TOUT EST DIT

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mardi 29 juillet 2014

Le plus grand bateau solaire du monde en mission archéologique en Grèce

Le plus grand bateau solaire au monde, le catamaran PlanetSolar, entame en Grèce une mission d'archéologie sous-marine mêlant scientifiques suisses et grecs sur les traces d'un des plus vieux sites occupés par l'homme en Europe, aujourd'hui sous la mer, à l'est du Péloponnèse.
PlanetSolar a franchi lundi le canal de Corinthe qui relie la mer Ionienne et la mer Égée et va lui permettre de rallier l'Argolide, au large du Péloponnèse. La mission débutera le 11 août,
Le projet "TerraSubmersa" va conduire la catamaran de 31 mètres à la découverte des "paysages submergés" près de la grotte de Franchthi, un site préhistorique connu, a expliqué à l'AFP Julien Beck, chercheur et enseignant à l'université de Genève, qui dirige la mission.
"Cette grotte a la caractéristique d'avoir été habitée de façon continue pendant environ 35.000 ans, du paléolithique au néolithique, et on a de bonnes raisons de croire que vers la fin du néolithique, des habitants se sont établis à proximité sur un site aujourd'hui englouti".
"Si on découvrait ce village, ce serait l'un des plus anciens de Grèce et d'Europe", poursuit M. Beck.
Depuis son tour du monde bouclé en 2012 uniquement grâce à l'énergie solaire, PlanetSolar, qui bat pavillon suisse, a déjà participé à des campagnes de mesures scientifiques.
En Grèce, aux côtés d'un bateau du Centre grec pour la recherche marine, il procèdera à des mesures géophysiques tandis que des archéologues sous-marins mèneront les fouilles sous la mer Egée.
L'ensemble de la mission qui associe l'Université de Genève, l'Ecole suisse d'archéologie en Grèce, la direction des antiquités sous-marines du ministère grec de la Culture, durera environ un mois.
PlanetSolar, dont le capitaine est le navigateur français Gérard d'Aboville, est équipé de 825 modules avec 38.000 cellules photovoltaïques réparties sur une surface totale de 537 mètres carrés. Il atteint en moyenne une vitesse de 7,5 noeuds (14 km/h).

L’individu face à ses choix (3) : Décentraliser jusqu’à l’individu

L’individu et la société sont gagnants lorsqu’on individualise les décisions.

De l’histoire des hommes et de l’analyse des expériences individuelles, nous avons conclu que, si la concurrence amène parfois le succès et parfois l’échec, l’uniformité assure l’échec à long terme. En effet, ce n’est pas la rigidité qui fait la solidité, mais la flexibilité.
Plusieurs leçons peuvent en être tirées. D’abord, les bénéfices de la décentralisation et de la concurrence entre régions, aussi bien dans les décisions prises que dans le système politique. Plus les régions sont petites, plus le pouvoir est proche des citoyens, géographiquement mais aussi dans l’exercice quotidien de ses fonctions. On peut ne pas aimer le maire dans une petite ville, le lui dire, et déménager pour cette raison ; mais on peut plus difficilement joindre un parlementaire européen, et la distance à parcourir pour déménager est plus prohibitive.

On peut pousser le raisonnement plus loin. À l’échelle d’une société, il faut privilégier le choix et la responsabilité individuels ; en rendant chaque individu dépendant de tous les autres, les échecs individuels peuvent se transformer en désastres, et les succès récompensent à peine leurs auteurs. Certains parlaient du crony capitalism comme d’un système où on privatise les profits et on socialise les pertes ; on a pu observer ce phénomène avec le bailout des banques aux États-Unis. Mais pour les petites entreprises dans la France socialiste d’aujourd’hui, on socialise les profits en taxant ceux qui réussissent, et on privatise les pertes. Il faut, pour permettre l’innovation, privatiser pertes et profits – rien n’empêche ensuite chacun d’entre nous de tendre la main aux nécessiteux et à ceux qui auraient échoué, au contraire. Le mécanisme est similaire à la sélection naturelle, avec certaines nuances ; notamment parce que les hommes sont récompensés aujourd’hui plus sur la base de leurs choix que de leurs mutations génétiques, et parce qu’ils font naturellement preuve d’empathie.
L’individu et la société sont gagnants lorsqu’on individualise les décisions. Et perdants lorsqu’on les collectivise. En effet, l’ensemble de la société bénéficie des succès de chacun, car le succès est fait du bénéfice qu’on apporte aux autres. Mais tous sont perdants lorsqu’on choisit pour eux ; la valeur est subjective, d’une part, et les choix faits ont toutes les chances d’être mauvais d’autre part.
Il vaut mieux, donc, une société de taille modeste où les individus sont libres et responsables ; les décisions décentralisées deviendront des succès qui bénéficient à tous et des échecs qui ne coutent qu’à leurs responsables (sans les condamner, loin de là).
« Le succès, c’est aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. » – Winston Churchill
L’idée est simple, mais les obstacles sont nombreux. Il faut affronter la soif de pouvoir des hommes politiques qui, de tout temps, ont cherché à subjuguer les individus autant que ces derniers étaient prêts à les laisser faire (et souvent plus, ce qui a souvent causé leur perte).
Les hommes de pouvoir ont, dès qu’ils ont pu assurer leur emprise, développé des structures bureaucratiques pour régir les hommes. Pour ce faire, ils ont, en certains endroits de la planète, favorisé le développement de l’écriture – mais de systèmes si complexes que les individus capables de les manier et les usages auxquels ils étaient employés sont assez limités pour que les historiens soient capables de les connaître tous, ou presque1. Ce n’est que quand l’écriture a été simplifiée qu’elle est devenue un instrument de diffusion et de partage de l’information et de la connaissance plutôt que de pouvoir – où est-ce l’inverse ?
Les hommes de pouvoir ne cherchent pas à assurer le bien-être de la population. Même dans une démocratie moderne comme la France, pays des droits de l’homme et phare du monde (sic), ils s’attellent non pas à trouver les meilleures solutions, mais à faire en sorte que ce soit eux plutôt que leurs rivaux qui dirigent les Français – à leur propre profit, cela va sans dire. Il y en a sans doute de bons, mais ils sont rapidement confrontés à un choix : entre faire partie du système et suivre ses règles, ou en être exclu.
Mais pas seulement ; il nous faut aussi affronter la peur du changement et de la responsabilité qui, à des degrés divers, sont en chacun de nous.
« Peu à peu, j’ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni les partis, mais qu’elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l’humanité. » — Alexandre Soljenitsyne
Car n’avons-nous pas tous en nous une certaine peur du changement ? N’avons-nous pas tendance à nous défausser, au moins en partie, de nos responsabilités ?
  1. Pour certains systèmes, les quelques scribes capables de l’utiliser se comptaient sur les doigts d’une main et ont été identifiés grâce à leur écriture 

A Lyon avec Christophe Boudot

A Lyon avec Christophe Boudot

 Environ 600 personnes se sont rassemblées samedi à Lyon place Saint-Jean devant la primatiale. Les participants, qui portaient sur le torse le sigle signifiant « Nazaréen », peint sur les maisons des chrétiens, devenues propriété de l'État islamique, étaient rassemblés derrière des banderoles proclamant en français et en anglais : « Tes frères se font tuer, et toi, que fais-tu ? »
Ce rassemblement était organisé par un collectif assyro-chaldéen, soutenu par le diocèse de Lyon. Le Front national était largement représenté par de nombreux élus (Blanche Chaussat, Sandrine Ligoud, Antoine Melies, etc.) avec à sa tête le conseiller municipal FN de Lyon et ami de notre journal, Christophe Boudot, qui n’a pas manqué d’épingler le maire Gérard Collomb et l’inertie du gouvernement :
 « L'État français se montre coupable d'inaction, il doit s'engager au côté des chrétiens persécutés, nous devons exiger que la diplomatie française si prompte à intervenir d'habitude, puisse peser de tout son poids dans la défense des chrétiens et de leurs intérêts en Orient. Où est le maire de Lyon, Gérard Collomb ? Il devrait être là aujourd'hui, au côté des persécutés ! ».
Plusieurs élus UMP étaient présents : Cochet, Mariton, Verchère et Guilloteau ainsi que l’ancien député européen du Mouvement pour La France, Patrick Louis.
Christophe Boudot n’a pas manqué de féliciter le cardinal Barbarin de son initiative diplomatique et de l’assurer de son soutien et de ses prières pour son voyage en Irak en compagnie de Mgr Gollnisch (frère cadet de Bruno Gollnisch) et de Mgr Dubost qui va découvrir enfin que les victimes peuvent être aussi chrétiennes… (Cf. son communiqué de fin de Ramadan dans Présent de vendredi).
« Ne nous oubliez pas»
Plusieurs intervenants ont décrit la situation dramatique des chrétiens à Mossoul et dans ses environs : « Les chrétiens ont droit à la liberté religieuse, ils ont le droit de vivre dans leur pays. Ils étaient là avant l'islam », a déclaré le père Anis Hanna de l'ordre des prêcheurs dominicains, qui a dénoncé les destructions visant les églises, mais aussi certaines mosquées. « C'est toute la société qui est touchée », a-t-il dit.
Mgr Barbarin a indiqué qu'il partait en Irak pour « essayer d'être un messager de paix » : « Nous allons d'abord aller voir les enfants, les familles, en contact direct avec ceux qui sont dépouillés de tout ».
Le cardinal a ensuite lu un message du patriarche chaldéen Louis-Raphaël Sako dans lequel il affirme que « le christianisme oriental ne doit pas disparaître », avant de conclure par un poignant : « Ne nous oubliez pas ».
Les manifestants ont récité tous ensemble le “Notre Père” avant de recevoir la bénédiction du cardinal Primat des Gaules.

L’individu face à ses choix (2) : Gros n’est pas solide, petit n’est pas stupide

La concurrence fait le succès des uns et l’échec des autres, mais l’uniformité assure l’échec à long terme.
L’histoire est pleine de leçons. Ceux qui ignorent l’histoire sont condamnés à la répéter. Ceux qui la connaissent, en revanche, sont condamnés à les prévenir en vain – sauf s’ils parviennent à leur faire entendre raison, et c’est ce à quoi nous devons nous atteler sans relâche si nous voulons éviter une catastrophe.
Il serait impossible de résumer l’histoire de la Chine et de l’Europe en quelques lignes. Même en ne s’intéressant qu’au sujet restreint (mais crucial) de la diffusion des technologies dans ces deux pays. Cependant, on peut à travers ces exemples1comprendre les différences dans la diffusion des innovations résultant de l’unification et de la fragmentation d’une région.
La Chine, unifiée depuis longtemps, a plusieurs fois interrompu le progrès technique, voire régressé : l’autorité centrale, soudainement opposée à certaines technologies ou entreprises, y a mis fin, au moins pour un temps. Par exemple, les envois de flottes chinoises en Afrique de l’Est ont cessé lorsque les eunuques ont perdu le pouvoir au 15ème siècle ; l’horlogerie chinoise, jadis la plus avancée, a été annihilée par volonté politique.
À l’inverse, la fragmentation de l’Europe a permis la diffusion de nombreuses technologies et le lancement de nombreuses entreprises : canons, imprimerie, armes à feu, éclairage électrique se sont développés car une ou plusieurs entités politiques l’adoptaient, poussant d’une façon ou d’une autre les voisins à l’adopter sous l’influence, la menace ou la conquête. Le développement de l’éclairage électrique dans les rues londoniennes a été retardé par volonté politique à la fin du 19ème siècle, mais l’influence du continent a finalement eu raison de l’obstination politique. Christophe Colomb a essuyé plusieurs refus avant de convaincre le roi d’Espagne, d’abord réticent, de financer son expédition ; devant le succès espagnol, les autres pays se sont lancés dans la conquête des Amériques2.
La fragmentation permet la concurrence, et la concurrence permet la diffusion des technologies par l’adoption d’une entité suivie ensuite par les autres. Bien sûr, il y a, un temps, des perdants : ceux qui ont refusé le progrès ou ont misé sur le mauvais cheval. Mais l’histoire montre que le retard est rarement impossible à rattraper ; Espagnols et Portugais n’ont pas conservé leur hégémonie, pas plus que les Français ou les Hollandais. Le Croissant Fertile, autrefois région la plus avancée, a durablement sombré dans la pauvreté avant la découverte de richesses dans le sous-sol. D’autres régions ou pays ont rattrapé puis dépassé chacun d’entre eux.
Ce qui est vrai à l’échelle de pays l’est aussi à l’échelle des individus qui les peuplent. Les entreprises font des choix technologiques parfois bons, parfois mauvais ; certaines resteront, d’autres périront. Nokia, autrefois un leader de la téléphonie mobile, a été racheté par Microsoft avant que la moitié de ses effectifs ne soit licenciée.
On peut déplorer que certains échouent. Mais tous les choix ne peuvent pas être aussi bons, et certains, si on leur laisse le choix, feront parfois le mauvais choix. La technologie du transistor, qui a permis la domination du marché électronique par les Japonais, a été brevetée puis vendue par Western Electric à Sony pour ne pas menacer le marché américain des tubes à vide ; il y a de quoi s’en mordre les doigts pour longtemps.
On peut surtout comprendre que, si le même choix est imposé à tous, il est possible (certain ?) que tous échouent. Et comprendre alors en quoi la volonté des régulateurs d’imposer des normes et standards uniques, bien que partant d’une bonne intention, est dangereuse : si on choisit le mauvais standard, la mauvaise technologie, on peut conduire des industries entières à la faillite.
Et il en va de même des individus. En biaisant le marché pour orienter, par exemple, leur épargne et leurs investissements vers certains produits et certains secteurs plutôt que d’autres, le risque est important que tous connaissent des revers financiers importants. Et en les taxant pour investir au nom de l’ensemble des citoyens, on les prive de la possibilité même de choisir ; plus question d’orienter, on dirige. On peut faire le bon choix, mais les chances sont faibles, alors que certains auraient pu faire les bons choix s’ils en avaient eu la possibilité.
« Le futur est déjà là, il n’est simplement pas uniformément réparti. » — William Gibson
La concurrence permet donc le succès et l’échec ; l’uniformité assure l’échec à long terme. Pour utiliser une métaphore connue de La Fontaine, il vaut mieux être roseau que chêne. Ce n’est pas la rigidité qui fait la solidité, mais la flexibilité.
  1. Et tant d’autres, voir « Guns, Germs, and Steel » de Jared Diamond 
  2. Sans dire qu’elle fut positive pour tout le monde, pour les Européens, la conquête des Amériques le fut indubitablement. 

Lettre à un jeune compatriote musulman

Cher compatriote, cette lettre est celle d'une Française à un Français. Car tu es ce que les médias appellent un «Français musulman», et moi, je suis française athée, ou agnostique penchant vers l'athéisme… Enfin, bref, ces choses-là sont complexes, mais elles relèvent de l'intimité puisque, dans l'espace public, nous sommes seulement deux citoyens français. Alors pourquoi cette lettre? Parce que lorsque j'écris un texte pour défendre la laïcité, certains me disent à travers les réseaux sociaux: «Vous avez un problème avec l'Islam.» Lorsque je publie une tribune pour m'inquiéter d'un antisémitisme de plus en plus violent, je reçois le même commentaire: «Vous avez un problème avec l'islam.» Lorsque j'évoque les djihadistes partis en Syrie, la sentence tombe à nouveau: «Vous avez un problème avec l'islam.»
Cher compatriote, sache-le, je n'ai, comme la plupart des Français je pense, aucun «problème» avec l'islam. Bien au contraire, ce mot éveille en moi le souvenir de l'immense civilisation arabo-musulmane qui fut au XIIIe siècle le phare du monde. Une civilisation faite de liberté, d'intelligence et de sensualité. Une civilisation qui permit de transmettre les textes grecs parce qu'elle respectait le passé qui l'avait précédé et les bibliothèques qui en préservaient la trace. Sans elle, la pensée contemporaine ne serait pas ce qu'elle est. Ce mot évoque Grenade, terre d'arts, de sciences et de poésie quand l'Occident médiéval incarnait encore la barbarie. Ce mot me raconte les vers d'Ibn Arabi et la spiritualité tolérante du soufisme.
Non, je n'ai aucun «problème» avec l'Islam, mais j'en ai un avec tous ceux qui s'en réclament pour imposer leur intolérance et poursuivre un objectif politique, celui notamment de modifier l'équilibre des droits et des devoirs dans ce vieux pays qui avait à peu près réglé la question des religions. Ils ne sont pas majoritaires, bien sûr. Mais on les entend très fort, et j'aimerais entendre tous les autres. Et l'on entend beaucoup aussi les pyromanes qui expliquent qu'il faut modifier la règle commune sous prétexte que les musulmans «sont arrivés après». Il existait, avant 1989 et la première affaire de voile, une pratique qui était que l'on n'arborait pas de signe religieux dans les écoles. Cette pratique était adossée à une circulaire de 1936 publiée par le ministre Jean Zay. Il suffisait de le rappeler pour éviter un psychodrame récupéré par ceux qui veulent faire croire que seuls sont ciblés les musulmans.
J'ai un «problème» aussi quand je vois trois jeunes étudiants, dans un cours sur les grands textes littéraires, philosophiques et religieux ayant modelé la civilisation du pourtour méditerranéen, me déclarer qu'ils n'iront pas lire les mythes de la Genèse parce que «leur religion leur interdit d'ouvrir ce livre» et que «dans un établissement laïque, on n'a pas à lire ça». Qu'il me faille, à moi, expliquer à des jeunes de 20 ans intelligents et parfaitement éduqués que la laïcité n'est pas l'inculture, que lorsque j'ai annoncé que nous allions par la suite nous intéresser au Coran et à son histoire, ça n'avait pas eu l'air de les choquer et qu'enfin ces mythes sont le fondement de leur propre religion, cela me consterne.
J'ai un «problème» quand j'évoque dans un débat les nombreux Français «de culture musulmane» et que Tariq Ramadan me répond: «Cela n'existe pas. Il y a des musulmans et des non-musulmans.» Car une telle conception des religions (qu'on parle de l'islam, duchristianisme ou du judaïsme) est le début de l'intégrisme. Elle nie la possibilité des individus de vivre dans le souvenir des rites qui les ont construits tout en s'émancipant de la religion elle-même.
Pour ma part, cher compatriote, je crois que toute religion est compatible avec laRépublique, et je suis confirmée dans cette idée par les musulmans laïques qui vivent leur foi dans l'intimité. Mais je connais la sensibilité de la France, qui a évacué les religions vers la sphère privée, face à des pratiques ritualistes rendant le croyant visible dans l'espace public. Et je sais que la plus grande marque de respect est de traiter chacun selon la règle commune, justement parce que nous sommes tous citoyens à part entière.
Mais quand un fou ou un frustré endoctriné tue en se réclamant de l'islam, j'espère entendre ta voix, cher compatriote, me dire que tu récuses cette façon abjecte d'enrôler ta religion. Et ce n'est pas te demander de te justifier mais affirmer un fait. Comme moi j'affirme que la France, dans son histoire, a parfois renié ses valeurs, et qu'il y a eu desOradour-sur-Glane en Algérie, et que l'Indochine est un gâchis affreux. Et ce n'est pas de la repentance car les Français d'aujourd'hui ne sont pas comptables des fautes de leurs pères. Mais il y a des choses qui vont mieux en les disant. Car tous les morts se valent, et je veux pleurer avec toi les enfants massacrés de Gaza autant que les enfants chrétiens martyrisés de Mossoul.
Vivre en bonne entente, cher compatriote, c'est avoir confiance en l'autre, qui est un semblable. Et nous avons un destin commun dans ce pays, la France, qui a développé un compromis social et politique que nous devons préserver toi et moi.