TOUT EST DIT

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dimanche 6 décembre 2009

L'objet du jour : le préservatif, par Terra Eco#

L’estampille "écolo" a le vent en poupe. Et les préservatifs ne font pas exception. Depuis quelques années, les marques "vertes" se sont multipliées. En France, dans les magasins bio ou certaines pharmacies, on trouve les NamNam à la fraise ou les Birds’n Bees de couleur verte du Dr. Theiss. Cette marque suédoise affirme utiliser uniquement du naturel pour son latex et ses produits de traitement (pour la résistance, la finesse…) ou de lavage. En Angleterre, fer de lance de la cause animale, il existe des préservatifs certifiés sans aucun produit de traitement d’origine animale, comme ceux de Condomi ou de Glyde.
APHRODISIAQUE À PRIX PLANCHER

Outre-Manche encore, des préservatifs en latex se sont fait une place sur les rayons du commerce équitable. Depuis la fin 2007, la marque French Letter commercialise des capotes fabriquées en Allemagne et dont la matière première provient d’une filière équitable de production de caoutchouc naturel située en Asie du Sud. Quatre modèles sont distribués dans les boutiques de commerce éthique, les pharmacies ou les sex-shops : Aphrodisiaque, Désir prolongé, Douce Caresse et Massage excitant. Qui a dit que l’éthique n’était pas sexy ? Sûrement pas Martin Buckley, codirecteur de la société, qui explique : "Nous sentions qu’il y avait une occasion pour une marque de préservatifs éthiques et nous avons travaillé avec l’entreprise Fair Deal Trading, qui a recherché pour nous des fournisseurs." Car en Grande-Bretagne, il n’existe pas d’organisme indépendant de certification équitable pour le latex. Exactement comme pour un chocolat ou un café équitables, les petits producteurs partenaires de Fair Deal Trading touchent un prix plancher pour leur latex : 50 centimes d’euro par kilo sec.

Les saigneurs d’hévéas "sont ainsi en mesure d’améliorer leur niveau de vie et de construire des communautés plus fortes", vante Martin Buckley, qui cite l’installation de conduites d’eau dans les maisons d’une vingtaine de travailleurs au Sri Lanka, ou encore la constitution d’un fonds pour l’éducation dans une communauté du sud de l’Inde. Et ce n’est pas tout. Le latex issu de cette filière équitable est également certifié FSC (Forest Stewardship Council). Lancé en 1992 par le WWF, il garantit une exploitation durable des forêts.

"ARGUMENT COMMERCIAL"

Si le préservatif écolo commence à pénétrer le marché de la capote, il reste cependant anecdotique. Combien de ventes ? Impossible de le déterminer sur un marché où même celles des préservatifs conventionnels sont nimbées de mystères. En effet, il n’existe pas de panels nationaux pour les mesurer. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) estime tout de même que 10,4 milliards de préservatifs masculins ont été utilisés en 2005. Quant au préservatif féminin, bien qu’il soit en forte progression, il n’a été distribué dans le monde qu’à 25 millions d’exemplaires en 2007, d’après la Female Health Company, seul fabricant agréé par l’administration américaine. Côté performances, Manix se classe deuxième en France avec environ 25 % des parts de marché, juste derrière le britannique Durex.

Ces fabricants "traditionnels" se montrent peu bavards sur l’origine exacte de leur latex. Secret industriel, invoque Jean-Marc Bloch, le responsable marketing et communication de Manix en France. "Il s’agit d’un latex naturel issu d’hévéas d’Asie", concède-t-il. Certification FSC ? accords avec les producteurs ? On n’en saura pas plus. En tout cas, pour lui, les fabricants écolos ne sont pas plus "verts" que les conventionnels : "Ils n’ont fait que pointer un argument commercial. Le préservatif est un produit par nature écolo puisque issu d’une matière première naturelle et renouvelable."

VULCANISANTS, STABILISANTS…

Cette occasion, Durex, le concurrent, l’avait aussi flairée : "Comme Claire, participez au développement durable en utilisant les préservatifs Durex. Ils sont composés d’un latex 100 % naturel", avançait le leader mondial dans une campagne de publicité. Problème : l’ensemble de la filière n’apparaît pas aussi "vert". Sur une page du site Internet du groupe australien Ansell, propriétaire de Manix, qui décrivait la fabrication des préservatifs dans une usine thaïlandaise, on a pu lire : "Afin d’obtenir les propriétés finales du produit, un certain nombre de composants chimiques doivent être utilisés, comme des stabilisants, des vulcanisants, des produits antidégradants et des colorants."

Tout ça ne sonne pas très naturel. Mais selon le porte-parole de Manix, ces traitements chimiques ne concernent que des produits exceptionnels. "On utilise des moules et des bains différents selon ce que l’on veut obtenir", explique-t-il. Seulement, depuis le milieu des années 2000, les exceptions semblent devenues la norme. Car en quelques années, les capotes ont adopté toutes les formes et saveurs possibles, histoire de gommer leur aspect médical pour leur donner une plus-value "plaisir" et, du même coup, augmenter les prix.

ÉBATS EN SOUS-BOIS

A cause du cocktail chimique dans lequel elles ont trempé, la plupart des capotes, fabriquées à partir de latex, ne se révèlent pas plus biodégradables que leurs cousines en plastique (du polyuréthane). Ne songez pas non plus à abandonner votre French Letter usagée dans la nature, après ébats dans les sous-bois. La marque durable et équitable ne produit pas un préservatif 100 % "vert". "Il n’existe pas de lubrifiants naturels permettant de produire un préservatif avec une durée de vie suffisante, justifie Martin Buckley. Nous utilisons donc du Dimethicone", une substance chimique dangereuse pour l’environnement. Pas question non plus de prendre la chasse d’eau pour une poubelle. "Il ne faut surtout pas les jeter dans les toilettes, insiste le codirecteur de la société, car l’eau les préserve." Sans compter que les stations d’épuration, qui les récupèrent, ne les apprécient guère.

Louise Allavoine

ON VA VOIR DES PETITS ZOBS VERTS ?

Sarnez répond à Royal : "Nous irons sous nos propres couleurs"

La vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, a répondu, dimanche, à l'offre publique d'alliance électorale formulée samedi par Ségolène Royal, en expliquant que le parti centriste irait "aux élections régionales" sous ses "propres couleurs".
L'ex-candidate PS à la présidentielle avait proposé publiquement, samedi, au Modem, une alliance de premier tour aux régionales de mars en lui garantissant "cinq places éligibles" en Poitou-Charentes, région qu'elle préside.

"Même si nous apprécions toujours les signes d'ouverture, je vais vous faire une confidence et vous le savez bien, nous irons aux élections régionales sous nos propres couleurs", a expliqué l'eurodéputée MoDem à la tribune du congrès du Modem à Arras, sans citer le nom de Mme Royal. Et cela, a-t-elle précisé, "parce que nous somme fiers de ce que nous portons, parce que nous croyons au pluralisme, parce que nous croyons que c'est bien que les Français aient le choix au premier tour des élections". "Nous serons autonomes et en même temps, nous sommes et resterons ouverts au dialogue, ouverts à la construction de rassemblements nouveaux car nous savons que sans ces rassemblements nouveaux, rien ne sera possible", a ajouté Mme de Sarnez.

Et de conclure : "Nous pouvons faire les deux dans le même temps, affirmer ce que nous sommes, le montrer, le démontrer, le proposer aux Français et en même temps être en capacité de dialoguer avec d'autres au-delà des frontières habituelles de la vie politique française".

MIEUX VAUT ÊTRE SEUL QUE MAL ACCOMPAGNÉ.

Ségolène Royal veut s'allier au MoDem en Poitou-Charentes

REGIONALES - Elle garantit au parti de François Bayrou cinq places éligibles...
Le courant passe toujours. Ségolène Royal (PS) a proposé publiquement samedi au MoDem une alliance au premier tour des régionales. Elle lui garantit «cinq places éligibles» en Poitou-Charentes, a-t-elle indiqué à l'AFP qui l'interrogeait sur «l'arc central» pour l'alternance suggéré par François Bayrou.


«Il a raison, il faut le faire. Pourquoi attendre les prochaines élections ?», a-t-elle interrogé en relevant que «cinq places permettront de pouvoir constituer un groupe à la région».

«Il faut bien qu’il y ait des pionniers»

Interrogée sur de possibles divergence avec la ligne de la direction du PS, elle a répondu qu’«il faut bien qu'il y ait des pionniers».

L'ancienne candidate à l'Elysée a aussi affirmé être «prête à rencontrer le président François Bayrou» et souhaite «faire de sa région un laboratoire du rassemblement, des altermondialistes au MoDem».

«Il faut se rassembler, j'ai fait cette proposition aux partenaires de gauche, aux communistes, à un certain nombre de Verts, à la société civile», a-t-elle poursuivi ajoutant qu'il y aurait un ouvrier de Fabris, équipementier automobile de Châtellerault «en place éligible dans la Vienne».
J.C. avec agence

ENCORE À LA RECHERCHE DU PIGEON LA MÈRE FOUÉTARD ?

AMI.

Un ami, j'en ai, lors de nos récentes retrouvailles ma demandé si j'étais marié.
Je lui ai répondu que je n'avais aucun animal domestique à la maison.

Préavis de grève déposés à la SNCF pour le 12 décembre

Le syndicat Sud-rail a déposé un préavis national de grève pour les conducteurs de la SNCF reconductible par période de 24 heures, à partir du samedi 12 décembre à 20 heures, a-t-il indiqué samedi 5 décembre dans un communiqué, se joignant à celui de la CGT-cheminots pour le même jour et la même heure.
La CFDT-Fgaac et la CGT-cheminots avaient déjà déposé des préavis reconductibles pour les conducteurs de la SNCF à partir respectivement des 11 et 12 décembre, également au sujet de réorganisations. Sud dénonce dans son communiqué le projet "d'éclater" la SNCF "en branches d'activité autonomes qui conduit à une hyperspécialisation des personnels et prépare à des transferts vers des filiales ou vers des sociétés concurrentes" et dénonce des "modifications permanentes d'organisation du travail".

Le syndicat s'en prend aussi à la "politique de repli et de concentration du fret ferroviaire sur les flux les plus rentables", cause de désertification et suppressions d'emplois et l'externalisation vers des filiales du groupe (Eurostar, VFLI, Naviland Cargo, Logistra, Géodis). La CFDT-Fgaac ne prévoit que des appels locaux, les négociations ayant déjà permis, selon elle, des avancées dans certaines régions. Côté contrôleurs, CGT, Unsa, Sud-Rail et CFDT ont tous les quatre déposé un préavis national, reconductible, à partir du samedi 12 décembre à 20 heures.

BANDE DE COMMUNISTES, QUE FERONT-ILS QUAND L'ACCÈS AUX TRAINS SE FERA AUTOMATIQUEMENT PAR INFORMATIQUE ? IL Y AURA PEUT-ÊTRE DES BUGS MAIS BEAUCOUP MOINS NOMBREUX QUE LES GRÈVES, IL FAUT ÉLIMINER LE FACTEUR HUMAIN QUAND CELUI-CI N'EST PLUS FIABLE.

CHÔMEURS EN GRÈVE !!




COMME QUOI LE DÉSESPOIR PEUT AUSSI POUSSER A LA CONNERIE !

Quelques événements du 6 DÉCEMBRE

6 décembre 1352
Mort du pape Clément VI. Originaire du Limousin, moine de La Chaise-Dieu, archevêque de Rouen, puis cardinal, il succéda au pape Benoît XII. Lorsqu'on l'incitait à faire quelque chose en se référant à ses prédécesseurs, il répondait : « Mes prédécesseurs ne savaient pas être pape. » Clément VI obtint de Jeanne Ire, reine de Naples, comtesse de Provence, le droit d'acheter la ville d'Avignon et ses dépendances pour quatre-vingt mille florins. Il mourut à Villeneuve-lès-Avignon. Son corps, enseveli dans un cuir de cerf, fut selon ses ordres conduit en l'abbaye bénédictine de La Chaise-Dieu. En 1562, les calvinistes enlevèrent le crâne du pape pour en faire une coupe, dans laquelle ils donnèrent à boire à leurs gens qui se vantèrent ensuite d'avoir bu dans la tête d'un pape.

6 décembre 1491
Mariage de la duchesse Anne de Bretagne.

6 décembre 1492
Christophe Colomb découvre Haïti.

6 décembre 1685
Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, mère de Louis XV, voit le jour à Turin.


6 décembre 1917
Indépendance de la Finlande
Dominés par les Russes depuis 1809, la Finlande profite de la Révolution d'Octobre et de la première guerre mondiale pour proclamer son indépendance. Elle se sépare ainsi de la Russie tsariste et ce n'est qu'en 1920 que l'URSS reconnaîtra officiellement l'indépendance de son ancien dominion. Avec "la guerre d'hiver" lancée le 30 novembre 1939, la Russie tentera de reconquérir la Finlande, en vain.
Voir aussi : Indépendance - Dossier histoire fête nationale - Histoire de l'Etat

6 décembre 1936
Disparition de Jean Mermoz
L'aviateur français Jean Mermoz, disparaît à bord de son hydravion "La Croix du Sud" à 700 kilomètres des côtes africaines. Ses trois équipiers décèdent aussi dans l'accident. Parti au petit matin du Sénégal, les 4 hommes devaient rallier Dakar à Natal au Brésil. La dernière trace de "la Croix du Sud" est un message radio émis à 10h47: "Coupons moteur arrière droit." Mermoz est mort à deux jours de ses 32 ans.

Sauver l’histoire!

La réforme des lycées, présentée jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education, propose de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale S.

Rééquilibrage des séries, orientation plus progressive, possibilité de changer de filière, accompagnement personnalisé pour tous les lycéens. Telles sont les lignes de la réforme des lycées que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, présentera jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education. Cette réforme commence à fédérer des mécontentements de la part d’associations de professeurs, déçues des nouvelles grilles horaires.

Mercredi, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) a défilé à Paris pour dénoncer la perte d’une heure en classe de seconde. Les SES sont dispensées actuellement sous forme de deux heures et demie d’option ramenées à une heure et demie dans le cadre des enseignements dits "d’exploration" de la réforme Chatel. L’Apses rappelle que l’économie est le seul enseignement général d’une des trois séries à ne pas être obligatoire, ce qui va à l’encontre de la logique d’orientation réversible défendue par Luc Chatel.

A cette protestation s’ajoute celle des professeurs d’histoire-géographie. L’APHG (Association des professeurs d’histoire-géographie) s’insurge contre la disparition de l’histoire-géographie parmi les matières obligatoires en classe de terminale scientifique. Celle-ci deviendrait une option facultative. "Les élèves de terminale S représentent aujourd’hui plus de la moitié des effectifs. Trop d’élèves seront privés d’un enseignement indispensable à leur culture générale, déplore Hubert Tison, président de l’APHG. Cela dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des valeurs supposées être de gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement qui ne débouche pas sur un métier concret est mal vu."
"Une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale"!

Au cabinet de Luc Chatel, on pense que cette mesure sera bénéfique aux élèves. « En terminale, les élèves scientifiques vont pouvoir se consacrer à leur spécialité et être mieux préparés aux études supérieures. Et pour ceux qui choisiront l’option histoire-géographie, ce sera un vrai choix et non une matière imposée. » Un conseiller du ministre préfère souligner "la place prépondérante que la matière prendra en première, puisque tous les élèves – L, ES et S – vont bénéficier pour la première fois d’un même enseignement en histoire-géo, à raison de quatre heures par semaine."

"Quels citoyens voulons-nous pour demain?", s’interrogent aujourd’hui historiens et intellectuels dans un appel rédigé par Serge Berstein, spécialiste de l’histoire politique du XXe siècle (lire ci-dessus). Pour la plupart des signataires, cette décision est incompréhensible, alors que la lecture de la lettre de Guy Môquet est souhaitée dans les écoles, et qu’un grand débat est engagé sur la question de l’identité nationale.

L’historienne Hélène Carrère d’Encausse juge, quant à elle, "catastrophique que des élèves de terminale ne disposent pas d’enseignement en histoire-géographie, ce qui les priverait de la culture générale la plus élémentaire qui forme l’entendement des citoyens". Pour Jean-Pierre Azéma, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, "l’étude de l’histoire et de la géographie est utile à nos élites scientifiques, elle permet de se situer dans le temps et dans l’espace, de questionner le passé pour se forger un jugement". Pierre Milza, autre spécialiste du XXe siècle, n’hésite pas à dénoncer "une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale"!

FOODING : LES CONS N’ARRETENT PAS LE PROGRES !

Nous ne pensions pas la chose gastronomique tombée si bas que l’on puisse encore descendre un cran au-dessous. Déjà très avancé dans l’inanité culinaire et la fatuité culturelle, le mouvement « Fooding », dont la définition exacte continue d’échapper aux esprits les plus subtils de notre intelligentsia nutritionnelle, vient de passer le cap du « hors concours » au palmarès de la connerie.
Au prétexte de remédier au phénomène de « l’ennui à table », le Fooding s’aventure vers des espaces où l’appétit et la gourmandise n’ont plus vraiment de sens.
Mais en avait-il seulement besoin pour exister ? On se le demande.
Si la confusion consiste à tout mélanger, alors c’est un triomphe...

Nous respectons la démarche par l’ampleur de son absurdité, chacun ayant le droit de perdre son temps en considérations inutiles, mais là, il faut avouer que la prouesse frôle l’œuvre d’art. Voici le contenu de la dépêche AFP signalant l’initiative : « Le Fooding, mouvement culinaire « contre l'ennui à table », fête jusqu'au 4 décembre, à Paris, une cuisine politiquement incorrecte, en invitant plusieurs chefs à réaliser, masqués, une recette totalement déviante, bouleversant les codes gastronomiques. Le coup d'envoi a été donné lundi soir par Petter Nillson, le jeune chef de La Gazetta, un bistrot parisien tendance, qui a servi un plat inconvenant, mais dans une « démarche œcuménique », en mélangeant des légumes symbolisant toutes les religions, le tout surmonté d'une frite en forme de croix et intitulé « érection cistercienne ». »Le correct et l'incorrect règnent sur la politique, et sur ce que l'on peut dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire. On s'est dit que c'était le bon moment pour nous pencher sur l'incorrection en cuisine », a expliqué à l'AFP le critique gastronomique Alexandre Camas, l'un des fondateurs du Fooding.

Parmi les chefs invités par la « Semaine du Fooding », le célèbre pâtissier Pierre Hermé, star internationale du macaron, se fera violence en réalisant une barre chocolatée façon industrielle, l'un des symboles de la « malbouffe». Réalisé par un autre chef, un « tagada de lièvre à la royale façon rose bonbon » sera également servi à 150 convives qui auront décroché un indispensable code d'accès sur www.fooding.com, et acquitté sur place un droit d'entrée de 10 euros au profit d'Action contre la Faim. Ces plats irrévérencieux ou volontairement plein de défauts, sont proposés sur des tables de cantines disposées dans le bassin asséché de la piscine Molitor, au sud-ouest de Paris, abandonnée aux taggers depuis vingt ans.

Poussant le concept jusqu'au bout, les chefs invités cuisinent masqués. Autre « incorrection » au programme: un carpaccio de cheval proposé en entrée, alors que la polémique a été récemment relancée sur cette consommation par l'ex-actrice Brigitte Bardot, ardente militante de la cause animale. Au cours de cette « Semaine du Fooding », des soins du corps « pur beurre » seront proposés, ainsi qu'un mariage audacieux entre du champagne et les fromages les plus coulants, voire les plus forts, tels le munster. ». Voilà. A n’en pas douter, les « corrects » vont se tordre de rage, se pâmer d’angoisse.

Peut-on à ce point aimer si peu manger, et considérer la gastronomie comme un art si inférieur, voire vulgaire, pour que l’on puisse exercer à son endroit ce genre d’outrage avilissant ? Nous connaissons Alexandre Camas, dont le talent et les compétences sont incontestables, autant que ses qualités humaines, d’où notre étonnement de le voir placer le concept de l’incorrect, ô combien nécessaire en ces temps hyper conformés, sur ce terrain-là.

L’incorrection en cuisine existe depuis bien longtemps, avec ses formes géniales, régressives, audacieuses, perverses ou futuristes. Le propre de la cuisine, c’est d’être toujours incorrecte. C’est sans doute ce qui la sauve. Bien malin celui qui a l’audace de pouvoir cristaliser l’incorrect à un moment donné. Aussitôt dit, aussitôt renié. Quant au fait de « bousculer les codes gastronomiques », le guide Michelin croit le faire chaque année en donnant trois étoiles à ces restaurants-là. Le Fooding est, en ce sens, un concentré de bien pensance très à sa place dans le mauvais goût référencé « moderne ». On déteste à ce point l’artisanat et ses effluves émanant de la France moisie que l’on finit par confondre l’arme et la cible.

Le Fooding n’est ni bête, ni méchant, ni juste, ni injuste, ni révolutionnaire, ni réactionnaire, en s’adonnant à genre de facéties, il est le reflet de son temps. Et c’est peut-être là sa vertu. De là à compromettre les espoirs que certains fondent sur un renouveau des vocations dans les métiers de bouche… Qu’importe.
Mais alors pourquoi s’arrêter-là et ne pas voyager jusqu’au bout de cette nuit gustative en rejoignant le metteur en scène Jan Fabre sur les planches d’Avignon ?

A irrévérencieux, irrévérencieux et demi.
Puisque l’acte alimentaire finit aux chiottes, réduisant, quelle que soit sa noblesse, toute cuisine à l’état de merde, pourquoi ne pas faire déféquer un mangeur de caviar sur une scène, en intitulant son œuvre «crotte de sévruga », avant de faire uriner un buveur de sauternes pour recueillir sa « pisse d’Yquem » ? Il ne doit pas y avoir de limite au progrès. Et encore moins à la connerie.
Comme disait le général franquiste Millan Astray, chef de la légion étrangère espagnole durant la guerre civile de 1936 : « Muera la inteligencia ! ».

10 questions chaudes sur le Climat

Que sait-on exactement du réchauffement? Quels sont les moyens d'en limiter les effets? Technologies, énergies, modes de vie... Le tour des pistes pour sauver l'environnement.

Quels sont les principaux Etats responsables du réchauffement?

Les pays industrialisés, en particulier les Etats-Unis. Certes, les Chinois émettent aujourd'hui autant de CO2 que les Américains (6 milliards de tonnes par an), mais ils sont quatre fois plus nombreux. Surtout, les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) ne portent aucune responsabilité historique : chez eux, les rejets de gaz à effet de serre ont débuté cinquante ans plus tard qu'en Europe ou qu'en Amérique du Nord. Pourtant, comme la plupart des pays les moins riches, ils sont les premières victimes du changement climatique.

Qu'est-ce qui prouve que l'homme influence vraiment le climat?

En analysant les glaces polaires, les scientifiques se sont aperçus que pendant les dix mille dernières années, le dioxyde de carbone atmosphérique s'était maintenu à un niveau stable... Et voilà qu'il augmente de 30 % en quelques décennies ! Le CO2 produit par la combustion de ressources fossiles (pétrole, charbon...) et par la déforestation est venu perturber les échanges naturels de notre planète. Cette augmentation coïncide - plusieurs études établissent le lien de cause à effet - avec l'observation d'une augmentation moyenne des températures de plus de 0,7 °C sur la Terre entre 1900 et 2000, particulièrement marquée depuis les années 1970. D'autres gaz à effet de serre représentent une menace. Parfois, la responsabilité de l'homme est indirecte : on craint, du fait du réchauffement, le dégel des régions polaires, qui pourrait provoquer un dégagement massif de méthane stocké dans les sols. Un phénomène potentiellement dramatique... mais encore mal connu.

Certains parlent d'une pause dans le réchauffement, voire nient celui-ci. Sur quoi s'appuient-ils?

Des relevés, sur certaines périodes particulières, peuvent donner l'impression que la température sur le globe est stable, alors que les prévisions du Giec évoquent une augmentation de 0,2 °C par décennie environ. Ainsi, un récent relevé d'une équipe britannique indique qu'entre 1998 et 2008 la température n'aurait quasiment pas augmenté (+ 0,02 ºC). Mais cette étude ne couvre pas toute la surface de la planète, et la période étudiée commence et se termine par deux années atypiques, 1998 (forte hausse des températures due à El Niño) et 2008 (forte baisse avec La Niña). Le "diagnostic" publié par le Giec juste avant ce sommet de Copenhague met les choses au point : malgré de fortes variations annuelles, consécutives à ces phénomènes climatiques ponctuels, la tendance depuis 1980 est - malheureusement - conforme aux prévisions. 2007, 2008 et 2009 figurent ainsi parmi les dix années les plus chaudes depuis cent cinquante ans, malgré une faible activité solaire. L'idée d'un refroidissement est fausse, tranche ce rapport.

Les prévisions des experts du Giec sont-elles fiables?

La teneur en CO2 atmosphérique et le niveau des océans ont augmenté ces dernières années plus vite que ne le prévoyait le pire scénario établi par le Giec, ce qui montre que ce dernier ne verse pas dans le catastrophisme. Cette instance, récompensée en 2007 par le Nobel de la paix, livre des diagnostics - issus du consensus entre de nombreux experts - sur l'évolution du climat, les impacts régionaux et les coûts de la diminution des gaz à effet de serre. Mais elle n'a pas réponse à tout : de l'aveu même de ses responsables, beaucoup reste à faire pour évaluer le seuil au-delà duquel la calotte glaciaire du Groenland disparaîtra, affiner les prédictions à dix ou vingt ans, anticiper certains phénomènes océaniques...

La technologie peut-elle nous sauver?

Certains l'affirment. Ils mettent en avant des solutions avant-gardistes qui, pour l'heure, n'ont guère dépassé le stade des études. L'Académie nationale des sciences américaine comme la Royal Society britannique se penchent toutefois sur ces questions... Il s'agit de diffuser des particules soufrées à haute altitude pour créer une sorte de gigantesque parasol. De mettre en orbite un miroir censé dévier le rayonnement solaire. Ou d'ensemencer l'océan Austral avec du fer afin de favoriser la production de phytoplancton, capable de capter le CO2 atmosphérique. Les experts du climat sont pour le moins sceptiques : ils craignent que ces initiatives perturbent encore plus la machine climatique et conduisent à un résultat à l'opposé de celui qui est recherché. Moins farfelus, des projets de séquestration du CO2 sous la terre ou sous la mer sont actuellement à l'étude. Ces techniques risquent toutefois de coûter très cher. Leur intérêt est vivement contesté par les écologistes, qui préféreraient que cet argent serve au développement des énergies renouvelables.

Le nucléaire, pauvre en carbone, est-il la bonne réponse?

Comme il émet peu de CO2, le nucléaire (15 % de l'électricité dans le monde, 75 % en France) figure parmi les solutions les plus évidentes. Il est souvent cité dans le "mélange énergétique" idéal, aux côtés des énergies renouvelables. Son empreinte écologique n'est pourtant pas neutre, au regard notamment de ses déchets toxiques à vie longue, dont le stockage reste très préoccupant, et de l'éventualité de nouvelles catastrophes, comme à Tchernobyl. Et l'uranium, indispensable à la filière, se fait rare : il resterait soixante ans de réserve pour le parc actuel, davantage si l'on est prêt à payer très cher son extraction.

Le vent et le soleil peuvent-ils produiretoute notre énergie?

Présentées comme les solutions du futur, les énergies solaire et éolienne, ainsi que la géothermie, ne peuvent pas produire en quantité suffisante l'énergie nécessaire à l'ensemble des habitants de la planète. Pas pour le moment. Il ne s'agit pas seulement d'un problème d'investissement. Ces ressources sont par nature imprévisibles, car elles dépendent du souffle du vent et du rayonnement solaire. Or il n'est pas possible, ou bien à un prix extrêmement élevé, de stocker trop longuement l'électricité avant de la distribuer. Les centrales nucléaires ou à charbon, qui peuvent produire à la demande, ne souffrent pas de ce défaut. Le problème tient aussi à notre dépendance au pétrole : avec de l'électricité, comment ferons-nous rouler nos voitures, nos avions ? Sortir de "l'âge du pétrole" nous oblige à réinventer l'organisation de nos sociétés. Les combustibles fossiles (gaz, pétrole et charbon) fournissent encore 85 % de l'énergie primaire consommée dans le monde. De gros efforts seront nécessaires pour que la tendance s'inverse.

Changer nos modes de consommation, est-ce vraiment efficace?

Diminuer massivement les émissions de gaz à effet de serre dans la vie quotidienne est la plus évidente des parades, et l'effort de chaque pays, ainsi que le calendrier, va être âprement discuté à Copenhague. Pour maintenir un réchauffement global inférieur à 2°C (au-delà, l'évolution du climat pourrait devenir incontrôlable, selon les prévisions), il faut réduire de moitié les émissions de CO2 sur la planète. En France, comme partout en Europe, l'objectif est de les diviser par quatre. En moyenne, il faudrait que chaque humain s'en tienne à 500 kilos de CO2 par an. Ce n'est pas grand-chose : l'équivalent de 750 litres d'essence, soit 5 000 kilomètres en ville dans une petite voiture. Et il faudrait, pour que le calcul soit juste, prendre aussi en compte toutes les émissions liées à notre habitat et à notre "part" de pratiques industrielles et agricoles liée à nos modes de consommation. C'est notre façon de consommer qu'il faut changer. Un mode de transport plus propre, un habitat mieux isolé, un étalement limité des villes, toutes les pistes doivent être explorées.

Qu'est-ce que la"compensation carbone"?

Le principe est simple : il s'agit de compenser nos émissions nocives de CO2 en finançant des programmes ou actions bénéfiques pour la planète. Deux types de compensation sont possibles : la compensation institutionnalisée, liée au protocole de Kyoto, qui s'adresse aux grandes entreprises occidentales - elles bénéficient de "crédits carbone" lorsqu'elles adoptent des techniques "vertes" ; la compensation volontaire, qui concerne chaque individu. On calcule sur un site Internet le bilan CO2 de son trajet en voiture, par exemple, et on "compense" en versant de l'argent à des organisations qui pilotent des projets écologiques. Problème : ces calculs sont peu fiables. Augustin Fragnière, auteur de "La Compensation carbone : illusion ou solution?" (PUF), prend le cas d'un vol Paris/New York : selon le prestataire de compensation, le résultat varie du simple au quadruple. Cette formule n'empêche pas non plus de continuer à polluer, puisque même compensées, nos émissions de CO2 par la voiture ou l'avion restent dans l'atmosphère. Rien à faire, donc.

Faut-il un gendarme de l'environnement?

Beaucoup de mauvais élèves, l'Espagne en tête, ne tiennent pas les engagements pris à Kyoto. Des sanctions sont prévues, mais personne ne peut vraiment contraindre ces pays à rectifier le tir. D'où l'idée de créer une OME, Organisation mondiale de l'environnement, placée sous l'égide de l'ONU, qui veillerait à la bonne application des textes. C'est d'autant plus urgent qu'il n'est plus seulement question de science, mais de sécurité des Etats : des migrations massives de "réfugiés climatiques" sont attendues du fait de la montée des eaux, comme au Bangladesh. Jusqu'à Kyoto, les pays en développement étaient plutôt réticents, craignant que cette instance soit synonyme d'ingérence plutôt que d'arbitrage. La tendance semble s'inverser, mais il est trop tôt pour qu'un accord sur cette question émerge à Copenhague

L'objet du jour : le saumon de Norvège


Mangez du saumon de Norvège, vous vieillirez moins vite. C'est le site institutionnel www.poissons-de-norvege.com qui l'assure. Une tranche de saumon fumé à Noël ajouté à un feuilleté au réveillon, et c'est une vague d'oméga-3 qui irradiera votre corps. Problème : cette potion miracle devient rare. Le saumon atlantique a en effet presque disparu des océans. Heureusement, la Norvège a pensé à vous. Elle est devenue le premier producteur mondial de saumon d'élevage, devant le Chili et le Canada.

"Un produit d'avenir", martèle Maria Grimstad, du Centre des produits de la mer de Norvège à Paris. La preuve : "Avec 100 kg d'aliments, on 'fabrique' 13 kg de filets de porc ou 20 kg de filets de poulet, mais on produit 65 kg de saumon." Le royaume brandit sa législation aquacole, l'une des plus strictes du monde. Le 1er avril dernier, le gouvernement de centre-gauche a enfoncé le clou, proposant pêle-mêle de multiplier les contrôles pour éviter que les poissons d'élevage s'échappent, de faire payer les éleveurs à chaque évasion, d'accroître le nombre d'inspections pour limiter la pollution causée par les fermes… Autant de mesures qui n'empêchent pas les organisations environnementales de grincer des dents. "Ici, les gens ont oublié qu'il y avait du saumon sauvage avant le saumon d'élevage, s'insurge Frida Bengtsson, porte-parole de Greenpeace à Oslo. Or, les fermes sont en train de devenir la plus grosse menace contre les poissons sauvages." Jens Christian Holm, chargé du département d'aquaculture au directorat des pêches, admet que "toute production animale a un coût environnemental, y compris l'industrie aquacole norvégienne". Selon les récents calculs de l'Agence norvégienne de contrôle de la pollution (SFT), les rejets d'une ferme piscicole de moyenne importance produisant 3 120 tonnes de saumon sont équivalents aux rejets d'une ville de 50 000 habitants.

AU CREUX DES FJORDS

La vie d'un saumon d'élevage commence dans un bassin de la taille d'un seau, rempli d'eau douce, en bord de mer. L'alevin y passe sa première année, jusqu'à ce que son poids atteigne entre 80 g et 100 g et qu'il ait subi cette transformation physiologique baptisée "saumonification", qui lui permettra de survivre en eau de mer. Il est alors transféré à bord d'un bateau-vivier, avec des centaines de ses congénères, direction la ferme où il passera deux années. Les bassins d'aquaculture sont installés au creux des fjords norvégiens. Les poissons y vivent dans de grandes cages flottantes et quand ils pèsent entre 3 kg et 4 kg, ils sont de nouveau embarqués sur un bateau-vivier, direction cette fois l'abattage, puis le centre de filetage.

Dans les concessions – neuf cents permis ont été délivrés par le ministère de la pêche depuis le début des années 1960 –, la réglementation ne tolère pas plus de 25 kg de poisson par mètre cube d'eau et 780 tonnes par ferme. L'emplacement de ces dernières est régulé en fonction des courants, de la profondeur des eaux, de la présence de poissons sauvages dans le voisinage, etc. Car il faut à tout prix limiter les risques de pollution et de contamination. Au fond de la mer, l'accumulation des déjections des poissons et des restes de leur nourriture pourrait être dangereuse pour les écosystèmes marins. Les poissons sauvages ne sont pas à l'abri non plus d'une infection, en cas d'épidémie dans une ferme. Tous les saumoneaux sont vaccinés avant d'être transférés en mer. "Les vaccins nous ont permis de réduire énormément les traitements médicamenteux", explique Henri Lapeyrère, directeur pour la France de la société norvégienne Leroy, second producteur mondial de saumon d'élevage. Mais ils ne protègent pas contre tous les parasites. Le pou de mer, par exemple. Si les saumons d'élevage peuvent être traités, par voie orale ou bain antipoux, les poissons sauvages peuvent en mourir.

CONTAMINATION GÉNÉTIQUE

Karin Boxaspen, directrice de recherche à l'Institut de recherche marine, souligne aussi les risques de contamination génétique. Ainsi, les saumons d'élevage ne ratent jamais une occasion de se faire la belle. En 2008, environ cent mille d'entre eux se sont échappés des fermes norvégiennes. "Or, s'ils parviennent à remonter une rivière, ils sont souvent agressifs et s'en prennent aux poissons sauvages, troublant leur lieu de reproduction. Et en cas d'accouplement, une contamination génétique est à craindre." Car bien que cousins, les poissons d'élevage sont le produit de multiples sélections. "Leur progéniture pourrait ne pas être adaptée à la vie sauvage", explique la scientifique.

Autre casse-tête de l'industrie aquacole : l'alimentation. Si les saumons se nourrissent de plus en plus de végétaux, la moitié de leur alimentation a une origine animale. Une partie provient des détritus de la pêche, poissons morts ou trop petits notamment. Le reste est importé du Pérou, d'Islande ou du Danemark sous forme d'huiles ou de farines, transformées ensuite en granulés. L'industrie assure qu'elle n'utilise que des poissons qui ne sont pas consommés par les êtres humains. Mais selon Torbjørn Trondsen, professeur à l'université de Tromsø, ce n'est qu'une demi-vérité : "La majorité des quotas de maquereaux pêchés en Islande, par exemple, est destinée à la production de farine animale." En outre, même inadaptés à la consommation humaine, les petits poissons "sont essentiels à l'écosystème, puisqu'ils sont les seuls à se nourrir de plancton et à produire de la chair qui servira de nourriture à d'autres poissons ou à des oiseaux", souligne Gunnar Album, de l'organisation des Amis de la Terre (Naturvernforbund). D'autant que ces poissons sont souvent pêchés au chalut, néfaste pour les fonds marins, mais aussi pour le bilan carbone du saumon d'élevage.

OSLO-PARIS EN CAMION

"Lorsqu'on calcule l'impact en CO2 depuis la fécondation jusqu'à l'abattage, 80 % du bilan provient de l'alimentation", explique Henri Lapeyrère. L'Institut suédois pour l'alimentation et la biotechnologie, qui a effectué une analyse du cycle de vie pour le fabricant de nourriture pour saumon Skretting, confirme. Il estime que le potentiel de réchauffement global (PRG) du saumon est de 2 kg équivalent CO2 par kilogramme de filet de saumon. Et 80 % de ce PRG proviennent de la production de granulés.

Dernier point noir : la distribution. Si les producteurs ont troqué les caisses en polystyrène pour des caisses réutilisables, les transports entre Oslo et Paris s'effectuent toujours en camion, "faute d'un système ferroviaire européen suffisamment performant", selon Maria Grimstad. Chaque camion peut transporter 22 tonnes de filets de saumon ; la moitié seulement si le poisson n'est pas découpé. Or, les Français l'importent entier à 60 %… Une fois dans l'Hexagone, le poisson est conditionné, puis transporté vers les lieux de distribution. "Le problème, c'est que les gens consomment de plus en plus de poisson en barquettes", souligne Henri Lapeyrère. Les camions ne peuvent alors transporter qu'entre 3 et 4 tonnes de produit net, alourdissant encore un peu l'ardoise du bilan carbone.

Anne-Françoise Hivert

Le match du jour : sac plastique ou sac papier ?


A la caisse, c'est le drame. On a encore oublié son cabas. Alors, sac en kraft ou en plastique, quel commerçant propose le geste le plus vert ?

* Énergie fossile

- Plastique : Du berceau à la tombe, un sac en polyéthylène basse densité (PEBD) nécessite 3,3 mégajoules d'énergie non renouvelable. Et évidemment, pour fabriquer du plastique, il faut du pétrole.
- Papier : Sa principale matière première, c'est le bois, une ressource qui repousse. Résultat : il nécessite deux fois moins d'énergie non renouvelable. Un bon point.

* Consommation d'eau

- Plastique : Raisonnable sur le robinet, il ne pompe que 0,7 litre par sac. Sa sobriété constitue son argument massue.

- Papier : Le compteur explose. Pour une unité, il faut presque 8 fois plus d'eau. "L'industrie papetière est régulièrement montrée du doigt pour sa consommation, mais la méthodologie des analyses de cycle de vie (ACV) conduit à en comptabiliser davantage qu'elle n'en consomme réellement", nuance Philippe Osset, coauteur d'une étude comparative réalisée par l'organisme spécialisé Ecobilan (1).

* Effet "marée verte"

- Plastique : Question eau, il reste décidément exemplaire. Les rejets d'eau après la fabrication d'un sachet introduisent une part négligeable de nutriments dans le milieu aquatique (composés azotés et phosphatés). Par conséquent, il ne peut porter le chapeau de la profilération des algues.

- Papier : Aïe ! Son potentiel d'eutrophisation, comme disent les blouses blanches, est six fois plus important. Mais " encore une fois, les conventions de calculs des ACV conduisent à une exagération de ces données ", ajoute Philippe Osset.

* Effet de serre

- Plastique : Tout au long de son cycle de vie, il émet 137 grammes équivalent CO2. Quel toxique ce plastique.

- Papier : On respire légèrement mieux. Avec 30 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins, cette matière-là se comporte avec plus de naturel. Hélas, quand l'objet atterrit en décharge, il émet, par fermentation, du méthane, un gaz à effet de serre très nocif. En France, 27 % des sacs papier finissent au dépotoir, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), contre 62 % pour les sacs plastique.

* Déchets

- Plastique : Sa fin de vie le pousse dans le rouge "étant donné que le sac plastique ne se dégrade pas en décharge et qu'il n'est pas recyclé", indique Ecobilan.

- Papier : Contrairement à son concurrent, le sac papier est recyclé à 54 % selon l'Ademe. Il ne pèse donc "que" 30 grammes de déchets ultimes.

* Effet "jet par la fenêtre"

- Plastique : Abandonné dans la nature, il constitue un danger plus important parce qu'il "persiste" dans l'environnement, dit l'étude. Selon l'Ademe, un sac plastique nécessite 100 à 400 ans pour se dégrader naturellement.

- Papier : Bio-dé-gra-da-ble, le sac papier présente un risque pour l'environnement faible. Attention, cela ne signifie pas qu'il faut jeter ses sacs papier par la fenêtre de la voiture.

Bilan d'une virée shopping

- Plastique : Peu d'eau pour sa fabrication et une bonne résistance à l'averse. A part ça…

- Papier : Il dérape sur sa consommation d'eau et ses émissions de méthane. Mais fabriqué dans une matière renouvelable, il est bio-dé-gra-da-ble.

Louise Allavoine

1. Etude d'évaluation des impacts environnementaux des sacs distribués en boutique, réalisée par Ecobilan, en mars 2008, pour Sacs Papiers de France et Procelpac, groupement français des fabricants de matériaux d'emballage à base de cellulose. Les résultats sont donnés pour un sac plastique courant de 25 litres et un sac papier courant de 36 litres.

Le match du jour : vaisselle à la main ou à la machine ?

Laver à la main et avec amour ne suffirait pas. Car les lave-vaisselle affichent des performances énergétiques qui nous invitent à jeter l’éponge. On compare ?

CONSOMMATION D’EAU

– Lave-vaisselle : En moyenne, 12 litres sont consommés par une machine récente, selon une étude du laboratoire Eurofins, réalisée en juin 2009 pour le Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager). L’appareil fait mieux que nos mains, bien que la moyenne d’âge du parc français soit de 7 ans. Les plus innovants ne consomment que 9 litres, grâce au filtrage de la première eau de rinçage, comme l’indique Topten, un guide de classement écologique des appareils ménagers.
– A la main : C’est là que le bât blesse. Selon Eurofins, la plonge traditionnelle absorbe 42 litres d’eau pour la même quantité de vaisselle. A un détail près : la moyenne cache un grand écart entre un laveur assoiffé et un pro de l’économie. Ce dernier ne fait pas couler l’eau tout en nettoyant, n’utilise pas de bac de lavage pour éviter 5 litres d’un coup, et ne consomme que 10 litres. C’est possible !

CONSOMMATION D’ÉNERGIE

– Lave-vaisselle : Match nul du côté énergétique. La machine consomme autour de 0,8 kWh. La raison est simple : l’eau est plus chaude – environ 50 °C en programme éco –, mais en moins grande quantité. Cette consommation se vérifie sur l’étiquette d’énergie des fabricants.

– A la main : Dans le bac, la température n’atteint que 34 °C, mais sur un litrage plus important.

EFFICACITÉ

– Lave-vaisselle : Sur ce terrain, la technologie a encore des progrès à faire. Des traces sont souvent observées sur nos assiettes et nos verres. L’efficacité du lavage et du séchage, indiquée sur l’étiquette, n’aide pas à choisir : tous les modèles affichent quasiment la meilleure note (un "A"). Pour un usage optimal du lave-vaisselle, il est toutefois conseillé de nettoyer souvent le filtre de la cuve et de vérifier la bonne tenue des tuyaux de l’arrivée et de la sortie d’eau. En revanche, il est déconseillé de rincer les assiettes avant leur passage en machine : c’est inutile et, bien sûr, énergivore.

– A la main : En général, l’éclat de la vaisselle s’en sort mieux avec notre coup d’œil. Et nous sommes plus rapides que le lave-vaisselle : vingt minutes pour 12 couverts, contre deux heures quarante pour la machine ! Bien sûr, ce sont vingt minutes de liberté en moins dans notre emploi du temps, alors que la machine peut tourner pendant qu’on fait autre chose.

IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT

– Lave-vaisselle : Que ce soit en machine ou à la main, la même quantité de détergent – autour de 20 grammes en moyenne – s’avère nécessaire. Contrairement à certains préjugés, l’analyse des eaux rejetées montre que la machine n’est pas pire que l’évier. Les taux de pH, de nitrates, de matières en suspension, de phosphore et d’azote sont similaires.

– A la main : En clair, ce qui fait réellement la différence, ce n’est pas tant l’action que la qualité du détergent. Le produit écologique contient 30 % de phosphore en moins qu’un produit classique. Bonne nouvelle : de nombreux détergents bénéficient de l’écolabel européen qui distingue les savons et lessives écologiquement corrects.

BILAN POUR UN LAVAGE PROPRE

"La consommation d’eau reste le facteur primordial, puisqu’elle conditionne la consommation d’énergie", analyse Hervé Lefebvre, du département des produits et services à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Un bilan favorable à la machine, à condition d’utiliser le programme éco et du détergent écologique. Mais la main – verte – peut aussi faire des merveilles.

Stéphanie Senet