TOUT EST DIT

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jeudi 3 février 2011

Le temps des nervis... et de l’armée

L’agonie d’une dictature est toujours accompagnée de convulsions. Les nouveaux événements sanglants du Caire ne sont pas sans rappeler les jours sombres en Tunisie qui avaient suivi la fuite de Ben Ali. Tout régime autoritaire, surtout lorsqu’il est en place depuis des décennies, s’appuie sur une « clientèle » fidélisée par des « privilèges » et autres passe-droit. Sur sa garde prétorienne aussi, en l’occurrence la police, la tunisienne comme l’égyptienne. Que sur ordre, ces affidés cherchent à créer une situation insurrectionnelle, n’étonne pas. Ils ont tout à perdre et l’épuration les guette.

Plus étonnante est l’attitude de l’armée. Elle a laissé faire, se contentant d’observer les exactions avec apparemment pour seul ordre de protéger les bâtiments publics. Son message est très clair : il signifie que l’annonce faite la veille par Hosni Moubarak, sa volonté de rester jusqu’en septembre dans des fonctions déjà limitées par sa maladie, convient parfaitement à l’état-major. Peut-être même est-il à l’origine de cette décision prise en concertation avec le vice-président Souleimane. À l’opposition, toujours sans organisation autre que celle des « Frères musulmans » honnis par les militaires (du moins, par les officiers...), de le comprendre et de l’accepter.

Le message s’adresse aussi à l’étranger. Pas tant aux Européens qui, après avoir entendu la voix de l’Amérique, ont à leur tour exigé une rapide transition démocratique : ils ont depuis longtemps perdu toute crédibilité politique au Moyen-Orient. Mais d’abord aux États-Unis. Leur aide est indispensable à l’Égypte, en premier lieu à l’armée équipée par Washington... ce qui n’empêche pas les Américains d’être unanimement détestés par une population solidaire des autres nations arabes, notamment irakienne ou palestinienne.

Pour Barack Obama, c’est plus que de l’embarras. Il n’a déjà rien obtenu d’Israël également massivement soutenu par Washington. Pas la moindre concession sur la politique de colonisation que le gouvernement Nétanyahou poursuit de plus belle en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Voilà qu’un autre grand allié se rebiffe en faisant fi des injonctions de la Maison Blanche. Cet entêtement ne peut qu’inquiéter les autres « clients » des États-Unis dans la région, particulièrement en Arabie Saoudite et dans les émirats du Golfe. Et encourage tous les ennemis jurés de l’Amérique, en premier lieu l’Iran qui, tout en poursuivant sa politique nucléaire, vient d’installer le Hezbollah à la tête du Liban. Sans grande réaction de la part de Washington...

En Égypte, la démocratie n’est pas seule en jeu. Toute une géopolitique américaine bâtie depuis la première Guerre du Golfe en 1991 l’est également.

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