TOUT EST DIT

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vendredi 26 avril 2013

Blaise Cendrars: ses "mythobiographies" en Pléiade


Les "Oeuvres autobiographiques complètes" de Blaise Cendrars sont publiées le 15 mai dans la Pléiade (Gallimard), plus de 50 ans après la mort du poète bourlingueur, qui se moquait de l'exactitude des faits et des dates.
Né Frédéric Sauser, Blaise Cendrars (1887-1961), écrivain français d'origine suisse, n'a eu de cesse de récréer le réel: "je me suis
fabriqué une vie d'où est sorti mon nom", disait ce poète, bâtisseur de sa propre légende. Créer sa légende était d'ailleurs, selon Cendrars, l'"un des traits les plus caractéristiques du génie"...
"Voir paraître ses +Oeuvres autobiographiques complètes+ l'aurait sans doute surpris, relève Claude Leroy en préambule. C'est un choix éditorial".
Lors de sa parution en 1929, "Une nuit dans la forêt" était sous-titré "premier fragment d'une autobiographie". Trois ans plus tard, il évoquait pour la première fois ses souvenirs d'enfance dans "Vol à voile" et prévoyait une suite, perdue ou non écrite.
Le premier tome s'organise autour des quatre grands livres publiés entre 1945 et 1949: "L'Homme foudroyé", "La Main coupée" (engagé en 1914 comme volontaire étranger, il avait été blessé et amputé du bras droit), "Bourlinguer" et "Le Lotissement du ciel".
Cette tétralogie est précédée de "Sous le signe de François Villon", recueil inédit en tant que tel. Elle est suivie du dernier texte personnel de Cendrars, "J'ai vu mourir Fernand Léger", témoignage sur les derniers jours du peintre qui avait illustré "J'ai tué en 1918".
Dans le tome II sont rassemblés les "Ecrits de jeunesse" (1911-1912) au fil desquels Freddy Sauser renaît tel un phénix en Blaise Cendrars. Enfin, des "Entretiens et propos rapportés" dessinent un autoportrait parlé.
Un album, composé par Laurence Campa, suit en images l'itinéraire de Cendrars.
("Blaise Cendrars. Oeuvres autobiographiques complètes. Tomes I et II". La Pléiade. 60 euros chacun, 52,50 euros jusqu'au 31 août)

Chirac "n'a plus la mémoire"

Jacques Chirac n'a "plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences" de son procès qui s'ouvre lundi, ont annoncé samedi les avocats de l'ancien chef de l'Etat dans un communiqué, confirmant une information du Monde. L'ancien président de la République a demandé au tribunal que ses conseils "puissent le représenter".


Le rapport médical a été transmis vendredi au tribunal correctionnel de Paris. A l'intérieur, le professeur Olivier Lyon-Caen, chef du service de neurologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, explique que l'ancien président de la République - dont le procès s'ouvre lundi - n'est pas en mesure de "répondre aux questions sur son passé", à cause de son "état de vulnérabilité", indique Le Monde daté de samedi. En janvier dernier, le JDD avait évoqué les problèmes de santé de Jacques Chirac. Un proche confiait alors que Bernadette Chirac avait prononcé le mot d'Alzheimer. Une information qui avait provoqué à l'époque un tollé dans la classe politique et entraîné un démenti de la femme de l'ancien président.
Samedi, les avocats de Jacques Chirac a confirmé les informations publiées dans Le Monde. Il n'a "plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences", écrivent-ils dans un communiqué. Avant d'ajouter que l'ancien chef de l'Etat, qui aura 79 ans en novembre, leur a demandé à la justice que ses avocats "puissent le représenter", afin qu'ils "portent sa voix durant les audiences".
Le roi fainéant, devenu UBU roi
Jacques Chirac explique lui-même cette situation, dans une lettre qui accompagne le rapport. S'il reconnaît ne plus disposer de sa "pleine capacité", l'ancien président français exprime toutefois "son souhait de voir le procès aller à son terme et sa volonté d'assumer ses responsabilités", précisent les avocats. Selon eux, Jacques Chirac "rappelle son attachement à un des principes qui fonde notre pacte républicain et qui veut que tous les Français soient égaux face à la justice. La semaine dernière, Claude Chiracassurait au JDD que son père avait "toujours répondu aux convocations de la justice". "Sa volonté est que le procès se tienne et que la justice aille à son terme", ajoutait-elle. Les avocats terminent le communiqué indiquant qu'il "appartiendra au tribunal de se déterminer".

"C'est très douloureux pour sa famille"

"Son état de santé s'est dégradé depuis quelques mois, c'est vrai, et dans ces conditions, sa présence au procès ne peut pas avoir lieu dans des conditions humaines et de dignité", explique le gendre de Jacques Chirac, Frédéric Salat-Baroux, dans un entretien à l'AFP. Il ajoute que l'ancien président "n'a plus la mémoire" pour assister à son procès. "C'est très douloureux pour sa famille", poursuit le mari de Claude Chirac, qui insiste sur la dimension "très personnelle voire intime" de ce sujet pour tous les proches de Jacques Chirac. Mais l'ancien secrétaire général de la présidence confirme le fait que Jacques Chirac souhaite que le procès aille à son terme. "N'importe quel justiciable aurait pu demander que le débat s'arrête", mais lui "ne le veut en aucun cas". "Si le procès s'arrêtait, les Français penseraient qu'il y a deux justices, l'une pour les puissants, l'autre pour les faibles", poursuit Frédéric Salat-Baroux.
Reporté en mars pour des questions de procédure, le procès de Jacques Chirac doit débuter lundi. Il doit être jugé, avec neuf autres prévenus, jusqu'au 23 septembre par le tribunal correctionnel de Paris dans deux affaires d'emplois présumés fictifs à la mairie de Paris, qui ont été instruites à Nanterre et Paris. L'un de ses avocats, Jean Veil, avait affirmé le 29 août que son client ne viendrait pas à l'audience de lundi, consacrée à des questions de procédure, ajoutant qu'il serait là mardi. Désormais, il appartient au président de la 11e chambre du tribunal, Dominique Pauthe, de la suite à donner à cette affaire. Plusieurs hypothèses s'offrent à lui : accepter que Jacques Chirac soit représenté par ses conseils, décider de reporter sine die le procès ou demander une contre expertise médicale.
CHIRAC N'A JAMAIS RIEN FAIT POUR LA FRANCE, CE ROI FAINÉANT A PRÉPARÉ LE LIT DE LA GAUCHE....
SALAUD !

Premier pas

Premier pas


Par un curieux glissement sémantique dont la communication politique et l’époque ont le secret, la trahison d’un ministre a donc accouché d’un projet de loi, rédigé en urgence, sur la transparence. A priori, le rapport n’est pas de première évidence puisqu’on voit mal en quoi le fait d’avoir publié son patrimoine aurait empêché Jérôme Cahuzac de mentir et de dissimuler ses revenus au fisc, mais admettons.
Dans une aussi vieille démocratie que la nôtre, l’opacité est un archaïsme qui n’a plus sa place. Et toute initiative visant à rendre un peu plus transparente la vie politique et publique est bonne à prendre. Même si on peut en l’espèce regretter la modestie de l’ambition. On n’est d’ailleurs pas obligé de se pâmer à l’énoncé des termes « moralisation » et « tournant pour les institutions » destinés avant tout à éteindre l’incendie allumé il y a trois semaines.
Quant à véritablement réformer la vie publique, c’est encore autre chose. Il faudra plus que cette loi, nécessaire certes mais largement insuffisante, pour changer de paradigme. Elle ne peut et ne doit être que le premier mouvement, l’acte fondateur d’une action plus profonde. Sauf à rejoindre au cimetière des espoirs déçus les rapports Sauvé et Jospin, pour ne citer que les deux dernières d’une longue liste de bonnes intentions.
Pour moraliser des pratiques d’un autre temps, il faudra aller bien plus loin. Ne plus se contenter de vérifier le patrimoine des élus, mais contrôler leurs revenus et ceux de leurs conjoints, seule façon de débusquer l’enrichissement sans cause.
Il faudra aussi traquer les conflits d’intérêts, en finir avec les paradis fiscaux qu’aucun État au fond ne veut voir disparaître, mettre en place une véritable politique de coopération européenne et, surtout, donner les moyens à un réel et démocratique organe de contrôle de travailler sans pression ni freins.
Le chemin est encore long, mais l’important était de commencer à se mettre en marche.

Histoire de compétitivité

La visite de François Hollande en Chine s’inscrit dans une subtile confrontation où les vieux dragons de l’ouest tentent de ne pas céder trop de terrain face à une Chine qui compte sur sa force de travail, son intelligence et la formidable masse de sa population moins bien payée. 
 Derrière les sourires et paroles de bienvenue se cache une partie redoutable où tout peut s’inverser. Exporter des avions, des trains, des centrales nucléaires françaises ou européennes semble a priori flatteur. Mais dès lors que les contrats de vente s’accompagnent de transferts de technologie draconiens, ils déplacent inexorablement vers la Chine les dernières industries où nous gardons encore une longueur d’avance. Les victoires commerciales d’aujourd’hui ne sont donc pas forcément des atouts solides pour les concurrences de demain. 
 Il faut aussi avoir conscience que l’avance des laboratoires européens, américains et japonais est fragile depuis que la recherche et l’innovation de la Chine (ainsi que de l’Inde) grandissent en qualité comme en quantité. Avec 36 millions d’étudiants, la Chine est le premier réservoir de formation au monde, devant les États-Unis. L’équilibrage des échanges dont rêve François Hollande est donc une opération compliquée par cette arithmétique démographique qui nous laisse peu d’espérances. Des obstacles non négligeables ralentissent toutefois la marche de la Chine. 
Le défi est non seulement l’absorption sur le marché du travail des techniciens et ingénieurs formés en masse, mais aussi leur aptitude à manager des équipes dans un contexte moderne. 
Cela revient à questionner le rôle du Parti communiste, qu’il faut moins regarder comme un cénacle doctrinal post-marxiste que comme la grande école nationale d’administration chargée de sélectionner les cadres du capitalisme d’État. Autant de données peu évoquées par la délégation française mais qu’il convient de garder à l’esprit dans toute négociation avec Pékin.

Quel sera le « Mot de l'année » 2013 ?


Les internautes du monde entier sont invités à choisir jusqu'au 20 mai le mot de l'année 2013 parmi douze termes dont «couac», «fraude» ou encore «transparence», à l'initiative du 9e Festival du Mot de La Charité-sur-Loire (Nièvre), du 29 mai au 2 juin.
Les mots proposés en 2013 sont : anaphore, cap, compétitivité, couac, déficit, fraude, impacter, mensonge(s), traçabilité, transparence, visibilité, voyeurisme.
Ouvert à partir de vendredi 09H00, le scrutin sera clôturé le 20 mai à minuit. Les internautes peuvent voter sur le site du Mot de l'Année ainsi que sur ceux des partenaires du festival.

A ces votes, s'ajouteront les voix des Charitois pour déterminer le Mot de l'Année du Public.
Twitter, changement, dégage, dette, bling-bling...
Le Mot de l'Année du Public et celui du jury, composé de journalistes, écrivains et spécialistes de la langue française, seront dévoilés le 24 mai par Alain Rey durant le 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter et dans l'édition du Journal International de TV5MONDE de 16h00 et dans le quotidien, 20 Minutes.
En 2012, le verbe «twitter» et l'expression «changement» avaient été choisis comme mots de l'année. C'est l'expression «Dégage», brandie comme un étendard lors des révolutions dans les pays arabes, qui avait été choisie en 2011, après la «dette» en 2010, «parachute doré» en 2009 et «bling-bling» en 2008.
JE CROIS QUE CE MOT SERA NULLITÉE HISTORIQUE

Sans croissance, pas de salut


Pic attendu, record battu. La France compte 3,224 millions de chômeurs (+ 36 900 en un mois). Du jamais vu. C’est forcément un gros « coup de massue ». « Le changement, c’est maintenant », avait promis François Hollande. Dans son slogan de campagne, beaucoup de Français, minés de près ou de loin par le chômage, ont entendu à l’époque ce qu’ils voulaient entendre. La promesse a minima d’une embellie. Un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir, force est d’admettre qu’il faudra s’armer de patience pour voir cette embellie. Faute de croissance. 
Vivre sans croissance est pire que le mal. Un mal enkysté sous l’ère Sarkozy et qui continue son travail de sape avec ses destructions de valeur. Mille emplois disparaissent chaque jour en France, avec leur lot de fermetures d’usines. Quand ce désastre vat- il s’arrêter ? Les oracles de tous bords tablent sur une poursuite de la dégradation aggravée par la désindustrialisation des Trente Glorieuses. Trois décennies où la croissance s’est faite à crédit. Mais dette et déficits sont là, abyssaux. Et il faut bien les réduire, à l’heure où les syndicats, inquiets, demandent des comptes aux politiques. 
L’âge d’or est fini. Mais on veut croire que rien n’est perdu, même si les espérances de rebond se heurtent au mur des réalités de la mondialisation. Penser que la relance se fera par la consommation et non la production, via le soutien à l’industrie et aux entreprises, est une ineptie. À défaut de s’inverser, la courbe du chômage peutelle s’aplanir, à la fin 2013 ? Faute de croissance, cette prophétie du chef de l’État, confiant dans sa stratégie relayée par tout son staff, relève de l’auto-persuasion. 
L’emploi, cause nationale 
Pourtant, on ne peut pas dire que le gouvernement soit resté les bras croisés. Mais le temps lui file désormais entre les doigts. Que faut-il espérer des contrats d’avenir et des contrats de génération coincés dans les starting-blocks, alors que l’horizon des jeunes et des seniors ne cesse de s’assombrir ? Et de la réforme sur la sécurisation de l’emploi et du crédit d’impôt compétitivité (CICE) ? Que les greffes prennent – et vite – au moment où la politique de réduction des déficits, certes à mille lieues de l’austérité qui pèse sur nos voisins, produit l’effet contraire de celui recherché.
La France ne vit pas hors sol et doit se battre, dos au mur, pour rebondir. Un peu partout en Europe, le chômage atteint des niveaux sans précédent. Partout, on y traque le moindre sursaut d’une croissance en berne. Il faudrait qu’elle soit de 1,5 % pour espérer un recul du chômage ! Or, la France, au bord de la récession, sera encore loin du compte en 2014. 
Entrepreneurs et chômeurs de longue durée ou non, à commencer par eux, savent que les conditions de la relance ne sont pas réunies. Que la lutte pour l’emploi ne peut se satisfaire de seuls dispositifs défensifs à l’heure où l’intérim a lesdeuxgenoux à terre. Il faut donc aller plus loin pour renouer avec la compétitivité. Être audacieux sans jouer les risque-tout, faire de l’emploi une vraie cause nationale. 
Le dire de Chine, comme l’a fait, hier, François Hollande, c’est bien. Le faire, c’est mieux, à condition de chasser les dogmes paralysants et les postures politiciennes. De changer aussi de logiciel. Car la croissance de demain, verte ou pas, reste aussi à inventer et ne sera plus de même nature que celle connue jusqu’ici et après laquelle on court. Pour l’avoir crue durable.

Euro, les deux erreurs

Euro, les deux erreurs


La divinisation comme la diabolisation de la monnaie européenne sont deux erreurs de la classe politique française.
Affirmer que l’euro, en tant que noyau de l’Union européenne, serait le pilier de la paix en Europe, comme l’ont fait tous les chefs de l’Etat depuis Mitterrand, me paraît difficilement soutenable. Une monnaie et des institutions communes n’ont jamais été de nature à éviter les conflits, surtout à une époque où la plupart des guerres ont un caractère civil, opposant des factions opposées d’une même entité politique (Yougoslavie, Russie, Afghanistan, Irak, Afrique des lacs, etc.) Ce sont les flambées de passion, l’exacerbation des conflits d’intérêt, les haines ethniques ou religieuse, le sentiment d’injustice dans le partage des richesses qui entraînent les dérives sanglante. Cela n’a strictement rien à voir avec l’existence d’une monnaie commune ou de structures à caractère fédéral.  La réconciliation entre la France et l’Allemagne est évidemment bien antérieure à l’euro, remontant au général de Gaulle. Elle est ancrée dans une réalité passionnelle infiniment plus solide que la monnaie unique et les institutions de Bruxelles. Elle est due à la sagesse des dirigeants de l’époque et des deux peuples, à un contexte historique et international issu de la deuxième guerre mondiale. De même, l’amitié entre la France et la Grande-Bretagne, tout aussi profonde, ne saurait avoir le moindre rapport avec la monnaie unique puisque le Royaume-Uni n’en fait pas partie.
Le dogme inverse, celui selon lequel une sortie de l’euro serait le « remède miracle » pour sortir l’économie française du marasme est tout aussi absurde et démagogique. La Grande-Bretagne est dans une situation désastreuse alors que l’économie Allemande s’en sort relativement bien. La disparition de l’euro ne dispenserait en aucun cas la France et les autres nations européennes de l’obligation d’accomplir des efforts et des réformes gigantesques, de réduire considérablement les prélèvements obligatoires, les déficits, et une dette publique monstrueuse, de libérer l’entreprise des contraintes infernales qui pèsent sur elles, bref de  cesser de vivre au-dessus de leurs moyens, de restaurer la compétitivité et de dé-soviétiser l’appareil productif ce qui suppose une véritable révolution. Voir dans la seule sortie de l’euro une sorte de poudre de perlimpinpin dispensant d’une profonde transformation de l’économie française dans le sens de l’effort relève de l’imposture totale.
La vérité, c’est que le débat est prisonnier des idéologies et d’une guerre de religion. Or, la seule chose qui compte, ce sont les réalités. La France a perdu un million d’emplois industriels en 10 ans. L’Espagne compte 24% de sa population au chômage. La Grèce et l’Italie connaissent un appauvrissement de leur pouvoir d’achat et une montée de la misère sans précédent dans l’histoire contemporaine, le taux de chômage de la « zone euro » atteint 12% et l’Europe est devenue une zone de stagnation dans un monde en plein mouvement. Les ergotages sur le degré de responsabilité de l’euro n’ont guère de sens. La politique monétaire est par définition l’un des déterminants essentiel de la situation économique. Les défenseurs inconditionnels de l’euro doivent ouvrir les yeux, sortir de l’aveuglement idéologique : à un certain stade, sauf retournement imprévu de l’évolution économique, les faits risquent d’imposer leur loi. Il sera politiquement et moralement impossible d’imposer le sacrifice de toute une génération pour  perpétuer un système qui aura fait faillite : celui d’une politique monétaire unique et rigide appliquée à des Etats dans des situations extrêmement diverses. La question de sauver l’unité politique de l’Europe, l’amitié et l’alliance entre ses peuples, en faisant le sacrifice de la monnaie unique au profit d’une solution plus souple et respectueuse de la diversité des situations peut alors se présenter de manière légitime et sans démagogie: coexistence d’une monnaie commune et de monnaies nationales ou euro à géométrie variable… J’attends le premier de ma famille politique qui aura le courage, l’audace, la lucidité de poser la question en ces termes.

La déclaration anormale du patrimoine d’un président « normal »

Suite à la déroute du gouvernement socialiste dans l’affaire Cahuzac le peuple français a eu l’immense privilège de lire les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement français dont bien sûr celle du président de la République qui malheureusement ne supporte pas la comparaison d’un examen minutieux. Alors qu’en est-il du patrimoine du premier fonctionnaire de l’Etat français ?

Le moins que l’on puisse dire dans cette affaire comme dans bien d’autres c’est que l’ensemble du peuple français a ici été invité à une sorte de Dîner de cons géant, où les badauds goguenards pourraient passer en revue l’argenterie et le bas de laine du président tout en admirant le décor austère du train de vie de M. Hollande. Les Français pour un peu, pourraient presque verser une larme en découvrant le train de vie d’ascète, presque d’ermite que leur présente un homme ayant pourtant juré devant la Nation son allégeance à la servir, jusque dans l’honnêteté la plus irréprochable.
Le voici donc en possession de biens immobiliers divers dont une maison à Mougins (06) estimée à une somme de 800 000 euros, de deux appartements dans les hauts de Cannes, rue Montrose, estimé à 140 000 et 230 000 euros. Toutes ses estimations vérifiées par la Chambre des notaires sont toutefois battues en brèches, à savoir une valeur réelle d’1,4 million d’euros pour la maison de Mougins et de 392 000 et 264 000 euros pour lesdits appartements, le moins que l’on puisse dire c’est que le document officiel était largement loin de la vérité… Laquelle est définitivement enterrée lorsque l’on songe aux biens immobiliers qui ont été totalement oubliés par un défaut de mémoire, sans doute un mal de tête dû aux affres de la loi Taubira ou quelques autres projets de progrès « indicibles ».
Ainsi sont passés à la trappe les biens immobiliers du président à Londres estimés quant à eux autour des 2,6 millions d’euros, mais aussi une société immobilière La Sapinière au capital d’environ 900 000 euros dont le siège social est à Paris et enfin divers autres biens en commun avec la compagne précédente, l’ineffable et inénarrable Ségolène Royale pour une valeur de 218 000 euros. En quelques lignes le patrimoine socialiste du président se transforme en 5 à 6 millions sans compter les liquidités. Sur ce point, l’état des comptes du président laisse pantois : 5 000 euros à la Banque postale, 3 300 à la Société générale plus une assurance vie à 3 550 euros, cela laisse interrogateur au vu des fonctions du président de la République de ses salaires anciens et du présent tout de même à 14 910 euros par mois. Le président serait-il donc terriblement dépensier ? Distribue-t-il ses « jaunets » à quelques causes de charité ?
Lorsque l’on sait que sa fonction est prise en charge totalement, c’est-à-dire, le gîte, le couvert, ses déplacements et tout ce qu’un Français moyen doit payer et assurer de ses deniers nous restons donc rêveur qu’un homme aussi éduqué et haut-placé que François Hollande, longtemps élevé au grain par François Mitterrand ne possède finalement qu’un si « modeste » pécule et que nous ne puissions savoir véritablement ce qui se cache encore dans l’escarcelle des femmes du président, notamment celle surnommée ironiquement par quelques plaisantins Madame de Maintenant en référence à une autre mais plus illustre dame qui fut la dernière compagne du Roi Soleil,Louis le quatorzième en personne.
Alors, ce patrimoine est-il anormal ? Bien entendu que non, ce qui l’est moins ce sont les essais puérils de tromper les Français notamment à un moment très important de l’histoire de la République. Dans un climat qui sent le soufre et qui pourrait devenir révolutionnaire, nous nous souviendrons que lors des prémices de la Révolution française la parution des revenus de la famille royale dans le fameux Compte rendu au Roide son ministre des Finances, le rusé Jacques Necker avait provoqué un tollé général en 1781 sur les revenus perçus de l’Etat par un grand nombre de personnages de la cour de Versailles, de la haute-noblesse et de la famille royale.
Depuis ce jour historique, il ne fait pas bon avoir des dirigeants riches en France, mais entre l’honnêteté stricte d’une déclaration et les tentatives de falsification, vous remarquerez encore une large différence. Les riches montrés du doigt par François Hollande et dont l’affaire Gérard Depardieu fut le plus grand et triste exemple conduisant d’ailleurs à une censure immédiate du Conseil constitutionnel sur la fameuse taxe des 75 %, les riches donc sont stipendiés. Mais où commence cette fameuse richesse ? A un million d’euro nous disait le président dans un faux débat. La réalité de cette triste histoire démontre à quel point le président français craint son peuple : injurié à Tulle et à Dijon, militaires désarmés lors de son passage, visites annulées en province, citoyens en colère purement mis « au cachot » sur son passage, le fossé se creuse, il devient un abysse.
Pendant que la fracture entre le peuple français et ses politiques approche du point de non-retour, pendant que les haines se construisent entre les Français, qu’ils s’insultent quotidiennement sur Internet via les forums et les réseaux sociaux, les dissensions et les pommes de discorde se multiplient. Que feront les prochains gouvernements lorsque les Français refuseront de vivre ensembles et que comme en 89 ou en 93, des « néo sans-culottes » commenceront de s’agiter, est-ce que des lois obligeront les Français à vivre ensembles ? Lorsque la haine devient le système d’un gouvernement montrant l’exemple de la discorde, du non-respect de l’autre, lorsque qu’un gouvernement fustige une partie des citoyens du pays pour complaire à une autre partie, lorsqu’un gouvernement favorise des groupes et méprise d’autres, lorsqu’un gouvernement reconnait un racisme et refuse de voir un autre, alors quelle légitimité lui reste-t-il ?
En l’an 2, durant l’année 1794 dans un discours de la Société des Sans-Culottes de Bourg-en-Bresse, un homme déclarait : « Citoyens ! Les membres de la Convention nationale ne sont que nos commis à 18 livres par jour et c'est nous qui sommes les négociants ». Citoyens, le premier personnage de l’état est votre commis à 15 000 euros par mois, mais c’est le peuple français qui est le maître et aucune force policière, aucune loi ne pourra changer cela. Lorsque la voix de Camille Desmoulins raisonnera à nouveau en France, alors comme en 1791, comme en 1830, comme en 1870, il y aura toujours un appartement à Londres… non loin de la City.

Le grand secret de toutes les dépressions: plus les débiteurs remboursent, et plus ils ont de dettes

« Trois ans se sont écoulés, et la Grèce est devenue la preuve vivante de la théorie du grand économiste américain de la Grande Dépression, Irving Fisher. Du fait de la politique de la troïka, la théorie de la déflation de la dette est redevenue actuelle, 80 ans plus tard. Fisher était très visionnaire et très clair lorsqu’il a révélé le « grand paradoxe » de la Dépression, le « secret de toutes les grandes dépressions » : plus les débiteurs payent, et plus ils restent devoir d’argent… Plus nos salaires se réduisent pour que nous retrouvions de la compétitivité, plus le fardeau de la dette réelle s’alourdit. Le problème n’est donc pas que nous n’appliquons pas la politique correctement. C’est cette politique elle-même qui ne convient pas…
Cependant, les créanciers sont contents parce que cela augmente la valeur de leur argent et leur permet d’acheter à bon compte tout ce qui a été dévalué (les gens, les sociétés, les terres) ».
Le journal allemand Wirtschafts Deutsche Nachrichten, a indiqué que la dette avait effectivement augmenté dans 21 des 27 pays de la zone euro en 2012, soulignant que les mesures d’austérité n’avaient pas conduit à la réduction de l’endettement comme on pouvait s’y attendre.
Steen Jakobsen, l’Economiste en chef de Saxo Bank, confirme la théorie ci-dessus. Il nous a donné les indications suivantes:
L'économie américaine a une croissance de 2%, dont 1,6% sont utilisés pour le paiement des intérêts sur la dette nationale. Les Américains réduisent ainsi leurs dettes au rythme de 0,4% du PIB par an. La Belgique a une croissance négative de 0,5% et elle consacre 2% de son PIB à son service de la dette, ce qui aboutit à une augmentation annuelle du ratio d’endettement par rapport au PIB de 2,5%.
L’UE réclame à tous les pays membres de la zone euro de réduire leur endettement à moins de 90% du PIB d'ici à 2018. Cela implique que la Belgique, dont l'endettement actuel est d'environ 100% du PIB, réalise une croissance économique théorique de 3,5% au cours des 5 prochaines années (2% bruts pour la réduction de l’endettement provenant de (100% / endettement actuel - 90% / endettement cible)/5 ans, qui se soldent par environ 1,5% nets parce que les ratios d'endettement par rapport au PIB sont exprimés en incluant le coût de financement, et l’ajout des 2% du service de la dette donnent 3,5%)
Les pays ayant une dette élevée et une faible croissance économique ne peuvent jamais échapper à la spirale de l'endettement, ce qui pointe encore une fois vers l’irréalisme des objectifs économiques dans la zone euro.

    Rester se battre

    Mourir au champ d’honneur ne devrait pas être un but, mais juste un effet indésirable d’un combat pour une grande cause.

    À la suite de mon article que Contrepoints a publié le 18 avril dernier, j’ai assez souvent entendu dire que quitter la France pour les raisons mentionnées pouvait être lâche et qu’il fallait au contraire rester et se battre. Cette double affirmation m’a semblé doublement fallacieuse et voici pourquoi.
    Tout d’abord quitter un pays en perdition n’a rien de lâche. Si l’on estime que rien de ce qui pourrait être fait de l’intérieur pour redresser la situation ne peut également l’être de l’extérieur, alors l’exil consiste simplement à se mettre à l’abri, et n’est pas moins lâche que de refuser de sauter du pont dès que quelqu’un vous lance "Chiche !". Tout le monde n’a pas la trempe du capitaine du Titanic ni, surtout, ne partage sa responsabilité dans le naufrage à venir.
    Il faut bien comprendre que, depuis 40 ans, la situation empire régulièrement. Pire encore : Chaque président fut plus mauvais que le précédent :
    Président
    Déficit annuel moyen de l’État* en euro constant
    Déficit annuel moyen de l’État en pourcentage de PIB
    Pourcentage d'augmentation par rapport au Président précédent
    Giscard
    9,61 M€
    1,91%
    Mitterrand
    29,88 M€
    1,94%
    210,77%
    Chirac
    37,27 M€
    0,73%
    24,73%
    Sarkozy
    101,42 M€
    4,29%
    172,15%
    Données compilées à partir des chiffres INSEE
    * L’État seul, hors collectivités
    Pompidou a légué à Giscard des finances saines. Celui-ci, après avoir tout de même fait face à deux chocs pétroliers, a entamé la valse de la dette. Mitterrand, placé devant cette boîte de Pandore, s’y est jeté à corps perdu. Chirac a certes fait la fine bouche, mais poursuivit néanmoins sur le même chemin. Surtout, Sarkozy, qui avait annoncé qu’il ne serait pas le président de la république qui augmenterait les impôts, en a non seulement créé un nombre impressionnant en cinq ans, mais a également accru la dette comme personne ne l’avait fait auparavant. Et maintenant, Hollande le Simple, va normalement faire pire. En tout cas, il s’y prépare avec ardeur.
    Derrière ces chiffres inquiétants se trouve une réalité encore plus dure : au fur et à mesure que la situation se dégrade, les moyens économiques des opposants se réduisent comme peau de chagrin.
    Rester en France, dans cette perspective, c’est se garantir une situation économique – et –donc matérielle – qui empirera mois après mois. C’est, pour justement parler en termes économiques, un mauvais investissement…
    … À moins que la seconde partie de la critique n’apporte quelque espoir de réussite. Il s’agirait alors de se battre. Mais c’est là que le bât blesse.
    Tout d’abord, lorsqu’on me dit qu’il vaut mieux rester et se battre, on accepte généralement le diagnostic que j’ai posé dans mon article précédent, à savoir que la France va très mal, que la situation va empirer, et que l’on risque fort d’y voir les émeutes, les vols, et les violences prospérer à mesure que l’économie s’écroule. Il s’agit là de circonstances périlleuses, dont il faut mesurer l’ampleur avant de dire qu’il faut se battre. Je ne pense pas, en effet, qu’il suffise qu’une des issues d’un combat soit souhaitée pour qu’il vaille la peine d’être mené. Les coûts doivent être mis face aux gains et, bien sûr, à la mesure des moyens et des risques de chacun.
    Or, mon article s’adresse à tout le monde. Les jeunes et les vieux, les vaillants et les faibles, les riches et les pauvres… Il va de soi qu’une partie non négligeable de la population courrait un grand risque à se battre, alors que sa plus-value au combat serait minime. Parmi ceux capables de se battre (sur place, s’entend), bon nombre ont par ailleurs la responsabilité d’une famille qui, elle, se doit d’être protégée. Charles Bronson est un célibataire endurci, au passé par ailleurs un peu louche… Une fois, donc, éliminée de la liste des combattants toute cette population par nature inadaptée – pour ne pas dire inapte au combat – il ne reste plus grand-monde.
    Alors, rester et se battre, oui. Mais aux côtés de qui ? Des libéraux, bien sûr ! Ah ? Combien de divisions [1] ? Parce qu’en face, il va y avoir du grabuge : Les nostalgiques du Grand Soir vont très probablement se battre pour leur révolution d’octobre [2], les voyous des mauvais quartiers pour soutirer aux plus faibles tout ce qu’ils pourront ou tout simplement s’amuser à faire peur et à détruire (on se souviendra des émeutes de 2005, qui ne sont probablement qu’un avant-goût de ce qui nous attend), les nationalistes de tout poil, quant à eux, pour donner plus de pouvoir à l’État France au lieu de l’État Europe, des islamistes en profiteront peut-être aussi pour tenter d’y imposer leurs vues [3], et l’armée ira peut-être aussi se jeter dans la bataille pour ramener de l’ordre et un peu plus d’État à l’État. Parlons donc de notre combat, sur place. Les libéraux étant généralement des gens honnêtes, peu auront bafoué la loi en s’armant. Les communistes seront eux armés via les caches de la CGT ou autres syndicatsles voyous le sont déjàtout comme les islamistes, et par les mêmes filières d’ailleurs, et les nationalistes, installés depuis des décennies dans leur rhétorique victimaire se sont probablement également armés voilà longtemps. Et puis l’armée, avec ses chars. Les libéraux ? Combien de divisions ?
    Rester et se battre, oui. Mais pour quoi ? Quels sont les buts à atteindre, les jalons à franchir ? L’État est obèse, et va s’écrouler sous son propre poids. Que peuvent y faire les libéraux, concrètement ? Et surtout, puisque c’est ici l’objet de cet article, que peuvent-ils faire de l’intérieur qu’ils ne pourraient faire au moins aussi bien de l’étranger ? J’ai beau chercher, je ne vois pas… Les survivationnistes auront d’autant plus d’effet qu’ils seront hors du territoire, ceux qui tenteront d’étouffer l’État en faisant la grève du fisc auront une efficacité démultipliée depuis l’étranger, les propagandistes auront d’autant plus de moyens qu’ils seront mis hors de portée des doigts crochus du fisc… On peine à se trouver des buts atteignables, tandis que le destin d’une France moribonde se déroule péniblement devant nous.

    Les conseilleurs mauvais joueurs

    Président de l'Assemblée, présidents des groupes PS, ministres : les piliers de la majorité sapent depuis un an l'autorité de François Hollande.


    Comment cesser le brouhaha des conseilleurs ? A dix jours de l'anniversaire de son élection à l'Elysée, François Hollande tente de tracer de nouvelles voies pour éviter que l'on s'attarde sur son bilan. Il réfléchit à une nouvelle architecture gouvernementale. Il devient tranchant pour être plus lisible par l'opinion - il a dit « non » à l'amnistie sociale. Il est prêt à recevoir les parlementaires. Mais il y a un cadeau qu'il aura bien du mal à obtenir, le silence des poids lourds socialistes. Claude Bartolone, le président de l'Assemblée, théorise depuis plusieurs jours : « Je ne me tairai plus. » François Rebsamen, le président du groupe PS au Sénat, explique benoîtement : si François Hollande « ne voulait pas que je l'affaiblisse, il fallait qu'il me propose l'Intérieur » (Public Sénat).
    Les chefs d'Etat redoutent en général les électrons libres sans affectation. Martine Aubry, Lionel Jospin, auraient pu en être. C'est finalement des personnalités bien pourvues, des proches même, qui depuis un an jouent une musique dissonante. Nicolas Sarkozy avait un trublion en la personne de Jean-François Copé ; François Hollande gère près d'une dizaine de Copé. Dans la seule journée d'hier, Claude Bartolone a redit son hostilité à la publication du patrimoine des élus, François Rebsamen a défendu le texte sur l'amnistie sociale, Bruno Le Roux (président du groupe PS à l'Assemblée) s'est dit personnellement favorable à la PMA, Bertrand Delanoë (maire de Paris) a souhaité « des actes symboliques envers les catégories sociales » et Stéphane Le Foll (ministre de l'Agriculture) a prôné « une phase offensive ». Et pourtant, la journée était faste : Arnaud Montebourg était concentré sur le lancement d'une nouvelle filière, la « silver economy » ! Tous se disent bien intentionnés (et le sont parfois) mais ils n'oublient jamais leurs intérêts. Additionnées, ces prises de parole sapent depuis un an l'autorité de François Hollande. Il tente de tenir un équilibre entre une gauche qui veut desserrer l'étau budgétaire, et Bruxelles, les marchés, les entreprises qui veulent des réformes. Ces piliers de sa majorité pourraient le relayer, être sa colonne vertébrale. Ils ne le font pas, le président est seul, non pas en équilibre : équilibriste.

    N’y a-t-il pas en ce moment de quoi se lamenter ? Alors, pourquoi parler de la joie et la présenter comme un devoir ?


    Ce titre ne manquera pas de vous surprendre, voire de vous incommoder. N’y a-t-il pas en ce moment de quoi se lamenter ?
    Le terrorisme vient à nouveau de frapper des innocents à Boston. La menace nucléaire est brandie par un dictateur fou. Le fanatisme islamiste est au pouvoir dans de nombreux pays, et veut s’étendre encore. La conjoncture économique est au plus bas en France et ailleurs, il y a des centaines de faillites, des millions de chômeurs, des milliards de dettes. Chez nous, nous avons en prime une attaque en règle contre la famille, contre l’enfance, contre le droit naturel. Chez nous, nous avons en prime la corruption politique, le mépris du gouvernement pour le peuple, l’arrogance des oligarques. Tout va très bien, Madame la Marquise…
    Alors, pourquoi parler de la joie et la présenter comme un devoir ?
    Parce que la joie est la seule façon de changer les comportements et d’aller vers la terre promise d’une société de libertés. « Pourquoi pleurer comme une femme sur un royaume que tu n’as pas su défendre comme un homme ? » (propos tenu en 1472, dit-on, par Aixa Fatima à son fils le roi Boabdil qui venait d’être chassé de Grenade par Isabelle la Catholique).
    Il me semble que trop de gens aujourd’hui se complaisent dans la complainte, eût-elle des arguments sérieux à faire valoir. Pour ceux qui veulent réellement que la France se libère de ses vieux démons de l’étatisme, du jacobinisme, du laïcisme, du nationalisme, ils ne peuvent se satisfaire de hurler avec les loups.
    Je l’ai déjà dit : les hommes politiques et la presse d’opposition croient assumer leur mission en multipliant les critiques et les attaques contre la gauche au pouvoir, contre les idées dominantes. C’est facile, c’est sans doute à terme électoralement parlant, encore que la répartition des bénéfices entre l’UMP et le Front National ne soit pas encore connue. Mais dans leur démarche, il n’y a aucun entrain, aucune innovation. Simplement, ils attendent le moment venu de l’alternance, alors qu’ils devraient travailler à la rupture, brûler eux-mêmes leurs vieux démons, s’affranchir de la pensée unique.
    Mais en qui et en quoi mettre son espoir ?
    En qui ? En la société civile. Elle ose maintenant défier le pouvoir. La manif est pour tous. Elle est dans la rue, elle ne s’exprime pas en brandissant les drapeaux rouges de la haine et de la lutte des classes, mais les étendards de la famille : un homme, une femme et des enfants. Elle est calme et déterminée, elle oppose la sérénité à la duperie, au scandale, voire même à la violence des forces de l’ordre qui ont reçu consigne de les traiter chaque jour comme des criminels. Peu à peu, inexorablement, la société civile va s’organiser. J’ai lancé le principe des « Forums des libertés », de rencontres informelles de citoyens désireux de s’unir et se conforter en préparant la rupture. L’expérience démarre avec lenteur, mais avec détermination, et les forums vont se multiplier pour peu que vous y croyiez, et que vous en preniez vous-mêmes l’initiative.
    En quoi espérer ? En des projets, en des programmes qui ont permis à de nombreux peuples de sortir des ténèbres en retrouvant les lumières de la liberté. J’évoquais la semaine dernière le miracle anglais des années 1980, porté par Margaret Thatcher, elle-même portée par sa foi libérale. Mais peu après, l’Amérique était de retour avec Reagan. Puis les révolutions de velours ont abattu le communisme en Europe Centrale et de l’Est. Plus près de nous encore, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande rompaient avec l’État providence. Et ces toutes dernières années la Suède et l’Allemagne les imitaient.
    Tous ces peuples étaient devenus tristes. Tous ces gens n’avaient plus la possibilité ni l’envie de mener leur vie. Puis soudain, un désir de joie les a saisis, ils ont pris leur destin en mains, brisé les chaînes politiques, bureaucratiques, pour affirmer leur droit à la liberté.
    C’est à notre tour de retrouver la joie. Nous ne rassurerons ni n’entraînerons les Français, et notamment les jeunes, en pleurant sur le déclin du pays et les malheurs qui nous attendent. Les jeunes fuient déjà vers l’étranger ou s’enfoncent dans le néant. Spectateurs critiques ou acteurs responsables ? Bonne question de Christian Saint-Étienne.
    Pour agir, pour préparer l’avenir, il nous faut de la joie. « La vérité vaincra » : j’ai fait mien ce slogan des Polonais écrasés par la dictature soviétique. L’espérance se nourrit dans la joie. Potion magique : écoutez Charles Trenet, ou des dialogues d’Audiard, ou des disques du Splendid : Y a d’la joie, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, Madame la Marquise…
    Ce n’est pas facile, comme le rappelait Péguy qui traitait des trois vertus théologales : foi, espérance et charité. « C’est la foi qui est facile et de ne pas croire qui serait impossible. C’est la charité qui est facile et de ne pas aimer qui serait impossible. Mais c’est d’espérer qui est difficile. Et le facile et la pente est de désespérer et c’est la grande tentation. »
    Ne cédons pas à la tentation. Assumons notre devoir de joie.

    PEU IMPORTE

    CE QUE CETTE FEMME SE MET SUR LE DOS POUR SE VÊTIR, 
    ELLE RESSEMBLERA TOUJOURS À UN SAC À MERDE.