TOUT EST DIT

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mercredi 15 août 2012

Sécurité: Matignon rappelle l'un des policiers remerciés à l'arrivée d'Ayrault

Lors du changement de gouvernement, aucun policier chargé de la sécurité du Premier ministre n'avait été reconduit. Mais faute d'effectif suffisant, Matignon a dû faire machine arrière et rappeler l'un d'eux.

A l'arrivée de Jean-Marc Ayrault à Matignon, aucun policier du groupe de sécurité du Premier ministre (GSPM) qui officiait sous François Fillon n'avait été reconduit. Habituellement, entre deux et quatre policiers restent en fonction -"la mémoire" dans le jargon interne- au moment d'un changement de gouvernement.
"Une véritable épuration", selon l'un d'eux, qui explique que Lionel Jospin, lui, avait respecté la tradition lorsqu'il avait succédé à Alain Juppé.
Finalement, Matignon a dû rappeler un fonctionnaire remercié, faute d'effectifs suffisants.

LA GESTION SOCIALISTE DES EFFECTIFS EST NAVRANTE ET PARTISANE, 
CELA VOUS ÉTONNE ?

Rien que la loi 


Le « blues » des jeunes des banlieues de Toulouse ou Mulhouse ne saurait excuser les débordements de cet été. Amiens a été le théâtre de véritables scènes de guérilla urbaine. On est loin des chahuts provoqués par des jeunes désœuvrés, comme aiment à le répéter les partisans de l’excuse perpétuelle.
Le président de la République l’a rappelé fort opportunément hier : la sécurité est « non seulement une priorité, mais une obligation ». Il aurait pu ajouter une obligation pour l’État comme pour toutes les collectivités et les parents des casseurs. La liste des excuses qu’on trouve aux vandales est à peine moins longue que celle de leurs excès, et il serait temps d’en finir avec la culture de la permissivité comme avec celle de la « gonflette » qui n’émeut personne, surtout pas les pyromanes des banlieues.
Le discours ferme de l’État n’est pas nouveau. Les prédécesseurs de François Hollande ont martelé avec plus ou moins de bonheur leur volonté de restaurer l’ordre dans les quartiers difficiles. Le nettoyage sous pression promis par Nicolas Sarkozy comme les stages de cinéma des adeptes de la méthode douce ont échoué car, si le président change, les comportements des casseurs, eux, ne varient pas. Avec une affligeante constance, ils sèment désordre et perturbation dans leurs quartiers.
Cette manie française de défaire ce que le prédécesseur a mis en place ouvre la porte à tous les excès. Il serait bon d’appliquer la loi, rien que la loi, dans toute sa sévérité, une bonne fois pour toutes et de s’y tenir, quelle que soit la couleur politique du moment. Il faudra aussi s’en donner les moyens, et on en est loin.
La France vit comme s’il y avait une sécurité de droite et une sécurité de gauche, alors qu’il ne devrait y avoir dans notre pays qu’une seule sécurité : celle que garantit et impose la loi républicaine. Au lieu de cela, on voit le ministre de l’Intérieur brandir sa matraque alors que sa collègue de la Justice joue aux Bisounours.
François Hollande aime à se dire qu’il est un président « normal ». C’est bien ! Des millions de Français ont également envie de mener une vie normale, débarrassés de la peur des violences absolument anormales.

L’été en prétexte 


Comme la météo des plages, faudra-t-il établir celle des cités ? Cet été montre à nouveau que peuvent se superposer à l’occasion la courbe des températures et celle des violences dans les zones sensibles.
Cette corrélation est pratique et inquiétante. Commode parce que l’impuissance à traiter le mal des banlieues s’expliquerait donc par une fatalité climatique, un genre de délinquance corrigée des variations saisonnières.
Angoissante, car il faut constater, une fois de plus, que ressurgit à un moment prévisible, en des endroits identiques, la même expression d’un malaise urbain.
Sur la cause de ces coups de chaud, l’excuse de l’été reste courte. On peut bien envoyer tous les CRS que l’on veut. La vaste question du désœuvrement des jeunes ne se règlera pas au gyrophare. Il est tout aussi présomptueux de vouloir traiter l’abandon social ressenti dans certains quartiers par une omniprésence policière.
Des initiatives émergent. Ici en faveur d’une intégration par l’emploi. Là pour un urbanisme simplement humain. Un peu partout pour améliorer la sécurité, avec l’extension encore annoncée, hier, des zones prioritaires. Mais que tout cela est lent, à l’échelle d’existences qui se disent gâchées avant d’avoir pu démarrer.
Après l’intermède de ses médailles olympiques, le pays reprend la mesure d’une réalité infiniment moins glorieuse. 
Les casseurs en sont les tristes champions. 
Et les idéaux collectifs les grands absents.

Valls 


Manuel Valls, il ne vous rappelle personne ? Hyperministre, omniprésent, bondissant sur le terrain ? Il ne vous fait pas penser à Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur ? Les expulsions de Roms à répétition ? Pas de problème, « le laisser faire ne résout rien », lâche-t-il, au risque de se fâcher avec la gauche et l’Union européenne qui a de nouveau placé la France sous surveillance. Un quartier d’Amiens en proie aux violences urbaines, des policiers blessés ? L’œil noir et l’air soucieux, il s’y précipite juste après en avoir fini dans le Var avec notre président venu rendre hommage aux gendarmes et promettre quelques moyens. Hué à son arrivée à Amiens -tiens, lui aussi- il ne lâche rien, condamne les violences, « la loi, l’ordre républicain et la justice doivent retrouver toute leur place »… Manuel Valls, caution fiable de ce gouvernement sur la sécurité, a beaucoup emprunté à son prédécesseur. À tel point qu’il s’est senti obligé de préciser que, lui, il n’était pas venu passer Amiens au « Kärcher ». 
Au cas où nous les aurions confondus.

A LA BALAYETTE C'EST
MOINS EFFICACE.

La main invisible de la plage

À la plage, l'interaction des différents intérêts particuliers dans la limite de certaines règles intuitives, produit un ordre qui n'a pas été décidé par un législateur et qui n'obéit à aucun dessein.

En écrivant un article ayant pour thème le déployé de serviette sur la plage, j'ai bien conscience d'offrir un angle d'attaque inespéré à tous ceux qui ponctuent mes posts de commentaires aussi imaginatifs que peu amènes.
Camarades, c'est vrai, je l'avoue, je suis déjà parti en vacances au bord de la mer, et même plusieurs fois de suite. Je complète cet outing en précisant que les faits se sont produits dans plusieurs pays différents et notamment, mais pas seulement, tout autour du bassin méditerranéen. Cet aveu devrait entrainer pour certains, une bourdivine excommunication : « D'où parles-tu ? Es-tu ouvrier, travailleur social, chômeur en fin de droits, immigré en situation irrégulière ? »
Non, je suis à la plage, mais je vais quand même vous soumettre cette courte réflexion sur la façon dont les vacanciers disposent leurs serviettes sur ces étendues sableuses que l'administration n'a toujours pas songé à strictement réglementer.

Quelques serviettes sur la plage


Premier cas de figure : vous arrivez sur une crique déserte. Vous choisissez évidemment le meilleur coin, celui où l'eau est claire, le sable le plus blanc et vous posez vos affaires.  Ce qui se passe alors est très clairement l'auto-attribution d'une propriété temporaire. Vous avez le sentiment justifié d'être le propriétaire de votre emplacement. Vous n'avez rien payé mais vous éprouvez le droit de conserver la zone sous votre contrôle privatif, c'est-à-dire en en excluant les autres. Si une famille venait à se présenter sur la crique, il est clair qu'elle ne pourrait pas s'installer à votre emplacement, et non seulement ça, mais elle devrait respecter une certaine distance pour placer ses affaires. Si les nouveaux arrivants se collaient à vous cela serait ressenti comme sans gène voire un tantinet agressif. Que les insupportables marmots des voisins viennent projeter du sable sur votre serviette et  ils seront reçus soit avec une franche hostilité soit avec un sourire crispé : « allez jouer plus loin les enfants ! » On a bien là l'expression d'un « droit de » propriété, qui est profondément ancré dans la nature humaine et qui n'a jamais été accordé par personne, ni par un « chef de plage », ni par la législation.

Densité moyenne de serviettes

 

Dans le deuxième cas de figure, la plage se remplit et la zone privative entourant chaque occupant se réduit. Votre intérêt en tant que nouvel arrivant consiste à vous placer dans un endroit relativement dégagé. Vous cherchez donc un « trou ». En faisant cela vous modifiez la distance minimum d'implantation acceptable par vos voisins. Il devient de plus en plus difficile de râler si quelqu'un se rapproche car il en a tacitement le droit.
Il existe une multitude d'autres règles qui s'appliquent aux différents cas schématisés ici. Par exemple dans notre deuxième cas, un homme mur dans la force de l'âge évitera de placer sa serviette entre deux groupes de jeunes filles. L'emplacement est implicitement « réservé » à un groupe de garçons du même âge. Autre exemple, s'il y a des algues dans l'eau à un endroit de la plage mais pas à un autre, il est tacitement admis que la densité de serviettes sera plus forte en face de la zone dégagée. Le fait de s'installer là, au lieu d'aller occuper un emplacement plus vaste ailleurs sera toléré.

Les serviettes se touchent  

 

Le troisième cas de figure, c'est la plage de Juan-les-pins le 15 août. Densité maximum avec des règles légèrement modifiées et étendues par rapport aux situations précédentes. La zone de propriété privée reste clairement la serviette mais ces dernières en viennent à se toucher. Il n'y a pratiquement plus d'espace disponible, c'est-à-dire de sable visible, sauf celui qu'une famille ou un groupe se sera réservé à l'intérieur de l'espace délimité par ses propres serviettes. Les anciens propriétaires, ceux qui sont arrivés tôt le matin parce-qu'ils-n'ont-pas-passé-la-nuit-en-boite, eux, disposent d'un espace vital supérieur aux autres. Il ne peut plus y avoir de nouvel arrivant sauf  à se faire céder un emplacement privatif par un groupe connu ou à guetter un départ.
Il y a aussi des règles assez complexes de non enclavement. Tout groupe de serviettes doit pouvoir accéder à la mer et sortir de la plage. Si les propriétés se touchent au sens propre, il en résultera des « droits de passage », qui permettront à un vacancier de piétiner le bord, attention, pas le centre, des serviettes situées sur le chemin de la baignade ou vers la sortie.

Le troisième cas de figure, c'est la plage de Juan-les-pins le 15 août. Densité maximum avec des règles légèrement modifiées et étendues par rapport aux situations précédentes. La zone de propriété privée reste clairement la serviette mais ces dernières en viennent à se toucher. Il n'y a pratiquement plus d'espace disponible, c'est-à-dire de sable visible, sauf celui qu'une famille ou un groupe se sera réservé à l'intérieur de l'espace délimité par ses propres serviettes. Les anciens propriétaires, ceux qui sont arrivés tôt le matin parce-qu'ils-n'ont-pas-passé-la-nuit-en-boite, eux, disposent d'un espace vital supérieur aux autres. Il ne peut plus y avoir de nouvel arrivant sauf  à se faire céder un emplacement privatif par un groupe connu ou à guetter un départ.
Il y a aussi des règles assez complexes de non enclavement. Tout groupe de serviettes doit pouvoir accéder à la mer et sortir de la plage. Si les propriétés se touchent au sens propre, il en résultera des « droits de passage », qui permettront à un vacancier de piétiner le bord, attention, pas le centre, des serviettes situées sur le chemin de la baignade ou vers la sortie.

 

Règles tacites, ordre spontané

Le propre de toutes ces règles, comme du sentiment de propriété, c'est qu'elles n'ont jamais été écrites ou décrétées par personne. C'est un cas d'école d'un ordre spontané libéral particulièrement efficace et, on le remarquera, assez égalitaire dans ce cas précis.
L'interaction des différents intérêts particuliers dans la limite de certaines règles intuitives, produit un ordre qui n'a pas été décidé par un législateur et qui n'obéit à aucun dessein.  C'est en quelque sorte, « la main invisible de la plage ».

15 août 1926. Rudolph Valentino est hospitalisé. Sa mort provoquera une vague de suicides.

La première star du muet, plus sexy que Clooney, Pitt et DiCaprio réunis, meurt à 31 ans d'une perforation de l'estomac.

À l'écran, il est muet comme une carpe, mais au cours de la nuit du 15 août 1926, Rudolph Valentino gueule comme un putois. Il couvrirait presque la sirène d'une ambulance. Vers 1 h 30 du matin, la star s'effondre à Times Square, se tordant dans tous les sens, victime de crampes intenses à l'estomac. C'est comme s'il avait avalé une collection de poignards. Jamais de sa vie il n'a eu aussi mal. Il est aussitôt transporté jusqu'à la polyclinique de la 15e Rue. Les médecins diagnostiquent un ulcère à l'estomac. Avant d'en savoir davantage, ses proches tentent de garder l'info secrète, sinon ça va être la cohue. Peine perdue. En seulement quelques heures, toutes les rédactions croient tenir le scoop : Rudolph Valentino, le chéri de ses dames, est malade ! Les bouquets de fleurs, les lettres d'amour, de soutien, les télégrammes arrivent par centaines à l'hôpital, le standard est saturé d'appels... Du jamais-vu ! Et voilà toute l'Amérique le souffle suspendu, attendant des nouvelles de la première grande star du cinéma muet. Valentino est si adulé que sa mort en pleine gloire déclenchera une vague de suicides chez ces dames. Chers Jude (Law), Brad (Pitt), George (Clooney) et Leonardo (DiCaprio), prenez-en de la graine.
Né en 1885 à Castellaneta en Italie, d'une mère française et d'un père italien, Rodolfo Alfonso Raffaello Pierre Filibert Guglielmi di Valentina D'Antonguolla a forcément raccourci son nom. En 1913, à tout juste 18 ans, il débarque aux États-Unis comme des milliers d'autres immigrés, rêvant de faire fortune. Il passe son temps dans les rues, fait un peu de jardinage, la plonge dans les restaurants, avant de mettre ses talents de danseur à profit en faisant virevolter les veuves dans les boîtes à tango. Une fois l'homme devenu célèbre, on prétendra qu'il ne se contentait pas de danser... Just a gigolo ?
En 1917, le voilà qui rejoint la "Mecque du cinéma", Hollywood, où il est vite repéré pour sa beauté et ses yeux de velours. La prestigieuse Metro Goldwyn Mayer l'engage pour des rôles de méchant ou de gangster. Premier succès, Les quatre cavaliers de l'Apocalypse en 1921. C'est un carton au box-office, alors qu'il n'assure qu'un second rôle. Avec Le cheik, c'est la gloire. Son regard hypnotise les filles, toutes en sont dingues. Il est désormais sans cesse harcelé par une horde de fans qui gloussent et brandissent leur stylo pour des autographes à la moindre de ses apparitions. Le premier "latin lover" est né, et le star-system aussi. Des jaloux le surnomment "Vaselino" pour la gomina avec laquelle il se tartine les cheveux. Ces messieurs de la gent masculine ne pardonnent guère à un étranger, un métèque, de venir leur voler la vedette auprès des femmes, même s'ils l'adorent en tant qu'acteur.

Ambiguïté

Côté vie privée, il engrange moins de succès. Son premier mariage est rompu le soir même des noces : sa tendre épouse Jean Acker lui refuse sa chambre. Normal, elle est en réalité lesbienne. Plus tard, il tombe fou amoureux d'une costumière, Natacha Rambova, une beauté froide qui n'hésite pas à l'accuser de découcher pour des amitiés plutôt masculines au moment d'entamer leur divorce. La garce. Avec sa gueule poudrée, ses cheveux gominés et ses costumes dorés, la star paraît un tantinet efféminée et fait ricaner, mais c'est aussi cette ambiguïté sexuelle qui fait son succès. Et ses déboires ! On l'accuse d'allumer les nanas sans jamais les consommer, on le traite de pervers, d'impuissant, et surtout de "pédé". Alors qu'il est en tournée pour promouvoir son dernier film, Le fils du cheik, un journaliste américain sous-entend que le beau Rital est homosexuel. Valentino est furieux ! Lui qui ne veut pas finir comme Oscar Wilde s'en défend et défie le journaliste d'enfiler des gants pour un combat de boxe. Son sang latin... Il va voir ce qu'il va voir, ce scribouillard de torchons ! Le journaliste se défile, le duel n'a pas lieu. Les révélations sur ses penchants sexuels n'ont pas raison de son succès. La foule continue à faire la queue devant les cinémas pour voir Valentino au grand galop sur son cheval dans le désert.
C'est à cette période que le jeune trentenaire commence à se plaindre de maux d'estomac. Il les attribue aux cachets dont il se bourre pour freiner sa calvitie naissante. Pas question, pour autant, d'arrêter de les avaler, car la beau gosse attitude, c'est sa marque de fabrique, la clef de son succès. Sans un poil sur le caillou, il est foutu, pense-t-il. Il se promet d'aller consulter, mais repousse toujours le moment par manque de temps. Il vient juste de divorcer de son dragon de Natacha, place à la vie de célibataire ! Les voyages, les palaces, les virées au volant de sa Bugatti, l'achèvement de la construction de sa villa luxueuse dans le Beverly Hills naissant... Rien n'est trop beau pour lui. Il consume ses dollars à la vitesse de l'éclair. Faut l'excuser, il n'a pas eu une enfance facile. Mais ce ne sont pas les fiestas qui font disparaître la bête qui lui bouffe l'estomac. Les douleurs s'accentuent, ses médecins n'y comprennent rien. Jusqu'à son hospitalisation le 15 août 1926.

Hystérie

Valentino refuse toute opération. Mais à 16 h 30, son mal s'aggrave. Son ulcère perforé doit être opéré d'urgence. À l'extérieur de l'hôpital, c'est le grand chambard tant ses fans sont secoués. Le lendemain matin, l'hôpital publie un communiqué rassurant, ce qui n'empêche pas ses admirateurs de continuer d'affluer devant l'établissement. Le personnel de l'hôpital ne sait plus que faire de toutes ces fleurs, ces gâteaux, ces cadeaux, et organise une grande distribution à tous les étages. Deux mille coups de fil par jour et mille télégrammes. Les tabloïds de leur côté se déchaînent dans leurs unes : "Rudy affronte la mort en face", et même pire : "Rudy est mort". Le 20 août, tout le monde commence à être rassuré, ses constantes sont redevenues normales.
Mais le 21 août Valentino rechute ! Cette fois, c'est plus grave. Péritonite doublée d'une pleurésie. L'infection court avec d'autant plus de célérité que ce cher Fleming n'a pas encore découvert la pénicilline. L'Amérique prie, pleure, tremble en attendant les nouvelles. L'organisme de l'acteur n'arrive pas à combattre l'infection, il plonge dans un état semi-comateux, les médecins lui administrent de la morphine, c'est la fin. Il meurt le 22 août 1926 à midi. Rudolph Valentino, 31 ans, fauché en pleine jeunesse, au sommet de la gloire. C'est impensable ! Il doit mourir dans l'arène, sur le champ de bataille, comme dans ses films, mais sûrement pas à l'hôpital. Le communiqué annonçant sa mort n'est même pas encore totalement rédigé que déjà le bouche-à-oreille provoque l'hystérie. La dépouille dans ses habits dorés est exposée à l'église Campbell, dans une salle décorée avec un piano à queue et des reliques de Napoléon. Des milliers et des milliers de fans viennent s'assurer qu'il est bien mort. Pendant qu'on fait la queue devant les cinémas pour voir son dernier film Le fils du cheik, on fait en même temps la queue pour le voir mort. Une foule ivre de douleur erre dans les rues de New York, les femmes crient son nom avant de s'évanouir, des vitrines éclatent, ses fans sont en plein délire, la police a du mal à contenir les débordements... Le climat est apocalyptique ! Pire, des femmes se suicident juste après avoir appris la nouvelle, à New York, à Londres, pour le "retrouver". Même la mort de James Dean ou, plus tard, celle de Marilyn Monroe ne provoqueront pas tant d'émotion.

Mausolée

Ses funérailles ne seront pas celles d'un président ou d'un pape, mais carrément celles d'un pharaon. Cent mille personnes présentes pour la messe donnée à New York, pendant que tout Hollywood respecte deux minutes de silence. Quand il est inhumé le 7 septembre à Hollywood, ce sont cinq minutes de silence qui sont respectées. Jamais dans le coin ils n'avaient vu un tel parterre de people : Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Cecil B. De Mille, Mary Pickford, William Randolph Hearst... Des funérailles dignes d'une grande production avec même un avion lâchant une pluie de pétales de rose au-dessus du mausolée presque royal. Grandiose. Une des icônes du muet est morte. Peut-être juste à temps. Car, un an plus tard, le cinéma devient parlant, et nombre de personnes pensent que Valentino n'y aurait pas survécu. En seulement huit ans de carrière et une quinzaine de films, il a réussi à marquer toute une génération, et bien au-delà des frontières américaines, et à s'imposer comme le séducteur par excellence, immortel pour les décennies suivantes.

Pour en savoir plus.

L’euro, chef-d’œuvre en péril…


Présage d’une prochaine chute de l’euro ? En tout cas la nouvelle qui court les agences de presse depuis vendredi dernier, souvent sous forme de brèves, chagrine les européistes fervents : « Francfort déboulonne l’euro » ! Ce déboulonnage ne concerne pour l’instant qu’une « sculpture bleue de quinze mètres » en forme de E, « entourée des dix-sept étoiles » représentant les pays de l’euro-groupe. Sculpture donc hautement symbolique, qui s’offrait orgueilleusement aux regards admiratifs des passagers de l’aéroport de Francfort, capitale financière de l’Allemagne. Et accessoirement, depuis 1998, siège de la Banque centrale européenne (BCE). Inaugurée en 2001 devant tout le gratin européen, cette sculpture monumentale, se trouve, onze ans après, sur le point d’être mise au rebut.
Une décision certes non politique. Elle a pour origine la construction d’un troisième terminal destiné à désengorger cet aéroport très fréquenté. Mais comment ne pas voir, dans cet escamotage statuaire, au moment ou la zone euro chancelle, un signe supplémentaire du désenchantement des Allemands (renforcé par la totale indifférence des européens de tous pays débarquant à Francfort), à l’égard de cette monnaie unique de plus en plus considérée par ses utilisateurs comme un handicap ? « Nous devons nous assurer que la sculpture ne tombe pas », expliquent les autorités en charge des travaux, pour justifier le retrait du totem monétaire. Une phrase ambigüe, qui nous renvoie aux vacillements de la zone euro.
En outre, à Francfort, le symbole frappe deux fois. Un autre E gigantesque, ornant le siège BCE s’apprête à subir lui aussi le même retrait. Prétexte invoqué : la BCE change d’immeuble. « Et rien ne dit que la structure de 26 tonnes suivra. » De toute façon, cet euro sculptural est, selon les chargés de presse de la BCE, « en très mauvais état et ne répond plus aux normes actuelles ». Comme la monnaie qu’il symbolise ?
  Planifier la sortie de l’euro
 
C’est aussi l’avis d’un ancien ministre des finances du Brésil, Luiz Carlos Bresser-Pereira, qui s’exprimait dans Le Monde du 7 août dernier. « Une monnaie commune ne peut exister que dans un Etat fédéral où les Etats fédérés n’ont plus guère d’autonomie fiscale, où la dette est contrôlée par l’Etat fédéral… » Ce qui ne peut être le cas des nations européennes. Donc, nous prévient l’ancien ministre des Finances : « Si vous persistez à maintenir en vie l’euro, la probabilité de le voir s’effondrer de façon incontrôlée grossit de jour en jour. » Et de préconiser : « La voie la plus sage est de mettre fin à l’euro de façon bien planifiée (…). Il faudrait un plan de sortie extrêmement balisé : chacun des dix-sept pays reviendrait le même jour à sa propre monnaie… » C’est la voie du bon sens. Celle que Présent n’a cessé d’indiquer. Mais que nos dirigeants politiques, englués dans leur grande songerie européiste, refusent d’emprunter.
Des dirigeants dont Silvio Berlusconi incarne bien l’euro béatitude jusqu’au-boutiste… L’ancien président du Conseil italien affirme en effet dans un quotidien français de gauche, qu’il était favorable « à un saut fédéral européen ». Comme le « bond en avant » maoïste lors de la révolution culturelle, dont on sait où il a conduit les Chinois ? Avec, en prime, « l’élection du président de l’UE au suffrage universel ». L’ancien chef d’Etat italien ajoute : « J’ai toujours rêvé des Etats-Unis d’Europe. » On avait pourtant cru entendre, il y a peu, ce même Berlusconi déclarer : « Sortir de l’euro n’est pas blasphématoire. » Eh bien ! nous avions mal entendu (ou mal lu). « Je n’ai jamais utilisé cette expression. J’ai toujours au contraire affirmé que la sortie de l’euro d’un ou de plusieurs pays entraînerait la désintégration de la zone euro. Ce serait l’échec du projet historique d’une Europe unie et personne ne peut le souhaiter. » Fermer le banc… En insistant un peu, on obtient de l’ex-chef italien cette explication. « L’hypothèse d’une sortie de l’euro a sans doute été brandie par certains membres de mon parti de manière tactique, pour infléchir la position allemande. Mais, au sein du PDL, nous considérons que la sortie de l’euro serait un désastre » A quoi M. Luiz Carlos Bresser lui avait répondu par avance : « Croire que l’extinction de l’euro marquerait la fin de l’UE est absurde. Elle marchait très bien avant… » Une absurdité en forme de troposphère idéologique dans laquelle, à l’instar d’un Silvio Berlusconi, baignent la plupart des élites européennes. Mais qui, vue de l’étranger, apparaît pour ce qu’elle est vraiment : une ineptie.
Remplacer le logiciel de cette monnaie unique asphyxiante devient, comme le soulignent les économistes lucides, de plus en plus urgent. Changer de dirigeants politiques, irréparablement formatés dans les moules de l’UE, également. Rangeons ces derniers au fond de quelque musée-débarras, avec les sculptures surannées d’un euro agonique…