fautes".
C'est "une des corporations qui a le plus de mal à assumer sa part de responsabilité", a-t-il dénoncé, rappelant aussi l'affaire d'Outreau où "il y a des gens qui ont été en prison inutilement, injustement". Et quand "le magistrat instructeur est venu devant les parlementaires, on a expliqué que c'était une atteinte insupportable à la magistrature", a-t-il rappelé.

Comme le dit si bien C. Barbier dans son édito du jour, la magistrature se gauchise, elle devient angélique, chimérique même, mais il est clair qu'un meurtrier reste un meurtrier. 
 Dans l'affaire Laetia, la justice a mal fait son travail, les risques n'ont pas été calculés, les magistrats ont été laxistes, la police a suivi. 
 C'EST UN BEAU GÂCHI, QUE SEULE LA FAMILLE PAYE, POUR L'INSTANT.

Analyse: pourquoi le Quai d’Orsay est-il autant pro-arabe…

Le Quai d’Orsay est un monde à part, une sorte d’état dans l’état, répond-il au pouvoir exécutif suprême en toutes circonstances ? il m’est souvent arrivé d’en douter tant ses prises de positions semblent parfois être prise en dépit du bon sens, sans parler d’iniquité ou de simple logique.
 Ainsi en est-il particulièrement au sujet d’Israël, et plus généralement des relations avec les pays arabes et plus généralement musulmans.
De multiples explications peuvent être fournies quant au parti pris quasi systématique des prises de positions françaises sur le conflit moyen oriental.

On avancera sans trop de risque qu’il serait bien dommage de se priver d’un marché de débouchés commerciaux gigantesque pour l’industrie d’armement… si les chiffres du commerce extérieur le reflétaient…
On avancera aussi que la paix sociale commande ce déséquilibre, eu égard aux masses musulmanes parquées dans des « réserves » de banlieue, renvoyant en plein visage l’échec permanent de « l’intégration à la française », et à qui on a servi en pâture un conflit qui ne les concerne pas afin de détourner (un peu) l’attention sur leur conditions de vie (détention ?)…
On pourra aussi se retrancher derrière les grands principes humanistes hérités de la révolution (etc…), si des lois raciales iniques n’avaient pas discrédité la France aux yeux du monde entier et ne nous avaient pas placés au ban des nations (on sait maintenant qu’il est plus facile de perquisitionner un champ de caravanes qu’une cité regorgeant de drogue et d’armes !).
Et last but not least, il y a aussi le « prestige » du pays qui est censé faire de lui le garant de la morale universelle, mais qui est tellement compromis sur les 5 continents par les magouilles et la corruption (de l’Angola au Pakistan, en passant par nos alliés pour qui nous sommes devenus un des sujets principaux de franche rigolade), qu’il vaudrait mieux jeter un voile pudique sur ce concept faute de perdre le dernier atome de crédibilité qu’il nous reste.
Ayant fait le tour de tout cela la question reste entière, mais qu’est ce qui pousse donc la France à adopter une position si partiale ?
C’est là qu’il faut se retourner vers le Quai d’Orsay pour trouver quelques indices, cette mémorable institution, immortalisée par Talleyrand, recordman du monde du retournement de veste, et qualifié de merde dans un bas de soie par Napoléon qui s’y connaissait fort bien tant en merde qu’en bas de soie, semble avoir gardé jalousement cette tradition de duplicité.
Les derniers occupants du lieu semblant mettre un point d’honneur à donner une actualité à la qualification impériale, avec pour certains la soie en moins, nous vîmes défiler les grands nom.

Le commentaire politique de Christophe Barbier



État de guerre

Entre Nicolas Sarkozy et les magistrats, il n’est pas exagéré de parler d’état de guerre. Le président de la République s’en est pris à plusieurs reprises aux « dysfonctionnements » de la justice, une manière d’accuser les juges de laxisme. Il a franchi jeudi dernier une étape supplémentaire en demandant des sanctions pour les policiers et les magistrats qui ont laissé sans surveillance Tony Meilhon, accusé d’avoir assassiné la jeune Laëtitia Perrais. Les juges ont réagi avec une grande violence, que Marc Trévidic, président de l’Association française des magistrats instructeurs, a portée hier à son paroxysme. Le juge antiterroriste, qui est notamment chargé d’un volet de l’affaire Karachi, dans laquelle le nom du chef de l’État est cité, n’y est pas allé de main morte, accusant Nicolas Sarkozy d’être un « multirécidiviste », auquel il faudrait appliquer « une peine plancher ».

Cette guerre des mots ne grandit personne. Depuis le remaniement ministériel de novembre, le chef de l’État avait semblé prendre – enfin - de la hauteur. En tout cas, c’est ce qu’il tenait à faire croire. Après avoir reconduit François Fillon, il racontait à qui voulait l’entendre – et on ne demande qu’à entendre ce genre de propos - que son rôle n’était pas de réagir à chaud à chaque polémique qui secoue la France. Or, il fait exactement le contraire, prouvant, fait divers tragique après fait divers tragique, qu’il a gardé ses réflexes de ministre de l’Intérieur et qu’il a décidément du mal à endosser le costume présidentiel. C’est d’autant plus navrant qu’il est le garant de l’indépendance, mais aussi de la sérénité de la Justice.

Du côté de certains magistrats, les réflexes ne sont pas plus défendables. Les juges sont indépendants du pouvoir politique, mais ils rendent leurs verdicts au nom du peuple français, qui a le droit de leur réclamer des comptes. Ils ne peuvent pas se retrancher dans une tour d’ivoire, derrière une infaillibilité que même le pape ne réclame plus systématiquement. Leur mouvement a des relents de corporatisme. Quant aux attaques de Marc Trévidic contre le président de la République, elles sont inadmissibles, parce qu’il bafoue, lui aussi, la séparation constitutionnelle entre les pouvoirs politique et judiciaire. Il est temps de sonner la fin des hostilités, car si l’on ne sait pas qui va sortir gagnant de cette guerre entre l’exécutif et le judiciaire, le perdant est déjà connu : c’est le justiciable.

Les deux méthodes

Même quand elle est anonyme, lointaine, perdue dans le fracas brutal de l’actualité, c’est toujours une information insupportable à entendre. Physiquement insupportable. On n’en sort pas indemne. Quand il entend à la radio qu’une adolescente s’est fait massacrer par un violeur, tout père, même le plus pacifique, est saisi au cœur. Ce fait divers-là est douloureux, intime, forcément intime, parce qu’on l’incarne, on l’identifie : et si c’était ma fille ? Et tout père est alors submergé par ce mélange d’incompréhension et de révolte. Par une pulsion vengeresse qui balaie toute raison. Une pulsion sauvage, animale, tripale…

Nul doute que le président de la République ait éprouvé ce sentiment-là lui aussi. Nul doute qu’il ait sincèrement ressenti la nécessité instinctive d’apporter une réponse à la famille d’accueil de Lætitia. Et de ne pas la laisser sans un mot face au vide, au noir absolu d’un crime sans autre réponse que le fatalisme. Nul doute qu’il ait le droit de s’interroger à haute voix sur le doute effroyable qui étreint toute société en pareil cas : la justice de mon pays a-t-elle vraiment tout fait pour empêcher qu’un tel cauchemar se produise ?

Jusque-là, 99,9 % des Français sont d’accord. Pour aller plus loin, deux méthodes s’offrent alors aux responsables politiques. La première, facile, simple, rapide et très politique - il faut rapprocher la justice du peuple - consiste à chercher des fautifs au sein de l’appareil judiciaire et à leur promettre une sanction. Avec cette hypothèse : le crime n’est le résultat que d’une négligence ou d’un laxisme. C’est l’option choisie par le chef de l’État. Elle flatte les impatiences d’une partie de l’opinion publique mais, de l’avis même de juristes qui d’ordinaire n’épargnent pas les manquements du système judiciaire - comme l’avocat général Philippe Bilger - elle est injuste : ne présume-t-elle pas d’une indulgence coupable des magistrats ? Ne les rend-elle pas implicitement et collectivement responsables ? On voit le résultat ce matin : la grève de juges infantilisés et les vaines réprimandes d’un Premier ministre qui ne les comprend pas. Une nouvelle polémique alors que la pauvre Lætitia n’est même pas encore enterrée…

L’autre solution, plus humble, commanderait d’assumer tous ensemble les limites de notre machine judiciaire. Et d’inviter la représentation nationale à affronter ce défi avec sang-froid, dignité et œcuménisme, comme avait su le faire la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau. Après tout, ce sont les députés et les sénateurs qui font les lois… dont plus de 40 % ne sont pas appliquées. A eux d’en évaluer la pertinence et la mise en œuvre par le pouvoir exécutif. En dehors de toute émotion compassionnelle, toujours mauvaise conseillère.


La magistrature se rebiffe

Les crimes sexuels révoltent particulièrement l'opinion publique. Et quand l'horreur s'ajoute à l'horreur, quand le présumé criminel joue avec les nerfs de ses victimes, alors l'indignation est à son comble et un cri fuse: « Plus jamais ça ! Plus de récidivistes en liberté ! » Le pouvoir politique ne peut pas ne pas l'entendre et rester bras ballants.

En 2007, candidat à la magistrature suprême, Nicolas Sarkozy promettait déjà de résoudre le problème des récidivistes sans tarder. Depuis, on assiste à une avalanche de lois et, à chaque crime horrible, à des attaques répétées contre les juges fautifs. La semaine dernière, avant d'avoir reçu des conclusions définitives, il a, une nouvelle fois, dénoncé ces juges qui n'auraient pas organisé le suivi de Tony Meilhon.

Spontanément, d'abord à Nantes, puis dans des dizaines de tribunaux, des magistrats se sont levés, cette fois pour dire non, ne tirez plus sur les lampistes. Réaction excessive, a jugé, hier soir, le Premier ministre, François Fillon, bien embarrassé. Son gouvernement va devoir affronter une fronde inédite. Les juges ne manquent pas d'arguments. Ils désignent, à leur tour, un coupable, l'État, qui ne leur accorde pas les moyens nécessaires à leurs missions.

C'est étrange comme la désormais célèbre apostrophe « Indignez-vous ! », de Stéphane Hessel, fait des émules. Nicolas Sarkozy est lui-même un multirécidiviste de l'indignation. Que le président de la République, en homme de coeur, reçoive les victimes et leur promette, dans l'intimité de son bureau présidentiel, d'agir, est une chose. Qu'il s'empresse, ensuite, de désigner à la vindicte populaire une institution essentielle à la bonne marche de la République relève, par contre, d'un populisme pénal quelque peu suspect.

Jean-Louis Nadal, le procureur général près la Cour de cassation, a, d'une phrase, le 7 janvier, décrit le sentiment actuel des magistrats. En résumé : on nous méprise. Instiller la confusion, a-t-il dit, « entre la responsabilité du criminel et celle du juge dont on dénigre la décision, avilit l'institution et, en définitive, blesse la République ». La magistrature, réputée corporatiste, docile au pouvoir en place, et mal aimée des Français, se rebiffe donc.

Cette fronde a des racines profondes. Ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy dictait souvent ses quatre volontés aux gardes des Sceaux. Il encensait ses policiers, dénigrait les juges, par trop laxistes, lents, raides, jargonneux... Ses attaques sont aujourd'hui préméditées.

Le Président a l'oeil rivé sur sa réélection. Il a légiféré à tour de bras. Il a imposé les peines plancher, le plaider-coupable, développé la comparution immédiate. Il rêve d'une justice automatique, rapide.Il a multiplié les textes contre la récidive.

Mais toute cette « législation de fait divers » ¯ un crime, une loi ¯ et sa politique sécuritaire n'obtiennent pas les résultats attendus. Il sait qu'il seraattaqué par l'opposition sur lesujet.

L'histoire des relations entre les magistrats et la classe politique est, certes, celle d'une longue défiance. De Gaulle les traitait en vassaux. Mitterrand s'en méfiait. Chirac oscillait. Sarkozy, lui, les dénigre quand Fillon, le modéré, en appelle chacun à une conception élevée de la justice. Celle que pourrait porter une véritable réforme de cette institution. Elle est vouée aux oubliettes depuis un quart de siècle.

Vivement jeudi!

Février sera-t-il le mois “horribilis” de Nicolas Sarkozy ? Le locataire de l’Élysée démarre la nouvelle année du pied gauche.

Le chômage s’envole, les chiffres de la délinquance n’ont rien de folichon, l’image du pays à l’étranger est écornée et pour couronner le tout, Angela Merkel impose ses vues européennes au flamboyant président du G 20. Avec MAM et ses vacances tunisiennes la coupe est pleine.

Elle déborde même selon les magistrats en grève cette semaine. Les “petits pois” selon l’élégante formule présidentielle en ont assez d’être classés derrière l’Arménie au palmarès des budgets de la justice.

Même le Sénat d’ordinaire si docile se permet de charger la barque élyséenne. Dans un vote feutré jeudi dernier, la Haute Assemblée a refusé d’étendre la déchéance de la nationalité aux personnes ayant acquis la nationalité française depuis moins de dix ans et qui se sont rendues coupables de crimes contre les dépositaires de l’autorité publique. Nicolas Sarkozy l’avait pourtant voulu haut et fort dans son discours de Grenoble l’été dernier. Mais pas les sénateurs, pas question qu’ils distinguent “les Français de souche des Français de papiers”.

Vivement jeudi doit songer le Président. À la télévision, il écoutera la “parole des Français”, celle des “vrais gens” paraît-il sans intermédiaires compliqués. Manquerait plus qu’ils aient le culot de lui parler emploi, impôts, insécurité ou des mauvaises habitudes de ses ministres…

Excessif


Notre Premier ministre a prononcé la sentence d’une voix sévère mais juste, comme un adulte morigénant des gosses trop bruyants : la réaction des magistrats est « excessive ». Et l’on peut certes trouver de l’excès dans cette levée générale de robes noires, pour quelques mots sur les dysfonctionnements de la justice. Comme l’on peut juger excessive la résistance constante des magistrats à reconnaître leurs erreurs : un seul juge fut sanctionné, après le scandale d’Outreau, et il est toujours en fonction... L’attaque de notre Président n’était cependant pas moins excessive. L’avocat Nicolas Sarkozy n’aime pas les magistrats, c’est son droit, mais le Président Nicolas Sarkozy a-t-il encore le droit de condamner tous les magistrats en place publique ? Chacun devrait se souvenir que le seul excès tolérable, en cette affaire, est dans le chagrin des proches de Laëtitia.

Le grand désarroi de la diplomatie

Jamais l'URSS n'acceptera la réunification de l'Allemagne. » « Le président Ben Ali contrôle la situation. » « Le président Moubarak a toute notre confiance. » Pourquoi les chancelleries semblent-elles si souvent prises de court par les phénomènes révolutionnaires ? Pourquoi ont-elles tant de mal à prévoir et à intégrer le changement radical ? Ce n'est pas une question partisane. Face à l'effondrement du bloc soviétique hier, face aux bouleversements au sein du monde arabe aujourd'hui, la France de François Mitterrand ou celle de Nicolas Sarkozy ont fait preuve du même aveuglement initial. Et ce n'est pas une question de pays non plus. L'Amérique de Barack Obama -après avoir suscité les plus grands espoirs dans le monde musulman par la force prophétique de son « Discours du Caire » en juin 2009 -a semblé elle aussi avoir toujours « un temps de retard » face aux péripéties de la « révolution égyptienne ».

Comment expliquer cette difficulté des diplomaties à voir venir le changement ? Alors que le statu quo est confortable et rassurant, les transformations révolutionnaires dans leur rapidité, sinon dans leur brutalité -même si elles peuvent amener le progrès -sont par nature inquiétantes. « On sait ce que l'on a, on ne sait pas ce que l'on aura. » Les ruptures introduisent une remise en cause des habitudes et des certitudes et une fuite dans l'inconnu. Au nom du réalisme, les diplomaties sont naturellement conservatrices. Seraient-elles naturellement incapables de prévoir le changement parce que fondamentalement elles ne le souhaitent pas ?

Au-delà des attitudes mentales, il y a les procédures et les moyens. En mettant l'accent de manière trop exclusive sur les relations d'Etat à Etat, de gouvernement à gouvernement, « la diplomatie classique » -celle si prudente du Quai d'Orsay en particulier -ne se créerait-elle pas un « handicap » bien difficile à surmonter ?

En incitant leurs diplomates à limiter au minimum leurs contacts avec la société civile pour ne pas « irriter » les régimes despotiques, les « chancelleries » se condamnent irrémédiablement à ne pas voir venir le changement, ou à le percevoir trop tard. Quand l'Etat n'est plus légitime aux yeux de ses citoyens est-il raisonnable de se contenter de voir « ses seuls serviteurs et vassaux » ? Les diplomates en poste ne feront que retranscrire les propos lénifiants ou aveugles qui leur sont confiés par les confidents du régime. En réalité, les diplomates devraient être jugés sur leurs capacités à engager un dialogue avec tous les acteurs de la société, quels qu'ils puissent être : acteurs gouvernementaux et économiques, mais aussi représentants de la société civile, même si celle-ci n'existe que de manière embryonnaire. Ils anticiperaient ainsi le changement de manière moins hasardeuse. La « diplomatie régalienne » serait ainsi à même de mieux réagir à l'événement.

Cette meilleure appréhension du changement est devenue indispensable au moment où se produisent des transformations qui peuvent s'apparenter sur le plan géopolitique à ce que sont les mouvements de plaques tectoniques sur le plan géologique. A prendre du retard dans la perception du changement, on prend le risque de perdre sur tous les tableaux, celui des peuples comme celui des régimes.

En Egypte, après avoir beaucoup hésité, l'Amérique a fait le pari de l'armée contre Moubarak, celui de sacrifier un homme condamné pour sauver un système, sans doute condamnable, mais qui face au spectre de l'islamisme ou du chaos apparaît encore comme la moins mauvaise des solutions. Est-ce trop peu et trop tard ? En prenant leurs distances avec le régime, les Etats-Unis n'ont-ils pas, par leurs tergiversations, déjà échoué dans leur tentative de renouer des liens avec « la société », même si celle-ci est clairement divisée ? De Riyad à Jérusalem en passant par Amman, les alliés de Washington sont eux aussi saisis par le doute. Et si leurs intérêts et ceux d'une Amérique incertaine ne coïncidaient plus ?

Un spectre hante Barack Obama. Celui d'apparaître un jour, aux yeux de ses concitoyens, comme l'homme qui a « perdu l'Egypte » : tout comme Truman avait « perdu la Chine » et Carter l'Iran. Il peut être coûteux de ne pas prévoir à temps ce que l'on n'a pas voulu voir venir.

L'armée française transforme ses fantassins en RoboCop

En quelques semaines, plus de 2.000 fantassins ont reçu leur nouvelle tenue Félin. La concrétisation d'un programme de 1 milliard d'euros confié à Sagem en 2004. Le premier du genre en Europe.

Viseur de tir dans les coins, jumelle de vision nocturne, protection nucléaire, bactériologique et chimique, sans oublier l'ostéophone, qui permet de communiquer par les os du crâne : le fantassin français a entamé une mue technologique sans précédent. Non pas que les descendants des pioupious de 1914 soient sous-équipés. Mais avec le déploiement du programme Félin, un acronyme pour Fantassin à équipements et liaisons intégrés, c'est d'un système de combat et de protection ultramoderne dont ils vont disposer. « On ne peut plus parler de tenue du soldat du futur », estime Laurent Barraco, directeur du programme à la DGA, puisque plus de 2.000 fantassins ont déjà été équipés et que leur nombre ne cesse de croître.
La genèse du programme remonte à la fin des années 1990. Faute d'avoir pu trouver un partenaire étranger, la France se lance seule dans l'aventure. Après une première démonstration, un contrat est confié en 2004 à Sagem (groupe Safran aujourd'hui), qui coiffe 25 sous-traitants. Les années 2007 à 2009 servent aux tests, dans des environnements variés et extrêmes : centre de combat urbain de Sissonne, dans le nord de la France, montagnes des Alpes, désert de Djibouti ou encore forêt équatoriale de Guyane. En 2008, un événement important : la loi de programmation militaire réduit substantiellement l'ampleur du projet. L'armée ne touchera finalement que 22.588 systèmes, au lieu des 31.455 prévus initialement, pour une facture estimée à environ 1 milliard d'euros, développement inclus.
« Contrairement à d'autres pays, comme les Etats-Unis, la France a choisi une approche système », poursuit Laurent Barraco. En clair, tous les équipements électroniques qui composent Félin sont reliés entre eux via un calculateur unique, le tout alimenté par deux batteries principales (plus deux de secours) offrant une autonomie de vingt-quatre heures. Surtout, chaque équipement a été développé en parallèle pour garantir la cohérence d'ensemble. A titre d'exemple, les poches des gilets ont été conçues en fonction des équipements qu'elles abritent. « La charge est mieux répartie ainsi », assure le colonel Bernard Rey, officier de programme à la section technique de l'armée de terre. Au final, un peu moins de 30 kilogrammes en posture de combat, pour une tenue qui rappelle celle de RoboCop.
Le premier régiment d'infanterie de Sarrebourg, qui va faire une présentation publique aujourd'hui, est équipé depuis octobre, le 13e bataillon de chasseurs alpins de Chambéry reçoit ses tenues en ce moment, en attendant les 16e bataillon de chasseurs de Bitche, 92e RI de Clermont-Ferrand et 35e RI de Belfort cette année. L'état-major table sur quatre régiments équipés par an jusqu'en 2015, alors que les programmes équivalents en Europe n'en sont, au mieux, qu'à des déploiements partiels. Pour un résultat qui semble satisfaire tout le monde. Les militaires d'abord, puisque, selon le colonel Bernard Rey, Félin accroît de 70 % les performances de vision de jour et de 160 % la nuit. « Les phases critiques, la sortie de blindés par exemple, se font plus vite. »
L'industriel, Sagem, ne s'en est pas trop mal sorti non plus. S'il vend finalement 9.000 tenues en moins, le prix unitaire n'a pas trop bougé et les cadences de production ont été maintenues, assure-t-on à la DGA.

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Conflits d'intérêts :
le temps de la tolérance zéro

Huit mois à peine séparent ces deux aveux. « Je n'ai pas pensé à mal, je ne le referai plus », s'est défendue ces derniers jours, avec une sorte de candeur, Michèle Alliot-Marie. « Je reconnais que j'avais sous-estimé ce conflit d'intérêts », avait soupiré Florence Woerth au moment de la révélation de son embauche comme gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, alors que son mari, Eric Woerth, était ministre du Budget et trésorier de l'UMP. Même si les mots « conflit d'intérêts » n'ont pas été lâchés dans le cas de Michèle Alliot-Marie, la question ne peut être éludée quand un ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, en vacances en Tunisie avec son compagnon, lui aussi ministre, monte à bord d'un avion privé appartenant à un homme d'affaires réputé proche du gouvernement Ben Ali, alors que le régime commençait à être contesté par la rue. Cela peut s'avérer politiquement ravageur quand, selon les enquêtes d'opinion, les Français ont atteint le degré zéro de tolérance face à ce qu'ils interprètent comme de petites compromissions entre amis.

Historiquement, il existe chez les hommes politiques une forme de déni face au conflit d'intérêts : à leurs yeux, celui-ci ne saurait exister car la fonction d'Etat est celle de l'intérêt général. Certes. Mais, « à partir du début des années 1990, à la place du clivage gauche-droite s'est installé chez les Français le sentiment d'une dissonance de plus en plus forte entre le peuple et les élites. D'un côté, la masse des citoyens pouvant basculer du jour au lendemain dans l'exclusion ; de l'autre, des hommes politiques qui, loin de défendre l'intérêt général, défendraient leur intérêt particulier », explique le politologue Stéphane Rozès, enseignant à Sciences po et HEC. A force de nier le malaise, celui-ci s'est enkysté dans la société française et s'est infecté avec la crise économique. Selon le dernier baromètre sur « la confiance en politique » réalisé par OpinionWay pour le Centre de recherche politiques de Sciences po (Cevipof) et l'Institut Pierre-Mendès-France, publié au début du mois de février, 56 % des Français ne font plus confiance aujourd'hui ni en la droite ni en la gauche pour gouverner.

Nicolas Sarkozy avait analysé cette crise du politique en promettant lors de la campagne présidentielle « une République irréprochable ». « Je veux changer la République : plus de simplicité, plus de proximité », avait-il écrit. Or, « dès l'épisode du Fouquet's et sa présence sur le yacht de Bolloré, Nicolas Sarkozy a mis un premier coup de canif à la symbolique présidentielle de l'intérêt général », note Stéphane Rozes. « Dans chaque enquête qualitative sur le bilan de Nicolas Sarkozy, le hiatus entre la promesse d'une République irréprochable et la pratique du pouvoir sous son quinquennat arrivent juste après l'emploi et le pouvoir d'achat dans les promesses non tenues », renchérit Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l'Ifop. Le sondeur rappelle que l'affaire MAM vient s'ajouter à une liste qui n'a cessé de s'alourdir depuis le début du quinquennat : affaire de l'Epad, celle des cigares de Christian Blanc payés 12.000 euros sur les comptes de son ministère, celle encore du permis de construire de la villa d'Alain Joyandet, l'affaire des logements de Fadela Amara et de Christian Estrosi... A force d'affaires, pour le sondeur, « l'opinion publique a eu l'impression d'un effacement des limites entre la politique menée sous Nicolas Sarkozy et le monde de l'argent ».

Aujourd'hui, l'épisode tunisien de Michèle Alliot-Marie, passée de l'Intérieur à la Justice et aux Affaires étrangères, atteint le dernier bastion de confiance : à travers elle, c'est l'image même du ministre régalien qui est écornée. Et, au final, c'est Nicolas Sarkozy lui-même qui risque d'en pâtir : « Depuis le début du quinquennat, les Français avaient certes une mauvaise image de la politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy, plombée par le bouclier fiscal, mais ils faisaient encore confiance au chef de l'Etat pour l'ensemble des domaines régaliens : sécurité, politique étrangère... La polémique sur le voyage de Mme Alliot-Marie l'atteint de plein fouet », remarque Gaël Sliman, le directeur adjoint de BVA. Commandé par le président de la République en pleine affaire Woerth-Bettencourt, le rapport « Pour une nouvelle déontologie de la vie publique », rédigé sous l'autorité de Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat, pointe clairement le danger : remis à Nicolas Sarkozy le 26 janvier dernier, il préconise une très grande fermeté dans la prévention et la sanction des conflits d'intérêts pour « garantir non seulement l'Etat de droit, mais plus généralement les valeurs constitutives du vivre ensemble ». Nicolas Sarkozy a annoncé une loi avant la fin de l'année. Exercice périlleux : contrairement aux habitudes, il ne pourra s'agir, comme l'ont laissé entendre certains membres de la majorité, de « faire son marché » dans un ensemble de propositions. Le rapport en question forme en effet un tout cohérent, traitant à la fois de la prévention et de la sanction. En appelant à punir tout acteur public qui se placerait dans une situation compromettant « son indépendance, son impartialité ou son objectivité », les rapporteurs définissent, pour la première fois, le conflit d'intérêts comme « une interférence entre une mission de service public et l'intérêt privé d'une personne qui concourt à l'exercice de cette mission ». A l'aune de cette règle qui peut être comprise par tous, Eric Woerth, par exemple, n'aurait jamais pu être à la fois ministre du Budget et trésorier de l'UMP. En donnant des règles simples et claires de transparence et d'incompatibilité, le rapport offre enfin l'occasion de sortir de l'ère du déni et du soupçon pour entrer dans celle de la rigueur et du droit. Le même pour tous. Soucieux de se « présidentialiser » dans la perspective de 2012, Nicolas Sarkozy devrait aller jusqu'au bout de ces propositions et en tirer toutes les conséquences.

Un problème d'autorités


Peut-on, dans une démocratie, exercer le pouvoir sans autorité ? C'est toute la question que pose l'offensive menée par l'exécutif pour prendre le contrôle d'organismes « indépendants » - agences, conseils, commissions, autorités et, même, hautes autorités -auxquels l'Etat a confié depuis quarante ans des missions de contrôle, de surveillance, de régulation, voire de sanction. C'est bien dans ce contexte qu'il faut analyser l'interdiction désormais faite au président de la CNIL d'être issu des bancs du Parlement. Se sentant visé, Alex Türk défend son bilan dans « Les Echos », mais ce n'est pas l'homme qui est en cause. C'est sa fonction.


Au même moment, en effet, l'Etat regroupe, sous l'égide d'un Défenseur des droits, cinq autorités indépendantes, dont la Halde, la Médiation de la République et la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Bien que ce Défenseur soit élevé au rang d'institution de la République, le fait qu'il soit nommé par le chef de l'Etat suffit à lui faire perdre sa présomption d'indépendance. Quant à la nomination d'un commissaire du gouvernement à l'Arcep, qui a fait l'objet d'un autre amendement récent, elle est également perçue comme une reprise en main de cette instance de régulation des télécoms. Enfin, faute d'avoir su défendre son indépendance, l'Agence de sécurité sanitaire va devoir se plier aux exigences d'un pouvoir politique qu'elle était censée préserver de tout conflit d'intérêts.


La phase de repli qui s'amorce pour la quarantaine de nos autorités indépendantes est souvent perçue comme un recul des libertés publiques. Car, fortes des puissants outils qui leur ont été donnés, elles font d'efficaces contre-pouvoirs. La démocratie va-t-elle y perdre ? Rien n'est moins sûr. Car cette dépossession du politique par lui-même n'est pas exempte de reproches. Elle a conduit à l'émergence de justices parallèles, pas seulement dans le cas extrême de la Halde, dont les avis, fondés moins sur le droit de tous que sur le droit de chacun, ont fini par fragiliser la laïcité à la française. Ces autorités indépendantes ont pour autre défaut d'avoir, par nature, une vision parcellaire de l'action publique, quand l'Etat a, lui, une appréhension globale de l'intérêt général. Cette hémianopsie peut contrarier la volonté politique issue du suffrage universel. C'est le cas lorsque, au nom du respect de la vie privée auquel elle est chargée de veiller, la CNIL freine le développement de la vidéosurveillance, nécessaire à la sécurisation des lieux publics. L'indépendance ne fait pas forcément une bonne politique.

Eléphant blanc


Dès l'intitulé, le ver était dans le fruit. « L'arme anti-Google » : ainsi parlait-on, à l'époque, de Quaero, le moteur de recherche européen. C'était en 2006. Cinq ans plus tard, ce projet à 200 millions d'euros a plutôt pris l'allure d'un « éléphant blanc », un mirage comme seule la technostructure de l'innovation française sait en produire. Conçu dans un accès de pompidolisme industriel dont notre pays est coutumier depuis la disparition de son inspirateur, dont on célèbre cette semaine le centenaire, Quaero souffre incontestablement des stigmates de sa naissance. Annoncé en 2006, dans la foulée de la fameuse Agence de l'innovation industrielle voulue par Jean-Louis Beffa, l'ex-patron de Saint-Gobain, et mise en place par Jacques Chirac, alors à l'Elysée, Quaero est le fruit d'une pensée aussi implacable que verticale qui, si on la résume, tient en une phrase : en France, seuls les grands groupe sont capables de donner l'impulsion en matière de recherche. Libres à eux, ensuite, d'offrir leur sillage aux PME qui voudront bien s'y engouffrer. C'est ainsi que naquit Quaero confié à Thomson, devenu Technicolor, qui coordonne encore le programme. Bien malin qui peut prédire aujourd'hui ce qu'il adviendra de cette belle architecture pyramidale qui réunit 300 chercheurs et à laquelle participent pas moins d'une trentaine de structures organisées autour de cinq projets applicatifs. C'est le propre de ce genre de structure que de générer sa propre inertie, laquelle finit par devenir sa meilleure protection. Quant au fait de savoir si les résultats obtenus sont à la hauteur des moyens engagés, c'est une autre affaire. Pour l'heure, gardons à Quaero le bénéfice du doute. Et n'y voyons que l'avatar d'une période semble-t-il révolue. Depuis sa fusion avec Oséo en 2008, l'Agence pour l'innovation industrielle a sombré, emportant avec elle cette idée surannée d'une R&D dirigée par quelques grands paquebots industriels donneurs d'ordre. Les succès d'un Microsoft, d'un Google, d'un Apple ou, plus récemment, d'un Facebook, sont là pour montrer que les idées venues d'en bas ne sont pas nécessairement légères ou sans avenir. L'une des conditions de leur réussite est de leur donner les moyens de prospérer plutôt que de confisquer de trop rares ressources au profit de quelques grands groupes déjà établis.

Arianna Huffington

Si la créatrice du site d'information en ligne Huffington Post, tout juste cédé à AOL, a publié une biographie de La Callas, c'est un parcours inverse qu'elle a vécu. L'illustre cantatrice avait grandi aux Etats-Unis avant d'y conquérir la gloire puis d'épouser le milliardaire grec Onassis. L'éditorialiste, elle, a vu le jour à Athènes et ne s'est installée qu'une fois adulte outre-Atlantique, où elle a convolé avec le magnat du pétrole Michael Huffington. Cette fille de journaliste, née Stassinopoulos, a choisi Cambridge pour obtenir un diplôme d'économie parce qu'elle aimait les bâtiments de l'université, avant d'y devenir une des premières femmes à présider le syndicat des étudiants. Très vite lancée sur les ondes de la BBC, l'adepte du yoga a partagé à Londres sa vie avec Bernard Levin, un chroniqueur célèbre de plus de vingt ans son aîné. Quittant ce compagnon qui refusait de lui passer la bague au doigt, la jeune femme à la haute silhouette et à l'épaisse chevelure, digne, selon elle, d'une « paysanne grecque », est alors partie pour New York, où son entregent lui a permis de se constituer un somptueux carnet d'adresses. Proche un temps des républicains, comme son mari pétrolier, elle cultive une veine écologico-libérale depuis qu'elle en a divorcé. Si sa tentative de se faire élire gouverneur de Californie fut un fiasco, elle s'est rattrapée en apparaissant dans plusieurs séries télévisées. Y compris en jouant son propre rôle, la meilleure façon de se protéger des accusations de plagiat dont elle été l'objet pour plusieurs de ses livres .

L'héroïne birmane et les profs d'économie

L'économie ne sera jamais une terre de consensus. La moitié des professeurs qui l'enseignent dans les lycées guerroient à nouveau contre les programmes du ministère. Ils l'ont rappelé lors de leurs états généraux des sciences économiques et sociales ce week-end. L'an dernier, la contestation portait sur la classe de seconde - un enseignement étrange censé s'ouvrir sur l'élasticité et ignorant le mot « chômage ». Cette année, elle s'attaque au programme de première, jugé trop lourd et trop libéral. Au moins commence-t-il par le début, en mettant « l'accent sur le raisonnement coût-bénéfice » et « les choix individuels et collectifs », même si l'on peut s'étonner de l'insistance sur « le caractère extensif de la notion de rationalité » mise à mal par la récente crise. Publié dans les prochains jours, le nouveau programme de terminale va sans doute déclencher une autre pluie de critiques.

Cet affrontement n'est pas surprenant. Il reflète, en l'accentuant, les réticences des Français face à l'idée de marché. L'historien Pierre Rosanvallon explique de manière limpide les origines de ce blocage. Au XVIII e siècle, quand il a fallu repenser un ordre social qui ne venait plus de Dieu, Adam Smith a expliqué aux Anglais que le marché était le coeur d'une société désormais dominée par l'échange. Jean-Jacques Rousseau a au contraire défendu en France un nouveau contrat social, où l'Etat était au centre du jeu. Trois siècles plus tard, rien n'a changé ou presque, comme l'attestent les comparaisons internationales montrant la défiance exceptionnelle des Français à l'égard du marché. Et la grande majorité des professeurs d'économie du secondaire sont... très français.

Cela dit, il est possible tout à la fois d'être français et de réfléchir. On voudrait donc proposer ici un texte qui pourrait être étudié, par exemple, par des lycéens de première pour, conformément au préambule de leur programme d'économie, « contribuer à leur formation citoyenne grâce à la maîtrise de connaissances qui favorisent la participation au débat public sur les grands enjeux économiques, sociaux et politiques ». Certes, son auteur n'est pas un économiste, mais son propos porte sur l'économie. Et il ne devrait pas rebuter la communauté éducative, puisqu'il s'agit d'Aung San Suu Kyi. Cette opposante héroïque à la dictature birmane, prix Nobel de la paix en 1991, vient de passer vingt ans en résidence surveillée. Enfin libérée il y a trois mois, elle a tenu à envoyer un message vidéo au forum de Davos. Elle y raconte comment elle a suivi, à la radio, la crise mondiale. Elle dit combien les habitants de son pays, isolés du reste du monde par la junte au pouvoir, veulent faire enfin partie de la communauté internationale : « Non seulement pour être connectés économiquement et socialement, mais aussi pour parvenir à la stabilité politique intérieure et à la réconciliation nationale qui nous permettra de répondre pleinement aux aspirations de notre peuple. [...] Des politiques économiques reliées au développement humain et au renforcement des compétences constituent la meilleure voie vers l'établissement de la stabilité dans une transition démocratique. » D'où un premier thème de discussion pour les élèves : l'ouverture économique d'un pays peut-elle contribuer à sa stabilité politique et non la détruire, contrairement à ce qu'on entend souvent en France ? La réflexion pourra s'appuyer sur les exemples des pays de l'est de l'Europe ces trente dernières années. Elle sera ensuite utilement élargie aux événements en cours en Tunisie et en Egypte, où les fruits d'une ouverture limitée ont été cueillis seulement par les proches du pouvoir.

Ecoutons à nouveau Aung San Suu Kyi : « Nous avons besoin de contrer, voire d'éradiquer une pauvreté largement répandue en offrant des opportunités qui permettront à l'esprit entrepreneurial de notre peuple d'être efficacement encouragé par des programmes de microcrédit. » Second thème de réflexion pour les lycéens et leurs professeurs : Aung San Suu Kyi est-elle intoxiquée par la propagande ultralibérale du grand capital ? Argumentez. Qu'est-ce que l'esprit entrepreneurial ? Donnez des exemples. L'esprit entrepreneurial peut-il être d'un quelconque secours dans un pays comme la France, voire dans la vie d'individus comme vous ? Non, la cloche n'a pas encore sonné. Vous avez toute la vie pour y réfléchir.

Du capital investissement accessible aux TPE

La société d’investissement Fondelia s’invite au capital de TPE/PME, à hauteur de 10 000 à 30 000 euros. 

Trouver rapidement des fonds pour recruter des ingénieurs, créer un nouveau produit, vendre à l’international... pas toujours facile pour les PME les plus modestes. « La majorité des investissements se concentre sur des sociétés de plus de 10 salariés délaissant les autres qui représentent pourtant 93 % du marché », affirme Stéphane Taunay, président de la société d’investissement Fondelia, la première du genre à s’être spécialisée dans le « micro capital investissement ». Cette nouvelle filiale de Sopromec Participations se propose d’investir entre 10 et 30 000 euros dans le capital de TPE/PME, tous secteurs confondus (Sarl, commerçants, artisans…) dans toute la France. De quoi permettre à l’entrepreneur de financer un brevet ou une marque, recruter des collaborateurs, reprendre une autre entreprise, ouvrir un nouveau point de vente…
La procédure de sélection des projets se veut très simple et très rapide en s’effectuant en partie via le site Web de Fondelia. Le potentiel de développement de la pme et « la validation par un tiers de proximité », une banque par exemple, seront déterminants. Durant la période de l’investissement, l’entrepreneur doit fournir des reportings réguliers sur son activité. Mieux vaut obtenir une croissance soutenue car la cinquième année, la pme doit obligatoirement racheter les titres détenus par Fondelia pour la valeur déterminée lors de l’investissement. « Les objectifs de rémunération des titres correspondent à la moyenne de ce qui se fait en matière de capital investissement », ajoute-t-on chez Fondelia dont l’ambition est d’accompagner plus de 300 entreprises par an.

Psychologies du monde


On a beaucoup parlé des récentes études montrant combien nos compatriotes ont le moral dans les chaussettes... tout en continuant à faire plus d'enfants que leurs voisins européens ! En revanche, l'ambitieux sondage réalisé par l'Ifop et publié le 25 janvier par le quotidien « La Croix » a été peu commenté, alors qu'il apporte des éclairages originaux sur la vision de la mondialisation par les populations de dix pays, y compris la Chine et le Brésil.


On y apprend d'abord que la France est, de loin, le pays où le capitalisme est le plus mal vu. Un Français sur trois souhaite que l'on abandonne ce système alors qu'il n'y a qu'un Allemand sur douze, un Brésilien sur quinze et un Chinois sur trente pour penser la même chose. Le plus frappant est que, dans la tranche 18-25 ans, cette opinion est partagée presque par un jeune sur deux en France contre zéro en Chine. Ceci n'empêche pas les citoyens du monde entier de craindre presque unanimement la survenue prochaine d'une nouvelle crise du système.


L'autre leçon majeure de l'étude est que, contrairement à ce que l'on entend souvent, notamment du côté du Front national, le développement des échanges mondiaux n'est pas du tout rejeté. Il n'y a que 16 % des Français pour estimer que c'est une mauvaise chose, soit un chiffre qui est faible en valeur absolue et qui n'est guère supérieur à celui relatif aux Brésiliens (10 %) et aux Chinois (6 %).


Tout se passe donc comme si la mondialisation n'était pas condamnée en elle-même mais en raison de ses excès. Ce point est confirmé par l'approbation massive que recueillent dans tous les pays les idées de moralisation ou de régulation du système, par exemple la taxation des produits en provenance de pays ne respectant pas un minimum de normes en matière sociale, fiscale ou environnementale. Ce constat est plutôt encourageant. Mais entre les sentiments sympathiques exprimés par les panels d'un sondage et la signature des dirigeants du G20 au bas d'une résolution contraignante, il y a une marche que le président Sarkozy estime sans doute très haute à monter dans l'année qui vient...

L’Egypte, un carton sur le Web, un bide au JT

Sur les JT des grandes chaînes d’information nationales françaises, les événements en Egypte ont été vite expédiés en début de semaine, démontre ce zapping. Une couverture éditoriale réduite, à l’opposée de celle adoptée par les sites Web d’infos français. Ceux-ci ont, au contraire, mis le paquet et couvrent, depuis le début de la crise, chaque minute du soulèvement égyptien.
Faux procès dressé contre les JT? TF1 a finalement mis en place, en fin de semaine, une édition spéciale sur l’Egypte, lors du 20 heures du 3 février. Certes, ce n’est qu’un «one shot», pas un suivi en continu, mais la promesse de TF1 n’est pas non plus de faire du CNN.

Les efforts de TF1 ne paient pas
Malgré ces efforts louables, le poisson ne mord pas. Seuls 6,9 millions de téléspectateurs ont suivi le journal consacré à l’Egypte de Laurence Ferrari, dont le créneau fait en moyenne 7,4 millions de téléspectateurs en janvier et est monté jusqu’à 8,9 millions le 8 décembre 2010, au moment des épisodes de neige en France. Un «petit score», donc, selon le site spécialisé Ozap, qui rappelle que «traditionnellement, le JT de TF1 est faible lorsque l’actualité internationale est forte». «Le fait que les sujets de proximité soient, à la télévision, davantage fédérateurs que les grands événements internationaux n’est pas nouveau, écrit Franck Nouchi, cité par Arrêt sur Images. “La Corrèze plutôt que le Zambèze”, avait théorisé il y a bien longtemps le journaliste Raymond Cartier.»
Plus grave, les téléspectateurs de TF1 auraient envoyé pléthore de messages «racistes» à la chaîne sur le thème «on s’en fiche des sujets sur les Arabes, on veut d’autres sujets». C’était lors de la «révolution tunisienne», détaille lepoint.fr, qui révèle l’histoire.
Catherine Nayl, la directrice de l’information de TF1, s’en est expliqué dans l’émission Médias Le Mag, sur France 5: «Non, on ne reçoit pas de nombreux emails racistes» et oui, «la vie, pour un téléspectateur, ce n’est pas que l’actualité». Elle concède que, «pour un journaliste, les efforts que nous pouvons faire sur le terrain sont peu chèrement payés par nos téléspectateurs. Ils s’intéressent à l’actualité internationale, mais leurs préoccupations sont davantage tournées vers la pénurie d’essence et la météo». Un bon point néanmoins, selon Catherine Nayl: les téléspectateurs «venus regarder la “spéciale” (du 3 février, ndlr) sont restés jusqu’au bout, pendant 20 minutes. C’est une belle récompense».
Frénésie des lives
C’est tout le contraire sur le Web, où les internautes cliquent de façon frénétique sur tout ce qui touche de près ou de loin aux mouvements dans le monde arabe. Et notamment sur les «lives», ces formats qui permettent de suivre, minute par minute, les derniers développements sur la révolte. De la déclaration du président égyptien Moubarak, estimant que «si (il) par(t), ce sera le chaos», aux images de ses partisans à dos de dromadaires, en passant par la démission du bureau exécutif, les pages des sites Web sont «rafraîchies» des milliers de fois et font ce que l’on appelle, dans le jargon, «du clic». C’est-à-dire du trafic. Et pas qu’un peu.
Sur lefigaro.fr, vendredi 4 février, l’article le plus lu du site s’intitule «Des milliers d’Egyptiens manifestent dans le pays» (son titre a été changé depuis, actualisation oblige). Se classent ensuite, au rang numéro 3 du top 5 des plus lus, «Laëtitia: Sarkozy veut sanctionner les magistrats» puis, en numéro 4, «Les rumeurs inquiètent les expatriés français en Egypte». Même tendance sur les sites concurrents: «cette semaine, il y a eu d’incroyables pics d’audience sur deux sujets, l’Egypte d’abord, et Laëtitia (la jeune fille retrouvée démembrée, ndlr) ensuite», me racontent Elodie Drouard, iconographe à 20minutes.fr, et Catherine Fournier, chef du service des informations générales du même site.
Point commun entre ces sujets? Les deux sont des histoires-feuilletons, qui comprennent des rebondissements quotidiens, et donnent l’occasion aux journalistes Web de produire plusieurs articles, via divers angles, au fur et à mesure que se déroule l’histoire – et l’Histoire. Les journalistes, pas plus que les lecteurs, ne connaissent la suite au moment où ils écrivent ce qu’ils savent, et pourtant, ces actualités fonctionnent comme des séries télévisées, avec un air de revenez-y, comme s’il était indiqué «à suivre» à la fin de chaque épisode. «Pour l’affaire Laëtitia, le prochain épisode aura lieu quand les policiers auront retrouvé son tronc, car si cette partie du corps peut être autopsiée, on saura alors si elle a été violée ou pas», décortique un connaisseur. Pour l’Egypte, c’est pareil. Le suspens dure concernant la position d’Hosni Moubarak: partira? Partira pas?
Le Web, international, et à la demande
Pourquoi, sur le Web, l’actualité égyptienne suscite l’intérêt alors que ce n’est visiblement pas le cas à la télé? Les publics sont-ils si différents selon le média? Les internautes seraient plus portés vers l’international, pas les téléspectateurs? «Les internautes qui suivent notre couverture en temps réel de l’Egypte en ont conscience: ils assistent, en direct, à un événement historique», estime Nabil Wakim, journaliste au Monde.fr.
Autre point d’explication: le format «live» qui, quelque soit le sujet, international ou pas, est presque toujours l’un des contenus les plus vus d’un site d’infos. D’abord parce qu’il constitue un appât pour les consommateurs d’infos, à qui l’on promet de faire vivre l’actualité comme s’ils y étaient, ensuite parce que ce type de format, très mobilisateur, bénéficie d’une visibilité importante en étant disposé tout en haut de la page d’accueil.
Enfin,et c’est la troisième piste: le journalisme en ligne est capable de répondre à des demandes, en traquant les requêtes les plus cherchées par les internautes sur les moteurs de recherche. Un baromètre devenu essentiel pour savoir où mettre le curseur entre trop et pas assez sur tel ou tel sujet.
Or la question demeure: quelle partie de cette audience sur les sites d’infos français vient d’Afrique? Lors des événements tunisiens, la Tunisie était le deuxième pays à fréquenter lemonde.fr, après La France. Pour l’Egypte, le scénario ne se répète pas, et c’est logique: l’accès à Internet a été coupé dans le pays, rendant toute connexion en ligne impossible. Néanmoins, sur lefigaro.fr, Thomas Doduik, directeur des opérations du site, constate une forte progression des visites issus des pays du Maghreb: x 2 pour celles venues d’Algérie, du Maroc et d’Egypte, et jusqu’à x 6 pour la Tunisie, au plus fort de la révolution de Jasmin.
De la télé dans le live sur le Web
«Nous avons même des internautes qui allument la télé pour regarder le JT, et commentent, sous le live du Monde.fr, ce qu’ils voient sur le petit écran», reprend Nabil Wakim. Et, surprise, ils chronomètrent, façon CSA en période électorale, la longueur des sujets télé consacrés à l’Egypte, en pestant – et en l’écrivant sur un site Web d’info – «quoi? C’est déjà fini sur TF1? Il n’est même pas 13h07».»
Regarder la télévision en réagissant en direct sur les réseaux sociaux, comme si l’on était en famille ou entre amis sur un canapé: le phénomène a déjà été observé lors d’émissions comme La Nouvelle Star ou même Paroles de Français. Cette fois, un cap a été franchi. Au lieu de rédiger des commentaires parfois potaches face à une émission de divertissement, une frange du public va plus loin et commente, sur Internet, jusqu’à la façon dont les télévisions s’emparent d’un sujet international.
Arrêter un live, mission difficile
Les sites d’infos ne s’en laissent pas compter. Et cravachent à qui mieux mieux, quand bien même l’actualité qui secoue l’Egypte, et avant, la Tunisie, s’avère chronophage. En effet, il faut au bas mot deux ou trois personnes pour animer un «live» sur un tel sujet pendant une journée entière, à la fois pour alimenter le flux de nouvelles informations, et surtout, pour les vérifier.
«Dimanche soir, je me suis demandé à quel moment fallait-il qu’on arrête de “liver” l’Egypte, avant de reprendre le lendemain matin, confie Nabil Wakim. Quand on a vu qu’il y avait 250.000 personnes connectées toute la journée, sur le direct, et encore 6.000 en soirée, on s’est dit qu’on allait continuer et rester au bureau une ou deux heures de plus.»