TOUT EST DIT

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samedi 16 février 2013

Sur le droit de vote des étrangers

Sur le droit de vote des étrangers


« Les étrangers participent à la vie locale, paient des impôts locaux, donc il est normal de leur donner le droit de vote aux élections locales. » A l’heure ou le débat revient au premier plan de l’actualité, cette affirmation est au cœur de l’argumentation des partisans du droit de vote des étrangers. L’idée qu’il existerait un lien entre le droit de vote et la contribution à l’impôt n’est pas nouvelle. Elle est le fondement du suffrage censitaire dont l’abbé Sieyès fut l’un des principaux théoriciens sous la Révolution de 1789. Selon lui, l’électeur est « un actionnaire de la grande société » et la participation à la vie citoyenne doit être conditionnée à l’acquittement d’une contribution minimale. Est citoyen actif celui qui prend part au financement de la dépense publique. Dès lors, le vote est une « fonction, non un droit » comme le souligne François Furet dans la Révolution 1789-1880, dont les pauvres sont exclus. Au contraire, pour les partisans du suffrage universel, le vote ne s’attache pas au paiement de l’impôt, mais à l’appartenance à la communauté nationale. La nationalité et la citoyenneté (la participation à la vie politique), dans la tradition démocratique et républicaine française, sont étroitement liées. Le suffrage censitaire, en dehors de brèves parenthèses, s’est appliqué en France jusqu’à l’avènement de la Seconde République en 1848 qui instaure durablement le suffrage universel. Revenir à l’affirmation d’un lien entre paiement de l’impôt et droit de vote constituerait ainsi un recul historique évident.
Aujourd’hui, l’octroi du droit de vote aux étrangers lors des élections locales aurait d’ailleurs un impact considérable sur la vie politique française, avec le risque d’émergence de forces politiques liées à des communautés étrangères ou à des Etats, entraînant une aggravation des phénomènes communautaristes, une parcellisation de la vie démocratique et en réaction, une montée en puissance des partis extrémistes. Mais surtout, il aurait pour effet de dévaloriser, banaliser le principe de la nationalité : à quoi bon devenir Français si le droit de vote ne s’attache plus à cette qualité ? Cette réforme aboutirait inévitablement à affaiblir le lien national et l’idée même de la nation. L’argument de la différence de nature intrinsèque entre les élections nationales et municipales ne tient plus aujourd’hui : avec les lois de décentralisation, les collectivités territoriales ont un pouvoir considérable et parfois supérieur à celui de l’Etat dans beaucoup de domaines. D’ailleurs, les scrutins locaux, notamment municipal, représentent un événement de portée politique nationale majeure. De même, la dénonciation d’une supposée discrimination entre les Européens (qui disposent du droit de vote aux élections locales) et les autres étrangers, n’est pas non plus recevable : la citoyenneté européenne existe et elle est un principe fondamental de l’Europe communautaire. Et puis, à quoi bon relancer ce débat qui aurait pour effet de déchirer le pays ? Aujourd’hui, les étrangers accèdent au droit de vote dans toutes ses dimensions, nationale et locale, par l’acquisition de la nationalité française qui bénéficie à environ 150 000 personnes chaque année. La France est l’un des pays d’Europe de loin les plus ouverts  à la naturalisation avec un taux de 2,1 pour 1000 personnes chaque année contre une moyenne de 1,4 dans l’Union européenne, 1,2 en Allemagne, 0,9 en Italie (Eurostat). Les Français sont massivement opposés au droit de vote des étrangers, à une majorité de 56% selon IFOP, non par racisme, non par xénophobie, non par frilosité, comme le disent tant de commentateurs, mais par simple bon sens et attachement aux valeurs de la démocratie, de la nation, de l’unité nationale.
Maxime TANDONNET

Une gauche française qui manque vraiment de classe


La gauche française fait étalage de sa vulgarité et de son mépris et reprend les pratiques qu'elle dénonçait lorsqu'elle était dans l'opposition.
Comment se fait-il que la vulgarité du Président de l'Assemblée Nationale, Claude Bartolone, ne fasse pas la Une de tous les médias de France et de Navarre, tout comme ils nous avaient servi pendant 5 ans le "casse toi, pauv' con" d'un précédent responsable politique de ce pays ?
Non pas que le fait de traiter d'abrutis les députés de l'UDI doive faire l'objet d'une exégèse poussée, on sait tous que, en vertu du principe de Peter, Claude Bartolone a probablement dépassé son seuil de compétence depuis longtemps. En effet, comment accepter qu'un licencié en mathématique, qui a 30 ans de vie politique au compteur et qui a dirigé une administration composée de fonctionnaires formés et recrutés sur concours, puisse simplement dire, au sujet du conflit entre Dexia et la Seine Saint Denis "les banquiers nous ont berné ?"
En revanche, le fait de traiter d'abrutis les députés de l'UDI a un sens politique très clair. Déjà, il n'est pas isolé. Le mépris dont cette gauche sectaire au pouvoir fait preuve est affligeant, surtout au vu de l'image de rassembleur dans un climat apaisé dans lequel le pouvoir actuel a voulu se draper.
Il a commencé le 15 Mai 2012 lors de la passation (voir Causeur ou Atlantico). Citons Maxime Tandonnet qui écrit "François Hollande ne se donnait même pas la peine d’accompagner son prédécesseur jusqu’à sa voiture, comme le veut l’habitude et la courtoisie, regardant de haut le vaincu descendre les marches du perron en tenant la main de son épouse. La sortie de l’ex-président au milieu des Français qui l’attendaient dans une forêt de drapeaux tricolores devant le 55 rue du Faubourg Saint Honoré a été enfin censurée par les caméras des télévisions : vision insoutenable pour les nouveaux maîtres des lieux. Oui, triste spectacle qui donnait un étrangeavant-goût de sectarisme plutôt que de rassemblement."
Ensuite, nous avons eu droit à toutes ces mesures que la gauche critiquait tant quand elle était dans l'opposition mais qu'elle reprend sans vergogne, au mépris de la démocratie, maintenant qu'elle est au pouvoir.
Il y a également eu ce deux poids deux mesures qui permet à Najat Vallaud-Belkacem d'aller militer dans des collèges mais pas aux opposants au mariage pour tous d'aller exposer leur point de vue sans être juste traités d'homophobes ?
Et que dire du fait que, quand un auditeur de BFM TV propose à Philippe Doucet, député maire d'Argenteuil (donc cumulard) de rendre les hommes politiques responsables sur leurs biens propres des déficits publics, le socialiste rigole et ne se donne même pas la peine de discuter la proposition ?
N'oublions pas les mots très durs que la gauche et le Premier Ministre ont eu envers Gérard Depardieu, alors qu'elle trouve que des tennismen français en Suisse, c'est bien ; ni le dérapage de Pascal Cherki à l'occasion de la période des vœux.
Laurent Fabius appelle en direct Europe 1 pour faire corriger une information (source Labs Ebuzzing), un membre du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem demande au site internet de BFMTV de retirer un sujet sur la porte-parole du gouvernement (source Europe 1). Où est le respect de la séparation des pouvoirs et de la liberté de la presse, dont la gauche estimait qu'elle était menacée sous le précédent gouvernement ?
Décoration du ministère des affaires étrangères avec des tableaux d'Orsay pour un coût de 80 000 euros,effacement des traces du précédent quinquennat sur le site web de l’Élysée, blagues de mauvais gout à l'occasion de l'annonce de la démission de Benoit XVI, où sont passées les promesses ?
Sans même se pencher sur les cravates de François Hollande, force est de constater que cette gauche au pouvoir manque vraiment de classe. "C'est « au tour » des socialistes « de gouverner et diriger la France"disait François Hollande, 16 avril 2012, comme s'il existait un "droit" à diriger la France. Méditons cette phrase et souvenons-nous du fait que quand la droite est socialiste et dirigiste, elle prépare le pays à accepter ce genre de petites phrases.
Ce n'est pas le Mali qu'il faut aller libérer, c'est bien la France !

Libérons la monnaie

Libérons la monnaie


La monnaie. La littérature économique sur le sujet est abondante. Privilège de l’Etat, beaucoup d’entre nous ont oublié que la frappe de la monnaie et l’émission de billets avaient été avant le 20e siècle en certains endroits un processus privé entre les agents économiques, un moyen d’échange adossé à un puissant référent : l’or. Ce métal précieux, avec l’argent, était communément accepté comme moyen d’échange en raison de sa rareté relative, sa malléabilité, sa fractionnabilité, sa réserve de confiance, sa transférabilité et sa pérennité. Il fallait trouver un moyen d’échange exprimant une échelle de valeurs, un instrument de réserve et une marque de confiance.
La monnaie n’est que l’excroissance naturelle de la propriété privée. C’est un instrument de réserve à toute production personnelle. Ce n’est donc pas le fait du Prince, le fruit de l’action gouvernementale ou le produit de la banque centrale mais la résultante de l’activité économique entre les acteurs privés. Ces derniers, animés par des volontés pacifiques et non coercitives, sont prêts à placer de manière volontaire leur confiance dans un instrument commun. L’Etat s’est emparé de cette fonction qu’est l’émission de monnaie. La raison est double: sous prétexte de garantir la confiance dans la monnaie et de protéger ses sujets contre les faussaires, les gouvernants ont vu dans ce moyen d’échange un formidable instrument d’exercice du pouvoir et de financement de leur autorité. La monnaie, ainsi nationalisée, devenait unique et n’avait cours légal que sous le sceau du pouvoir étatique. Ce dernier pouvait en manipuler le stock, la pureté, la finesse et même la forme quand bon lui semblait, ou plus exactement quand il y avait une armée à lever ou une révolte à mater. On comprend vite dans cette optique que, de la pacification des échanges via le commerce et la coopération sociale, nous passons à une logique guerrière d’agression et de violation des droits naturels de l’individu que sont la liberté, la propriété privée, la sûreté et la résistance à l’oppression dans la responsabilité individuelle.
Derrière les guerres et conflits sur les cent dernières années, il y a un besoin de financement et l’effort ne peut s’accomplir que dans la confiscation de la propriété privée, entre autres via la manipulation de la monnaie par les belligérants. D’instrument de financement, le système monétaire, en tant que bras armé du gouvernement, est aussi un système fiscal puissant puisque l’inflation, c-à-d l’érosion de votre carnet d’épargne et de votre bon d’Etat, est un impôt qui ne dit son nom. L’inflation favorise le débiteur au détriment du créancier avec pour effet pernicieux de faire payer la facture aux créanciers en bout de chaîne, à savoir les petits épargnants et les retraités de la classe moyenne paupérisée.
Depuis que la Federal Reserve américaine a drastiquement baissé les taux d’intérêt en 1995 et que les politiques monétaires subséquentes des banques centrales sont devenues agressivement expansionnistes, le stock monétaire mondial a augmenté de manière exponentielle pour, à quantité plus ou moins constante de projets rentables suivant les périodes, générer des bulles spéculatives (boom) finissant toujours par éclater (bust) et entraînant une paralysie des agents économiques tout en mettant en exergue le risque systémique (effet domino) lié à une monnaie unique nationale ou supranationale sans référent or. Notre ère est caractérisée par l’omnipotence des banquiers centraux qui entre augmentation du stock de monnaie et manipulation de la courbe des taux d’intérêt, ont empêché les agents économiques que nous sommes d’avoir des référents solides et des signaux clairs afin d’ajuster nos choix d’investissement et de consommation tout en assurant le maintien et l’approvisionnement d’un matelas d’épargne destiné à générer des nouveaux investissements et donc créer des emplois dans nos économies domestiques. Au contraire, le chômage et la pauvreté ont été crescendo.
Comment sortir de cette spirale destructrice et liberticide? Le Parti Libertarien proposer la libération de la monnaie. Ceci reviendra à opérer un système bancaire où les agents économiques, vous et nous, confieront leur nouvelle monnaie émise sous référent or suivant échange des anciens billets et pièces par une agence indépendante spécialement créée par l’Etat via l’apport du stock d’or de la banque centrale. Ces nouveaux billets et pièces pourront entrer dans le système bancaire et de paiements pour les transactions commerciales et financières où le risque systémique sera fortement réduit, voire nul, car toute émission aura sa couverture or.
Le gouvernement sera limité dans ses politiques budgétaires et ses appétits fiscaux, tout en étant soumis à des impératifs de respect en matière de déficit. Ses relations extérieures avec les autres Etats se feront d’abord dans une logique pacifique, la violence n’étant justifiée qu’en cas d’agression de l’extérieur et de violation de l’intégrité de son territoire. La banque centrale pourra dès lors être privatisée sans conséquence pour l’emploi dans un libre marché où elle pourra faire la preuve de sa bonne politique commerciale et de sa bonne gouvernance. L’inflation sera sous contrôle et les banques se feront concurrence en matière de taux d’intérêt, ces derniers étant un prix devant être fixé par le principe de libre concurrence entre les prestataires selon la loi de l’offre et de la demande. Les banquiers, libérés mais redevenus pleinement responsables de la bonne conduite de leurs affaires via une législation ad hoc, s’affronteront dans un environnement monétaire assaini. A ce sujet, les bank runs (les clients se précipitent à la banque pour retirer leurs dépôts provoquant l’illiquidité immédiate de l’établissement) seront fortement limités, les banques plaçant dans le marché les fonds déposés sur des durées conformes à la durée des dépôts. N’oublions pas que ce modèle bancaire et monétaire prévalait tout au long du 19e siècle et même au 18e siècle en Europe de l’Ouest.
La monnaie est un bien trop délicat pour en confier la gestion à un organisme public dans lequel nous avons perdu toute confiance et qui est à la source même des déséquilibres et crises économiques actuelles. Libérons la monnaie. Nous devons nous la réapproprier et la remettre à notre propre service, ce qui n’est que l’expression légitime des nos droits naturels.

Quand ceux qui sont censés servir l'Etat se servent surtout dans ses caisses


Les politiques s'écharpent sur le mariage homosexuel et pendant ce temps-là dans la vraie vie, les Français attendent les réformes promises sur l'emploi, l'Europe et le pouvoir d'achat. Un décalage tragi-comique qui fait de la France la risée de ses petits camarades.
Il y a deux façons d’assortir une cravate avec une chemise, dit-on. La première consiste à trouver une cravate dont le coloris dominant, ou les motifs, seront en accord avec la chemise. L’autre méthode consiste à choisir une couleur à l’opposé chromatique de la couleur de la chemise, pour jouer sur le contraste. Cela fait ressortir la cravate, et permet parfois de camoufler la banalité de la chemise. La politique, en France, est composée comme cette opposition chromatique cravate – chemise…

Et dans le rôle de la cravate, rutilante, chatoyante des mille feux que lui permet un train de vie très au-dessus de celui de la chemise (élimée, fadasse et camouflée derrière la débauche de moyens et de paillettes de l’accessoire vestimentaire), on trouve bien sûr les abonnés à la gamelle. Ces tendres mammifères se regroupent à l’Assemblée, au Sénat, dans tout un tas de Commissions Théodule lucratives et pléthoriques, ainsi que dans certaines associations où on se sent bien au chaud, protégé de la conjoncture économique par d’épaisses couvertures (sociales, financières, médiatiques, …)

Ainsi, à l’assemblée, les députés travaillent, furieusement, avec « Branleur » sur Lettre Compte Double, au moins.

Au  passage, il faut savoir que les débats de nuit, à l’Assemblée, sont notoirement plus chers que les débats pendant les heures normales ; eh oui, les huissiers (par exemple) sont alors payés au tarif de nuit, ce qui finit par faire une facture supplémentaire de 50.000€ par heure. L’amendement débile revient vite cher, et le temps perdu (l’argent perdu ?) ne se rattrape jamais.

Et pffft ! Ça disparait !!! C'est magique !
De son côté, le Président Hollande, lui, n’en perd pas et il n’oublie pas les amis. Il donne même des petits coups de pouce au pouvoir d’achat de certains. Il ne sera pas dit qu’un socialiste arrivé à la magistrature suprême, même sur un malentendu, ne fera pas preuve de générosité avec l’argent des autres !

Et toujours dans le « ton sur ton » concernant la cravate, nous avons bien sûr les nombreuses associations en prise directe avec les fonds de la République. Le Cri du Contribuable nous fait régulièrement un petit détail de ces subventions et de la foire complète qui les accompagne, et consacre même ce mois-ci un intéressant dossier à la question. Une mention spéciale sera dédicacée aux associations de fonctionnaires, et notamment celles du Ministère des Finances. Illustrant de façon limpide qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, surtout lorsqu’il s’agit d’argent et encore plus lorsqu’il s’agit d’argent des autres, ces associations bénéficient de largesses du Ministère qu’on pourra trouver fort généreuses en ces temps de disette et d’austérité (qui ne touche décidément pas tout le monde).

On découvre ainsi que 75 millions d’euros sont destinés au gîte, au couvert et aux loisirs des fonctionnaires des Finances, en arrosant profusément des associations aux noms sortis tout droit d’une production Uderzo / Goscinny (ALPAF, EPAF, AGRAF et ATSCAF) ; par exemple, l’ALPAF a reçu 29 millions d’euros de subventions du ministère en 2011. Oui. 29 millions, qui viennent directement de vos poches. 28 millions d’euros auront servi à l’association EPAF, destinée à la mise en œuvre des prestations de tourisme social “vacances enfants” et “vacances familles”, qui, comme chacun le sait, doivent bénéficier du soutien des contribuables sans quoi les enfants et les familles des fonctionnaires des finances seront tout tristes, ce qui aigrit les inspecteurs des impôts et, par voie de conséquence, risque bel et bien de faire pleuvoir des contrôles par mesure de rétorsion.
Bien sûr, il resterait plein d’autres domaines à évoquer pour bien détailler les parures chamarrées de la cravate. Mais celles que j’ai évoquées ici donnent déjà le ton, une bonne idée générale de la forme, de la couleur et de la richesse du tissu.

Regardons à présent la chemise, celle qui fait tant contraste avec cette si jolie parure. Et quand je parle de contraste, il est effectivement violent. C’est bien d’opposé, chromatique et économique, dont on parle ici.

De loin, de l’étranger, on le sait déjà, la chemise « France » paraît bien dépenaillée, terne, tristoune, et dont l’avenir semble surtout chargé de trous, de petites déchirures et de boutons partis ou mal recousus. Vue d’Angleterre, certains magazines avaient déjà bien expliqué la situation, le ressenti général. La réaction devant ces provocations avait été cinglante de la part de la cravate, seule pièce vestimentaire qu’on entend dans ces cas-là : «Nous n’avons de leçons à recevoir de personne, messieurs les Anglais, tirez-vous les premiers. »

La réalité est un peu plus subtile.

Et pour d’autres méchants réalistes qui refusent obstinément de se focaliser sur les colifichets rutilants, la situation française n’apparaît pas meilleure : What this tells you is that France has not one, but two problems: finance and energy. And that prior to July 1, we can expect a bunch of real nasty announcements on both. Plus also, that François Hollande is not so sure he’ll last that long. That’s why he’s pushing it forward, hoping for a miracle.(La France n'a pas un mais deux problèmes : l'économie et l'énergie. Avant le premier juillet, il faut s'attendre à un paquet de décisions très dures sur ces deux sujets. Et comme en plus François Hollande ne sait pas trop encore combien de temps il durera, il met tout ses forces dans ce sens en espérant un miracle.)

On ne peut pas dire que ce soit un véritable souffle d’optimisme concernant ce pays. L’opinion des étrangers est d’ailleurs corroborée par quelques chiffres, parus récemment, et dont la presse française, les parlementaires, les associations, les élus divers et variés n’ont pas vraiment fait grand cas (le mariage homosexuel et le scrabble, mes amis, occupent déjà les esprits).

Pourtant, le secteur économique des services vient de subir sa plus forte contraction depuis mars 2009. On voit mal, à la suite de cette contraction, ce dernier accoucher d’autre chose qu’une série de problèmes épineux que l’équipe hollandiste ne semble pas tout à fait en mesure d’affronter ; Montebourg a été laminé, et Moscovici a déjà les mains moites à l’idée de devoir gérer un euro fort (méchant, méchant euro fort).

De la même façon, la France qui pleure discrètement, cette chemise terne et élimée, a appris il y a quelques jours que l’industrie manufacturière a perdu plus de 120.000 emplois depuis 2009 (dont plus de 20.000 en 2012). Montebourg est déjà dans les starting-blocks … de la résignation ce qui est finalement l’étape juste avant l’acceptation fataliste qu’il ne sert absolument à rien (Audrey elle-même ayant renoncé à lui trouver une quelconque utilité). Notons toutefois qu’il n’a pas renoncé à gober les indemnités de son épuisant travail. La cravate se porte bien, merci.
Pas de doute : la situation est, littéralement, catastrophique. Petit-à-petit, les Français se rendent compte que les caisses sont vides, que les promesses de Hollande le sont aussi, que la situation économique se dégrade encore plus vite que tout ce que les nigauds socialistes pouvaient imaginer, et que l’équipe en place accélère le mouvement d’ensemble dans une improvisation brouillonne et pathétique. Mais alors que ces vérités parviennent enfin à une proportion grandissante de Français et que la grogne commence à monter, que cette France là commence à pleurer, l’autre France, elle, ne l’écoute pas. Elle ne l’écoute plus d’ailleurs depuis un bon moment. Les pleurs de la France-chemise sont couverts par les rires de la France-cravate.

Une question mérite d’être posée : ces rires, sont-ils insouciants, joyeux, ou … moqueurs ? Mine de rien, la cravate ne se foutrait-elle pas un peu de la gueule de la chemise ?




Capitalisme, libre-échange et mondialisation : faut-il croire François Hollande quand il parle à Paris ou lorsqu'il dit l'inverse à New Delhi ?


Cette semaine François Hollande est arrivé au bout du bout du mur des réalités. Le voyage commercial qu'il a fait aux Indes, les discours et la conférence de presse ont bien montré qu'il était arrivé au cœur de ses contradictions.
Il a tenu des propos hyper-réalistes que n’importe quel chef d’Etat sérieux aurait tenus. Il s’est montré pragmatique, responsable, assumant la réalité de la mondialisation de la concurrence internationale et promettant aux Indiens l’accès libre au marché français et aux échanges de technologie. C’était du Pascal Lamy pur sucre. Pascal Lamy étant encore aujourd'hui le directeur de l’OMC, grand architecte et grand régulateur de la mondialisation. Bref Angela Merkel , Mario Monti , David Cameron ou même Nicolas Sarkozy n’auraient pas fait mieux. Les chefs d’entreprise français qui étaient du voyage sont rentrés ravis. Ravis, oui sauf qu'’à Paris changement de décor. Ce discours est en parfait décalage par rapport à ce qu' il a toujours dit en France, décalage aussi par rapport aux propos de ses ministres.
Il ne faut quand même pas prendre les autorités indiennes pour des autistes. Ils savent bien que le discours dominant toute la campagne présidentielle a été un discours protectionniste  Ils savent bien que le président s’est fait élire sur un programme de combat contre la finance internationale, contre le capitalisme étranger. Ils savent aussi qu'en France le ministre de l’Industrie a condamné les délocalisations, prôné le nationalisme industriel et, cerise sur le gâteau, les Indiens ont quand même bien su qu'on avait quasiment traité l’un des leurs de voyou incapable de tenir ses engagement. « Plus jamais de Mittal en France » avait on dit a Florange.
Hollande pétalant, sous le regard satisfait de son chien.
Alors les Indiens comme les Occidentaux savent bien que la démocratie oblige parfois à tenir deux langages différents mais pas à ce point. Et même si la politesse indienne et les intérêts sous-jacents leurs ont fait accepter ce cinéma, que peuvent dire et penser les électeurs socialistes qui ont voté et espéré le programme de Hollande. Depuis, le président de la République se contorsionne verbalement dans tous les sens pour essayer d’expliquer qu'il faudra désormais faire le contraire de ce qu'il avait annoncé. Et bien ça ne passera pas .
François Hollande ne peut plus se cacher ou gagner du temps. La situation française va devenir intenable. Économiquement c’est désastreux. Politiquement c’est la révolte assurée. Trois raisons :
La première raison nous est donnée par les indicateurs économiques. Pas de croissance, de la dette et du chômage. L’entreprise France est au bord de la cessation de paiement. Le business plan n’existe plus. D’abord parce que le pays comme toute l’Europe est au cœur d’une crise économique et financière historique. Ensuite parce que le gouvernement n’a pas engagé les reformes structurelles qu'il aurait fallu engager pour éviter de s’effondrer et avoir une chance de se redresser. Enfin parce que le pays est bloqué. Tous les acteurs capables de produire de la richesse, donc de la croissance, donc des outils de sortie de crise sont complètement paralysés depuis juillet 2012. Ils ont été matraqués fiscalement et injuriés socialement. Dès la campagne présidentielle, les cadres du Parti socialiste et François Hollande se sont mis en tête de faire payer les riches, d'accuser les patrons de s’enrichir indûment, de bannir les chercheurs, les artistes, les cadres, les investisseurs, les créateurs d’entreprises et même les jeunes diplômés de grandes écoles. On a diabolisé tous ces acteurs qui sont logiquement les locomotives économiques du système en les considérant comme des voyous profiteurs. Qu'il y ait des voyous parmi le patrons sans doute, mais il y a surtout des maladroits. Pour un Carlos Ghosn qui n’est pas très habile dans sa communication mais qui répond comme il peut au harcèlement de Arnaud Montebourg qui veut des exemples, il y a énormément de patrons qui n’osent même plus aller au bureau avec leur voiture parce que c’est une Audi ou une Mercedes.
Le résultat  de cette chasse aux  pseudo riches, en les accusant de tous les maux de la Terre,  c’est qu'on les a découragé. Les plus malins, les plus riches et les plus cyniques sont partis travailler à l’étranger. La grande majorité des autres ont bloqué les projets et arrêté les machines. Dès l’été 2012, ils ont commencé à préparer des budgets 2013 à la baisse. D’où la récession. D’où la descente aux enfers dans les indices de 2013. L'activité s’est aujourd'hui arrêtée dans un climat complètement plombé. Les deux secteurs qui sont des vrais marqueurs de climat se sont arrêtés les premiers. Le bâtiment et l’immobilier d’un côté, l’automobile de l'autre.

Le gouvernement a dit que la situation était mauvaise, (c'était vrai ) mais plutôt que de faire immédiatement un diagnostic et prendre des mesures de redressement, il a préféré lister les coupables et chercher les bouc-émissaires. Ce faisant les membres du gouvernement ont accusé de la gravité de la crise tous ceux qui étaient capables de redresser la situation. Les chefs d’entreprise ont donc baissé les bras pensant que l'orage allait passer. L’orage a grossi pour ressembler à un cyclone. Du coup la situation s'est détériorée encore plus.

La 2e raison de l’incapacité de François Hollande a reprendre la main tient à son positionnement politique. La situation d'aujourd’hui est aggravée par une déficit de confiance, par ces discours débiles et radicaux  qui ont démoli l'équilibre des modèles économiques. Si le raisonnement tient la route, il suffirait de peu de choses pour redresser la situation. Il suffirait que François Hollande change de discours et de comportement. Si François Hollande parlait à Paris aux chefs d entreprises français le même langage que celui qu'il tenait à Dehli à l'adresse des dirigeants indiens, les choses évolueraient très rapidement parce que quoi qu'on dise les fondamentaux sont bons. Tous les chefs d'entreprises ne se sont pas exilés. Beaucoup  d’étudiants de grand talent sont prêts à revenir à Paris si on leur reconnaissait un droit à la compétitivité, à la création d entreprise et à la liberté d'agir.

La 3e raison est la conséquence des deux précédentes. François Hollande ne pourra pas faire et assumer ce revirement.  Il essaie avec des gens comme Louis Gallois ou Didier Migaud de la Cour des comptes, mais il est sans doute un peu trop tard. Le mécontentement au sein de ses partisans est tel qu'il est obligé de composer. Sinon il perd sa majorité et ses appuis. Il a déjà commencé à les perdre. Le problème c’est qu'il n’a pas de solutions politiques. La situation est devenue non seulement difficile mais potentiellement dangereuse. Le peuple de France est régicide. François Hollande passe l’heure de vérité et ça passe mal.

Le cheval et le bœuf

Le cheval et le bœuf


« Défie-toi du b'uf, du cheval et surtout des imbéciles. » Décidément, Don Quichotte est immortel ! Quant au fidèle Sancho, son bon sens serait bien inutile en ces temps de Saint-Valentin où l'on ne nous entretient que de tromperies. Tromperie sur le b'uf, fausse promesse sur la réduction de la dette, soupçon sur le traitement du cholestérol… et ainsi de suite au fil d'un épais catalogue d'absurdités dans lequel nous devons désormais inscrire, en tête de la rubrique escroquerie, les circuits du minerai de « bidoche ». Des circuits connus, des circuits imposés par la règle du moindre coût, des circuits seulement ignorés de certains médias et du ministre de l'Agriculture feignant de ne pas savoir que depuis bien longtemps il n'y a plus de bouchers dans le négoce de la viande.

Le cheval et le b'uf : Comme une fable sans morale, cet emballement des JT de 20 heures, a fini, au bout d'un indécent « c'est pas moi, c'est l'autre » par livrer sa vérité et fournir un « bouc émissaire ». Spanghero paiera pour toute une organisation de traders en costume et tablettes. Les mêmes qui ont fait de l'alimentation une chaîne financière mondialisée et souvent pervertie par le profit.

Fini le tope-là sur les foirails, finie l'illusion de la proximité salvatrice, balivernes les réclames à l'accent rocailleux des terroirs d'opérette et les théories malthusiennes du bobo-bio… la nourriture est un commerce électronique comme un autre. Une bourse où les prix sont fixés par de lointains ordinateurs qui se soucient de la boucle d'identification dans l'oreille des vaches comme de leur première mammite ou de l'aumône indécente du P-DG de Renault dans la sébile des ouvriers menacés. Les normes vont bientôt s'ajouter aux normes, ignorant que seuls les producteurs peuvent mener le vrai combat pour la qualité.

Pourquoi ne dit-on pas plus dans cette affaire la responsabilité de la grande distribution qui saigne à blanc les réseaux de l'agroalimentaire et créé les conditions de la tricherie à force d'imposer des prix bas ? Et soyons justes, l'industrialisation du panier de la ménagère est aussi le résultat d'une demande de notre société qui préfère payer sa « bouffe » moins cher plutôt que de sacrifier ses loisirs et ses smartphones.

L’ambition

L’ambition


Une anecdote, strictement authentique, j’en donne ma parole, pour s’amuser un peu. J’ai fait récemment la connaissance, devant un café, d’une dame très élégante la cinquantaine, des beaux quartiers de Paris, qui me présente son fils, Martin, 20 ans, admis en deuxième année de droit, style branché, blondinet, cheveux mi long. Le jeune homme, m’explique-t-elle, vient de prendre sa carte au parti socialiste et songe à s’engager dans le militantisme étudiant. Puis, toujours sur le ton le plus sérieux du monde, elle m’interroge sur la vie quotidienne à l’Elysée, où j’ai travaillé pendant 4 ans, insistant sur les détails matériels : les horaires, la restauration, les logements de fonction, le service… « Mais pourquoi donc ?» lui ai-je demandé. « Ben, pour Martin, quand il sera président de la République ! » Interloqué, je m’aventure à lui suggérer que « ce n’est peut-être pas si simple… » Soudain, la brave dame part en vrille : « Comment ça pas si simple ? Et pourquoi il ne serait pas président de la République, Martin, comme Sarkozy, comme Hollande ? Hein ? Pourquoi pas lui ? » Cet échange qui remonte à tout de même quelques mois et dont je garantis la parfaite authenticité, me revient soudain à l’esprit, comme révélateur d’un certain état d’esprit décadent en toile de fond de la vie politique. Au début, j’ai ressenti une sorte de malaise teinté de pitié pour la mère de Martin en me demandant comment il était possible d’atteindre un tel degré dans le ridicule. Aujourd’hui, réflexion faite, je m’interroge : et si elle avait raison, et si Martin était notre futur président de la République ? Allons, au point où nous en sommes…  Et je ne peux plus voir un militant, de n’importe quel parti, d’un bout à l’autre de l’échiquer, un candidat à telle ou telle élection, un politicard actuel, d’aujourd’hui, sans songer à mon nouvel ami Martin……

La soviétisation de la Grèce


Le blog financier américain Zero Hedge rapporte qu’en Grèce, le secteur de la construction est en pleine débâcle. Selon le journal grec Kathimerini, en novembre 2012, l’activité du secteur aurait chuté de plus de 63% par rapport à novembre 2011.
Comment les gens survivent-ils ?
Plus personne ne paye ses impôts, répond le blog. De plus en plus de professionnels ne s’acquittent plus de leur TVA, et les amendes infligées par la brigade financière (SDOE) ont augmenté de 51% par rapport à l’année dernière. Alors qu’elles se montaient à 23,3 millions d’euros en janvier 2012, les amendes pour non paiement de la TVA et les services salariés ont atteint 35,3 millions d’euros en janvier 2013.
Au total, les amendes données par les inspecteurs du SDOE le mois dernier ont représenté 258 millions d’euros, contre 217,4 millions d’euros en janvier 2012. Toutefois, ce qui est remarquable, c’est que les violations du code des impôts ont été moins nombreuses que l’année dernière, puisqu’on en a recensé 2.999 en janvier 2013, contre 5.332 en janvier 2012. La plupart de ces violations se rapportent à des trucages de chiffres. Enfin, il est douteux que les entreprises soient en mesure de payer ces amendes.
« Il n’existe pas d’autre équivalent dans le monde occidental. Les fondements de la société occidentale sont désormais annulés en Grèce. (…) On peut se demander si le pays aurait été soviétisé aussi brutalement si le parti communiste grec, KKE, avait pris le pouvoir. Un tel gouvernement aurait-il été capable d’anéantir tant de sociétés de la carte et de menacer des millions de citoyens avec la confiscation de leur propriété et de leur revenu ? Au même moment, les sympathisants du modèle socialiste observent avec raison qu’au moins, ces régimes garantissaient aux gens de la nourriture et un toit, même si la qualité laissait à désirer. Dans la Grèce d’aujourd’hui, de moins en moins de gens n’ont même plus ça ».
En outre, on constate de plus en plus de vols d’électricité. D’après le DEDDIE, l’opérateur grec du réseau électrique grec, les vols d’électricité dans les entreprises ont été multipliés par 4 en un an, passant de 10 millions d’euros en 2011 à 40 millions en 2012. Dans la plupart des cas, des électriciens sont payés pour installer des connexions illégales. « Selon nos informations, des escrocs ont fait leur profession du vol d’électricité, mais cette information ne suffit pas pour les arrêter », a expliqué un officiel du DEDDIE au journal Kathimerini. 

    Appétits financiers

    Appétits financiers


    En une semaine, l’affaire de la viande de cheval mélangée à du bœuf s’est transformée en crise européenne. Il ne se passe guère une journée sans qu’une nouvelle révélation ne vienne accroître la méfiance des consommateurs. Cette angoisse explique la rapidité de l’enquête diligentée par les pouvoirs publics. Les premiers résultats sont accablants pour la société Spanghero, qui risque de payer très cher ses errements, s’ils sont avérés. Les consommateurs ne seront pas rassurés pour autant : à voir l’ampleur des fraudes, le cas français n’est que la partie émergée d’une montagne de barbaque douteuse.
    On sait désormais que des carcasses de cheval anglaises, contenant des traces d’antidouleur, ont été importées en France. Des chevaux argentins ont été vendus à la place de bœuf halal, et d’autres soupçons pèsent désormais sur les viandes bovines utilisées par une grande partie de l’industrie alimentaire européenne.
    On a beau nous répéter que jamais notre alimentation n’a été aussi saine et que les contrôles sanitaires sont aussi nombreux que stricts, le doute grandit. Il grandit d’autant plus quand on voit l’Union européenne préconiser, pour toute solution, un contrôle d’ADN supplémentaire pour rassurer les consommateurs. Ceux-ci demandent que l’on inscrive, de façon lisible, sur les boîtes la provenance des produits vendus. Le fait de s’y opposer témoigne bel et bien de la crainte des autorités européennes de voir les acheteurs se détourner de plats composés de viandes venues de pays lestés d’une mauvaise image de marque. À moins que, comme pour certaines piquettes viticoles, Bruxelles ne soit gêné d’avouer que l’on vend en toute impunité du « Parmentier issu de différentes viandes de l’Union européenne ».
    Le gouvernement français annonce des mesures pour la semaine prochaine. Il va aussi lui falloir jouer serré pour ne pas se mettre à dos les industriels de l’agroalimentaire et les délicats équilibres du marché européen. La désignation, par le ministre délégué à la Consommation, d’un coupable numéro un (présumé à ce stade), la société Spanghero, ne saurait pourtant résoudre à elle seule ce scandale alimentaire, qui montre bien que l’on n’a pas suffisamment retenu les leçons de la crise de la vache folle.

    Contre-productif

    Contre-productif


    Loin de nous l'idée d'attiser les mauvaises passions qui accompagnent dans notre pays (mais pas seulement) toute discussion sur les rémunérations exorbitantes de certains dirigeants d'entreprises. Il y entre trop souvent une part d'irrationnel, de démagogie, voire de jalousie. Mais cela ne nous interdit cependant pas de souligner que l'opulence ne doit pas fatalement rimer avec l'impudence. Et sur ce plan, avouons que Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a pour le moins manqué de tact. En annonçant qu'il renonçait provisoirement au versement d'une partie de sa variable 2012, en échange d'un accord social abouti, Carlos Ghosn a fait fausse route… psychologiquement.
    Sans doute la pression exercée par l'État, actionnaire à 15 % de Renault, l'a-t-elle conduit à commettre cette erreur. Il allait de soi que le geste facilitateur de Carlos Ghosn serait assimilé à un chantage, pour ne pas dire une provocation. En terme de communication dans l'opinion, l'effet contre-productif était assuré avec, à la clef, l'étalage de la rémunération du PDG.
    Finalement, ces 430.000 euros de variable ajournés à 2016 ne représentent pas plus de 3,7 % de son salaire global pour 2012, si l'on prend en compte son fixe de 1,23 million d'euros et le million de part variable qui lui reste acquis. Cela sans parler des 10,5 millions annuels perçus comme patron de Nissan. À de tels niveaux, la question n'est plus celle de la justification de ces émoluments mais de leur acceptabilité dans l'opinion. Surtout en période de crise.
    Comment, plus généralement, les grands patrons pourraient-ils se dérober à une réflexion sur le creusement, ces dernières années, des inégalités de revenus ? Comment ne pas s'inquiéter de leurs conséquences sur la cohésion sociale et politique ? Certes, la mondialisation a ouvert le « marché » des dirigeants et des compétences en « dopant » les salaires. Mais le mérite ne consisterait-il pas aussi à plus d'humanité managériale ?