TOUT EST DIT

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lundi 3 janvier 2011

Schwarzenegger dit adieu à la Californie, pas à la politique

Après deux mandats de gouverneur, l'ex-acteur entretient le mystère sur la suite de sa carrière.

2011 sera placé sous le signe de la réinvention et de la reconversion pour Arnold Schwarzenegger. L'interprète de Terminator a quitté lundi ses fonctions de gouverneur de la Californie. La législation de cet Etat interdit en effet au républicain de briguer un troisième mandat. Pour autant, l'ancien Monsieur univers, âgé de 63 ans, ne s'oriente pas vers une retraite oisive. Après huit ans passés à la tête de la Californie, Arnold Schwarzenegger va, à l'image de Bill Clinton ou Tony Blair, donner des conférences. Il va aussi écrire ses mémoires, pour la plus grande joie des éditeurs qui n'auraient cessé, selon lui, de le solliciter. En revanche, l'ancienne star des films d'action est plus évasif sur ses projets à long terme.
«Un des bonheurs de la vie consiste à ne pas savoir où l'on va et de se laisser porter. Je n'aime pas les filets de sécurité», a-t-il confié au magazine Variety, fin décembre. Dans cet entretien, le héros de Conan le barbare n'exclut pas de revenir au cinéma si on lui propose un bon script. «Mais je ne sais pas si j'aurai la patience de rester sur un plateau pendant trois à six mois», prévient Arnold Schwarzenegger, dont la dernière apparition devant la caméra remonte au film d'action réalisé en 2009 par son ami Sylvester Stallone, Expendables : unité spéciale. «Jouer, c'est comme le vélo ou le ski, on remonte dessus et rien n'a changé», estime le républicain, qui cite en exemple Fred Thompson, acteur de New York : police judiciaire mais aussi sénateur du Tennessee et ex-candidat à l'investiture aux primaires républicaines de 2008.

Un ambassadeur des énergies vertes au service d'Obama ?

Cela dit, Arnold Schwarzenegger est encore plus vague sur ses ambitions politiques. En octobre, il a laissé entendre qu'il accepterait une mission à but environnemental, si Barack Obama le lui proposait. «Je ne suis pas un militant qui grimpe dans les arbres mais je suis un ancien conducteur de Hummer (gros véhicule tout-terrain, ndlr), les gens sont très réceptifs quand je leur parle de réduction des gaz à effet de serre», se plait-il à rappeler. En revanche, l'ex-étoile montante du parti républicain affirme ne pas être intéressée par un siège de sénateur au Congrès et rappelle que sa femme Maria Shriver, une nièce de John Kennedy, n'a jamais été enthousiasmée par sa reconversion en politique.
Le «Governator», a terminé son mandat au plus bas dans les sondages avec 23% d'opinions favorables. Il laisse à son successeur le démocrate Jerry Brown un déficit abyssal estimé à 28 milliards de dollars. Son bilan est loin de faire l'unanimité. A son arrivée au pouvoir en 2003, Arnold Schwarzenegger se faisait fort de réformer le système politique et fiscal de la Californie… Las, une certaine timidité législative à ses débuts, des bras de fer à répétition avec les démocrates et la crise budgétaire, ont forcé le Terminator à revoir ses ambitions à la baisse, à l'exception du domaine de l'environnement. La Californie a adopté en décembre un système innovant aux Etats-Unis d'incitations financières pour pousser les gros pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Schwarzenegger va recommencer à gagner de l'argent


Ce bilan mitigé ne déstabilise pas Arnold Schwarzenegger, pour qui les difficultés économiques du Golden State ne sont pas attribuables à ses choix mais au caractère historique de la récession actuelle. Dans son dernier message vidéo à ses administrés, l'acteur déclarait samedi «être très honoré d'avoir pu servir les Californiens». «Je dois tout à cet Etat : mon succès, ma famille… Quand je suis arrivé d'Autriche je n'avais rien». «Je laisse à l'Histoire le soin de me juger mais je suis très fier. La Californie n'a ployé devant aucune catastrophe que ce soit les incendies, la sécheresse, la marée noire, la crise… Nous en sommes ressortis debout, nous restons la Mecque du high tech et la capitale du divertissement», a-t-il souligné. Une chose est sûre en tout cas, le portefeuille de l'ancien gouverneur appréciera son départ du pouvoir. Schwarzenegger a toujours refusé de toucher son salaire de gouverneur. Il va maintenant pouvoir recommencer à se lancer dans les affaires.

QU'IL REMONTE SUR LES PLATEAUX POUR NOTRE PLUS GRAND BONHEUR !!!

Le renouveau de la communauté juive d'Allemagne

Deux personnalités aux parcours très différents ont marqué l'actualité de la communauté juive ces derniers mois en Allemagne. La première est Dieter Graumann, né en 1950, l'année même où fut créé le Conseil central des juifs d'Allemagne, dont il vient de prendre la présidence. Rescapés des camps de la mort, ses parents émigrèrent après la guerre en Israël.

C'est là que David Graumann est né. Mais la santé chancelante de son père ne supporte pas la chaleur, et les parents du bébé repartent vivre à Francfort, là où ils se sont connus quelques années plus tôt dans un camp de réfugiés. Le jour de son entrée à l'école, les parents de David lui annoncent qu'il est hors de question de garder ce prénom "trop juif". "A partir d'aujourd'hui, tu t'appelleras Dieter", lui ordonnent-ils. Si son père ne parle jamais de la guerre, sa mère, elle, en parle tous les jours. Adolescent, le jeune homme ne peut s'empêcher de dévisager les gens dans la rue et de s'interroger : étaient-ils nazis ? Ont-ils dénoncé des juifs ? Comme pour beaucoup de juifs allemands, le 30 octobre 1985 constitue pour lui une date charnière. C'est ce soir-là que doit se jouer à Francfort la pièce de Rainer Fassbinder Les Ordures, la ville et la mort, dans laquelle un promoteur immobilier juif détruit une ville. Le président de la communauté juive de Francfort, Ignatz Bubis, et quelques proches, dont Dieter Graumann, occupent la scène pour dénoncer cette pièce, qu'ils jugent antisémite (Daniel Cohn-Bendit, lui, manifeste, le même jour, pour défendre Fassbinder). A compter de ce coup d'éclat considéré comme la première manifestation publique de la communauté juive depuis 1945, Dieter Graumann n'a cessé de prendre des responsabilités. Il sera notamment président de l'association sportive juive Maccabi, ce qui lui vaut parfois d'entendre les adversaires crier : "Gazez-les !"

Ses parents, aujourd'hui très âgés, ne voient pas d'un bon oeil cet engagement : "Tu mets ta famille en danger", lui disent-ils. Lui n'analyse évidemment pas les choses de la même façon et se veut optimiste. Premier président du Conseil central des juifs à ne pas avoir connu l'Holocauste, cet homme d'affaires estime même que, si "le passé est là et reste important pour toute l'Allemagne, la Shoah ne peut constituer ni une identité ni une religion de remplacement".

Une des raisons de son optimisme s'appelle Alina Treiger. Agée de 31 ans, elle est la première femme à être ordonnée rabbin en Allemagne depuis la Shoah. Il y a d'autres femmes rabbins dans le pays - une pratique autorisée par le courant libéral du judaïsme -, mais aucune n'y a été formée et ordonnée. La seule à l'avoir été auparavant est Regina Jonas, ordonnée rabbin en 1935 - une première mondiale -, mais celle-ci sera déportée et assassinée à Auschwitz en 1944. Signe de l'importance de l'événement : pas moins de 600 personnes, dont le président de la République, Christian Wulff, ont assisté, début novembre 2010, à la cérémonie.

Née en Ukraine dans une famille dont le père avait vu sa carrière brisée en raison de sa religion, Alina Treiger avait juste 20 ans quand elle est partie à Moscou suivre une formation pour travailler au sein de la communauté juive. De retour en Ukraine, elle se prépare à poursuivre des études religieuses en Grande-Bretagne. Elle apprend donc l'anglais, mais se voit proposer, au dernier moment, d'étudier à Berlin, où elle débarque sans connaître la langue. Après cinq ans d'études à Potsdam, où a ouvert en 1999 le premier séminaire rabbinique créé en Europe centrale depuis la Shoah, Alina Treiger insiste désormais sur ses "trois cultures : juive, allemande et celle de l'ancienne Union soviétique".

Nommée à Oldenburg, au nord-ouest de l'Allemagne, elle entend prêcher à la fois en allemand et en russe. C'est que nombre de ses coreligionnaires ne parlent pas ou peu allemand. En effet, réduite à quelques milliers de personnes après la guerre (530 000 en 1933, 200 000 en 1939), la communauté juive d'Allemagne ne s'est que lentement reconstituée. A la fin des années 1980, seuls environ 10 000 juifs habitaient l'Allemagne. Mais l'effondrement du bloc communiste allait changer la donne. En quelques années, plus de 200 000 juifs ont émigré en Allemagne. Si un grand nombre sont partis, en Israël notamment, l'Allemagne compte aujourd'hui environ 110 000 juifs, dont 90 % issus de l'ex-URSS. Grâce à eux, de nouveaux rabbins sont ordonnés (depuis 2006) et de nouvelles synagogues ouvertes. Mais leur intégration constitue un défi pour la communauté juive, où il revient à une minorité d'aider une majorité qui, très souvent, s'intéressait peu jusque-là au judaïsme.

Si l'on en croit Lena Gorelik, co-auteure du livre Juden in Deutschland, Deutschland in den Juden : neue Perspektiven (Wallstein éd., septembre 2010), plus des trois quarts de ces immigrés n'ont pas de travail (beaucoup sont âgés) et les trois quarts de ceux qui travaillent ont un emploi inférieur à leur qualification. Circonstance aggravante : les plus âgés d'entre eux, anciens soldats de l'Armée rouge pendant la seconde guerre mondiale, se voient non comme des victimes, mais comme des vainqueurs. Rien d'étonnant donc si Dieter Graumann, dans ses interventions, ne peut s'empêcher de faire la différence entre les juifs allemands et les immigrés d'Europe de l'Est.

LES JUIFS C'EST COMME LES ARABES LES CHINOIS ET LES AUTRES; IL EN FAUT, MAIS JUSTE CE QU'IL FAUT !

Schwarzenegger quitte ses fonctions de gouverneur de Californie

Arnold Schwarzenegger quitte ses fonctions de gouverneur de la Californie, lundi 3 janvier, sans avoir rien dévoilé de ses projets d'avenir après sept ans à la tête de l'Etat le plus peuplé et le plus riche des Etats-Unis. Le démocrate Jerry Brown succédera à l'ancien acteur, qui ne s'était pas représenté aux dernières élections.

Concernant son avenir, le gouverneur de Californie déclarait récemment, lors d'un voyage officiel à Moscou, qu'"il y a beaucoup d'options : faire des films, écrire des livres". Arnold Schwarzenegger, dont le patronyme autrichien s'est effacé derrière plusieurs surnoms — d'"Arnie" à "Governator", en référence à la série des Terminator qui a fait sa fortune à Hollywood — avait précisé qu'il resterait concentré sur ses responsabilités politiques jusqu'à la fin de son mandat.

S'il a pu impressionner par sa transformation en républicain libéral champion de l'environnement — ce qui lui a valu sa réélection en 2006 —, sa cote d'amour a beaucoup souffert ces dernières années des revers économiques de la Californie, violemment frappée par la crise.

Le Los Angeles Times dresse un bilan tout en nuances des années Schwarzenegger, en rappelant que lorsqu'il est arrivé au pouvoir la situation de la Californie était catastrophique. "Il y avait une crise de l'électricité, une crise de l'eau, une crise des prisons. Les taxes sur les voitures avaient triplé. Et la banqueroute menaçait", énumère le quotidien. Sept ans plus tard, "il quitte le pouvoir avec un budget dans un état dramatique, mais il a donné un nouveau cap politique à la Californie."

Le journal met ainsi au crédit du gouverneur républicain les négociations sur les indemnités salariales, la fin des coupures d'électricité tournantes et les réformes de l'administration. "Sa loi sur le réchauffement climatique les a propulsés lui et la Californie à la pointe du mouvement écologiste", écrit également le Los Angeles Times.

SPÉCULATIONS SUR SON AVENIR POLITIQUE

Beaucoup d'observateurs spéculent sur la poursuite de sa carrière politique. Certains penchent pour le Congrès à Washington, d'autres sur un poste dans l'administration Obama, en lien avec l'environnement. Une chose est sûre : il ne briguera pas la Maison Blanche face à Obama en 2012, la fonction suprême étant réservée aux personnes nées aux Etats-Unis, alors que naturalisé américain il est originaire d'une petite ville près de Graz, en Autriche.

C'est en 1968, à l'âge de 21 ans, qu'Arnold Schwarzenegger débarque aux Etats-Unis, sans un sou et avec pour seul CV quelques trophées de bodybuilding. Après un diplôme de commerce, il devient millionnaire en enchaînant les titres de M. Univers et se tourne vers le cinéma où il s'impose dans le rôle musclé de Conan le barbare (1982) puis de Conan le destructeur (1984). Mais c'est Terminator qui lui apportera la gloire, avec sa fameuse phrase lapidaire, entrée dans la culture populaire américaine : "I'll be back" ("Je reviendrai").

Une réplique dont il jouera pendant son mandat :

L'Europe au bord du précipice

On dit que l'Europe se nourrit de ses crises, qu'elle n'avance que par convulsions. C'est vrai depuis sa création.

La cause de cette construction erratique tenait à une tendance naturelle : de vieilles nations n'abandonnent pas sans déchirements une partie de leur souveraineté. Ces crispations provoquaient des crises, qui se soldaient par des négociations marathon, qui finissaient par déboucher sur un accord - plus ou moins bon - qui redonnait un peu de crédibilité à l'idée européenne et un peu d'élan aux Européens convaincus.

Mais cette façon d'avancer par saccades et par rapports de force finit à la longue par user les gouvernants et désespérer les observateurs. Surtout quand une crise économique plus forte survient et qu'elle révèle la faiblesse des fondations européennes. L'euro même, la grande oeuvre de cette Europe qui a tant de mal à se faire, est menacé.

On s'aperçoit un peu tard qu'une monnaie commune, dans un continent aux fortunes économiques très diverses, peut difficilement être partagée. Difficile de répondre avec le même outil aux exigences et contraintes d'une Allemagne riche de son exportation, d'une Grèce riche de sa dette publique et d'une Irlande riche de sa dette privée. On se rend compte, toujours un peu tard, qu'une monnaie commune sans politique commune, c'est un marteau sans manche.

Les Chinois et les Américains utilisent leur monnaie comme une arme. Les premiers pour doper leurs exportations, les seconds pour financer leurs dettes. Les Européens, moins endettés que les Américains et moins exportateurs que les Chinois, ne sont pas en mesure de jouer de leur monnaie pour mieux vendre ou pour se protéger des rigueurs du marché.

Ils sont dotés d'une monnaie commune qui réussit l'exploit d'être aussi embarrassante qu'indispensable. Indispensable, parce que le retour aux monnaies nationales serait une catastrophe : les dettes de certains pays exploseraient, les échanges entre États membres s'effondreraient. Embarrassante, tant qu'une volonté politique ne se dégage pas pour en faire un instrument au service du développement commun.

2011 sera une année décisive pour notre monnaie commune. Et cette année cruciale s'ouvre par la présidence, pour six mois, de la Hongrie. Or il se trouve que ce pays n'a pas adopté l'euro, et qu'il n'a aucune expérience européenne puisqu'il a rejoint l'UE en 2004 seulement. Et comme si ces handicaps ne suffisaient pas, ce pays est actuellement aux mains d'un pouvoir populiste et nationaliste, ets'il était candidat aujourd'hui à l'adhésion à l'Europe, il serait refusé pour ses pratiques institutionnelles aux marges de la démocratie.

Il est vraiment temps de doter l'Union européenne d'institutions qui lui permettent d'élaborer et de mettre en oeuvre une politique commune. Ou, à défaut, de rassembler quelques pays capables, au sein de l'Union, d'avancer plus vite et de tirer derrière eux des nations plus faibles ou moins volontaires. Parce qu'à force de frôler le précipice, l'Europe pourrait finir par y tomber.

On se rend compte, toujours un peu tard, qu'une monnaie commune sans politique commune, c'est un marteau sans manche.

Bilan 2010 terrible pour les chrétiens d’Orient

L’année 2010 s’achève dans la tragédie pour les chrétiens d’Orient. Après l’attentat du 31 octobre dernier à Bagdad (Irak) dans lequel 45 chrétiens ont été tués, c’est au tour des chrétiens d’Egypte, les « coptes », d’être les cibles d’attentats meurtriers.

Les terroristes sont toujours friands de symboles. Les attentats perpétrés à Alexandrie (Egypte) devant l’église des saints (Al-Qiddissine) en pleine nuit du Nouvel An et qui ont tué 21 Coptes ont obéi à cette règle. Car le Nouvel An est une fête chrétienne pour les islamistes. Et la ville d’Alexandrie, qui a vu naître les premières communautés chrétiennes, fut longtemps le symbole de la tolérance intercommunautaire. Grecs, juifs séfarades, Français, Italiens ou Arméniens y ont cohabité longtemps avec les musulmans. Mais, sur fond de guerre en Irak, depuis 2010, al-Qaida, accusée d’avoir trop fait couler de sang musulman, veut resserrer les liens en appelant à l’extermination des chrétiens d’Orient.
« Complices de l’Occident judéo-croisé »
Bien qu’installés en Egypte avant les conquérants arabo-musulmans, les Coptes, héritiers de l’ancienne civilisation pharaonique, sont accusés d’être des « complices de l’Occident judéo-croisé ». Leur présence est un reproche vivant car elle prouve que le Moyen-Orient n’a pas toujours été islamique. Et ce n’est hélas pas la première fois qu’ils sont pris pour cibles. Leur situation s’est détériorée depuis les années 1950, marquées par des violences xénophobes qui aboutirent à l’exil des juifs égyptiens et des chrétiens européens. Ces violences se sont accentuées depuis les années 1980 à l’instigation des groupes islamistes dissidents des Frères musulmans comme le Gamaà. De l’Irak au Nigeria, en passant par l’Egypte, les persécutions de chrétiens sont le fruit d’un enseignement de la haine banalisée dans les discours politiques, les médias et les universités islamiques, telle la prestigieuse Al-Azhar en Egypte. Jadis siège d’une pensée en évolution portée par le cheikh Abd Al-Razeq, Al-Azhar a été gangrenée depuis les années 1930 par les fanatiques qui y enseignent, comme en Arabie saoudite, que les chrétiens sont des « associationnistes » (mushrikun) qui « mangent Dieu » (hostie) et l’insultent en affirmant que Jésus est son fils. Mais au lieu de combattre cette haine qui ronge leurs sociétés comme jadis l’idéologie antisémite a rongé l’Europe, les dirigeants musulmans fuient leurs responsabilités en incriminant une « main étrangère », comme l’a fait samedi le président égyptien, Hosni Moubarak.

« Islamophobie » et haine antichrétienne

Pourtant, comme durant le Noël copte passé (7 janvier 2010), où 7 chrétiens furent tués dans une église, les meurtriers sont bien des fanatiques égyptiens et pas des « étrangers ». L’appel du pape Benoît XVI, qui a demandé aux dirigeants du monde de défendre les chrétiens, est plus actuel que jamais. N’est-ce pas en effet à nos dirigeants, si prompts à dénoncer « l’islamophobie », d’exiger une condamnation de la « christianophobie » dans les pays islamiques où les lois discriminent les chrétiens ? Au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, l’année 2010 a été marquée par la condamnation, le 25 mars, de « l’islamophobie » et du « profilage ethnique et religieux » des musulmans en Europe, puis de l’interdiction des minarets en Suisse. Or, en Europe, les musulmans sont libres de prier et de construire des mosquées. Aucune violence contre eux n’est encouragée ou impunie, tandis que dans les pays musulmans, la haine antichrétienne est souvent enseignée et appliquée. Rappelons que l’un des derniers pogroms de chrétiens en Egypte, en mars 2010, fut perpétré contre des ouvriers coptes accusés de construire une église, acte interdit par la loi sauf exception rarissime…

NE PAS TOUCHER AUX 35 HEURES; SURTOUT EN HAMON

Les propos de Manuel Valls dimanche, considérant dimanche qu'il fallait « déverrouiller les 35 heures », ont créé un fort remous au sein du Parti socialiste. 

Il y a des sujets auxquels il vaut mieux ne pas toucher lorsque l'on détient sa carte d'adhérent au Parti socialiste. Les 35 heures en font parties. Dimanche, pourtant, Manuel Valls, candidat à la primaire du PS, a estimé que les socialistes devront « déverrouiller les 35 heures, qui n'existent déjà plus réellement. Cela doit permettre aux Français, pour ceux qui ont la chance d'avoir un emploi, de travailler davantage, deux heures, trois heures, sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires qui ont beaucoup coûté à l'Etat et à l'économie française. »

Les propos du maire d'Évry ont immédiatement fait réagir le parti de la rue de Solférino. Lundi matin sur France Info, Benoît Hamon a invité Manuel Valls « revenir dans le droit chemin. C'est mieux pour un socialiste de penser comme un socialiste ». Pour le porte-parole du PS, la proposition de Manuel Valls est « une mauvaise intuition politique » et « approximative sur le plan économique ». « On s’attendait pas à ce qu’un candidat aux primaires socialiste reprenne un slogan de Sarkozy », a même ironisé Benoît Hamon, Manuel Valls s'étant déclaré favorable au « travailler plus pour gagner plus »
Jack Lang s'est, pour sa part, montré beaucoup plus ouvert sur une éventuelle modofication de la loi sur les 35 heures. « Toute réforme mérite d'être revisitée, réadaptée », a ainsi estimé l'ancien ministre de la Culture sur Europe 1, tout en reconnaissant que « les 35 heures (avaient) déjà été partiellement détricotées ». Mais pour le le député du Pas-de-Calais, toute réforme devra évidemment se faire « avec le consentement » de Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.

Retour des médiateurs à Abidjan, la Côte d'Ivoire dans l'attente

Quatre dirigeants africains représentant la Cédéao et l'Union africaine sont attendus ce lundi à Abidjan, où Laurent Gbagbo devrait les informer qu'il n'a nullement l'intention de céder le pouvoir à son rival, Alassane Ouattara.

Les présidents béninois, capverdien et sierra-léonais, mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), ont déjà rencontré le président sortant la semaine dernière; ils seront rejoints cette fois par le Premier ministre du Kenya, Raila Odinga, dépêché par l'Union africaine et qui s'est prononcé pour un recours à la force si Laurent Gbagbo s'accroche au pouvoir.

Le président sortant, qui s'appuie sur le soutien du Conseil constitutionnel et de l'armée, a réaffirmé au cours du week-end qu'il était prêt au dialogue mais a prévenu que Ouattara, désigné vainqueur de l'élection présidentielle par la commission électorale, ne devait pas compter "sur des armées étrangères pour venir le faire président".

Un de ses porte-parole a précisé qu'il n'accepterait pas de partir.

Depuis le second tour de la présidentielle, le 28 novembre, la Côte d'Ivoire vit dans la crainte d'un embrasement. Plus de 170 personnes ont été tuées dans les violences post-électorales, notamment le 16 décembre lors d'affrontements en marge d'une manifestation de partisans de Ouattara qui tentaient de marcher sur le siège de la radiotélévision ivoirienne (RTI), considérée comme une machine de propagande au service de Gbagbo.

La semaine dernière, les émissaires de la Cédéao - le Béninois Boni Yayi, le Sierra-Léonais Ernest Bai Koroma et le président du Cap-Vert Pedro Pires - n'ont su convaincre Gbagbo de céder le pouvoir.

Ils seront cette fois accompagné du Premier ministre kényan Raila Odinga, mandaté par l'Union africaine pour "rechercher un règlement pacifique à la crise électorale et obtenir des garanties sur la sécurité de M. Laurent Gbagbo et de ses partisans, s'il accepte de céder le pouvoir", a précisé l'UA dans un communiqué.

Les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont endossé la victoire de Ouattara, ont imposé un embargo sur les voyages de Gbagbo et de ses proches du premier cercle. La Banque mondiale et la Banque centrale d'Afrique de l'Ouest ont annulé sa signature, exerçant une pression financière sur le président sortant.

"C'est la dernière chance pour M. Gbagbo d'obtenir la possibilité d'une transmission pacifique de pouvoir et d'une garantie d'immunité", a déclaré ce week-end Guillaume Soro, Premier ministre du gouvernement installé par Ouattara, qui s'adressait à des journalistes à l'hôtel du Golf d'Abidjan, où Ouattara et ses proches sont retranchés sous la protection de 600 soldats de l'Onu.

Même si la Cédéao, en dépit de sa menace d'intervention militaire, semble privilégier le dialogue, les risques d'escalade ont conduit plus de 18.000 personnes à quitter la Côte d'Ivoire pour chercher refuge au Liberia voisin.

FAIRE VALLSER LES 35 heures ont va pas y COPÉ

Candidat aux primaires socialistes pour l'élection présidentielle, Manuel Valls a estimé dimanche que la gauche "devra déverrouiller" les 35 heures si elle revient au pouvoir. 

 Valls et Copé sur la même ligne ? Dans la torpeur d'un week-end post agapes du 1er janvier, la déclaration du député-maire PS d'Evry devait provoquer quelques remous. Manuel Valls, également candidat aux primaires socialistes pour la présidentielle, a en effet estimé sur Europe 1 dimanche qu'il était favorable à ce que la gauche, s'il elle revenait au pouvoir, déverrouille les 35 heures. Le déverrouillage consisterait, a précisé l'élu socialiste implicitement, à un quasi-retour à la semaine des 39 heures, l'horaire légal qui précédait la réforme de 1998-2000. "Ceux qui ont la chance d'avoir un emploi doivent pouvoir travailler deux ou trois heures de plus sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires, qui ont beaucoup coûté à l'Etat", a-t-il expliqué.  Conscient qu'avec cette déclaration, il se démarque nettement de ses concurrents à la primaire, Manuel Valls a, dans la foulée de l'émission, publié un communiqué précisant que sa proposition s'accompagnait d'autres dispositions afin "de créer un pacte pour la croissance", et notamment l'ouverture de "négociations entre les partenaires sociaux pour augmenter les salaires". Si elle oppose traditionnellement gauche et droite, la question des 35 heures divise également la majorité.
Le nouveau patron de l'UMP, Jean-François Copé a en effet confié à l'ex-ministre des PME, Hervé Novelli, et au président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet une mission de réflexion sur la question des 35 heures. Cette initiative n'a guère séduit le gouvernement. Successivement, Xavier Bertrand et François Baroin ont adressé une fin de non-recevoir au nouveau secrétaire général du parti majoritaire.   

Au paradis des négociations

C’est la grande et belle idée de l’UE : s’asseoir autour d’une table et dialoguer, dans la tolérance et avec style. Et tant pis si le monde avance plus vite que nos discussions. La défense de notre modèle par l’historien roumain Mircea Vasilescu. 


Au fil du temps, l'Union européenne a élaboré un mécanisme de négociation impressionnant. Les vagues successives de l'élargissement – et surtout l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale – ont raffiné ce mécanisme à l'extrême. Trouver un dénominateur commun – ou du moins acceptable – aux orgueils politiques, aux frustrations historiques, aux ambitions économiques et aux réelles faiblesses de tant de pays qui ont guerroyé pendant des siècles est une vraie performance. Non seulement politique, mais aussi, et surtout, culturelle et civilisatrice. L'Europe en est arrivée à une subtile stylistique de la négociation. Ce qui, dans notre monde bouillonnant et imprévisible, se doit d'être salué. Rassembler à une même table, faire communiquer des Etats qui traînent encore des querelles du passé et les faire regarder vers l’avant est, je crois, l'une des grandes victoires du projet européen.
Il existe toutefois un risque que, fascinée par ce paradis des négociations qu'elle a créé, l'Europe devienne incapable de prendre des décisions. Il existe le risque que les négociations deviennent une fin en soi : "Nous n'avons pas pu aboutir à une solution, nous avons reporté le sujet pour 2013. Mais qu'est-ce que nous avons bien négocié !". L'Union européenne se retrouve aujourd'hui confrontée à des pays où les décisions sont prises rapidement et facilement, "au plus haut niveau", et sont immédiatement appliquées, comme par exemple la Chine. Elle est confrontée à des pays où la démocratie présente encore quelques défauts, mais où l'évolution démographique et l'enthousiasme économique se portent bien mieux – comme l'Inde ou le Brésil. Et elle risque, comme le prédisent certains politologues, de perdre "le parapluie protecteur" des Etats-Unis, au nom du "multilatéralisme".
Ainsi, l'UE n'est pas encore une grande puissance mondiale et semble incapable d'en devenir une. L'émergence sur la scène d'un président et d'un "ministre des Affaires étrangères" de l'UE [Herman Van Rompuy et Catherine Ashton] est également le résultat de longues négociations. Les personnes désignées pour ces fonctions – absolument respectables et pleines de qualités – essuient les critiques, car elles sont d'un genre "profil bas". Et certaines voix malicieuses ont affirmé que c'était justement le trait recherché, afin de ne pas éclipser les chefs des Etats-nations...
L'Union européenne est aujourd'hui au cœur d'un dilemme. D'une part, elle doit préserver le mécanisme compliqué des négociations, qui lui a assuré un certain succès. Elle ne doit pas abandonner le principe de la "différence culturelle", l'idée d'harmoniser au sein d'une identité européenne (qui reste encore un rêve) une multitude d'identités nationales et locales. D'autre part, elle doit devenir un acteur majeur dans la compétition mondiale, et donc pouvoir prendre des décisions rapides et "parler d'une seule voix".
Comment prendre plus aisément des décisions plus pragmatiques ? La crise a montré que c'était possible. La création de l'euro fût une véritable aubaine, et la Banque centrale européenne a fait ce qu'elle devait faire. Bien sûr, quelques voix soulèvent la question de la sortie (ou de l'exclusion) de certains pays de la zone euro, ce qui peut éventuellement se discuter et se négocier. Certes, c'est grave. Mais sans l'euro, la situation aurait été infiniment plus grave: combien parmi les anciennes monnaies nationales auraient pu résister à la crise ?
Comment parler d'une seule voix ? Ici, les choses se compliquent. Les dirigeants politiques nationaux doivent gagner des élections dans leurs pays respectifs et pratiqueront donc toujours un double discours. D'une part, ils parleront de construction européenne, de l'autre ils feront toujours appel aux intérêts nationaux, en particulier pendant les campagnes électorales. Eventuellement, comme cela arrive souvent, quand quelque chose ne va pas bien dans leurs Etats, ils accusent "les bureaucrates de Bruxelles".
Non seulement il y aura plusieurs voix (souvent contradictoires), mais, d'après ce que je constate actuellement, elles chanteront parfois à contretemps de ces premiers solistes que devraient être le président du Conseil européen et le Haut représentant pour les Affaires étrangères. En outre, les deux hauts responsables apparus en application du traité de Lisbonne ont, pour l'instant, pour mission de donner une identité à leurs fonctions, de les doter d'un contenu. Seuls leurs successeurs auront une chance de rendre la politique globale de l'UE visible dans le monde et de jouer une partition plus ample.
Il sera peut-être trop tard. D'ici-là, la dynamique de la mondialisation aura peut-être relégué l'Europe au second plan et l'on regrettera peut-être cette incapacité à prendre des décisions rapidement et fermement. Mais tel est le prix à payer pour garder cet élément essentiel pour la substance, l'élégance et la beauté du projet européen: la capacité de négocier, d'harmoniser les différents intérêts, de respecter jusqu'au bout les différences culturelles et identitaires.
Peut-être l'UE restera-t-elle  toujours dans la catégorie "soft power", mais son pouvoir réside avant tout dans la culture et la civilisation, dans l'atmosphère, dans le style. Il ne s'agit pas seulement du patrimoine culturel en soi, de l' "inventaire" des oeuvres d'art, de l'architecture, des compositions musicales ou des écrits littéraires. Il s'agit avant tout des idées qui ont bâti l'espace européen et qui ont ensuite inspiré le reste du monde. Parmi celles-ci, le savoir-vivre ensemble : les citoyens d'un continent avec une histoire pleine de conflits ont appris à vivre dans le dialogue et la tolérance. L'Europe n'est peut-être pas encore une puissance mondiale. Mais, au regard de la diversité ethnique européenne (y compris les immigrants du monde entier), l'Union européenne est, en soi, une métaphore de la globalisation.

Un désir d’optimisme

Le romancier Tim Parks défend l’idée d’une Europe fondée sur une vision commune, une Europe qui rêverait de transformer le monde au lieu de tout faire pour qu’il ne change pas. 

Face à la multiplication des défis, l’Europe se complaît dans une suffisance confuse. Quelles que soient les possibles incidences du changement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles, de l’immigration massive, de l’islam militant, de la perte d’influence de l’Amérique et de l’ascension de la Chine, il est clair que notre mode de vie actuel n’est plus viable. Il faut entreprendre une véritable métamorphose. Et pour la première fois, ces changements devront être encadrés et se négocier à l’échelle planétaire. Il est difficile d’imaginer que l’Europe, telle qu’elle est aujourd’hui constituée, puisse parvenir à l’unité et se doter de l’ambition et du courage nécessaires pour y prendre part. Or, hélas, il n’y a sinon d’autre possibilité que la guerre.
Au fil des années 80 et 90, alors que la Communauté Européenne s’agrandissait et se consolidait, le processus m’inspirait de la méfiance. Ayant passé ma vie d’adulte en Italie, je n’avais rien de l'Anglais sceptique classique ne songeant qu’à préserver les lambeaux de l’impérialisme britannique. C’était le ton névrosé, défaitiste du discours que je trouvais si décourageant. Hantés par le spectre d’une nouvelle guerre entre nous, nous ne pouvions que nous lier en une nasse de règles et de réglementations commerciales sous la férule d’une bureaucratie sans cesse plus pesante ; effrayés par les menaces extérieures, nous devions former un bloc solide de défense collective, contre les produits agricoles de l’Afrique, les manufactures industrielles de la Chine, l’empire russe à l’Est.
Les nations rejoignaient l’Europe, non comme des convertis attirés par une idéologie enthousiasmante, mais comme des réalistes négociant leur reddition. Convaincues que croire en une destinée nationale distincte n’était que folie dépassée, elles ne s’en accrochaient pas moins aux plus infimes vestiges de souveraineté qu’elles pouvaient trouver. Un aspect semblait rassurant. Jamais l’Europe n’a suscité la loyauté viscérale qui peut pousser des gens à mourir pour un drapeau ; la Communauté ne s’enorgueillit d’aucun martyr. Par ailleurs, elle n’avait pour tout élan que sa bureaucratie. Elle ne disposait d’aucun centre de pouvoir élu et fier, à même de prendre en charge notre futur collectif. Si la rhétorique évoquait l’image d’un destin commun entre égaux, il était manifeste que les décisions découlaient des alliances et des antagonismes mouvants entre la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il n’a jamais été facile de croire en l’Europe.

Une humeur conservatrice et mesquine

En Italie, il était impossible de ne pas prendre conscience de l’hypocrisie et de l’opportunisme du processus : l’Europe offrait un discours de piété et de progrès qui se substituait à tout débat authentique. C’était à ses institutions que l’on pouvait reprocher les rudes décisions économiques que les fragiles gouvernements de coalition auraient sinon été incapables de prendre. On pouvait piller et détourner ses fonds, contourner ses règles quand elles ne convenaient pas. En dépit de son européanisme tant vanté, l’Italie, comme n’importe quel autre pays, se conçoit comme une entité distincte qui tire tout ce qu’elle peut du groupe. En fait, il semblerait que l’égoïsme croisse avec l’abandon de l’identité souveraine. La seule honnêteté dont peut se targuer le Royaume-Uni, c’est de n’avoir jamais fait mystère de ce cynisme. Longtemps, Blair et Brown ont rejeté l’euro — “Nous nous y joindrons quand cela aura économiquement un sens” —, ce qui a pu passer pour du pragmatisme éclairé, mais cela n’a pas eu un effet particulièrement bénéfique sur notre âme, voire sur les marchés. Epouser une idée avec ferveur ou, au contraire, la refuser par principe sont des décisions qui influent sur la situation économique et stimulent toutes sortes de comportements positifs.
La question du pouvoir en Europe aujourd’hui est trouble, et cette ambivalence affecte chacun des domaines de nos existences. Pas un seul pays ne se considère comme un acteur incontournable sur la scène mondiale, aucune institution n’exprime une volonté collective. Ce n’est pas là que réside l’espoir d’une vision nouvelle, d’un changement en profondeur. Personne n’est responsable, car personne ne peut l’être. L’humeur dominante est conservatrice et mesquine : laissez-nous protéger à tout prix notre mode de vie privilégié ; laissez-nous obtenir ce que nous pouvons tant que nous le pouvons. Ecoutez ce que disent les lobbies des automobilistes quand le prix du pétrole augmente d’un cent, et vous aurez touché la vérité du doigt. C’est une atmosphère de déni. Des réalités comme le changement climatique sont acceptées en termes intellectuels, mais ignorées dans la pratique. Elles existent dans une autre dimension où nous sommes impuissants. Ce que nous pouvons faire, c’est nous battre contre la hausse des prix. Rien ne doit venir empiéter sur notre niveau de vie.
Tout cela a entre autres pour conséquence que les esprits les plus brillants du continent, les plus intelligents et les plus enthousiastes, jeunes ou vieux, n’envisagent plus de faire carrière dans la vie publique. Au mieux, on les voit parfois s’impliquer dans quelque mouvement de protestation digne de ce nom. Pour l’essentiel, ils se replient sur leurs vies privées, et tirent un trait sur le collectif qu’ils jugent perdu. Ce repli des talents qui fuient le service public est le signe de la décadence. Il accouchera de chefs d’œuvre, mais ne nous sortira pas de l’ornière.

Pour une Europe courageuse et positive

Pourtant, le désir d’optimisme est bien là. Peut-être l’urgence même des problèmes finira-t-elle par nous tirer de cette honte qu’est notre torpeur du moment. De quelle Europe rêvé-je pour l’avenir ? Avant tout, d’une Europe qui se comprendrait comme une communauté bâtie sur une vision commune, qui brûlerait de transformer le monde au lieu de se démener pour qu’il ne change pas, une Europe courageuse et positive plutôt que névrosée et négative. Une telle communauté trouverait le moyen de s’exprimer sur le plan politiquement, même par le biais du labyrinthe institutionnel qui rend aujourd’hui confus l’exercice du pouvoir. Elle pourrait même s’avérer séduisante au point d’attirer ses immigrés vers une intégration enthousiaste plutôt qu’une cohabitation à reculons.
Comment accomplir une telle métamorphose ? Je n’en ai aucune idée, et n’y crois pas vraiment. Les Européens doivent assurément se défaire de la notion qui veut qu’ils soient d’une certaine façon supérieurs, que leur culture a d’ores et déjà incarné l’apogée de la civilisation humaine et de l’accomplissement artistique. Cette arrogance, profondément délétère, est toujours là. Plus important encore, il va falloir se débarrasser de la conviction que la vie se résume à imposer sa volonté dans la course à l’accumulation consumériste et à jouer les aimables colocataires au sein d’un foyer inexpugnable. Au bout du compte, peut-être est-ce à un bouleversement de la perception du bien-être et des moyens de vivre sa vie que je souhaite assister. L’ouverture, la générosité et la tolérance me semblent essentielles. Mais je préfère arrêter là ma liste de vœux. A la seule expression de telles idées, on se sent déjà candide et vain. Cela n’arrivera pas. Parler de l’avenir de l’Europe, c’est surtout risquer de sombrer dans une grave dépression.
 

Une Renaissance multiculturelle

Oublions le conformisme, la corruption et la fascination des élites ! Place à la jeunesse mélangée, mobile et solidaire. Tel est le vœu de l’économiste italienne Loretta Napoleoni dans une lettre à son fils. 


Cher Julian,

L’année prochaine, tu auras 18 ans et tu finiras le lycée, sans doute avec un mélange d’excitation et de crainte. L’avenir, pour le jeune Européen moyen, doit être à la fois une promesse d’épreuves et d’aventures. Le chômage, les montagnes de dettes, les prophéties d’effondrement monétaire et les minces chances de carrière professionnelle non précaire viennent assombrir le paysage.

Il y a trente-cinq ans, une autre génération d’étudiants – tes parents – quittait l’école et contemplait l’avenir avec un même mélange d’impatience et d’inquiétude. Ayant grandi sous la menace de l’apocalypse nucléaire et du terrorisme, cette génération a dû apprendre à vivre avec une inflation à deux chiffres et les débuts du chômage de masse. C’est pourtant cette même génération qui a lancé la révolution sexuelle, embrassé le communisme et l’anticonformisme.

Dans les années 1970, ces jeunes sont eux aussi descendus dans la rue pour crier leur opposition au gouvernement et à des réformes scolaires jugées élitistes et arriérées. Ils réclamaient un accès libre à l’université sur un continent aussi proche de l’effondrement politique qu’aujourd’hui. Puis le rideau de fer a disparu, l’Allemagne a réalisé son vieux rêve de réunification, et l’Europe est même parvenue à surmonter la crise de l’énergie.

Au milieu des années 1980, les économies européennes ont retrouvé le chemin de la croissance et profité de ce qui ressemblait à une longue période de stabilité. Il s’avère que tout cela n’était qu’une vaste illusion.

Presque tous les décideurs – politiciens et banquiers – ont profité de ce semblant de reprise économique et de la déréglementation pour délocaliser les emplois et démanteler ce qui restait de l’Etat-providence. En l’espace d’une génération, les inégalités de revenus nous ont ramenés des décennies en arrière, à l’équivalent de la période d’entre-deux-guerres, préparant le terrain pour une nouvelle Grande Dépression, cette fois-ci directement en Europe.

Que s’est-il donc passé ? Réponse : notre irrésistible envie de faire partie d’une élite, d’être différents, riches et puissants, et de bâtir des empires. Un “bien” qui justifie tous les moyens. Les Européens seront toujours les descendants de Machiavel, prisonniers de tournants historiques capables de faire se succéder à quelques années d’intervalle une révolution française antimonarchique et l’avènement d’un empereur. A jamais piégés dans nos propres contradictions, nous rejetons l’égalité tout en saluant la démocratie. Nous ne parvenons pas à évoluer. Et pourtant, tout espoir n’est pas perdu.

Les jeunes d’aujourd’hui sont la première génération d’Européens nés dans le grand melting-pot d’une Europe qui n’est plus uniquement peuplée par des Européens. Le multiculturalisme pourrait fort bien être notre salut. C’est peut-être lui qui nous libérera des chaînes de notre histoire et projettera le Vieux Continent dans un environnement où d’autres peuples, moins développés que nous mais moins cyniques et plus positifs, auront un grand rôle à jouer pour notre avenir.

En voyant les récentes manifestations d’étudiants devant le Parlement à Londres, j’ai vu le visage d’une nouvelle Angleterre et d’une nouvelle Europe. Jamais le Royaume-Uni n’avait connu ce type de protestation, à l’exception peut-être de celle suscitée par le projet de poll tax de Margaret Thatcher. Mais à l’époque les manifestants étaient motivés par l’argent, non par l’égalité.

Le sang neuf des enfants d’immigrés entraîne des mouvements transnationaux et crée des liens de solidarité entre jeunes Européens. Ces jeunes, aussi inquiets pour leur avenir que déterminés à ne pas laisser l’histoire se répéter, veulent construire une Europe différente. Leurs liens de solidarité se tissent au fil du web, cette agora mondiale reliant WikiLeaks à Porto Alegre et à tous les autres projets pour transformer notre planète.

Comme j’aimerais avoir ton âge et m’engager sur ce chemin avec toi pour partager cette aventure de refonte du continent. Ma génération avait les mêmes rêves, mais n’a pas réussi à les réaliser. Au fil du temps, nous nous sommes regroupés en vieilles et nouvelles élites. C’est pour cela que la corruption, l’inégalité et la criminalité sont partout aujourd’hui, et que nous sommes dirigés par une classe d’incompétents et abreuvés par une presse à scandale de ragots dont nous ne voulons rien savoir. Réussirez-vous là où nous avons échoué ?

J’en suis convaincue parce que le paradigme socioculturel de l’Europe a enfin changé et que les décideurs d’aujourd’hui ne le représentent plus. Quand les gens de ta génération arriveront au pouvoir, le paradigme politique sera lui aussi obligé d’évoluer.

Les Européens ne seront plus des explorateurs, ils ne s’aventureront plus sur des mers inconnues pour voler les trésors d’autres peuples ni n’escaladeront les plus hautes montagnes pour y planter leur drapeau, pas plus qu’ils ne regarderont vers l’Orient ou l’Occident pour savoir quoi faire et quoi penser sur la scène internationale. Ils seront capables de puiser dans l’esprit multiculturel d’un continent revigoré pour trouver de nouvelles solutions économiques, sociales et politiques. Telle est l’Europe dont je rêve pour toi et dans laquelle je veux vivre.

Le bout du tunnel ?

Après deux années de crise, et alors que les finances publiques sont, partout dans le monde, dans l’œil du cyclone, les vœux des gouvernants constituent un exercice périlleux. Difficile de peindre la vie en rose quand le chômage augmente et que les pays plongent, tour à tour, dans des cures d’austérité ! Mais pas question, à l’inverse, d’annoncer de mauvaises nouvelles : il faut po-si-ti-ver, extraire des coins de ciel bleu de la grisaille ambiante et faire miroiter le bout du tunnel que, rappelons-le, Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, avait entrevu dès 1974, sans jamais que le train France n’ait réapparu, depuis, à l’air libre…

Concis, européen, mobilisateur, Nicolas Sarkozy n’a pas nié les épreuves de 2010, admettant la hausse du chômage et affirmant que les travailleurs paient une crise dont ils ne sont nullement responsables. C’est habile, car c’est exactement ce que pensent les Français. Le problème réside dans la suite : à entendre le président de la République, 2011 ne pourrait être que meilleure, puisque les « grandes réformes engagées » commenceraient « à porter leurs fruits ».

Cette version moderne du bout du tunnel est pour le moins audacieuse, car si le choc de la récession a effectivement été amorti, en France, grâce au système d’aides sociales – autrefois durement critiqué par le président de la République —, la reprise est beaucoup plus molle chez nous que chez nos voisins. L’écart se creuse avec l’Allemagne, ce qui prélude à l’approfondissement de la crise de l’euro plutôt qu’à sa résolution. En un mot, ni la France ni l’Europe ne sont sorties de l’auberge espagnole (et grecque, et irlandaise). L’image du président protecteur risque de ne durer que le temps de voir fondre la neige de l’hiver. Dès le printemps, on entrera dans le dur avec une réforme fiscale qui s’annonce douloureuse pour les classes moyennes, et la mise en place d’une couverture de la dépendance dont le Premier ministre a déjà annoncé qu’elle ne devrait pas alourdir le déficit public. Pour ce dossier emblématique comme pour tous les autres, il va falloir faire avec ce qu’on a… et on a surtout des dettes. Dans ce contexte, l’année « utile » consistera à tenir sans accident de parcours majeur jusqu’en 2012, année de la présidentielle. Jacques Chirac avait utilisé exactement le même mot d’ordre en 2001, seize mois avant la même échéance !

Sept milliards d'êtres humains


Nous connaissons déjà le fait majeur de l'année qui s'ouvre. C'est, en effet, en 2011 que nous approcherons du seuil des sept milliards d'êtres humains peuplant le Terre. Nous le franchirons dans les dernières semaines de 2011 ou dans les premières semaines de 2012.


Sept milliards d'hommes et de femmes sur Terre ! L'auteur de ces lignes est né en 1929, quand la Terre ne comptait que deux milliards d'habitants. Cinq milliards de plus dans le temps d'une vie humaine. Incroyable. À elle seule, la population vivant aujourd'hui représente près de 10 % du total de l'humanité depuis l'origine de celle-ci, total évalué par les spécialistes, depuis l'apparition de « l'homo sapiens sapiens », à 80 milliards d'êtres humains (1).


Et pourtant, depuis 1929, que de crises, que de guerres, que d'exterminations ! Ce n'est pas une humanité tranquille, occupée à son seul bien-être, qui a explosé de cette façon. C'est une humanité agitée, belliqueuse, ravagée par les crises et par les guerres. Mais une humanité qui a su, malgré tout, endiguer ces vagues de chômage et ces flots de sang. Qu'on en juge. Au cours des plus récentes décennies, la pauvreté et les conflits sanglants n'ont jamais autant reculé, contrairement à l'opinion la plus répandue. Voyons les faits au-delà des images complaisamment diffusées pour nous effrayer ou, plus simplement, pour retenir notre attention.


Selon un rapport de la Banque mondiale, publié en 2008, la pauvreté absolue (évaluée à moins d'un euro de revenu par jour, chiffre évidemment discutable, mais qui permet les comparaisons dans le temps) aurait concerné 1,4 milliard d'individus en 2005, contre 1,9 en 1981, soit une baisse de 25 % en un quart de siècle. La chute est encore plus spectaculaire en pourcentage de la population mondiale, puisque celle-ci a fortement augmenté dans le même temps. C'est en Chine que la pauvreté a le plus reculé, à la suite de l'abandon du système soviétique d'économie planifiée, par Deng Xiaoping, à la fin des années 1970, et à la mise en place d'un système « d'économie socialiste de marché ».


Moins de pauvres,moins de guerres


Par d'autres voies, l'Inde ¯ qui sera bientôt plus peuplée que la Chine ¯ a, elle aussi, fait reculer la pauvreté. En revanche, celle-ci s'est accrue en Afrique, bien qu'une nette amélioration soit apparue dans les années récentes. Certes, la crise financière et économique qui a éclaté en 2007, et qui n'est pas encore résorbée, a fait réapparaître des îlots de pauvreté (à des niveaux de revenus beaucoup plus élevés que ceux évoqués ci-dessus) en Europe et aux États-Unis. Mais le fait que la pauvreté recule au niveau de l'humanité n'est nullement indifférent pour la sortie de crise dans les pays développés.


Les chiffres surprennent encore plus, s'agissant des morts dans des conflits politiques (guerres, révolutions, exterminations systématiques, terrorismes...) L'historien André Larané s'est livré à une évaluation, par décennie, des morts de ce type depuis deux siècles. Jamais le nombre des victimes n'a été aussi faible que depuis dix ans, malgré les conflits sanglants au Moyen Orient et en Afrique. Selon l'auteur, ces morts se seraient élevés à moins d'un million durant la première décennie du XXIe siècle, contre une moyenne de deux millions par décennie durant la deuxième moitié du XXe siècle et à une cinquantaine de millions par décennie durant la période sinistre des deux guerres mondiales, de l'extermination des juifs par les nazis et des révolutions en Russie et en Chine.


Moins de pauvreté, moins de morts violentes, dans une humanité qui atteint sept milliards de vivants, cela ne signifie pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais cela veut dire que le genre humain n'est pas condamné au suicide, qu'il peut faire face aux crises et aux violences d'aujourd'hui, de même qu'aux risques que lui-même fait peser sur les équilibres et les ressources de la nature. L'homme reste une chance pour l'humanité.

(1) Lire sur ce sujet le livre de Pierre Chaunu, 3 millions d'années, 80 milliards de destins, éditions Hachette, Pluriel).

Reprise


C’est la reprise. Le temps des bonnes résolutions, du bon pied sur lequel on repart, des pages qu’on tourne… Les images ne manquent pas pour enjoliver l’entrée dans la nouvelle année. L’année 2011 est « porteuse d’espérance », nous a ainsi déclaré notre Président. C’est gentil, c’est son métier. Il nous a même claironné que la croissance revient. C’est bien de nous en prévenir parce que, franchement, on ne s’en était pas rendu compte. On se souvenait plutôt du triste colis trouvé sous l’arbre de Noël, ces quatre millions de chômeurs annoncés en catimini, le jour du réveillon.


Désolé de casser l’ambiance, et de doucher l’espérance présidentielle, mais la reprise d’aujourd’hui s’effectue dans la crise. Comme l’année dernière, avec le même souci en tête, l’emploi. Tous ceux, et ils sont nombreux, qui voudront cette année nous parler d’élection, seront bien avisés de ne pas l’oublier.

Le fiasco du musée Chirac


Au coude à coude avec Noah et Zidane, il crève les plafonds de popularité. Le pays, pour Chirac, a désormais les yeux de Chimène : “Va, je ne te hais point !”


Il est comme un vieil oncle dont la bonhomie, au fil du temps, aurait gommé tous les défauts. L’inertie qu’on lui reprochait jadis passe désormais pour de la sagesse. À raisonner par comparaison, la nostalgie du souvenir aidant, l’ancien prime sur le nouveau. C’était mieux avant. Voilà pourquoi les Français aiment bien “le grand Jacques”. De là à se taper la route jusqu’à Sarran pour témoigner leur sympathie...


Le musée Chirac, vaisseau de granit et de verre, trône en ce modeste village qui fut son fief corrézien. 4 700 m2 de bâtiments ultra-modernes, au milieu des champs ! Avec une centaine de visiteurs par jour, les lieux sonnent creux. On peut pourtant y admirer les cadeaux officiels reçus par l’ex-chef d’Etat : vases, statuettes, livres et bibelots.


La construction du complexe, un rien démesuré, a coûté 16 millions d’euros de fonds publics. Et la Chambre régionale des comptes vient d’en épingler la gestion. L’ampleur du gouffre donne le vertige : 200 000 euros de recettes en 2008...contre 1,7 million de dépenses. La différence, bien sûr, se trouve facturée aux frais du contribuable. Comme le déficit chronique de l’auberge attenant au site.


La Corrèze, du coup, reste le département le plus endetté de France. Le prix à payer pour honorer son grand homme…

Une année «utile»

Cela n’allait donc pas de soi. Et ça va toujours mieux en le disant. Le président de la République a été bien inspiré en exhortant le pays, lors de ses voeux, à faire en sorte que 2011 soit «une année utile». Les Français ne demandent pas mieux, un peu saoulés, il faut bien le dire, par l’effervescence permanente d’un débat public saturé par le gaz carbonique des volatiles polémiques. Les enquêtes sociologiques montrent que 40% ne s’identifient à aucun des protagonistes de la scène politique, et plus de deux sur trois se sentent parfaitement étrangers aux combats qu’ils se livrent. De quoi refroidir un peu les ardeurs pour 2012.

La campagne, pourtant, va inexorablement s’accélérer. Les effets pernicieux du quinquennat sont irrésistibles. Si notre démocratie a sans doute gagné en cohérence en marginalisant les risques de cohabitation, elle a perdu en sérénité en raccourcissant l’espace entre deux présidentielles. Le rendez-vous est si écrasant dans les institutions que sa fréquence a balayé tout le reste. A la durée monarchique du septennat, sans équivalent dans les exécutifs européens, a succédé une pratique hyperprésidentielle assumée, dictée au moins autant par la nouvelle logique des institutions que par le tempérament du locataire actuel de l’Elysée.

Inutile de spéculer sur la revalorisation a posteriori de la sagesse moderne du mandat de sept ans puisqu’on ne reviendra pas en arrière. Il en va de même pour l’euro. En qualifiant la tentation du renoncement à la monnaie unique de «pure folie», le chef de l’Etat a d’ailleurs choisi les mots qu’il fallait pour dénoncer un fantasme dangereux avant qu’il ne devienne une de ces hypothèses dérivatives dont la France raffole quand elle veut différer le moment d’affronter les difficultés de son époque.

Si le personnel politique français était raisonnable, les conditions imposées par 2011 devraient le conduire à expurger ses discours de toute démagogie. Pas gagné... L’annonce de la possible instauration des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels relève d’un registre électoraliste traditionnel et pénalisant. Sans même parler du doute contestable qu’elle fait planer sur le laxisme supposé des magistrats et la qualité de la justice, une telle réforme supposerait d’énormes moyens financiers, exigerait plus de juges et ralentirait nombre de procédures déjà beaucoup trop longues. Un coût exhorbitant en 2011! Il ne s’agit pas d’avoir peur du peuple. Même des socialistes comme Manuel Vals souscrivent à l’idée présidentielle qui mérite au moins d’être mise sur la table. Mais si on veut rendre service au pays, est-ce vraiment le moment d’ouvrir un chantier aussi explosif, voué à un échec certain dans un temps aussi court? Soyons utiles, oui, mais pas seulement dans le verbe.


Quand la droite fait de la politique

Sous le nom de « droite populaire », une partie des élus de l'UMP s'est constituée en bataillon pour soutenir l'identité française, la répression de la délinquance, le contrôle strict de l'immigration, la tenue en lisière de l'islam, l'ordre et la sécurité. Animée par des députés issus principalement de l'Est et du Sud-Est, où ces tendances sont affirmées et où prospère d'ailleurs le Front national, elle porte bien son nom : elle est bien à droite, et sans doute populaire. Elle fait les délices des commentateurs, jusqu'ici confinés aux inépuisables courants du PS et quelque peu désarmés devant le monolithisme apparent de l'UMP.

Ce mouvement de différenciation des tendances s'est accusé du fait du récent remaniement ministériel, qui a remis sur le marché politique quelques ministres centristes. Lesquels se sont découvert une sensibilité en contraste avec le renouveau corporatif RPR géré par Jean-François Copé. Certains d'entre eux ont trouvé asile Place de Valois, dont la vieille image radicale couvre assez bien la fonction de parti de réfugiés. Avec une touche d'opportunisme, car on y compte aussi Rama Yade.

Beaucoup pensent, avec quelque raison, que l'omniprésidence sarkozyenne exercée jusqu'ici avait fini par étouffer les élus. En recherchant ainsi un bol d'air, ils sortent en même temps de l'indifférenciation politique qui pouvait les handicaper dans leurs campagnes locales personnelles. D'autres croient distinguer déjà les germes d'un éclatement. C'est oublier l'aptitude de la droite à s'unir derrière un candidat, aux fins ultimes de conserver le pouvoir. Au reste, le candidat Sarkozy pourrait y trouver l'opportunité de se présenter en rassembleur de ces nouvelles tendances, cette fois visibles, au contraire de sa première conception d'une UMP coagulée en masse. Comme quoi il n'est pas interdit de revenir sur ses erreurs.

L'opposant russe Boris Nemtsov condamné à 15 jours de prison

L'opposant et ex-vice-Premier ministre russe, Boris Nemtsov, interpellé lors d'une manifestation le 31 décembre à Moscou, a été condamné dimanche à 15 jours de prison pour "désobéissance aux forces de l'ordre", a indiqué une porte-parole de son mouvement, Solidarnost.
"Nemtsov a écopé de 15 jours, il a été reconnu coupable d'une infraction administrative", a indiqué la porte-parole, Olga Chorina, selon l'agence russe Interfax.
L'opposant avait été placé en garde-à-vue vendredi alors qu'il participait à une manifestation de l'opposition qui se rassemble tous les 31 des mois comptant 31 jours pour réclamer le respect de l'article 31 de la Constitution russe qui garantit la liberté de rassemblement.
Ce jour là, le chef du Parti d'opposition national-bolchevique et écrivain russe, Edouard Limonov avait lui aussi été condamné à 15 jours de détention pour trouble à l'ordre public. Il avait été interpellé par la police à son domicile alors qu'il s'apprêtait à se rendre à la manifestation.
Un autre opposant, Konstantin Kossiakine a lui été condamné dimanche à 10 jours de prison, après avoir aussi été interpellé le 31 décembre.
La police russe a fait état de 68 interpellations à Moscou et 50 à Saint-Pétersbourg au cours de manifestations le dernier jour de l'année 2010.
Une certaine confusion a entouré le rassemblement de vendredi place Trioumfalnaïa à Moscou dans la mesure où une manifestation -celle à laquelle participait M. Nemtsov- était autorisée, tandis qu'une autre au même endroit -à l'appel de M. Limonov- était interdite.
L'opposition russe s'est divisée sur les conditions de la tenue de ces manifestations, qui avaient été toutes interdites jusqu'au 31 octobre 2010. Une partie des opposants a accepté les limitations en nombre de manifestants imposées par la mairie de Moscou, alors que d'autres, M. Limonov en tête, s'y refuse.

La domination des émergents

Dans la décennie qui vient de commencer, il y a au moins une certitude : les pays émergents vont commencer à dominer l'économie mondiale. En réalité, cette domination se dessine déjà dans les chiffres du passé. L'an dernier, les exportations des pays du Sud ont dépassé celles du Nord. Et les opérations de fusion ou d'acquisition impliquant au moins une entreprise d'un pays émergent ont porté sur un montant plus élevé que les opérations impliquant un groupe européen. Cette année, les pays en développement vont brûler davantage de pétrole que les pays développés. Et en 2013, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la production des pays émergents et en développement dépassera pour la première fois celle des économies avancées (PIB mesurés à parité de pouvoir d'achat). Il n'y a pas ici de « découplage », contrairement à ce que l'on entend souvent : les deux mondes accélèrent et ralentissent en même temps. Mais, depuis le milieu des années 2000, les émergents avancent de 3 % à 5 % plus vite que les pays anciennement industrialisés, dans la tempête comme par beau temps.

La « reprise à deux vitesses », comme l'appelle l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, crée de nouveaux défis. Le premier est une pression accrue sur les matières premières. Le baril de pétrole approche déjà les 100 dollars. Les autres produits industriels de base vont aussi être très sollicités dans les prochaines années par des économies émergentes qui en consomment beaucoup. Les pays développés risquent alors de devoir gérer une conjoncture voisine de celle des années 1970 : une faible croissance et pressions inflationnistes. Le deuxième défi concerne les pays du Sud, et il est déjà visible. Leur dynamisme attire les capitaux, mais leurs systèmes financiers ne sont pas encore assez développés pour encaisser un tel afflux sans risque. Le même phénomène entraîna les deux dernières secousses majeures des émergents - la crise asiatique de 1997-1998 et la crise latino-américaine du début des années 1980.

Pour parvenir à une croissance mieux équilibrée, les deux mondes ont aussi chacun leur chantier. Les pays du Nord doivent maîtriser leurs dettes qui ont trop financé la croissance depuis une décennie. Les excès d'emprunt ont creusé des trous béants dans les comptes des Etats, et aussi dans les bilans des ménages et des banques. Les pays du Sud, eux, doivent enfin suivre le mot d'ordre de Mao -compter sur leurs propres forces, et non plus sur les seules exportations vers un Nord affaibli. Rien de tout cela n'est impossible.

Année utile, année fragile

Rien ne serait plus facile, rien ne serait plus français que d'opposer la tranquille, l'éternelle conviction de sombres prophéties aux voeux présidentiels raisonnablement optimistes formulés pour les Français en 2011. Le risque ne serait pas bien grand, à la mesure de l'impunité dont jouissent les Cassandre.

A ce stade de l'année, un retour un an en arrière permet pourtant de se rappeler avec quel scepticisme hautain étaient accueillies les prévisions économiques cardinales de 2010. Déficit, croissance, emploi, pouvoir d'achat : la France ne devait atteindre aucun des objectifs, il est vrai ambitieux, que Nicolas Sarkozy lui avait assignés. Le FMI et la Commission européenne participaient, du reste, à entretenir une incrédulité de bon aloi. A l'arrivée, sur chacun de ces quatre éléments, les résultats de 2010 auront été pour certains proches, pour d'autres au-delà des espérances. Cela devrait inviter à ne pas tenir pour négligeables les promesses apportées par l'an neuf. D'autant que le chef de l'Etat les a appuyées en réitérant trois engagements encourageants. D'abord le choix de l'apaisement républicain, facilitateur de cohésion sociale. Ensuite celui de maintenir sans varier d'un degré le cap d'une rigueur budgétaire bien dosée. Après avoir tant tardé, l'assainissement de nos comptes publics se poursuivra donc à un rythme qui, sauf faux pas, devrait mettre la France à l'abri de la zone des cyclones financiers. Enfin se rapproche la première étape d'attractivité fiscale qui, sous couvert de convergence franco-allemande, devrait faire de 2011 la dernière année de prélèvement, sous sa forme actuelle, de cet impôt de solidarité sur la fortune qu'aucun pays ne nous envie. Maîtrise de la dépense publique, stratégie de compétitivité fiscale, soutien à l'innovation et à la création d'emplois viables dans le privé : côté français, tout concourt à faire de 2011 l'année « utile » appelée de ses voeux par Nicolas Sarkozy.

Cependant, cette condition nécessaire ne sera peut-être pas suffisante. Il faudra en effet compter avec trois inconnues étrangères. La première se trouve en Allemagne, dont le rôle de locomotive de la zone euro dépend pour beaucoup des politiques salariales ; elles se desserrent, mais ni assez vite ni assez fort. La deuxième vient de la capacité de l'eurozone à affronter les nouvelles attaques que ne manqueront pas de subir ses membres les plus fragiles. La troisième vient des Etats-Unis, dont la politique d'expansion monétaire est à la fois source d'espoir pour la croissance mondiale et d'inquiétude pour un Vieux Continent dépourvu de la même audace, car elle y est potentiellement exportatrice de chômage. Présidant cette année le G20, la France ne sera pas à la plus mauvaise place pour agir sur ces fragilités de 2011.

Le Pen, bis repetita

En digne fille de son père, Marine Le Pen a prouvé sa capacité à préempter les thèmes de débat et à lancer des polémiques.
Fin de la rétrospective 2010. Après l’homme de l’année, François Fillon, et le fantôme de l’année, Dominique Strauss-Kahn, la révélation de l’année : Marine Le Pen, la probable future présidente du Front national. On le saura dans quinze jours au congrès de Tours où Jean-Marie Le Pen devrait passer le relais à sa fille après près de quarante ans à la tête du parti d’extrême-droite. Mais quelque soit l’issue de son duel avec Bruno Gollnisch, Marine Le Pen s’est imposée comme un des phénomènes de l’année 2010.

Phénomène électoral d’abord. Aux régionales, elle a fait presque jeu égal dans le Nord Pas-de-Calais avec la liste de l’UMP conduite par la ministre Valérie Létard. Phénomène médiatique ensuite. On l’a vue sur tous les plateaux avec une précision révélatrice : toutes les émissions nouvelles (journal de direct 8, Mon beau miroir sur Paris Première), l’ont choisie comme première invitée. C’était pour elles l’assurance de faire à la fois de l’audience et du buzz, comme on dit. D’ailleurs, avec 3,4 millions de téléspectateurs, presque autant que Dominique Strauss-Kahn et largement plus que François Fillon et Martine Aubry, elle a offert une de ses meilleures audiences à A vous de juger, l’émission d’Arlette Chabot. Percée dans les sondages encore. Dans tous les baromètres, elle a gagné autour de 5 points à la fin de l’année.

Mais, en digne fille de son père, Marine Le Pen a surtout prouvé sa capacité à préempter les thèmes de débat et à lancer des polémiques. Ce qu’elle a fait en comparant les prières de rue des musulmans en France à une forme d’occupation. Un piège dans lequel ses adversaires politiques ont foncé tête baissée. Parce qu’elle a employé le mot « occupation », beaucoup ont cru au dérapage, sur le mode du « détail » tristement célèbre de son père. En fait, elle s’est placée sur le thème de la défense de la laïcité. Et dans l’opinion, ça a fait mouche.

Cette percée de Marine Le Pen est-elle un simple effet de mode ou représente-t-elle une vraie menace pour Nicolas Sarkozy ? En tous cas, la droite redoute un score élevé de la candidate du FN à la présidentielle. Jean-François Copé l’a dit haut et fort. Certains comme François Fillon lui ont reproché de le dire. Mais tous le pensent.

Le danger pour Nicolas Sarkozy est réel pour trois raisons.

- La première c’est qu’en 2007, il avait réussi à siphonner, comme il disait les voix du Front national. Or ces électeurs là comptent parmi les premiers déçus du sarkozysme.

- Deuxième raison, la personnalité de Marine Le Pen plus charmeuse et sentant moins le souffre que son père. Elle n’a aucun compte à régler avec la seconde guerre mondiale. Donc la barrière morale qui retenait une partie des électeurs de droite, mais aussi de gauche, à voter Le Pen pourrait être moins étanche qu’avant.

- Enfin, il y a le climat économique, la crise et ses conséquences sociales, le scepticisme croissant à l’égard de l’euro. Les crises ont toujours fait le jeu des extrêmes et Marine Le Pen, plus encore que son père, cible dans son discours les catégories populaires. D’ailleurs dans ses vœux sur Internet, elle s’adresse en priorité, je la cite, « à ceux qui souffrent de la précarité, du chômage et de la dégradation sanitaire et sociale ».

En 2011, elle nourrira encore les cauchemars de ses adversaires.

Olivier Henrard et Camille Pascal rejoignent Nicolas Sarkozy à l'Élysée

Nicolas Sarkozy s'entoure de deux nouveaux conseillers : Olivier Henrard, fin juriste, architecte de la loi Hadopi, s'occupera des affaires culturelles, tandis que Camille Pascal, l'ex-secrétaire général de France Télévisions, prendra en charge l'audiovisuel. Ces deux remplacent Éric Garandeau, le conseiller du président qui prend la succession de Véronique Cayla à la tête du CNC (Centre national de la cinématographie), elle-même étant promue à la présidence d'Arte France.
Ce jeu de chaises musicales est assez savoureux et l'on reconnaît là la malice dont Nicolas Sarkozy sait faire preuve. En effet, Olivier Henrard avait été éconduit par Frédéric Mitterrand alors qu'un poste important à la direction centrale du ministère de la Culture lui avait été promis. Les circonstances houleuses de son départ ont été ici relatées. Mitterrand doit l'avoir assez mauvaise de retrouver Henrard attaché aux affaires culturelles du côté de l'Élysée... Match prometteur ! Comme si le président de la République organisait un contre-poids à la Rue de Valois...

Deux conseillers en contre-poids

La nomination de Camille Pascal montre un autre aspect de la personnalité de Nicolas Sarkozy. Érudit, doté d'une superbe plume classique, Camille Pascal a été jusqu'au bout un fidèle serviteur de Patrick de Carolis, l'ex-pdg de France Télévisions. Ce qui aurait pu lui valoir le bannissement. Toutefois, Sarkozy agit, ici, avec discernement. Dans les rapports orageux que la présidence du groupe public a eus avec le chef de l'État, Camille Pascal a joué, à maintes reprises, les modérateurs. Son sens de la diplomatie n'a pas échappé à Claude Guéant, le secrétaire général de l'Élysée, "l'agent traitant" de Carolis auprès de la présidence. Camille Pascal bénéficie, en outre, d'un parcours irréprochable aux côtés de Dominique Baudis, quand celui-ci présidait le CSA, un homme dont Sarkozy respecte l'avis. Camille Pascal a été l'un des candidats malheureux à la présidence de l'INA. Mathieu Gallet, fortement recommandé par Frédéric Mitterrand, a été préféré.
Enfin, le chef de l'État pourra toujours recourir à la plume de Camille Pascal pour rédiger ses discours, tout comme Jacques Chirac en son temps. C'est lui qui a, en effet, prêté son talent au président lors du transfert des cendres d'Alexandre Dumas au Panthéon, le 30 novembre 2002. Le fait que Camille Pascal soit en charge de l'audiovisuel doit sonner étrangement aux oreilles de Rémy Pflimlin qui, de son côté, lui a retiré le secrétariat général de France Télévisions en prenant ses fonctions. Là aussi, on entrevoit l'idée dans l'esprit de Sarkozy de créer un contrepoids vis-à-vis de France Télévisions...

Obama promulgue une loi de couverture maladie pour les sauveteurs du 11/9

Le président des Etats-Unis Barack Obama devait promulguer dimanche une loi visant à fournir une couverture santé aux sauveteurs et volontaires du 11-Septembre atteints par des maladies liées aux attentats, a annoncé la Maison Blanche.
"Le président va signer (cette loi) ce matin", a indiqué le porte-parole adjoint de M. Obama, Bill Burton. Le président effectuera cette formalité à Hawaii (Pacifique) où il a passé les fêtes de fin d'année. Aucune cérémonie formelle n'est prévue.
Le 22 décembre, peu avant de se séparer pour les vacances, et plus de neuf ans après les attentats qui avaient fait près de 3.000 morts, le Sénat et la Chambre des représentants avaient adopté le texte.
Les républicains, dotés d'une minorité de blocage au Sénat, avaient dans un premier temps rechigné à adopter le projet de loi, en raison de son coût, et le texte avait été amendé.
Il prévoit la création d'un système de couverture santé pour les secouristes, policiers, pompiers, travailleurs et bénévoles qui ont aidé les victimes ou qui ont participé au nettoyage des débris après les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001 à New York.
Environ 70.000 personnes sont enregistrées comme ayant été exposées aux émanations toxiques dues à l'effondrement des tours jumelles.
Ce texte était le dernier projet de loi adopté à la Chambre des représentants sous la majorité démocrate. En janvier, à la suite des élections du 2 novembre, les républicains contrôleront la majorité à la chambre basse.
Au Sénat, les démocrates verront leur majorité diminuer, passant de 58 à 53 sénateurs sur 100.
M. Obama, qui faisait de l'exercice dimanche matin dans la base de Marines de Hawaii à Kaneohe, près de la maison de vacances qu'il loue à Kailua (20 km au nord-est de la capitale Honolulu) doit quitter son Etat natal tard lundi soir et arriver à Washington mardi dans l'après-midi.

BIZARRE, OBAMA  M'ÉTONNE DE PLUS EN PLUS. PROMULGUER UNE LOI POUR 70 000 PERSONNES, C'EST VRAIMENT DU POPULISME  PUR ET DUR.

Sarkozy à la reconquête de la droite

Si le président fait de 2011 une "année utile" pour les réformes, il va profiter des prochains mois pour rassurer et séduire de nouveau ses électeurs de la majorité en pleine doute. 

Nicolas et Carla Sarkozy à pied dans les rues de Paris. 13h45, samedi: le Président et la première dame s’offrent un moment de détente et décident de déjeuner dans un restaurant du 8e arrondissement. Au lendemain de ses voeux aux Français, le chef de l’Etat se rassure en constatant la "gentillesse" des passants qu’il croise. Il semble surtout satisfait de son intervention télévisée. Onze millions de téléspectateurs l’ont regardée. "C’est 900.000 de plus que l’année dernière. Qu’est-ce que ce serait si j’étais populaire!" se félicite-t-il alors que sa cote de confiance est au plus bas.
Des voeux de combat. Sarkozy s’est plutôt bien sorti de cet exercice toujours artificiel. Debout dans la salle des fêtes de l’Elysée, il a ciselé un message habile, même s’il a versé par moments dans l’autosatisfaction. Tout en promettant de nouvelles réformes, il a dessiné le portrait du futur candidat à sa réélection: celui d’un Président protecteur, avocat de l’euro et défenseur de la laïcité. 2012? Il y pense et il en parle. Aucun de ses prédécesseurs n’avait osé évoquer, lors des sacro-saints voeux aux Français, même à mi-mot, la future élection présidentielle un an et demi avant l’échéance. Nicolas Sarkozy, lui, l’a fait. Sans hypocrisie. Sans excès non plus. Le Président a, certes, expliqué qu’avant 2012 il y avait 2011. Et qu’il entendait faire des douze prochains mois une "année utile". Une expression directement empruntée… à Jacques Chirac. Son prédécesseur l’avait utilisée en 2001. Mais le seul fait de parler du "rendezvous électoral" de 2012 prouve que Nicolas Sarkozy ne pense plus qu’à ça. Sa réélection.
S’appuyer sur Fillon. Dans les neuf minutes de son allocution, tout y est déjà. Cela ressemble à des voeux de combat. Ses thèmes de campagne (sécurité, immigration, délocalisations, défense de l’euro), sa méthode électorale et des messages à ses adversaires de gauche et de droite. Mais en 2011, c’est la droite qu’il veut d’abord rassurer, voire reconquérir. Une partie des électeurs de 2007 est déçue. Préfère François Fillon. Rêve de Jean-Louis Borloo. Regarde du côté de Marine Le Pen. "Tous les mois, la presse m’invente un nouveau champion ou une nouvelle championne", confie-t-il en privé sans plus d’inquiétude en dressant la liste: De Villepin à Aubry, de Fillon à Borloo et Marine Le Pen. En cette année préprésidentielle, Sarkozy s’amuse déjà de voir les "autres" annoncer leurs candidatures à la file indienne. Lui attendra la fin de l’année pour se lancer. En attendant, il se réjouit de sa relation de travail avec Fillon qu’il a préféré garder à Matignon plutôt que d’en faire un rival. "Jamais, dit-on à l’Elysée, un président et son Premier ministre n’ont eu, au bout de trois ans et demi, aussi peu d’animosité."
Retourner au peuple. Conscient qu’il doit remanier son style qui a tant heurté les Français, Nicolas Sarkozy s’efforce, depuis la débâcle des régionales de 2010, d’offrir un profil plus zen, plus présidentiel. En 2011, il prévoit une "centaine de visites en province". "C’est comme ça depuis 2007", soupire-t-il. Mais le format a changé. Le Président n’y fait plus d’annonce et refuse de commenter l’actualité préférant expliquer ses réformes et discuter avec des Français dans des tables rondes sur des thèmes sensibles à droite (agriculture, santé, sécurité). Testée l’année dernière, cette stratégie du "retour au peuple" sera poursuivie en 2011. Début des opérations mardi à Saint-Dizier puis, le week-end prochain, aux Antilles. L’exercice avait plutôt réussi à Jacques Chirac en 2002. "Cela permet au Président d’avoir le contact en direct sans le filtre des médias", décrypte un conseiller. A part la conférence de presse du 24 janvier consacrée à la présidence française du G20, le chef de l’Etat devrait se faire rare dans les médias et limiter ses contacts avec les journalistes.
Neutraliser l’antisarkozisme. Après une année "rude" selon son mot, marquée par la réforme capitale des retraites, Sarkozy sait qu’il va devoir "cajoler" des centristes amers, des radicaux déçus, mais aussi renouer avec un électorat populaire tenté par un retour au vote FN. "Pour l’instant, ils se marchent sur les pieds dans l’antisarkozisme", minimise-t-on à l’Elysée tout en multipliant les signaux. Témoin: ce plaidoyer proeuropéen vendredi soir qui ne va sûrement pas déplaire aux électeurs centristes. Mais aussi cette ode à la laïcité, référence majeure des radicaux. Pour l’heure, Sarkozy ne semble pas croire à la montée en puissance de Marine Le Pen.
L'aide de Carla. L'année politique de la première dame commencera dès vendredi en Martinique. Elle accompagnera son mari aux Antilles puis déjeunera lundi avec Michelle Obama à Washington. Plus présente en 2010, elle devrait effectuer plusieurs déplacements en province. "Elle fait un parcours fantastique. Elle veut m'aider", confie en privé le Président. Pour autant, Carla entend rester à sa place. Elle, qui n'aime pas la politique, reste méfiante et entend surtout poursuivre sa carrière d'artiste. Un film et un disque sortiront cette année. En revanche, l'Elysée dément ce projet d'adoption relayé par certains magazines populaires.