TOUT EST DIT

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samedi 17 mars 2012

La gauche ultralibérale


L’ultralibéralisme n’est pas mort. Souvenez-vous : à l’heure du triomphe de l’économie financiarisée, il prétendait que rien ne devait faire obstacle au marché. L’État ne devait pas fixer des normes, la morale n’avait rien à voir avec l’équilibre de la société, la protection de la nature était une lubie de marginaux passéistes.
Son credo était la consommation. Son obsession, la dérégulation. Sa référence, l’individualisme. Cet ultralibéralisme nous a entraînés dans la crise écologique et économique que nous traversons. Il a écrasé les plus faibles et produit des injustices inouïes. Il nous a conduits à détruire notre propre environnement, dans l’aveuglement consumériste qui nous saisissait. La crise a été la douloureuse occasion d’une prise de conscience salutaire : nous avons reconnu que l’homme et la société ont besoin de limites. Qui ne partagerait aujourd’hui l’idée qu’il faut réguler et moraliser l’économie ?
Et pourtant, par une ironie de l’histoire, l’ultralibéralisme n’est pas mort : il s’est réincarné, triomphant et indiscuté… dans le projet politique de la gauche. La tentation ultralibérale est évidente dans les options des candidats de gauche sur chacune des questions de société : fin de vie, bioéthique… Les chercheurs veulent se servir de l’embryon comme d’un matériau ? Les couples homosexuels demandent à se marier ? Quels que soient les sujets abordés, la réponse est identique : tout désir est légitime ; toute limite est rétrograde. La dérégulation est en marche. Elle se fonde sur le même cliché, celui d’un sens inéluctable de l’histoire, dans lequel la morale commune fait figure de fossile encombrant.
La contradiction la plus frappante concerne notre rapport à la nature : nous avons compris qu’il n’y avait pas de développement durable sans le respect des équilibres naturels que nous avions tant méprisés. Nous savons désormais que la sobriété, le discernement, la maîtrise de nos désirs peuvent seuls préserver l’équilibre fragile qu’un consumérisme sans frein détruirait et qu’il y a une sagesse dans le fait d’écouter cette nature, qui nous apparaissait il y a encore peu de temps comme un obstacle insupportable à notre liberté.
Le nouvel ultralibéralisme affiche pourtant sans complexe, parmi tous les dogmes de l’ancien, son mépris profond de la nature. Loin de vouloir écouter notre propre nature, avec ses contingences et sa fécondité propres, avec les obstacles qu’elle impose au projet de notre toute-puissance, il est déterminé à balayer toute prudence. La politique doit nous aider à écraser la nature qui nous résiste, et la science est sommée de coopérer pour satisfaire toutes les demandes qu’elle frustre encore. Si deux femmes veulent avoir un enfant ensemble, la nature est coupable de le leur refuser : il y a “désir d’enfant”, ce désir doit être satisfait. Respecter la complémentarité naturelle de l’altérité sexuelle, les processus biologiques, physiologiques de la parenté et de la filiation, voilà une idée intolérable. Au lieu de se borner à préserver l’équilibre naturel de la santé, la médecine devient prestataire au service de clients qui expriment leur commande : je veux changer de sexe, je veux enfanter sans union amoureuse… On finit par demander à la science de forcer la nature pour donner la vie – et la mort.
Ce projet a la même cause que l’ultralibéralisme de marché : une volonté prométhéenne de faire des choix individuels la mesure de tout. Il a aussi les mêmes conséquences. On refuse les techniques de fracturation hydraulique dans lesquelles les firmes pétrolières trouvent leur intérêt, au motif qu’elles constituent un risque potentiel pour l’environnement. Mais qui pointera les dangers de l’accélération de la fracturation de la famille, concédée aux caprices individuels ? Jouer aux apprentis sorciers en prétendant réinventer les structures familiales pour les plier à l’arbitraire de nos désirs, n’est-ce pas abandonner tout principe de précaution ? Comme toujours, les plus fragiles seront les premiers touchés. Le plus fragile, c’est ici l’enfant, perdu dans une famille décomposée à force d’avoir été recomposée, détruite à force d’avoir été soumise à nos individualismes irresponsables. Tout ce que nous ferons contre la stabilité du modèle familial, nous le ferons contre l’épanouissement des enfants, et pour notre propre malheur : enfermé dans le royaume de ses désirs, l’individu de la société ultralibérale est le plus isolé. Le nombre de personnes vivant seules a augmenté de plus de 50 % en vingt ans ; il est permis de ne pas y voir un succès.
Il est temps de reformuler ensemble les choix de société qui nous attendent, en nous rappelant ce que nous dit notre expérience la plus récente : ce n’est pas dans la revendication d’une liberté absolue que nous construirons une société pour tous. Le politique qui sait fixer des règles, appeler au respect de notre nature, est le seul qui puisse promettre un développement durable, une égalité réelle et une liberté responsable. La gauche s’opposera-t-elle au progrès ?

“J’ai appris”

 A quoi peut bien servir un meeting alors que les chaînes d’information accompagnent les candidats dans tous leurs déplacements, que les écrans Internet fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, comme les réseaux sociaux et la transmission instantanée des rumeurs et des humeurs ?
Eh bien, rien ne remplace le bon vieux meeting à l’heure de la domination de l’image. François Hollande s’était lancé à lui-même le défi de réussir le sien au Bourget le 22 janvier : ce fut le vrai départ de sa campagne. Nicolas Sarkozy avait à son tour besoin d’un meeting puissant pour franchir le cap délicat d’une campagne qui entrait dans sa troisième semaine.
Il avait misé gros sur ce rassemblement de Villepinte, dimanche, au point de le préfacer par cette confidence publique : « Si je suis battu, je quitterai la vie politique. » Alors, il a déjà perdu la partie ! s’emballaient les commentaires. « Climat crépusculaire », se réjouissait François Bayrou. Il n’était pourtant pas nécessaire de convoquer les “psys” pour comprendre : comme de Gaulle partant pour Baden en Mai 68, Sarkozy dramatisait la séquence, mettait les électeurs devant leurs responsabilités, et il allait se ressourcer à Villepinte devant la foule de ses partisans.
Une foule de 60 000 ou 70 000 personnes, soigneusement organisée et mise en scène, avec ses couleurs et ses drapeaux, c’est fait pour donner le spectacle de la force qui émane d’elle et porter le candidat. Le meeting a ainsi trois objectifs : doper Sarkozy, toujours en position de challenger face à Hollande ; mobiliser non seulement le public de droite mais surtout les cadres et les militants de la machine électorale, si sensibles aux états d’âme ; enfin, et ce n’est pas le moindre, impressionner l’adversaire. L’état-major de l’UMP avait été soufflé par la prestation de Hollande au Bourget ; il fallait montrer à la gauche que les jeux n’étaient pas faits. « C’est très long, très dur une campagne », convenait une porte-parole du candidat socialiste.
Lundi soir, un premier institut de sondage, l’Ifop (pour Europe 1 et Public Sénat), annonçait le succès du meeting : Nicolas Sarkozy dépassait le score de François Hollande au premier tour dans les intentions de vote : 28,5 contre 27 %. Un point et demi d’écart. Un écart symbolique, mais un signal. Jusque-là, toutes les enquêtes présentaient des résultats dans l’autre sens. Il y a un an, les mêmes instituts se posaient la question de savoir si Sarkozy ne serait pas éliminé du second tour par Marine Le Pen… Or les sondages pèsent sur le moral des troupes, à commencer par celui des élus.
Il y avait pourtant quelque chose d’étrange. Le candidat désigné comme le plus rejeté par les Français, accablé par ses “fautes originelles” et son bilan, était pourtant celui qui obtenait à chaque émission de télévision des records d’audience. Comme si le public voulait voir le grand acteur résister à ses contradicteurs, aux questions insistantes, parfois jusqu’à l’insolence, de nos confrères journalistes. Sur France 2, le 8 mars, il fait le meilleur score de l’émission Des paroles et des actes (près de 6 millions de téléspectateurs) ; sur TF1, le 12, à Parole de candidat, il est encore suivi par 4,6 millions de téléspectateurs, soit le double de Bayrou et 1,3 million de plus que Hollande (mais 100 000 de moins que pour le match Mélenchon-Marine Le Pen).
Grâce à ses émissions répétées comme à ses meetings, il est parvenu à rassembler son camp, à faire peu à peu le plein de ses voix sur deux thèmes : oui, « j’ai appris », durant ces cinq années, à travers la crise, les épreuves, et les succès aussi ; oui, je veux « protéger les Français », chez eux, comme en Europe, les protéger des projets de société de la gauche (sur l’euthanasie, le mariage gay, le droit de vote aux étrangers), les protéger des coups de boutoir de la mondialisation sur nos marchés. Il aura su se servir de deux outils pour se faire entendre : l’humilité, si peu habituelle chez lui (« J’ai retenu la leçon »), et l’art de la pédagogie appuyé sur sa connaissance des dossiers.
Reste à ses adversaires un ultime argument : ce qu’il propose aujourd’hui, que ne l’a-t-il fait depuis cinq ans ? La vraie question est ailleurs : est-ce ou non plus efficace et plus judicieux que ce qui existe ? Si la réponse est non, n’en parlons plus. Mais si la réponse est oui, alors il ne faut pas compter sur les autres pour le faire à sa place. Des promesses ? Les autres n’en font-ils pas ? Mais il y a cette fois, par rapport aux engagements de 2007, un fait nouveau – capital – , l’usage du référendum d’initiative populaire qu’il a lui-même voulu. 

Jeunesse : "Sarkozy est l'homme de la situation"

En obtenant 358 parrainages sur les 500 nécessaires, celui qui se proclame "porte-voix de la jeunesse" ne sera pas candidat à l'élection présidentielle. Samedi, Maxime Verner a annoncé qu'il soutenait Nicolas Sarkozy. Contacté par leJDD.fr, l'étudiant de 22 ans, qui avait pourtant affirmé n'être ni de droite ni de gauche, explique les raisons de son choix.

Pourquoi soutenir Nicolas Sarkozy?
J'ai lancé un appel après mon retrait jeudi. J'ai eu les positions des différents candidats sur les questions de la jeunesse, j'ai lu leur programme, et j'ai trouvé une énergie chez Nicolas Sarkozy. Il s'engage à faire des efforts sur la jeunesse. On va travailler ensemble. Ma responsabilité était de l'aider à porter ces propositions, pour que les Français les connaissent. A l'inverse, je ne peux pas faire un chèque en blanc à François Hollande, qui a un programme sur la jeunesse incohérent.
De votre appel à votre soutien, votre décision a tout de même été rapide…
J'ai constaté que l'entourage de Nicolas Sarkozy a été plus réactif. J'aurais trahi mes idées en allant vers ceux qui font de la jeunesse seulement des mots dans une campagne. Quand quelqu'un veut faire de ce sujet une priorité, c'est tout de suite. Manifestement, le président-candidat est le seul à l'avoir fait.
Vous situez-vous à droite?
Moi, j'ai choisi avant tout un homme. Je pense que Nicolas Sarkozy est le meilleur pour faire une politique de la jeunesse. Il nous a sorti la tête de l'eau.

"Les jeunes des partis politiques ne parlent pas assez de jeunesse"

Mais, pendant votre campagne, vous denonciez le fait que la jeunesse n'était pas prise en compte par la classe politique.
C'est pour cela que je vais aider Nicolas Sarkozy à développer son programme pour la jeunesse. Aujourd'hui, je vois quelqu'un qui a une envie. Je me suis dit : "comment sera la France dans 20 ans?" Et je pense qu'elle serait bien mieux si Nicolas Sarkozy est réélu.
Vous pensez encore, comme vous l'avez dit, que le clivage droite/gauche est dépassé?
Oui, il faut que les gens puissent se mettre d'accord au-delà de leur parti. Mais je pense justement que Nicolas Sarkozy dépasse ce clivage. C'est un homme qui a du caractère. Et ce caractère, c'est le caractère de la jeunesse.
Vous disiez aussi que les jeunes partisans, dont ceux de l'UMP, étaient des "apparatchiks de bac-à-sable". Maintenez-vous ces propos?
Evidemment. Ma démarche est différente d'eux, j'apporte des propositions. Les jeunes des partis politiques ne parlent pas assez de jeunesse. Or, ils devraient être spécialistes de cette question.
Vous avez donné rendez-vous "dans cinq ans" jeudi à la presse, devant le Conseil constitutionnel. Pensez-vous déjà à la présidentielle de 2017?
C'était plutôt une boutade. Les journalistes ont l'esprit mal tourné. Mais pas besoin de penser à 2017 : Nicolas Sarkozy va être réélu car c'est l'homme de la situation. Et il va faire dès 2012 une politique publique de la jeunesse.

Une course à l’Elysée, deux clubs 


En l’attente du sésame du Conseil constitutionnel, lundi, on a assisté hier au défilé des candidats venus déposer les 500 parrainages requis pour concourir à la présidentielle. Un peu comme pour s'inscrire à la grande école, certains franchissant la porte seuls, d'autres accompagnés.
Une formalité pour les « grands » qui n'ont pas eu besoin de médiatiser cet instant solennel. Un rituel en forme de soulagement pour les « petits » pour lesquels l'épreuve des Sages constitue déjà une victoire, sinon une consécration à l'instar du souverainiste Dupont-Aignan.
Pour eux, s'ouvre le temps de l'égalité de parole et de la reconnaissance. Cette étape renvoie à la dure réalité. D'aucuns ont ferraillé jusqu'au bout, mais en vain, pour arracher les signatures, se surestimant parfois.
Villepin aura ainsi prêché dans le désert sans déclencher le miracle républicain. Le hussard solitaire feint de déplorer le régime des partis, il sait pourtant qu'il ne suffit pas, dans une démocratie représentative, de s'assigner un destin, encore faut-il avoir des troupes, une légitimité.
Le suspense était faible. L'obscur Cheminade se présentera sur la ligne de départ aux côtés de deux trotskistes, comme quoi, si le système n'est pas parfait, il n'a rien d'inique.
Nous voilà dans le dur de la campagne : la défense des programmes, la vérité politique mise à nu.
Qui croira par exemple en la sortie de l'euro ? En fait, deux campagnes pour le prix d'une : le cercle des « grands » engagés dans la conquête du pouvoir, où Mélenchon est entré sans frapper ; le club des « petits » où l’on témoignera et exaltera les travailleuses et les travailleurs.

Une élection moyenne 


La liste des partants au premier tour de l’élection présidentielle n’est pas encore définitive, mais le record de participation de 2002 ne sera pas battu. Il y avait alors seize candidats à la location dans l’ancien palais de la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV. Hier soir, alors que le Conseil constitutionnel avait cadenassé ses grilles, dix personnalités disposaient des cinq cents parrainages exigés pour participer à la course vers l’Élysée. On les retrouvera dans la campagne, sauf anomalie grave dans leur dossier. Une onzième, l’écologiste Corinne Lepage, ne désespérait pas de voir le Conseil valider un nombre suffisant de signatures, parmi le demi-millier approximatif qu’elle dit avoir réunies.
Dix ou onze concurrents devraient donc se partager bientôt panneaux d’affichage et temps de parole, soit moins que lors des deux précédentes présidentielles du XXI e siècle, et à peu près autant qu’en 1995 (neuf candidats) et 1981 (dix). Par contre, l’élection suprême attire davantage aujourd’hui qu’à ses débuts, puisqu’il n’y avait eu que six rivaux en 1965 – il est vrai que la haute figure du général de Gaulle décourageait alors certaines ambitions – et sept en 1969. Ces chiffres révèlent un paradoxe : contrairement au but affiché avec la règle entrée en vigueur en 1981, augmenter de cent à cinq cents le nombre des « parrains » n’a pas réduit celui des candidats. Une fois soldés par un « happy end » les psychodrames de certaines collectes de signatures, plus poussives que d’autres, il n’est même plus certain qu’il y ait urgence à réformer cette procédure. Et qu’il y ait nécessité – alors que les « primaires » pourraient se multiplier dans les partis, à l’exemple du PS – d’instaurer une autre pré-élection, où chaque compétiteur devrait réunir un million de paraphes. La présidentielle à la française deviendrait un scrutin à quatre tours…
Un autre chiffre doit retenir l’attention : une enquête d’opinion révèle qu’en quatre semaines, l’intérêt pour la campagne a subi une baisse sensible. Le phénomène n’est peut-être que passager, de l’ordre de la fatigue de printemps. Mais il rappelle que l’implication du citoyen dépend surtout de la substance du débat. Il est souhaitable que l’élection de 2012 ne soit « moyenne » qu’en termes arithmétiques.

Sarkozy : "Copé ne s'est pas laissé démonter" par Hollande

Le président-candidat a salué la prestation du patron de l'UMP dans "Des paroles et des actes", jeudi soir.
Hier soir, après avoir dîné avec Carla, selon ses confidences, Nicolas Sarkozy a regardé le débat qui opposait François Hollande à Jean-François Copé sur France 2. Verdict présidentiel ? "Jean-François a été bon. Il a réussi à souligner les imprécisions de Hollande et il ne s'est pas laissé démonter. Le débat n'est jamais un exercice facile, je sais ce que c'est. Personnellement, j'ai besoin qu'on démultiplie mon message", a assuré le président-candidat, en marge de son déplacement à Meaux, vendredi.
S'agissant de la prestation de son rival socialiste, Sarkozy l'a trouvé "crispé" et "rétracté". Selon lui, le "plus grave n'est pas son score d'audience", mais le fait qu'il n'ait "plus envie de dire des choses". Jean-François Copé a eu, quant à lui, le sentiment de débattre face à un "homme fragile".

La lutte des porte-voix 


Repère irréfutable: aux entrées des marchés, les porteurs de tracts font depuis quelques jours concurrence aux vendeurs de jonquilles. Les travaux d’approche sont terminés, on passe aux choses sérieuses, avec les vrais candidats, les officiels, sans doute dix cette année.
Même s’il mérite d’être amélioré (on le répète à chaque présidentielle sans que cela soit suivi d’effet), le système des 500 parrainages a finalement fonctionné. Marine Le Pen chez qui le culte du père, l’éducation et le patrimoine chromosomique se conjuguent pour se proclamer victime des grands partis a ses signatures. Il en va de même du souverainiste de droite Dupont-Aignan ainsi que de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou qui, à la gauche de la gauche, feront écho au poisson-pilote Mélenchon - tout en le privant de quelques voix. Le 22 avril, l’échiquier si typiquement français sera représenté de l’extrême gauche à l’extrême droite, et c’est très bien ainsi.
Les habitudes consuméristes de l’époque se seraient certes accommodées d’un éventaire plus large encore. Mais cela n’aurait pas changé grand-chose au débat d’idées. Des personnalités comme Dominique de Villepin, Christine Boutin, peut-être aussi Corinne Lepage qui espère ne pas être évincée, relèvent plus des variantes subtiles d’un nuancier que de l’échiquier politique avec ses cases irréductibles l’une à l’autre (du moins avant le premier tour).
Un scrutin présidentiel suppose qu’on aille à l’essentiel sans se disperser inutilement. Rien à voir avec un Hyde Park français où les orateurs se succéderaient sous leur meilleur jour devant les caméras. Ceux qui auraient aimé se présenter en avril auront une session de rattrapage avec les législatives. L’Assemblée nationale n’est pas la moindre enceinte pour qui ambitionne de se faire entendre.

Candidats 


Le sort en est jeté, nous ne pourrons pas voter Cindy Lee. La candidate du Parti du plaisir, effeuilleuse de profession, avait proposé la création d’un Samu sentimental. Elle n’a pas recueilli ses parrainages, son rabatteur Rachid Nekkaz a même été placé en garde à vue… Nous aurons cependant le choix entre au moins neuf candidats, à peu près équitablement répartis de l’extrême gauche à l’extrême droite. Certains d’entre nous regretteront l’absence de tel ou tel. Mais enfin, votons, l’offre est assez large pour que chacun exprime ses craintes et ses espoirs, ses colères et ses rêves. Car c’est cela aussi, une élection présidentielle, une grande décharge d’émotions personnelles qui fabrique au final un destin collectif. Un compromis, toujours, donc des frustrations. Mais tout le monde ne peut pas promettre, comme Cindy Lee : 
« Si le citoyen est en attente, il faut le satisfaire ».

Rachida Dati : "Sur le nucléaire, quel triple salto arrière de Hollande!"

Maire du VIIème arrondissement de Paris, l'ex-Garde des Sceaux, proche de Copé, s'interroge sur la façon dont le candidat Hollande a soudain enterré son accord avec les Verts. 

Rachida Dati, depuis le meeting de Nicolas Sarkozy à Lille où vous avez pris la parole juste avant le candidat, vous êtes maintenant, dirait-on, complètement revenue dans votre « famille » politique, et vous semblez très heureuse de ce retour-là, comme délivrée...

Rachida Dati. Je n'ai jamais quitté ma famille politique. J'ai été porte-parole du candidat en 2007, puis Garde des Sceaux. Je suis aujourd’hui député européen, maire du VIIème arrondissement de Paris et conseiller de Paris. Je suis conseiller politique de l'UMP. Je ne sais pas ce que veut dire « retour » puisque j’ai toujours participé activement à la vie de l’UMP comme membre du bureau politique, en tenant des réunions publiques avec des militants et des sympathisants, en participant à des débats, avec des associations ou des organisations… L'UMP et la politique, je n'en ai jamais été éloignée. Je dis bien: jamais... (grand sourire).

"Je ne sais pas ce que veut dire, pour Hollande, un accord"

F-S. Comment avez-vous jugé François Hollande, qui était jeudi soir l'invité de France 2 ? 

R. D.
François Hollande a été très en retrait, très hésitant sur des sujets majeurs pour la nation. Au mieux, il était dans les principes et l’incantation. Ce qui était choquant, c’est la manière dont il a changé d’avis sur un sujet majeur comme celui du nucléaire. Il a signé un accord avec les Verts pour fermer la moitié des centrales nucléaires en échange de circonscriptions. Hier, François Hollande annonçait finalement qu’il n’en fermerait qu’une.

F-S. Que dénoncez-vous ? Un recul ?

R.D.
C’est pire qu’un recul, c'est plutôt un triple salto arrière! Cela en dit long sur la crédibilité de François Hollande qui, lorsqu’il signe un accord, d’une part ne le respecte pas et, d’autre part, en signant cet accord, tue une industrie française majeure, tant en terme d’emplois qu’en terme d’indépendance énergétique de notre pays. François Hollande préfère des accords d’appareils qu’il ne respecte pas au détriment des intérêts supérieurs de la nation.

F-S. On dit que François Hollande, s'il est élu, pourrait nommer Martine Aubry à Matignon. Qu'en pensez-vous ?

R. D.
Je n'en pense rien! J’appelle les socialistes à un peu plus de pudeur, de décence et à respecter les Français en cessant de se partager les postes. Je souhaite que Nicolas Sarkozy soit réélu dans l'intérêt de la France et de l'Europe. La France est le pays européen qui a le mieux résisté aux crises. Nicolas Sarkozy a protégé les Français, notamment les plus modestes et les plus fragiles.

"J'ai toujours considéré que Bayrou était un homme de droite"

F-S. Souhaitez-vous que Dominique de Villepin, qui n'a pas eu ses 500 signatures, apporte son concours à la majorité ?

R.D. J'ai toujours respecté Dominique de Villepin. S'il souhaite poursuivre son engagement politique au service de notre pays, il peut apporter sa sensibilité à notre famille politique.

F-S. Le candidat François Bayrou vous intéresse-t-il ?

R. D. Je le connais bien et depuis longtemps. J'ai toujours considéré que c'était un homme de droite, d’ailleurs nous avons de nombreuses valeurs en commun : de la réduction des déficits à sa vision de la laïcité ou de l'école en passant par l'inscription de la « régle d'or » dans la Constitution.
"L'immigration a toujours été un atout pour la France"
F-S. Nicolas Sarkozy a dit qu'il y avait aujourd'hui, compte tenu de la crise, « trop d'étrangers en France »...

R. D. La France et l'Europe doivent-elles continuer à accueillir des étrangers ? La réponse est oui. Mais il est vrai qu’en période de difficultés il y a moins de travail, moins de logements et notre système de protection sociale est fragilisé. Il faut donc en tirer les conséquences en réduisant le nombre d’étrangers légaux accueillis en France. Mais il est important de rappeler que notre priorité est une lutte sans faille contre l’immigration clandestine, contre les filières criminelles et les passeurs qui profitent de la misère et de la détresse humaine.
"Il n'y a pas de colonne vertébrale chez les socialistes!"
F-S. Nicolas Sarkozy fait l'objet d'attaques personnelles très violentes et, dans une large part de la population, d'un vrai rejet...

R. D. Les socialistes qui sont dans l’opposition depuis plus de 10 ans n’ont pas de projet, pas d’idées, par de vision pour la France. Je dirais même: pas de colonne vertébrale Ce qui les a toujours rassemblé c’est uniquement l'anti-sarkozysme et rien d’autre. Les Français ne sont pas dupes de cela et ils ont du bon sens: ils aiment trop leur pays pour se laisser manipuler.

Sarkozy: "Je n'ai jamais aidé Gérard Depardieu dans ses affaires"

 Selon Le Canard enchaîné, Gérard Depardieu a expliqué récemment lors d'un déjeuner qu'il soutenait le candidat Nicolas Sarkozy car ce dernier l'avait aidé à régler "des problèmes dans l'une de (ses) affaires à l'étranger". 
Nicolas Sarkozy a catégoriquement démenti ce vendredi soir sur Canal + avoir jamais aidé Gérard Depardieu dans ses affaires, contrairement à ce que l'acteur a récemment affirmé.  
"Je vous le dis franchement, Gérard Depardieu est un immense acteur, un homme qui a donné beaucoup de rêve aux Français, je n'ai jamais, ni de près, ni de loin, aidé Gérard Depardieu dans ses affaires", a déclaré le président-candidat de l'UMP lors de l'émission Le Grand journal. "D'ailleurs, il ne m'a jamais rien demandé", a-t-il poursuivi. "Votre référence, c'est le Canard enchaîné?", a alors demandé le chef de l'Etat, "ça me fait bien rire alors". 
Selon l'hebdomadaire satirique, qui rapportait une conversation de l'acteur dans son restaurant parisien, Gérard Depardieu a expliqué récemment lors d'un déjeuner qu'il soutenait le candidat Nicolas Sarkozy car ce dernier l'avait aidé à régler "des problèmes dans l'une de (ses) affaires à l'étranger". "J'aurais perdu beaucoup d'argent s'il ne m'avait pas aidé pour ce problème (...) tout ce qu'il me demandera je le ferai", a également assuré Gérard Depardieu cité par le Canard enchaîné
ET BIEN SÛR ON VA CROIRE LE CANARD ENCHAINÉ !!!
FAUT SAVOIR CE QU'ON LIT TOUT DE MÊME !!!

Hollande : tour de vis… à gauche 
 
En délicatesse avec les sondages face à Nicolas Sarkozy, malmené sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon, François Hollande se voit contraint de préciser un programme dont il aurait bien aimé laisser des pans entiers dans le vague. Histoire, sans doute, de faire oublier une succession de contradictions socialistes : sur l’imposition à 75 % des riches (qu’il refusait voici un an et qu’il réclame aujourd’hui), sur le quotient familial, la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, la taxation de l’assurance-vie. Que sais-je encore ?
Sur le plateau de France 2, jeudi soir, le candidat socialiste, sous l’œil attentif du secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, s’est donc employé à développer « des paroles et des actes ». Et, si possible, à promettre – promettre, encore promettre ! – de les faire concorder…
Avec, au passage, un cruel dilemme : faut-il mécontenter sa gauche ou les centristes ?
Au-delà des échanges aigres-doux façon sportifs du dimanche, mais qui sont en définitive le lot de ce type d’émissions, François Hollande a tenté de jouer dans tous les registres, depuis le réaliste qui ne s’est « jamais illusionné » sur les sondages, jusqu’à l’amical brossant dans le sens du poil le tribun Mélenchon, en passant, clou du spectacle, par le politique conscient de ses responsabilités.
En cela – qu’importent, donc, les sondages – le candidat socialiste se veut le meilleur. Du moins affirme-t-il être « le seul » à avoir livré publiquement « un programme » chiffrable et évaluable. « Vous connaissez le programme de Nicolas Sarkozy ? », lance-t-il à ses interlocuteurs ; avant de sortir la brosse à reluire : « Moi, j’ai été le seul à me livrer à cet exercice de cohérence et de vérité. J’ai mis soixante propositions. Ce document est distribué partout (…) »
D’ailleurs, l’Institut de l’entreprise, qui s’y intéresse de près, affirmait un peu plus tôt dans la journée que les nouvelles mesures (non encore chiffrées par François Hollande) de ce programme, annoncées depuis la semaine dernière sur la petite enfance, le SMIC ou le logement étudiant, alourdissent la facture des finances publiques de 2,92 à 5,37 milliards d’euros. De son côté, l’Institut Montaigne estime que ces dépenses nouvelles feraient grimper la facture de 20 %.
Parmi les réponses aux diverses attaques qu’il subit de part et d’autre, Hollande a tenté de répondre spécialement sur les questions économiques. Avec, comme mesure principale, le rétablissement du « plafonnement » des impôts directs à 85 %. Ce qui n’a, cela va sans dire, mais va encore mieux, semble-t-il, en le disant, « rien à voir » avec l’idée de bouclier fiscal, ni avec l’introduction annoncée plus tôt d’une tranche d’impôt à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros par an. « Il n’y aura pas de modulation, il n’y aura pas de plafonnement » de l’impôt à 75 %, assure François Hollande. L’un justifie l’autre, en quelque sorte. D’ailleurs, il veut poursuivre les riches partout, et annonce donc vouloir taxer les exilés fiscaux par le biais d’une renégociation des conventions fiscales avec les pays qui les abritent.
Quoi qu’il en soit, et son entourage l’a crié sur tous les tons, cette vision sauce Hollande de l’impôt ne saurait être perçue comme « confiscatoire ». On jongle avec des chiffres (75, 85…) qui frôlent le cent qui leur sert de référence, mais non ! vous pensez bien, rien de – comment dites-vous déjà ? ah oui ! – rien de confiscatoire là-dedans.
La main sur le cœur, le candidat assure d’ailleurs que sa seule intention est de faire « primer la morale ». La morale ! Dans la bouche de François Hollande, c’est pour le moins savoureux ! – Pas en matière morale, en tout cas !
Le reste est à l’avenant… Taxé de mollesse sur l’immigration, le candidat socialiste entend bien la réduire, du moins la clandestine, en luttant contre les passeurs. Pas de « régularisations massives » – d’autant qu’en période de campagne électorale ça ne paye pas, mais « sur des critères objectifs, simples, applicables ». Quant au reste, il confiera au Parlement la gestion de quotas d’immigration économique.
Secoué par les « conservateurs » – comment osent-ils ? – sur la question européenne, Hollande, là encore, fait le brave. Contre le traité de discipline budgétaire. Et contre Angela Merkel, car ce n’est pas elle « qui décide au nom de tous les Européens ». « Je ne suis pas dans la soumission », affirme Matamore.
Ce n’est pas grave, car, s’il était élu, ça lui passerait. Comme pour tous les autres…
Hollande a accéléré le rythme – à son corps défendant. Tout y passe : le prix des médicaments, les dépenses de prévention, les soins palliatifs, etc.
Retenons encore deux points. Hollande s’engage à tripler le nombre d’enfants de moins de trois ans en maternelle. « C’est une question de justice, et une question aussi de réussite scolaire », assure-t-il. Et, mais nous l’avons souligné déjà à de multiples reprises, de mainmise de l’Etat sur la formation des enfants dès le plus jeune âge. On ne sait jamais ! Certains parents pourraient avoir de l’éducation une vision pas franchement citoyenne…
A l’autre bout de la chaîne humaine, François Hollande veut établir « une procédure » pour « encadrer » la fin de vie. « Je ne prends pas le mot d’euthanasie, ça laisse penser qu’il serait accepté une forme de suicide », précise-t-il.
Ah ! parce qu’en supprimant le mot, on peut aussi supprimer le patient ? Et le problème moral, par-dessus le marché…
Heureusement, si l’on peut dire, la morale ne fait pas partie de son vocabulaire éthique
Ce qui n’empêche pas le candidat socialiste de marcher sur des œufs : « Il ne s’agit pas de dépénaliser, mais d’encadrer cette mort dans la dignité. »
Non ! non ! on ne joue toujours pas sur les mots…
En définitive, il y a un point sur lequel je pourrais être d’accord avec François Hollande. C’est celui-ci : « Le vote de premier tour est un vote essentiel. »
Mais pas pour les raisons qu’il croit…
OLIVIER FIGUERAS

Les 35 heures, "une des plus graves erreurs de notre histoire", selon Sarkozy

Les 35 heures "autoritaires et uniformes de Martine Aubry" ont été l'une des "plus graves erreurs économiques commises dans notre pays", dénonce le président-candidat Nicolas Sarkozy dans un entretien à paraître dans le journal régional Le Progrès samedi, jour de sa visite à Lyon.

Le président et la grosse vache de Lille
"Les 35 heures autoritaires et uniformes de Martine Aubry ont été l'une des plus graves erreurs économiques commises dans notre pays", dit-il.
"C'est la loi qui illustre les deux travers du parti socialiste: le discours de la facilité et le refus de regarder le monde qui nous entoure. Aujourd'hui grâce aux assouplissements que nous avons fait voter, les 35 heures ne sont plus un plafond, mais un plancher à partir duquel se déclenchent les heures supplémentaires et aucune autorisation administrative n'est désormais plus nécessaire", se félicite-t-il, assurant qu'"il faut aller plus loin".
Il évoque également dans cet interview sa promesse d'une augmentation immédiate des salaires situés entre un Smic (1.100 euros net) et 1,3 Smic (1.420 euros net), avec laquelle sept millions de personnes toucheraient jusqu'à 1.000 euros par an en plus.
Grâce à une baisse des charges sur les bas salaires, "c'est 1.000 euros de plus tout de suite sur la fiche de paye pour un salarié au Smic", ajoute le président-candidat, évoquant également son projet de TVA antidélocalisation.
"Elle a marché partout où elle a été mise en oeuvre, je ne vois pas pourquoi il ne faudrait pas essayer en France", insiste-t-il.

La Grèce, nouveau modèle français ? 


C'est la question que l'on est en droit de se poser quand on suit la campagne électorale. Toutes proportions gardées, elle rappelle celle qui, en Grèce, porta le socialiste Georges Papandréou au pouvoir.


C'est la question que l'on est en droit de se poser quand on suit la campagne électorale. Toutes proportions gardées, elle rappelle celle qui, en Grèce, porta le socialiste Georges Papandréou au pouvoir.
C'était en 2009. Alors que le pays croulait sous une dette publique phénoménale, M. Papandréou prétendait le "redresser" en relançant la consommation.
Bon sang, mais c'est bien sûr, il suffisait d'y penser ! Pour stimuler la croissance, M. Papandréou avait ainsi prévu d'assurer aux salaires ou aux retraites une hausse supérieure à l'inflation. Un programme à la française, en quelque sorte.
Tous les candidats à l'élection présidentielle du 6 mai prochain ne sont pas des Papandréou, loin de là. On observe chez les principaux une certaine lucidité sur la situation et beaucoup d'intelligence politique. Sans oublier, en passant, l'incroyable performance de Jean-Luc Mélenchon, révélation de la campagne.
Mais tous, à des degrés divers, se gardent bien de dire la vérité vraie aux Français. François Bayrou lui-même prend des précautions bien compréhensibles pour quelqu'un qui se présente au suffrage universel. Notre pays est-il capable d'entendre un discours de responsabilité ? On peut en effet en douter.
Si, après Standard and Poor's, les deux autres agences de notation, Moody's et Fitch, dégradent la note de la France, nous serons condamnés à redresser nos finances publiques dans l'urgence, notamment en taillant dans les dépenses. C'est ce qui nous pend au nez. C'est ce que tous les candidats ou presque oublient de nous dire, de peur de nous déplaire.
Tels sont les effets de notre "grècitude".

Pourquoi le protectionnisme progresse dans le monde

Alors que le protectionnisme revient au cœur des discours politiques en France depuis l'entrée en campagne des candidats à la présidentielle, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est inquiétée, lors de sa dernière conférence interministérielle à la mi-décembre, de la montée des barrières douanières depuis le début de la crise financière en 2008. Selon l'OMC, le nombre de mesures protectionnistes initiées en 2011 s'élève à 340, contre 220 en 2010. 
De son côté, l'organisme suisse Global trade alert (GTA) – qui recense l'ensemble des mesures commerciales dans le monde – avertissait, dans un rapport publié en novembre 2011, que trois mesures protectionnistes sont prises pour une mesure libéralisante depuis juillet 2011, et que les tensions commerciales ont atteint leur plus haut niveau depuis le "pic" de 2009.

UNE PERTE POTENTIELLE DE 800 MILLIARDS DE DOLLARS
Il n'en fallait pas plus pour que le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, appelle les membres de l'organisation à "restaurer un climat de confiance", qui est selon lui "une partie de la solution à la crise actuelle". Reprenant l'inusable métaphore de la tempête protectionniste, il prévenait que si d'"importantes mesures protectionnistes" étaient mises en place, elles pourraient coûter 800 milliards de dollars à l'économie mondiale.
Il s'agit pour l'OMC d'éviter une redite de la Grande Dépression des années 1930, qui avait vu le commerce mondial se contracter dangereusement sous l'effet des barrières douanières, jusqu'à dissoudre les liens économiques entre des pays repliés sur eux-mêmes. Or cette dissolution n'est pas étrangère à l'entrée en guerre de 1939.
D'où l'idée, en 1947, de négocier un accord international sur les tarifs douaniers et le commerce (General agreement on tariffs and trade, GATT), qui a abouti en 1995 à la création de l'OMC, dont le rôle est d'arbitrer les relations commerciales tout en limitant le protectionnisme. Mais la libéralisation des échanges est loin d'être un processus linéaire, et quand un pays se trouve en difficulté économique, les acquis sont la plupart du temps remis en cause.  
L'ARGENTINE, GRANDE CHAMPIONNE
Les pays émergents sont, de loin, les plus friands de dispositifs protectionnistes. L'Argentine se taille la part du lion, avec 192 mesures, selon GTA. Si celles-ci ont fleuri après la crise qu'a traversé le pays en 2002, elles se font plus nombreuses encore depuis le début de la crise financière de 2008.
Dans le viseur de la présidente, Cristina Kirchner : le contrôle des importations. Sa dernière victime ? Le Royaume-Uni, qui a vu, à l'occasion du 30e anniversaire du conflit des Malouines, en février, ses exportations limitées.
Critiquées par les autres pays du Mercosur (Paraguay, Brésil et Uruguay) – qui représentent 25 % des exportations et 31 % des importations argentines –, ces mesures s'inscrivent pourtant dans un mouvement initié fin 2011 par l'alliance sud-américaine elle-même, qui a décidé en décembre d'augmenter temporairement ses taxes d'importation pour les produits provenant de l'extérieur du bloc. De son côté, le Brésil – qui compte 81 mesures protectionnistes – a augmenté sa taxation sur les véhicules importés, surtout ceux qui viennent de pays extérieurs au Mercosur.
Au nom de l'intérêt national, les autres pays émergents cherchent également à se protéger : la Russie (172 mesures recensées) se concentre elle aussi sur son industrie automobile, puisqu'un tiers des véhicules devront être équipés d'un moteur ou d'une transmission fabriqués localement jusqu'en 2020.
La Chine (95 mesures recensées) annonçait quant à elle en décembre la mise en place, pour deux ans, de nouvelles taxes douanières sur certains véhicules américains. D'ailleurs, l'OMC dénonçait en décembre la prolifération des aides "régionales" en faveur de l'automobile, qui atteignent désormais 48 milliards de dollars en cumulé, soit 37 milliards d'euros.
L'Inde (101 mesures recensées) n'est pas en reste puisque, sous la pression populaire, elle a pour le moment renoncé à ouvrir le secteur de la distribution. Début mars, elle a décrété un embargo sur ses exportations de coton (lien "Abonnés"), avant de revenir sur sa décision en raison de l'envolée des cours.
DE LA NÉGOCIATION AU CHANTAGE
Si le protectionnisme reprend de la vigueur avec la crise, les différends commerciaux ont de leur côté diminué... depuis 2008, et ce, contrairement aux précédentes périodes de ralentissement économique. Pascal Lamy indiquait fin février que le nombre d'enquêtes sur les cas de dumping s'est établi à 153 en 2011, contre 213 en 2008.
Tout un symbole, après plus de vingt ans, la "guerre des hormones" entre les Etats-Unis et l'Union européenne vient de prendre fin. Une autre s'apprête toutefois à prendre le relais autour des "terres rares", métaux précieux sur lesquels la Chine a le quasi-monopole, puisqu'elle possède un tiers des réserves accessibles, et plus de 95 % du marché. Les États-Unis, l'Union européenne et le Japon ont d'ores et déjà porté plainte auprès de l'OMC.
Moins nombreux donc, les contentieux n'en sont pas moins durs, et ils frôlent parfois le chantage, comme quand la Chine décide de conditionner son aide à l'Union européenne à l'abandon de deux enquêtes anti-dumping et anti-subventions lancées par cette dernière. Ou prend d'importantes mesures de rétorsion en gelant la commande de 45 Airbus en riposte à la taxe carbone, mise en place par l'Union européenne – et ce, même si celle-ci est bien conforme aux règles édictées par l'OMC.
LES ÉMERGENTS EN LIGNE DE MIRE
Pour autant, malgré la pression nouvelle que les pays émergents mettent sur les pays développés, "le problème du protectionnisme n'est pas uniquement lié à ces pays. C'est particulièrement vrai dans le cas de l'Europe, puisque l'essentiel des échanges commerciaux des pays membres se font au sein de l'Union européenne", explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
"Avec la division internationale du travail, nous ne produisons pratiquement plus dans les secteurs à faible valeur ajoutée, comme le textile, qui demande beaucoup de main-d'œuvre à bas coûts. Nous n'avons donc pas intérêt à prendre des mesures protectionnistes contre la Chine dans le secteur textile, puisque tout ce qu'on y gagnerait, c'est l'augmentation des prix des produits importés que nous n'avons pas intérêt à produire", argumente-t-il.
Avant de relativiser la menace du géant asiatique. "La Chine ne représente que 8 % des importations françaises. De fait, les principaux concurrents et partenaires de la France, ce sont les autres pays de l'UE, qui représentent environ 60 % de nos échanges commerciaux – Allemagne en tête, avec 17 %."
C'est pourquoi, pour M. Plane, "plutôt que d'envisager des barrières douanières aux frontières de l'UE" – comme propose de la faire notamment Nicolas Sarkozy avec un "Buy European Act" calqué sur le modèle américain, "il serait préférable d'éviter les comportements non-coopératifs existant au sein de l'UE, comme la mise en place de la TVA sociale en France ou la compression des coûts salariaux en Allemagne, mesures qui ont pour objectif de gagner des parts de marché au détriment de ses voisins européens".
Anna Villechenon

Sarkozy marque des points, Hollande chute, selon un sondage

Nicolas Sarkozy est en train de marquer des points dans la campagne. C’est le jugement de 43 % des Français interrogés par TNS Sofres pour I-Télé, en hausse de 15 points par rapport à la semaine précédente. Son adversaire Français Hollande ne marque des points que pour 28 % des sondés, en recul de onze points. Ce sondage est censé mesurer auprès des Français la dynamique de campagne des candidats. Fin janvier, M. Hollande marquait des points d’après 58 % des personnes interrogées, contre 10 % pour M. Sarkozy.
Dans sa dynamique de campagne, M. Sarkozy est devancé par Jean-Luc Mélenchon (49 % pensent qu’il marque des points, en hausse de 2 points en une semaine). Marine Le Pen passe de 36 % à 39 % et François Bayrou de 34 à 30. Seule Eva Joly fait moins bien que François Hollande, passant de 2 à 1.
L’enquête a été réalisée en ligne, le 15 mars, auprès de 1 021 personnes.
Du côté des projets, les Français approuvent à 62 % la proposition de M. Sarkozy de renégocier Schengen, mais seuls 48 % la jugent possible. Ils saluent massivement l’idée de taxer les exilés fiscaux (79 % d’approbation) mais seuls 33 % jugent qu’elle sera mise en œuvre. Concernant François Hollande, 52 % approuvent l’idée de renégocier le pacte budgétaire européen et 42 % jugent sa réalisation possible.

Sarkozy rattrape son retard, Hollande dans une passe difficile, Joly en berne