lundi 17 septembre 2012
Film sur l’islam et manifestations préfabriquées
Courte vue : Ayrault veut réduire le déficit commercial
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis de réduire à zéro
le déficit commercial de la France, hors énergie, d'ici la fin du
quinquennat. Est-ce vraiment un bon objectif ?
Jean-Marc Ayrault, estimant sans doute que ses objectifs de relance
de la croissance, de baisse du chômage et d’équilibrage du budget
n’étaient pas assez ambitieux, s’en est fixé un nouveau : celui de
ramener à zéro le déficit de la balance commerciale de la France (hors
facture énergétique) dans les cinq ans à venir.
Comme tout objectif, il convient d’abord de s’attarder sur la
pertinence de l’indicateur. Dans le cas de la balance commerciale, le
problème est justement que cet indicateur n’est absolument pas
pertinent. Il faut de prime abord remarquer que le commerce extérieur
n’est en fait qu’une convention. Comme le fait remarquer Ludwig von
Mises [1], « le
commerce extérieur ne diffère du commerce intérieur que dans la mesure
où les biens et services sont échangés au travers des frontières
séparant deux nations souveraines. ».
De plus, la dénomination même de déficit commercial est
particulièrement trompeuse du fait de la connotation péjorative attachée
au mot « déficit ». Chacun ressent intuitivement qu’il n’est pas bon
d’être en déficit, et donc qu’avoir un déficit commercial est mauvais.
Pourtant, à s’y pencher de plus près, on s’aperçoit qu’il n’en est rien.
Supposons que je choisisse d’acheter un produit à l’étranger.
Apparaîtra alors un déficit commercial de la France. Pourtant, cette
opération n’aura fait que des gagnants : l’acheteur et le vendeur. En
effet, dans tout libre échange les parties ne contractent que si elles
trouvent cela plus avantageux que de ne pas le faire.
Comme souvent, Frédéric Bastiat fut celui qui analysa le mieux ces sophismes. Son article sur la balance du commerce [2]
démontre admirablement l’absurdité du concept. Un commerçant bordelais
exporte du vin pour un montant de 50 francs en Angleterre où il le vend
pour un équivalent de 70 francs. Il convertit ceux-ci en houille, qu’il
réexpédie en France et où il la vend pour 90 francs. L’habile commerçant
a ainsi réalisé un bénéfice de 40 francs, quand on vient lui annoncer
qu’il a généré un déficit commercial. Et si le bateau transportant le
vin avait coulé, il aurait certes subi une perte mais aurait créé un
excédent commercial !
D’un point de vue comptable, l’équilibrage de la balance commerciale
ne peut se faire que par une augmentation des exportations (par gain de
compétitivité des entreprises ou des subventions de celles-ci) ou une
baisse des importations. Il est clair que c’est sur ce deuxième volet
qu’il est plus aisé d’agir, comme l’a exprimé Arnaud Montebourg dans son
Plaidoyer pour un protectionnisme européen.
Il n’y a en effet aucune raison pour que les entreprises françaises
deviennent soudainement plus compétitives (surtout avec une fiscalité
encore alourdie), et les subventions ne semblent pas faire partie des
plans du gouvernement (surtout avec le déficit actuel).
Or, le philosophe Hans-Hermann Hoppe démontre avec pertinence les effets néfastes du protectionnisme [3] :
si le protectionnisme international pouvait rendre une nation entière
prospère et forte, il devrait en être de même pour le protectionnisme
régional et même individuel (chacun serait dans un état d'isolement
auto-suffisant). Dans ce cas plus personne ne serait au chômage, mais
une telle "société de plein emploi" ne serait composée que de gens
condamnés à la misère car obligés de tout produire eux-mêmes,
c'est-à-dire pas grande chose voire pas de quoi survivre.
Il est également à noter que la comptabilisation peut être trompeuse. Alain Madelin donne ainsi l’exemple de l’iPhone qui est comptabilisé 179$ dans les statistiques américaines des importations en provenance de Chine.
En étudiant en détail le processus de fabrication on s’aperçoit que les
composants proviennent de nombreux pays (dont les États-Unis),
l’assemblage final en Chine ne représentant que 6,5$, soit 1,3% du prix de vente aux États-Unis !
Comme le constate Ludwig von Mises [4] :
« Il est évidemment possible de protéger un producteur peu efficace
contre la concurrence de collègues plus efficaces. Un tel privilège
confère à celui qui en jouit les avantages que le marché ne fournit qu'à
ceux qui parviennent le mieux à satisfaire les désirs des
consommateurs. Mais c'est nécessairement au détriment de la satisfaction
des consommateurs. ». De plus, comment ne pas voir qu’en donnant au
législateur le pouvoir d’offrir des faveurs à certaines industries,
c’est-à-dire en excluant la concurrence (au détriment du consommateur),
le protectionnisme fait le lit de la corruption ?
Notes :
- Ludwig von Mises, L’Action Humaine, Chapitre XXIV — Harmonie et conflit d'intérêts, 1/ L'origine première des profits et des pertes sur le marché, p.775. ↩
- Frédéric Bastiat, Tome quatrième - Sophismes économiques - Petits pamphlets, VI. Balance du commerce. ↩
- Hans-Hermann Hoppe, The Case for Free Trade and Restricted Immigration, Journal of Libertarian Studies 13:2 (Summer 1998) : 221-233. ↩
- Ludwig von Mises, L’Action Humaine, Chapitre XV — Le marché, 12/ L’individu et le marché, p.367. ↩
Regardez à droite : il faut tellement de parrainages d’adhérents pour concourir – et tellement de moyens pour les obtenir – que la présidence de l’UMP va se jouer entre Fillon et Copé. Deux petits nouveaux, avec plein d’idées nouvelles, même si on ne les a pas entendues puisqu’ils passent leur temps à se détester. Heureusement, pour la présidence, la vraie, celle de la République, l’UMP va organiser des primaires, comme au PS. Chouette.
Mais là, il faudra encore tellement de parrainages qu’on va retrouver les mêmes Fillon, Copé, et cette fois Bertrand voire un ou deux petits « nouveaux » pour faire riche sur la photo. Au moins il y aura un vrai débat de fond, comme au PS.
Sauf que le PS, lui, en a tellement eu assez, des débats de fond, qu’il a choisi cette fois de nommer son premier secrétaire. Moins aléatoire. La démocratie interne, il avait assez donné. Et puis le PS était dans l’opposition. C’était plus simple. Au fait, il y aura des primaires au PS dans quatre ans ? Ce sera Hollande ou Hollande ?
Pourquoi Bernard Arnault n'a aucun intérêt fiscal à devenir Belge
La demande de nationalité belge de Bernard Arnault a mis un coup de
projecteur sur la souplesse du régime fiscal de nos voisins et relancé
le débat sur l'exil de certaines fortunes françaises. Maître Manoël Dekeyser, avocat bruxellois spécialiste de la fiscalité du patrimoine,
nous détaille les avantages du système belge et explique pourquoi la
décision du patron de LVMH n'a aucun intérêt sur le plan fiscal.
L'élection de François Hollande a-t-elle incité davantage de grandes fortunes françaises à s'exiler en Belgique ?
Manoël Dekeyser : Les
demandes d'informations auprès de notre cabinet ont commencé à exploser
dès fin 2011. A l'époque, déjà, de nombreux ménages aisés étaient
exaspérés par cette "chasse aux riches", menée aussi bien par la droite
que par la gauche. Après une phase d'attentisme juste après l'élection,
on observe désormais une deuxième vague, les Français s'apercevant que
François Hollande tient ses promesses en matraquant les gens qui créent
de la richesse (contribution exceptionnelle sur la fortune, nouvelle
tranche d'imposition à 45%...). Au total, plusieurs dizaines de familles
et d’entrepreneurs français ont choisi de s'exiler en Belgique depuis
le début de l'année. Et entre 200 et 300 sans doute y songent
sérieusement, un chiffre multiplié par quatre par rapport aux années
précédentes. Contrairement aux idées reçues, il s'agit le plus souvent
d'entrepreneurs, dont le patrimoine se chiffre en moyenne à une dizaine
de millions d'euros, et non pas d'héritiers milliardaires.
Le système fiscal belge est-il vraiment si intéressant pour les riches Français ?
Manoël Dekeyser :
Pas pour tout le monde. Les artistes ou les sportifs, qui vivent de
leurs salaires, primes et autres cachets, n'ont aucun intérêt à choisir
la Belgique. Les revenus d'activité y sont en effet taxés jusqu'à 50%,
contre 41% en France (45% en 2013). En prenant en compte la contribution
à la Sécurité sociale, qui est plus élevée en France, l'imposition de
ces revenus est donc à peu près la même entre les deux pays. Par contre,
la fiscalité sur le patrimoine et les revenus du capital est bien plus
légère en Belgique. Il n'y a pas d'impôt sur la fortune et les
plus-values sont exonérées. En outre, les intérêts de placement et les
dividendes sont taxés entre 21 et 25%, contre 36,5% à 39,5% en France -
en attendant l'alignement sur l'impôt sur le revenu, prévu pour 2013. Le
régime des donations est aussi bien plus attrayant : en ligne directe,
par exemple, les dons sont illimités et sont taxés à seulement 3%,
contre 45% pour la part supérieure à 1,8 million d'euros (après
abattement de 100.000 euros) en France. Mieux, le legs peut se faire en
toute franchise de droit si le donateur ne décède pas dans les 3 années
suivantes. L’intérêt pour l’économie belge est que la génération
montante reçoit beaucoup plus tôt et relance l’argent dans le circuit
avec ses propres projets.
En devenant Belge, Bernard Arnault pourra-t-il profiter de tous ces avantages ?
Manoël Dekeyser :
Non. Sa demande de double nationalité n'a aucun intérêt sur le plan
fiscal. Que ce soit pour l'imposition des donations, des successions, du
patrimoine ou encore des revenus, c'est le lieu de résidence qui prime.
Bien sûr, les choses seraient différentes si Bernard Arnault décidait
de s'installer à Bruxelles. Mais, pour le moment, il a assuré qu'il
resterait à Paris et continuerait de payer ses impôts en France. On a
aussi évoqué la possibilité que cette demande lui serve de tremplin pour
Monaco. Comme les Français ne peuvent pas bénéficier des avantages
fiscaux de la principauté, même s'ils y résident, devenir Belge lui
permettrait donc, en théorie, de contourner cet obstacle. Mais cette
hypothèse ne tient pas debout. S'il voulait s'exiler, il serait plus
simple pour lui de s’arrêter en Belgique, où la fiscalité du patrimoine
est presque aussi avantageuse que sur le Rocher, plutôt que d'élaborer
un tel stratagème.
Pourquoi alors a-t-il fait cette demande ?
Manoël Dekeyser : C'est
probablement le cri du cœur d'un homme libre, le geste d'un citoyen qui
veut montrer que l'on n’est prisonnier d'aucun pays. Tant qu’à poser ce
geste, autant qu’il le fasse auprès d’un pays où la culture et la
langue est la même qu’en France, et où il possède aussi des intérêts. Il
y a en effet créé une fondation privée en 2008, qui a pour objectif
d'assurer la pérennité de son empire. Pour simplifier, cette structure
financière, pour l'instant en sommeil, permettra au milliardaire que son
patrimoine soit géré selon sa volonté après sa mort. Cela évitera toute
dislocation en cas, par exemple, de désaccords entre les héritiers.
Capital.fr : Suite à l'"affaire Arnault", le ministre français de
l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé sa volonté de renégocier les
accords fiscaux franco-belges. Cela peut-il avoir un impact ?
Manoël Dekeyser :
C'est un simple effet d'annonce, comme la fameuse taxation selon la
nationalité, lancée par Nicolas Sarkozy en début d'année. Pour
renégocier un accord bilatéral, il faut être deux ! Et même si la
Belgique acceptait de modifier les termes de la convention fiscale (qui
sont d’ailleurs quasiment les mêmes que ceux des traités avec les autres
pays !), cela n'empêcherait pas les plus aisés, qui ont de plus en plus
de mal à supporter le climat anti-riches qui règne actuellement dans
l'Hexagone, de fuir le pays. On ne garde pas ses citoyens prisonniers,
contribuables à merci, nous sommes au 21ème siècle !
Mais ces critiques viennent aussi du fait que les inégalités entre riches et pauvres ne cessent d'augmenter…
Manoël Dekeyser : C'est
vrai, les riches deviennent de plus en plus riches. Et il est
nécessaire que les inégalités ne progressent pas davantage. Mais,
contrairement à ce que l'on croit, la plupart des grandes fortunes qui
viennent nous demander conseil sont d'accord pour contribuer à l'effort
national. Elles en ont juste assez de cette mentalité typiquement
française, qui consiste à stigmatiser constamment ceux qui ont réussi,
même si ces derniers ont bâti leur empire de leur propre main.
Vingt ans après Maastricht, les Français doutent toujours
Selon notre sondage Ifop, les Français voteraient non aujourd'hui au traité instaurant la monnaie unique.
Le clivage révélé par le référendum de 2005 s'est durci
Pis, les Français jugent que le passage à l'euro a eu des conséquences négatives sur la compétitivité de l'économie (61 %), le chômage (63 %) et le niveau des prix (89 %). Le camp de ceux qui souhaitent majoritairement moins d'intégration a progressé de 12 points, à 60 %. Et ils sont 64 % à juger «peu probable» l'émergence d'un «État européen unique». Le clivage révélé par le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen s'est donc durci: les deux France, celle des cadres supérieurs et celle des classes populaires, se regardent en chiens de faïence. Pour Jérôme Fourquet, «la France est vraiment coupée en deux. La crise de 2008 a accentué les fractures à l'intérieur de la société française».
» La valeur en euros des francs (Le Particulier)
Les Français ne veulent donc pas d'un rétropédalage
Les Français ne veulent donc pas d'un rétropédalage, mais encore moins d'une accélération ou d'un élargissement. «L'opinion est mûre pour une déflagration qui profiterait aux partis protestataires, mais l'agenda politique ne leur donnera pas l'occasion d'en profiter. En profondeur, nous dansons sur un volcan», conclut Jérôme Fourquet.