Qu’aurait dit un Arnaud Montebourg si Microsoft avait été un groupe français annonçant, comme il vient de le faire aux Etats-Unis, qu’il allait supprimer un emploi sur sept dans l’année ? Qu’aurait dit un Jean-Christophe Cambadélis en apprenant qu’à cette annonce, l’action Microsoft avait grimpé en bourse pour atteindre son niveau le plus élevé depuis 14 ans ? La polémique aurait été immédiate, intense, et aurait à coup sûr débouché sur un texte de loi pour réprimer un peu plus les « licenciements boursiers ». Et on aurait certainement fini par créer une nouvelle taxe sur cette course au profit, honteuse, forcément honteuse. Fiction ? Pas sûr : dans le dossier Alstom, le gouvernement a bien imposé à General Electric de vivre sous la menace d’une énorme amende en cas de… non-création d’emploi ! Sauf que cette fois, l’épicentre du plan social ne se situe pas en France. Microsoft échappera donc à la vindicte gauloise et pourra se concentrer sur l’essentiel : sa transformation, sa relance dans un univers en bouleversement permanent où l’immobilisme signifie la mort. Les Nokia, Kodak, et autres Compaq en savent quelque chose. Et Microsoft a déjà vécu plusieurs vies, frôlant parfois la sortie de route, synonyme d’éviction du marché.
Quant au plan social, il sera d’autant moins dur à absorber que les Etats-Unis sont en situation de plein-emploi. Les derniers chiffres d’inscription au chômage, dévoilés ce jeudi, ont surpris les économistes par leur faible niveau. Et on voit désormais des industriels s’y alarmer des effets du manque de main d’œuvre et de l’accélération du turn-over de beaucoup de salariés, sensibles à la multiplication des offres d’embauches et aux surenchères salariales. Quel dommage qu’aucun de nos gouvernants ne profite de l’été pour aller faire un petit stage au pays du libéralisme et de l’enfer économique.