Mais où est-elle cette France apaisée promise par François Hollande ? Sans aller jusqu’à transformer en insurrection générale des spots de guérilla urbaine déclenchés par des groupuscules extrémistes. Sans verser dans une instrumentalisation du décès tragique de Rémi Fraisse, quand une Cécile Duflot trop pressée dénonce la « tache indélébile » sur le gouvernement et un José Bové trop content invoque la « violence légitime sur les biens ». Sans oublier que, ravages de la crise obligent, Nicolas Sarkozy redoutait déjà pour la France un scénario à la grecque (d’où sans doute une retenue toute en maturité de l’opposition)… Malgré ces nuances, il est difficile de ne pas lier ces explosions de violence avec l’affaiblissement du pouvoir, de ne pas corréler le mépris inédit pour la puissance publique avec le rejet sans précédent du gouvernement, de ne pas rapprocher l’acharnement contre les forces de l’ordre avec le recul de l’Etat de droit. Intermittents, Bonnets rouges, casseurs de Sivens et d’ailleurs… Le gouvernement n’a eu de cesse de tergiverser, puis de reculer laissant à chaque fois accroire que l’exécutif délaisse l’intérêt général sous la pression de minorités. Pire, qu’il est prêt à renier sa parole, à nier le vote démocratique, à désavouer les accords sociaux faute de résister à des activistes anti-système. Comment ne pas voir que cette crasse faiblesse précipite le populisme, la fin de notre contrat social, la décomposition d’une société civile réduite à un agrégat d’« individus-atomes » (Alain Minc), de « résignés-réclamants » (Jacques Attali), cherchant dans un Etat corporatiste quelques compensations à leur servitude ? La France de François Hollande : un pays désespéré.