mercredi 17 novembre 2010
Comment finir une guerre
Cela fait neuf ans que des soldats occidentaux se battent contre les talibans en Afghanistan. Neuf années durant lesquelles le niveau de violences n’a cessé de croître. L’an dernier, plus de 2 400 civils y ont été tués, selon l’ONU, ainsi que 521 soldats occidentaux – dont 11 Français –, plus de 4 500 insurgés et sans doute plus de 2 000 soldats et policiers afghans. Des chiffres en hausse, cette année. Si les batailles sont rares, la sécurité est relative dans la majeure partie du pays. Villes et vallées sont toujours à la merci d’attentats ou d’attaques ciblées qui incitent la population à une prudente neutralité. Cette guerre lointaine n’est pas vaine pour les pays occidentaux. Déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001 pour expulser la direction d’Al-Qaida de son refuge afghan, elle a considérablement réduit la capacité de nuisance du réseau terroriste. Celui-ci n’a pas perpétré d’attentat en Europe depuis ceux de Londres en 2005. La menace reste certes réelle, mais le conflit en Afghanistan a bel et bien agi comme un abcès de fixation. Jusqu’à quand ? L’affrontement, depuis cinq ans, s’intensifie au lieu de se réduire. Et il n’est pas tenable de préserver les populations européennes en contribuant, à l’inverse de la mission initiale, à l’instabilité d’un pays qui achève sa trentième année de guerre, depuis l’invasion soviétique de 1979. La recherche d’un règlement politique s’impose mais la stratégie est très délicate alors que le pouvoir repose avant tout sur les rapports de force militaires. Un éventuel accord entre les talibans et le président Hamid Karzaï, installé par l’ONU en décembre 2001, risquerait de s’achever en une conquête des institutions par la guérilla. À ce stade, les Occidentaux espèrent encore pouvoir laisser derrière eux une armée et une police afghanes solides, lorsqu’ils programmeront leur départ, d’ici quelques années. C’est ce scénario qui sera évalué vendredi et samedi lors d’un sommet de l’Otan à Lisbonne. Une hypothèse que beaucoup jugent optimiste du fait, notamment, du jeu ambigu d’un des pays voisins, le Pakistan, base arrière des talibans.
Le Sarko nouveau
Finie la rupture, vive la stabilité ! Si le gouvernement n’a guère changé, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup assagi. À l’entendre, il n’y a eu « aucun nuage » entre lui et le Premier ministre. L’interminable feuilleton sur le choix d’un locataire pour Matignon n’a donc jamais existé. Ou alors, il a été programmé, par l’Élysée, dans le seul but de permettre aux Français de se distraire…
Le président a minimisé, également, les fortes secousses sociales de l’automne contre sa réforme des retraites. « Il n’y a eu aucune violence », a-t-il affirmé. C’est exact, mais un peu court pour résumer les huit journées d’action, les pénuries d’essence, les perturbations dans les transports ! Tout cela, le chef de l’État veut l’oublier. Il n’a pas parlé de réconciliation, mais c’est évidemment l’objectif recherché, alors que sa cote de popularité est au plus bas.
La volonté de rassurer à tout prix impose quelques contorsions : « Quand on donne le tournis, on accroît l’anxiété », a justement remarqué un homme qui a beaucoup réagi à chaud et sans grand recul, pas plus tard qu’au mois de juillet, à Grenoble, sur l’insécurité. Avec le tournis qui a saisi le pays après son discours « musclé »…
Hier soir, il a pris garde de ne pas se quereller, comme par un passé récent, avec les journalistes qui l’interrogeaient, malgré l’agacement visible que provoquaient certaines de leurs questions. Une cigale qui a fait du bruit pendant tout l’été peut-elle, pour autant, se faire fourmi à l’approche de l’hiver ? En d’autres termes, Nicolas Sarkozy arrivera-t-il enfin à revêtir le costume de président de la République, en laissant à ses ministres les bleus de travail de ceux qui mettent les mains dans le cambouis ? Jusqu’à présent, il n’a pas pu s’empêcher de brouiller à de nombreuses reprises l’action du gouvernement. L’intervention d’hier soir, encore, n’avait-elle pas pour premier objectif de précéder la déclaration de politique générale de François Fillon, à l’Assemblée ? Une manière, non pas de marquer qui est le chef – tout le monde sait que c’est lui, Nicolas Sarkozy – mais de faire taire ceux qui parlent d’un « hyper Premier ministre » après la victoire par KO de François Fillon sur Jean-Louis Borloo.
Le Sarko nouveau a débarqué avec deux jours d’avance sur le Beaujolais nouveau. Sera-t-il, comme le vin le plus célèbre du mois de novembre, un produit marketing ?
Finie la rupture, vive la stabilité ! Si le gouvernement n’a guère changé, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup assagi. À l’entendre, il n’y a eu « aucun nuage » entre lui et le Premier ministre. L’interminable feuilleton sur le choix d’un locataire pour Matignon n’a donc jamais existé. Ou alors, il a été programmé, par l’Élysée, dans le seul but de permettre aux Français de se distraire…
Le président a minimisé, également, les fortes secousses sociales de l’automne contre sa réforme des retraites. « Il n’y a eu aucune violence », a-t-il affirmé. C’est exact, mais un peu court pour résumer les huit journées d’action, les pénuries d’essence, les perturbations dans les transports ! Tout cela, le chef de l’État veut l’oublier. Il n’a pas parlé de réconciliation, mais c’est évidemment l’objectif recherché, alors que sa cote de popularité est au plus bas.
La volonté de rassurer à tout prix impose quelques contorsions : « Quand on donne le tournis, on accroît l’anxiété », a justement remarqué un homme qui a beaucoup réagi à chaud et sans grand recul, pas plus tard qu’au mois de juillet, à Grenoble, sur l’insécurité. Avec le tournis qui a saisi le pays après son discours « musclé »…
Hier soir, il a pris garde de ne pas se quereller, comme par un passé récent, avec les journalistes qui l’interrogeaient, malgré l’agacement visible que provoquaient certaines de leurs questions. Une cigale qui a fait du bruit pendant tout l’été peut-elle, pour autant, se faire fourmi à l’approche de l’hiver ? En d’autres termes, Nicolas Sarkozy arrivera-t-il enfin à revêtir le costume de président de la République, en laissant à ses ministres les bleus de travail de ceux qui mettent les mains dans le cambouis ? Jusqu’à présent, il n’a pas pu s’empêcher de brouiller à de nombreuses reprises l’action du gouvernement. L’intervention d’hier soir, encore, n’avait-elle pas pour premier objectif de précéder la déclaration de politique générale de François Fillon, à l’Assemblée ? Une manière, non pas de marquer qui est le chef – tout le monde sait que c’est lui, Nicolas Sarkozy – mais de faire taire ceux qui parlent d’un « hyper Premier ministre » après la victoire par KO de François Fillon sur Jean-Louis Borloo.
Le Sarko nouveau a débarqué avec deux jours d’avance sur le Beaujolais nouveau. Sera-t-il, comme le vin le plus célèbre du mois de novembre, un produit marketing ?
De la rectitude en politique
Tout semble dit, ces derniers jours, sur le retour d'Aung San Suu Kyi à la parole publique et à une relative liberté de mouvement. On soupèse ses capacités d'action, ses chances de pouvoir fédérer les opposants à la junte militaire, ses possibilités de retour sur la scène politique birmane, sa marge de manoeuvre restreinte. Tout cela importe, bien évidemment. Mais on oublie l'essentiel. Car ces considérations de tactique ou de stratégie demeurent dans un unique registre - celui des rapports de force. Or la partie décisive ne se joue pas sur ce terrain. Ce que rappelle la noble figure d'Aung San Suu Kyi, c'est que les affaires humaines ne relèvent pas seulement de l'ordre des faits. Elles relèvent aussi de ce qu'on peut appeler la rectitude.
Ce vieux terme semble devenu à peine audible. Il désigne une ligne morale plutôt qu'un plan de bataille. Rien n'empêche d'en déduire un programme d'action, voire une direction politique, à condition de préciser, d'entrée de jeu, que tout ici se joue dans la fidélité obstinée à des valeurs. La rectitude met pareille exigence au poste de commande. Ne pas plier, ne pas tricher, demeurer intégralement fidèle aux choix éthiques et aux promesses de départ. Résister aux menaces, intimidations, chantages, pressions et répressions. Préserver la complète fixité de cette armature morale -sans sombrer pour autant dans la rigidité. Demeurer inébranlable -sans risquer par là même de devenir fanatique. Voilà la rectitude.
Dans l'histoire de la philosophie, elle a ses lettres de noblesse. Socrate, dans le dialogue de Platon intitulé « Gorgias », l'a installée au coeur de la pensée avec une netteté parfaite. Ce qu'il refuse : le critère unique constitué par la victoire dans le registre des faits. A cette aune, la justice s'évanouit. Car les tyrans l'emportent, en fait -et les opposants perdent. Car les bourreaux, en fait, spolient les victimes, se débarrassent des corps et célèbrent leur forfait. S'il n'y a que les faits, personne ne choisira la défaite, le sacrifice et la souffrance. Le jeune Calliclès, qui défie Socrate avec l'arrogance des réalistes, montre qu'il vaut mieux être bourreau que victime. Aux criminels les mains pleines et aux justes leurs yeux pour pleurer. Si telle est la seule réalité, aucune hésitation -il faut faire jeu gagnant, donc être le plus fort. Le reste n'est qu'enfantillage.
La rectitude de Socrate fait intervenir, au contraire, un autre registre de réalité -celui de la justice et des normes morales. Là, les bourreaux sont perdants et les victimes glorieuses. Somme toute, ou bien il n'y a qu'un seul ordre du monde, celui des faits et des rapports de force, ou bien il y en a deux -les faits et les valeurs, les forces et le droit. Et ce clivage n'a cessé de traverser la pensée jusqu'à nos jours, même si la realpolitik a souvent pris le pas sur les exigences de la rectitude. On a prétendu que les bons sentiments ne pouvaient faire de bonne politique et répété que seuls comptent les résultats. Pourtant, ce réalisme a lui aussi ses limites, on le constate à présent de tous côtés. Du coup, la rectitude n'a pas dit son dernier mot.
Les figures qui l'incarnent sont aujourd'hui plus nombreuses et annoncent peut-être des métamorphoses. Ce qu'ont en commun -par exemple -le Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, le 14 e dalaï-lama et Aung San Suu Kyi, c'est justement une forme d'hybridation contemporaine de sagesse et de politique, de spiritualité et d'engagement. Ils incarnent des silhouettes nouvelles, car ce ne sont ni simplement des militants ni tout à fait des sages. Ces leaders mixtes, engagés dans des combats sociaux de longue haleine, ont en commun quelques convictions : « la révolution essentielle est celle de l'esprit », « être libre de peur constitue à la fois un moyen et une fin », la vérité, la justice et la compassion sont « souvent les seuls remparts qui tiennent contre un pouvoir sans pitié » -paroles d'Aung San Suu Kyi dans son célèbre discours de juillet 1990, Freedom from Fear.
Tout semble dit, ces derniers jours, sur le retour d'Aung San Suu Kyi à la parole publique et à une relative liberté de mouvement. On soupèse ses capacités d'action, ses chances de pouvoir fédérer les opposants à la junte militaire, ses possibilités de retour sur la scène politique birmane, sa marge de manoeuvre restreinte. Tout cela importe, bien évidemment. Mais on oublie l'essentiel. Car ces considérations de tactique ou de stratégie demeurent dans un unique registre - celui des rapports de force. Or la partie décisive ne se joue pas sur ce terrain. Ce que rappelle la noble figure d'Aung San Suu Kyi, c'est que les affaires humaines ne relèvent pas seulement de l'ordre des faits. Elles relèvent aussi de ce qu'on peut appeler la rectitude.
Ce vieux terme semble devenu à peine audible. Il désigne une ligne morale plutôt qu'un plan de bataille. Rien n'empêche d'en déduire un programme d'action, voire une direction politique, à condition de préciser, d'entrée de jeu, que tout ici se joue dans la fidélité obstinée à des valeurs. La rectitude met pareille exigence au poste de commande. Ne pas plier, ne pas tricher, demeurer intégralement fidèle aux choix éthiques et aux promesses de départ. Résister aux menaces, intimidations, chantages, pressions et répressions. Préserver la complète fixité de cette armature morale -sans sombrer pour autant dans la rigidité. Demeurer inébranlable -sans risquer par là même de devenir fanatique. Voilà la rectitude.
Dans l'histoire de la philosophie, elle a ses lettres de noblesse. Socrate, dans le dialogue de Platon intitulé « Gorgias », l'a installée au coeur de la pensée avec une netteté parfaite. Ce qu'il refuse : le critère unique constitué par la victoire dans le registre des faits. A cette aune, la justice s'évanouit. Car les tyrans l'emportent, en fait -et les opposants perdent. Car les bourreaux, en fait, spolient les victimes, se débarrassent des corps et célèbrent leur forfait. S'il n'y a que les faits, personne ne choisira la défaite, le sacrifice et la souffrance. Le jeune Calliclès, qui défie Socrate avec l'arrogance des réalistes, montre qu'il vaut mieux être bourreau que victime. Aux criminels les mains pleines et aux justes leurs yeux pour pleurer. Si telle est la seule réalité, aucune hésitation -il faut faire jeu gagnant, donc être le plus fort. Le reste n'est qu'enfantillage.
La rectitude de Socrate fait intervenir, au contraire, un autre registre de réalité -celui de la justice et des normes morales. Là, les bourreaux sont perdants et les victimes glorieuses. Somme toute, ou bien il n'y a qu'un seul ordre du monde, celui des faits et des rapports de force, ou bien il y en a deux -les faits et les valeurs, les forces et le droit. Et ce clivage n'a cessé de traverser la pensée jusqu'à nos jours, même si la realpolitik a souvent pris le pas sur les exigences de la rectitude. On a prétendu que les bons sentiments ne pouvaient faire de bonne politique et répété que seuls comptent les résultats. Pourtant, ce réalisme a lui aussi ses limites, on le constate à présent de tous côtés. Du coup, la rectitude n'a pas dit son dernier mot.
Les figures qui l'incarnent sont aujourd'hui plus nombreuses et annoncent peut-être des métamorphoses. Ce qu'ont en commun -par exemple -le Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, le 14 e dalaï-lama et Aung San Suu Kyi, c'est justement une forme d'hybridation contemporaine de sagesse et de politique, de spiritualité et d'engagement. Ils incarnent des silhouettes nouvelles, car ce ne sont ni simplement des militants ni tout à fait des sages. Ces leaders mixtes, engagés dans des combats sociaux de longue haleine, ont en commun quelques convictions : « la révolution essentielle est celle de l'esprit », « être libre de peur constitue à la fois un moyen et une fin », la vérité, la justice et la compassion sont « souvent les seuls remparts qui tiennent contre un pouvoir sans pitié » -paroles d'Aung San Suu Kyi dans son célèbre discours de juillet 1990, Freedom from Fear.
Renforcer la culture du risque en France
La tempête Xynthia de fin février et les orages du Var de la mi-juin ont douloureusement marqué le premier semestre 2010, avec plus de 80 morts et 2,5 milliards d’euros de dommages matériels indemnisés, dont 80% par l’assurance et 20% par l’Etat. Pourtant, ces événements sont très loin d’être les plus violents susceptibles de se produire en France.
Au-delà des controverses qui se sont ensuivies, le Sénat, l’Assemblée nationale et le gouvernement ont unanimement appelé à renforcer la culture du risque en France. C’est une démarche dont les dimensions sont classiques : conserver la mémoire du risque, faire progresser la connaissance, éviter de s’exposer, étudier l’expérience des autres pays, évaluer le coût et l’efficacité des mesures de prévention et, enfin, se mettre en situation de financer ces mesures. Or il subsiste deux écueils importants, qui rendent problématique le développement d’une culture du risque en France.
Le premier écueil réside dans l’immense difficulté qu’éprouve la population à accepter le coût du risque, financier ou non. Comme exemple non financier, prenons La Faute-sur-Mer : les témoignages montrent à quel point il est difficile pour certains habitants de quitter leurs logements, alors qu’ils sont classés en zone de solidarité. Certes, ce classement est contesté et a d’ailleurs évolué depuis les zones noires initiales. Mais comment nier que ce littoral reste exposé et qu’il suffirait, au même endroit, d’un événement plus puissant que Xynthia pour dévaster une superficie supérieure ?
Nombreux sont, par ailleurs, les habitants qui critiquent « les autorités » pour n’avoir pas su éviter la catastrophe. L’auteur de ces lignes manque d’éléments sur ce sujet, mais propose simplement une expérience par la pensée : si, avant Xynthia, « les autorités » avaient demandé aux habitants de se reloger plus loin sans perte financière, au motif que l’exposition au risque de submersion marine était avérée (ce n’est pas pour rien qu’il y avait des digues à cet endroit), croit-on vraiment qu’ils y auraient consenti ? Il est clair que la question n’est que rhétorique : même après Xynthia, une telle démarche ne fait pas consensus parmi les habitants des communes les plus touchées. L’absence de coût financier n’y fait rien : les contraintes visant à se protéger du risque ne sont pas acceptées.
Le coût financier maintenant : le plan digues est chiffré par M. Borloo à 500 millions d’euros. Or investir ce demi-milliard ne nous débarrassera pas de tout risque. Non seulement le risque d’inondation demeurera – temporairement réduit –, mais encore le combat contre les autres aléas naturels continuera à requérir des investissements lourds. Spécialiste du risque, Didier Heiderich estimait, en 2005, que « combattre les risques consomme environ 20 à 30% des ressources d’un pays comme la France » (même s’il évoquait alors la totalité des risques, et non les seuls risques naturels).
L’assurance répond en partie au problème du financement. Parce qu’elle mutualise le risque, qu’elle propose une couverture stable dans le temps, qu’elle recueille des données lui permettant d’analyser l’exposition et qu’elle confie la réparation des dommages à des professionnels, l’assurance aide à optimiser la gestion du risque au sein de la société. Mais elle a un coût et les hausses de primes ne sont jamais vraiment comprises par les assurés, même lorsqu’elles font suite à des catastrophes. Pourtant, ce sont ces dernières qui révèlent aux assureurs qu’ils percevaient jusqu’alors le risque de manière incomplète. Au fur et à mesure que la connaissance de l’exposition réelle aux catastrophes s’enrichira, hélas, de nouvelles expériences, une tendance à la hausse des primes se dessinera.
Il arrive aussi que les couvertures proposées par les assureurs soient incomplètes : tous les risques ne sont pas assurables, ou pas dans des conditions économiquement acceptables. Mais, même lorsque l’offre d’assurance est disponible et que ce sont les propres décisions budgétaires des sinistrés qui les ont fait « choisir » de se sous-assurer, voire de ne pas s’assurer, le constat est que, de nos jours, face à une catastrophe majeure, on ne les laisse plus gérer eux-mêmes leur situation sans aucun soutien.
Des fonds publics, financés par prélèvements obligatoires, peuvent intervenir dans l’indemnisation : cas, parmi d’autres, des mesures prises suite à Xynthia à travers le Fonds Barnier. On peut voir aussi l’Etat demander aux assureurs « d’avoir une appréciation mesurée de la vétusté et des franchises appliquées », comme dans le cas des inondations du Var du mois de juin. De plus, les assureurs prennent d’eux-mêmes des initiatives dans le même esprit, comme renoncer à faire valoir certaines exclusions ou encore, à l’extrême, réactiver une police qui avait été résiliée pour non-paiement de la prime, comme après la tornade d’Hautmont d’août 2008. L’Etat peut, enfin, mettre en place des dispositifs d’aide spécifiques, au cas par cas, comme après la tempête Klaus de janvier 2009.
Ces réponses constituent toutes des expressions de solidarité financière coordonnée au plan national pour améliorer le sort des sinistrés par rapport à ce qu’il aurait été s’ils avaient dû assumer seuls les conséquences des arbitrages individuels et collectifs passés. Malgré cette solidarité, il est rarissime de lire des témoignages de reconnaissance des personnes concernées.
C’est ce qui amène à repérer le second écueil : la manifestation du risque, même naturel, est perçue comme une injustice et un scandale. Il n’existerait aucun niveau de risque acceptable et la solidarité mentionnée à l’instant serait un dû, rien de plus.
Le Pr. Marie-Anne Frison-Roche identifie, justement, la notion de risque acceptable comme un antidote aux dérives potentielles d’un nouveau « droit à la sécurité des systèmes », non contestable en tant que tel s’il ne se prêtait à être appréhendé de manière totalitaire. L’auteur vise certes d’abord les dispositifs de régulation financière ou sanitaire, mais étend aux catastrophes naturelles sa mise en garde contre la revendication d’un droit à la sécurité absolue des systèmes à risques.
Evitons le piège, car c’en est un, d’en venir à ne plus trouver aucun risque acceptable et à exiger comme un dû la compensation inconditionnelle des préjudices consécutifs aux catastrophes naturelles. Une telle attitude découragerait ceux qui investissent dans des mesures de prévention (à quoi bon investir si je suis parfaitement indemnisé quoi qu’il arrive ?), et nous laisserait vivre dans une illusion de toute puissance qui nous exposerait à de douloureuses déconvenues.
Qui décidera quel est le risque acceptable ? Comment encadrer le droit émergent à la sécurité des systèmes ? C’est là une vraie difficulté, qu’il faudra bien apprendre à surmonter collectivement, par le débat démocratique. Un enjeu de taille sera de savoir concilier la notion de risque acceptable avec la nécessité éthique de tendre la main à ceux qui ont subi des préjudices graves, tout en valorisant les gestes de prévention de ceux qui les auront posés. Une piste se trouve peut-être dans une intuition du sociologue Ulrich Beck, selon lequel nos sociétés accorderaient une valeur essentielle à un nouveau principe d’égalité devant le risque. Devant le risque, donc, et non devant le sinistre.
Lorsque Mme Jouanno déclare devant le Sénat, en évoquant Xynthia, que « jusqu’à maintenant, nous n’avons jamais arbitré sur les niveaux de risques acceptables. Nous avons là une bonne occasion de le faire », elle donne à espérer que les thèmes du coût du risque et du risque acceptable prendront désormais toute leur place dans la promotion de la culture du risque en France.
Justice : la mauvaise passe du parquet
Dans le landerneau judiciaire, on le sait depuis longtemps : l'affaire Woerth-Bettencourt risque d'enterrer définitivement la réforme prévoyant la suppression du juge d'instruction. La Cour de cassation doit donner aujourd'hui le coup de grâce en décidant du lieu de dépaysement du dossier, vraisemblablement à Paris. Hier, vingt-quatre heures à peine après le départ du gouvernement d'Eric Woerth, le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a décidé de saisir la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) du cas de l'ancien ministre du Travail, qu'il soupçonne de favoritisme et de prise illégale d'intérêts lors de la cession de l'hippodrome de Compiègne. Il y a quinze jours, devant le déferlement médiatique, le procureur général de Versailles avait dû finalement demander à Philippe Courroye de transmettre l'ensemble du dossier -hautement sensible -à des juges d'instruction. Il semble donc désormais difficile de continuer à défendre une enquête judiciaire confiée aux seules mains du parquet - certes sous la surveillance d'un juge de l'enquête et des libertés -, comme la chancellerie l'avait envisagé dans la phase 2 de la réforme de la procédure pénale.
Tout se passe comme si l'affaire Woerth-Bettencourt avait agi comme une affaire Outreau à l'envers : un cataclysme médiatico-judiciaire forçant à tout remettre en question… Mais alors qu'hier c'était l'instruction qui était mise en cause, cette fois, c'est le parquet qui est en ligne de mire.
Il y a encore six mois, pourtant, tout semblait lui sourire : à en croire le gouvernement, lui seul savait travailler en groupe. Certes, il était hiérarchisé, mais il savait aussi montrer son indépendance, martelait alors la chancellerie. L'instruction, marquée par le désastre d'Outreau et par d'interminables affaires financières ayant le plus souvent débouché sur des relaxes, se devait d'être réformée. Conséquence : il valait mieux confier l'enquête au parquet, plus efficace et plus rapide que le juge d'instruction. L'affaire Woerth-Bettencourt a sonné le glas de cette vision idyllique, alors que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait déjà rappelé à l'ordre la France sur l'absence d'indépendance de son ministère public.
Peu importe que les enquêtes préliminaires sur l'affaire Woerth-Bettencourt aient été, selon le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, « un modèle du genre ». Pour certains magistrats, ce dossier aura simplement démontré ce qu'ils ne cessent de clamer depuis le début de la réflexion sur la réforme de l'instruction : il ne peut y avoir de suppression du juge d'instruction sans réforme du parquet. Certes, tous s'accordent à dire que Philippe Courroye a travaillé vite. Mais sans que personne n'ait accès au dossier. Le secret et l'absence de procédure contradictoire sur des soupçons de financement occulte de parti politique, de blanchiment de fraude fiscale ou de trafic d'influence mettant en cause une des premières fortunes de France et un ministre en exercice, le tout confié à un magistrat rattaché au ministre de la Justice et, qui plus est, ne cachant pas ses relations personnelles avec Nicolas Sarkozy, ne pouvaient que dégénérer sur le plan médiatique. D'autant plus que, à Nanterre, l'inimitié entre Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez a fini de transformer cette affaire tentaculaire en marigot judiciaire, réveillant le conflit traditionnel entre magistrats du siège et magistrats du parquet. Les premiers raillant le manque d'indépendance des seconds, lesquels dénoncent à leur tour l'inefficacité brouillonne et bruyante du siège…
De fait, le parquet accumule les revers ces temps-ci, nourrissant comme jamais la suspicion de ceux qui voient dans chacune de ses décisions l'influence du pouvoir politique. Le 9 novembre, la chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé recevable la constitution de partie civile de Transparency International dans l'affaire des « biens mal acquis », ouvrant ainsi la voie à une instruction sur les conditions d'acquisition, en France, du patrimoine de trois chefs d'Etat africains : Omar Bongo (Gabon), Théodore Obiang (Guinée équatoriale) et Denis Sassou N'Guesso (Congo). En avril 2009, le parquet de Paris s'était opposé à l'ouverture d'une information judiciaire dans ce dossier suivi de près par l'Elysée, arguant que l'ONG n'avait pas subi de « préjudice direct et personnel ». La veille, le 8 novembre, un juge d'instruction avait décidé de renvoyer devant un tribunal correctionnel Jacques Chirac pour « prise illégale d'intérêt » dans l'affaire des emplois fictifs de l'ex-RPR. Un mois auparavant le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, qui avait aussi instruit ce dossier, avait requis un non-lieu, estimant qu' « il n'existait pas un système connu de M. Chirac destiné à financer de façon occulte le RPR »… Le 25 octobre déjà, la décision du parquet financier de Paris de classer sans suite l'affaire des sondages de l'Elysée avait soulevé nombre d'interrogations. Le dossier concernait une convention passée entre la présidence de la République et la société Publifact, dirigée par Patrick Buisson, un des conseillers de Nicolas Sarkozy, pour 1,5 million d'euros. Le marché avait été passé sans appel d'offres et le contrat signé par Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet du chef de l'Etat. Le ministère public avait justifié sa décision de classement sans suite en étendant à la directrice de cabinet l'immunité pénale du président de la République.
Dans ce contexte, le gouvernement s'aventurera-t-il dans une réforme du parquet, beaucoup plus difficile à enclencher que la suppression du juge d'instruction ? En France, l'équation est quasiment insoluble : comment, sans rendre le parquet indépendant (ce que même les magistrats dans leur grande majorité ne veulent pas), le libérer des pressions politiques, réelles ou supposées ? La création d'un procureur général de la nation avait un temps été défendue par certains hauts magistrats. Jean-Louis Nadal en rêve. Il doit bientôt quitter ses fonctions. Mais il n'est pas certain que ce projet enthousiasme la chancellerie car, non seulement la création d'un procureur général de la nation n'apporte pas de solution globale, mais elle signifierait surtout la perte de pouvoir du ministre de la Justice… sur les affaires pénales.
Dans le landerneau judiciaire, on le sait depuis longtemps : l'affaire Woerth-Bettencourt risque d'enterrer définitivement la réforme prévoyant la suppression du juge d'instruction. La Cour de cassation doit donner aujourd'hui le coup de grâce en décidant du lieu de dépaysement du dossier, vraisemblablement à Paris. Hier, vingt-quatre heures à peine après le départ du gouvernement d'Eric Woerth, le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a décidé de saisir la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) du cas de l'ancien ministre du Travail, qu'il soupçonne de favoritisme et de prise illégale d'intérêts lors de la cession de l'hippodrome de Compiègne. Il y a quinze jours, devant le déferlement médiatique, le procureur général de Versailles avait dû finalement demander à Philippe Courroye de transmettre l'ensemble du dossier -hautement sensible -à des juges d'instruction. Il semble donc désormais difficile de continuer à défendre une enquête judiciaire confiée aux seules mains du parquet - certes sous la surveillance d'un juge de l'enquête et des libertés -, comme la chancellerie l'avait envisagé dans la phase 2 de la réforme de la procédure pénale.
Tout se passe comme si l'affaire Woerth-Bettencourt avait agi comme une affaire Outreau à l'envers : un cataclysme médiatico-judiciaire forçant à tout remettre en question… Mais alors qu'hier c'était l'instruction qui était mise en cause, cette fois, c'est le parquet qui est en ligne de mire.
Il y a encore six mois, pourtant, tout semblait lui sourire : à en croire le gouvernement, lui seul savait travailler en groupe. Certes, il était hiérarchisé, mais il savait aussi montrer son indépendance, martelait alors la chancellerie. L'instruction, marquée par le désastre d'Outreau et par d'interminables affaires financières ayant le plus souvent débouché sur des relaxes, se devait d'être réformée. Conséquence : il valait mieux confier l'enquête au parquet, plus efficace et plus rapide que le juge d'instruction. L'affaire Woerth-Bettencourt a sonné le glas de cette vision idyllique, alors que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait déjà rappelé à l'ordre la France sur l'absence d'indépendance de son ministère public.
Peu importe que les enquêtes préliminaires sur l'affaire Woerth-Bettencourt aient été, selon le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, « un modèle du genre ». Pour certains magistrats, ce dossier aura simplement démontré ce qu'ils ne cessent de clamer depuis le début de la réflexion sur la réforme de l'instruction : il ne peut y avoir de suppression du juge d'instruction sans réforme du parquet. Certes, tous s'accordent à dire que Philippe Courroye a travaillé vite. Mais sans que personne n'ait accès au dossier. Le secret et l'absence de procédure contradictoire sur des soupçons de financement occulte de parti politique, de blanchiment de fraude fiscale ou de trafic d'influence mettant en cause une des premières fortunes de France et un ministre en exercice, le tout confié à un magistrat rattaché au ministre de la Justice et, qui plus est, ne cachant pas ses relations personnelles avec Nicolas Sarkozy, ne pouvaient que dégénérer sur le plan médiatique. D'autant plus que, à Nanterre, l'inimitié entre Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez a fini de transformer cette affaire tentaculaire en marigot judiciaire, réveillant le conflit traditionnel entre magistrats du siège et magistrats du parquet. Les premiers raillant le manque d'indépendance des seconds, lesquels dénoncent à leur tour l'inefficacité brouillonne et bruyante du siège…
De fait, le parquet accumule les revers ces temps-ci, nourrissant comme jamais la suspicion de ceux qui voient dans chacune de ses décisions l'influence du pouvoir politique. Le 9 novembre, la chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé recevable la constitution de partie civile de Transparency International dans l'affaire des « biens mal acquis », ouvrant ainsi la voie à une instruction sur les conditions d'acquisition, en France, du patrimoine de trois chefs d'Etat africains : Omar Bongo (Gabon), Théodore Obiang (Guinée équatoriale) et Denis Sassou N'Guesso (Congo). En avril 2009, le parquet de Paris s'était opposé à l'ouverture d'une information judiciaire dans ce dossier suivi de près par l'Elysée, arguant que l'ONG n'avait pas subi de « préjudice direct et personnel ». La veille, le 8 novembre, un juge d'instruction avait décidé de renvoyer devant un tribunal correctionnel Jacques Chirac pour « prise illégale d'intérêt » dans l'affaire des emplois fictifs de l'ex-RPR. Un mois auparavant le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, qui avait aussi instruit ce dossier, avait requis un non-lieu, estimant qu' « il n'existait pas un système connu de M. Chirac destiné à financer de façon occulte le RPR »… Le 25 octobre déjà, la décision du parquet financier de Paris de classer sans suite l'affaire des sondages de l'Elysée avait soulevé nombre d'interrogations. Le dossier concernait une convention passée entre la présidence de la République et la société Publifact, dirigée par Patrick Buisson, un des conseillers de Nicolas Sarkozy, pour 1,5 million d'euros. Le marché avait été passé sans appel d'offres et le contrat signé par Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet du chef de l'Etat. Le ministère public avait justifié sa décision de classement sans suite en étendant à la directrice de cabinet l'immunité pénale du président de la République.
Dans ce contexte, le gouvernement s'aventurera-t-il dans une réforme du parquet, beaucoup plus difficile à enclencher que la suppression du juge d'instruction ? En France, l'équation est quasiment insoluble : comment, sans rendre le parquet indépendant (ce que même les magistrats dans leur grande majorité ne veulent pas), le libérer des pressions politiques, réelles ou supposées ? La création d'un procureur général de la nation avait un temps été défendue par certains hauts magistrats. Jean-Louis Nadal en rêve. Il doit bientôt quitter ses fonctions. Mais il n'est pas certain que ce projet enthousiasme la chancellerie car, non seulement la création d'un procureur général de la nation n'apporte pas de solution globale, mais elle signifierait surtout la perte de pouvoir du ministre de la Justice… sur les affaires pénales.
Réformes : un président "gonflé"
Les Français pouvaient se poser avant l’intervention hier de Nicolas Sarkozy plusieurs questions. Les réformes vont-elles continuer ou la pause va-t-elle être décrétée ? La réponse était moins évidente qu’on ne croit, d’abord parce que le chef de l’Etat avait lui-même parlé de “ pause ”. Et ensuite parce que l’intérêt politique de poursuivre les réformes ne saute pas a priori aux yeux puisqu’une part des Français les contestent et qu’une autre part ne les a pas vues et pense en définitive (même si c’est paradoxal) qu’il n’y en a pas eu beaucoup. Voici pour le premier point. Second point : va-t-on vers une tonalité un peu plus sociale ? Il y avait donc du grain à moudre.
Et ce grain a été... moulu ! Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas lever le pied sur les réformes – avec tous les risques que cela comporte. Avec deux grands chantiers. Economique, la fiscalité. Social, avec la création d’une nouvelle prestation, pour la dépendance.
Comme ce sont les deux seules évoquées, cela veut dire au passage que François Fillon a encore un espace – il a par exemple parlé de l’assurance-maladie devant les députés hier !
Ces deux réformes sont évidemment compliquées. La prise en charge de la dépendance, on en parle depuis trois ans. Le but est de réduire les sommes à la charge des personnes âgées en maison de retraite ou de les aider à rester à domicile. Il s’agit de donner quelques centaines d’euros par mois supplémentaires.
Cette réforme ne coûte pas en elle-même énormément, mais qui doit payer ? Les contribuables, mais il y a la promesse de ne pas augmenter les impôts. Nicolas Sarkozy lui-même, il y a encore un mois, voulait relever la CSG sur les pensions des retraités – trouvant normal qu’ils contribuent. Vous avez aussi la possibilité de rendre obligatoire une assurance, qui coûterait par exemple 15 euros par mois à tous les Français. Vous vous doutez que les assureurs sont prêts. Un casse-tête, donc, surtout que le système actuel (l’APA) explose financièrement.
La réforme fiscale est beaucoup plus sensible encore. L’idée est de sortir par le haut du bouclier fiscal. La difficulté, à écouter hier soir Nicolas Sarkozy, était que la direction était à peu près claire, mais que le chemin pour l’atteindre ne l’est pas du tout. La suppression du bouclier a été seulement implicite ! On a aussi compris que l’ISF sera remplacé par un autre impôt, plutôt sur les revenus du patrimoine et les plus-values que sur le capital comme aujourd’hui.
En réalité, la logique budgétaire et la logique politique devraient conduire à ce que l’Etat, dans cette réforme, ne perde pas d’argent, qu’elle soit neutre, et donc qu’il s’agisse de transferts entre contribuables. Mais alors, quel est l’intérêt ? C’est une réforme d’autant plus difficile que Jacques Chirac, on s’en souvient, avait supprimé l’IGF (l’ancêtre de l’ISF) en 1986, et qu’on en a parlé pendant dix ans !
Au total, cette tâche n’est pas impossible, mais à coup sûr inédite ! A une grosse année d’une fin de mandat, risquer des réformes techniquement difficiles, virtuellement impopulaires et électoralement risquées est sacrément “ gonflé ” ! Et certainement pas "électoraliste au sens habituel du terme Et donc çà va être passionnant à suivre !
Les Français pouvaient se poser avant l’intervention hier de Nicolas Sarkozy plusieurs questions. Les réformes vont-elles continuer ou la pause va-t-elle être décrétée ? La réponse était moins évidente qu’on ne croit, d’abord parce que le chef de l’Etat avait lui-même parlé de “ pause ”. Et ensuite parce que l’intérêt politique de poursuivre les réformes ne saute pas a priori aux yeux puisqu’une part des Français les contestent et qu’une autre part ne les a pas vues et pense en définitive (même si c’est paradoxal) qu’il n’y en a pas eu beaucoup. Voici pour le premier point. Second point : va-t-on vers une tonalité un peu plus sociale ? Il y avait donc du grain à moudre.
Et ce grain a été... moulu ! Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas lever le pied sur les réformes – avec tous les risques que cela comporte. Avec deux grands chantiers. Economique, la fiscalité. Social, avec la création d’une nouvelle prestation, pour la dépendance.
Comme ce sont les deux seules évoquées, cela veut dire au passage que François Fillon a encore un espace – il a par exemple parlé de l’assurance-maladie devant les députés hier !
Ces deux réformes sont évidemment compliquées. La prise en charge de la dépendance, on en parle depuis trois ans. Le but est de réduire les sommes à la charge des personnes âgées en maison de retraite ou de les aider à rester à domicile. Il s’agit de donner quelques centaines d’euros par mois supplémentaires.
Cette réforme ne coûte pas en elle-même énormément, mais qui doit payer ? Les contribuables, mais il y a la promesse de ne pas augmenter les impôts. Nicolas Sarkozy lui-même, il y a encore un mois, voulait relever la CSG sur les pensions des retraités – trouvant normal qu’ils contribuent. Vous avez aussi la possibilité de rendre obligatoire une assurance, qui coûterait par exemple 15 euros par mois à tous les Français. Vous vous doutez que les assureurs sont prêts. Un casse-tête, donc, surtout que le système actuel (l’APA) explose financièrement.
La réforme fiscale est beaucoup plus sensible encore. L’idée est de sortir par le haut du bouclier fiscal. La difficulté, à écouter hier soir Nicolas Sarkozy, était que la direction était à peu près claire, mais que le chemin pour l’atteindre ne l’est pas du tout. La suppression du bouclier a été seulement implicite ! On a aussi compris que l’ISF sera remplacé par un autre impôt, plutôt sur les revenus du patrimoine et les plus-values que sur le capital comme aujourd’hui.
En réalité, la logique budgétaire et la logique politique devraient conduire à ce que l’Etat, dans cette réforme, ne perde pas d’argent, qu’elle soit neutre, et donc qu’il s’agisse de transferts entre contribuables. Mais alors, quel est l’intérêt ? C’est une réforme d’autant plus difficile que Jacques Chirac, on s’en souvient, avait supprimé l’IGF (l’ancêtre de l’ISF) en 1986, et qu’on en a parlé pendant dix ans !
Au total, cette tâche n’est pas impossible, mais à coup sûr inédite ! A une grosse année d’une fin de mandat, risquer des réformes techniquement difficiles, virtuellement impopulaires et électoralement risquées est sacrément “ gonflé ” ! Et certainement pas "électoraliste au sens habituel du terme Et donc çà va être passionnant à suivre !
L'esquisse d'une défense européenne
L'accord récemment conclu entre Nicolas Sarkozy et David Cameron sur la coopération militaire nucléaire n'a pas supplanté, dans la rumeur médiatique, les supputations domestiques autour du remaniement ministériel. Il revêt néanmoins, selon les commentateurs compétents, « une importance historique » ou reflète « un niveau de confiance inégalé dans l'Histoire » entre deux nations. Il consacre en effet rien de moins qu'une mise en commun des moyens technologiques d'entretien des forces nucléaires et de certaines forces expéditionnaires mobilisables par les deux pays.
Pour Londres, c'est l'occasion de desserrer un peu sa dépendance jusqu'ici exclusive à l'égard du grand frère américain et de bénéficier de certaines technologies françaises. Pour Paris, c'est l'opportunité d'arrimer au continent la seule autre grande puissance militaire européenne, de compléter son engagement déjà pris dans la brigade franco-allemande et de se retrouver ainsi au centre d'un jeu de forces européen mieux équilibré. Pour les deux contractants, c'est enfin et surtout le moyen de rendre plus supportables, en les partageant, les lourdes charges d'une défense crédible. Sans cette mutualisation, le seuil dissuasif serait en effet réservé aux seules très grandes puissances. A l'incapacité avérée d'aboutir à l'institution d'une défense européenne, la capacité de défense de certains Européens peut servir de substitut.
Depuis 1948 et le traité de Bruxelles instituant l'Union de l'Europe occidentale (UEO), l'Europe n'a en effet jamais réussi qu'à piétiner sur sa défense. Après l'échec de la Communauté européenne de défense, en 1954, il a fallu attendre Maastricht pour conférer à l'UEO quelques compétences opérationnelles, Saint-Malo, Cologne puis Helsinki, en 1999, pour lever sur la défense commune les préventions britanniques et compléter les dispositions pratiques ; Nice, enfin, en 2000, pour poser les principes de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense). Pour la première fois depuis soixante-deux ans, des Européens offrent ainsi à l'Europe de quoi tempérer le monopole du bouclier américain.
L'accord récemment conclu entre Nicolas Sarkozy et David Cameron sur la coopération militaire nucléaire n'a pas supplanté, dans la rumeur médiatique, les supputations domestiques autour du remaniement ministériel. Il revêt néanmoins, selon les commentateurs compétents, « une importance historique » ou reflète « un niveau de confiance inégalé dans l'Histoire » entre deux nations. Il consacre en effet rien de moins qu'une mise en commun des moyens technologiques d'entretien des forces nucléaires et de certaines forces expéditionnaires mobilisables par les deux pays.
Pour Londres, c'est l'occasion de desserrer un peu sa dépendance jusqu'ici exclusive à l'égard du grand frère américain et de bénéficier de certaines technologies françaises. Pour Paris, c'est l'opportunité d'arrimer au continent la seule autre grande puissance militaire européenne, de compléter son engagement déjà pris dans la brigade franco-allemande et de se retrouver ainsi au centre d'un jeu de forces européen mieux équilibré. Pour les deux contractants, c'est enfin et surtout le moyen de rendre plus supportables, en les partageant, les lourdes charges d'une défense crédible. Sans cette mutualisation, le seuil dissuasif serait en effet réservé aux seules très grandes puissances. A l'incapacité avérée d'aboutir à l'institution d'une défense européenne, la capacité de défense de certains Européens peut servir de substitut.
Depuis 1948 et le traité de Bruxelles instituant l'Union de l'Europe occidentale (UEO), l'Europe n'a en effet jamais réussi qu'à piétiner sur sa défense. Après l'échec de la Communauté européenne de défense, en 1954, il a fallu attendre Maastricht pour conférer à l'UEO quelques compétences opérationnelles, Saint-Malo, Cologne puis Helsinki, en 1999, pour lever sur la défense commune les préventions britanniques et compléter les dispositions pratiques ; Nice, enfin, en 2000, pour poser les principes de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense). Pour la première fois depuis soixante-deux ans, des Européens offrent ainsi à l'Europe de quoi tempérer le monopole du bouclier américain.
Loin
Ce n'est pas faire du mauvais esprit... mais franchement que ce fut ennuyeux !
D'ordinaire, les interventions du président de la République suscitent des réactions tranchées. Là... Rien d'intense. Beaucoup de platitudes qui ont contrasté avec l'atmosphère passionnelle de ces dernières semaines. Le chef de l'État a tellement voulu montrer qu'il était apaisé, étranger au vacarme de l'actualité politique, qu'il a pris le risque de paraître atone. Un non-style empreint d'une sage modestie pour offrir l'image d'un chef de l'État détaché, au-dessus des enjeux électoraux. De ce point de vue, ce fut reposant : ces 90 minutes ont donné au téléspectateur l'étrange impression qu'une partie de l'histoire récente avait été effacée, comme si les turbulences de l'automne social n'avaient été que le fruit de l'imagination des médias.
Toutes les aspérités ont été soigneusement nivelées. Les éclats de l'affaire Bettencourt et les embarras d'Éric Woerth, les inquiétudes des jeunes et les millions de personnes dans la rue, le feuilleton délétère du remaniement et les états d'âme de la majorité, le climat général d'un pays qui n'a jamais été autant démoralisé et les finances publiques sur la pente de la faillite, le chômage qui angoisse la France et le besoin de justice qui étreint la société, la crise énergétique et l'urgence écologique... Autant de réalités qui ont été à peine présentes au cours de la soirée. Un fond de décor, plutôt pâle, à défaut de la perspective éclairée qu'on attendait sur la seconde partie de ce quinquennat.
C'est cette fadeur imprégnée d'une inhabituelle modestie qui, entre deux bâillements, a étonné. Il y a bien eu quelques ébauches d'annonces sur le plan dépendance avancé en 2011, la suppression simultanée du bouclier fiscal et de l'impôt sur la fortune, ou l'introduction de jurés auprès des juges d'application des peines et en correctionnelle, mais sans dessein, sinon brouillon. Même l'évocation de ces thèmes plutôt réactifs a été empreinte de lassitude.
Nous avons vu un président changé, fatigué, marqué par des échecs, qu'il a, à moitié, reconnus. Peut-être même a-t-il été sincère en confessant, sur le fil d'un exercice narcissique pesant, ses doutes sur son goût du pouvoir... Ce président qui s'est, logiquement, refusé à évoquer son ambition pour 2012 a été plus qu'approximatif sur l'avenir, affirmant sans ciller que le régime des retraites serait excédentaire en 2020. Au-delà des frontières de sa propre espérance de longévité politique, a-t-il concédé...
Espérance ? La soirée en a beaucoup manqué, justement. Le président du G20 n'en avait pas à proposer, comme s'il portait un regard désabusé, vaguement chiraquien, sur la capacité de la France - et la sienne - à affronter le monde nouveau qui se réinvente sous ses yeux.
Impopulaire
Notre Président est comme tout le monde, il aime bien être aimé. Mais à sa manière, sans rien céder ou presque. Mes réformes vous mécontentent, dit-il aux Français, je suis impopulaire ? C'est normal : je porte votre inquiétude et votre colère. Mieux, je vais continuer mon nettoyage du pays, sans mettre la poussière sous le tapis. C'est le Sarkozy bravache, le Sarkozy de la rupture. Ferme sur le fond, il revendique cependant un changement de forme : regardez-moi, je parle moins, je prends mon temps, je réfléchis… On est certes encore loin du moine zen, et des bouffées d'énervement s'échappent parfois contre les « commentateurs », mais on est également loin du Fouquet's et du parler populo des débuts. Au fond, notre Président fait le pari qu'il sera un jour populaire, pour les mêmes raisons qui le rendent aujourd'hui impopulaire. Le pari est très risqué,
il n'est pas forcément perdu.
Notre Président est comme tout le monde, il aime bien être aimé. Mais à sa manière, sans rien céder ou presque. Mes réformes vous mécontentent, dit-il aux Français, je suis impopulaire ? C'est normal : je porte votre inquiétude et votre colère. Mieux, je vais continuer mon nettoyage du pays, sans mettre la poussière sous le tapis. C'est le Sarkozy bravache, le Sarkozy de la rupture. Ferme sur le fond, il revendique cependant un changement de forme : regardez-moi, je parle moins, je prends mon temps, je réfléchis… On est certes encore loin du moine zen, et des bouffées d'énervement s'échappent parfois contre les « commentateurs », mais on est également loin du Fouquet's et du parler populo des débuts. Au fond, notre Président fait le pari qu'il sera un jour populaire, pour les mêmes raisons qui le rendent aujourd'hui impopulaire. Le pari est très risqué,
il n'est pas forcément perdu.
L'avocat et le Président
Alors que l'Europe endettée menace de s'effondrer et que les caisses nationales sont vides, il ne fallait pas s'attendre à un changement de cap. Alors que François Fillon avait qualifié, l'après-midi même, à l'Assemblée, son équipe de gouvernement de combat contre l'endettement, le chômage, l'injustice et l'insécurité, il ne fallait pas espérer de grandes révélations.
Pour Nicolas Sarkozy, l'exercice télévisuel d'hier soir consistait surtout à montrer qu'il restait le chef. Et qu'il pouvait relancer la confiance au lendemain d'un remaniement tant annoncé qu'il ne suscite pas d'enthousiasme, à quatre mois des cantonales et à dix-huit mois de la présidentielle.
Pour cela, il lui fallait, primo, justifier le choix de ministres qui n'ont pas toujours été ses favoris. La ligne de conduite présidentielle est simple : François Fillon est le meilleur Premier ministre possible, Jean-Louis Borloo rendra d'autres services à la France, tous les ministres sont excellents, ce remaniement n'est pas partisan... Tout ce qui se raconte et s'écrit de négatif sur la droitisation du gouvernement, sur le recul de l'environnement dans l'ordre des priorités, etc., ne serait que pure extrapolation des commentateurs.
Deuxio, avant que François Fillon n'en donne les détails dans une semaine, devant le Parlement, on attendait qu'il esquisse les réformes des dix-huit mois à venir. En réalité, il a d'abord consacré près d'une heure à refaire le débat des retraites, à se justifier sur l'épisode sécuritaire de l'été, avant d'aborder l'avenir.
Nicolas Sarkozy a tiré les leçons de l'épisode des retraites, puisqu'il promet, s'agissant de la dépendance, le lancement de six mois de consultation avant d'avancer des solutions. Sur la fiscalité, il sous-entend la fin d'un symbole du sarkozysme, le bouclier fiscal, parallèlement à la création d'un nouvel impôt sur le patrimoine.
En matière d'emploi, il renvoie à la négociation, en renouant le dialogue social abîmé par l'épisode des retraites, promettant un recul du chômage.
Tertio, les Français étaient curieux de savoir si le président de la République accepterait de réformer sa gouvernance, de se remanier lui-même. En bon politique, Nicolas Sarkozy s'est alors employé à démontrer qu'il maîtrise le calendrier, qu'il a gagné en sérénité et en réflexion. Il a mis un point d'honneur à expliquer qu'il pouvait commettre des erreurs, par exemple lors du débat incompris sur l'identité nationale. Et qu'il fallait se remettre en question, au point d'évoquer un nouveau et inattendu partage du travail avec François Fillon.
Il a surtout consacré plusieurs séquences ¯ sur la durée du conflit des retraites, sur la délinquance, sur le conflit avec Bruxelles à propos des Roms ¯ à reprocher aux médias et à ses trois interlocuteurs pas toujours très à l'aise, d'exagérer et de caricaturer les situations.
Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy a veillé, en début d'émission, à descendre dans le détail des sujets, à un niveau plus ministériel que présidentiel, donnant à sa prestation l'allure d'une accumulation de plaidoiries. Avant, dans un second temps, de se faire plus doux, plus posé, plus centré sur l'intérêt général. Plus présidentiel.
Alors que l'Europe endettée menace de s'effondrer et que les caisses nationales sont vides, il ne fallait pas s'attendre à un changement de cap. Alors que François Fillon avait qualifié, l'après-midi même, à l'Assemblée, son équipe de gouvernement de combat contre l'endettement, le chômage, l'injustice et l'insécurité, il ne fallait pas espérer de grandes révélations.
Pour Nicolas Sarkozy, l'exercice télévisuel d'hier soir consistait surtout à montrer qu'il restait le chef. Et qu'il pouvait relancer la confiance au lendemain d'un remaniement tant annoncé qu'il ne suscite pas d'enthousiasme, à quatre mois des cantonales et à dix-huit mois de la présidentielle.
Pour cela, il lui fallait, primo, justifier le choix de ministres qui n'ont pas toujours été ses favoris. La ligne de conduite présidentielle est simple : François Fillon est le meilleur Premier ministre possible, Jean-Louis Borloo rendra d'autres services à la France, tous les ministres sont excellents, ce remaniement n'est pas partisan... Tout ce qui se raconte et s'écrit de négatif sur la droitisation du gouvernement, sur le recul de l'environnement dans l'ordre des priorités, etc., ne serait que pure extrapolation des commentateurs.
Deuxio, avant que François Fillon n'en donne les détails dans une semaine, devant le Parlement, on attendait qu'il esquisse les réformes des dix-huit mois à venir. En réalité, il a d'abord consacré près d'une heure à refaire le débat des retraites, à se justifier sur l'épisode sécuritaire de l'été, avant d'aborder l'avenir.
Nicolas Sarkozy a tiré les leçons de l'épisode des retraites, puisqu'il promet, s'agissant de la dépendance, le lancement de six mois de consultation avant d'avancer des solutions. Sur la fiscalité, il sous-entend la fin d'un symbole du sarkozysme, le bouclier fiscal, parallèlement à la création d'un nouvel impôt sur le patrimoine.
En matière d'emploi, il renvoie à la négociation, en renouant le dialogue social abîmé par l'épisode des retraites, promettant un recul du chômage.
Tertio, les Français étaient curieux de savoir si le président de la République accepterait de réformer sa gouvernance, de se remanier lui-même. En bon politique, Nicolas Sarkozy s'est alors employé à démontrer qu'il maîtrise le calendrier, qu'il a gagné en sérénité et en réflexion. Il a mis un point d'honneur à expliquer qu'il pouvait commettre des erreurs, par exemple lors du débat incompris sur l'identité nationale. Et qu'il fallait se remettre en question, au point d'évoquer un nouveau et inattendu partage du travail avec François Fillon.
Il a surtout consacré plusieurs séquences ¯ sur la durée du conflit des retraites, sur la délinquance, sur le conflit avec Bruxelles à propos des Roms ¯ à reprocher aux médias et à ses trois interlocuteurs pas toujours très à l'aise, d'exagérer et de caricaturer les situations.
Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy a veillé, en début d'émission, à descendre dans le détail des sujets, à un niveau plus ministériel que présidentiel, donnant à sa prestation l'allure d'une accumulation de plaidoiries. Avant, dans un second temps, de se faire plus doux, plus posé, plus centré sur l'intérêt général. Plus présidentiel.
Le Mediator du scandale
Il y a des mots que l'on devrait regretter d'avoir prononcé. Tony Hayward, le patron de BP jugeant, en avril, « très très modeste » l'impact de la marée noire provoquée par son entreprise dans le golfe du Mexique. Ou cet avocat des laboratoires Servier déclarant, en juin, lors du procès contre le livre accusateur d'une pneumologue de Brest : « On ne peut se voir accusé de donner la mort quand ce n'est pas fondé sur des preuves scientifiques. » Des preuves scientifiques, il semble qu'il y en ait puisque l'agence française des produits de santé estime à près de 500 le nombre de décès dus au coupe-faim Mediator.
Et l'on est même stupéfait d'apprendre qu'il a fallu attendre dix ans après les premiers cas signalés pour que soient diligentées des études à grande échelle.
Dans la pharmacie, le principe de précaution s'utilise donc à l'envers. Tant que le caractère nocif d'un produit n'est pas démontré, on continue à le vendre. Bien sûr, les médicaments les plus efficaces ont tous leur part de risque. C'est ce qui brouille l'analyse, puisqu'il faut tenir compte du rapport coût/bénéfice pour le malade et la société. Mais dans ce cas, les éléments à charge n'ont pas manqué. Cousin du Mediator, l'Isomeride est retiré du marché en 1997 sur la foi de recherches américaines prouvant sa nocivité. Puis en 1999, le service médical rendu par le Mediator, est jugé « insuffisant » par la commission de la transparence. Au même moment, des hôpitaux rapportent les premiers cas. Pis, alors que son efficacité est mise en doute, ce médicament est largement diffusé au-delà des patients diabétiques, à destination de personnes à la recherche d'un régime amaigrissant « musclé ». 5 millions de Français en ont consommé.
Voilà un médicament à l'utilité contestée, soupçonné depuis longtemps, qui n'est plus vendu qu'en France, et que l'on continue à produire à haute dose avant qu'enfin une étude massive prouve en 2009 sa dangerosité et conduise à son retrait. En attendant, on dénigre les porteurs de mauvaises nouvelles.
Ce n'est pas la première fois que ce genre d'affaires se produit. Ce n'est qu'après la publication en 2004 d'une étude faisant état de près de 20.000 décès que Merck a retiré de la circulation son anti-inflamatoire Vioxx.
Ainsi, au XXI e siècle, pour protéger leurs ventes, des entreprises prennent encore le risque de la réputation pour elles, et de la santé pour d'autres. Troublant. Comme l'est aussi l'attitude des autorités sanitaires pas toujours très promptes à réagir. La question de l'indépendance du régulateur face aux intérêts industriels et politiques est à nouveau posée. Il est temps d'y apporter une réponse.
Il y a des mots que l'on devrait regretter d'avoir prononcé. Tony Hayward, le patron de BP jugeant, en avril, « très très modeste » l'impact de la marée noire provoquée par son entreprise dans le golfe du Mexique. Ou cet avocat des laboratoires Servier déclarant, en juin, lors du procès contre le livre accusateur d'une pneumologue de Brest : « On ne peut se voir accusé de donner la mort quand ce n'est pas fondé sur des preuves scientifiques. » Des preuves scientifiques, il semble qu'il y en ait puisque l'agence française des produits de santé estime à près de 500 le nombre de décès dus au coupe-faim Mediator.
Et l'on est même stupéfait d'apprendre qu'il a fallu attendre dix ans après les premiers cas signalés pour que soient diligentées des études à grande échelle.
Dans la pharmacie, le principe de précaution s'utilise donc à l'envers. Tant que le caractère nocif d'un produit n'est pas démontré, on continue à le vendre. Bien sûr, les médicaments les plus efficaces ont tous leur part de risque. C'est ce qui brouille l'analyse, puisqu'il faut tenir compte du rapport coût/bénéfice pour le malade et la société. Mais dans ce cas, les éléments à charge n'ont pas manqué. Cousin du Mediator, l'Isomeride est retiré du marché en 1997 sur la foi de recherches américaines prouvant sa nocivité. Puis en 1999, le service médical rendu par le Mediator, est jugé « insuffisant » par la commission de la transparence. Au même moment, des hôpitaux rapportent les premiers cas. Pis, alors que son efficacité est mise en doute, ce médicament est largement diffusé au-delà des patients diabétiques, à destination de personnes à la recherche d'un régime amaigrissant « musclé ». 5 millions de Français en ont consommé.
Voilà un médicament à l'utilité contestée, soupçonné depuis longtemps, qui n'est plus vendu qu'en France, et que l'on continue à produire à haute dose avant qu'enfin une étude massive prouve en 2009 sa dangerosité et conduise à son retrait. En attendant, on dénigre les porteurs de mauvaises nouvelles.
Ce n'est pas la première fois que ce genre d'affaires se produit. Ce n'est qu'après la publication en 2004 d'une étude faisant état de près de 20.000 décès que Merck a retiré de la circulation son anti-inflamatoire Vioxx.
Ainsi, au XXI e siècle, pour protéger leurs ventes, des entreprises prennent encore le risque de la réputation pour elles, et de la santé pour d'autres. Troublant. Comme l'est aussi l'attitude des autorités sanitaires pas toujours très promptes à réagir. La question de l'indépendance du régulateur face aux intérêts industriels et politiques est à nouveau posée. Il est temps d'y apporter une réponse.
Antiélectoralisme
Le troisième combat du quinquennat est lancé. Il y eut d'abord celui mené contre le conservatisme, entre le printemps 2007 et l'automne 2008. Ce fut l'époque des charges épiques contre ces forteresses de rigidité qui entravaient l'économie et la société. Ce furent seize mois de réformes conduites tambour battant, sous l'étendard du « travailler plus pour gagner plus », qui ont levé les freins à l'embauche, allégé la fiscalité, libéré le droit d'entreprendre et aussi donné leur autonomie à nos universités, introduit un service minimum dans les transports.
Puis il y eut le long, l'imprévisible chapitre de la lutte contre la plus grave crise financière de l'ère moderne, avec ses batailles pour secourir notre industrie automobile, épauler les banques, assurer le financement des PME. Aux frontières, il fallut, tant bien que mal, sauver le soldat euro et moraliser le capitalisme. Même si la monnaie unique n'est pas tirée d'affaire, cette page douloureuse de la présidence sarkozyenne s'est conclue à l'automne 2010 par la réforme d'un système de retraites acculé par la crise à la quasi-faillite.
Hier soir, avec son interview télévisée consécutive au remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy a engagé le troisième grand combat de son mandat, celui entrepris contre l'électoralisme. A dix-huit mois d'une élection présidentielle dont il n'est pourtant pas à ce jour le favori, le chef de l'Etat aurait pu, comme tant d'autres avant lui, juger venu le temps de cultiver son jardin électoral. Comme tant d'autres avant lui, il aurait pu choisir d'offrir un peu de confort aux Français, après leur avoir demandé tant d'efforts. La présidence du G20 ou, mieux, la sortie de crise lui en auraient offert le prétexte. Non pas pour cesser de réformer, ce que son électorat n'eût pas accepté, mais pour réformer à bon compte en créant de nouvelles prestations, ou à crédit en les finançant par du déficit.
La tentation a semblé le caresser au printemps, lorsqu'il eut la brève faiblesse de songer à une pause en fin de course. Ecarter le « virage social » proposé par Jean-Louis Borloo, c'était, déjà, refuser cette facilité politique. Reconduire François Fillon, c'était confirmer que le projet politique de la fin du quinquennat serait construit sur la poursuite des réformes difficiles, avec l'introduction - toujours repoussée -d'une couverture sociale du risque de dépendance et la création ardue d'un impôt plus juste sur le patrimoine.
Ce dernier « devoir » au double sens du terme sera aussi celui de la baisse intransigeante des dépenses et des déficits. Paradoxalement, ce choix de la responsabilité n'est pas forcément le plus risqué, à en juger par le processus de maturation à l'oeuvre au sein des opinions publiques européennes. Les bons résultats électoraux que vient d'obtenir le Premier ministre grec offrent en tout cas quelque motif d'espoir.
Le troisième combat du quinquennat est lancé. Il y eut d'abord celui mené contre le conservatisme, entre le printemps 2007 et l'automne 2008. Ce fut l'époque des charges épiques contre ces forteresses de rigidité qui entravaient l'économie et la société. Ce furent seize mois de réformes conduites tambour battant, sous l'étendard du « travailler plus pour gagner plus », qui ont levé les freins à l'embauche, allégé la fiscalité, libéré le droit d'entreprendre et aussi donné leur autonomie à nos universités, introduit un service minimum dans les transports.
Puis il y eut le long, l'imprévisible chapitre de la lutte contre la plus grave crise financière de l'ère moderne, avec ses batailles pour secourir notre industrie automobile, épauler les banques, assurer le financement des PME. Aux frontières, il fallut, tant bien que mal, sauver le soldat euro et moraliser le capitalisme. Même si la monnaie unique n'est pas tirée d'affaire, cette page douloureuse de la présidence sarkozyenne s'est conclue à l'automne 2010 par la réforme d'un système de retraites acculé par la crise à la quasi-faillite.
Hier soir, avec son interview télévisée consécutive au remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy a engagé le troisième grand combat de son mandat, celui entrepris contre l'électoralisme. A dix-huit mois d'une élection présidentielle dont il n'est pourtant pas à ce jour le favori, le chef de l'Etat aurait pu, comme tant d'autres avant lui, juger venu le temps de cultiver son jardin électoral. Comme tant d'autres avant lui, il aurait pu choisir d'offrir un peu de confort aux Français, après leur avoir demandé tant d'efforts. La présidence du G20 ou, mieux, la sortie de crise lui en auraient offert le prétexte. Non pas pour cesser de réformer, ce que son électorat n'eût pas accepté, mais pour réformer à bon compte en créant de nouvelles prestations, ou à crédit en les finançant par du déficit.
La tentation a semblé le caresser au printemps, lorsqu'il eut la brève faiblesse de songer à une pause en fin de course. Ecarter le « virage social » proposé par Jean-Louis Borloo, c'était, déjà, refuser cette facilité politique. Reconduire François Fillon, c'était confirmer que le projet politique de la fin du quinquennat serait construit sur la poursuite des réformes difficiles, avec l'introduction - toujours repoussée -d'une couverture sociale du risque de dépendance et la création ardue d'un impôt plus juste sur le patrimoine.
Ce dernier « devoir » au double sens du terme sera aussi celui de la baisse intransigeante des dépenses et des déficits. Paradoxalement, ce choix de la responsabilité n'est pas forcément le plus risqué, à en juger par le processus de maturation à l'oeuvre au sein des opinions publiques européennes. Les bons résultats électoraux que vient d'obtenir le Premier ministre grec offrent en tout cas quelque motif d'espoir.
Aubry évoque un Sarkozy "déboussolé", qui "donne l'impression de ne pas savoir où il va"
La première secrétaire du PS Martine Aubry a jugé mardi Nicolas Sarkozy "hésitant et déboussolé", donnant "l'impression de ne pas savoir où il va", après l'intervention télévisée du chef de l'Etat.
"J'ai entendu un président de la République hésitant, je dirais déboussolé qui donne l'impression de ne pas savoir où il va", a-t-elle déclaré au siège du PS à Paris.
"J'ai entendu un président qui a l'air de ne pas comprendre le pays, et surtout paraît extrêmement éloigné des difficultés des Français", a-t-elle poursuivi.
"Rien ne va. Il l'a dit d'ailleurs lui-même à plusieurs reprises, mais pourtant, il ne change rien".
"Dimanche, il a annoncé qu'il gardait le même Premier ministre et ce soir qu'il annonce qu'il va continuer la même politique", a poursuivi Mme Aubry.
"Nous avons assisté - mais c'est une habitude avec le président de la République - à un essai d'autojustification. Ce soir, c'était assez confus, assez brouillon", a-t-elle ajouté.
"Il a beaucoup parlé de lui et très peu des Français. Et puis comme toujours avec Nicolas Sarkozy beaucoup de contre-vérités", a assuré la maire de Lille.
"On attendait un cap après ce remaniement, on n'a rien eu", a-t-elle dit, déplorant "le silence absolu" ou "les réponses creuses" sur la chômage, la santé, la sortie de crise.
"Nous serons au rendez-vous en 2012", a-t-elle conclu.
AVEC QUOI ?
AVEC SON CATALOGUE "POUR UNE ÉGALITÉ RÉELLE" BRICOLÉ PAR BENOIT HAMON, N'EST-ELLE PAS DÉBOUSSOLÉE ?
JE DIRAIS PLUTÔT QU'ELLE EST "DÉCERVELÉE", ELLE A PÉTÉ LA CAFETIÈRE, LA COCHE.
Sarkozy promet une réforme de la fiscalité du patrimoine
Le chef de l'Etat est intervenu pendant une heure et demie à la télévision hier soir pour détailler la « seconde étape » de son mandat. Défendant la poursuite des réformes, il a assuré ne pas s'intéresser à sa réélection mais à l' « intérêt général ».
Les Français attendent que j'aie des résultats, que je les protège, que l'économie reparte et que la sécurité soit assurée » : Nicolas Sarkozy a donné deux maîtres mots à son intervention télévisée hier soir sur TF1, France 2 et Canal + : la réforme et l'apaisement . Défenseur du mouvement lorsqu'il s'agit « d'adapter le pays à son environnement », mais rassurant dans sa propre conduite du pays. Deux jours après avoir remanié le gouvernement, le chef de l'Etat, calme et sérieux, a longuement défendu sa décision de reconduire François Fillon. « J'ai voulu donner de la stabilité, de la solidité car la France est inquiète », a-t-il expliqué. Pas question de concéder qu'il s'agissait d'un choix sous contrainte, il a assuré qu'il l'avait retenu car c'était « le meilleur Premier ministre possible pour la France à ce moment là ». Très louangeur pour François Fillon, comme d'ailleurs pour Jean-Louis Borloo - « un homme de grande qualité, pour lequel j'ai beaucoup d'estime » - , Nicolas Sarkozy a tranquillement abordé la question du rééquilibrage des pouvoirs avec son chef du gouvernement. «Nous avons une confiance totale l'un en l'autre. Nous avons beaucoup réfléchi à un meilleur partage des rôles », a-t-il affirmé. Aucune pique, aucune aigreur : serein.
« Une équipe très solidaire »
Le chef de l'Etat a également nié avoir constitué un gouvernement d'ex-RPR. « Ce n'est pas un gouvernement partisan. Il n'était pas possible de diminuer de 30 % le nombre de ministres tout en augmentant les quotas de chacun. » Il a aussi passé beaucoup de temps à souligner les qualités de tel ou tel ministre, à défendre les différentes familles de la majorité, notamment centriste, et même... Dominique de Villepin. Au total, l'équipe gouvernementale est « très professionnelle et très solidaire », a-t-il martelé.
Sur la réforme des retraites qu'il vient d'achever, sur les dix-huit mois à venir avant l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy s'est voulu respectueux des partenaires sociaux : il a jugé normal que les manifestants manifestent et a affirmé « comprendre » l'inquiétude des jeunes. Mais il s'est avant tout voulu réformateur. « C'est mon devoir, c'est l'intérêt général. Je ne mettrai pas la poussière sous le tapis en disant je m'en occuperai après l'élection, a-t-il affirmé : je veux faire cinq années utiles pour la France ».
Avant tout, le chef de l'Etat veut rassurer l'électorat de droite sur sa détermination à conduire les réformes jusqu'au bout. « Nicolas Sarkozy a été frappé par ce qui s'est passé avec Lionel Jospin en 2001 : ses électeurs ont décroché parce qu'il donnait le sentiment d'avoir levé le pied pour se préparer à la présidentielle », relève un proche du chef de l'Etat. Il étudie également de près les difficultés qu'éprouve Barack Obama à continuer à mobiliser son camp. Nicolas Sarkozy veut l'inverse, renouer avec ce qui avait était son moteur électoral en 2007 : sa capacité à agir. « Je ne me pose pas la question de savoir si je prépare 2012, mais si c'est ou non de l'intérêt général de la nation », a-t-il affirmé à plusieurs reprises, en se voulant notamment très déterminé sur la dépendance. La réforme sera précédée d'un débat national de six mois mais « des décisions seront prises à l'été 2011 », a-t-il lancé.
Impôt sur le patrimoine
Surtout, le président de la République a fait de la fiscalité le grand chantier de 2011. Au nom de la compétitivité du pays et de « l'aspiration des Français à plus de justice », il a annoncé la création d'un impôt sur le patrimoine remplaçant l'ISF et la suppression du bouclier.
A l'unisson avec François Fillon qui avait souhaité quelques heures auparavant, à l'Assemblée nationale, que les réformes se fassent à somme nulle, le chef de l'Etat s'est dit très préoccupé de la lutte contre les déficits publics. Il a défendu sa politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Ce qui n'empêche pas de nouvelles pistes sur l'emploi, sujet prioritaire du gouvernement. « Il n'y a pas de fatalité, on peut s'en sortir », a affirmé Nicolas Sarkozy en annonçant une généralisation du contrat de transition professionnelle et un doublement du nombre de jeunes en alternance. « Le chômage reculera l'année prochaine », a-t-il voulu croire.
Dans la journée, François Fillon avait listé d'autres sujets d'action comme le financement de la Sécurité sociale (rétablissement des comptes de l'assurance-maladie) ainsi qu'un « effort particulier sur la politique de la ville ». Que le Premier ministre se montre plus disert sur ces points n'a pas posé problème au président. Après des mois d'affrontement dans les rues, l'heure était hier à l'apaisement généralisé. « Je ne me pose pas la question de mon image, mais des résultats que j'obtiendrai », a martelé Nicolas Sarkozy.., collant ce faisant à l'attente exprimée par les Français dans les sondages .
Le calendrier du PS suspendu à celui de "DSK"
Le calendrier du PS suspendu à celui de DSK
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo.
EN ATTENDANT LE MESSIE....COMME BREL ATTENDAIT MADELEINE ?
"Sarkozy voit bien que son handicap, c'est lui-même"
"Sarkozy voit bien que son handicap, c'est lui-même"
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo.
ANALYSE IDIOTE D'UNE "JOURNALISTE" DU MONDE...ÇA VAUT CE QUE ÇA VAUT, C'EST À DIRE RIEN.
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