TOUT EST DIT

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dimanche 9 novembre 2014

Le pays part en Fraisse

Régulièrement en France, des paquets d’individus manifestent, plus ou moins bruyamment. Parfois, c’est organisé, et nombreux sont les vendeurs de merguez à y trouver leur compte. Parfois, c’est improvisé, plus ou moins spontané, affiché comme « populaire, citoyen & festif », et dans ces cas, ces réunions se terminent souvent par des affrontements avec les forces de l’ordre. Toujours, il y a arrestations. Et rarement, il y a un mort.
Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland
Car en effet, la mort d’un individu lors de manifestations, mêmes violentes, est un fait très rare en France. Et histoire de fournir un peu de contexte, revenons sur les événements qui se sont emballés récemment autour du projet de barrage de Sivens. Celui-ci, placé sur une rivière locale, le Tescou, fait déjà débat depuis un moment. D’un côté, les autorités publiques (Conseil général du Tarn, l’Agence de l’eau Adour-Garonne), bien sûr épaulées par une de ces sociétés « mixte » dont la France a le sulfureux secret, la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne, le tout propulsé par des intérêts paysans bien compris, et de l’autre, une partie des riverains et des contribuables locaux ainsi que les inévitables écolos du cru. Les uns allant bon train pendant que les autres ne se sentaient pas assez consultés, des occupations plus ou moins sauvages des lieux et des manifestations furent rapidement organisées.
Le problème est qu’ici, dans le fond, la construction du barrage suit de façon presque rigoureuse tout ce qu’on peut reprocher à une décision étatique à peu près unilatérale, avec une étude d’impact payée par le commanditaire lui-même (fastoche), avec une passation de marché public dans le respect scrupuleux du capitalisme de connivence qu’on ne peut que dénoncer : transparence calculée (ou opacité choisie, disons),acteurs qui s’entendent comme larrons en foire pour que toutes les bonnes factures atterrissent dans les bonnes poches, c’est-à-dire dans le respect (minimal) des lois, certes, mais avec cette flexibilité morale et ces scrupules qui riment avec minuscule qu’on retrouve dans presque toutes les bidouilles étatiques sur capitaux publics. Autrement dit, il y a bien ici matière à protester.
Cependant, rapidement, la forme des protestations entraîne une petite crispation des autorités qui ont justement, ces dernières années, un problème croissant avec les expressions un peu trop vocales de désaccord avec la politique menée. Rapidement, la tension monte. Le dimanche 26 octobre, la manifestation prend une tournure nettement plus virile avec des échanges musclés de petits projectiles rigolos de part et d’autre : pif le cocktail Molotov, paf la fusée de détresse, pouf la grenade offensive, pof le militant tué. Oui, vous avez bien lu « cocktail Molotov, fusées, grenades ». Il y avait aussi mottes de terre et cailloux, mais c’est assez banal pour les oublier.
La mort du militant écologiste Rémi Fraisse tombe fort mal (un mort, de toute façon, tombe toujours mal). Un jeune (21 ans), un étudiant, un « militant écolo pacifiste » (et communiste, ne l’oublions pas), cela fait encore plus désordre : pour des politiciens au pouvoir officiellement à gauche, tous revendiqués du Camp du Bien, qui ont toujours joué sur leur immense compréhension du peuple, cela met plus que dans l’embarras, cela relève de la catastrophe (humaine probablement — les politiciens savent doser leur empathie, voyons — mais médiatique, sans aucun doute).
L’affaire, qui était locale, devient immédiatement nationale. Et comme, de surcroît, des clivages sont apparus depuis un moment au sein d’une majorité de plus en plus relative, c’est l’occasion pour certain-e-s d’une récupération parfaitement dénuée de la moindre honte. En politique politicienne de bas étage, rien de tel qu’appuyer là où ça fait mal. Cécile Duflot, qui n’aurait jamais su orthographier Sivens il y a encore 15 jours, se dresse à l’Assemblée comme un seul homme pour sottement demander une minute de silence. Sottement, parce qu’institutionnellement, les minutes de silence, à l’Assemblée, sont comptées : déjà que, toute honte bue, peu de nos soldats y ont droit (et en tout cas, aucun policier, même tué dans une course poursuite, dans l’exercice de ses fonctions), on voit mal un citoyen lambda, tombé parce qu’il participait à une manifestation violente, en bénéficier.
duflot récupère
Nous sommes en France. La récupération ne s’arrêtera pas là. L’occasion est trop belle. L’ombre de Malik Oussekine plane de plus en plus sur le gouvernement Valls. Alors que la droite, sous Chirac, avait dû composer avec ce genre d’événements douloureux qui avait conduit à la démission d’un ministre (Devaquet), la gauche se retrouve à son tour dans des draps similaires. De façon bien glauque, c’est une partie de la gauche elle-même, la plus dogmatique, qui participe au montage en épingle de cette histoire : elle veut absolument un « Oussekine du PS » et voit dans ce Fraisse des bois de Sivens l’arme qui lui permettra enfin de se désolidariser pour de bon d’un François Hollande coincé dans des abysses d’opinions défavorables et de conjonctures catastrophiques.
Les manœuvres de Duflot n’étonnent donc pas, ni d’ailleurs celles du maire de Carhaix, qui tient à donner le nom du militant à une rue de sa ville. Ben oui, que voulez-vous,
« Il est inconcevable, comme cela a été le cas en 1986, lors de la protestation étudiante contre la loi Devaquet, qu’un jeune perde la vie dans une manifestation. Une rue Malik-Oussekine existe d’ailleurs à Carhaix, en hommage à ce jeune manifestant tué par les pelotons voltigeurs. La droite était alors au pouvoir. »
Les quelques manifestations de « lycéens » (chair à canon endoctrinée dans le meilleur des cas, bande de branleurs dans le pire) participent du même esprit qui vise à attiser la dissension dans les rangs de la gauche. Du reste, le message porté par ces « lycéens », quittant leurs établissements pour aller parader dans les rues de Paris, consterne par son incroyable médiocrité :
« Rémi Fraisse est un symbole comme l’était Leonarda. Il représente la violence policière et Leonarda l’expulsion abusive »
Quand on se souvient du pataquès lamentable que l’affaire en question avait déclenché, avec l’implication affligeante du Président de la République lui-même dans ce genre de brouet médiatique minable, la juxtaposition de la mort de l’un avec l’expulsion de l’autre est une véritable insulte autant au mort de Sivens qu’au bon sens : on se demande bien quel symbole peut représenter l’expulsion d’une lycéenne et sa famille immigrante illégale alors que toutes les procédures d’arrangements étaient épuisées, et dont l’attitude, par la suite, n’a jamais rien eu de digne. On se demande aussi quel symbole peut bien porter celui de la mort d’un type en plein milieu d’un champ de bataille où des forces de l’ordre échangent des tirs de projectiles avec une foule absolument plus pacifique pour un sou qui n’est pas en reste pour répliquer.
Et s’il fallait quelqu’un pour ajouter l’injure à l’insulte, qui mieux qu’Edgar et ses morinades, gouttes précieuses de Pensée Complexe™ concentrée, pour nous dépanner ? Le piposophe, au milieu du torrent habituel de platitudes et de constats d’évidences mêlés à des tornades de poncifs, tente de nous expliquer que le pauvre Rémi bataillait pour une société plus vivrensemblesque, plus douce et plus câline, avec une agriculture plus gentille avec les vers de terre (qui se tortillent de bonheur) et les oiseaux (qui chantent de plaisir). Mais, mon pauvre Edgar, le vivrensemble, c’est devenu la tarte à la crême de tous ceux qui veulent vivre de l’argent des autres, écolos compris ! C’est maintenant l’alpha et l’oméga de la politique locale de terrain proche des gens qui tisse du lien social au kilomètre carré. S’il y a bien quelque chose que tous les gouvernements s’emploient à respecter, c’est ce vivrensemble qui s’en est même institutionnalisé !
le vivrensemble et sa règlementation
Dans le brouet confus du pauvre Edgar, un seul constat surnage qui touche du doigt la vérité : l’État est une machine énorme, qui broie sans sourciller de l’individu. Eh oui. Pour le coup, le Morin ne se trompe pas trop, et si le triste sort de Rémi Fraisse doit rappeler une chose, c’est bien cela : ne perdez jamais de vue que l’État, même lorsqu’il est au service du Camp du Bien Socialiste Bisou, devient de plus en plus violent à mesure que sa légitimité devient plus faible.
Et surtout, ne perdez jamais de vue que ce sont ceux qui, régulièrement, réclament plus d’intervention de l’État pour lutter contre la méchante corruption, le vilain capitalisme et les hordes abominables d’ultralibéraux, qui se retrouvent en première ligne lorsque cet État, devenu progressivement bien plus gros, vient pour leur péter la gueule.
more government

Au panthéon des comiques

   Nous avons une très grande chance en France : les hommes politiques y sont drôles. Depuis longtemps le Président est connu pour ses petites blagues. Brice Hortefeux vient de le rejoindre au panthéon des comiques. Lui pratique plutôt l’humour à l’anglaise, pince sans rire, tout en distanciation. Il assure que Sarkozy a une règle : « ne pas s’en prendre aux autres ». On savait pourtant que l’ancien chef de l’Etat avait la dent dure, le jugement rapide et le sens de la formule. Il est vrai qu’Hortefeux, prudent et aguerri, précise que cette profession de foi vaut pour la campagne interne à l’UMP. Fort bien sauf que cet engagement est quelque peu absurde : si l’on ne s’en prend pas aux autres, à qui donc s’en prendre ? A soi-même ? Allons, il y a des limites au masochisme.

Découverte en Grèce d’un fossile du plus grand serpent venimeux ayant jamais existé

Une balade il y a 4 millions d'années dans les prairies de ce qui est aujourd'hui la Grèce aurait peut-être été la plus mauvaise et la plus dangereuse des idées : là, caché dans la végétation, rampait le plus grand serpent venimeux ayant jamais existé.
Le Laophis crotaloides, c'est son nom, mesurait en effet entre 3 et 4 mètres de long et pesait la bagatelle de 26 kilogrammes. Rappelons que le plus long serpent venimeux actuel, le cobra royal (Ophiophagus Hannah), peut certes mesurer jusqu'a 5,5 m, mais son poids normal, situé entre 6,8 et 9 kilogrammes l'aurait fait paraitre bien maigrichon face au Laophis. Ce qui rend le Laophis encore plus étrange était qu'il ne vivait pas sous les tropiques, où la plupart des grands reptiles se trouvent aujourd'hui, mais dans des prairies tempérées où les hivers étaient frais. « Nous avons quelque chose qui, en fonction de son placement latitudinal et de la reconstruction du climat, est proprement démesuré », a ainsi dit Benjamin Kear, chercheur et paléo-biologiste à l'université d'Uppsala en Suède.
L'histoire de cette énorme vipère commence en 1857, quand le paléontologue Sir Richard Owen -celui qui a inventé le mot « dinosaure »- a décrit 13 vertèbres fossilisées de serpent trouvées près de Salonique, en Grèce. Owen a appelé ce spécimen Laophis crotaloides et l'a signalé comme étant la plus grande vipère ayant jamais existé dans le Quarterly Journal of The Geological Society
Mais les 13 vertèbres originales ont été perdues, et personne n'avait jamais retrouvé aucun autre fossile pour soutenir la découverte du scientifique britannique. Jusqu'à ce qu'une seule nouvelle vertèbre, à peine longue de 3 cm, ait été trouvée près de Salonique, confirmant l'existence de l'énorme vipère d'Owen. Cependant, le nœud du problème ne vient pas seulement de la taille record de l'animal, mais pourquoi un tel monstre se trouvait en Europe tempérée. Il y a environ 4 millions d'ans, le climat se refroidissait, et les écosystèmes modernes de prairie commençaient à émerger, a précisé M. Kear. Les résultats ont été présentés par Georgios Georgalis, étudiant en troisième cycle et chercheur, à l'Université Aristote de Salonique le 6 novembre lors de la réunion de 2014 de la société de paléontologie des vertébrés à Berlin. 

La Mentalité anticapitaliste

Dans cet essai de 1956, Mises entend démonter un à un les arguments des anticapitalistes et analyser les ressorts de la pensée anticapitaliste.

Ludwig von Mises, La Mentalité anticapitaliste, 1956. Édité par l’Institut Coppet, préface de Benoît Malbranque.
Ludwig von Mises, dans ce bref essai, rédigé en pleine guerre froide et alors que les partis communistes et travaillistes étaient au plus haut partout, constate un paradoxe évident : alors que les pays occidentaux prospèrent de plus en plus grâce au capitalisme, de nombreuses personnes, notamment des intellectuels, le haïssent ; de telle sorte que le mot même de « capitaliste » est une insulte dans la plupart des pays. Mises entend donc démonter un à un les arguments des anticapitalistes, et même analyser les ressorts de la pensée anticapitaliste. Son propos est cinglant, sans concession, et l’œuvre de vulgarisation à laquelle il se livre est d’une grande efficacité.
En premier lieu, Mises donne l’une des définitions les plus efficaces et limpides du capitalisme. Six idées simples permettent de le caractériser :
  • L’œuvre fondamentale du capitalisme, c’est la « déprolétarisation » de l’homme ordinaire, qui est progressivement sorti de la misère pour devenir bourgeois.
  • Cette déprolétarisation est universelle : il s’agit d’une ascension de la multitude. Et elle est irréversible.
  • Elle est basée sur l’avènement du consommateur souverain ; par une sorte de plébiscite de tous les jours, pour paraphraser Renan, le consommateur détermine qui sera riche et qui ne le sera pas ; le consommateur donne sa confiance, mais peut aussi la retirer immédiatement
  • Il est bien clair que l’accumulation des biens matériels ne rend pas en tant que telle les individus heureux ; dès que nos désirs sont satisfaits, d’autres apparaissent. La nature humaine est ainsi faite. Mais c’est précisément ce penchant même qui est vertueux : cet appétit, ce désir constant d’améliorer son sort, engendre l’amélioration économique.
  • Si l’humanité a accru son bien-être, c’est parce que l’accumulation du capital a été supérieure à la croissance de la population.
  • Enfin, il ressort de tout cela que le capitalisme est l’exact contraire de la société de statut. Alors que la richesse d’un aristocrate n’est pas issue du marché, ne peut être remise en cause par le peuple, et que la place de ce dernier est fixée à tout jamais, la richesse du capitaliste, elle, est due au peuple, et elle s’évapore instantanément si un autre individu lui apporte mieux ou moins cher ; n’importe qui peut défier à tout moment n’importe quel millionnaire.
La diabolisation du capitalisme trouve son fondement dans la frustration. Or, celle-ci est décuplée dans un régime capitaliste. En effet, alors que dans une société de caste, l’individu en bas de l’échelle n’y peut rien, car sa position n’est pas due à ce qu’il fait mais à ce qu’il est, et plus encore à là où il est né, dans une société capitaliste au contraire, sa situation ne dépend que de lui. Le capitalisme traite chacun selon sa contribution au bien-être de ses semblables. Et on trouvera toujours quelqu’un qui a mieux réussi que soi, ce qui est difficile à admettre. Par facilité, on peut avoir envie de trouver des boucs émissaires qui masquent cette réalité. Or en régime capitaliste, l’inégalité est visible (qu’il s’agisse de capacités physiques ou intellectuelles, de volonté, de réalisations…), et il faut apprendre à vivre avec.
Quatre acteurs au moins, selon Mises, refusent d’admettre cette frustration :
  • les intellectuels d’abord, qui exècrent les riches.
  • les cadres, qui ne comprennent pas qu’ils ne soient pas toujours mieux payés que les ouvriers. Ils refusent de voir que bien souvent leur travail est routinier et sans valeur ajoutée, du moins sans plus de valeur ajoutée qu’un travailleur manuel.
  • la jeunesse dorée des beaux quartiers, qui, venant de milieux aisés, méprise l’argent. C’est pourtant cet argent, gagné par leurs parents, qui les entretient et leur permet d’être des socialistes de salon.
  • les artistes, par exemple ceux de Broadway et d’Hollywood, qui refusent d’admettre d’une part que produire et se produire dans un spectacle n’est pas d’une nature économique différente de produire des brosses à dents, et d’autre part qu’ils peuvent très bien être au zénith un jour et plus rien le lendemain ; ils s’accrochent au communisme pour se prémunir contre ce risque.
Mises tord ensuite le cou à trois sophismes. En premier lieu, dit-il, on considère que l’amélioration matérielle est le fruit du « progrès technique ». Or ce concept flou n’explique rien. Comme s’il y avait une sorte de mantra, une pensée magique, qui attribuerait de manière automatique l’amélioration du bien-être matériel à la technologie. Comme le rappelle Mises, au contraire, aucune amélioration technique ne peut exister si le capital nécessaire n’a pas été préalablement accumulé par l’épargne. Et c’est la propriété privée de moyens de production qui permet cette accumulation.
Ensuite, ce même progrès ne provient pas non plus de l’amélioration de la « productivité » du travail. C’est confondre la cause et les conséquences d’un phénomène. Ce sont, au contraire, les épargnants et les entrepreneurs qui, en accumulant du capital productif, et en en accumulant plus que l’accroissement de la population, sont à l’origine réelle de l’accroissement de la productivité marginale du travail et de la baisse continue du prix des produits que nous achetons.
Enfin, Mises rappelle que personne n’est pauvre parce que d’autres sont riches. Les richesses du riche ne sont la cause de la pauvreté de personne. La richesse de certains ne vient que de leur capacité à satisfaire, et à mieux satisfaire que les autres, les besoins des individus.
La littérature est un vecteur majeur de la pensée anticapitaliste. Si, dans une société capitaliste, l’individu est libre, sa liberté de création n’entraîne pas nécessairement richesse. Pour qui veut s’enrichir par son écriture, il faut tenir compte de l’appréciation des consommateurs. Mais est-ce vraiment spécifique au capitalisme, ou même pire qu’auparavant ?
Pendant les temps précapitalistes, écrire est certes un art, mais qui ne rapporte rien. C’est précisément la création, progressive, au Moyen Âge, d’un marché des produits littéraires qui constitue une composante essentielle d’émancipation face à la royauté. De tout temps, la littérature est synonyme de dissidence.
Mises convient néanmoins tout à fait que les auteurs les plus prospères, nos Marc Lévy et Guillaume Musso d’hier comme d’aujourd’hui, sont ceux qui écrivent pour les masses, et pas nécessairement de la meilleure qualité. En effet, si le capitalisme a rendu les gens suffisamment prospères pour acheter des livres, il ne leur a pas donné le discernement pour autant.
Mises rappelle aussi que la liberté de la presse ne saurait exister que dans un régime capitaliste ; il est bien clair en effet que si l’État détient tous les pouvoirs, aucune critique n’est possible contre les syndicats, les partis, le gouvernement, l’État-providence… Or la critique, c’est l’essence même de la presse. Il évoque aussi le cas des « romans sociaux », de Zola à Olivier Adam, dans lesquels le mal est bourgeois et le bien prolétaire. Il est évidemment légitime de dépeindre la misère, et les plus grands (Dickens, Steinbeck, Hugo…) s’y sont livrés. Mais il convient de ne pas tomber dans de fausses interprétations : la misère, bien évidemment choquante, vient de l’absence de capitalisme, des vestiges précapitalistes, des politiques sabotant le capitalisme, pas du capitalisme lui-même. Il ne faut jamais oublier qu’un prolétaire, quel qu’il soit, c’est aussi un consommateur (de biens, de nourritures, de matières premières), et par conséquent le maître acteur, pour ne pas dire le metteur en scène, du capitalisme.
Mises conclut son opuscule en répondant à cinq objections non économiques au capitalisme.
On dit que l’argent ne fait pas le bonheur. C’est vrai. Mais si les gens travaillent, épargnent, investissent, consomment, c’est pour éliminer un malaise ressenti, et donc être plus heureux qu’auparavant. On ne saurait le nier.
Ensuite, on rabaisse souvent le capitalisme au seul matérialisme, et les intellectuels, en particulier, se disent, eux, au-dessus de ces basses considérations. Après avoir rappelé que cette posture est ambiguë, qu’elle idéalise les artistes du passé à la hauteur de l’ignorance des contemporains, Mises ajoute que le matérialisme n’est en rien l’apanage des temps capitalistes ; aucun riche, même très riche, capitaliste, ne l’est autant que les rois et les princes qui ont fait construire Versailles ou l’Escurial.
Le capitalisme n’est pas injuste ; on peut passer sa vie à rêver d’un monde imaginaire. Mieux vaut regarder le monde tel qu’il est. Et lorsqu’on se livre à cet exercice, on observe :
  • que la nature n’offre pas tout, elle n’est pas généreuse mais avare. La survie et le bien-être sont la conséquence du talent et de l’effort par lequel l’homme use de sa raison, sa seule arme.
  • les pays pauvres le sont non pas parce que les riches les exploiteraient, mais parce que leurs politiques d’expropriation, de taxation discriminatoire, de contrôle des changes, ont à la fois écarté les investissements de capitaux étrangers, et empêché l’accumulation des capitaux nationaux.
  • l’épargne est indispensable, non seulement parce qu’elle permet d’investir, mais aussi parce que les biens en capital sont toujours des biens intermédiaires et périssables. Tôt ou tard en effet, ils seront totalement usés par le processus de production. Il faut donc nécessairement consacrer une part de l’effort productif au renouvellement des biens du capital.
  • le capital n’est donc pas un don gratuit qui tombe du ciel. Il vient de la réduction prévoyante par les individus de leur consommation, donc de leur épargne, et de leur abstention de consommer celle-ci pour renouveler le capital et le développer.
  • le capitalisme est d’autant moins injuste qu’il engendre une hausse tendancielle des salaires. Laquelle ne dépend pas du tout de la productivité individuelle de chaque travailleur, indiscernable, mais de la productivité marginale du travail, autrement dit du fait que l’accumulation du capital est supérieure au taux d’accroissement de la population.
    Enfin, Mises insiste sur le fait qu’adopter une constitution, rédiger une « déclaration des droits », ne suffisent pas à instaurer un régime de liberté. Il faut en plus une économie de marché, une économie capitaliste. Seule l’économie de marché nous rend libres de la manière dont on veut servir nos semblables ; seule l’économie de marché nous permet de contester les intérêts de n’importe qui ; seule l’économie de marché nous rend libre de changer de travail si on le souhaite.
Chacun de nous, parce que nous sommes tous acheteurs et consommateurs, faisons partie de la Cour suprême qui attribue à tous (et donc y compris nous-mêmes) une place donnée dans la société. La liberté en régime capitaliste, c’est donc ne pas dépendre davantage de l’arbitraire des autres que les autres ne dépendent du nôtre. L’Orient, qui a pourtant produit dans le passé tant de savants, de philosophes, d’œuvres fabuleuses, est resté depuis bien longtemps maintenant à l’écart du progrès mondial. Pourquoi ? Parce qu’il lui manque, de l’Asie au Proche-Orient, cette idée fondamentale qui est au cœur du capitalisme : l’idée de liberté de l’individu face à l’État.

Des héros et un zéro pointé pour la promotion du tourisme grec

Une image des peu glorieux JO de 1936 à Berlin s'est glissée dans le défilé des dieux et des héros antiques chargés de promouvoir la Grèce dans le nouveau clip vidéo de son Office de tourisme, qui s'en est excusé.

Après avoir présenté des excuses, l'institution a toutefois accusé les JO de Londres d'avoir commis la même bévue.
Les commentaires sur cette superproduction intitulée Visitez la Grèce, des dieux, des mythes, des héros, présentée cette semaine, avaient d'abord raillé le scénario et l'esthétique dépassés de ce petit film de onze minutes.
Jusqu'à ce que les réseaux sociaux mettent le doigt sur l'autre maladresse du clip: l'utilisation d'un plan d'un film de Leni Riefenstahl, l'une des cinéastes favorites d'Hitler, tourné pendant les JO de Berlin de 1936 utilisés à des fins de propagande politique par le Führer.
Confus, l'Office du tourisme grec (EOT), qui a diffusé la première de ce clip cette semaine pendant le salon du tourisme WTM à Londres, a immédiatement retiré ce plan et présenté ses excuses alors que le quotidien britannique The Guardian se faisait l'écho de cette erreur grossière vendredi.
Dans un communiqué vendredi, l'EOT a cependant renvoyé la balle aux Britanniques expliquant que «le contenu relatif à l'allumage de la flamme provient d'une vidéo officielle des Jeux olympiques de Londres 2012».
Cette image des JO de 1936 figure également sur le site internet du Comité olympique international (CIO), se défend aussi l'EOT.
Le tourisme est plus que jamais le secteur clef de l'économie grecque convalescente après six années de récession auxquelles devrait succéder une faible croissance en 2014 avant une reprise plus nette en 2015.
Avec plus de 20 millions de visiteurs estimés cette année, le secteur a de nouveau battu un record cette saison et contribue en revenus directs et indirects à 20% du PIB national, selon l'organisme des professionnels grecs du tourisme.
Les aéroports du pays ont également enregistré un record de fréquentation pendant les dix premiers mois de l'année avec un nombre de passagers en hausse de 16%, selon des chiffres communiqués vendredi.

Led Zeppelin a-t-il joué pour quelques dizaines de personnes à peine le soir de l'investiture de Nixon?

C'est un gymnase comme il y en a probablement des centaines aux Etats-Unis, avec son parquet de bois beige, ses panneaux de basket et sa scène dissimulée par un rideau. Au fil des années, le Wheaton Youth Center, un centre de loisirs du Maryland aujourd'hui menacé de destruction, a accueilli les gamins du coin venus faire du patin à roulettes ou enchaîner les lancers-francs, mais aussi de nombreux groupes de rock: Alice Cooper, Dr. John, Rod Stewart, les Stooges... Le 20 janvier 1969, par une soirée froide et pluvieuse, les musiciens étaient positionnés en losange, directement sur le parquet: Robert Plant devant, John Paul Jones à gauche à la basse, Jimmy Page à droite à la guitare et John Bonham derrière aux fûts. Led Zeppelin jouait, devant quelques dizaines de spectateurs payants, le plus petit concert de son histoire. Vous pouvez maintenant passer le paragraphe qui précède entièrement au conditionnel passé: on ne sait pas si ce concert, mythique par sa petite taille, a jamais eu lieu. Si, en 2003, Richard Harrington, le critique musical du Washington Post, écrivait de manière affirmative que «l'audience se composait de 50 adolescents stupéfaits qui ne savaient rien d'un groupe dont le premier album était sorti une semaine plus tôt», Mark Opsasnick, un historien local qui a été un des premiers à faire état de la rumeur dans un livre publié en 1996, affirme qu'il n'a jamais pu l'étayer d'une preuve matérielle. Si le concert est mentionné sur le principal site consacré au groupe, c'est sous l'intitulé «rumeur non confirmée», tandis que le site de Jimmy Page, lui, le liste sans ce bémol. Là où le romancier François Bon, dans sa biographie, le grave dans le marbre, l'auteur d'un autre livre sur le groupe, George Case, écrit qu'il n'a jamais eu lieu. Puis résume, en quelques lignes, la difficulté de dresser une liste définitive de ses prestations: «Certains concerts ont fait l'objet d'une promotion mais n'ont jamais eu lieu, d'autres ont eu lieu sans jamais être promus, plusieurs ont été annulés.» Un livre sur Led Zeppelin mentionnant le concert du 20 janvier 1969 (en le situant par erreur dans un autre Wheaton, dans l'Illinois). Auteur, dans les années 1980, d'un court métrage documentaire culte sur les fans de Judas Priest, Heavy Metal Parking Lot, le réalisateur américain Jeff Krulik a passé cinq ans sur ce mystère. Tourné quasiment en solo et pour un budget modique, son documentaire Led Zeppelin Played Here, qui a déjà fait l'objet de plusieurs projections américaines et que nous avons pu visionner, connaît sa première européenne, ce mois-ci, au Festival international du film de Leeds. Un «travail de détective» Le 26 décembre 1968, Led Zeppelin joue son premier concert américain en première partie de Vanilla Fudge à Denver, dans le Colorado. Le groupe, qui n'existe que depuis six mois (et depuis moins longtemps encore sous ce nom, qui a succédé à celui de New Yardbirds), a remplacé au pied levé le Jeff Beck Group, qui a annulé sa tournée. Son manager, Peter Grant, a obtenu un cachet de 1.500 dollars la soirée et fait dormir les quatre musiciens dans des chambres partagées. Après Denver, Led Zeppelin passe par une dizaine de villes, donnant notamment quatre concerts au mythique Whisky A Go-Go de Los Angeles. Le 19 janvier, il joue dans le Michigan. Le 21, en Pennsylvanie. Prétendument booké à la dernière minute par Barry Richards, animateur sur la radio locale WHMC, le concert du 20 à Wheaton se serait glissé entre les deux. Et c'est là que l'archiviste tombe dans l'éventail des souvenirs contradictoires... Ensuite, c'est déjà presque une routine: avion pour Iowa City, accueil sur le campus, puis Detroit [...] puis Wheaton (Maryland) et Pittsburgh.» François Bon dans Rock'n'Roll: Un portrait de Led Zeppelin A l'été 1969, un jeune reporter du Washington Post du nom, pas encore légendaire, de Carl Bernstein assassinait un autre concert (avéré, lui) de Led Zeppelin, jugé «déplaisant» et «ennuyeux». Quand on lit les témoignages de l'époque, on se dit qu'une Gorge profonde ne serait pas de trop pour confirmer l'existence de la soirée de Wheaton. «Quand Led Zeppelin est venu aux Etats-Unis, ils jouaient n'importe où ils pouvaient dès qu'ils avaient un soir de libre», nous explique Jeff Krulik, qui raconte avoir mené un «travail de détective» fonctionnant par «effet boule de neige» entre les sources. L'appel à témoins lancé par Jeff Krulik en 2009. En 2009, le documentariste a lancé un appel à témoins du concert dans le Washington Post, avant d'organiser une réunion d'anciens combattants dans le gymnase. «On entrait. Ils étaient en train de s'installer. Et d'un coup, bim, Good Times Bad Times, et wooah!», se souvenait un des témoins, tandis qu'un autre se rappelait seulement «que c'était bruyant et qu'il ne comprenait pas ce que c'était au juste». Mais une ancienne élève du coin, qui consignait tous ces souvenirs de concerts dans un cahier, lâchait elle: «Si Led Zeppelin a joué ici, je ne m'en souviens pas.» Jimmy Page lui-même, cuisiné sur le sujet de manière clandestine par Krulik (le journaliste a profité de son travail sur une émission show-biz pour lui poser la question), n'a pas souvenir du concert. Peut-on lui en vouloir quand on se souvient du dicton: «Si vous vous rappelez des années 60, c'est que vous n'y étiez pas?» Un article de 1971 mentionnant le concert de Wheaton. (Capture d'écran extraite de Led Zeppelin Played Here). «Je pense que la preuve la plus probable serait quelque chose écrit par quelqu'un dans son journal intime ou une chronique dans un journal de lycée, mais je ne retiendrai pas ma respiration en attendant», explique Krulik. Son film décrit bien, en creux, la façon dont chaque fan de rock se construit une mémoire: il est rempli de ce que la langue anglaise appelle joliment memorabilia, ces traces matérielles (posters, flyers, billets) des souvenirs musicaux de l'époque. Mais aucune n'atteste directement du concert du 20 janvier 1969: ce qui s'en rapproche le plus est un article de 1971 qui le mentionne, autant dire déjà une source de seconde main. Aujourd'hui, un tel micro-évènement serait sans doute abondamment tweeté, facebooké, capturé: «Tout le monde a un appareil photo, tout le monde immortalise tout.» Le groupe n'était pas totalement inconnu Si ce concert a été quasi-effacé de l'histoire, même locale, est-ce parce que celle-ci était déjà occupée ce jour-là? Le 20 janvier 1969, Richard Nixon, vainqueur six semaines plus tôt du démocrate Hubert Humphrey, prête serment comme 37e président des Etats-Unis devant le Capitole, à une quarantaine de kilomètres à peine. Symboliquement, deux mandats plus tard, Led Zeppelin sera devenu si populaire qu'aussi bien Jimmy Carter que Susan Ford, la fille du président sortant, feront de leur amour pour ses disques un argument électoral lors de la présidentielle 1976... L'investiture de Richard Nixon, le 20 janvier 1969 (National Archives). L'anecdote offre un saisissant raccourci du passage de Led Zeppelin de groupe prometteur à légende, et une justification commode de l'absence quasi-totale de public à Wheaton le 20 janvier: tout le monde devait être devant sa télé, ou en train de manifester... La thèse du groupe débutant aux Etats-Unis et qui joue devant un public qui ne le connaît pas est tentante: Led Zeppelin n'a alors sorti son premier album que huit jours plus tôt, n'est pas le mastodonte aux centaines de millions d'albums vendus et n'a pas battu les Beatles pour le record du plus gros concert. On n'appose pas encore de pancartes «No Stairway» dans les magasins de guitares. Après tout, quand elle présentait le groupe en novembre 1968, la bible américaine du disque Billboard n'orthographiait-elle pas constamment le nom de son leader «Jimmy Paige»? Un article du magazine Billboard sur Led Zeppelin, en date du 30 novembre 1968. Signé par Atlantic Records pour une somme évaluée à 200.000 dollars, le groupe vole pourtant déjà la vedette, lors de cette première tournée, à ceux dont il doit assurer la première partie. Et arrive aux Etats-Unis sur un terrain bien labouré, comme l'explique Jimmy Page dans son livre d'entretiens avec le journaliste Brad Tolinski, qui vient de sortir en français: «J’avais plus de fans aux Etats-Unis. Les Yardbirds étaient très populaires là-bas. […] Il y avait […] naturellement plus d’endroits où jouer et davantage d’opportunités pour le groupe, à tous les niveaux. [...] Quand on est arrivé aux Etats-Unis, les gens connaissaient déjà notre premier album, ce qui a rendu les choses plus faciles.» Ce que confirme dans le même ouvrage John Paul Jones dans un témoignage qui, paradoxalement, décrit un groupe déjà réputé mais prêt à improviser –ce qui n'exclut donc pas totalement la possibilité d'un concert à l'arraché dans un gymnase: «On a commencé à y tourner –non stop. Et la radio américaine, qui était très différente de la radio anglaise, nous a permis de nous infiltrer très vite dans le pays. Les stations FM commençaient tout juste à attirer l’attention aux Etats-Unis, et elles ont vraiment soutenu le groupe. Nous, en retour, on a soufflé sur les braises en nous rendant dans chaque hangar, chaque cabane, chaque poulailler qui avait une antenne FM.» Une étape dans le gigantisme rock Mais si le jour et l'année de ce concert invisible sont si importants, ce n'est pas à cause de Nixon, ni des traumas culturels qui scandèrent 1969, des meurtres de la «famille» Manson au drame d'Altamont. C'est le fait que cette année marqua est une étape décisive dans l'avènement des festivals de rock, Woodstock en tête –Led Zeppelin n'y joua pas, mais participa en revanche à plusieurs manifestations de ce genre, dont une à Laurel, à vingt kilomètres de Wheaton, en juillet. Derrière les premiers pas américains de Led Zeppelin et l'histoire de ce concert fantôme se cachent donc l'avènement en germe d'une industrie gigantesque. De cette première tournée américaine, Jimmy Page explique qu'«il n’y avait pas de bus de tournées, alors on louait des voitures et on prenait des vols commerciaux»: une poignée d'années plus tard, Led Zeppelin sera devenu un groupe de stade donnant des concerts de trois heures pour 100.000 dollars et voyageant à bord d’un jet à son effigie, le Starship. Des messies débarquant du ciel pour les masses et suscitant donc des récits légendaires, qu'importe, finalement, leur véracité. D'ailleurs, si le film de Jeff Krulik a pu être comparé à un Rashomon rock, tout en témoignages contradictoires, c'est à un autre classique que pensera celui qui a envie de croire à l'existence de l'impromptu de Wheaton. «Quand l'histoire a été dépassée par la légende, imprimez la légende»: ce film pourrait s'appeler L'Homme qui aurait vu Led Zeppelin.

Le socialisme va-t-il dans le sens de l’histoire ?

Réévaluons la place du socialisme dans l’histoire humaine !

Le socialisme va-t-il dans le sens de l’histoire ? La question peut s’interpréter dans deux sens. Et cela dépend des tendances de fond que l’on prend en compte au cours de l’histoire des civilisations humaines. Je tâcherai de développer les deux pour faciliter l’entendement d’une question qui n’est pas des plus simples.
Je présuppose que l’on peut considérer la démocratie comme un retour en arrière par rapport à la monarchie absolue. Ce postulat est purement conceptuel mais fait apparaître de possibles conclusions assez intéressantes. L’on peut alors dire que puisque la représentativité implique dans une certaine mesure un retour à un lien contractuel entre administrateurs et administrés, ce système politique est celui qui se rapproche le plus du féodalisme, comparé à un idéal absolutiste. Comment envisager le socialisme à partir du paradigme énoncé ci-dessus ? Le découpage que j’ai fait apparaître pousse à effectuer un découpage historique qui peut se résumer en trois grandes périodes pour l’Occident chrétien.
  • Le féodalisme aristocratique : du Ve siècle au XVIe
  • L’absolutisme royal du XVIe au XVIII ou mi XIXe selon les pays
  • Le féodalisme socialiste de la fin XVIII ou mi XIXe à nos jours
Vu son importance chronologique, la période caractérisée par l’absolutisme royal peut apparaître comme une parenthèse dans l’histoire des structures socio-politiques occidentales. Quelques ponts peuvent alors être jetés entre les deux systèmes de type féodal, qui présentent des similarités étonnantes, et même des perfectionnements sur certains aspects. Le féodalisme aristocratique repose sur un contrat social matériel et symbolique entre un suzerain et son vassal. Les prémices de constructivisme se font par l’intermédiaire de l’institution religieuse, fortement liée à l’aristocratie et consacrée à la promotion d’un mode de vie qui s’épanouit dans une vision dualiste Bien/Mal, ce qui constitue une forme de planisme. Le féodalisme socialiste reprend l’idée d’un contrat social, bien qu’il fasse disparaître la plus grande partie de l’existence matérielle de celui-ci, ce qui rend d’ailleurs l’emprise de la minorité plus forte sur la majorité. Je vois dans le féodalisme aristocratique les germes du planisme et du constructivisme, que le féodalisme socialiste va exacerber par la suite. La différence institutionnelle principale apparaît alors comme le passage de l’Église à l’État comme outil de coercition servant à implémenter ce constructivisme.
En ce sens, le socialisme est pro-historique : il va donc dans le sens de l’histoire. Mon postulat de départ ne remet donc pas en cause le schéma linéaire marxiste. L’on assiste en effet à une tendance au renforcement du pouvoir d’une minorité sur la majorité. Cela n’est pas choquant, étant donné que le socialisme puise ses sources dans une forme de scientisme. La négation de l’individu atteint son paroxysme avecAuguste Comte, qui parlait de « L’éternelle maladie occidentale : la révolte de l’individu contre l’espèce ». La représentativité et la centralisation ont beaucoup joué dans l’effacement du lien direct entre gouvernants et gouvernés, ce qui met en exergue le caractère extrêmement aristocratique des systèmes collectivistes, favorisés par l’extension de systèmes représentatifs. L’on considère ainsi différemment les prolongements de toute l’idéologie de Rousseau, qui n’accorde pas une place prépondérante à la liberté de penser d’autrui. C’est ce qui fait apparaître la grande illusion du socialisme, c’est à dire la croyance qu’il est attaché à l’affirmation de l’individu. L’intérêt du groupe est toujours capté et détourné par une minorité qui s’approprie grâce à la dialectique le monopole de l’intérêt général.
Mais l’on peut également considérer l’histoire de la civilisation occidentale d’une manière plus philosophique et moins politique. L’on peut voir l’histoire de l’Occident comme une grande tendance à l’affirmation de l’individu. C’est ce que met Hayek en avant dans la Route de la Servitude. Il remonte jusqu’à Thucydide pour expliquer une tendance à l’individualisation des sociétés. À nouveau, le découpage peut être discuté. Certains voient plutôt l’impulsion initiale de ce moteur avec l’apparition de la Chrétienté qui la première voit l’individu en tant que créature unique de Dieu. Pour la première fois, le « je » se dissocie formellement du « nous ». L’ensemble de l’histoire des sociétés humaines occidentales peut se voir comme une lutte de l’individu contre le collectivisme. Lorsque le collectivisme, qui implique de manière inévitable la coercition, atteint un point de non-retour, se produisent des révolutions axées sur l’affirmation de la primauté de l’individu sur le groupe. C’est le cas de la révolution humaniste et de la révolution française en 1789. La raison principale étant que les sociétés maintiennent un degré acceptable de vivre-ensemble tant que la collectivité (qui n’est toujours qu’une minorité je le répète) perturbe avec trop d’insistance l’utilisation spontanée des forces sociales à des fins non planifiées par le planificateur.
Les carcans rigides ayant poussé les peuples occidentaux à la révolution sont conservateurs par nature. Dans cette perspective, le socialisme est un conservatisme. Comme progressisme et conservatisme sont hiérarchisés dans la valeur morale qu’on a attribués à ces termes, le conservatisme apparaît comme un frein à l’affirmation de l’individu. Le postulat que j’ai formulé amène à considérer le collectivisme comme un conservatisme, et par conséquent le socialisme comme un conservatisme puisqu’il puise ses sources dans le collectivisme. L’on peut alors aussi voir le socialisme comme un mouvement antihistorique en ce qu’il freine l’affirmation de l’individu tout en revendiquant le fait d’être une force de progrès. Si j’approche le sujet des avantages socio-économiques dans une perspective historiciste, ce qui est plutôt rare pour un libéral, je peux aisément affirmer que ceux-ci ne sont qu’une résultante du niveau technologique d’une société à un moment donné de son développement. Concernant la question des avantages sociaux, l’on pourrait alors donner la définition suivante du socialisme : le socialisme est une idéologie revendiquant la paternité d’avantages sociaux engendrés par le système de production qu’elle exècre.
J’espère que la virulence de certaines des idées exprimées ne fera pas oublier au lecteur que l’ensemble des conclusions que j’ai tirées ici découlent des postulats que j’ai posés au début de chacun de mes deux développements principaux, qu’il faut les considérer ainsi et n’en point faire des généralités abusives !

De drôles de « zèbres »

Hollande « capitaine de pédalo ». On se souvient de cette formule de Mélenchon, lui-même capitaine d'un tandem PG\PCF qu'il a conduit directement dans le mur électoral. Mélenchon, celui qui pleurniche sur son score européen au lendemain de la fessée administrée par Marine Le Pen, reprochait, en 2011, sur BFMTV à la candidate à la présidentielle, d'« avancer comme un camion » et faisait don de sa personne pour faire rempart. Le camion lui est passé dessus, scrutin après scrutin, en poursuivant sa course folle vers 2017…
Nos drôles de zèbres de la politique ont de la suite dans les idées courtes. Sarkozy trouve qu'elle fait « hommasse » avec des allures de « déménageur ». Selon nos confrères du Parisien (dans Ça reste entre nous, hein ?), il revendique pour lui-même le port des rayures (« On ne change pas les rayures d'un zèbre », dit-il à son propos). L'inconvénient des zébrures, c'est que lorsqu'on s'agite, elles produisent un scintillement fatigant (à l'image des présentateurs de JT en costard zébré).
Face aux sondages déprimants, Hollande retrouve un peu la frite du côté de chez Parmentier. Sarkozy lui en fait le grief. L'« ex » préfère les pizzas qu'il n'hésitait pas à aller chercher à bicyclette, en 2009, du côté du Cap Nègre.
« Ach ! Kolossale finesse ces Franzosen ! », doit se dire Angela. Peuple indiscipliné, politiciens si… cartésiens. Elle doit avoir du mal à discerner de la grandeur dans le coq gaulois poussant de vains cocoricos, les ergots dans sa fiente.