TOUT EST DIT

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dimanche 8 septembre 2013

Le pari du faucon

Le pari du faucon


« Mon Général », lance à de Gaulle un certain Christian Jacob, de l'UMP, « nous ne vous soutiendrons pas contre Assad sans avoir le rapport des inspecteurs de l'ONU, une résolution du Conseil de sécurité, le soutien des Européens, un vote du Parlement… » Politique-fiction, mais on imagine la réponse du fondateur de la V e République et de la Constitution, même révisée.
François Hollande, sommé de se soumettre aux conditions d'opportunistes constitutionnels, et, en fait, de renoncer à toute action, n'a nulle intention de diluer le moindre des pouvoirs que lui confie la Constitution de de Gaulle. Savoureux paradoxe. Voilà le président socialiste dans le costume du Général, taillé en pièces par ses héritiers putatifs, à l'exception de Balladur, Juppé et, paraît-il, Sarkozy lui-même.
Droit dans ses guêtres, le président, pris à contre-pied au téléphone par Obama et lâché dans le bus de Saint-Pétersbourg par les Européens, Angela en tête, se trouve contraint de jouer un double rôle de faucon : contre la prolifération chimique à Damas, et pour la Constitution à Paris.
Agir ? Ne pas agir ? Hollande, faucon dans la peau d'Hamlet, posait l'autre jour cette question tragique, révélatrice de doutes et de troubles, ceux des Français. Tapis de bombes ou tapis vert ? Solitude dramatique de celui qui doit choisir le moins mauvais pari pour la Syrie.

Pendant la crise, protéger les familles

Pendant la crise, protéger les familles

Cellules de base de la société, les familles jouent un rôle irremplaçable : ce sont elles qui forgent l'avenir d'un pays, par le renouvellement et l'éducation des adultes de demain. Certains pays l'ont bien compris et, par exemple, assurent aux femmes un niveau de retraite qui prend en compte, de manière conséquente, le nombre d'enfants qu'elles ont élevés.

Mais en France, à l'inverse, la politique familiale actuelle fragilise les familles en les imposant davantage en pleine crise économique. Une pluie de hausses d'impôts continue de s'abattre sur elles : après une nouvelle baisse du plafonnement du quotient familial, on parle aujourd'hui de supprimer la réduction d'impôts pour frais de scolarité dans le secondaire et pour les étudiants.
L'Union Nationale des Associations familiales (UNAF) s'insurge : « Ces mesures sont injustes car plus les enfants sont grands, plus les dépenses relatives aux études augmentent. Et plus les familles ont d'enfants, plus elles seront sanctionnées par ces mesures. » (1).
« Comment expliquer que pour équilibrer les retraites, on touche aux avantages accordés aux familles et pas à ceux des régimes spéciaux ? » - interroge Laurent Clévenot, responsable de l'UNAF (2).
Pour beaucoup, c'est d'autant plus injuste, que la branche famille a été mise à contribution pour financer les retraites. Les Associations familiales dénoncent « le tour de passe-passe » car « on transfère 4,4 milliards de majoration de pensions pour charge d'enfants de la branche vieillesse sur la branche famille » (1).
Mais, en plus, a-t-on mesuré les conséquences de ces mesures conjuguées à la crise ? Sur la natalité par exemple ? Si elle diminuait, le financement des retraites n'en serait-il pas encore plus difficile ? Ne regrettera-t-on pas de ne pas avoir assez protégé les familles pendant la crise ?
Et puis, cette recherche de recettes à court terme, est-elle de nature à sortir de la dangereuse impasse actuelle ? « Il ne suffit pas de grignoter des économies ministérielles, d'amender le droit du travail, de taxer les riches, pour borner les inégalités... » explique Eric Le Boucher (3) pour qui « les réformes ne sont pas des remèdes pour corriger et remettre en ordre le modèle cassé du XXe siècle, elles doivent être des outils de transformation profonde de ce modèle. L'État n'a pas seulement besoin d'être allégé et simplifié, il faut le repenser non pas pour redistribuer mais pour enrichir les dynamismes. » De cette manière et en protégeant les familles, il sera possible d'assurer demain la solidarité entre les générations, l'indépendance du pays et la liberté de ses citoyens.
(1) Communiqué du 5 septembre. 
(2) La Croix du 6 septembre.
(3) Les Échos du 7 septembre.

Entre nous: le mal par le mal

Entre nous: le mal par le mal


Le niveau scolaire ne cesse de baisser ? Faisons travailler encore moins les élèves, et tout s’arrangera !
Nos lecteurs (Valeurs actuelles) le savent mieux que quiconque pour s’être plongés tout l’été dans les épreuves de 1959 du certificat d’études primaires : en 2013, peu d’élèves de terminale, même excellents, possèdent l’intégralité des connaissances de base d’un écolier de CM2 — pardon, de septième — d’il y a un demi-siècle.
Tous les dix ans, depuis les années 1980, d’éminentes personnalités tirent pourtant le signal d’alarme : du rapport de Bertrand Schwartz à celui de Roger Fauroux, on ne compte plus les constats désabusés sur la montée de l’illettrisme et, malgré des efforts budgétaires en hausse constante, la détérioration inexorable du niveau scolaire.
Toujours plus de moyens pour transmettre toujours moins de savoirs : c’est à ce scandale que Valeurs actuelles consacre son dossier de la semaine. Il faut dire qu’en cette rentrée 2013, l’inconséquence atteint son paroxysme : les enfants resteront plus longtemps à l’école mais y apprendront de moins en moins ! De choses sérieuses, s’entend… Car s’agissant des jeux de société, du déguisement ou de la relaxation, l’offre pédagogique sera pratiquement sans limite !
Lisez nos enquêtes : vous découvrirez que cette tendance ne doit rien au hasard et tout à une doctrine. Celle des petits maîtres du pédagogisme à la française, nourris au lait de Pierre Bourdieu et de Philippe Meirieu. Pendant des années, la droite a eu le tort de composer avec cette idéologie. Avec la gauche, elle a désormais les pleins pouvoirs !

Vu de ma fenêtre: NKM, une chance pour Paris

Vu de ma fenêtre: NKM, une chance pour Paris


Une défaite du PS face à NKM serait comme un soleil d’Austerlitz après des hivers de déprime. En s’affichant séparément la semaine dernière, les partisans de Sarkozy et ceux de Fillon donnent à nouveau le spectacle d’une droite recluse dans ses divisions et obnubilée par la présidentielle de 2017. Or le souci de ce scrutin n’est pas de mise et ces barnums desservent les intéressés. Mieux vaut pour la mouvance UMP préparer les municipales du printemps prochain en relayant sans états d’âme la campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet. C’est la candidate phare : le soir du verdict, l’opinion française et les médias internationaux se polariseront sur les résultats de Paris. Une victoire de NKM face à l’équipe socialiste sortante aurait pour l’avenir de la droite une portée symbolique considérable ; ce serait comme un soleil d’Austerlitz après des hivers de déprime.
En renonçant à un relatif confort politique dans l’Essonne pour prétendre à la succession de Delanoë, le responsable de la gauche le plus talentueux de sa génération, NKM a osé un pari audacieux. Anne Hidalgo a beau ne posséder ni le charisme ni l’autorité de son mentor, un militantisme au long cours l’a aguerrie ; on aurait tort de la mésestimer. Elle a du punch à revendre, des relais associatifs innombrables et bénéficie d’un mode de scrutin qui l’avantage.
Un vrai duel ouvrirait toutes grandes les portes de l’Hôtel de Ville à NKM : sa personnalité rayonnante et singulière rémunérerait la fierté légitime de Parisiens en deuil de l’ère chiraquienne. Mais elle devra ferrailler dans vingt arrondissements, en butte dans chacun aux bisbilles, vanités et susceptibilités inhérentes à la constitution d’une liste. Elle a décidé de conduire la sienne dans le XIVe, détenu par les socialistes. Il y a du panache dans ce choix ; après tout, elle eût pu se claquemurer dans un arrondissement où la droite contrôle la situation. J’avoue de la sympathie pour ce banco de franc-tireur, qui lui vaut des animosités dans son camp.
Déjà sourdent des critiques. Par exemple son “parachutage”. Mauvais procès. Quand Chirac se présenta à Paris en 1977, il était depuis dix ans député de la Corrèze. Il avait même présidé le conseil général de ce département. Ni les Corréziens ni les Parisiens n’ont eu lieu de s’en plaindre. La plupart des grands ministres de De Gaulle furent “parachutés” ici ou là ; nul ne s’en offusqua, au contraire. Il fallait du sang neuf à Paris, il en fallait dans le XIVe où la gauche s’est enracinée.
Autre critique : NKM serait une “bobo” pas vraiment de droite. Certes, à mon regret, elle n’a pas combattu la loi sur le “mariage pour tous” et son feeling écolo déroute un peu le tradi de droite. Justement, ce décalage peut séduire l’électorat parisien, plus bobo que prolo. Il nuance un tempérament qui par ailleurs n’a rien d’irrésolu ou d’équivoque. À preuve, sa défense bec et ongles de Sarkozy, dont elle fut la ministre puis la porte-parole durant sa dernière campagne. NKM est de droite à sa façon, elle a son style, elle tient son cap. Quelle droite fait l’unanimité chez ceux qui se réclament de l’appellation ? Aucune, depuis la Révolution. L’important est de serrer les rangs dans les moments cruciaux. En 1981, des électeurs de Chirac ont fait battre Giscard qui ne leur revenait pas. Résultat : Mitterrand pendant quatorze ans. En 2012, des électeurs de droite et du centre ont fait battre Sarko qui ne leur revenait pas. Résultat : cinq ans de socialisme. Les intégristes qui se réclament d’une droite pure et dure — la leur — et débinent NKM en supputant l’avenir comme les augures du Bas-Empire sont les “idiots utiles” de la gauche. Anne Hidalgo le sait, elle en joue.
Une chance existe de virer de Paris la gent militante de Hollande et de ses alliés, ce serait une bévue suicidaire de ne pas la saisir. Cette chance s’incarne en une polytechnicienne hors norme, charmeuse autant que bretteuse. Les distances qu’elle a su prendre avec les chamailleries de l’UMP témoignent d’une indépendance d’esprit des plus louables.
NKM est ambitieuse ? Soit. Et après ? Paris, reine du monde, mérite mieux qu’un édile d’envergure locale. Bien que déniaisé depuis belle lurette, un sursis de romantisme aventureux m’incite à rêver d’un printemps où cette dame d’une élégance à la Van Dongen et d’une audace à la mousquetaire escaladerait à la hussarde les degrés de l’Hôtel de Ville.

Le chemin de Damas de M. Hollande

Le chemin de Damas de M. Hollande


Faut-il jeter la pierre aux gouvernants occidentaux qui, sur l'affaire syrienne, ont l'air de touristes qui cherchent leur chemin ? Au lieu de les tacler, on a, pour une fois, envie de les plaindre.
Gouverner, c'est choisir. Michel Rocard a souvent dit qu'"au pouvoir il faut décider. Que la décision soit bonne ou mauvaise, tant pis, l'essentiel est d'avancer". Il n'a, hélas, pas tort. Les peuples ont besoin de sentir qu'il y a quelqu'un à la barre et qu'il suit un cap. Sinon, le doute est mis.
Telle est la tragédie de la politique, science inexacte par excellence. Souvent, il faut trancher entre deux mauvaises solutions. C'est notamment le cas avec la Syrie, où il y a autant d'arguments pour l'intervention que contre. D'où l'extrême pusillanimité de la plupart des gouvernants occidentaux, M. Hollande excepté. Sur ce dossier, ils ont presque tous suivi la ligne : "Courage, fuyons !"
Tous les chemins mènent à Damas. La Syrie est un petit pays qui, depuis des siècles, rayonne sur le monde. Son influence a toujours été sans commune mesure avec sa population (23 millions d'habitants aujourd'hui) ou avec son économie, en état de délabrement structurel.
Jusqu'à présent, la Syrie réussissait plus ou moins bien, selon les époques, à faire vivre ensemble tous les éléments de sa mosaïque religieuse : 74 % de sunnites, 10 % de chrétiens, 3,5 % de chiites et 10 % d'alaouites, proches des chiites, qui boivent de l'alcool, croient à la transmigration des âmes et sont souvent considérés comme hérétiques par les autres musulmans.
La dynastie de fer des Assad a fait son temps, qui prétendait incarner la petite minorité alaouite face à l'énorme majorité sunnite, laquelle a fini par se dresser contre elle, provoquant une guerre civile qui a déjà fait plus de 100 000 morts.
L'Occident a longtemps rêvé que l'Histoire roule sa meule surBachar el-Assad sans qu'il ait à bouger le petit doigt. Tout était ligué contre lui. La grande majorité de son peuple comme l'équilibre des forces géostratégiques. Les meilleurs experts annonçaient qu'il ne passerait pas l'hiver. Et puis les hivers se sont succédé.
Pourquoi Assad fils a-t-il tenu contre toute attente ? Sans doute à cause du mélange de férocité perverse et de sadisme raffiné qui sert d'idéologie à ce régime où tout a toujours été sans limite. La répression comme la prévarication. Pour cette équipe, la fin justifie les moyens et, si l'on s'en tient à son cursus, elle n'est pas du genre à mégoter devant l'emploi d'armes chimiques.
L'engagement iranien est pour beaucoup aussi dans la survie du régime. Par solidarité avec les chiites, qui soutiennent Assad, les Gardiens de la révolution (pasdaran) sont venus à sa rescousse pour faire barrage aux sunnites, qui ont entrepris de le déloger du pouvoir. Ostracisé depuis des années par la communauté internationale, l'Iran a pu, grâce à ce soutien militaire et logistique, exister à nouveau dans le jeu du Proche-Orient.
C'est ainsi que la guerre civile et confessionnelle en Syrie se double d'un choc de civilisations à l'intérieur même du monde musulman. Celui des chiites, soutenu par l'Iran, contre les sunnites, appuyés par l'Arabie saoudite et l'émirat du Qatar, qui eux-mêmes se cherchent noise.
La Syrie est devenue le champ clos des tartufes et des faux nez, où chacun a son bras séculier. L'Iran soutient et arme le Hezbollah. L'Arabie saoudite joue comme d'habitude la politique du pire en se rangeant derrière les rebelles salafistes qui feraient passer Bachar el-Assad pour un démocrate. Quant au Qatar, adepte de la stratégie du mille-pattes, il appuie les Frères musulmans entre deux salamalecs aux puissances occidentales.
Le feu des frappes occidentales risquerait-il de provoquer des réactions en chaîne dans un milieu aussi volatil ? C'est toute la question. Avant de se faire rémunérer des "rapports" par Omar Bongo, le roitelet du Gabon, Bernard Kouchner donnait dans l'humanitaire et avait inventé le droit d'ingérence. Une belle idée qui a eu ses grandes heures.
Le droit d'ingérence est-il un droit d'inconscience ou d'incompétence ? Souvenez-vous. Il n'y a pas si longtemps, il fallait sauver de toute urgence les pauvres Albanais que les Serbes étaient censés massacrer au Kosovo. Au terme d'une campagne de désinformation inouïe, une guerre-éclair, sous l'égide de l'Otan, a permis d'installer au pouvoir une clique albano-mafieuse experte en purification ethnique et en incendies d'églises. Dans un autre genre, l'intervention en Libye, dont on ne connaît pas encore les conséquences, aura montré qu'on ne se préoccupe jamais assez du jour d'après.
Ne moquons pas la solitude de M. Hollande : ses convictions sont tout à son honneur. Mais le châtiment (mérité) infligé à Bachar el-Assad n'aurait de sens que si, au lieu de donner des ailes aux salafistes, il favorisait les sunnites modérés, très nombreux mais sans vrai soutien extérieur et dont on sait qu'ils ne massacreraient pas, après la victoire, les minorités chiites, alaouites ou chrétiennes.

Consigny : Pourquoi Jean-François Copé a raison de reparler de liberté


Copé est tellement carbonisé que son très bon discours de rentrée, à Châteaurenard, est presque passé inaperçu. Il avait un nouveau thème de bataille : la liberté. Le mot a été prononcé près de 50 fois. Comme le soulignait l'excellent Édouard Carmignac dans Le Figaro, "la gauche au pouvoir, ce n'est pas un gouvernement social-démocrate : c'est un régime socialiste pur et dur comme il y en a encore très peu dans le monde", c'est-à-dire un régime dont l'action publique passe par la réduction des libertés. Pas une semaine ne passe sans que le Comité central ne décide d'une nouvelle taxe, la dernière en date visant directement les familles dont les enfants font autre chose que de commettre des infractions pénales, lesquelles ne seront de toute façon, grâce à Mme Taubira, pratiquement plus réprimées (mais ça, c'est un autre sujet, la peine de probation n'est pas une mauvaise chose en soi).

La France en queue de tous les classements !

Les Français font l'objet d'une oppression d'État à travers une pression fiscale et réglementaire sans précédent. Les conséquences, pour des millions de Français, sont révoltantes, on ne compte plus les familles plongées dans la difficulté par le délire spoliateur de l'administration. Les effets globaux s'ensuivent, puisque, ainsi que l'ignorent les socialistes, ce sont les réussites individuelles qui font la richesse collective, et inversement : dans le dernier classement de Davos portant sur la compétitivité, la France a perdu deux crans en un an, passant de la vingt-et-unième à la vingt-troisième place. Elle est 130e du monde quant au poids des règlementations, 134e quant à celui des prélèvements obligatoires, et 137e s'agissant de l'incitation fiscale à l'investissement. Tel n'est pas le cas de notre voisin anglais, qui grâce à une politique libérale a vu tous ses indicateurs repasser au vert, alors même que la crise a été beaucoup plus violente outre-Manche que chez nous.
La créativité fiscale des socialistes est ce qui se fait de pire en art, et les artistes, les esprits créatifs qui ont besoin de latitude, s'en vont, ne laissant en France que ceux qui n'ont pas vraiment les moyens, financiers ou de circonstances, de partir. M. Copé et ses conseillers n'ont pas tort de penser que l'un des grands enjeux politiques de demain, en France, sera celui de la liberté que notre État soviétisé voudra bien laisser aux citoyens. Après cinq ou dix ans de gauche, il faudra une perestroïka.

Wauquiez : "Attention à la supercherie de la pause fiscale"


Dans un entretien à paraître dimanche dans les colonnes du JDD, l'ancien ministre Laurent Wauquiez dénonce un budget dans lequel les classes moyennes portent à elles seules la charge fiscale. Extraits.
Croyez-vous François Hollande quand il annonce une pause fiscale?

Attention à ce que cette pause fiscale ne tourne pas à la supercherie. En moins d’un an et demi, le gouvernement a amené les impôts à un niveau que la France n’avait jamais connu, mais François Hollande nous dit : "Soyez rassurés, je vais les maintenir à ce niveau!" C’est quand même un peu fort! Cela ressemble à la pause DVD. On arrête l’image un instant et ça repart! Regardons ce qui se passe réellement : la TVA va augmenter l’année prochaine, 6,5 milliards d’euros en plus, des cotisations supplémentaires vont peser sur les salaires pour financer la réforme des retraites, un milliard d’euros en plus sur les ménages, on va faire sauter, et c’est une grave erreur, des avantages pour les familles qui ont des enfants étudiants, 500 millions d’euros. On nous parle aussi de deux milliards d’euros sur le quotient familial et sur la complémentaire santé. Un gouvernement sincère devrait dire les impôts qu’il va baisser en compensation.
Avec le retour attendu de la croissance, les recettes fiscales augmenteraient. Que faudrait-il faire de cet argent?
Permettez-moi un conseil au gouvernement : ne jouez pas à "Perrette et le pot au lait". Il est dangereux de dépenser l’argent que nous n’avons même pas gagné en rêvant à un retour miracle de la croissance! Quel que soit le cas de figure, la France ne pourra pas faire l’économie d’un véritable plan de baisse de la dépense publique.

A Marseille, le FN arbitre du match UMP-PS

Malgré le contexte d’insécurité, Jean-Claude Gaudin, maire UMP sortant, se maintiendrait en tête au premier et au second selon une enquête Ifop-Fiducial pour le JDD. Pointant à la seconde place, le FN s’enracine.

C’est un tiercé injouable pour une ville qui risque d’être ingouvernable après les élections municipales de 2014. Marseille sera, à coup sûr, la capitale de l’incertitude électorale. Tel est le constat de notre enquête Ifop-Fiducial-JDD réalisée auprès d’un échantillon de 702 électeurs marseillais.

Dans le détail, Jean-Claude Gaudin, 73 ans, maintient ses positions et reste en course pour conquérir un quatrième mandat. Il recueille 34% (+2 par rapport à la précédente enquête en juillet). Le deuxième enseignement, c’est l’installation du FN derrière l’UMP et devant le...PS. Stéphane Ravier, candidat de Marine Le Pen, est crédité de 25%. Il explose ses scores chez les personnes âgées (29%) et les artisans/commerçants (43%).

Une union de la gauche insuffisante?

La liste socialiste - testée sans le nom du candidat qui sera désigné en octobre - est pour l’instant à la traîne avec 21% (-2). La gauche peut, toutefois, se consoler avec les intentions de vote pour le second tour. Elle obtiendrait 38% grâce à d’excellents reports de voix des listes écolo, Front de gauche et même MoDem. Une union de la gauche qui ne serait toutefois pas suffisante pour doubler le maire sortant toujours devant avec deux petits points d’avance.
Ce premier sondage de rentrée éclaire aussi le match entre les six prétendants à la primaire citoyenne organisée par le PS. Les femmes - la ministre Marie-Arlette Carlotti (25%) et la sénatrice Samia Ghali (24%) - font la course en tête. Elles dominent les quatre hommes reléguant notamment le député Patrick Mennucci (13%) et le président de la communauté urbaine Eugène Caselli (10%).

Chaque année, on promet une carrière de danseuse en Europe de l'Ouest à des milliers de filles. Voilà où elles finissent ...



    Une visite d'Aurélie Filippetti à Perpignan fait polémique

    Invitée au Festival de photojournalisme Visa pour l'image, à Perpignan, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti ne s'est pas fait que des amis. Nombreux sont ceux à avoir été agacés par son retard, l'important dispositif mis en place et son refus de se rendre au camp de Rivesaltes.

    Le passage de la ministre de la Culture Aurélie Filippettivendredi après-midi au Festival de photojournalisme Visa pour l'image, à Perpignan, aura fait du bruit. Son arrivée avec 30 minutes de retard et son impressionnant service de sécurité n'a en effet pas manqué d'agacer les élus et organisateurs présents sur place. 
    "Je suis outré, je n'ai vu ça pour aucun ministre !",  a commenté le directeur du festival, Jean-François Leroy, cité par L'indépendant. "Les ascenseurs du palais des congrès ont été bloqués pour qu'elle puisse les prendre en arrivant, les gens devaient monter à pied parfois jusqu'au 7e étage !", précise une autre source interrogée par le journal.

    Parmi les autres personnes très remontées contre la ministre, Christian Bourquin ne digère quant à lui pas du tout qu'Aurélie Filippetti ait refusé de venir visiter le camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, à quelques kilomètres du festival. "Alors que la semaine dernière, le Président de la République, en compagnie de son homologue allemand, accomplissait un geste symbolique hors du commun à Oradour sur Glane, Madame Filippetti, elle, ne prête pas la moindre attention au camp de rivesaltes, et se mure dans un lâche silence à son sujet depuis maintenant plus d'un an et demi (...) Comment une Ministre de la culture peut-elle fermée au point de ne pas saisir le lien puissant, le lien naturel entre le photojournalisme et ce lieu majeur de la mémoire qu'est la camp de Rivesaltes? ", s'insurge-t-il sur son blog.
    Un projet de mémorial à Rivesaltes
    Le camp de Rivesaltes avait accueilli des réfugiés espagnols après 1938, un centre régional de rassemblement des juifs entre 1939 et 1942, des suspects de collaboration au moment de l'épuration, des prisonniers allemands et, après l'indépendance algérienne en 1962, un camp de regroupement de harkis. Il est à cet égard unique au monde, selon Christian Bourquin.
    Le projet d'y ériger un mémorial, formé à la fin des années 1990, est resté des années dans les cartons. Les travaux de construction ont enfin commencé en octobre 2012, sous maîtrise d'ouvrage de la région Languedoc-Roussillon. Celle-ci et le département assument pour le moment les 23 millions d'euros de travaux. Ils voudraient que l'Etat participe au tour de table.

    'Poutine devrait avoir d'autres préoccupations que la Syrie'

    Les dirigeants des 20 plus grandes économies, celles du « G20 », se réuniront à Saint-Pétersbourg en Russie à partir de jeudi pour le G20 dans un contexte géopolitique difficile. Le ministre des Affaires Etrangères russe, Sergueï Lavrov, a indiqué que la Syrie « ne figure pas à l'agenda du sommet de Saint-Pétersbourg ». Vladimir Poutine et son homologue américain Barack Obama ne s’entendent guère sur ce sujet, qui risque tout de même de ressurgir dans les négociations, d’autant que la Chine, qui s’oppose elle aussi à une intervention militaire, et la France, qui soutient les Etats-Unis, seront également présentes. Pourtant, la Russie a de plus grandes préoccupations que la Syrie, et Poutine devrait d’abord se soucier de l’économie du pays, écrit Monfinancier.com :
    Après 12 ans au pouvoir, Poutine a peu de réussites à mettre à son crédit. Comme tous les pays émergents, la Russie a récemment été chahutée sur les marchés financiers:
    - Le marché boursier russe a chuté de 40% par rapport à son point le plus haut de 2011;
    - Le rouble s’est déprécié de 10% par rapport au début de l'année;
    - La croissance économique s’est ralentie au cours des six derniers trimestres, et il n'y a pas d'amélioration en vue;
    - La croissance économique n’est plus que de l’ordre de 1%, alors qu’elle avait été de 7% pendant des années.
    Pendant plus de 10 ans, l'exportation du pétrole et du gaz a généré des revenus énormes pour le pays. L'énergie représente encore 70% de toutes les exportations russes. Et même si la Russie demeure le premier exportateur mondial d’énergie, le boom du gaz de schiste aux États-Unis a totalement changé le contexte mondial de l’offre énergétique.
    Poutine aurait dû utiliser cette manne pour diversifier l'économie du pays, mais il a manqué cette opportunité, et maintenant, c’est trop tard, estime le blog. « Poutine a beau fanfaronner et montrer ses muscles, il est confronté aujourd’hui à une situation économique préoccupante » écrit Monfinancier.com.

      6 raisons pour lesquelles nous devons cesser de dire que les robots volent nos emplois

      D’aucuns, se disant experts, affirment que le progrès technologique nous coûte beaucoup d’emplois. Selon Robert D. Atkinson du MIT Technology Review, rien n’est moins vrai.

      ✔ Des alarmistes observent que les gains de productivité du progrès technologique ne sont plus, depuis 2000, liés à la création d’emplois et à la croissance économique. Or, primo, il n’y a pas de relation entre croissance de l’emploi et productivité. Secundo, on doit imputer le manque d’emplois plutôt à des facteurs démographiques qu’à des facteurs technologiques. Il n’y a pas non plus de relation évidente entre chômage et productivité.
      ✔ Les gens qui ont peur de la technologie prennent uniquement en compte les premiers effets de l’automatisation (le remplacement d’un travailleur par une machine). C’est un raisonnement erroné: l’entreprise économise de l’argent grâce à la machine et cet argent retourne à l’économie sous forme de prix plus bas, de salaires plus élevés ou de meilleurs bénéfices. Dans ces trois cas, on se trouve devant une situation stimulante qui encourage d’autres entreprises à embaucher du personnel.
      ✔ Un nombre restreint d’études économiques confirme que les gains de productivité ont un effet négatif sur l’embauche, mais seulement à court terme.
      ✔ Le progrès technologique a toujours causé, dans le passé, une plus haute productivité et un plus haut rendement, mais également plus de possibilités d’embauches.
      ✔ Une croissance économique moyenne supérieure à 3% est invraisemblable dans un futur immédiat. Une partie grandissante de l’économie repose d’ailleurs sur des emplois que l’on ne peut pas automatiser : emplois médicaux, enseignants, entrepreneurs, concierges…
      ✔ Même un miraculeux gain de productivité de 5% par an ne nous coûterait pas d’emplois : car cela signifie que la croissance nationale, et le pouvoir d'achat se développeraient de 5% supplémentaires. Or, le développement du pouvoir d'achat est à la source de la création d'emploi. 

        Faut-il juger Bachar al-Assad ? Michèle Alliot-Marie livre son opinion

        Lors d’une interview accordée à la presse, Vladimir Poutine a fait valoir qu’il ne luttait pas pour la survie politique de Bachar al-Assad, mais que son rôle était d’œuvrer au respect de la loi. Cela veut dire que pour le Président de la Fédération de Russie, qui est juriste de formation, le respect de la loi est l’esprit absolu du droit international. Les Américains, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se croient habilités à réviser la norme de l’intangibilité des frontières. Tout comme cet évêque du Moyen Âge auquel les croisés ont demandé comment distinguer les chrétiens fidèles de ceux qui ont failli, et qui a répondu indifféremment : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » Tout comme un grand nombre de justiciers qui voulaient imposer leur optique sans se soucier de l’opinion des autres.

        Michèle Alliot-Marie, Présidente du Mouvement politique « Chêne » d’obédience gaulliste, ancien ministre de la Défense, des Affaires Etrangères, de l’Intérieur et de la Justice, très proche de Jacques Chirac dans son passé glorieux et de Nicolas Sarkozy, nous raconte sa vision du rôle de la France que d’aucuns considèrent déjà comme un va-t-en-guerre. Nombreux sont les Allemands qui prennent Paris pour un agresseur sans scrupules, prêt à frapper n’importe qui – la Libye, la Syrie ou l’Afghanistan – en avalisant toutes les bourdes made in USA.
        Voici ce que nous a confié dans une interview exclusive la dame qui, pendant des années, a tenu d’une poigne de fer le RPR et s’est vu confier des prérogatives régaliennes au sein du dispositif gouvernemental français.
        Voix de la Russie. Madame Alliot-Marie, d’après vous, quel rôle pourrait jouer la France dans le règlement du conflit proche-oriental dont la Syrie est l’épicentre ?
        Michèle Alliot-Marie. « En tant que gaulliste, je considère, bien sûr, que la France ne saurait se désintéresser d’une région du monde composée d’une vingtaine de pays avec lesquels il y a eu tant d’histoire et de liens. Elle ne saurait non plus se désintéresser de ce qui se passe dans un pays où depuis 2 ans et demi on compte 110.000 victimes. Alors oui, la France doit intervenir, mais la vraie question est de savoir comment elle doit intervenir - si c’est sur le plan militaire ou dans un domaine diplomatique. Il est évident que la France aurait dû intervenir sur le plan diplomatique depuis longtemps et d’une façon plus active qu’elle ne l’a faite.
        Je pense notamment qu’il revenait à la France au sein du Conseil de sécurité de l’ONU puisqu’elle en est membre, au sein également de l’Europe en ayant des entretiens individualisés avec chacun des chefs d’Etat des pays européens, mais au-delà d’ailleurs essayer de trouver un point de vue commun. De ce point de vue, d’ailleurs, je pense que la France aurait dû s’appuyer sur les pays ou les personnes qui peuvent avoir de l’influence sur Bachar al-Assad. Et j’ai beaucoup regretté que les spécialistes dans notre pays snobent en quelque sorte, le président Poutine qui est quelqu’un qui connaît bien cette région et qui a une influence dans cette région et qui pouvait de par sa position justement obtenir de Bachar al-Assad une attitude qui soit plus conciliante, plus respectueuse de la Communauté internationale.
        Je pense que c’est quelque chose qui est toujours possible et qu’il faudra it le faire. Parce que s’il doit y avoir une opération militaire, celle-ci pose énormément de questions. Quel serait le but de cette opération ? Est-ce qu’il s’agit de faire partir Bachar al-Assad ? Ce que l’on avait cru comprendre des propos de M. Hollande. Et M. Obama a dit que ce n’est pas du tout un des objectifs d’une éventuelle opération militaire ! Est-ce qu’il s’agirait de changer de régime ? Là aussi les Américains ont dit que ce n’est pas l’objectif qu’ils auraient poursuivi. Est-ce qu’il s’agirait de modifier l’équilibre des forces sur le terrain ? Là aussi, on a dit : non ! Alors à quoi peut rimer cette opération militaire ? S’il s’agit d’aller frapper les réserves d’armes chimiques, encore faut-il que l’on sache où elles se trouvent, quelles pourraient être les conséquences dans l’atmosphère de telles armes chimiques ? L’éventuelle intervention militaire pose la question de l’équilibre de cette zone extrêmement fragile où il y a déjà des conflits latents.
        C’est vrai que moi, je ne suis pas aujourd’hui au pouvoir, donc je n’ai pas tous les éléments nécessaires, je pose des questions auxquelles jusqu’à présent le gouvernement français en tous les cas n’a pas répondu. »
        VDLR. Dans une interview accordée à La Voix de la Russie, Martin Shultz, Président du Parlement Européen, a préconisé des représailles économiques qui pourraient faire pression sur Bachar al-Assad sans toutefois faire souffrir son peuple avec des frappes aériennes. Qu’en pensez-vous ?
        Michèle Alliot-Marie. « Il est évident que l’argument économique a l’avantage d’éviter une guerre et je pense, en tant qu’ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires Etrangères, que ce n’est jamais de gaieté de cœur, que l’on peut déclencher une opération militaire. Donc, penser à une opération économique, c’est effectivement quelque chose qui paraît raisonnable.
        Le problème dans ces opérations, et nous le voyons, par exemple, en Iran, où cela existe déjà de la part des Américains et de la Communauté Européenne, le problème c’est que très souvent les victimes ne seront pas les dirigeants eux-mêmes, mais surtout la population qui souffre déjà énormément de la situation actuelle.
        Je pense que l’on peut essayer de creuser cette voie mais en ayant toujours à l’esprit qu’il faut éviter tout ce qui pourrait peser d’abord sur la population qui n’y peut rien plutôt que sur les dirigeants, mais un blocus, il faut voir sur quoi on peut le porter.
        Par ailleurs moi je trouve qu’il y a une chose qui n’a été évoquée par personne et ce qui me surprend aussi, c’est qu’il y a également une menace de sanctions pénales ! Il y a une Cour internationale de Justice et je pense qu’il y a aussi un certain nombre de personnes qui peuvent faire comprendre à Bachar al-Assad que s’il y a des preuves de l’utilisation, en particulier, d’armes chimiques sur son ordre contre des populations civiles, il est passible de la Cour Pénale Internationale qui, un jour ou l’autre, finira par lui demander des comptes. Ca, je pense, c’est un message qu’il faut faire passer et que peut-être, justement ceux qui ont encore la capacité de dialoguer avec lui et je pense de nouveau au président Poutine, peuvent faire passer le message pour obtenir une attitude plus conciliante de la part de Bachar al-Assad. »
        VDLR. Peut-on utiliser le G20 qui ouvre ses portes à Saint-Pétersbourg comme un forum international où l’on peut adopter une position internationale solidaire à l’égard de la Syrie ?
        Michèle Alliot-Marie. « Pour connaître un peu le fonctionnement interne du G20, il est évident qu’il y a toujours l’ordre du jour officiel. Et le G-20 c’est aussi les occasions de rencontres directes et, par conséquent, des discussions entre les plus hauts dirigeants de la planète ! Et effectivement ce que l’on peut espérer, c’est que ce G-20 permette de faire disparaître un certain nombre d’équivoques et qu’il permette de mettre fin à des incompréhensions et, par conséquent, permette également d’avancer et peut-être de trouver une solution qui soit une solution à la fois raisonnable et efficace parce qu’il y a le problème syrien à considérer. Mais il faut voir aussi qu’il risque de servir d’exemple dans un sens ou dans l’autre, pour d’autres pays qui peuvent avoir des tentations de défier la communauté internationale. »
        Commentaires de la rédaction. Un expert russe a bien eu raison de préciser que l’Occident a changé de rôle avec l’Orient. Si l’Occident se croit indépendant dans sa décision de frapper la Syrie, il se leurre. En fait, il joue le jeu des tyrannies proche-orientales dont le Qatar qui, avec l’Arabie Saoudite, manipule les Américains et les Français. Et bien sûr, les Occidentaux paieront les pots cassés le jour où l’islam, quelle qu’en soit la forme, leur présentera la facture qui pourrait s’avérer vraiment salée. 

        Quelle est la provenance des armes utilisées en Syrie ?

        Lors de la réunion du groupe des amis de la Syrie à Amman, en Jordanie, la Russie et l’Iran ont une nouvelle fois été critiqués pour les nouvelles livraisons d’armes, non encore avérées, à Bachar al-Assad.

        Entre-temps, le quotidien français Le Figaro, citant un diplomate européen, a publié un chiffre inquiétant : au moins 800 djihadistes, ressortissants européens, combattent actuellement le régime de Bachar al-Assad en Syrie. Après cela, qui peut-on encore accuser d’ingérence dans le conflit et de soutien aux scélérats ? Le Figaro a rapporté que la majorité des djihadistes venus d’Europe étaient liés à l’organisation al-Qaïda, en particulier au groupe terroriste
        Jabhat al-Nosra qui a récemment prêté allégeance à al-Qaida. Rappelons qu’al-Qaïda regroupe des islamistes radicaux sunnites, qui considèrent comme impie le gouvernement laïc de Bachar al-Assad. Et via ces individus venus d’Europe encore davantage d’armes arrivent en Syrie. Le 27 mai prochain, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’UE examineront la question de la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes à la Syrie. Nabila Ramdani, journaliste algérienne, auteure de plusieurs livres sur les conflits du Moyen-Orient, a déclaré que l’Occident est, de fait, devenu un fournisseur d’armes pour les terroristes et un lobbyiste des intérêts sunnites radicaux d’Arabie Saoudite :
         « Dans l’idéal, l’Arabie Saoudite aimerait voir l’islam sunnite – sa lecture de l’islam – dominer complètement le Moyen-Orient. Les Saoudiens souhaiteraient réduire au minimum l’influence de la minorité chiite. La Syrie n’a pas de chance : elle est devenue un champ de bataille entre sunnites et chiites. Et comme les chiites sont soutenus par l’Iran et par le Hezbollah libanais, ces deux forces sont diabolisées par la propagande saoudienne et ses alliés en Occident. Les radicaux saoudiens ont ainsi trouvé en Occident leur allié idéal. »
        Il est toutefois difficile de comprendre comment le soutien des fanatiques sunnites, et des terroristes qui se vantent devant les caméras de télévision de pratiquer le cannibalisme, en compatible en Europe et aux Etats-Unis avec les droits de l’homme et la démocratie. Et on voit mal en quoi un tel soutien pourrait servir les intérêts réels des pays occidentaux. Toutefois, ces incohérences ont commencé au Kosovo, quand l’OTAN a choisi de soutenir les militants islamistes. D’ailleurs Le Figaro note que parmi les centaines de djihadistes européens qui se battent en Syrie, on compte de nombreux ressortissants du Kosovo. Cependant, il y a également des centaines de citoyens britanniques, presque quatre-vingts islamistes belges, et des dizaines de terroristes détenteurs d’un passeport danois, allemand, ou irlandais. Durant la réunion où sera discutée la levée de l’embargo frappant la Syrie, les représentants de l’UE seront amenés à débattre de la question du retour en Europe de ces djihadistes. Il est, en effet, peu probable qu’après leur expérience en Syrie ils rentrent apaisés chez eux.

         L’article du Figaro remarque que selon la législation européenne, il est très difficile d’entamer des poursuites judiciaires contre des personnes qui se sont opposées à un régime que les pays de l’UE ont eux-mêmes diabolisé. Le fait que les médias européens lancent des attaques contre la Russie et l’Iran, affirmant que Bachar al-Assad n’a tenu bon que grâce à leurs armes, ne contribuera pas à mettre en cause les djihadistes. Mohammed Morandi, doyen de Faculté des relations internationales de l’université d’Etat de Téhéran, ne partage pas cette position, soulignant les défaillances du leadership américain, qui a sous-estimé la popularité du régime d’al-Assad.

        « Les extrémistes sont en augmentation dans tous les pays du Moyen-Orient. Mais c’est le résultat de la politique américaine qui soutient des régimes qui eux-mêmes engendrent des extrémistes, en particulier l’Arabie Saoudite et le Qatar. »

        On connaît l’itinéraire d’acheminement des armes aux rebelles syriens. L’argent du Qatar et de l’Arabie Saoudite va sur les marchés turcs, et de là, passant la frontière contrôlée par les rebelles, les armes affluent à travers le pays. Des armes proviennent aussi des pays voisins : la Jordanie et le Liban. C’est là, comme on le disait autrefois, que la menace à la paix prend sa source. 

        Syrie. Comment l’intox républicaine se joue des chiffres

        Les jours passent et l’angoisse syrienne est loin de diminuer. On croyait finir par s’habituer aux lâches versatilités des autorités actuelles françaises, mannequins d’une politique qui se joue bien au-delà de l’Atlantique. C’est peine perdue.

        Ce tumulte vaniteux des peuples n’est pas sans rappeler les prophéties d’Isaïe dont l’un des oracles clamait ceci : Voici, Damas ne sera plus une ville. Elle ne sera qu’un monceau de ruines. Les villes d’Aroër sont abandonnées (…). C’en est fait de la forteresse d’Ephraïm, Et du royaume de Damas, et de la Syrie : Il en sera comme de la gloire des enfants d’Israël, Dit l’Eternel des armées. En ce jour, la gloire de Jacob sera affaiblie, Et la graisse de sa chair s’évanouira (…). Oh ! Quelle rumeur de peuples nombreux ! Ils mugissent comme mugit la mer. Quel tumulte des nations ! Elles grondent comme grondent les eaux puissantes (…). Quand vient le soir, voici, c’est une ruine soudaine ; Avant le matin, ils ne sont plus ! Voilà le partage de ceux qui nous dépouillent, Le sort de ceux qui nous pillent » (Isaïe, 17).
        Je ponctue ici cette citation du prophète pour me demander, une fois de plus, jusqu’où le déraisonnement de la coalition anti-syrienne pourrait bien aller, jusqu’où, en principe, le mensonge peut aller quand la majeure partie de ceux qu’on essaye de tromper de la façon la plus effrontée se savent leurrés.
        Les chiffres sont peut-être d’une éloquence on ne peut plus plate du moment qu’on se dispense de les interpréter sous un angle profitable aux médias mainstream. C’est ainsi que M. Jérôme Fourquet, Directeur du Département Opinion et Stratégie d’Entreprise de l’IFOP, explique le clivage social des opinions quant à une éventuelle frappe contre Damas par le niveau d’études des sondés, estimant que les mal instruits (car le contexte est bien celui-ci) sont excessivement focalisés sur leurs difficultés sociales et le bien-être matériel de toute une société qui risquerait de se retrouver sous le coup. Aucun sens des valeurs démocratiques chez eux. Côté clivage politique, le Front National se prononce contre l’ingérence française en Syrie parce que l’extrême-droite a toujours été hostile à l’envoi des troupes françaises en terre étrangère. Merveilleux ! M. Fourquet, aurait-il oublié que Mme. Le Pen avait applaudi notre engagement au Mali au nom de la France, au nom du peuple malien, en proie aux hordes islamistes et aux tribus touaregs enfin menues de renforts ? Les termes choisis dans l’exposé sont eux aussi tendancieux puisque, peut-on lire, les Français seront forcément plus nombreux à rejoindre la cause de l’Etat par « réflexe patriotique » (Flag effect ou effet du drapeau) comme ce fut le cas à l’époque de l’intervention libyenne où les avis favorables sont passés de 30 % avant le début de la campagne à 66 % une fois celle-ci entamée. Or, si ce chiffre a en effet doublé, M. Fourquet préfère expliciter la nature du phénomène par un simple réflexe (condescendance avérée à l’égard des masses amoindrissant leur degré de responsabilité consciente) plutôt que par la désinformation croissante des médias après les premières frappes en Lybie, désinformation crédible pour qui ignorait les véritables motifs du gouvernement Sarkozy.
        Bref, l’intox fait parler les chiffres nous gavant de jugements aussi dénigrants vis-à-vis des Français eux-mêmes que partiaux. M. Greffe Louis-Benoît, journaliste indépendant, nous donne son appréciation de la longue campagne de désinformation menée par le gouvernement français et ses médias féaux.
        La VdlR. « M. Greffe, je viens de prendre connaissance du compte-rendu de M. Jérôme Fourquet (IFOP). Selon lui, l’analyse des ventilations du sondage fait ressortir des clivages de deux ordres. Tout d’abord, il relève un clivage sociologique reflétant la part de conscience des cadres supérieurs (51 % se prononcent pour une ingérence en Syrie) et le désintéressement presque coupable des classes ouvrières (seules 37 % d’entre elles approuvent la politique syrienne de M. Hollande), car cette catégorie très terre-à-terre perçoit la libération du peuple syrien « comme une dépense de moyens et d’énergie injustifiée alors que le chômage et la dégradation du pouvoir d’achat sévissent ». Est-ce que vous rejoignez M. Fourquet dans ses explications ? Ce clivage qu’il évoque est vraiment ce qu’il est à l’image des chiffres présentés ?
        Louis-Benoît Greffe. Les explications de M. Fourquet sont liées à un contexte politique assez particulier. Cela fait quand même deux ans en France que les médias français font la promotion, voire la propagande honteuse et injustifiée d’une intervention en Syrie. Un autre aspect est à relever. En général, la population française est partagée entre deux réactions assez typiques ces derniers temps : d’une part, la Syrie, mais quel Bachar ?!, de l’autre, en parallèle, pourquoi aller mourir pour Damas ? On a déjà eu le Mali, on a déjà eu l’Afghanistan, ça suffit. Etant donné qu’il existe un bon proverbe français qui s’y applique, ventre affamé n’a pas d’oreilles, en l’occurrence, c’est bel et bien le cas. Le pays est en crise, on ferme une usine par jour, le pouvoir, quel qu’il soit, droite ou gauche, ne sait pas comment pallier la crise. On est à la remorque de l’UE et de l’Amérique et là, au surplus, on nous colle la Syrie. On en est réduit à une situation où une partie de notre armée qui est au Mali n’a plus de quoi assurer son ordinaire et doit échanger ses rations sèches contre des munitions, des vêtements et de la nourriture auprès des populations civiles maliennes qu’ont est censées aider. C’est merveilleux, on est à la remorque des Maliens.
        La VdlR. Mais à quoi songe M. Hollande à ce moment-là ? Serait-il schizophrène ?
        M. Louis-Benoît Greffe. M. Hollande n’a pas le sens des priorités mais cette tendance est celle des gouvernements qui savent très bien qu’ils ne peuvent pas répondre à la crise sans entreprendre de grandes démarches pour lesquelles ils ne sont tout simplement pas taillés, notamment, remettre à plat tout le système des taxes et des aides à l’entreprise ! On donne 200 milliards d’euros aux entreprises chaque année, si on additionne toutes les aides données par l’ensemble des collectivités locales (merci au « mille-feuilles » territorial), ce qui fait des entreprises françaises un secteur presque entièrement subventionné. C’est le cas pour certaines entreprises. D’autres au contraire se retrouvent complètement abandonnées. On a un pays où il y a une foultitude de choses à mettre à plat et un gouvernement qui n’est pas fait pour. Du coup, on opte pour des aspects sociaux qui ne sont en aucun cas prioritaires comme le mariage gay, par exemple. Alors pendant qu’on en parle ou qu’on parle d’intervenir en Syrie, l’ensemble des sujets cruciaux mis de côté demeurent occultés. Les Français en ont parfaitement conscience tout comme ils comprennent très bien qu’il y a une forte manipulation médiatique autour de la Syrie. Ils le comprennent d’autant mieux qu’une grande partie des Français, notamment jeunes et même d’ailleurs la génération des 30-40 ans, ne lisent plus la presse quotidienne, regardent peu la télé et quand bien même ils la regardent, c’est pour voir ce qui se passe et non pas pour le comprendre. Pour avoir un peu plus de compréhension, ils vont consulter des sites spécialisés, ils vont lire les médias sur internet, surtout que quelqu’un uns d’entre eux sont indépendants et connus comme tels, quoique même ces derniers – comme Canard enchaîné ou Mediapart – se montrent plutôt pro-bellicistes par rapport à la Syrie. Il n’y a que Rivarol qui est parfaitement indépendant, proche des idées de l’extrême droite et contre l’ingérence. Il y a donc plus de diversité sur internet, or, c’est elle qui est recherchée.
        La VdlR. Côté clivage politique, on relève que jamais les partis n’ont été à ce point divisés sur la question de l’intervention. Par exemple, comment expliquer cet éclatement au sein même de ce parti à l’époque va-t-en guerre qu’est l’UMP ? N’y aurait-il pas un certain essoufflement de leur bellicisme suite aux effets secondaires de la Libye tel que la campagne malienne ?
        Louis-Benoît Greffe. Il y a en effet un sentiment d’essoufflement au cœur de l’UMP et puis, il faut garder en vue que ce parti est coincé dans l’image que s’est forgé le sarkozysme car le bilan du mandat UMP sous Sarkozy a été assez catastrophique pour la France, bilan qui explique assez bien la situation économique actuelle et les difficultés dans lesquelles se débat François Hollande, car on ne peut pas mettre tous les malheurs du pays sur le dos des socialistes. Par ailleurs, Sarkozy a lui aussi demandé à ce qu’il y ait une intervention en Syrie en se basant sur son exemple libyen. Le problème, c’est que même avec l’immense autocensure qui régit la presse, les informations qui ont été diffusées par les médias russes il y a presque deux ans et même, un peu plus tardivement par quelques médias indépendants en France il y a un an et demie-un an, commencent à gagner la presse nationale. J’ai récemment trouvé dans des médias comme Le Monde que la Libye après l’intervention sarkozyste devait être ramassée à la petite cuillère. Il n’y a plus une Libye, il y a des régions qui se font la guerre, un état central qui n’arrive pas à rattraper tout le reste, qui n’arrive pas à intégrer les miliciens, l’arsenal libyen est parti à travers toute l’Afrique, enfin, bref, on a abouti au désordre le plus complet. L’UMP en a conscience. Cet aspect retient bien les catégories « instruites » qui ignorent ce qui va se passer à la longue si on rentre en Syrie. Si la Syrie est à ramasser à la petite cuillère, c’est le chaos dans tout le Moyen-Orient. Il y a donc une conscience assez pointue du fait que la Syrie, c’est un peu la Yougoslavie du XXIème siècle.
        La VdlR. Y-a-t-il en ce moment une recrudescence des mouvements de protestation en France ? Quid de la Bretagne où vous vous trouvez ? Quelle est la réaction du gouvernement à ces mouvements ?
        Louis-Benoît Greffe. Le gouvernement ne tient compte de rien. Cela fait environ neuf mois qu’il y a des protestations contre le mariage gay avec un million de manifestants hostiles à la loi Taubira. Les ministres, dès qu’ils se rendent quelque part, se font bien souvent accueillir par des huées. Malgré cela, le gouvernement persiste à ne pas vouloir prêter l’oreille à son peuple. Je ne vois donc pas pourquoi le gouvernement écouterait ses citoyens au niveau de la Syrie quand il s’est gardé de le faire avec l’adoption de la loi sur le mariage pour tous, de la PMA et du reste. Cela dit, il n’y a pas vraiment de grands mouvements de protestation rassemblant des milliers de personnes. Il y a eu en revanche des manifestations à l’appel de l’organisation de gauche, notamment de la CGT, d’une partie des Verts qui refuse cette intervention ne voulant pas être à la remorque du gouvernement. Ces manifs restent cependant très locales. Il y a en outre une autre manif, bien plus importante, qui est prévue le 7 septembre à l’appel du Printemps Français et de l’Action Française, place Dauphine à Paris. Par contre, il faut remarquer une chose que j’ai pue récemment constater, Jean-Marc Ayrault étant venu à Orléans. Il y avait la CGT. Entre autres. Celle-ci donnait à qui lui semblait bon sa pétition à signer contre la guerre en Syrie. Il y a aussi trois sites d’information catholiques, la Riposte catholique, l’Observatoire de la christianophobieet le Salon Beige qui ont lancé leurs propres pétitions. Il y a en fait pas mal de pétitions qui circulent en général et on peut dire que dans la réalité – je ne veux pas dire dans le monde politique de Paris qui vit de façon assez déconnectée de la France – même parmi les gens et les mouvements qui sont politisés, il n’y a pas vraiment de clivage. De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, on relève une certaine méfiance, si ce n’est un refus complet, de l’intervention en Syrie, soit parce qu’ils sont formellement contre toute intervention quelle qu’elle soit (ce qui est la cas d’une certaine partie de la droite ou des classes populaires), soit parce qu’ils ne veulent pas intervenir en Syrie dans ces conditions-là, estimant comme les républicains américains que les conditions récoltées ne sont pas suffisantes ou que le processus va trop vite »
        Le tumulte de nos gouvernements fait pendant à leur état de délire incurable. Les USA échappent au diagnostic dans la mesure où, se croyant loin des événements et par conséquent invincibles, ils ont leur propre vision du remodelage moyen-oriental. Le seul problème, c’est qu’Israël payera l’addition au même titre, à terme, que les puissances occidentales. La France, vassalisée, espère récolter les quelques miettes que lui laissera peut-être Washington. Et même à supposer qu’elle festoiera à ses côtés … le prix, en vaut-il la peine ?