mardi 8 février 2011
Y a-t-il vraiment trop de fonctionnaires en France?
Contrairement aux idées reçues, la France se situe dans la moyenne des pays développés en nombre de fonctionnaire par habitant et en poids des dépenses de rémunération dans le PIB. La preuve en chiffres.
Face au déficit croissant des finances publiques, la question d'une éventuelle "sur-administration" est souvent posée en France. "La France compte trop de fonctionnaires", répète à l'envi Nicolas Sarkozy depuis qu'il est au pouvoir. Un argument qui justifie aux yeux du chef de l'Etat la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux à la retraite.
Parce qu'elle est légitime, cette question mérite d'être creusée. Trop de fonctionnaires par rapport à qui ou à quoi? Aux autres pays développés? A la population française? Au budget de l'Etat? Une enquête exclusive du Centre d'analyse stratégique (organisme rattaché à Matignon) apporte, pour la première fois, des éléments de comparaison dans une perspective internationale. Ce "tableau de bord de l'emploi public", publié mardi 8 février, bouleverse les idées reçues.
90 focntionnaires pour 1000 habitants
La France comptait en 2008 entre 5 et 6 millions de fonctionnaires (le million de différence tient à la prise en compte de l'emploi dans les organismes privés à financement public types établissements publics d'aménagements et les entreprises semi-publiques type SNCF ou Aéroports de Paris), selon les chiffres les plus récents de Bercy. L'emploi public représente ainsi 20 à 25% du total de l'emploi en France. Soit environ 90 emplois publics pour 1000 habitants. Un taux d'administration qui se situe dans la "moyenne haute" des pays de l'OCDE, selon le rapport du CAS.
La France se situe ainsi loin devant le Japon (40 emplois publics pour 1000 habitants) et l'Allemagne (50 pour 1000) mais loin derrière le Danemark et la Norvège (160 pour 1000). Elle est au même niveau que le Royaume-Uni. Les auteurs du rapport ajoutent que "si la France apparaît en situation relativement haute du point de vue du nombre d'emplois publics par habitant, elle recourt moins que d'autres à la sous-traitance" (moins de 5% du PIB), contrairement aux pays anglo-saxons (9% du PIB aux Etats-Unis et au Canada, 12% au Royaume-Uni) et aux pays nordiques (9% en Finlande, en Suède et au Danemark).
Les rémunérations publiques représentent 10 à 12% du PIB
En 2009, les dépenses de personnel (salaires, cotisations et prestations sociales) de l'Etat, des collectivités locales et des hôpitaux se sont élevées à 208 milliards d'euros. L'équivalent de 10 à 12% du PIB. Là encore, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE, où les dépenses de rémunération publiques varient de 3,5% du PIB au Japon à 17% au Danemark. Ce taux connaît une diminution "sensible" en France, souligne l'enquête du CAS.
Dans la plupart des pays de l'OCDE, l'essentiel des emplois publics (entre 45% et 76% des rémunérations publiques versées) est concentré dans trois secteurs: l'éducation, la santé et la protection sociale. Seuls les Etats-Unis et la Grèce consacrent plus de 10% de leurs dépenses publiques à la défense, contre 6% en moyenne dans les autres pays de l'OCDE. La France présente un profil identique avec 31% des rémunérations publiques versées à l'éducation, 18% à la santé et 10% à la protection sociale et 8% à la défense.
12 enseignants pour 100 élèves
Dans l'éducation, la France se situe à un degré intermédiaire en ce qui concerne le taux d'administration avec 30 emplois publics pour 1000 habitants ou 12 pour 100 élèves, entre le Japon (15 emplois pour 1000 habitants ou 8 pour 10 élèves) et le Danemark, le Royaume-Uni ou la Suède (respectivement entre 35 et 50 pour 1000 et 15 à 20 pour 100). Néanmoins, la France affiche des taux d'encadrement dans l'enseignement primaire et supérieur parmi les plus faibles des pays de l'OCDE.
Dans le primaire, la France ne mobilise que 5 enseignants pour 100 élèves (en comparaison, ce taux est de 10% en Grèce et en Italie). Dans le secondaire, en revanche, la France est dans la moyenne (8 enseignants pour 100 élèves, contre 6% en Allemagne et 12% en Suède). Dans le supérieur, la France affiche un taux d'encadrement de 5%, équivalent à la Grèce, contre 9% en Allemagne et 11% en Suède. Une récente étude de l'OCDE indique que la France est en 18e position en termes de performance de ses élèves, avec une note qui atteint tout juste la moyenne.
François Fillon invité par l'Egypte pour ses vacances
Le Premier ministre a utilisé pendant ses vacances en Egypte un avion "de la flotte gouvernementale égyptienne" selon Matignon. Entre autres.
Après Michèle Alliot-Marie, François Fillon entre dans une zone de turbulence. Le Premier ministre a été hébergé par le gouvernement égyptien pendant ses vacances de fin d'année et a emprunté un avion "de la flotte gouvernementale" du pays pour une excursion d'Assouan à Abou-Simbel, a annoncé Matignon mardi dans un communiqué publié à la suite d'informations du Canard enchaîné.C'est à cette occasion qu'il s'est rendu pour une excursion à Abou-Simbel, qui abrite deux temples de l'Egypte antique, à bord d'un avion appartenant à Hosni Moubarak, poursuit le journal.
Dans un communiqué publié "dans un souci de transparence" avant même la parution en kiosques de l'hebdomadaire mercredi, Matignon apporte plusieurs "précisions" sur ce voyage, effectué du 26 décembre 2010 au 2 janvier 2011, alors que l'Egypte connait des troubles importants.
"Le Premier ministre a été hébergé lors de ce séjour par les autorités égyptiennes. Le Premier ministre, toujours à l'invitation des autorités égyptiennes, a emprunté un avion de la flotte gouvernementale égyptienne pour se rendre d'Assouan à Abou Simbel où il a visité le temple", indique le texte de Matignon.
"Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions" c'est-à-dire en tant qu'invité.
Pour ce qui est du voyage entre Paris et Assouan, c'est "un Falcon 7X" du gouvernement français qui a été utilisé comme le veut l'usage habituel pour le Premier ministre.
"S'agissant d'un déplacement privé, son billet et celui des membres de sa famille lui sont facturés, sur ses deniers personnels, au tarif établi par l'armée de l'air, conformément à la règle qu'il s'est lui même fixée et qu'il applique à chaque déplacement privé", poursuit le communiqué.
Moubarak soigné en Allemagne?
La presse allemande spécule sur un séjour médical qui pourrait, s'il se prolonge, offrir une voie de sortie honorable pour le raïs égyptien.
Des scénarios sur un départ de Hosni Moubarak, 82 ans et presque 30 ans à la tête de l'Etat, sont envisagés par la presse étrangère.Ce qui arrangerait tout le monde. "Les Egyptiens seraient ainsi débarrassés de leur impopulaire président et Moubarak partirait la tête haute", indique le journal qui précise qu'on ne sait pas encore "si le président est intéressé par cette voie de sortie. Il donne plutôt l'impression de vouloir s'accrocher au pouvoir."
Interrogé lundi sur une telle éventualité, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a répondu qu'il n'y avait eu "ni demande officielle, ni demande officieuse concernant un tel séjour".
Hosni Moubarak avait tenté, lundi, de reprendre la main, alors que les manifestations réclamant son départ se poursuivent. Le président de l'Egypte a promis une hausse de 15 % des salaires fonctionnaires et des retraites.
Cette possible retraite du tyran égyptien en Allemagne suscite des interrogations dans la classe politique allemande. Plusieurs personnalités ded partis conservateur, social-démocrate ou libéral sont favorables à cette solution si elle permet de faciliter la transition en Egypte. En revanche, les Verts sont opposés à ce que Moubarak échappe ainsi à ses responsabilités. "Et l'Allemagne ne doit pas devenir un sanctuaire de luxe pour despotes renversés", estime Cem özdemir, vice-président des Grünen.
Découverte d'une tribu isolée d'Amazonie
C'est vraiment injuste, des hommes vivent encore sans partager notre merveilleuse civilisation.
Comprenant peut-être une centaine de membres, ce groupe isolé d'Indiens appartenant à la tribu des Mashco-Piro a été repéré très récemment par la Funai, organisme brésilien chargé des questions indiennes, près de la frontière péruvienne. Isolé ne veut pas dire qu'ils n'ont jamais eu de contact avec la civilisation par le passé. Tous les groupes autonomes vivant en Amazonie sont les descendants des survivants des massacres opérés au XIXe ou au XXe siècle. Ils se cachent dans la forêt, vivent traditionnellement, mais ont des contacts avec leurs voisins. Si on regarde bien la photo, au pied de l'enfant situé sur la gauche, on peut voir une casserole. Deux individus tiennent également des machettes en métal. Des échanges existent donc entre les tribus. L'existence d'indigènes n'ayant jamais eu de contact avec la civilisation en Amazonie est un mythe.
Trêve de plaisanterie, ces Indiens isolés devraient avoir le droit qu'on leur foute la paix. Du côté brésilien de la frontière, ils ne sont pas encore trop menacés, car la Funai veille au grain ; mais du côté péruvien, jusqu'à présent, le gouvernement se lavait les mains du sort de ces tribus. Le risque étant que, sous la pression des bûcherons, les tribus côté Pérou envahissent le territoire brésilien, générant des conflits avec les Indiens s'y trouvant déjà. Depuis plusieurs mois, l'organisation Survival International faisait pression sur le gouvernement péruvien afin qu'il arrête des mesures de protection. "Enfin, nous avons été entendus. C'est une belle victoire", commente Sophie Baillon, de Survival France. Effectivement, le Pérou vient de faire connaître sa volonté de coopérer avec le Brésil pour empêcher les bûcherons de pénétrer sur le territoire des Indiens isolés vivant le long de la frontière commune aux deux pays.
Le bon sauvage de Rousseau n'existe certainement pas. Il n'en demeure pas moins qu'à surprendre ces hommes dans leur paisible intimité, on ne peut que s'interroger sur nous-mêmes. Où la connaissance et le progrès nous ont-ils menés ? Qui possède la plus belle vie ? Eux ou nous ?
Printemps arabe, le risque est pour demain
La menace islamiste n'est pas qu'un fantasme des Occidentaux.
Ségolène Royal soutient les magistrats
Pour le gouvernement, la fronde des magistrats est "orchestrée par les syndicats"
Une trentaine d'assemblées générales de magistrats sont organisées mardi en France sur le mot d'ordre de report d'audiences déjà voté par une cinquantaine de juridictions en réaction aux propos de Nicolas Sarkozy, selon l'Union syndicale des magistrats. La journée sera notamment marquée par l'entrée dans le mouvement de nombreuses cours d'appel, comme Toulouse, Besançon, Rennes, Pau, Orléans, Douai, Colmar ou Montpellier, qui donneront leur position. Les magistrats du tribunal de grande instance (TGI) de Paris se réunissent dans la matinée au Palais de justice.
Les magistrats qui protestent "s'appuient sur ce qui est un fait divers pour eux" et qui est "pour nous un drame épouvantable, auquel nous devons apporter des réponses", a-t-il ajouté. Selon lui, "ça n'est pas juste de la part des magistrats" de parler d'exploitation de la part du gouvernement.
Le meurtre de Laëtitia "n'est pas un fait divers supplémentaire, un élément statistique sur des dossiers de magistrats, c'est une épreuve collective et donc il est normal que le président de la République s'adresse d'abord aux Français". "C'est le président de la République qui reçoit la douleur des familles, qui reçoit ce cri. C'est une douleur pour lui", et, "sur ces sujets, il n'accepte pas la fatalité, il n'accepte pas que la société ne soit pas capable d'apporter des réponses, il n'accepte pas qu'il n'y ait pas des évolutions pour sauver nos enfants", a-t-il insisté.
"UNE DES CORPORATIONS QUI A LE PLUS DE MAL À ASSUMER SA PART DE RESPONSABILITÉ"
M. Baroin a également souligné que le budget de la justice était le seul, avec celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, à être "épargné par les suppressions de postes et par la RGPP [révision générale des politiques publiques]". M. Baroin a appelé les magistrats à ne pas donner "l'impression de ne pas accepter le sens des responsabilités, de ne pas accepter qu'il y ait eu des fautes".
C'est "une des corporations qui a le plus de mal à assumer sa part de responsabilité", a-t-il dénoncé, rappelant aussi l'affaire d'Outreau où "il y a des gens qui ont été en prison inutilement, injustement". Et quand "le magistrat instructeur est venu devant les parlementaires, on a expliqué que c'était une atteinte insupportable à la magistrature", a-t-il rappelé.
Analyse: pourquoi le Quai d’Orsay est-il autant pro-arabe…
Le Quai d’Orsay est un monde à part, une sorte d’état dans l’état, répond-il au pouvoir exécutif suprême en toutes circonstances ? il m’est souvent arrivé d’en douter tant ses prises de positions semblent parfois être prise en dépit du bon sens, sans parler d’iniquité ou de simple logique.
Ainsi en est-il particulièrement au sujet d’Israël, et plus généralement des relations avec les pays arabes et plus généralement musulmans.
De multiples explications peuvent être fournies quant au parti pris quasi systématique des prises de positions françaises sur le conflit moyen oriental.
On avancera aussi que la paix sociale commande ce déséquilibre, eu égard aux masses musulmanes parquées dans des « réserves » de banlieue, renvoyant en plein visage l’échec permanent de « l’intégration à la française », et à qui on a servi en pâture un conflit qui ne les concerne pas afin de détourner (un peu) l’attention sur leur conditions de vie (détention ?)…
On pourra aussi se retrancher derrière les grands principes humanistes hérités de la révolution (etc…), si des lois raciales iniques n’avaient pas discrédité la France aux yeux du monde entier et ne nous avaient pas placés au ban des nations (on sait maintenant qu’il est plus facile de perquisitionner un champ de caravanes qu’une cité regorgeant de drogue et d’armes !).
Et last but not least, il y a aussi le « prestige » du pays qui est censé faire de lui le garant de la morale universelle, mais qui est tellement compromis sur les 5 continents par les magouilles et la corruption (de l’Angola au Pakistan, en passant par nos alliés pour qui nous sommes devenus un des sujets principaux de franche rigolade), qu’il vaudrait mieux jeter un voile pudique sur ce concept faute de perdre le dernier atome de crédibilité qu’il nous reste.
Ayant fait le tour de tout cela la question reste entière, mais qu’est ce qui pousse donc la France à adopter une position si partiale ?
C’est là qu’il faut se retourner vers le Quai d’Orsay pour trouver quelques indices, cette mémorable institution, immortalisée par Talleyrand, recordman du monde du retournement de veste, et qualifié de merde dans un bas de soie par Napoléon qui s’y connaissait fort bien tant en merde qu’en bas de soie, semble avoir gardé jalousement cette tradition de duplicité.
Les derniers occupants du lieu semblant mettre un point d’honneur à donner une actualité à la qualification impériale, avec pour certains la soie en moins, nous vîmes défiler les grands nom.
Même quand elle est anonyme, lointaine, perdue dans le fracas brutal de l’actualité, c’est toujours une information insupportable à entendre. Physiquement insupportable. On n’en sort pas indemne. Quand il entend à la radio qu’une adolescente s’est fait massacrer par un violeur, tout père, même le plus pacifique, est saisi au cœur. Ce fait divers-là est douloureux, intime, forcément intime, parce qu’on l’incarne, on l’identifie : et si c’était ma fille ? Et tout père est alors submergé par ce mélange d’incompréhension et de révolte. Par une pulsion vengeresse qui balaie toute raison. Une pulsion sauvage, animale, tripale…
Nul doute que le président de la République ait éprouvé ce sentiment-là lui aussi. Nul doute qu’il ait sincèrement ressenti la nécessité instinctive d’apporter une réponse à la famille d’accueil de Lætitia. Et de ne pas la laisser sans un mot face au vide, au noir absolu d’un crime sans autre réponse que le fatalisme. Nul doute qu’il ait le droit de s’interroger à haute voix sur le doute effroyable qui étreint toute société en pareil cas : la justice de mon pays a-t-elle vraiment tout fait pour empêcher qu’un tel cauchemar se produise ?
Jusque-là, 99,9 % des Français sont d’accord. Pour aller plus loin, deux méthodes s’offrent alors aux responsables politiques. La première, facile, simple, rapide et très politique - il faut rapprocher la justice du peuple - consiste à chercher des fautifs au sein de l’appareil judiciaire et à leur promettre une sanction. Avec cette hypothèse : le crime n’est le résultat que d’une négligence ou d’un laxisme. C’est l’option choisie par le chef de l’État. Elle flatte les impatiences d’une partie de l’opinion publique mais, de l’avis même de juristes qui d’ordinaire n’épargnent pas les manquements du système judiciaire - comme l’avocat général Philippe Bilger - elle est injuste : ne présume-t-elle pas d’une indulgence coupable des magistrats ? Ne les rend-elle pas implicitement et collectivement responsables ? On voit le résultat ce matin : la grève de juges infantilisés et les vaines réprimandes d’un Premier ministre qui ne les comprend pas. Une nouvelle polémique alors que la pauvre Lætitia n’est même pas encore enterrée…
L’autre solution, plus humble, commanderait d’assumer tous ensemble les limites de notre machine judiciaire. Et d’inviter la représentation nationale à affronter ce défi avec sang-froid, dignité et œcuménisme, comme avait su le faire la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau. Après tout, ce sont les députés et les sénateurs qui font les lois… dont plus de 40 % ne sont pas appliquées. A eux d’en évaluer la pertinence et la mise en œuvre par le pouvoir exécutif. En dehors de toute émotion compassionnelle, toujours mauvaise conseillère.
Notre Premier ministre a prononcé la sentence d’une voix sévère mais juste, comme un adulte morigénant des gosses trop bruyants : la réaction des magistrats est « excessive ». Et l’on peut certes trouver de l’excès dans cette levée générale de robes noires, pour quelques mots sur les dysfonctionnements de la justice. Comme l’on peut juger excessive la résistance constante des magistrats à reconnaître leurs erreurs : un seul juge fut sanctionné, après le scandale d’Outreau, et il est toujours en fonction... L’attaque de notre Président n’était cependant pas moins excessive. L’avocat Nicolas Sarkozy n’aime pas les magistrats, c’est son droit, mais le Président Nicolas Sarkozy a-t-il encore le droit de condamner tous les magistrats en place publique ? Chacun devrait se souvenir que le seul excès tolérable, en cette affaire, est dans le chagrin des proches de Laëtitia.
L'armée française transforme ses fantassins en RoboCop
En quelques semaines, plus de 2.000 fantassins ont reçu leur nouvelle tenue Félin. La concrétisation d'un programme de 1 milliard d'euros confié à Sagem en 2004. Le premier du genre en Europe.
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le temps de la tolérance zéro
Peut-on, dans une démocratie, exercer le pouvoir sans autorité ? C'est toute la question que pose l'offensive menée par l'exécutif pour prendre le contrôle d'organismes « indépendants » - agences, conseils, commissions, autorités et, même, hautes autorités -auxquels l'Etat a confié depuis quarante ans des missions de contrôle, de surveillance, de régulation, voire de sanction. C'est bien dans ce contexte qu'il faut analyser l'interdiction désormais faite au président de la CNIL d'être issu des bancs du Parlement. Se sentant visé, Alex Türk défend son bilan dans « Les Echos », mais ce n'est pas l'homme qui est en cause. C'est sa fonction.
Au même moment, en effet, l'Etat regroupe, sous l'égide d'un Défenseur des droits, cinq autorités indépendantes, dont la Halde, la Médiation de la République et la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Bien que ce Défenseur soit élevé au rang d'institution de la République, le fait qu'il soit nommé par le chef de l'Etat suffit à lui faire perdre sa présomption d'indépendance. Quant à la nomination d'un commissaire du gouvernement à l'Arcep, qui a fait l'objet d'un autre amendement récent, elle est également perçue comme une reprise en main de cette instance de régulation des télécoms. Enfin, faute d'avoir su défendre son indépendance, l'Agence de sécurité sanitaire va devoir se plier aux exigences d'un pouvoir politique qu'elle était censée préserver de tout conflit d'intérêts.
La phase de repli qui s'amorce pour la quarantaine de nos autorités indépendantes est souvent perçue comme un recul des libertés publiques. Car, fortes des puissants outils qui leur ont été donnés, elles font d'efficaces contre-pouvoirs. La démocratie va-t-elle y perdre ? Rien n'est moins sûr. Car cette dépossession du politique par lui-même n'est pas exempte de reproches. Elle a conduit à l'émergence de justices parallèles, pas seulement dans le cas extrême de la Halde, dont les avis, fondés moins sur le droit de tous que sur le droit de chacun, ont fini par fragiliser la laïcité à la française. Ces autorités indépendantes ont pour autre défaut d'avoir, par nature, une vision parcellaire de l'action publique, quand l'Etat a, lui, une appréhension globale de l'intérêt général. Cette hémianopsie peut contrarier la volonté politique issue du suffrage universel. C'est le cas lorsque, au nom du respect de la vie privée auquel elle est chargée de veiller, la CNIL freine le développement de la vidéosurveillance, nécessaire à la sécurisation des lieux publics. L'indépendance ne fait pas forcément une bonne politique.
Dès l'intitulé, le ver était dans le fruit. « L'arme anti-Google » : ainsi parlait-on, à l'époque, de Quaero, le moteur de recherche européen. C'était en 2006. Cinq ans plus tard, ce projet à 200 millions d'euros a plutôt pris l'allure d'un « éléphant blanc », un mirage comme seule la technostructure de l'innovation française sait en produire. Conçu dans un accès de pompidolisme industriel dont notre pays est coutumier depuis la disparition de son inspirateur, dont on célèbre cette semaine le centenaire, Quaero souffre incontestablement des stigmates de sa naissance. Annoncé en 2006, dans la foulée de la fameuse Agence de l'innovation industrielle voulue par Jean-Louis Beffa, l'ex-patron de Saint-Gobain, et mise en place par Jacques Chirac, alors à l'Elysée, Quaero est le fruit d'une pensée aussi implacable que verticale qui, si on la résume, tient en une phrase : en France, seuls les grands groupe sont capables de donner l'impulsion en matière de recherche. Libres à eux, ensuite, d'offrir leur sillage aux PME qui voudront bien s'y engouffrer. C'est ainsi que naquit Quaero confié à Thomson, devenu Technicolor, qui coordonne encore le programme. Bien malin qui peut prédire aujourd'hui ce qu'il adviendra de cette belle architecture pyramidale qui réunit 300 chercheurs et à laquelle participent pas moins d'une trentaine de structures organisées autour de cinq projets applicatifs. C'est le propre de ce genre de structure que de générer sa propre inertie, laquelle finit par devenir sa meilleure protection. Quant au fait de savoir si les résultats obtenus sont à la hauteur des moyens engagés, c'est une autre affaire. Pour l'heure, gardons à Quaero le bénéfice du doute. Et n'y voyons que l'avatar d'une période semble-t-il révolue. Depuis sa fusion avec Oséo en 2008, l'Agence pour l'innovation industrielle a sombré, emportant avec elle cette idée surannée d'une R&D dirigée par quelques grands paquebots industriels donneurs d'ordre. Les succès d'un Microsoft, d'un Google, d'un Apple ou, plus récemment, d'un Facebook, sont là pour montrer que les idées venues d'en bas ne sont pas nécessairement légères ou sans avenir. L'une des conditions de leur réussite est de leur donner les moyens de prospérer plutôt que de confisquer de trop rares ressources au profit de quelques grands groupes déjà établis.
Du capital investissement accessible aux TPE
La procédure de sélection des projets se veut très simple et très rapide en s’effectuant en partie via le site Web de Fondelia. Le potentiel de développement de la pme et « la validation par un tiers de proximité », une banque par exemple, seront déterminants. Durant la période de l’investissement, l’entrepreneur doit fournir des reportings réguliers sur son activité. Mieux vaut obtenir une croissance soutenue car la cinquième année, la pme doit obligatoirement racheter les titres détenus par Fondelia pour la valeur déterminée lors de l’investissement. « Les objectifs de rémunération des titres correspondent à la moyenne de ce qui se fait en matière de capital investissement », ajoute-t-on chez Fondelia dont l’ambition est d’accompagner plus de 300 entreprises par an.
On a beaucoup parlé des récentes études montrant combien nos compatriotes ont le moral dans les chaussettes... tout en continuant à faire plus d'enfants que leurs voisins européens ! En revanche, l'ambitieux sondage réalisé par l'Ifop et publié le 25 janvier par le quotidien « La Croix » a été peu commenté, alors qu'il apporte des éclairages originaux sur la vision de la mondialisation par les populations de dix pays, y compris la Chine et le Brésil.
On y apprend d'abord que la France est, de loin, le pays où le capitalisme est le plus mal vu. Un Français sur trois souhaite que l'on abandonne ce système alors qu'il n'y a qu'un Allemand sur douze, un Brésilien sur quinze et un Chinois sur trente pour penser la même chose. Le plus frappant est que, dans la tranche 18-25 ans, cette opinion est partagée presque par un jeune sur deux en France contre zéro en Chine. Ceci n'empêche pas les citoyens du monde entier de craindre presque unanimement la survenue prochaine d'une nouvelle crise du système.
L'autre leçon majeure de l'étude est que, contrairement à ce que l'on entend souvent, notamment du côté du Front national, le développement des échanges mondiaux n'est pas du tout rejeté. Il n'y a que 16 % des Français pour estimer que c'est une mauvaise chose, soit un chiffre qui est faible en valeur absolue et qui n'est guère supérieur à celui relatif aux Brésiliens (10 %) et aux Chinois (6 %).
Tout se passe donc comme si la mondialisation n'était pas condamnée en elle-même mais en raison de ses excès. Ce point est confirmé par l'approbation massive que recueillent dans tous les pays les idées de moralisation ou de régulation du système, par exemple la taxation des produits en provenance de pays ne respectant pas un minimum de normes en matière sociale, fiscale ou environnementale. Ce constat est plutôt encourageant. Mais entre les sentiments sympathiques exprimés par les panels d'un sondage et la signature des dirigeants du G20 au bas d'une résolution contraignante, il y a une marche que le président Sarkozy estime sans doute très haute à monter dans l'année qui vient...
L’Egypte, un carton sur le Web, un bide au JT
Sur les JT des grandes chaînes d’information nationales françaises, les événements en Egypte ont été vite expédiés en début de semaine, démontre ce zapping. Une couverture éditoriale réduite, à l’opposée de celle adoptée par les sites Web d’infos français. Ceux-ci ont, au contraire, mis le paquet et couvrent, depuis le début de la crise, chaque minute du soulèvement égyptien.
Faux procès dressé contre les JT? TF1 a finalement mis en place, en fin de semaine, une édition spéciale sur l’Egypte, lors du 20 heures du 3 février. Certes, ce n’est qu’un «one shot», pas un suivi en continu, mais la promesse de TF1 n’est pas non plus de faire du CNN.
Malgré ces efforts louables, le poisson ne mord pas. Seuls 6,9 millions de téléspectateurs ont suivi le journal consacré à l’Egypte de Laurence Ferrari, dont le créneau fait en moyenne 7,4 millions de téléspectateurs en janvier et est monté jusqu’à 8,9 millions le 8 décembre 2010, au moment des épisodes de neige en France. Un «petit score», donc, selon le site spécialisé Ozap, qui rappelle que «traditionnellement, le JT de TF1 est faible lorsque l’actualité internationale est forte». «Le fait que les sujets de proximité soient, à la télévision, davantage fédérateurs que les grands événements internationaux n’est pas nouveau, écrit Franck Nouchi, cité par Arrêt sur Images. “La Corrèze plutôt que le Zambèze”, avait théorisé il y a bien longtemps le journaliste Raymond Cartier.»
Plus grave, les téléspectateurs de TF1 auraient envoyé pléthore de messages «racistes» à la chaîne sur le thème «on s’en fiche des sujets sur les Arabes, on veut d’autres sujets». C’était lors de la «révolution tunisienne», détaille lepoint.fr, qui révèle l’histoire.
Catherine Nayl, la directrice de l’information de TF1, s’en est expliqué dans l’émission Médias Le Mag, sur France 5: «Non, on ne reçoit pas de nombreux emails racistes» et oui, «la vie, pour un téléspectateur, ce n’est pas que l’actualité». Elle concède que, «pour un journaliste, les efforts que nous pouvons faire sur le terrain sont peu chèrement payés par nos téléspectateurs. Ils s’intéressent à l’actualité internationale, mais leurs préoccupations sont davantage tournées vers la pénurie d’essence et la météo». Un bon point néanmoins, selon Catherine Nayl: les téléspectateurs «venus regarder la “spéciale” (du 3 février, ndlr) sont restés jusqu’au bout, pendant 20 minutes. C’est une belle récompense».
Frénésie des lives
C’est tout le contraire sur le Web, où les internautes cliquent de façon frénétique sur tout ce qui touche de près ou de loin aux mouvements dans le monde arabe. Et notamment sur les «lives», ces formats qui permettent de suivre, minute par minute, les derniers développements sur la révolte. De la déclaration du président égyptien Moubarak, estimant que «si (il) par(t), ce sera le chaos», aux images de ses partisans à dos de dromadaires, en passant par la démission du bureau exécutif, les pages des sites Web sont «rafraîchies» des milliers de fois et font ce que l’on appelle, dans le jargon, «du clic». C’est-à-dire du trafic. Et pas qu’un peu.
Sur lefigaro.fr, vendredi 4 février, l’article le plus lu du site s’intitule «Des milliers d’Egyptiens manifestent dans le pays» (son titre a été changé depuis, actualisation oblige). Se classent ensuite, au rang numéro 3 du top 5 des plus lus, «Laëtitia: Sarkozy veut sanctionner les magistrats» puis, en numéro 4, «Les rumeurs inquiètent les expatriés français en Egypte». Même tendance sur les sites concurrents: «cette semaine, il y a eu d’incroyables pics d’audience sur deux sujets, l’Egypte d’abord, et Laëtitia (la jeune fille retrouvée démembrée, ndlr) ensuite», me racontent Elodie Drouard, iconographe à 20minutes.fr, et Catherine Fournier, chef du service des informations générales du même site.
Point commun entre ces sujets? Les deux sont des histoires-feuilletons, qui comprennent des rebondissements quotidiens, et donnent l’occasion aux journalistes Web de produire plusieurs articles, via divers angles, au fur et à mesure que se déroule l’histoire – et l’Histoire. Les journalistes, pas plus que les lecteurs, ne connaissent la suite au moment où ils écrivent ce qu’ils savent, et pourtant, ces actualités fonctionnent comme des séries télévisées, avec un air de revenez-y, comme s’il était indiqué «à suivre» à la fin de chaque épisode. «Pour l’affaire Laëtitia, le prochain épisode aura lieu quand les policiers auront retrouvé son tronc, car si cette partie du corps peut être autopsiée, on saura alors si elle a été violée ou pas», décortique un connaisseur. Pour l’Egypte, c’est pareil. Le suspens dure concernant la position d’Hosni Moubarak: partira? Partira pas?
Le Web, international, et à la demande
Pourquoi, sur le Web, l’actualité égyptienne suscite l’intérêt alors que ce n’est visiblement pas le cas à la télé? Les publics sont-ils si différents selon le média? Les internautes seraient plus portés vers l’international, pas les téléspectateurs? «Les internautes qui suivent notre couverture en temps réel de l’Egypte en ont conscience: ils assistent, en direct, à un événement historique», estime Nabil Wakim, journaliste au Monde.fr.
Autre point d’explication: le format «live» qui, quelque soit le sujet, international ou pas, est presque toujours l’un des contenus les plus vus d’un site d’infos. D’abord parce qu’il constitue un appât pour les consommateurs d’infos, à qui l’on promet de faire vivre l’actualité comme s’ils y étaient, ensuite parce que ce type de format, très mobilisateur, bénéficie d’une visibilité importante en étant disposé tout en haut de la page d’accueil.
Enfin,et c’est la troisième piste: le journalisme en ligne est capable de répondre à des demandes, en traquant les requêtes les plus cherchées par les internautes sur les moteurs de recherche. Un baromètre devenu essentiel pour savoir où mettre le curseur entre trop et pas assez sur tel ou tel sujet.
Or la question demeure: quelle partie de cette audience sur les sites d’infos français vient d’Afrique? Lors des événements tunisiens, la Tunisie était le deuxième pays à fréquenter lemonde.fr, après La France. Pour l’Egypte, le scénario ne se répète pas, et c’est logique: l’accès à Internet a été coupé dans le pays, rendant toute connexion en ligne impossible. Néanmoins, sur lefigaro.fr, Thomas Doduik, directeur des opérations du site, constate une forte progression des visites issus des pays du Maghreb: x 2 pour celles venues d’Algérie, du Maroc et d’Egypte, et jusqu’à x 6 pour la Tunisie, au plus fort de la révolution de Jasmin.
De la télé dans le live sur le Web
«Nous avons même des internautes qui allument la télé pour regarder le JT, et commentent, sous le live du Monde.fr, ce qu’ils voient sur le petit écran», reprend Nabil Wakim. Et, surprise, ils chronomètrent, façon CSA en période électorale, la longueur des sujets télé consacrés à l’Egypte, en pestant – et en l’écrivant sur un site Web d’info – «quoi? C’est déjà fini sur TF1? Il n’est même pas 13h07».»
Regarder la télévision en réagissant en direct sur les réseaux sociaux, comme si l’on était en famille ou entre amis sur un canapé: le phénomène a déjà été observé lors d’émissions comme La Nouvelle Star ou même Paroles de Français. Cette fois, un cap a été franchi. Au lieu de rédiger des commentaires parfois potaches face à une émission de divertissement, une frange du public va plus loin et commente, sur Internet, jusqu’à la façon dont les télévisions s’emparent d’un sujet international.
Arrêter un live, mission difficile
Les sites d’infos ne s’en laissent pas compter. Et cravachent à qui mieux mieux, quand bien même l’actualité qui secoue l’Egypte, et avant, la Tunisie, s’avère chronophage. En effet, il faut au bas mot deux ou trois personnes pour animer un «live» sur un tel sujet pendant une journée entière, à la fois pour alimenter le flux de nouvelles informations, et surtout, pour les vérifier.
«Dimanche soir, je me suis demandé à quel moment fallait-il qu’on arrête de “liver” l’Egypte, avant de reprendre le lendemain matin, confie Nabil Wakim. Quand on a vu qu’il y avait 250.000 personnes connectées toute la journée, sur le direct, et encore 6.000 en soirée, on s’est dit qu’on allait continuer et rester au bureau une ou deux heures de plus.»