Le serment d’un « comportement en chaque instant exemplaire » ? Un artifice de campagne, égaré dans une anaphore devenue énumération des promesses bafouées. L’engagement sur « l’exemplarité des responsables publics, totale » ? Une autre finasserie présidentielle, pour couper court au scandale. Après le fiasco de la « République irréprochable » de son prédécesseur, François Hollande promettait la vertu, l’honnêteté, l’intransigeance, l’honneur. Résultat, nous avons eu Cahuzac, Morelle, Thévenoud, Arif et, maintenant, Lamdaoui. A la droite affairiste devait succéder – classique – la gauche morale. Résultat, au plus proche du pouvoir élyséen, nous avons les suspicions de conflit d’intérêts, d’usage de faux, de fraude fiscale, d’abus de biens sociaux.


Face à toutes ces affaires, la condamnation de comportements personnels ne saurait suffire. Sans que sa probité soit mise en cause, le chef de l’Etat est a minima coupable de légèreté, de défaut de lucidité. Mais pire, sous couvert de beaux principes déclamés, le Président contribue au délitement de la démocratie, décomposition qu’il aspirait à stopper. Car aux belles âmes qui prétendent faire barrage aux extrêmes, comment ne pas opposer que ce sentiment d’impunité, de déconnexion à la réalité fait le jeu du Front national, de l’abstention, de l’exaspération sociale ? Et aux défenseurs de la réforme, comment ne pas répliquer que le discrédit de la parole politique, le mensonge et la dissimulation corrodent la confiance, cette espérance sans laquelle rien n’est possible ? A d’autres le « tous pourris » ; mais plus que jamais la reconstruction de notre cadre politique devient une priorité, le préalable à tout rebond.