TOUT EST DIT

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lundi 17 septembre 2012

Film sur l’islam et manifestations préfabriquées

La courte vidéo « Innocence des musulmans », téléchargée sur Youtube il y a quelques semaines, voulait notamment dénoncer les persécutions et les atrocités dont huit millions de chrétiens coptes souffrent en Egypte de façon amplifiée depuis que les islamistes sont au pouvoir dans ce pays. L’on peut du reste se poser la question : à force de jouer avec des pétards islamiques, certains musulmans finiront-ils par se brûler les doigts ?
A ce propos, sur www.lci.tf1.fr/, l’on trouvera, sous le titre « Film anti-islam : une escalade fabriquée de toutes pièces », cette REVUE DE PRESSE mise en ligne aujourd’hui, lundi 17 septembre 2012 (extraits adaptés ; lien vers source en bas de page) – Les éditorialistes de la presse quotidienne française se penchent sur les manifestations « déclenchées » dans le monde musulman par la courte vidéo « Innocence of Muslims » qui a été téléchargée sur Youtube. Certains dénoncent la spirale des stratégies extrémistes. D’autres s’interrogent : la France se croyait-elle à l’abri ?
La Croix (François Ernenwein) : « Soit un film, venu des Etats-Unis qui circule largement sur Internet en forme d’insulte au prophète Mohammed. Soit quelques djihadistes, qui savent se saisir de tous les prétextes pour poursuivre de leur vindicte tous les Occidentaux et qui font monter la tension… Cette escalade fabriquée de toutes pièces par moins d’une centaine d’excités dans chacun des deux camps illustre la spirale des stratégies extrémistes… Devant leur diktat de la confrontation, la première des règles est d’éviter les amalgames… La seconde est d’éviter l’emballement. Les extrémismes ne s’apaisent jamais. Ils ne peuvent qu’être dissous dans des alliances positives contre l’intolérance, contre la tentation de la domination par la religion. C’est ce que Benoît XVI. a rappelé: « Au Liban, la chrétienté et l’islam habitent le même espace depuis des siècles. Il n’est pas rare de voir dans la même famille les deux religions. Si dans une même famille cela est possible, pourquoi cela ne le serait-il pas au niveau de l’ensemble de la société? » Message d’espoir, message de paix, qu’il faudra encore répéter ».
Le Républicain lorrain (Pierre Frehel) : « Cette fois, ce n’est plus là-bas que ça se passe, c’est chez nous. La France se croyait-elle à l’abri d’un tel déchaînement de haine? Ne nous y trompons pas, pour l’islam radical l’ennemi n’a pas seulement le visage de l’Amérique. C’est tout l’Occident parce qu’il est porteur de valeurs universelles et d’une modernité incompatibles avec les vieilles lunes du fondamentalisme. Les violentes manifestations de samedi à Paris ont constitué un choc pour l’opinion française. Mais également, semble-t-il, pour les responsables musulmans de France dépassés par les événements… Face à un tel défi -car c’est bien un défi phénoménal qui est lancé à nos démocraties tolérantes- les autorités publiques ne peuvent tergiverser à la recherche d’un quelconque compromis. Manuel Valls a eu les mots justes en qualifiant d’inacceptable la manifestation. Ce genre de démonstrations n’appelle aucune concession de la part de nos vieilles démocraties dont la fragilité repose précisément sur leur propension à croire aux vertus du dialogue ».
Le Journal de la Haute-Marne (Patrice Chabanet) : « La manifestation des islamistes devant l’ambassade des Etats-Unis à Paris est grave parce que la capitale d’un grand Etat laïc se voit voler une partie de son espace public pour une démonstration de force religieuse… inquiétante parce qu’elle constitue un symptôme de plus de ce fascisme intégriste qui s’infiltre dans les failles de notre système… il y a une continuité stratégique entre les manifestations qui ont eu lieu dans les pays du Sud de la Méditerranée et celle de Paris… les salafistes mettent tout en œuvre pour vampiriser les révolutions arabes à leur profit. L’avènement de la démocratie leur est insupportable. Dans les deux cas, l’objectif est identique: affaiblir tout ce qui peut représenter la liberté de penser et pousser au primat de la religion sur la démocratie… Le gouvernement, comme l’aurait fait le précédent, a affiché sa très grande fermeté. L’interdiction de tout ce qui est salafiste sur notre territoire paraît donc s’imposer. Mais comment interdire des mouvements dont les racines plongent au Qatar et en Arabie saoudite ? Trop d’intérêts sont en jeu ».
La Charente Libre (Dominique Garraud) : »Qui oserait reprocher au ministre de l’Intérieur Manuels Valls d’avoir haussé le ton après la manifestation de quelques dizaines d’islamistes militants devant l’ambassade des États-Unis ? Depuis la semaine dernière, les manifestations suscitées par le film « L’innocence des musulmans » sont devenues un test grandeur nature de la capacité des régimes issus des révolutions arabes à maîtriser les débordements d’un islamisme radical dont ils prétendent incarner la face respectable. Comme nombre de ses homologues occidentaux, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton veut encore croire que ‘les peuples d’Égypte, de Tunisie, de Libye, du Yémen n’ont pas troqué la tyrannie d’un dictateur pour la dictature des foules’. Mais tous s’alarment chaque jour davantage des conséquences sociétales planétaires de la légitimation de l’islamisme radical sanctionnée par les urnes dans la foulée des révolutions arabes. C’est pourquoi la vigilance doit être absolue et dans tous les lieux du « vivre ensemble » face aux surenchères des fondamentalistes de tous bords ».
La Nouvelle République du Centre-ouest (Hervé Cannet) : « En France, la question qui se pose est simple : y a-t-il eu manquement au niveau des services de renseignement au point que quelques centaines de radicaux puissent se rassembler illégalement pratiquement sous les fenêtres de l’Élysée ? Non, répondent à la fois Matignon, la place Beauvau et le préfet de police de la capitale. Mais en pleine bagarre partisane pour arracher la présidence de l’UMP, deux ténors de l’héritage sarkozyste n’ont pas hésité à franchir le Rubicon de « l’esprit de concorde nationale ». La fermeté, l’extrême fermeté affichée… par le ministre de l’Intérieur dont les propos très durs auraient pu faire l’unanimité à droite, se trouve ainsi contestée par une polémique dont la pertinence reste à prouver. A la veille du dépôt des parrainages, la bataille pour le pouvoir à la tête de l’ex-parti majoritaire prend ainsi l’allure d’une course de vitesse sur le thème « moins réactif que moi, tu perds ». Pourtant, le plus important, c’est bien de tenter de résoudre ce problème crucial que Manuel Valls qualifie de « menace contre la République » (fin des extraits de la revue de presse parue sur www.lci.tf1.fr/; lien vers source en bas de page).
Quant à moi, j’écrivais le 14 septembre (extraits ; lien vers source en bas de page) : « Il est désormais évident que l’attaque contre des diplomates américains en Libye a été préparée longuement à l’avance. La date choisie est évidemment symbolique. Les images diffusées par les chaînes de télévision depuis hier soir montrent, en effet, des groupes lourdement armés et très organisés. Même les médias qui dans un premier temps avaient tout mis sur le dos des Américains, admettent depuis hier que l’assassinat du diplomate américain en Libye un onze septembre et les attaques dans divers pays musulmans étaient des coups préparés et planifiés.
A noter qu’en ce moment Benoît XVI entame un séjour périlleux au Liban, écrivais-je le 14 septembre. Le Père Federico Lombardi, Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, a déclaré suite à l’attaque contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi que « L’attentat contre une représentation diplomatique américaine en Libye, ayant entraîné la mort de l’ambassadeur et de trois autres fonctionnaires, est fermement condamné par le Saint-Siège. Rien ne saurait justifier la violence homicide d’organisations terroristes ».
Du reste, on se souvient que les violences meurtrières suite au discours de Benoît XVI à l’Université de Ratisbonne, ces violences s’étaient finalement avérées beaucoup moins « spontanées » qu’on avait tenté de nous le faire croire à l’époque. A noter également que les Etats membres de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, une filiale de l’ONU, lors d’une réunion, fixée et connue depuis longtemps, ont traité ces jours-ci du nucléaire offensif iranien qui menace Israël.
Or, la courte vidéo « Innocence des musulmans » est diffusée sur Youtube depuis des semaines. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réactions – à retardement – contre le film sur l’islam coïncident fortuitement avec divers événements d’importance. Il est d’ailleurs intéressant – et éclairant – que le Premier ministre islamiste turc ultra-conservateur Erdogan condamne aujourd’hui même « les violences entraînées dans plusieurs pays musulmans au Moyen Orient et au Maghreb 

Courte vue : Ayrault veut réduire le déficit commercial

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis de réduire à zéro le déficit commercial de la France, hors énergie, d'ici la fin du quinquennat. Est-ce vraiment un bon objectif ?
Jean-Marc Ayrault, estimant sans doute que ses objectifs de relance de la croissance, de baisse du chômage et d’équilibrage du budget n’étaient pas assez ambitieux, s’en est fixé un nouveau : celui de ramener à zéro le déficit de la balance commerciale de la France (hors facture énergétique) dans les cinq ans à venir.
Comme tout objectif, il convient d’abord de s’attarder sur la pertinence de l’indicateur. Dans le cas de la balance commerciale, le problème est justement que cet indicateur n’est absolument pas pertinent. Il faut de prime abord remarquer que le commerce extérieur n’est en fait qu’une convention. Comme le fait remarquer Ludwig von Mises [1], « le commerce extérieur ne diffère du commerce intérieur que dans la mesure où les biens et services sont échangés au travers des frontières séparant deux nations souveraines. ».
De plus, la dénomination même de déficit commercial est particulièrement trompeuse du fait de la connotation péjorative attachée au mot « déficit ». Chacun ressent intuitivement qu’il n’est pas bon d’être en déficit, et donc qu’avoir un déficit commercial est mauvais. Pourtant, à s’y pencher de plus près, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. Supposons que je choisisse d’acheter un produit à l’étranger. Apparaîtra alors un déficit commercial de la France. Pourtant, cette opération n’aura fait que des gagnants : l’acheteur et le vendeur. En effet, dans tout libre échange les parties ne contractent que si elles trouvent cela plus avantageux que de ne pas le faire.
Comme souvent, Frédéric Bastiat fut celui qui analysa le mieux ces sophismes. Son article sur la balance du commerce [2] démontre admirablement l’absurdité du concept. Un commerçant bordelais exporte du vin pour un montant de 50 francs en Angleterre où il le vend pour un équivalent de 70 francs. Il convertit ceux-ci en houille, qu’il réexpédie en France et où il la vend pour 90 francs. L’habile commerçant a ainsi réalisé un bénéfice de 40 francs, quand on vient lui annoncer qu’il a généré un déficit commercial. Et si le bateau transportant le vin avait coulé, il aurait certes subi une perte mais aurait créé un excédent commercial !
D’un point de vue comptable, l’équilibrage de la balance commerciale ne peut se faire que par une augmentation des exportations (par gain de compétitivité des entreprises ou des subventions de celles-ci) ou une baisse des importations. Il est clair que c’est sur ce deuxième volet qu’il est plus aisé d’agir, comme l’a exprimé Arnaud Montebourg dans son Plaidoyer pour un protectionnisme européen. Il n’y a en effet aucune raison pour que les entreprises françaises deviennent soudainement plus compétitives (surtout avec une fiscalité encore alourdie), et les subventions ne semblent pas faire partie des plans du gouvernement (surtout avec le déficit actuel).
Or, le philosophe Hans-Hermann Hoppe démontre avec pertinence les effets néfastes du protectionnisme [3] : si le protectionnisme international pouvait rendre une nation entière prospère et forte, il devrait en être de même pour le protectionnisme régional et même individuel (chacun serait dans un état d'isolement auto-suffisant). Dans ce cas plus personne ne serait au chômage, mais une telle "société de plein emploi" ne serait composée que de gens condamnés à la misère car obligés de tout produire eux-mêmes, c'est-à-dire pas grande chose voire pas de quoi survivre.
Il est également à noter que la comptabilisation peut être trompeuse. Alain Madelin donne ainsi l’exemple de l’iPhone qui est comptabilisé 179$ dans les statistiques américaines des importations en provenance de Chine. En étudiant en détail le processus de fabrication on s’aperçoit que les composants proviennent de nombreux pays (dont les États-Unis), l’assemblage final en Chine ne représentant que 6,5$, soit 1,3% du prix de vente aux États-Unis !
Comme le constate Ludwig von Mises [4] : « Il est évidemment possible de protéger un producteur peu efficace contre la concurrence de collègues plus efficaces. Un tel privilège confère à celui qui en jouit les avantages que le marché ne fournit qu'à ceux qui parviennent le mieux à satisfaire les désirs des consommateurs. Mais c'est nécessairement au détriment de la satisfaction des consommateurs. ». De plus, comment ne pas voir qu’en donnant au législateur le pouvoir d’offrir des faveurs à certaines industries, c’est-à-dire en excluant la concurrence (au détriment du consommateur), le protectionnisme fait le lit de la corruption ?



Notes :

  1. Ludwig von Mises, L’Action Humaine, Chapitre XXIV — Harmonie et conflit d'intérêts, 1/ L'origine première des profits et des pertes sur le marché, p.775.
  2. Frédéric Bastiat, Tome quatrième - Sophismes économiques - Petits pamphlets, VI. Balance du commerce.
  3. Hans-Hermann Hoppe, The Case for Free Trade and Restricted Immigration, Journal of Libertarian Studies 13:2 (Summer 1998) : 221-233.
  4. Ludwig von Mises, L’Action Humaine, Chapitre XV — Le marché, 12/ L’individu et le marché, p.367.

Pourquoi la République doit réinvestir les banlieues

À quelque chose malheur est bon… 


L’UMP va désigner son président par une élection interne qui laisse place au suspense, scénario inédit pour un mouvement qui s’est traditionnellement rangé derrière un seul chef.
Le poste de « président » est ainsi resté sans titulaire pendant les cinq ans où Nicolas Sarkozy était à l’Élysée. La bonne marche du parti a été confiée, durant ce mandat, à Jean-François Copé, secrétaire général, qui vise désormais la place vacante. Tout comme son rival, l’ex-Premier ministre François Fillon. Le duel annoncé entre ces deux ténors sera arbitré par un corps électoral de 260 000 personnes, les adhérents de l’UMP, aux réactions mal connues des sondeurs.
Au moment où les socialistes jouent à culture renversée – réputé plus démocratique, le PS est en train de désigner le successeur de Martine Aubry de manière très opaque – l’UMP fait un pas significatif sur le chemin de la transparence. Il ne s’agit cependant que d’une première étape de son indispensable rénovation, la suite demeurant pleine de pièges.
La formation qui vient de perdre le pouvoir doit aussi recadrer sa doctrine et faire émerger celui qui conduira la future bataille pour l’Élysée. Or, la refondation idéologique sera délicate pour une raison paradoxale : il y a eu échec à la présidentielle, mais le score n’a pas été assez net pour trancher entre les deux options qui ont divisé la droite : lorgner encore plus vers son extrême – ce fut le choix du candidat sortant – ou adopter des positions plus centristes ? Débat qui va immanquablement ressurgir.
Autre conséquence ambiguë d’un résultat qui l’est tout autant : Nicolas Sarkozy est hors du jeu, mais pour combien de temps ? Ses partisans laissent planer le doute et compliquent un peu plus la donne. La guérison de l’UMP n’en est donc qu’à ses débuts. Mais la défaite, quelle que soit son ampleur, a au moins une vertu. Elle oblige à bouger. Traduction, dans le langage politique, d’un dicton bien connu : à quelque chose malheur est bon !

Xavier Bertrand joue le coup d'après


La bataille aux couteaux que se livrent Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de l'UMP ressemble furieusement à une primaire pour désigner le candidat de la droite à la présidentielle de 2017. Conquérir l'UMP, désormais le parti de l'alternance, reviendra en effet à prendre une longueur d'avance, à acquérir une forte légitimité ainsi qu'à disposer d'un appareil puissant, le nerf de la guerre. Xavier Bertrand, qui n'est pas né de la dernière pluie, connaît cette règle d'or. Il a pourtant décidé de sauter l'étape pour se placer directement sur la ligne de départ de la primaire à laquelle l'UMP, selon la jurisprudence du PS, n'échappera pas, et pour tenter de s'imposer ensuite en champion de la droite. Ce coup politique ne manque pas d'audace, d'autant qu'en même temps il s'émancipe de son mentor Nicolas Sarkozy. La démarche d'autonomisation ne trompe bien sûr personne quand il assure la mener au nom de « l'unité » et ne pas vouloir ajouter la confusion aux remous du choc Copé-Fillon. Le député-maire de Saint-Quentin se verra reprocher de déserter le combat ou de fuir le débat. Il n'en a cure, la présidentielle il y pense depuis un certain temps en se rasant. Pour lui, la fin justifie les moyens : n'ayant pu constituer un ticket avec NKM et Bruno Le Maire, la troisième voie qu'il recherchait, le combat de novembre 2012 était voué à l'échec. Fort du capital de 8 200 parrainages qu'il revendique, il se pose en chef de file d'un courant « populaire », le mot culte du petit Bertrand illustré. Au passage, il ouvre un autre suspense sur la nature de son vote, Fillon ou Copé. Cela s'appelle se faire désirer !


Démocratie interne 2 


Les campagnes électorales internes ont ceci de formidable qu’elles constituent toujours un grand moment de réjouissance pour le parti adverse. En même temps qu’une source inépuisable de petites phrases à collecter et à recycler, plus tard, lors de joutes autrement plus conséquentes.
François Hollande, affublé par Mélenchon d’un costume de capitaine de pédalo régulièrement retaillé par la droite en sait quelque chose. Comme le morceau de scotch collé aux doigts de Haddock dans Tintin, l’anathème confraternel est encombrant et il est difficile de s’en débarrasser.
Après le PS et ses primaires acerbes, voilà ainsi l’UMP confronté à ce délicat et périlleux exercice qu’est la démocratie interne. Avec des candidats par essence sur la même ligne idéologique mais qui doivent réussir le tour de force de se démarquer sans s’en écarter. Tout en ayant bien conscience que, vainqueurs ou vaincus, ils devront par la suite composer avec leurs adversaires du jour. Il s’agit donc de rester modeste dans le dénigrement pour ne rien hypothéquer. Il s’agit aussi et surtout de ne pas se tromper de cible et encore moins de message.
Car l’heure n’est pas à la reconstruction, à la refondation ou au renouveau - on appelle ça comme on veut - d’une UMP ébranlée par l’enchaînement des défaites et orpheline de son chef. Elle n’est même pas au rassemblement. Ce sera pour plus tard.
Dans cette campagne, il n’y a pour le moment pas d’horizon fulgurant en vue, simplement des ambitions personnelles qui s’affrontent, des stratégies qui se heurtent entre candidats unis par des liens de chamailleries et des relations grincheuses. C’est l’exercice qui veut ça.
La campagne en cours ne s’adresse qu’aux quelque 260 000 adhérents, plus radicaux que les sympathisants, et ce sont eux qu’il faut séduire, personne d’autre. François Fillon et Jean-François Copé l’ont bien compris. Ils savent qu’ils doivent coller, non pas à l’air du temps, mais aux inclinaisons et aux états d’âme de leur base. Et qu’ensuite seulement ils pourront prendre de la hauteur.

Quand l'Ouest s'internationalise


Quand le monde devient la seule frontière économique envisageable, nos régions s'internationalisent à grands pas. On peut en voir un signe dans l'importance croissante de la masse de capitaux d'origine étrangère qui s'investit dans nos territoires. Pour la seule année passée, on a ainsi recensé quarante projets internationaux nouveaux dans l'Ouest, aboutissant à la création de 2 500 emplois. Les Pays de la Loire arrivent en tête de ce palmarès, suivis de la Bretagne et de la Basse-Normandie.
Pendant longtemps, il est vrai, nos régions ont été bien peu attractives pour ces capitaux qui jouent à saute-mouton par-dessus les frontières. Leur séduction s'est nettement renforcée, depuis quelques années : la proportion des effectifs salariés sous contrôle de groupes étrangers dans les seuls établissements industriels est, aujourd'hui, de l'ordre du tiers des emplois en Basse-Normandie, du quart en Pays de la Loire et du cinquième en Bretagne.
Comment expliquer cet essor de capitaux venus d'ailleurs ? Par le fait que l'Ouest a progressivement su développer bon nombre des atouts qui attirent les investisseurs étrangers : l'importance d'une main-d'oeuvre bien formée, le renforcement des structures de communications (TGV, aéroports...), la création d'un tissu industriel diversifié - car les capitaux mobiles s'investissent rarement dans un désert ! - ou encore l'aptitude à s'insérer dans les circuits globalisés de conception et de production des produits...
Effet d'entraînement
On sait aussi qu'on ne saurait en rester au seul primat de l'économie et qu'il faudra, demain, accorder une importance croissante à la vitalité culturelle ainsi qu'à certaines « façons d'être » : la qualité de l'accueil ou le respect de certaines valeurs, telle celles de la parole donnée ou de la confiance accordée.
Évidemment, on peut s'interroger sur l'impact de la pénétration de tant de capitaux venus d'ailleurs. Certains y voient une perte d'indépendance de nos régions et parlent de « colonisation » ; d'autres y voient un signe de fragilisation, les investissements étrangers pouvant être susceptibles de se désengager à tout moment pour s'installer ailleurs... Mais on ne saurait nier le puissant effet d'entraînement de ces investissements étrangers sur nos sols, surtout à un moment où la croissance requiert des sources supplémentaires de financement.
Ces investissements constituent une indéniable source de création d'emplois ; ils stimulent souvent une diffusion de technologies nouvelles au profit de leurs cotraitants et sous-traitants ; ils participent largement à l'essor des exportations - les plus gros exportateurs français sont souvent des firmes étrangères implantées sur notre sol ! - ; enfin, ils contribuent à insérer nos régions dans un système de production qui se globalise : à l'heure où une tentation protectionniste refait surface, une trop forte crispation nationale alimenterait les risques d'exclusion.
C'est là un enjeu majeur pour la réinvention permanente de l'économie de l'Ouest.

Démocratie interne 


Trop belle la démocratie interne des partis politiques !
Regardez à droite : il faut tellement de parrainages d’adhérents pour concourir – et tellement de moyens pour les obtenir – que la présidence de l’UMP va se jouer entre Fillon et Copé. Deux petits nouveaux, avec plein d’idées nouvelles, même si on ne les a pas entendues puisqu’ils passent leur temps à se détester. Heureusement, pour la présidence, la vraie, celle de la République, l’UMP va organiser des primaires, comme au PS. Chouette.
Mais là, il faudra encore tellement de parrainages qu’on va retrouver les mêmes Fillon, Copé, et cette fois Bertrand voire un ou deux petits « nouveaux » pour faire riche sur la photo. Au moins il y aura un vrai débat de fond, comme au PS.
Sauf que le PS, lui, en a tellement eu assez, des débats de fond, qu’il a choisi cette fois de nommer son premier secrétaire. Moins aléatoire. La démocratie interne, il avait assez donné. Et puis le PS était dans l’opposition. C’était plus simple. Au fait, il y aura des primaires au PS dans quatre ans ? Ce sera Hollande ou Hollande ?

Pourquoi Bernard Arnault n'a aucun intérêt fiscal à devenir Belge

La demande de nationalité belge de Bernard Arnault a mis un coup de projecteur sur la souplesse du régime fiscal de nos voisins et relancé le débat sur l'exil de certaines fortunes françaises. Maître Manoël Dekeyser, avocat bruxellois spécialiste de la fiscalité du patrimoine, nous détaille les avantages du système belge et explique pourquoi la décision du patron de LVMH n'a aucun intérêt sur le plan fiscal.
L'élection de François Hollande a-t-elle incité davantage de grandes fortunes françaises à s'exiler en Belgique ?
Manoël Dekeyser : Les demandes d'informations auprès de notre cabinet ont commencé à exploser dès fin 2011. A l'époque, déjà, de nombreux ménages aisés étaient exaspérés par cette "chasse aux riches", menée aussi bien par la droite que par la gauche. Après une phase d'attentisme juste après l'élection, on observe désormais une deuxième vague, les Français s'apercevant que François Hollande tient ses promesses en matraquant les gens qui créent de la richesse (contribution exceptionnelle sur la fortune, nouvelle tranche d'imposition à 45%...). Au total, plusieurs dizaines de familles et d’entrepreneurs français ont choisi de s'exiler en Belgique depuis le début de l'année. Et entre 200 et 300 sans doute y songent sérieusement, un chiffre multiplié par quatre par rapport aux années précédentes. Contrairement aux idées reçues, il s'agit le plus souvent d'entrepreneurs, dont le patrimoine se chiffre en moyenne à une dizaine de millions d'euros, et non pas d'héritiers milliardaires.
Le système fiscal belge est-il vraiment si intéressant pour les riches Français ?
Manoël Dekeyser : Pas pour tout le monde. Les artistes ou les sportifs, qui vivent de leurs salaires, primes et autres cachets, n'ont aucun intérêt à choisir la Belgique. Les revenus d'activité y sont en effet taxés jusqu'à 50%, contre 41% en France (45% en 2013). En prenant en compte la contribution à la Sécurité sociale, qui est plus élevée en France, l'imposition de ces revenus est donc à peu près la même entre les deux pays. Par contre, la fiscalité sur le patrimoine et les revenus du capital est bien plus légère en Belgique. Il n'y a pas d'impôt sur la fortune et les plus-values sont exonérées. En outre, les intérêts de placement et les dividendes sont taxés entre 21 et 25%, contre 36,5% à 39,5% en France - en attendant l'alignement sur l'impôt sur le revenu, prévu pour 2013. Le régime des donations est aussi bien plus attrayant : en ligne directe, par exemple, les dons sont illimités et sont taxés à seulement 3%, contre 45% pour la part supérieure à 1,8 million d'euros (après abattement de 100.000 euros) en France. Mieux, le legs peut se faire en toute franchise de droit si le donateur ne décède pas dans les 3 années suivantes. L’intérêt pour l’économie belge est que la génération montante reçoit beaucoup plus tôt et relance l’argent dans le circuit avec ses propres projets.

En devenant Belge, Bernard Arnault pourra-t-il profiter de tous ces avantages ?
Manoël Dekeyser : Non. Sa demande de double nationalité n'a aucun intérêt sur le plan fiscal. Que ce soit pour l'imposition des donations, des successions, du patrimoine ou encore des revenus, c'est le lieu de résidence qui prime. Bien sûr, les choses seraient différentes si Bernard Arnault décidait de s'installer à Bruxelles. Mais, pour le moment, il a assuré qu'il resterait à Paris et continuerait de payer ses impôts en France. On a aussi évoqué la possibilité que cette demande lui serve de tremplin pour Monaco. Comme les Français ne peuvent pas bénéficier des avantages fiscaux de la principauté, même s'ils y résident, devenir Belge lui permettrait donc, en théorie, de contourner cet obstacle. Mais cette hypothèse ne tient pas debout. S'il voulait s'exiler, il serait plus simple pour lui de s’arrêter en Belgique, où la fiscalité du patrimoine est presque aussi avantageuse que sur le Rocher, plutôt que d'élaborer un tel stratagème.
Pourquoi alors a-t-il fait cette demande ?
Manoël Dekeyser : C'est probablement le cri du cœur d'un homme libre, le geste d'un citoyen qui veut montrer que l'on n’est prisonnier d'aucun pays. Tant qu’à poser ce geste, autant qu’il le fasse auprès d’un pays où la culture et la langue est la même qu’en France, et où il possède aussi des intérêts. Il y a en effet créé une fondation privée en 2008, qui a pour objectif d'assurer la pérennité de son empire. Pour simplifier, cette structure financière, pour l'instant en sommeil, permettra au milliardaire que son patrimoine soit géré selon sa volonté après sa mort. Cela évitera toute dislocation en cas, par exemple, de désaccords entre les héritiers.
Capital.fr : Suite à l'"affaire Arnault", le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé sa volonté de renégocier les accords fiscaux franco-belges. Cela peut-il avoir un impact ?
Manoël Dekeyser : C'est un simple effet d'annonce, comme la fameuse taxation selon la nationalité, lancée par Nicolas Sarkozy en début d'année. Pour renégocier un accord bilatéral, il faut être deux ! Et même si la Belgique acceptait de modifier les termes de la convention fiscale (qui sont d’ailleurs quasiment les mêmes que ceux des traités avec les autres pays !), cela n'empêcherait pas les plus aisés, qui ont de plus en plus de mal à supporter le climat anti-riches qui règne actuellement dans l'Hexagone, de fuir le pays. On ne garde pas ses citoyens prisonniers, contribuables à merci, nous sommes au 21ème siècle !
Mais ces critiques viennent aussi du fait que les inégalités entre riches et pauvres ne cessent d'augmenter…
Manoël Dekeyser : C'est vrai, les riches deviennent de plus en plus riches. Et il est nécessaire que les inégalités ne progressent pas davantage. Mais, contrairement à ce que l'on croit, la plupart des grandes fortunes qui viennent nous demander conseil sont d'accord pour contribuer à l'effort national. Elles en ont juste assez de cette mentalité typiquement française, qui consiste à stigmatiser constamment ceux qui ont réussi, même si ces derniers ont bâti leur empire de leur propre main.




Vingt ans après Maastricht, les Français doutent toujours

 Selon notre sondage Ifop, les Français voteraient non aujourd'hui au traité instaurant la monnaie unique.

Mauvaise nouvelle pour Bruxelles - et pour François Hollande. Vingt ans après Maastricht, le référendum qui avait tant divisé les Français serait perdu s'il avait lieu aujourd'hui. C'est l'un des grands enseignements du sondage Ifop pour Le Figaro. Le 20 septembre 1992, les Français avaient ratifié d'extrême justesse le traité européen, avec 51 % des voix contre 49 %. Ceux qui ont voté à l'époque - qui sont donc nés avant 1974 - choisiraient le non à 64 %. Et ils sont désormais 67 % à dire que l'Union européenne va «plutôt dans la mauvaise direction» depuis la ratification de Maastricht. En 1999, ils étaient 53 % à estimer qu'elle allait «plutôt dans la bonne direction». La plupart des réponses confirment ce rejet grandissant à l'égard du projet fédéral européen. Au moment où la question d'un pas supplémentaire vers l'interdépendance paraît s'imposer, à la demande d'Angela Merkel mais surtout pour confirmer les engagements pris par la Banque centrale européenne, la France paraît s'installer durablement dans une attitude eurosceptique. Les Français ne semblent plus croire en l'intégration européenne, qu'on leur avait présentée comme le bouclier qui les protégerait des vents du large.

Le clivage révélé par le référendum de 2005 s'est durci 
En premier lieu, c'est l'euro, créé par le traité de Maastricht, qui est dans le collimateur des Français. «La monnaie unique est un très mauvais agent recruteur pour l'Europe, surtout dans les classes populaires», constate Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop. Quarante-cinq pour cent des sondés pensent que l'euro a été un handicap face à la crise. Ils n'étaient que 34 % à le penser en août 2010. Ouvriers et professions intermédiaires sont les plus opposés à l'euro. Mais la France active dans son ensemble porte aussi un jugement très négatif sur la décision la plus audacieuse d'union monétaire de l'histoire économique du XXe siècle. Les femmes sont plus sévères: 50 % y voient un handicap, contre 41 % pour les hommes. Les plus de 65 ans sont plus cléments: 41 % considèrent que c'est un atout, 30 % un handicap.
Pis, les Français jugent que le passage à l'euro a eu des conséquences négatives sur la compétitivité de l'économie (61 %), le chômage (63 %) et le niveau des prix (89 %). Le camp de ceux qui souhaitent majoritairement moins d'intégration a progressé de 12 points, à 60 %. Et ils sont 64 % à juger «peu probable» l'émergence d'un «État européen unique». Le clivage révélé par le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen s'est donc durci: les deux France, celle des cadres supérieurs et celle des classes populaires, se regardent en chiens de faïence. Pour Jérôme Fourquet, «la France est vraiment coupée en deux. La crise de 2008 a accentué les fractures à l'intérieur de la société française».
» La valeur en euros des francs (Le Particulier)

Les Français ne veulent donc pas d'un rétropédalage
C'est une tendance de fond et un enjeu de longue durée pour les hommes politiques. Dans les semaines qui viennent, cela place aussi François Hollande dans une situation inconfortable, au moment où il doit faire ratifier le traité européen sur la zone euro, signé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy en mars 2012. Hollande, déjà traumatisé par le référendum de 2005 qui avait failli avoir raison de l'unité du Parti socialiste, se retrouve de nouveau face à l'impopularité de l'Europe, notamment dans son propre camp. Les électeurs de droite sont en effet plus proeuropéens que ceux du PS: 39 % des électeurs de Sarkozy pensent que l'euro a été un atout face à la crise, 24 % seulement au PS. Certes, les Français ne sont pas à un paradoxe près, et ils ne jettent pas tout par-dessus bord. Ils restent favorables au principe d'une union politique européenne: 47 %, contre 27 %, jugent qu'il est dans l'intérêt du pays de rester associé à l'ensemble politique européen. Le projet souverainiste d'un retour à la France d'avant le traité de Rome n'est pas jugé crédible. Les sondés restent lucides sur le coût d'un retour au franc: 65 % rejettent cette perspective, contre 35 %. Mais le camp des partisans du franc a fait en trois mois un bond de 9 %: en juin, ils étaient 26 %. Historiquement, ce n'est pas le point le plus haut: ils étaient 38 %, en mai 2010. Mais bien plus que les 18,3 % de Marine Le Pen à la présidentielle.
Les Français ne veulent donc pas d'un rétropédalage, mais encore moins d'une accélération ou d'un élargissement. «L'opinion est mûre pour une déflagration qui profiterait aux partis protestataires, mais l'agenda politique ne leur donnera pas l'occasion d'en profiter. En profondeur, nous dansons sur un volcan», conclut Jérôme Fourquet.