TOUT EST DIT

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jeudi 1 décembre 2011

DSK : l’homme qui n’avait rien à se reprocher

Que feraient les journalistes sans Strauss-Kahn ? Depuis le mois de mai dernier, on entend monter des rédactions parisiennes chaque matin la même litanie : « Donnez-nous notre DSK quotidien ». Et ils sont exaucés. Parfois au-delà encore de ce qu’ils osaient espérer.

Aujourd’hui, c’est la très attendue version de DSK lui-même sur le Sofitel et le Carlton (DSK ne fait pas dans l’hôtel Formule 1) qui nourrit l’actu. Il parle. Il jacte, il passe à confesse, il se met à table, dirait notre ami Dodo la Saumure. C’est Michel Taubmann, le biographe officiel et ardent défenseur des Strauss-Kahn, qui a recueilli ses propos pour son livre Affaires DSK, la contre-enquête dont il donne de larges extraits à Paris-Match.

« Rien ne serait arrivé si je n’avais pas eu cette relation stupide mais consentie avec Nafissatou Diallo » explique l’ex-favori à la présidentielle. « Ce jour-là, j’ai ouvert la porte à toutes les autres affaires. »

DSK regrette essentiellement de s’être fait prendre.

Dominique Strauss-Kahn accuse clairement Nafissatou Diallo de l’avoir provoqué. Voyant le gros DSK sortir nu de sa douche, la femme de chambre aurait attardé son regard sur la partie la moins pudique de cette superbe anatomie. « Un regard suggestif » dans lequel DSK qui sait que personne ne lui résiste, surtout en tenue d’Adam, aurait vu « une proposition ».

Sept minutes après, après une relation « consentie et non payée », Nafissatou Diallo aurait volé le blackberry de sa prestigieuse conquête.

La femme de chambre aurait été là en mission commandée, selon Taubmann qui enfonce le clou de la thèse du complot contre le futur président socialiste de la République. « On » aurait dit à Nafissatou de regarder DSK de façon suggestive, d’accepter ce qui allait forcément s’en suivre et de dérober un de ses portables. Celui du FMI.

« Dominique Strauss-Kahn n’a jamais violé personne ni à New York, ni à Paris, ni nulle part », martèle Michel Taubmann : « c’est une affaire politique, ce n’est pas une affaire de mœurs et elle soulève des questions qui concernent les services secrets ».

A propos de l’affaire du Carlton, DSK juge « insupportable » que son nom soit associé à la prostitution mais reconnaît avoir participé à des soirées « libertines ». Là, grand moment de galanterie et d’élégance dont DSK est coutumier : « D’habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées » (pensez-vous !). « Quand quelqu’un vous présente sa copine (« vous propose » est le mot juste), vous ne lui demandez pas si c’est une prostituée et quand on vous invite à une soirée, vous ne demandez pas à voir la facture. » Dominique Strauss-Kahn sait vivre.

De même quand David Roquet, le patron d’une filiale d’Eiffage Immobilier-BTP, lui rend visite à Washington avec deux « secrétaires » peu farouches de l’entreprise de bâtiment, le directeur du FMI ne se pose aucune question : ce sont des « copines » de « copains » (parmi ces copains, Fabrice Paszkowski, militant socialiste et Jean-Christophe Lagarde, policier, chef de la Sûreté départementale). Le but de cette rencontre : des réunions de travail en vue de préparer la future présidentielle. Entre deux réunions : parties fines avec les secrétaires d’Eiffage. Deux filles de Dodo la Saumure.

A son biographe, Dodo Strauss-Kahn confie avoir eu « une vie sexuelle libre » qu’il « n’est pas le seul à mener dans le monde politique ou des affaires », précise-t-il : « Je n’avais rien à me reprocher. Je n’ai jamais rien fait d’illégal. Mais j’ai décidé de rompre avec tout cela, c’est fini. »

Intéressante précision donnée involontairement par Taubmann, tout le monde connaissait les frasques et les pulsions de DSK et tout le monde les cachait. Jusqu’au président de la République bien sûr qui avait vu passer des « notes blanches » sur son futur-ex-rival alors qu’il était à l’Intérieur. Lorsque l’économiste Alain Minc a demandé à Sarkozy si en nommant Strauss-Kahn directeur du FMI il ne prenait pas le risque de mettre en selle un futur concurrent, Sarko a aussitôt rétorqué : « Mais voyons, tu sais très bien qu’il ne peut pas être candidat ! »

Les ayatollahs jouent avec le feu

Le monde a un problème avec l'Iran. Voilà un pouvoir fanatique, oppresseur, dont l'élection est contestée. D'autant plus dangereux qu'il est divisé. Un pays puissant, soutenu par la Russie et la Chine qui lui offrent une sorte de protection diplomatique. Nanti d'une arme commerciale considérable en tant que deuxième producteur de pétrole : toute représaille à son endroit peut faire flamber le cours du brut. Voilà un régime qui joue avec le feu. Un jour défie le « Grand Satan » américain, un autre menace de rayer Israël de la carte, et par-dessus tout joue avec le feu nucléaire. L'autorité mondiale du nucléaire en a acquis la conviction, sinon la preuve. À deux pas de Téhéran, des installations sont aptes à tester des explosions nucléaires ; il ne faudrait que plusieurs mois pour fabriquer la bombe. Il en détient l'expertise, la technologie, les ressources, probablement la motivation politique. Les intentions prétendument pacifistes de son programme ne trompent pas. Surtout pas la Grande-Bretagne qui a prononcé à son égard les sanctions économiques les plus dures. Cette fermeté a valu à son ambassade à Téhéran d'être attaquée par des miliciens radicaux. Un acte gravissime : la neutralité d'une enceinte diplomatique participe d'un principe intangible. L'Iran n'en a cure, qui continue à braver les Occidentaux, use d'une rhétorique toujours plus belliqueuse et se rapproche dangereusement de la ligne rouge. Cette surenchère peut-elle durer, empirer ? Les marges de manœuvre sont étroites. L'isolement de la république islamique certes grandit. Mais l'équilibre du monde est fragile, personne n'est prêt à partir en guerre contre elle.

Un ticket pour le cirque

C’était une séquence inévitable. On se demandait seulement à quel moment de la représentation elle allait survenir. C’est fait! Le PS fait semblant de s’indigner. L’Élysée fait semblant de s’étonner. En campagne, le président de la République? Oui, gagné, vous l’avez deviné: il est simplement «dans son rôle» quand il va auprès des Français. Et tous les recours des amis de François Hollande auront beaucoup de mal à faire la démonstration du contraire.

Il faut rendre à Nicolas Sarkozy cette justice: il n’a pas attendu la dernière année avant la présidentielle pour enchaîner les déplacements en province. Un exercice régulier auquel il s’astreint depuis le début de son mandat et qui constitue un point incontestablement positif de sa pratique du pouvoir. Qui pourrait sérieusement reprocher au chef de l’État de sortir le plus souvent possible de ce que Mitterrand appelait sa «cage» - la drôle de bonbonnière de l’ancien palais de la Pompadour - pour aller au contact de ses concitoyens?

Le problème, ce sont les détails et, au-delà, les motivations. Le président fait plus souvent des sauts de quelques heures en région - dans le genre opérations-éclairs avec sirènes hurlantes, centres villes bloqués des heures à l’avance, et auditoire trié sur le volet - qu’il n’y voyage vraiment. Toujours pressé de rentrer à Paris, il ne prend même jamais le temps de passer la nuit dans l’une ou l’autre austère préfecture comme le faisait Chirac. Mais il n’oublie jamais, en revanche, d’éreinter ses adversaires de l’opposition dans des discours censés, pourtant, rester au-dessus de la mêlée.

Politiquement, c’est de bonne guerre. Le président sortant est forcément avantagé, c’est vrai et ce n’est pas nouveau, mais où tracer la frontière entre l’intérêt politique personnel du candidat et la politesse du président? C’est juste une question d’élégance démocratique et d’exigence éthique. Deux scrupules dont ne s’encombre guère l’énergique conquérant à sa propre succession. Le prétendant, lui, peut bien pleurnicher sur un usage abusif des moyens de l’État, il n’est pas sûr qu’il émeuve la France sur ce point.

Faut-il s’étonner que ce sketch annoncé ne passionne guère les Français? Mais c’est comme le cirque, et c’est tant mieux: la prévisibilité des numéros n’empêche pas l’attrait pour le spectacle de la présidentielle, et pour le geste final du vote. Il faut en être, et vite, vite, prendre son ticket pour s’assurer qu’on sera bien sur la liste électorale. Même dévaluée, la magie de la démocratie n’a pas de prix.

L'Europe à reculons

Il n'est pas besoin d'être un grand clerc de la finance pour mesurer, et donc redouter, la confusion qui règne chez les leaders européens face à la crise de la zone euro. Rarement, les signaux envoyés aux opinions publiques auront été aussi contradictoires. D'un côté, on mesure, chaque jour, la tentation du réflexe national que la crise peut induire ; de l'autre, on entend parler d'une solution fédérale que même les militants les plus fervents de la cause européenne n'osaient plus imaginer. On serait, ainsi, à la veille d'un changement radical. Dans un sens, ou dans l'autre.

La confiance ne régnant plus, l'anxiété est reine. Le yoyo des marchés l'alimente à merveille. Entre les expertises sinistres des économistes et la cacophonie des politiques, le citoyen européen se réveille chaque matin avec le sentiment de devoir assister à un enterrement de première classe : celui de l'euro, et avec lui, de l'Europe. Le monde de la finance aurait, paraît-il, déjà sorti son costume sombre. Au cas où.

C'est au nom de ce risque d'éclatement, de « désintégration », comme le disait hier encore un commissaire européen, que la mobilisation est invoquée. Au nom d'une idée bien établie - l'Europe s'est forgée dans les crises - et d'un constat généralisé - la crise est profonde et peut être fatale - le fameux grand saut pour une plus grande intégration économique est le seul recours.

Ce saut, Paris l'appelle, depuis un moment déjà, un gouvernement économique. Berlin préfère parler d'une union fiscale. Un même constat de départ les unit : un étage manquait à la construction de l'union monétaire, il faut y remédier. Mais, derrière le mot intégration, les recettes divergent de part et d'autre du Rhin. La Chancelière veut modifier, même légèrement, les traités pour rendre incontournable, sous peine de sanctions automatiques, la discipline budgétaire. Nicolas Sarkozy plaide pour une intervention à l'américaine de la Banque centrale européenne, afin d'éteindre l'incendie.

La méthode, on le voit, n'est pas la même. Le calendrier non plus. Angela Merkel escompte un effet calmant d'un changement pourtant aventureux des traités ; le président français - comme d'autres en Europe - estime que seul un instrument de court terme, comme la BCE, peut calmer les marchés. Le temps presse, il est vrai, et ce critère peut peser très lourd.

Le débat doctrinal est légitime. On peut aisément comprendre les refus allemands de faire marcher la planche à billets, et pas seulement dans le souvenir de Weimar. Et tout aussi aisément l'insistance de Paris sur la nécessaire vitesse d'exécution. Ce que l'opinion comprend moins facilement, c'est la curieuse alternative entre l'officier des pompes funèbres et l'inspecteur fiscal. Entre la mort de l'euro et la rigueur punitive.

Il n'est pas irréaliste de penser que, sans un soutien à la croissance, le remède pourrait être aussi fatal que le mal. En outre, au-delà de la conjoncture de court terme, le choix d'une plus grande intégration comporte la délégation d'une part de souveraineté et exige une vision d'ensemble. Sujet sensible, compte tenu des référendums du passé et de la poussée populiste du moment.

Nicolas Sarkozy ce soir à Toulon, et Angela Merkel demain devant le Bundestag, vont devoir expliquer, à la veille d'un sommet européen crucial, s'ils veulent plus d'Europe comme on saute dans un canot de sauvetage, ou au nom d'un vrai projet.

Évolution des libertés - des journaux clandestins aux révolutions via l'Internet

Par Jerzy Buzek, président du Parlement européen et ancien membre de Solidarnosc en Pologne.

Neuf jours après la chute du dictateur libyen, alors que je me promenais dans les rues de Tripoli, un homme d'âge moyen m'aborde et me dit: "Mon ami - nous avons besoin que vous nous aidiez, nous sommes disposés à accepter votre aide".

J'ai été ému et impressionné par son regard empli d'espoir et d'enthousiasme. Il a réveillé en moi de puissants souvenirs de mon propre pays, la Pologne, il y a de cela 22 ans, lorsque nous nous battions également pour notre liberté.
Cette rencontre m'a également conforté dans mon opinion fondamentale que nous voulons tous la même chose, que nous venions de Libye, de Pologne ou de toute autre région du monde. Partout dans le monde, les peuples veulent vivre en démocratie, être capables de prendre la destinée de leur pays en main et d'assurer un avenir stable à leurs enfants.
Au sein de l'Union européenne, nous considérons la liberté comme un droit naturel, un dû. D'autres populations, souvent proches de nous, en ont été privées.
Au cours de ma visite en Libye, je n'ai eu de cesse de songer aux souffrances du plus ancien prisonnier d'opinion, Ahmed al-Sanusi. Il a passé plus de 30 ans dans les geôles libyennes, payant le prix fort pour avoir tenté de renverser le régime Kadhafi.
J'ai éprouvé un sentiment d'humilité et d'honneur en pensant à ce que cet homme courageux a enduré au nom de ses convictions. J'ai également songé avec fierté que le Parlement européen venait de reconnaître son sacrifice personnel en lui décernant le Prix Sakharov 2011 pour la liberté de l'esprit. Il partage le Prix de cette année avec quatre autres lauréats militants du Printemps arabe qui symbolisent tous le courage, la lutte et le sacrifice de ceux qui se battent pour défendre la dignité et la liberté, ainsi qu'un gouvernement responsable et réactif.
Ce Prix, baptisé ainsi en mémoire du célèbre dissident politique soviétique Andreï Sakharov, est décerné par le Parlement européen chaque année depuis 1988 à des personnalités ou à des organisations qui ont contribué de façon décisive à la défense des droits de l'homme ou de la démocratie. C'est la meilleure contribution et le meilleur soutien que nous puissions apporter à leur lutte héroïque.

Le Prix Sakharov a une Égyptienne et à une Syrienne

Le Parlement européen estime que les droits fondamentaux incluent non seulement le droit à la vie et à l'intégrité physique, mais aussi la liberté d'expression et celle de la presse. Ces deux dernières libertés sont des critères essentiels pour mesurer le degré d'ouverture et de démocratie d'une société.
En Pologne, il y a de cela 30 ans, nous publiions des journaux clandestins du fond de caves noires et froides. Ils étaient distribués à nos concitoyens par des personnes prenant de grands risques dans l'espoir d'une vie plus digne. Nous avions également réussi à créer des réseaux d'information avec d'autres dissidents de la Tchécoslovaquie, la Lituanie, la Lettonie et la Hongrie communistes.
Vu d'ici, nos activités clandestines tenaient du film d'espionnage. Pour bien des gens, cependant, notre passé n'a rien d'une fiction. C'est leur réalité actuelle.
Parmi ces personnes courageuses figurent les lauréats du Prix Sakharov de cette année, par exemple Mme Mahfouz, égyptienne, et Mme Zeitouneh, syrienne. Elles ont contribué à organiser des grèves en faveur des droits fondamentaux en publiant leurs protestations sur des blogs et sur Youtube, Facebook et Twitter.
Ces messages ont incité les Égyptiens à faire valoir leurs droits sur la place Tahrir. En Syrie, le blog de Mme Zeitouneh révèle les atrocités qui se produisent actuellement dans son pays. Ses messages sont devenus une source d'information importante pour les médias internationaux.

Nous aspirons tous aux mêmes libertés

C'est une leçon à retenir. Les femmes sont, depuis le début, aux côtés des hommes dans ces révolutions. Après avoir été longtemps victimes de discriminations, elles ont fait preuve d'un même courage, d'une grande fierté et transformé les étincelles des révolutions de leurs pays en flammes de liberté.
Que ce soit dans l'ancienne Europe communiste ou dans le récent Printemps arabe, nous aspirons tous aux mêmes libertés. La seule différence réside dans la manière d'y parvenir.
Le Printemps arabe nous a clairement montré qu'un changement fondamental s'était produit dans la manière de lutter pour la liberté. La presse écrite clandestine a été remplacée par l'Internet et les médias sociaux.
Nous sommes à un moment capital marqué par de nouvelles "révolutions internet" où les personnes établissent des relations et des réseaux en ligne et s'unissent en partageant leurs expériences et objectifs communs au travers des nouvelles technologies.
 Nous ne devrions pas laisser passer ces événements sans en tirer les bons enseignements.

La solidarité doit toujours l'emporter

Le Parlement européen organise aujourd'hui à Bruxelles une conférence Sakharov de haut niveau sur les droits de l'homme afin de fournir une plateforme de haut niveau très visible pour mettre en avant les droits de l'homme ainsi que le rôle de l'Union européenne dans leur promotion et leur défense.
Cette conférence vient à point nommé pour examiner le rôle puissant des nouvelles technologies dans la lutte pour les droits de l'homme. De plus, elle constitue également l'occasion idéale d'examiner les problèmes de droits de l'homme dans les pays en transition, en particulier au regard des évolutions internationales actuelles telles que le Printemps arabe.
 Elle réunit des lauréats du Prix Sakharov, des personnalités publiques de renommée internationale, des militants et des défenseurs des droits de l'homme, des ONG et des députés au Parlement européen.
 Les questions relatives aux droits de l'homme figurent toujours au premier rang des priorités du Parlement. En tant que seule institution européenne démocratiquement élue, le Parlement européen s'efforce de garantir que les droits et les libertés sont défendus et promus au sein de l'Union européenne et au-delà.
Nous voulons que les personnes engagées dans la lutte pour les droits de l'homme à travers le monde voient dans Bruxelles non seulement la capitale de l'Union, mais aussi une plateforme des droits de l'homme
C'est pourquoi nous souhaiterions aller au-delà d'une seule conférence et renforcer notre propre réseau: le réseau du Prix Sakharov. Je sais, de par l'expérience de mon propre pays, à quel point il peut être difficile de rétablir des procédures et des institutions démocratiques en partant de rien. Je sais également qu'il importe de créer des réseaux de personnes dont l'expérience et le soutien peuvent être utiles. Je sais que la solidarité doit toujours l'emporter.
Pour en revenir à l'homme rencontré à Tripoli, je peux lui dire la chose suivante: l'Union européenne est à vos côtés et aux côtés des peuples du monde entier en quête de liberté. Les droits de l'homme et leur défense figurent au premier rang de nos préoccupations et de nos devoirs. Vous avez également un devoir: favoriser le développement de la Libye libre avec l'aide de vos propres réseaux nationaux établis par la société civile, les organisations non gouvernementales, les intellectuels, les organisations de femmes et les médias pluralistes.
 Je puis vous assurer mon ami que le Parlement européen ne fera jamais la moindre concession lorsque les droits de l'homme sont menacés. Nous sommes à vos côtés. Toujours.

L'Eurogroupe pourrait donner de l'oxygène à la Grèce

ZONE EURO. Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent mardi 29 novembre 2011 à partir de 17 h à Bruxelles pour étudier plusieurs dossiers chauds au sein de l'Eurogroupe

D'abord, faire un point sur la crise de la dette. Cette réunion a lieu alors que la situation se dégrade dans la zone euro. Le quotidien économique français La Tribune a annoncé que la France pourrait se voir appliquer par l'agence de notation Standard & Poor's une perspective négative dans une dizaine de jours, prélude à la perte du fameux triple A.

S&P a refusé de commenter ce qu'elle qualifie de "rumeur". L'idée de proposer un nouveau pacte de stabilité entre les pays bénéficiant du triple A est toujours discutée.

Ensuite, l'Eurogroupe pourrait enfin débloquer le versement de la tranche de prêt de 8 mrds€ à la Grèce. Une enveloppe qui avait été gelée après la décision unilatérale de Georges Papandreou de lancer un référendum. Le nouveau gouvernement grec devrait finalement s'engager par écrit à appliquer les réformes demandées par l'Europe et le FMI dans le cadre du plan de sauvetage du pays. Sans cette somme, l'État grec tomberait en faillite d'ici à la mi-décembre 2011.

Enfin, à l'ordre du jour le Fonds de secours pour les pays en difficulté (FESF) destiné à éviter la contagion de la crise de la dette à l'Italie et à l'Espagne. Le FESF pourrait se muer en un mécanisme d'assurances permettant une garantie sur les pertes éventuelles des investisseurs acquéreurs de dettes des pays fragiles.

Au cours de cette séance des pays de l'Eurogroupe, qui seront rejoints par les autres pays européens mercredi 30 novembre 2011, sera nommé officiellement le nouveau représentant français au directoire de la Banque centrale européenne, Benoît Coeuré. Actuellement directeur général adjoint du Trésor français, il remplacera l'Italien Lorenzo Bini Smaghi.

Le principe de panique à l’oeuvre

Angoisses, alarmisme, peur de l’apocalypse : pour le futurologue Matthias Horx, l’homme n’est pas guidé par les faits, mais par son état d’esprit. Ce qui vaut également pour la crise de l’euro. 

Dans son nouveau thriller, The Fear Index [“L’index de la peur”, éditions Hutchinson] l’historien et auteur à succès Robert Harris décrit le moyen de faire fortune en exploitant la peur.
En voici l’intrigue : physicien de génie, le docteur Hoffmann (Edgar Allan Poe n’est pas loin), ancien chercheur de l’accélérateur de particules Large Hadron Collider, met au point un hedge fund informatisé.
A l’échelle de la milliseconde, VIXAL-4 scanne le Web en quête de signes de panique, ciblant des termes comme terrorisme, alerte, horreur, fin, déclin, crise, banqueroute, danger, gouffre, inquiétude, accident nucléaire.
Dès que les indicateurs clignotent, il peut parier aussitôt sur une chute des cours et engranger des milliards en quelques secondes. Le hedge fund enregistre une croissance annuelle de 80 %.
Naturellement, les choses dérapent. La machine commence à spéculer de son propre chef, semant la panique. Le mariage, la famille et la psyché du héros finiront par sombrer avec l’ensemble de l’économie mondiale.

La "crise" n’existe que parce que tous y croient

Supposons un instant que cette fiction soit depuis longtemps une réalité, et que la crise de la zone euro ne soit que le résultat d’une angoisse collective. Une angoisse qui monte. Qui se propage. Qui maraude de cerveau en cerveau. Une infection collective. Pour alimenter le système, un ordinateur central type HAL ou Big Brother ne serait même pas nécessaire.
La "crise" n’existerait que parce que tous y croient. J’entends d’ici les oracles de la crise me dire : n’existe-t-il pas des faits vérifiables ? Les banques ne sont-elles pas responsables de la crise de l’immobilier, n’ont-elles pas poussé les pays européens à s’endetter ?
Ou sa variante – nos dirigeants politiques irresponsables n’ont-ils pas continuellement agi à l’encontre des marchés en jetant sans vergogne l’argent du contribuable par les fenêtres, aux frais des générations futures ?
Peut-être tout cela n’entre-t-il plus en ligne de compte depuis longtemps. Dans son nouveau livre, Mood Matters [“L’humeur compte”, éditions Springer], le futurologue et génie des mathématiques John Casti montre comment l’état d’esprit conditionne l’histoire.
Avec un argument radical : ce ne sont pas les événements du monde réel qui décident de l’avenir, mais exclusivement les attentes collectives fictives. Comment disait Epictète, déjà, 2000 ans et plus ? "Ce qui trouble les gens, ce ne sont pas les événements, mais l’idée qu’ils se font des événements".

Une industrie de la peur et de l'effroi dans les médias

Les vilains spéculateurs ne sont pas les seuls à spéculer contre l’euro. Depuis longtemps, une industrie de la peur et de l’effroi est à l’œuvre dans les médias, qui misent essentiellement sur la surenchère de titres chocs.
"Ambiance d’apocalypse dans la zone euro" ; "La fin du règne de l’argent" ; "L’adieu à la prospérité". Des professeurs en colère viennent pérorer dans les émissions de débat sur l’air de "je l’ai toujours su". A chaque nouveau débat, la petite musique de la peur monte d’une octave.
Cette "fearconomy" [économie de la peur] n’a-t-elle pas supplanté depuis longtemps déjà une économie réelle qui, elle, doit miser sur le changement, l’ajustement et le renouvellement ?
Terrorisme, alerte, horreur, fin, déclin, crise, banqueroute, danger, gouffre, inquiétude et accident nucléaire ne forment-ils pas le modèle économique le plus formidable de tous les temps, si l’on considère que l’homme est au plus profond de son être un angoissé ?
"Nous sommes profondément convaincus”, confie le docteur Hoffmann dans le roman de Robert Harris, “que c’est l’informatisation elle-même, l’interconnexion du monde entier, qui est la cause du vent de panique mondial. Et qui nous permet de nous faire de l’argent, et même un paquet !"

La dictature du court terme à l'assaut des Etats

A force de se projeter dans l’éclatement de la zone euro, les opérateurs de marché en créent les conditions. 

Vive la crise! Pour les marchés financiers, la crise de la dette publique dans la zone euro n’a pas que de mauvais côtés. Les agences de notation dégradent les notes attribuées à la dette des Etats les plus fragiles, comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, et maintenant la Belgique… Ces pays, dans la ligne de mire des spéculateurs, ne peuvent se refinancer sur les marchés qu’à des taux de plus en plus élevés. La France n’est pas épargnée. Bonne affaire, pour les créanciers!

Le malade et le thermomètre

En effet, la dégradation des notes est réputée traduire un risque plus grand qui, lui-même, justifierait des taux plus élevés. C’est ainsi que l’Italie, aujourd’hui dans l’œil du cyclone, se finance à la fin novembre sur les marchés à des taux supérieurs à 7% pour des emprunts à dix ans, contre 5% il y a trois mois.
Est-ce la bonne méthode pour contribuer au redressement? Si on prend l’exemple de la France, une hausse d’un point du taux d’intérêt correspond à une rallonge de 10 milliards d’euros sur cinq ans du service de la dette.
Les agences se défendent, au prétexte qu’elles ne font que mesurer un niveau de solvabilité en croisant de nombreux paramètres. Certes, ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on guérit un malade; ce n’est pas non plus en tapant dessus. On ne peut imaginer que la sanction suffise à redresser l’économie.
Ce serait plutôt le contraire: en empruntant plus cher, les pays alourdissent leur endettement… ce qui justifie une nouvelle dégradation, et ainsi de suite jusqu’au naufrage. Comme pour la Grèce. Avec des implications sociales imputées à l’euro et qui sont en fait les conséquences de la dépendance des Etats aux marchés.

Le principe des prophéties auto-réalisatrices

Les marchés ont ainsi la capacité d’émettre des prophéties… auto-réalisatrices. En brandissant la menace d’une dégradation puis en l’appliquant, les agences de notation (qu’aucune instance ne contrôle) modifient le rapport de forces entre Etats et créanciers et la confiance que ceux-ci accordent à ceux-là. De sorte que les Etats s’endettent encore plus. Elles peuvent donc justifier a posteriori leur décision par l’évolution d’une situation qu’elles ont elles-mêmes contribué à créer.
Certes, les Etats placés sous les projecteurs ont laissé filer leur endettement. On soulignera toutefois qu’une partie du problème de la dette souveraine provient de la crise bancaire déclenchée par ces mêmes opérateurs financiers. Mais on ne règlera pas le problème si on ne laisse pas le temps à ces Etats de mettre en place les conditions de l’assainissement. Tel est pourtant le mode opératoire des acteurs des marchés financiers, qui jouent ainsi l’éclatement de la zone euro.

La dictature du court terme

La pression opérée par les agences de notation et les spéculateurs va dans le sens souhaité par les adversaires de l’euro, qui peuvent se prévaloir de la crise de la dette souveraine pour justifier leurs attaques. Les europhobes ont trouvé leurs alliés. Le dernier rapport en date est celui de l’agence Moody’s le 28 novembre, menaçant tous les pays de la zone euro, France et Allemagne comprises ainsi que d’autres pays jusqu’à présent épargnés. «Alors que la zone euro dans son ensemble dispose de solides atouts économiques et financiers, les faiblesses institutionnelles continuent à empêcher la résolution de la crise et pèsent sur la notation», commente Moody’s.
L’agence de notation, comme on le voit, n’est pas négative sur les atouts de la zone euro. Mais la mise en œuvre d’une solution à l’échelle de la zone, avec la construction de nouvelles solidarités, implique de refondre la gouvernance de l’euro. Or, Moody’s veut obstinément méconnaître les impératifs du temps politique qui ne permettent pas de résoudre les «faiblesses institutionnelles» pointées par l’agence dans les délais souhaités par les marchés. C’est la mécanique des marchés contre celle des démocraties.
Car les marchés, eux, se situent dans des perspectives de court terme, et de plus en plus. Moody’s l’évoque clairement:
«En l'absence de mesures politiques pour stabiliser les conditions de marché à court terme, ou bien si ces conditions se stabilisent pour toute autre raison, le risque crédit va continuer à s'accroître.»
Cette dictature de l’immédiateté est celle de la finance qui se projette de moins en moins dans des investissements de long terme pour privilégier des opérations au rendement rapide. «Nous sommes dans une crise de l’argent facile à court terme», diagnostique René Ricol, commissaire à l’investissement et coordinateur des politiques de soutien aux entreprises.

Les marchés contre les Etats

La crise bancaire née en 2007 a poussé les Etats à corriger les excès de l’argent fou en introduisant de nouvelles régulations. Mais en édictant des contraintes nouvelles, les législateurs ont forcément obligé les marchés à se projeter dans un avenir plus lointain, plus conforme aux intérêts souverains. D’où ce bras de fer entre les marchés financiers et les gouvernements, les premiers voulant affaiblir les seconds pour empêcher toute régulation et pouvoir à nouveau imposer leur dictature du court terme.
Les Etats l’emporteront-ils malgré tout? «C’est tout l’enjeu de l’engagement d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy», souligne René Ricol. Rien n’est encore écrit. Le couple franco-allemand qui sert de centre de gravité à la zone euro n’a pas trouvé l’équation qui enraierait les attaques des marchés et les dissuaderait de jouer l’éclatement de la zone euro. Or, le temps joue contre les Etats.
Lire aussi : "La crise de la dette"

Le climat, autre victime de la crise

C'était il y a deux ans à peine et pourtant déjà une autre époque. À Copenhague, le Sommet sur le réchauffement climatique était perçu comme « un rendez-vous unique pour l'histoire de l'humanité », comme le caractérisait lyriquement Jean- Louis Borloo, alors ministre de l'Environnement auréolé de la dynamique de son « Grenelle » et du volontarisme sarkozyen en la matière. Dans la capitale scandinave devait se jouer l'avenir de la planète. Mais devant l'échec du Sommet et l'affichage des égoïsmes nationaux, le problème « essentiel », devenu impossible à résoudre, a disparu des calendriers. Et c'est ainsi que le nouveau Sommet sur le réchauffement se déroule, depuis lundi, dans un silence assourdissant à Durban... Depuis 2009, il est vrai qu'une autre crise planétaire, financière et plus immédiate, est venue réorienter les priorités vers le court terme et les préoccupations plus directement locales. La confrontation, fortuite, des sujets d'actualité, est d'ailleurs édifiante. Depuis la décision du Conseil d'État, c'est la hausse probable des tarifs de l'énergie qui inquiète et mobilise aujourd'hui le gouvernement et l'opinion (et, là encore, c'est un constat d'impuissance politique qui peut être tiré face aux intérêts économiques privés). De quoi redonner, plus généralement, consistance au fameux - et fallacieux - adage qui fait des préoccupations environnementales un souci de riche. S'il est évident que connaître les possibilités de se chauffer cet hiver est prioritaire sur le climat qu'il fera dans cinquante ans, c'est de la responsabilité des politiques de ne pas sacrifier l'un au profit de l'autre.

Oui, l’euro passera Noël !


C’est la nouvelle mode des commentateurs, des experts et des soi-disant prophètes de l’économie et de la finance depuis que le JDD a titré dimanche dernier : « L’euro va-t-il passer Noël ? ». Et chacun d’ajouter sa pierre à l’édifice du pessimisme et du défaitisme : Jacques Attali, l’ancien conseiller de Mitterrand, assure que « l’euro ne passera pas Noël », Eric Zemmour que « la zone euro n’existe plus de fait » et Nicolas Baverez que « la France et la zone euro se sont fracassées sur le mur de la dette ». N’en jetez plus, la coupe est pleine et pourtant il y a beaucoup de gens, dont je suis, qui pensent que l’euro peut-être défendu, sauvé et conforté, à certaines conditions d’effort et de courage de la part des responsables politiques. Car il existe des solutions aux problèmes posés par la crise de la dette aux pays européens.– La première solution consiste à modifier les compétences de la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle puisse prêter aux Etats comme les banques centrales américaines, anglaises ou japonaises, ce qui explique que ces pays peuvent emprunter à taux faible. L’Allemagne est contre mais elle évolue dans le bon sens et Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont affirmé à Strasbourg l’indépendance de la BCE, une façon de dire que si elle veut, elle peut.


– En attendant que cela intervienne le couple franco-allemand envisage de proposer aux membres de la zone euro qui le souhaitent un mini-pacte de stabilité. Cela concernerait les Etats ayant les économies les plus fortes : Allemagne, Autriche, Pays-Bas ainsi que la France et l’Italie. Ces Etats s’engageraient à faire converger leurs fiscalités et à contrôler mutuellement leurs budgets nationaux. Ce plan secret, s’il est annoncé à Toulon demain par Nicolas Sarkozy et vendredi au Bundestag par la chancelière Merkel, peut être la première phase du sauvetage.


Non, décidément, n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, l’euro n’est pas mort !