samedi 23 août 2014
France, royaume des imposteurs
Des promesses politiques de campagne aux publicités mensongères, Natacha Polony dénonce les impostures derrière les postures.
Cela commence par un président qui se fait élire sur la promesse d'imposer les plus riches à 75%. Disposition retoquée par le Conseil constitutionnel. Le même se fait écraser aux municipales et promet des baisses de charges salariales. À nouveau retoqué. Ce président prend aussi des airs compassés pour aligner trois mots effarants de banalité sur «le droit à la sécurité d'Israël» avant de se reprendre, quelques jours plus tard, et d'évoquer les morts palestiniens parce qu'un communicant l'a alerté sur l'effet désastreux de son assourdissant silence. Triste figure de composition qui est la même qu'à peu près tous les politiques, de droite comme de gauche, quand ils veulent montrer au citoyen français qu'ils sont impliqués, conscients, déterminés.
C'est cet air d'un ancien président interrogé par deux journalistes et qui évoque ce «sens du devoir» qui seul pourrait lui donner l'envie de mettre fin au feuilleton savamment orchestré de son retour pour annoncer qu'il répond à l'appel du peuple. C'est celui d'un ministre des affaires étrangères au visage de circonstance, voulant faire croire que la France a une quelconque position diplomatique qui serait autre que l'alignement pur et simple sur les volontés américaines.
C'est celui de ces chefs de la droite, grands ou petits, qui proclament à chaque élection leur «conviction européenne» depuis que Jacques Chirac, en 1992, a décrété qu'on ne pouvait avoir de destin présidentiel si l'on avait osé critiquer cette Europe.
C'est enfin celui de tous ces responsables qui parlent la main sur le cœur du déclassement des classes moyennes inférieures parce qu'ils ont - enfin - compris que leur abandon total les précipitait dans les bras du Front national.
Quel rapport entre ces personnages disparates? Cette petite gêne que l'on ressent devant ce qui ressemble fort à une simple posture. Le soupçon qu'il n'y a là aucune conviction, pas l'ombre d'une vision, mais undiscours calculé suivant les impératifs supposés de la popularité ou de la réussite. La posture, c'est cette façon de ne se positionner que selon les critères du moment et ce que l'on suppose être l'attente de son public.
C'est ce dommage collatéral généralisé du règne de la communication. Car le phénomène ne frappe pas seulement les politiques. Dans chaque domaine de l'activité humaine, on peut relever ces exemples, non pas d'hypocrisie - ce serait encore un hommage du vice à la vertu - mais de composition d'un argumentaire ponctuel hors sol. Et cela nous raconte un peu de notre monde moderne.
La communication dont on nous rebat les oreilles comme d'un principe d'efficacité a changé de nature sous l'effet d'une extension de la logique marchande. Elle n'a plus rien à voir avec la vieille réclame qui se contentait de vanter les qualités d'un produit, de «faire savoir». Il s'agit désormais de concevoir le produit en fonction de ce qui va séduire. La communication modifie l'essence même des choses.
Dans le domaine des idées? Plus un discours qui ne vante l'action merveilleuse des femmes, tellement «indispensables». Posture. Et que dire de ces proclamations sur la tolérance dont le but est moins de changer les choses que de montrer à ses pairs que l'on se situe du bon côté? Posture. Dans le domaine de l'art? Il y a longtemps que nous sommes habitués à ce discours verbeux qui accompagne des œuvres sans âme pour les positionner sur l'échelle de la «rébellion». Posture encore. Dans le domaine du vin? Il n'y a plus de choix qu'entre des vins passés dix-huit mois en barrique neuve, parce que certains œnologues à la mode n'aiment que le goût du chêne, ou les vins oxydés de ceux qui ont fait du vin «bio» une idéologie.
Le dénominateur commun? Le lecteur, l'électeur ou le buveur sont devenus des clients, plus des citoyens auxquels on s'adresse, des gens à qui l'on offre une émotion ou une vision en partage. Ils sont des parts de marché potentielles. En politique, le tournant date du début des années 1980, quand des publicitaires ont pris en main les campagnes électorales. Un petit village de France sur une affiche et ce slogan: «La force tranquille». Première forfaiture politique. Car malgré l'espoir sincère que soulevait dans une partie du peuple l'arrivée de cette gauche au pouvoir, on entrait dans l'ère du mensonge. Sous prétexte d'aider les politiques à formuler leurs idées et d'offrir un écho à leurs actes, les marketeurs ont peu à peu modifié le discours politique lui-même pour le faire coller aux codes.
Comme dans le vin, c'est maquillage au bois neuf du techno pinard ou vinaigre imposé par les «purs» autoproclamés. C'est un gaullisme de circonstance par des héritiers perchés sur la croix de Lorraine pour mieux s'asseoir sur les engagements et les choix de l'homme du 18 Juin. C'est une invocation ad nauseam des mânes de Jaurès par ceux-là mêmes qui ont désindustrialisé le pays et abandonné la classe ouvrière pour convenir aux sirènes de la mondialisation.
Une société de posture ne peut rien produire de durable, rien qui dépasse le simple cadre de notre existence immédiate, puisqu'elle ne cultive que le court terme et la rentabilité. Quitte, pour cela, à tromper un peu le client. Ainsi de la posture sommes-nous passés à l'imposture.
Alain Juppé : le dramatique manque de renouvellement de la classe politique française
Alain Juppé a annoncé sa candidature à la primaire UMP de 2016. Pour Maxime Tandonnet, cet énième retour en lice d'un politique après plusieurs années au pouvoir pose la question du renouvellement de la classe dirigeante française.
La candidature d'Alain Juppé à la primaire UMP, donc à l'élection présidentielle de 2017, annoncée le 20 août sur son blog, soulève la question fondamentale du renouvellement de la classe dirigeante française. La question de son âge n'est absolument pas au coeur du problème. Charles de Gaulle avait 75 ans lors de sa première élection au suffrage universel en 1965. Ronald Reagan, généralement considéré comme un grand président américain, fut élu à 70 ans. Combien de jeunes présidents se sont en revanche révélés médiocres? Par contre, l'absence de renouvellement de la classe dirigeante française prend des proportions dramatiques. Alain Juppé est depuis plus de trente ans l'une des principales figures du monde politique français. Depuis 1986, il fut ministre à de nombreuses reprises, au budget, aux Affaires étrangères (1993-1995), puis chef de Gouvernement en 1995 et 1997. La carrière du maire de Bordeaux a connu ses heures de gloires et ses échecs. La mémoire politique est étrange et donne lieu à des retournements
spectaculaires. La position privilégiée d'Alain Juppé aujourd'hui dans les sondage correspond à une image de sagesse et de modération appréciée de l'opinion publique. Pourtant, il fut franchemement impopulaire à la fin des années 1990, considéré comme distant et autoritaire, responsable du blocage du pays pendant trois semaines en décembre 1995, aboutissant au retrait de sa réforme des retraites, puis à l'origine de la dissolution de 1997 à et d'une cohabitation de cinq années entre le président Chirac et la «gauche plurielle». Remis en selle par sa réussite à la mairie de Bordeaux et sa nomination comme ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy en 2011, le personnage d'Alain Juppé est indissociable de trois décennies de la vie politique française. D'autres visages dominants de l'opposition au pouvoir socialiste reflètent une continuité, une permanence, voire un sur-place de la vie publique: songeons à François Bayrou, membre du gouvernement en 1993, à François Fillon, ex Premier ministre, ministre en 1993, comme Michèle Alliot-Marie, à Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de Jacques Chirac, entré au gouvernement en 1995.
Au-delà de la question de la permanence des hommes, plus préoccupante est celle de l'immobilité des conceptions de la vie publique, des projets, des idées. Nous assistons à un triomphe de la conception chiraquienne du pouvoir autour d'une vision conservatrice des choses. La déclaration d'Alain Juppé reflète la nostalgie de cette époque. Ce n'est pas un hasard s'il place le Front national au premier plan de ses adversaires, avant même le pouvoir socialiste. La promotion de ce parti «protestataire» (ou «extrémiste») en ennemi public numéro un, lui permet ainsi de tenter de se placer en rassembleur de la Nation à l'image de Jacques Chirac en 2002. La vie politique semble ainsi se figer dans le conformisme ou la banalité, sur les institutions françaises européennes, les incantations en faveur d'une nouvelle croissance, l'écologie, le social. On est frappé du silence sur les sujets qui gênent la classe dirigeante mais préoccupent les Français, comme la sécurité, la laïcité et l'autorité de l'Etat. A l'immobilisme du personnel politique semble correspondre l'inertie des idées qui ouvre un boulevard au parti lepéniste, susceptible de favoriser le maintien au pouvoir des socialistes en 2017. La voie semble pour l'instant barrée à des hommes ou des femmes qui ont tenté de renouveler la pensée de l'opposition, de dégeler le débat d'idées, comme Laurent Wauquiez, Hervé Mariton, Henri Guaino. La vie politique française, sclérosée, otage de ses clans, familles, réseaux, rentes électorales, a avant tout besoin d'un air frais de renouveau. Ce n'est pas cette étrange annonce de candidature à une élection présidentielle trois ans à l'avance, qui va y contribuer.
Face à la France des sans-vergogne, la France de la ferveur
Pour Natacha Polony, deux mots résument la France d'aujourd'hui : «vergogne» et «ferveur». Si l'absence de vergogne caractérise de plus en plus une partie de l'élite, la ferveur pourrait réconcilier les Français avec eux-même.
Nous avons tous au fond de nous quelques mots qui nous émeuvent, qui nous enchantent ou qui portent des pans entiers de notre imaginaire. Comme Colette rêvant sur ce «presbytère» dont elle faisait un petit escargot tigré, nous faisons des vocables les incarnations d'une vision du monde.Il en est deux qui représentent pour l'auteur de ces lignes comme un condensé de tous les maux et de tous les espoirs de cette société malade. Deux mots dont les sonorités, à la fois douces et surannées, habillent de poésie une réalité si sombre. «Vergogne» et «ferveur». Deux mots qui résument la France.
Nous avons tous au fond de nous quelques mots qui nous émeuvent, qui nous enchantent ou qui portent des pans entiers de notre imaginaire. Comme Colette rêvant sur ce «presbytère» dont elle faisait un petit escargot tigré, nous faisons des vocables les incarnations d'une vision du monde.Il en est deux qui représentent pour l'auteur de ces lignes comme un condensé de tous les maux et de tous les espoirs de cette société malade. Deux mots dont les sonorités, à la fois douces et surannées, habillent de poésie une réalité si sombre. «Vergogne» et «ferveur». Deux mots qui résument la France.
«Vergogne», ce mot si désuet qui ne s'emploie plus que dans une forme négative, «sans vergogne», traduit une notion plus désuète encore. «Verecundia», en latin, désigne à la fois la honte et la pudeur et traduit à peu près ce que les Grecs appelaient aidôs. Respect, honneur, crainte, honte, pudeur, tel était cet aidôs qui accompagnait chaque citoyen et dictait leur conduite aux grands hommes. La vergogne, l'aidôs, est ce sentiment qui nous retient, ce sentiment qui instille en nous l'idée que tout ne se fait pas. Parce que nous sommes des êtres humains, c'est-à-dire des animaux politiques, qui vivent en cité, en société. Et parce que les autres nous regardent. Nous portons en nous le regard des autres, qui nous oblige, et nous nous devons à nous-mêmes parce que nous nous devons aux autres. Il y a dans ce mot quelque chose de l'exclamation du père d'Albert Camus devant une scène de torture atroce: «Un homme, ça s'empêche.» Cri du cœur de l'homme du peuple qui exprime ce que George Orwell appelait la «décence commune». Le pronom, bien sûr, est réfléchi. L'homme choisit de se retenir, de «s'empêcher», et c'est là toute sa dignité d'homme.
D'où vient cette impression que nous sommes désormais dans une société sans vergogne? Une société dans laquelle les entreprises du CAC 40 peuvent verser à leurs actionnaires des dividendes de 30 % supérieurs à l'an dernier alors que l'État leur consent des baisses de charges majeures. Une société dans laquelle les présidents de la République font la une de la presse people parce qu'ils n'ont rien d'autre à raconter à la France et que leur bonheur intime est finalement aussi important pour eux que la charge immense que leur ont confiée les Français. Une société dans laquelle des hommes politiques de premier plan peuvent mentir, tricher, détourner, les yeux dans les yeux et la main sur le cœur. Une société dans laquelle chacun, à sa minuscule mesure, semble préoccupé seulement de grappiller ce qu'il peut, de revendiquer son droit et de comparer avec le voisin. Une société dans laquelle à quelque échelle que ce soit, le mot d'ordre principal est qu'il ne fut pas «culpabiliser». Ne pas culpabiliser le consommateur qui se gave de malbouffe. Ne pas culpabiliser le citoyen en lui rappelant que le monde, ce 20 août, a utilisé depuis le début de l'année les richesses que peut produire la planète pour un an sans entraver les réserves naturelles et qu'il vit désormais à crédit sur ses enfants jusqu'au 31 décembre. Ne pas culpabiliser l'élève qui ne travaille pas ou qui insulte son professeur… Pas de honte. Surtout pas. Pas de vergogne.
Mais face à cette France des sans-vergogne, il existe, partout, au hasard des initiatives et des individus, une France de la ferveur. Quel joli mot que la «ferveur»! Comme une rencontre amoureuse entre la foi et l'ardeur. La ferveur est la chaleur de celui qui croit. Et nulle nécessité du religieux. La ferveur est un enthousiasme, un feu sacré, nous dit l'étymologie de ce mot, mais tout entier tourné vers les autres. Car la ferveur est don. Elle est le don que l'on fait de soi dans chaque action. «Invente un empire où simplement tout soit fervent», écrivait Antoine de Saint-Exupéry dans son dernier ouvrage. Et c'est ce que font aujourd'hui tous ceux qui œuvrent quotidiennement, selon une vocation ou bien armés de leur seule conscience du devoir, ceux qui tentent de bien faire et qui se donnent à cette tâche. Ouvrier, médecin, professeur, entrepreneur, militant associatif, artisan, bénévole, ingénieur, infirmier, paysan ou seulement citoyen qui croit encore à ce qu'il lit sur le fronton
des mairies.
des mairies.
Vergogne et ferveur, tel serait le programme de quiconque voudrait réconcilier les Français avec eux-mêmes, avec leur classe politique, avec leurs élites et avec l'avenir. Vergogne face à l'indécence d'une société qui croit que les vices privés peuvent un jour faire les vertus publiques, et ferveur pour rassembler des Français qui n'attendent qu'une étincelle - événement sportif dérisoire, action plus essentielle parfois, projet politique peut-être - pour communier autour d'une même flamme. Vergogne, qui est l'autre nom de la dignité, et ferveur, comme une réponse aux cyniques et aux blasés. La langue française est décidément belle, de nourrir nos espoirs avec de si beaux mots.
François Hollande confirme qu'il n'a rien compris au monde de l'entreprise
Dans une interview, il réaffirme son chantage du "pacte de responsabilité" et continue de vouloir culpabiliser les entrepreneurs.
C'est à se demander si on parle le même langage et si la France a la malchance d'avoir un président borné ou s'il fait semblant de ne pas comprendre. Dans Le Monde daté du 21 août, ce journal, qui semble être devenu le journal officiel de l'Élysée et des ministres du gouvernement Valls tant ses colonnes leur sont ouvertes en permanence, François Hollande s'est de nouveau penché - épanché ? - sur le mauvais état du pays avant d'aller prendre l'air dans l'océan Indien.
Pour ne rien changer à ses habitudes, il a rejeté vers l'extérieur -
"l'environnement international et européen" - la responsabilité des très mauvais chiffres économiques du moment. Concernant les entreprises - ce qu'il appelle "le patronat" comme au temps béni deFrançois Mitterrand et de Georges Marchais -, il a été une nouvelle fois d'une éblouissante clarté et d'une implacable logique, du moins le croit-il, en déclarant ceci : "Pour améliorer la compétitivité des entreprises, [le gouvernement] a dégagé 40 milliards d'euros sur trois ans (et...) chacun doit respecter ses engagements. Le gouvernement a tenu les siens... J'attends donc du patronat qu'il aille jusqu'au bout de la logique du pacte (...) pour investir et embaucher et non pour distribuer des dividendes ou formuler d'autres revendications."
Hollande a donc repris son grand chantage lancé le 14 janvier dernier avec l'annonce de ce "pacte de responsabilité" qui consiste à faire bénéficier les entreprises d'une quarantaine de milliards d'euros au total étalés sur trois ans - 13 par an en moyenne - en contrepartie de leur engagement à créer un certain nombre d'emplois pérennes.
Quelques remarques : primo, quand on vient d'augmenter de plusieurs dizaines de milliards d'euros par an les charges des entreprises et de leurs dirigeants, déjà lourdement taxés pendant les deux dernières années de la présidence Sarkozy, on est mal fondé, en proposant de leur rendre quelques milliards, de prétendre obtenir en échange des contreparties lourdes. Une chape de plomb pèse déjà en France sur les entrepreneurs, les professions libérales, les commerçants, les indépendants, qui ont passé l'âge d'accepter des bonbons en échange de leurs billes comme ils le faisaient sous les préaux des écoles quand ils étaient enfants. Le "donnant-donnant" que propose le président comme un maquignon corrézien, qui consiste à étrangler un peu moins et temporairement les entreprises en échange d'engagements de longue durée, n'est qu'une manoeuvre politicienne de plus : il s'agit de lui permettre de fustiger le patronat lors de la prochaine élection présidentielle, lequel patronat serait alors rendu publiquement responsable et, bien entendu, coupable d'avoir contribué à l'augmentation du chômage alors même qu'il aurait, trahison suprême, profité des largesses de l'État destinées à le réduire. Hollande est connu pour être un grand manipulateur et apparemment, sur ce coup-là, il semble être au meilleur de sa forme. Tout comme Jacques Chirac, il a beaucoup appris des maquignons corréziens, qui ont la réputation d'être de redoutables manoeuvriers dans tout le Limousin et même dans l'Auvergne voisine.
Deuzio : toutes les entreprises privées, sans exception, aimeraient pouvoir recruter quand les commandes augmentent, mais à la condition, en cas de retournement des affaires, qu'elles puissent licencier aussi facilement qu'elles ont pu recruter. En France, aujourd'hui, c'est mission impossible. Idem pour les seuils sociaux des 10 et 50 salariés qui obligent à des contraintes nombreuses et onéreuses. Sur ces deux points qui sont vitaux pour les plus petites entreprises - celles qui ont besoin de recruter pour se développer -, le président ne propose rien de concret. Tout juste concède-t-il qu'un débat peut s'ouvrir chez les "partenaires sociaux" sur la question des seuils sociaux et que le gouvernement en tiendra compte si un accord peut être conclu. On est toujours dans le flou et cela montre bien que son "pacte de responsabilité" n'est qu'un grand rideau de fumée ou, au choix, la simple conséquence d'une incapacité totale à pouvoir appréhender en face les problèmes réels et concrets de l'économie de marché.
Tertio : ce fameux "pacte", dont l'annonce date de plus de sept mois, n'a pas encore vu le moindre début de commencement d'une éventuelle application. Quand Hollande déclare que le gouvernement a tenu ses engagements, il s'agit d'une promesse de les tenir, pas d'autre chose : toujours des promesses! Mais en France, par les temps qui courent, les promesses n'arrivent même plus à engager ceux qui les écoutent, c'est dire !
Enfin, dernier point, il faut véritablement avoir le cuir solide pour accepter d'un partenaire éventuel, l'État, qu'il mette publiquement en doute votre bonne foi et votre moralité, alors même qu'aucun deal n'est encore conclu : c'est exactement ce que fait Hollande quand il met en accusation par avance ceux qui profiteraient de son pacte pour "distribuer des dividendes" au lieu de tenir leurs éventuels engagements. On voit bien dans quelle estime le président tient le "patronat" !
Telle que cette affaire est partie, comme on dit dans le privé, il nous étonnerait qu'un tel pacte puisse être signé un jour par d'autres entreprises que celles qui sont sous contrôle de l'État, comme La Poste ou Orange qui seraient déjà parmi les plus importants bénéficiaires des "crédits d'impôt pour la compétitivité et l'emploi" (CICE), le premier volet des engagements du gouvernement, ou celles qui dépendent des commandes de l'État ou qui chercheraient à obtenir des contreparties spéciales de l'État, comme certaines grandes entreprises qui, en France plus qu'ailleurs, sont obligées de composer en permanence avec les politiciens et les hauts fonctionnaires.
Les entrepreneurs "normaux", ceux qui prennent des risques, engageant dans leur entreprise non seulement leur talent, leur travail et leur courage, leurs jours et parfois leurs nuits, leur santé qui est leur bien le plus fragile et leur patrimoine ou ce qu'il en reste quand l'État mammouth a pris sa part, de plus en plus lourde, de plus en plus insupportable, ceux-là, ces entrepreneurs qui vivent parfois l'enfer même s'ils ont la foi chevillée au corps, il y a bien peu de chances qu'ils passent un jour un tel pacte avec Hollande, un pacte avec le diable. Bien peu de chances.
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