TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 23 novembre 2010

Paris et les Bourses européennes finissent dans le rouge

Paris et les Bourses européennes ont clôturé en forte baisse mardi, la crise de la dette souveraine en zone euro et les tensions militaires entre les deux Corées ayant neutralisé l'annonce d'une croissance meilleure qu'attendu au Etats-Unis au 3e trimestre.
Les valeurs européennes ont fini à un plus bas de six semaines mardi, tirées à la baisse par la persistance des incertitudes relatives à la situation financière irlandaise et le risque de contagion au reste de la zone euro des difficultés de Dublin, alors que le regain de tensions entre les deux Corées a accru la nervosité des investisseurs.
La Bourse de Paris a fini en dessous des 3.800 points, en cédant 2,47%, à 3.724,42 points, alors que l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a baissé de 1,53%, tombant ainsi à son plus bas niveau depuis la mi-octobre. Illustrant d'ailleurs l'anxiété des investisseurs, l'indice de volatilité VDAX a bondi de 12% en séance pour atteindre son plus haut niveau en sept semaines.
Les Bourses des pays périphériques de la zone euro ont particulièrement souffert, les places madrilène, lisboète, et dublinoise ayant cédé entre 2,18% et 3,05%.
Londres a perdu 1,75%, Francfort 1,72%, Madrid 3,05%, Dublin 2,86% et Lisbonne 2,18%. Les indices paneuropéens, EuroStoxx 50 et EuroFirst 300, ont clôturé en baisse de respectivement 2,56% et de 1,53%.
Les valeurs bancaires, très sensibles aux aléas de la dette souveraine, ont accusé les plus fortes baisses en Europe et à Paris. Crédit agricole (-4,26% à 10,125 euros), Société générale (-4,69% à 38,755 euros), BNP Paribas (-3,82% à 50,14 euros) ont accusé les plus fortes baisses du CAC 40.
La plongée de l'Irlande dans une profonde crise politique a amené l'Union européenne (UE) à se faire plus pressante et plaider pour l'adoption au plus vite d'un budget d'austérité qui permettra de débloquer l'aide de l'UE et du FMI.
En outre, la péninsule coréenne a connu une brusque flambée de violence avec le bombardement par Pyongyang d'une île de Corée du Sud, non loin de la frontière maritime entre les deux "frères ennemis" d'Asie.
Dans ce contexte, les valeurs financières ont été les plus attaquées, l'indice Stoxx 600 regroupant les banques européennes a perdu 1,99%, avec notamment une chute respective de 19,12% et 24,94% des banques irlandaises Allied Irish et Bank of Ireland.

La piste d'un chantage évoquée à l'Assemblée au sujet de Karachi

Deux députés socialistes ont évoqué mardi à l'Assemblée nationale la piste d'un chantage exercé en 2006 sur Nicolas Sarkozy par un des acteurs de l'affaire des ventes de sous-marins au Pakistan en 1994.
Cette vente avait donné lieu au versement de commissions suspectes, interrompu après l'élection de Jacques Chirac en 1995. Un lien est soupçonné avec un attentat en 2002 au Pakistan où ont péri 11 Français travaillant sur les sous-marins pour le compte de la Direction des constructions navales (DCN).
Deux sociétés, Heine et Eurolux, avaient été créées au Luxembourg en 1994 pour recevoir certains des paiements, avec l'aval du Premier ministre de l'époque, Edouard Balladur, et de son ministre du Budget, Nicolas Sarkozy, selon un rapport de la police luxembourgeoise.
Une fois élu à l'Elysée, Jacques Chirac a mis fin aux paiements de commissions transitant par ces circuits.
Le député PS de la Manche Bernard Cazeneuve a évoqué à l'Assemblée, lors des questions d'actualité, des éléments de l'enquête judiciaire qui montrent que Jean-Marie Boivin, ancien administrateur de Heine, a sollicité en 2006 et 2007 plusieurs ministres du gouvernement de l'époque, dont Nicolas Sarkozy.
Selon des dirigeants de la DCN interrogés chez les juges, il demandait un dédommagement pour ses anciennes activités.
Plusieurs médias disent qu'il a eu satisfaction en 2009, avec un versement de huit millions d'euros de fonds publics de l'Etat français, dans le cadre d'un accord passé sur le paradis fiscal de l'Ile de Man, sous l'égide du ministère de la Défense.
Les familles de victimes estiment que c'est le fruit d'un chantage fructueux au silence, avant l'élection présidentielle de 2007, et ont déposé plainte pour "extorsion de fonds".
"Cette transaction a-t-elle eu lieu ? Si huit millions d'euros ont été versés à M. Boivin, quel était le motif de cette indemnisation ?", a demandé Bernard Cazeneuve.
Le nouveau ministre de la Justice, Michel Mercier, a d'abord répondu: "Les magistrats instructeurs instruisent ces dossiers librement. le gouvernement veillera à leur fournir l'ensemble des informations qui sont en sa possession".
Un autre député socialiste a alors répété la question et le ministre de la Défense, Alain Juppé, a cette fois répondu.
"Vous comprendrez bien que, n'ayant pas été en fonction en 2009 et ne connaissant pas votre question, je n'ai pas dans l'immédiat les éléments de réponse à vous donner", a-t-il dit. "Je le ferai dès que j'en disposerai", a ajouté Alain Juppé.
Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Balladur, il était lors de la présidentielle de 1995 dans le camp de Jacques Chirac, qui le nomma Premier ministre après son élection à l'Elysée.

Ch. Jacob élu président de l’UMP à l’Assemblée



Dérapage verbal de Sarkozy à Lisbonne







CEUX QUI Y VOIENT UN DÉRAPAGE, BEAU VERBIAGE CORPORATISTE, NE VOIENT PAS LA LÉGITIME DÉFENSE.
NICOLAS SARKOZY EST CONTINUELLEMENT HARCELÉ PAR CETTE PRESSE DE GAUCHE RAGEUSE, DONT APATHIE (rtl) EST LE FLEURON.

Le Sénat adopte la "taxe Google"

L'amendement du sénateur Philippe Marini au projet de loi de finances a été voté par le Sénat. Il instaure une taxe de 1% sur les achats de publicité en ligne à partir de 2011.

L'amendement du sénateur Marini proposant de taxer les achats de publicité en ligne, également appelé "taxe Google", a été adopté par le Sénat en fin de séance lundi 22 novembre au soir. "Cette taxe est due par tout preneur, établi en France, de services de publicité en ligne et est assise sur le montant, hors taxe sur la valeur ajoutée, des sommes versées. Le taux de la taxe est de 1 %", précise le texte de l'amendement. Cette nouvelle taxe rapporterait entre 10 et 20 millions d'euros.
"La multinationale Google et d'autres sont établies dans des pays à bas taux de fiscalité, en Irlande par exemple, a justifié Philippe Marini. La facturation se fait selon le droit du siège, sans aucune conséquence fiscale dans les pays de consommation. Les pays les plus peuplés d'Europe sont évidemment les plus directement concernés par la publicité. Notre premier objectif est de rétablir l'équité entre l'État siège et les États consommateurs. Le deuxième est de faire prévaloir l'équité entre les différents supports de publicité. La publicité à la télévision comme dans la presse papier est soumise à taxation. Le statu quo entraînerait une distorsion de concurrence."
Le gouvernement, qui souhaitait une mise en oeuvre de la taxe en 2012 plutôt qu'en 2011, n'a pas été entendu.

Après la Grèce et l'Irlande, à qui le tour?

Près de douze ans après sa création, la zone euro doit gérer avec l'Irlande sa deuxième crise aiguë en six mois. Après le sauvetage de la Grèce au printemps, c'est aujourd'hui à Dublin que l'UE, en partenariat avec le FMI, va prêter de l'argent. Alors qu'il avait fallu près de six mois aux pays européens pour se mettre d'accord sur un prêt de 110 milliards d'euros à la Grèce, le plan d'aide à l'Irlande aura été décidé en moins de deux semaines. Car il y a urgence: la menace de contagion de cette crise de la dette publique à d'autres pays de la zone euro est belle et bien réelle.

Le Portugal en première ligne
Le Portugal, autre maillon faible de la zone euro, est la nouvelle proie des marchés financiers. Ses taux longs frôlent aujourd'hui les 7%. On comprend mieux pourquoi les autorités portugaises ont fait pression sur Dublin pour demander l'aide financière de l'UE et du FMI. La décision d'aider l'Irlande, qui n'a pas besoin de se refinancer sur les marchés avant l'été 2011, a en effet pour objectif d'éviter un effet de contagion au Portugal. L'aide à l'Irlande devrait, à court terme, apaiser les marchés. Mais elle ne devrait pas les empêcher, à moyen terme, de contraindre le Portugal à réclamer à son tour une assistance financière. Si le Portugal a garanti ses besoins de financement pour 2010, la situation risque en effet de se compliquer très fortement en 2011, avec l'arrivée à échéance de 25,6 milliards d'euros de dettes. "Les inquiétudes sur les finances publiques portugaises et sur la capacité de rebond de son économie sont réelles, explique Thibault Mercier, économiste chez BNP Paribas. Plombé par une croissance atone depuis de nombreuses années, en raison d'un manque structurel de compétitivité, le Portugal accuse une dette publique de 161 milliards d'euros, soit plus de 82% du PIB, qu'il s'est montré jusqu'ici incapable de réduire. Dans ce contexte, le Parlement portugais s'apprête à voter un budget d'une austérité sans précédent, cumulant baisse des salaires et hausse d'impôts pour ramener le déficit de 7,3% du PIB à 4,6%. Mais ces mesures risquent de tuer dans l'oeuf la fragile reprise du pays, qui devrait replonger en récession l'an prochain. De quoi nourrir l'inquiétude des marchés.
L'Espagne dans le viseur
C'est la vraie crainte des pays européens : que la pression des marchés financiers, par effet de contagion, ne s'abatte sur l'Espagne. Car si le Fonds de stabilisation européen, avec ses 440 milliards d'euros, a les moyens de secourir la Grèce, l'Irlande et le Portugal, il ne pourrait en revanche pas subvenir aux besoins de financement de l'Espagne, estimés à plus de 200 milliards d'euros pour les deux prochaines années. Si l'Espagne ne parvient plus à se financer sur les marchés, en raison d'une hausse des taux d'intérêt de sa dette, alors la zone euro pourrait éclater. "Ces craintes d'un risque systémique lié à l'Espagne sont totalement irrationnelles, estime Thibault Mercier. Les niveaux d'endettement et de déficit espagnols sont tout à fait soutenables." Les mesures mises en place par le gouvernement socialiste espagnol devraient en effet permettre d'augmenter les recettes fiscales et de réduire les dépenses budgétaires en 2011. La réforme du marché du travail, qui introduit une plus grande flexibilité, devrait aussi à terme faire baisser le chômage. Mais les marchés sont loin d'être rationnels et leurs comportements sont tout autant auto-réalisateurs qu'autodestructeurs.
L'Italie sous surveillance
La dette publique italienne est l'une des plus élevées du monde : elle frôle les 1 860 milliards d'euros et devrait atteindre 118,5% du PIB à la fin de l'année et continuer de gonfler en 2011, à 119% du PIB. L'Italie devra rembourser entre 76 et 84 milliards d'euros au titre des intérêts d'emprunt l'an prochain. Et la reprise transalpine est loin d'être vigoureuse - 1% en 2010 et 1,3% en 2011 selon l'OCDE. De quoi inquiéter les marchés ? Pas vraiment, la dette souveraine italienne reste pour le moment à l'abri de la contagion irlandaise. Les taux auxquels l'Italie emprunte sur les marchés restent stables autour de 4%. Mais la grave crise politique que traverse le pays, en raison des frasques de Silvio Berlusconi, est de nature à inquiéter les marchés. Le budget 2011, qui prévoit une cure d'austérité de 25 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 3,9% du PIB en 2011 et 2,7% en 2012, a été voté par les députés grâce au soutien des partisans de Gianfranco Fini. L'adoption définitive de ce budget est prévue au Sénat d'ici le 10 décembre. Ce pourrait bien être le dernier du Cavaliere qui, après la dissidence de Fini, ne dispose plus de la majorité à la Chambre des députés. La survie du gouvernement Berlusconi se jouera le 14 décembre, lors de deux votes -l'un de confiance, l'autre de censure - devant le Parlement.
 Et la France ?
N'en déplaise à Christine Lagarde et François Baroin, la France n'est pas à l'abri d'une attaque des marchés. C'est en tout cas ce qu'affirme l'économiste américain Nouriel Roubini. Le "Dr catastrophe" estime que les finances publiques françaises n'étaient pas "en bien meilleur état" que celles de la Grèce et de l'Irlande. Pourtant, jusqu'à présent, la France bénéficie toujours de la meilleur note souveraine possible - l'envié triple A. Une dégradation est-elle possible ? "Au regard de l'état des comptes publics de la France, l'éventualité d'une baisse est envisageable. La seule raison pour laquelle les agences n'ont pas encore revu leur jugement sur la capacité de la France à honorer sa dette réside dans le fait qu'elle a toujours honoré ses engagements", explique l'économiste Christian Saint-Etienne dans La Tribune de lundi. Le risque d'une contagion de la crise de la dette des PIGS (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) semble néanmoins peu probable.

La colère off de Sarkozy

Pour dénoncer les méthodes d'un journaliste qui l'interrogeait sur l'affaire Karachi, le président lui a demandé comment il réagirait s'il était taxé de pédophile.
Vendredi 19 novembre, dans la soirée, Nicolas Sarkozy s'est énervé au cours d'une rencontre informelle avec les journalistes, en marge du sommet de l'Otan à Lisbonne. Le chef de l'Etat, un micro à la main, a d'abord évoqué l'Afghanistan, avant d'être interrogé sur les derniers rebondissements dans l'affaire de Karachi. Le président a relevé qu'il avait été présenté, à tort, comme "le trésorier" du candidat Edouard Balladur, pour la campagne présidentielle de 1995. "Vous dites n'importe quoi, vous ne vérifiez rien", a lancé Nicolas Sarkozy aux journalistes. 
Une question précise lui a ensuite été posée sur son rôle spécifique à l'époque (ministre du Budget, puis porte-parole du candidat Balladur), après que Charles Millon eut évoqué l'existence de rétrocommissions. Et c'est là que les choses ont dégénéré, lorsque le président a ciblé, au second degré, le journaliste qui l'a interrogé: "Vous êtes un pédophile, j'en ai l'intime conviction, j'ai vu les services secrets mais je ne vous dirai pas lesquels, j'ai vu quelqu'un mais je ne vous dirai pas qui c'est, et c'était oral. Mais j'en ai l'intime conviction, vous êtes un pédophile!" En s'exprimant de la sorte, Nicolas Sarkozy voulait dénoncer ceux qui parlent sans preuve. 
La conversation a été enregistrée sur le circuit interne du sommet. Après le debriefing, l'Elysée a fortement insisté, dès lors que la conversation était off, pour que les bandes soient totalement effacées... L'Elysée qui dément les propos relatés: "Jamais le président de la République n'a insulté un journaliste en le traitant de pédophile", conteste son entourage. 

J'Y REVIENS, MAIS FRANCHEMENT ÇA NE PASSE PAS, LES JOURNALISTES S'AUTORISENT TROP DE COMMENTAIRES, ILS DÉBORDENT, LÀ, LEUR DEVOIR DE NARRATION, EN Y AJOUTANT AGRÉSSIVITÉ ET DÉFENDANT LEUR OUTRANCIÈRE PSEUDO-CHASTETÉ.

La Silicon Valley en force dans le 93

À l'occasion de la conférence Le Web, la France va devenir le centre de convergence des nouvelles technologies. 

 Durant deux jours, les 8 et 9 décembre, la Seine-Saint-Denis va accueillir le Davos des nouvelles technologies. Un gros contingent de la Silicon Valley fera le déplacement, dont Marissa Mayer, vice-présidente de Google, Michael Arrington, le charismatique fondateur du site TechCrunch, Ethan Beard, qui gère les relations avec les développeurs chez Facebook, ou encore Dennis Crowley, le créateur du service de géolocalisation Foursquare. Tous s'apprêtent à intervenir à l'occasion de la conférence Le Web devant 2.500 personnes venues de plus de 60 pays aux Docks de Paris, de gigantesques halles situées à la Plaine Saint-Denis, aux portes de la capitale.
Parmi les intervenants, on compte des Américains donc, mais aussi des Japonais, comme Tomoko Namba, créatrice de DeNA, un réseau social mobile, l'Israélien Shai Agassi, à l'origine d'une voiture électrique, ou encore le Suisse Bertrand Piccard, qui a mis au point un avion solaire. Côté français, on attend notamment Stéphane Richard (Orange), Éric Boustouller (Microsoft) et Xavier Niel (Free).
Lancé il y a sept ans par Loïc Le Meur et sa femme, Géraldine, l'événement s'est peu à peu imposé comme un rendez-vous-clé des affaires et des technologies. Cette année, des capital-risqueurs expliqueront à des créateurs de start-up comment se financer, et des responsables d'acquisition... comment se faire racheter.

Bernard Thibault : "Le chef de l'État fait comme s'il ne se passait rien"

Le chef de l'État "se fout" de l'opinion des syndicalistes sur les retraites, a déploré mardi le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, au matin d'une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites dont l'ampleur s'annonce limitée. Interrogé sur l'hommage rendu par le chef de l'État aux syndicalistes lors de son intervention télévisée du 16 novembre, Bernard Thibault a répondu sur France 2 que c'était "assez facile dans la mesure où on se fout de leur opinion".
"J'étais stupéfait d'apprendre de sa part que la plus importante des conclusions était de remarquer qu'il n'y a pas eu de violence. Ce n'est pas le propos de savoir si une mobilisation donne lieu ou pas à des violences", a ajouté le leader syndical. "Le gouvernement, le pouvoir, le chef de l'État font comme s'il ne se passait rien", a martelé Bernard Thibault. "Les syndicats continuent d'assumer leurs responsabilités" et "personne ne peut penser que nous allons laisser les choses en l'état", même si la loi a été votée, a-t-il assuré. Ainsi, "sur la reconnaissance de la pénibilité des métiers (...), nous allons (...) continuer à faire avancer cette revendication légitime", a souligné Bernard Thibault.
Cinq syndicats appellent à une journée d'action interprofessionnelle "multiforme" mardi sur le thème des retraites mais aussi des salaires, de l'emploi et des conditions de travail, près de deux semaines après la promulgation de la réforme.

MAIS IL NE SE PASSE RIEN, PAUVRE THIBAULT, Y'A QUE TOI, MON CRÉTIN PERPÉTUEL, QUI VOIT LES CHOSES BOUGER, ALORS, ARRÊTE DE BOIRE !!!!

Culottes anti-radiations pour voyageurs pudiques

Tout le monde n'a pas envie d'apparaître nu devant un agent des douanes d'aéroport lors de son passage au scanner corporel... Une petite entreprise américaine a mis au point des sous-vêtements anti-radiations permettant de dissimuler  les parties les plus intimes de leur anatomie.

Les culottes, soutien-gorge et caleçons vendus par la société "Rocky Flats Gear", basée dans le Colorado, sont agrémentés de feuilles de vigne ou de mains croisées fabriquées dans un matériau "qui bloque les radiations" et appliquées aux endroits stratégiques, souligne le site internet www.rockyflatsgear.com.

"Arrêtez les rayons X des aéroports, envahissants et dangereux!", proclame un bandeau sur le site. La boutique en ligne offre plusieurs modèles aux noms évocateurs, comme le "Patriot 3 Pack" pour homme, à 49 dollars, ou le "Flying pantie" pour femme, à 19,85 dollars. L'entreprise accorde des réductions aux familles et aux voyageurs fréquents, et offre la livraison.

Actuellement, 315 scanners corporels sont installés dans 65 aéroports américains, selon l'administration de la sécurité des transports (TSA). Sur internet, un homme filmé mi-novembre dans un aéroport en train d'invectiver un agent de la sécurité, l'enjoignant de "ne pas s'approcher des bijoux de famille", a remporté un immense succès.

LES AMÉRICAINS SONT  PUDIBONDS ET MANQUENT D'HUMOUR ! 
POURQUOI NE PAS METTRE UNE BANANE POUR LES HOMMES ? 
OU DES NOIX ? 
POUR LES FEMMES JE VERRAIS BIEN UNE GROSSE MOULE À LA PLACE DE LA FEUILLE DE VIGNE PIQUÉE À ÈVE QUI, ELLE, N'A JAMAIS PRIS L'AVION.

Sarkozy s'emporte contre la presse accusée de parler sans preuve

Le président Nicolas Sarkozy s'est récemment emporté face à des journalistes à propos du dossier Karachi, affirmant à l'un d'eux: "Il semblerait que vous soyez pédophile, j'en ai l'intime conviction" pour signifier qu'on ne peut mettre en cause quelqu'un sans preuve.
L'échange, relayé lundi soir par plusieurs sites internet, a eu lieu en marge du sommet de l'Otan à Lisbonne vendredi soir, alors qu'au même moment en France Dominique de Villepin relançait les soupçons de rétrocommissions vers Paris en 1995, dans le cadre du contrat d'armement avec le Pakistan au coeur de l'affaire de l'attentat de Karachi.
A l'époque Nicolas Sarkozy était ministre du Budget et porte-parole de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, sur laquelle planent des soupçons de financement illégal potentiellement lié à ces rétrocommissions.
"On est dans un monde de fous", a déclaré le président. "Il n'y a pas un seul parmi vous qui croit que je vais organiser des commissions et des rétrocommissions sur des sous-marins au Pakistan, c'est incroyable."
Puis il s'adresse à un journaliste, dans une démonstration par l'absurde: "Et vous, j'ai rien du tout contre vous. Il semblerait que vous soyez pédophile... Qui me l'a dit ? J'en ai l'intime conviction (...) Pouvez-vous vous justifier?".
Le président emploie encore le mot deux ou trois fois, preuve de sa colère. "Amis pédophiles, à demain ! ", lance-t-il en quittant les journalistes qu'il allait retrouver samedi en conférence de presse.
En mai 2002, l'attentat de Karachi (Pakistan) avait coûté la vie à 15 personnes dont 11 salariés français de la Direction des Constructions navales (DCN) travaillant à la fabrication d'un sous-marin. Une des pistes de l'enquête est que cet attentat pourrait avoir été commis en représailles à l'arrêt du versement de commissions sur des contrats d'armement après l'élection de Jacques Chirac en 1995.

CET ARTICULET DU "MONDE" PROUVE BIEN QUE CE TORCHON S'EST ENGAGÉ  DANS UN ANTISARKOZYSME PLUS QUE PRIMAIRE. 
LE PROBLÈME EST QUE LE MÉTIER DE JOURNALISTE N'EST PLUS REPRÉSENTÉ DANS CETTE FEUILLE DE CHOUX.

Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites

Pour la neuvième fois depuis la rentrée, les syndicats appellent mardi 23 novembre à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. La dernière journée de manifestation, le 6 novembre, était loin d'avoir fait le plein et depuis, la loi a été promulguée, le 10 novembre. Aussi les syndicats s'attendent-ils à une journée peu suivie. : la CGT annonce 200 rassemblements, un chiffre inférieur à celui des précédentes journées ; à la CFDT, ni le site Internet ni l'hebdomadaire de la confédération ne mentionnent la journée d'action. A Toulouse, ce syndicat fera bande à part en organisant son propre rassemblement.

Cette fois, l'intersyndicale n'appelle pas à la grève et laisse aux organisations locales le choix des modalités d'action. A Paris, un cortège fera le court trajet entre Opéra et la place de la Bourse, où les manifestants tenteront de former une chaîne humaine autour du palais Brongniart. A la SNCF, seul SUD-Rail a déposé un préavis de grève. Aucune perturbation n'est prévue à la RATP, où des préavis de grève illimitée courent depuis octobre. Des préavis de grève ont été déposés dans les transports publics de dix-neuf villes.
UN MOT D'ORDRE REFORMULÉ
La CFE-CGC et la CFTC ne participeront pas à la journée de mardi, de même que Force ouvrière : FO y voit "une stratégie d'oubli ou de diversion", quand la CFTC et la CFE-CGC estiment que l'heure n'est plus aux manifestations mais à "de nouveaux modes d'action". "Je ne pense pas que [cette journée] sera de nature à changer quoi que ce soit" sur les retraites, a dit Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, lundi sur BFM, regrettant la façon dont s'est organisée la mobilisation contre la réforme. "On n'a pas utilisé tout ce qui était possible", car "FO avait proposé à plusieurs reprises une journée de grève, vingt-quatre heures de grève, ensemble public/privé. Je pense que si l'on avait fait ça ensemble, par exemple entre le 12 et le 19 octobre, cela aurait pu rebooster le mouvement", a-t-il regretté mardi sur RFI.
Pour les syndicats CGT, CFDT, FSU, Solidaires et UNSA, "la mobilisation d'un niveau exceptionnel" de l'automne "a mis en lumière l'insatisfaction criante des salariés et leurs revendications en matière d'emploi, de salaires, de conditions de travail, d'inégalité entre les femmes et les hommes, de fiscalité et de partage des richesses". Ainsi, certains des syndicats signataires de l'appel ont élargi le mode d'ordre pour cette journée d'action : dans son tract appelant à manifester, la CFDT cite désormais l'emploi, les conditions de travail et la justice sociale ; la dirigeante de la FSU, Bernadette Groison, évoque la défense du service public et "des questions sociales majeures souvent liées entre elles".
A l'inverse, pour la CGT comme pour Solidaires, "la question centrale reste celle des retraites", dont les mesures d'âge n'entreront en vigueur qu'en juillet prochain. "Les syndicats continuent d'assumer leur responsabilité d'aider les salariés à créer les conditions pour être entendus sur les revendications sociales", a déclaré Bernard Thibault mardi sur France 2. "Sur les retraites, c'est une piqûre de rappel. Personne ne peut penser que nous allons laisser les choses en l'état. Et nous offrons aujourd'hui aux salariés une nouvelle occasion d'exprimer leur désaccord", a dit le secrétaire général de la CGT.
Des négociations sur les retraites complémentaires, qui concernent tout le secteur privé, s'ouvriront vendredi et remettront sur la table la question des retraites, rappelle Nadine Prigent, secrétaire confédérale de la CGT. Une renégociation sur l'indemnisation du chômage s'ouvrira également début 2011. "Les syndicats ne peuvent pas laisser suspendu ce mouvement social", dit Mme Prigent, jugeant qu'il est de leur devoir de rappeler au patronat et au nouveau ministre du travail, Xavier Bertrand, que les manifestations ont été d'une ampleur inégalée depuis 1995.

TOUJOURS LA MÊME IGNORANCE CRASSE DES SYNDICATS ÉDUQUÉS DANS UNE VISION GAUCHISTE DE TRAVAIL ; " LE PATRON EST RICHE, C'EST DONC MON EXPLOITEUR, IL FAIT DES PROFITS SUR MON DOS".
TAXONS SES PROFITS ET DISTRIBUONS-LES !!!
AH C'EST BEAU !!!
(comme une crêpe au chorizo)
QU'EN  SERA-T-IL QUAND LE "PATRON-EXPLOITEUR" NE FERA PLUS DE BÉNÉFICE ?
IL METTRA LA CLÉ SOUS LA PORTE...ET LÀ, PLUS DE SALAIRE, PLUS DE RETRAITE, ET EN PLUS ILS LE TRAITERONT DE SALAUD.

Un sauvetage au goût amer

Entre 80 et 100 milliards d’euros. On ne connaît pas encore le montant du plan d’aide sur lequel l’Irlande, l’Union européenne et le FMI se sont mis d’accord le 21 novembre. Mais une question se pose : est-ce la bonne décision ? Le Corriere della Sera et la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung pèsent le pour et le contre.

Pour : Une décision juste, quoique tardive

Le 21 novembre, les pays de la zone euro sont parvenus à définir une position commune avec les autres membres de l'UE et avec le FMI pour éviter un défaut de paiement qui aurait menacé l'avenir de la monnaie unique. Face à la crise de la dette privée irlandaise, qui menace d'entraîner avec elle les finances publiques du pays, ils vont utiliser le fonds de stabilisation constitué au printemps dernier pour affronter la crise de la dette grecque.
Les modalités et la teneur de ce nouveau plan indiquent d'ores et déjà que, tout comme pour la Grèce, une solution a été trouvée alors que l'on était au bord du précipice. Cela induit deux éléments d'optimisme et une inquiétude pour tous ceux qui ont à cœur le destin de l'euro et souhaitent, pour son renforcement et sa croissance, une plus grande coordination entre les Etats membres.
La première raison d'être optimiste est que, malgré les faiblesses des institutions européennes et les erreurs politiques de parcours, les pays européens leaders et les institutions internationales parviennent à la 25e heure à trouver des issues raisonnables avec les gouvernements au centre des crises. Le second élément positif est que même si elles ont une forme erratique et confuse, ces solutions constituent des progrès dans la construction des deux éléments indispensables à une solution plus stable et structurelle des crises internes à l'Union monétaire : une coordination fiscale plus forte et une vigilance financière plus intégrée.
Ces deux raisons d'être optimistes ne peuvent toutefois masquer un élément qui revient systématiquement : les solutions européennes surviennent tardivement et au bout de parcours déchirants qui laissent des traces.
En plus d'augmenter les coûts financiers et sociaux de chaque manœuvre d'ajustement, cela indique que de nombreux dirigeants nationaux ne sont pas parvenus à communiquer à leurs électeurs ce qui devrait aller de soi : sans une zone économique et institutionnelle intégrée, tous les pays d'Europe continentale (France et Allemagne comprises) seront condamnés dans une dizaine d'années à jouer un rôle secondaire par rapport aux grandes puissances asiatiques et américaines.
Face à un enjeu aussi stratégique, il serait préférable, plutôt que d'invoquer dans une optique politique exclusivement interne une "punition" des Etats membres les moins vertueux et des investisseurs imprudents, que madame Merkel et ses adversaires se dépensent pour convaincre la classe moyenne allemande que son bien-être futur est étroitement lié au destin de l'Europe et que, pour cela, sa force économique doit se traduire par une force politico-institutionnelle au service d'une construction européenne coopérative.
Marcello Messori, Corriere della Sera, Milan

Contre : Une aubaine de plus pour les banques

Josef Ackermann est subitement devenu un homme d’Etat. Ces derniers jours, le PDG de la Deutsche Bank s’est lancé dans une tournée bruxelloise, rendant visite au président de la Commission européenne [José Manuel Barroso], au président du Conseil européen et au commissaire chargé du marché intérieur [Michel Barnier]. "L’Europe doit être protégée dans son ensemble et ne pas tomber victime de raisonnements économiques à court terme", a-t-il déclaré.
Lorsqu’un Suisse, patron de la Deutsche Bank, professe un tel amour de l’Europe, la prudence est de mise. Le message de Josef Ackermann est clair : les pays européens doivent apporter leur aide financière à l’Irlande. Ce qu’Ackermann ne dit pas apparaît toutefois clairement lorsqu’on y regarde à deux fois : en aidant l’Irlande, l’Europe aiderait aussi les banques allemandes, deuxième plus grands créanciers de l’Irlande après le Royaume-Uni. Les banques allemandes ont consenti plus de 100 milliards d’euros de crédit à l’Irlande, dont près de 40 milliards d’euros à des banques irlandaises. Il est vrai qu’il fut un temps où l’Irlande était le casino favori de l’Europe.
La crise financière est revenue là où elle a commencé : au niveau des banques. Ces dernières sont de plus en plus effrontées. Il y avait eu la faillite de Lehman Brothers, qui justifiait le sauvetage des banques par l’argent public, mais c’est à présent à éviter toute crise potentielle que l’argent des contribuables devrait servir. Les banques n’auraient ainsi pas à couvrir le risque pour lequel elles font pourtant payer des intérêts rondelets : celui d’une situation de crise plaçant un débiteur dans l’impossibilité d’honorer ses engagements.
Voilà qui fait sortir les économistes de leurs gonds.
Pour Hans-Werner Sinn, directeur de l’Ifo Institut de Munich, "il existe une alliance entre l’Union européenne et les banques allemandes en faveur d’un plan d’aide à l’Irlande". Il est pourtant clair que l’Irlande n’a pas besoin d’aide. Le PIB par habitant y est 20% supérieur à celui de l’Allemagne et le niveau d’endettement reste maîtrisable même s’il devait s’aggraver. "L’Irlande n’est pas en situation de faillite." En réalité, ce sont les banques qui ont dramatisé la situation afin d’obtenir ce qu’elles voulaient au niveau politique. "C’est toujours pareil. Ca devient usant à la longue."
Une fois encore, les banques allemandes flairent la bonne affaire. Les responsables politiques jouent le jeu et ne pipent pas mot à propos des banques. Les plans de sauvetage à destination des banques ne sont en effet plus très populaires depuis celui d’Hypo Real Estate et consorts [qui a coûté 100 milliards à l’Allemagne]. Il est plus facile de vendre la solidarité avec l’Irlande que la solidarité avec Josef Ackermann. Les banquiers usent et abusent de la rhétorique solidaire, évoquant le spectre de réactions en chaîne et d’effet domino après l’Irlande.
Stefan Homburg, spécialiste des finances à l’université de Hanovre, est convaincu que ces craintes sont exagérées. "Il ne s’agit pas de la survie des banques allemandes mais d’éviter des pertes de valeur", explique-t-il. Pour lui, cela fait longtemps que les grands banquiers sont plus puissants que les responsables politiques, et beaucoup plus intelligents.
Durant la crise, il a acheté des actions de la Deutsche Bank, dont la valeur augmente à chaque plan de sauvetage. "Cette plus-value compensera les impôts supplémentaires que je vais devoir payer à cause du sauvetage des banques."

L’élargissement avance sans passion

C’est une sorte de bulletin de notes annuel des pays candidats à l’adhésion. Mais la publication du rapport de suivi par la Commission européenne, le 9 novembre, est considérée par la presse comme le signe d’une lassitude généralisée.
L’époque faste des élargissements de l’Union européenne est bel est bien achevée”, constatent Les Echos. “Ce changement d’état d’esprit se sentait dans le ton et les mots employés par le commissaire européen, Štefan Füle, présentant le rapport annuel consacré à la candidature de neuf Etats des Balkans, de la Turquie et de l’Islande”, le 9 novembre à Bruxelles.
La Commission, explique le quotidien économique français, “propose peu de nouvelles étapes aux neuf pays qui frappent à sa porte, si ce n’est d’octroyer le statut de candidat au Monténégro, issu de l’ex-Yougoslavie, mais pas à l’Albanie, à qui il est demandé d’assurer ‘la stabilité des institutions en garantissant la démocratie et l’Etat de droit’.
"L’adhésion de la Croatie est en vue", se félicite Vjesnik à Zagreb. Citant Štefan Füle, ce quotidien proche du gouvernement précise que "les 100 derniers mètres du marathon sont toujours les plus difficiles à accomplir", en particulier le chapitre "Justice et lutte contre la corruption", l’un des huit qui ne sont pas encore clos sur les 33 du traité d’adhésion.
Bruxelles, précise son confrère Novi Listattend notamment que la Croatie intensifie ses efforts dans la lutte contre la corruption au plus haut niveau, en visant les affaires qui touchent le parti au pouvoir, l'HDZ, impliqué dans l’extorsion des fonds des entreprises publiques pour remplir ses caisses". Les enquêtes en cours ont déjà mis en cause un ministre et le trésorier de l’HDZ, ainsi que l’ancien Premier ministre, Ivo Sanader, qui a démissionné en 2009, sans raison apparente.   
En dehors de la Croatie, l’UE ouvre ses portes aux nouveaux venus balkaniques “avec prudence et hésitation”, juge Rzeczpospolita. Quant à la Turquie, qui demeure “un énorme problème pour l’UE”, les perspectives sont plus sombres. Pourtant, la presse turque est quasi muette sur le sujet. Cela est-il dû au fait que le 10 novembre est le jour anniversaire de la mort de Moustapha Kemal Atatürk (décédé en 1938) et que cette commémoration occupe une large place dans les médias turcs ? Ou bien, faut-il y voir l'un des signes du désenchantement de l'opinion turque envers l’UE ?
Hürriyet souligne tout de même que la Commission avait reproché à Ankara le manque de concertation qui a caractérisé la révision constitutionnelle approuvée par référendum le 12 septembre dernier. Le quotidien relève également que Bruxelles critique le seuil électoral de 10% exigé pour qu'un parti puisse siéger à l'Assemblée nationale, car aucun pays de l'UE ne fixe de seuil de représentativité aussi élevé. Cette remarque ne figurait pas dans les rapports 2008 et 2009, et sa réintroduction s'inscrit sans doute dans le désir de lever un obstacle à la résolution de la question kurde, analyse le quotidien stambouliote . 
Entre Bruxelles et Ankara, note de son côté La Stampa, “le dialogue cale en apparence sur des questions juridiques et politiques : le cas kurde, le contentieux avec Athènes, les droits de l’homme, la discrimination religieuse, la condition des femmes. Mais en réalité, la France et l’Allemagne ne veulent pas en entendre parler. Et si ces deux pays rechignent, personne ne peut faire grand-chose pour remettre le dossier de la Sublime Porte sur le bon chemin”.
Plus généralement, “l’UE est lasse de l’élargissement”, note Gazeta Wyborcza, qui explique cette lassitude par la crise économique et l’importante immigration roumaine et bulgare qui a suivi l’élargissement à ces deux pays en 2007. “Les Français, les Allemands, les Autrichiens sont très réticents à accepter de nouveaux pays dans un bref délai. En retour, certains gouvernements balkaniques sont découragés par le manque de perspective d’adhésion dans la décennie à venir, perdent leur motivation pour combattre la corruption ou être attentifs aux violations  de la liberté d’expression”, souligne le quotidien de Varsovie.
Dans ce contexte, “la présentation du rapport sur l’élargissement et les négociations d’adhésion est devenu, depuis 2007, un rituel vide de sens et plein de clichés”, estime Der Standard : “à l’époque, on a entériné l’élargissement vers l’Est avec la Roumanie et la Bulgarie. Et puis une grande fatigue s’est fait sentir.”
A chaque fois, rappelle le quotidien autrichien, "la Commission certifiait aux candidats restants, la Croatie et la Turquie, et depuis plus récemment l’Islande et le Monténégro, de petits avancées et nombre de problèmes politiques et économiques non résolus. Et cela s’est poursuivi ainsi : après chaque rapport, un débat farouche et polémique sur la Turquie s’est déclenché dans l’opinion publique.” 
Entre les pour et les contre, il reste “peu de place reste pour la nuance", déplore le Standard : "dommage. La polémique autour d’Ankara cache le fait que c’est dans les Balkans, la région de l’élargissement la plus proche de l’Union, que les avancées sont les plus grandes. C'est important, particulièrement pour l’Autriche. Nous devrions moins nous disputer à propos de la Turquie et discuter davantage de la préparation du moment où tous les petits Etats balkaniques feront partie de l’UE - probablement bien avant la Turquie.”

Convulsions


Après avoir proclamé pendant des semaines qu’elle n’aurait pas besoin d’aide internationale pour éviter la faillite, l’Irlande a fini par reconnaître qu’elle ne s’en tirerait pas seule. L’Union européenne et le Fonds monétaire international vont lui avancer jusqu’à 90 milliards d’euros. La Grèce avait, pareillement, juré qu’elle ne ferait pas appel à la solidarité de ses pairs, avant de réclamer, au printemps dernier, 110 milliards. Et voici le Premier ministre portugais qui proclame, à son tour, que son pays n’a « besoin d’aucune aide »… Devinez la suite ! L’Europe n’a pas fini de renflouer ses États les plus fragiles, en échange de leur mise sous tutelle budgétaire.


Ces « aides » — chèrement payées par ceux qui les versent et par ceux qui les touchent —, loin de régler définitivement la crise financière, provoquent des effets secondaires violents. Le FMI préconise de soigner le mal par le mal. Son directeur, Dominique Strauss-Kahn, s’est présenté en « régulateur » de « gauche » après le G20, afin de rester dans la course à l’investiture socialiste pour 2012. Mais à Washington, il applique, sans y changer un iota, les vieilles recettes de la saignée enseignées par Wall Street, recettes qui ont déjà fait haïr le FMI en Argentine dans les années quatre-vingt-dix. En Irlande, le gouvernement a promis de réduire les allocations familiales et le Smic, mais il ne touchera pas à la taxation des entreprises. C’est immoral et inefficace pour sauver l’euro, puisque la concurrence déloyale va continuer de plus belle entre ceux qui utilisent la monnaie unique : en France, les sociétés sont imposées à 33 %, en Irlande, elles le sont à 12,5 %.


Le patron des syndicats européens n’a pas tort quand il dénonce une « punition » infligée au peuple irlandais. Les aides vont aux banques, qui ont plongé le pays dans la catastrophe, les sacrifices sont demandés aux habitants. L’exemple grec a déjà montré les limites de cette stratégie : le déficit ne baisse pas – il vient d’être revu à la hausse par Athènes – et l’agitation sociale fait craindre, à tout instant, des dérapages. Cette agitation s’est emparée hier de l’Irlande, où elle n’a pas tardé à se traduire, sur le plan politique, par l’annonce de la prochaine dissolution du Parlement. La question est posée : le sauvetage de l’euro doit-il passer par des convulsions incontrôlables dans les pays qui ne peuvent pas en supporter le poids ?

Amours


La libération des mœurs n'est pas toujours facile à vivre dans la transparence. Avant, c'était simple : il y avait l'épouse (ou l'époux) et les aventures, multiples et cachées. François Mitterrand et Jacques Chirac jouèrent ainsi une comédie dont nul n'était dupe, mais qui dura… Les temps ont changé. Notre Président a divorcé puis s'est remarié presqu'en direct live, et les amours de nos politiques s'étalent dans la presse. Résultat : Béatrice Schönberg avait démissionné à cause de Jean-Louis Borloo, Michèle Laroque revient de Suisse quand François Baroin devient ministre du Budget, aujourd'hui Audrey Pulvar est mise sur la touche à cause d'Arnaud Montebourg… La liste pourrait être encore longue. Il existe une solution, la promotion-bénédiction : ainsi Patrick Ollier, devenu ministre avec sa chère Michèle Alliot-Marie. Imaginez un gouvernement avec Arnaud Montebourg et Audrey Pulvar…

L'Irlande, c'est pire que la Grèce !

L'Irlande marchet-elle vraiment dans les pas de la Grèce ? A première vue, leurs histoires sont assez voisines. Dans la crise qui secoue le monde depuis 2008, la république celtique est le deuxième pays de la zone euro à venir réclamer l'aide conjointe de la Commission européenne et du FMI pour sauver ses finances en péril, après la République hellénique. Les deux pays sont « périphériques », aux bordures de l'Union. Dans leur forte croissance des années 2000, avec des salaires au galop (de 5 à 6 % d'augmentation par an contre 2 % en moyenne dans la zone euro), ils ont accumulé les excès. Il leur faut donc à chacun une centaine de milliards d'euros pour se remettre à flot. Pour l'Europe, les deux épisodes auraient la même signification : il faut mieux surveiller, mieux sanctionner.
Sauf que… les histoires sont bien différentes. Il faut donc en tirer des leçons elles aussi différentes. Les deux pays sont en réalité très éloignés, et pas seulement sur le plan géographique. Economiquement, Athènes est tournée vers la Méditerranée, avec sa tradition de finances publiques prodigues. Dublin regarde vers le Royaume-Uni et sa fascination pour la finance privée. Avant la crise, l'Irlande était en excédent budgétaire (3 % du PIB de surplus en 2006, avec une dette limitée à 25 % du PIB) tandis que la Grèce n'a jamais approché l'équilibre (le moins mauvais chiffre étant 4 % de déficit en 2006, avec une dette flirtant déjà avec les 100 %).
Les événements de ces derniers mois reflètent ces divergences. Avec trois différences majeures. D'abord, la Grèce vit une crise de la finance publique, l'Irlande une crise de la finance privée. Athènes a laissé filer les dépenses de l'Etat à la française, puis aggravé son cas en dissimulant la réalité. Dublin a laissé les banques faire n'importe quoi, à l'anglaise. Bien sûr, le gouvernement irlandais a dû nationaliser les établissements en difficulté. La crise est alors de facto devenue publique (avec un déficit public hallucinant de… 32 % du PIB cette année) et Dublin a cyniquement poussé les banques à solliciter massivement les fonds de la BCE. Mais l'origine de la crise irlandaise est bien privée, alors qu'elle est publique en Grèce - où les banques ont encaissé le choc.
Cette différence de nature amène une deuxième différence, de comportement. Athènes a fait désespérément appel aux Européens, car il n'y avait plus d'argent dans les caisses pour rembourser les emprunteurs ou payer les fonctionnaires. A l'inverse, Dublin aurait pu tenir encore des mois car le gouvernement avait accumulé des noisettes pour passer l'hiver financier et ses banques pouvaient continuer de se refinancer auprès de la BCE. Mais la BCE en avait marre d'acheter des produits irlandais pourris et les autres pays redoutaient les effets de contagion - l'Espagne pour sa dette publique, le Royaume-Uni pour ses banques. Ce sont donc les pays européens qui ont poussé le gouvernement irlandais à accepter un plan d'aide pour sauver ses banques.
La troisième différence entre les deux pays est encore plus grande. L'un était considéré depuis longtemps comme un cancre alors que l'autre était le chouchou. La Grèce avait été admise dans l'Union européenne pour préserver sa démocratie, puis dans l'euro malgré ses mauvaises notes, seulement parce que c'était un pays qui semblait trop petit pour mettre en péril l'édifice monétaire. Sa crise a confirmé les principes européens : en union monétaire, il faut exercer une forte vigilance budgétaire. Il en va tout autrement avec l'Irlande. Elle était le parfait élève de l'Union. Exemplaire par beau temps : le pays avait su profiter des subventions versées par l'Union pour engendrer un boom économique. Exemplaire aussi dans la tempête, qui avait commencé ici dès la fin 2006 : le gouvernement a appliqué à la lettre le manuel des pays en difficulté, relevant massivement les impôts et taillant dans les dépenses publiques pour rééquilibrer ses comptes bien avant que Bruxelles ne tire la sonnette d'alarme. Or la crise irlandaise dépasse en ampleur la crise grecque ! Dublin a besoin d'autant d'argent qu'Athènes… pour un pays presque trois fois moins peuplé. Après la crise irlandaise, l'Europe va devoir revoir complètement ses critères d'évaluation d'une bonne politique économique. Et travailler avec l'idée que si la folie publique peut atteindre des sommets, le délire privé peut aller encore plus loin.

Le tigre et le renard


Fini le « miracle » irlandais ? Le « tigre celtique », qui exhibait ses muscles à la manière d'un dragon asiatique, dans les années 1990, à hauteur de 9 % de croissance annuelle, est à terre, paralysé par la dette de ses banques. Il narguait le continent de sa réussite insolente. Il accepte de tendre la sébile pour sauver sa peau... Et celle de ses nouveaux tuteurs. Est-ce la fin d'un modèle économique ? Sûrement. De la capacité de rebondir de l'Irlande ? Sans doute pas.


Il y a trente ans, le tigre n'avait que les os et la peau. Tout galopait dans le mauvais sens : la dette publique abyssale, l'inflation à deux chiffres, la pauvreté, le chômage... Seule l'Espagne faisait pire. Et puis, miracle, au milieu des années 1980 : l'Irlande découvre la potion magique, un cocktail étonnant de volontarisme étatique et de libéralisme débridé. Un zeste de vertu budgétaire, une pincée de salaires attrayants parce que faibles, une grosse poignée d'aides européennes et, surtout, un taux d'imposition très attractif (12,5 %) pour ne pas dire à la limite du dumping. C'est essentiellement avec la carotte de ce joker fiscal que Dublin a pu attirer les grands de l'informatique IBM, Intel, Compaq puis Microsoft et Google et de tous les secteurs technologiques de pointe : industrie pharmaceutique, services financiers...


C'est la réussite de ce modèle et de ses retombées sur l'emploi et le pouvoir d'achat, qui est aujourd'hui minée par trois virus. Les effets de la crise économique mondiale sont particulièrement sensibles pour un membre de l'eurozone tourné vers l'export et tout particulièrement les États-Unis. La montée en puissance de la concurrence des pays de l'Est et de la Chine va crescendo.


Mais il y a, plus fondamentalement, la déroute bancaire domestique. Euphorisées par le boom économique et le climat des affaires, dénuées de tout contrôle digne de ce nom, les banques se sont mises à prêter aveuglément dans les années 1990-2000 jusqu'à rendre l'économie outrancièrement dépendante du secteur de la construction. L'éclatement brutal de la bulle immobilière a sapé les fondements fragiles et artificiels de cette économie champignon.


Le tigre a un genou à terre, mais il a peut-être plus de ressources qu'on n'imagine pour se redresser. Outre la manne financière des institutions européennes et internationales (BCE, FMI), il bénéficie du soutien très remarqué de trois grandes capitales : Londres, Washington et Berlin. Autrement dit, trois pays déterminants de l'économie du monde ne sont pas du tout prêts à laisser tomber Dublin. Et pour cause : il y va de leurs intérêts économiques bien compris et d'abord de leurs banques, particulièrement exposées en Irlande... Je te tiens, tu me tiens par la barbichette !


Au-delà des vicissitudes conjoncturelles, l'Irlande conserve trois atouts maîtres dans la bataille économique mondiale :


 Une capacité d'assainissement (d'austérité) budgétaire avérée, avec une réduction du revenu minimum, des indemnités de chômage, des allocations familiales...


 Un terreau économique favorable. Le pays ne se paie pas de mots pour promouvoir l'éducation et la recherche. Il en a fait de vraies priorités dans la durée, il investit dans l'avenir.


 Enfin, un atout fiscal dérogatoire qui fait de la résistance sous le rabot du FMI et de la BCE.


Dans le donnant, donnant avec ses généreux donateurs, le tigre n'a apparemment pas complètement baissé sa garde. Il y a du renard dans ce tigre.

Les compteurs à zéro

Le gouvernement a gagné la bataille des retraites. Celle-là, du moins. Prévue en sourdine, ou presque, la journée d'action de ce mardi ne fera qu'accompagner discrètement le corbillard de la grande mobilisation sociale de la rentrée.
L'intersyndicale, de toutes façons, ne se faisait guère d'illusions sur la survie d'un mouvement usé par la résistance d'un pouvoir resté sourd aux cris des défilés et indifférent à leurs injonctions d'abandon de la réforme. Cette fois, la rue n'a pas réussi à imposer sa volonté à l'Élysée. Et cette réalité risque de modifier profondément, à l'avenir, la logique du rapport de forces qui oppose généralement les protagonistes des conflits sociaux à la française.
La vieille mécanique, qui depuis la Seconde Guerre mondiale se met invariablement en marche pour tenter de bloquer les grandes réformes, s'est bien mise en branle, mais sans atteindre pour autant son objectif final... La CGT et la CFDT, qui l'admettent presque ouvertement, en sont réduites à sauver la face en espérant que des escarmouches d'arrière-garde viendront, plus tard, contrarier la mise en place de la loi désormais votée par le Parlement. Il ne reste plus qu'à entretenir la flamme...
De leur côté, les Français semblent avoir décidé de tourner la page. Les enquêtes d'opinion montrent que l'idée du report de l'âge légal du départ à la retraite a fait son chemin dans les esprits, lentement mais sûrement. Sur un air de résignation mais faute aussi d'avoir été séduite par une autre musique plus convaincante. L'opposition, PS en tête, a échoué, en effet, à vendre un projet de rechange crédible et, en dépit des divisions post-remaniement, le bloc de droite est plutôt en moins mauvais état qu'il ne l'était avant le début de la séquence contestation. Il reste bien la question des salaires, de l'emploi et des conditions de travail, mais - aussi étrange que cela puisse paraître - le pays a pour le moment la tête ailleurs. Le fracas inattendu de l'affaire Karachi n'en finit pas de recouvrir les premiers chuchotements d'un dialogue social interrompu par le cycle des grèves et des affrontements.
Pour la première fois depuis longtemps, le président de la République peut espérer une éclaircie dans le ciel plombé de novembre. En ouvrant les chantiers de la dépendance et d'une fiscalité « juste », il veut profiter de ce répit pour déployer une stratégie d'audace, là où tous ses prédécesseurs auraient préféré la traditionnelle prudence des fins de mandat. Puisqu'il était devenu incontournable, François Fillon sera la caution rassurante de ce choix risqué qui veut prolonger le roman turbulent de ce quinquennat.


La fable de Karachi


Les sous-marins du Pakistan ne connaîtront peut-être pas le sort des frégates de Taïwan, dont les morts et les milliards évaporés restent à l'abri du secret défense. On voit bien depuis quelques jours que l'affaire de Karachi ne demande qu'à quitter l'enterrement de première classe des contrats d'armement qui ne valent que par leur silence d'or.


De lourds sous-entendus en inévitables promesses de transparence, les sous-marins semblent remonter en surface en même temps que les non-dits de la guerre balladuro-chiraquienne d'hier.


Rumeurs, insinuations malveillantes, échafaudage d'hypothèses ont pris le relais de la « fable » dénoncée l'an dernier par Nicolas Sarkozy. À ce stade en effet, rétrocommissions, attentat, compte de campagne d'Édouard Balladur n'ont de lien que celui du soupçon. L'exigence de preuve n'est pas seulement légitime. Elle est incontournable.


À la justice de faire son travail, entend-on ici et là, avec des accents que l'on a un peu de mal à croire partagés par tout le monde avec la même sincérité et sérénité.


Pour nourrir les soupçons d'une vérité que l'on cherche à cacher, il suffit d'aligner des éléments troublants : l'orientation de l'enquête pendant des années ; l'utilisation biaisée et totalement restrictive du secret défense, renforcé l'an dernier ; des dossiers essentiels toujours sous scellés ; les entraves à la mission d'information parlementaire ; la menace directe du parquet sur l'enquête du juge Van Ruymbeke ; le secret du Conseil constitutionnel sur les comptes de campagne.


Les verrous au travail de la justice sont donc assez nombreux pour que les familles de victimes doutent de la volonté de transparence et de vérité. Pourtant, des témoignages et des rapports commencent à lever le voile sur cette affaire promise à rebondissements, pour peu que certains crachent le morceau. Pour l'heure, difficile de prédire de quel côté penchera la balance de la justice, compte tenu du risque de tsunami politique. Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Mais c'est la morale d'une autre fable !

«Tant que Grèce, Irlande et Portugal ne seront pas sous perfusion, il y aura de l'instabilité sur les marchés»

Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, souligne que les marchés voient la facture enfler. Or, ils ne savent pas jusqu'à quel point elle va enfler.
 La réaction des marchés au sauvetage de l'Irlande apparaît très prudente, voire sceptique. Pour quelle raison ? 

On parle de ce sauvetage depuis une semaine, les marchés se doutaient que cela allait arriver assez rapidement. Il n'y a donc pas eu d'effet de surprise. Ce sauvetage est aussi la révélation que le trou est encore plus abyssal qu'on ne le craignait du côté des banques irlandaises. Les marchés voient la facture enfler, et ils ne savent pas jusqu'à quel point elle va enfler. On parle de montants gigantesques pour l'Irlande. 80 milliards d'euros, c'est la moitié de son PIB. Peut-on vraiment s'enthousiasmer sur le fait qu'on rajoute 50 % de sa richesse intérieure en besoins de financement pour un Etat ? Enfin, il y a toutes les questions qui suivent : comment va se mettre en place cette aide en pratique ? Est-ce que tout va bien se dérouler ? Et puis surtout : qui après l'Irlande ?

Le Portugal semble désormais dans le collimateur des marchés…

Les problèmes du Portugal sont assez différents de ceux de l'Irlande. Les banques portugaises, contrairement aux irlandaises, ne sont pas exposées au risque de fuite des dépôts par des non-résidents. Les problèmes du Portugal, c'est la grande fragilité de son économie, son manque de compétitivité évident et les scléroses de son marché du travail. Le pays va par ailleurs devoir faire face l'an prochain à de grosses tombées de dette. Dès le premier semestre, en avril et en juin, il va devoir lever des fonds simplement pour rembourser d'importantes échéances. Avec le risque que les marchés se ferment et qu'il soit contraint de chercher des fonds à l'extérieur. Tant que les trois « petits » pays européens, Grèce, Irlande et Portugal, ne seront pas sous perfusion, il y aura de l'instabilité sur les marchés.

Et si l'Espagne devait à son tour appeler à l'aide ?

Alors là, on change complètement de scénario. Le PIB espagnol est de 6 à 7 fois supérieur à celui de l'Irlande. Si l'Espagne ne peut plus accéder à des conditions normales de financement sur les marchés, ce n'est pas le Fonds de stabilité européen qui pourra rassurer. Aucun mécanisme d'assistance ne serait assez puissant pour éviter une restructuration ou un rééchelonnement de sa dette. Et l'onde de choc serait alors colossale. Mais cela ne me semble pas d'actualité. L'Espagne a abordé la crise avec des dettes moins élevées. Ses caisses d'épargne sont en mauvaise santé, mais les grandes banques sont solides. Le pays reste solvable et son accès au marché se fait à des conditions beaucoup plus avantageuses que celles des « petits » pays. Il faudrait vraiment de très mauvaises surprises sur l'état d'avancement de la réduction de son déficit public ou l'évolution du marché immobilier pour que cela change.

Les marchés pourront-ils se stabiliser tant qu'ils n'en sauront pas plus sur les mécanismes d'intervention après 2013 ?

Il est certain que la réflexion lancée fin octobre à ce sujet a créé davantage de tension que d'apaisement. La principale incertitude est de savoir de quelle manière on mettra à contribution les investisseurs privés en cas de nouvelles interventions. Sur le fond, il n'était pas critiquable de réfléchir à 2013 et au-delà. Mais, avant de mettre le sujet sur la table, il aurait mieux valu que le projet soit déjà ficelé. Il y a eu en outre une erreur de timing évidente. Quelques clarifications ont été apportées depuis : on sait que cela ne concernera pas les dettes passées mais uniquement les dettes futures. Quand on y verra plus clair, ce sera sans doute un facteur d'apaisement.

Comment va évoluer l'euro ?

Je continue de penser que l'euro est surévalué. D'abord, c'est la devise d'une zone monétaire qui est en grande difficulté : on va tester un mécanisme qui préserve de l'éclatement, mais c'est bien la preuve qu'on a de gros problèmes de contrôle budgétaire. Ensuite, la conséquence de ces problèmes de dettes publique et privée, c'est l'extension des plans d'austérité, qui n'est pas franchement positive pour la croissance. Enfin, le différentiel de politique monétaire, qui était à l'avantage de l'Europe contre les Etats-Unis avant l'été, apparaît désormais plutôt « neutre » : aucune des deux banques centrales ne devrait resserrer sa politique monétaire l'année prochaine. Tout cela mis bout à bout, la tendance devrait rester baissière pour l'euro.

Retraites : la CFDT gagne à perdre

C'est une CFDT pressée d'en finir et déjà rassérénée qui se mobilisera cet après-midi une dernière fois contre la réforme des retraites. A l'heure du baroud d'honneur, le constat premier n'est certes guère réjouissant pour les syndicats : la partie a été perdue et, par sa fermeté, Nicolas Sarkozy aura finalement souligné les limites de l'action syndicale. Mais tandis que chacun fait les comptes à l'issue d'un conflit hors normes, le leader cédétiste, François Chérèque, peut se targuer d'avoir atteint l'essentiel de ses vrais objectifs. Décryptage d'une tactique basée sur l'art de gagner à perdre…


Toute la stratégie de la CFDT doit en effet se lire à l'aune du double point de départ de sa réflexion. Primo, elle n'a jamais cru possible de faire reculer Nicolas Sarkozy sur les passages à 62 et 67 ans. Les contraintes budgétaires étaient là, le chef de l'Etat en faisait un marqueur politique. La CFDT le savait. Secundo, elle a renoncé d'emblée à négocier une réforme incluant des reports des bornes d'âge. Il était hors de question pour elle d'endosser une partie de son inévitable impopularité. Le souvenir du cauchemar de 2003, où elle était sortie vilipendée, déchirée et isolée de son soutien de dernière minute à la réforme Fillon, était encore vivace. Dans l'organisation en général, et chez François Chérèque en particulier, lui que l'épisode, une année à peine après son arrivée à la tête de la centrale, avait beaucoup meurtri.


Impossible ou presque d'empêcher la réforme, exclu de l'accompagner : dans ce contexte, la CFDT a vite compris qu'il fallait tout faire pour rendre la défaite annoncée la plus profitable possible pour son propre avenir. D'un bout à l'autre du conflit, son véritable objectif aura été de soigner son image combative en vue de se racheter une virginité après sa « trahison » de 2003. C'est ce qui explique, malgré des divergences de fond profondes sur la question des retraites, la proximité que François Chérèque aura savamment affichée avec son homologue cégétiste, Bernard Thibault. Ce mariage de raison a été payant. L'opinion lui sait gré d'avoir orchestré l'unité syndicale sans jamais tomber dans la radicalisation excessive. Le soutien des Français au mouvement a fait gagner la CFDT en audience, popularité et légitimité. Cela lui a permis de continuer à faire le vide autour d'elle. Dans le prolongement de la réforme de la représentativité de 2008 et des manifestations de 2009 contre la crise, le conflit sur les retraites a confirmé que, côté syndical, il y a désormais le puissant tandem CGT-CFDT, aux manettes, et les autres.


Le second objectif de la CFDT était de faire infuser ses idées dans les débats en vue de batailles futures. Elle peut, là aussi, se féliciter d'avoir, en partie, « gagné la bataille de l'opinion ». Pas à pas, l'idée que la réforme « équitable » vantée par l'exécutif serait en réalité « injuste » a gagné les esprits. La centrale a alors réussi à porter les projecteurs sur les cas des salariés à métiers pénibles, de ceux qui ont commencé jeunes (les carrières longues) et des mères à carrières hachées - ses sujets de prédilection. Surtout, la CFDT a arraché, in extremis, que soit gravé dans la loi le principe d'une « réflexion nationale » en 2013 sur une réforme systémique de plus grande envergure (retraite par points), son grand cheval de bataille. C'est une forme de reconnaissance de sa capacité de proposition et cela a une conséquence directe déterminante : que la gauche ou la droite l'emporte en 2012, les retraites seront de nouveau à l'agenda politique dans la foulée. A défaut de vraiment peser lors de la première manche, François Chérèque a réussi à en ménager une seconde à brève échéance.


Le dernier objectif de la centrale était plus politique avec, en toile de fond du conflit, la présidentielle de 2012. La réforme des retraites aura largement contribué à mettre à mal des relations qui n'étaient déjà pas au beau fixe entre Nicolas Sarkozy, son conseiller social Raymond Soubie (qui vient de quitter l'Elysée) et François Chérèque. Au plus fort du conflit, le leader cédétiste a surjoué à dessein la rupture du dialogue mais le torchon a réellement brûlé. La CFDT, qui ne cache plus vraiment qu'elle mise désormais sur un retour au pouvoir de la gauche, a profité du conflit pour se réconcilier avec le PS (la brouille remontait, on y revient toujours, à 2003) et rejouer un rôle de boîte à idées d'une gauche moderne. En témoigne la tribune sur les retraites cosignée dans « Le Monde » du 9 septembre par François Chérèque et de nombreux économistes, chercheurs et personnalités de gauche (Thomas Piketty, Alain Touraine, etc.)


La CFDT ressort comme le principal bénéficiaire du conflit côté syndical mais aurait tort de s'exonérer pour autant de toute analyse autocritique. François Chérèque avait pris soin de protéger ses arrières en faisant valider par les militants eux-mêmes la position précise de la centrale, lors de son congrès mi-juin. Cela lui assure aujourd'hui un certain calme en interne mais, sur le terrain, les troupes sont aussi bien obligées de constater que l'alliance avec la CGT et un positionnement plus contestataire qu'à l'accoutumée n'auront pas permis d'arracher des gestes vraiment importants. Oui, la CFDT a beaucoup semé. Mais reste à savoir ce qu'elle va vraiment récolter. A terme, une partie de la base pourrait se demander si la centrale qui entend incarner une certaine idée du réformiste n'aurait pas eu plus à gagner à assouplir d'emblée sa position sur le passage de 60 à 62 ans, afin de mieux négocier des contreparties plus fortes. On ne le saura jamais. Mais il n'est pas interdit de le penser. Pour parer à ces interrogations et valider a posteriori cette tactique, François Chérèque espère désormais capitaliser sur les tensions nées du conflit pour obtenir des gestes sur les dossiers plus ou moins liés à la réforme, à commencer par l'emploi des jeunes et des seniors. Logique, mais incertain : de vrais gestes seront très durs à obtenir du gouvernement au vu des finances publique et, dans un contexte économique de lente reprise, les négociations avec le patronat seront ardues. Plus directement sur le dossier des retraites, le fameux « rendez-vous » de 2013 est en outre bien incertain. Sur le fond, la perspective d'un système par points fait peu d'émules : la CFDT est le seul syndicat à pousser ce scénario, le gouvernement est contre et le PS reste prudent.

Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle

L'information ne fera ni chaud ni froid à tous ceux qui ont perdu leur emploi et qui en recherchent un désespérément : la hausse du chômage aurait pu être bien pire depuis le début de la crise… C'est pourtant l'une des conclusions de l'étude publiée par le Conseil d'analyse stratégique (CAS) sous l'angle des perspectives de l'emploi à l'horizon 2015. Alors que la quasi-totalité des spécialistes pronostiquait la destruction de 1 million d'emplois, les entreprises n'en ont supprimé « que » la moitié en tirant parti de toutes les flexibilités possibles, internes comme externes. La conséquence est qu'elles mettront un peu plus de temps -mauvaise nouvelle -à embaucher et que la croissance sera presque sans emploi dans les deux ou trois prochaines années. Mais cela ne veut nullement dire -bonne nouvelle -que la « job machine » soit définitivement cassée. Bien au contraire. Les calculettes du CAS affichent 650.000 postes créés dans les cinq années à venir. Du coup, le choc le plus profond de ces cinquante dernières années est paradoxal sur ce terrain de l'emploi : il ressemble davantage à une banale crise conjoncturelle qu'à la rupture historique qu'elle aurait dû être.

L'autre information qu'apporte cette étude est plus fine. Si on regarde dans le détail les secteurs où les emplois seront créés, les tendances longues de ces dernières années vont se poursuivre. L'économie va continuer à se tertiariser, tandis que -bonne nouvelle -le « verdissement » des activités aurait un effet positif sur les embauches, y compris dans l'industrie, sans toutefois empêcher son déclin. En revanche, la liste des secteurs les plus créateurs d'emplois dans le futur a de quoi -mauvaise nouvelle -faire perdre le sourire. Après les services aux entreprises et l'intérim, viennent (dans l'ordre) la construction, le conseil, les services à la personne, le commerce et les… activités récréatives et sportives. Bravo à eux ! Mais il y manque manifestement une connotation 3.0. Le secteur intitulé « recherche et développement » arrive en onzième place et créerait proportionnellement à sa taille moins d'emplois que chacun des précédents. S'il est loin de traduire l'ensemble des efforts des entreprises dans ce domaine, il est difficile, dix jours après la publication d'un rapport de l'Unesco assez alarmant sur la redistribution mondiale des cartes en matière de recherche, de ne pas s'en inquiéter.

Le palmarès des secteurs créateurs d'emplois d'ici à 2015

Une étude du Centre d'analyse stratégique montre qu'il faudra cinq ans pour retrouver le niveau d'emploi d'avant-crise. Certains secteurs seront néanmoins très dynamiques.


Enfin une touche d'optimisme. Alors que la timide reprise du marché du travail peine à se traduire dans les chiffres du chômage qui font du yo-yo, une note du Centre d'analyse stratégique publiée en exclusivité par « Les Echos » souligne l'existence de « forts potentiels de création d'emplois, dès les prochaines années, dans un certain nombre de secteurs identifiés ». Maxime Liégey et Cécile Jolly, du département travail emploi de l'organisme d'expertise auprès du Premier ministre (qui a succédé au commissariat au Plan), ont travaillé sur des projections sectorielles d'emplois à l'horizon 2015 dans les secteurs principalement marchands. Ils estiment que sur les cinq prochaines années, « les créations d'emplois sur les secteurs porteurs s'élèveront à 968.000 contre un total de 318.000 destructions nettes d'emplois dans l'ensemble des secteurs déclinants ».
L'industrie sera encore à la peine. Le secteur le plus performant, celui des chantiers navals, de l'aéronautique et du ferroviaire, n'arrive ainsi qu'en 14 e position, avec seulement 2.000 postes en plus. Mais l'un des intérêts de l'étude est de montrer qu'il ne faut pas s'arrêter aux seuls emplois directs. Le premier secteur créateur net d'emplois est en effet celui des « services opérationnels ». Derrière, se cache le cumul de l'intérim - avec 100.000 créations d'emplois -et des services aux entreprises - pour une centaine de milliers de postes. Ce sont deux activités qu'alimente inévitablement la production industrielle, tout comme le secteur des « conseils et assistance », qui arrive en troisième position.

« Les métiers vont changer »

La construction, quant à elle, fait une percée remarquée dans l'étude du CAS : elle arrive en deuxième position, avec un effectif en hausse de 149.000. Plus attendue est la présence du côté des secteurs les plus dynamiques des « services personnels et domestiques », avec 91.000 emplois créés en cinq ans. Ou encore celle du commerce, avec 112.000 emplois anticipés sur cette période. « Il n'y aura pas, demain, de nouveaux secteurs qui vont émerger, les gros bataillons des futures créations d'emplois vont avoir lieu dans des secteurs qui existent mais dont les métiers vont changer », résume le directeur général du CAS, Vincent Chriqui.
« Les tendances à long terme de l'emploi ont perduré avec la crise », ajoute-t-il. Elles sont au nombre de quatre : la « servicisation » de l'économie et le développement de l'économie d'usage, qui se traduisent par le développement des bouquets de services (on vend la voiture, le contrat d'entretien et l'assurance, voire le téléphone) ; le développement des services à la personne ; le verdissement de l'économie ; et enfin le développement des « emplois cognitifs » (R & D mais aussi design, marketing ou publicité).
La poursuite des tendances de long terme, c'est aussi le sens du deuxième enseignement de l'étude. On aurait pu penser que la crise provoque une déformation de la structure des emplois, et notamment de la répartition entre contrats à durée indéterminée et contrats précaires. Il n'en serait rien.
Il reste que le travail du Centre d'analyse stratégique comporte aussi sa part d'ombre. Il souligne que les entreprises ont amorti les effets de la crise sur l'emploi stable, relativement épargné : « Les destructions d'emplois sur 2009 et 2010 auraient dû être de 300.000 à 500.000 supérieures à ce qui a été effectivement observé. » Mais la contrepartie est la perspective d'une « croissance faiblement créatrice d'emplois à moyen terme » et plutôt orientée, dans un premier temps, vers l'emploi précaire. Et en 2015, on sera tout juste revenus à la situation de l'emploi d'avant la crise, estime le CAS. Attention toutefois : les rapporteurs se sont basés sur une croissance modérée du PIB de 2011 à 2015 (+1,6 %), comme l'OCDE, quand le gouvernement table sur 2,5 % dès 2012.

Si j’étais François Fillon...


S’ils étaient à la place de François Fillon, qui prononcera mercredi à la tribune de l’Assemblée nationale son discours de politique générale, que feraient-ils ? "Les Echos"ont proposé à trois économistes connus d’analyser la situation et de faire des propositions. Il s’agit de Patrick Artus, directeur de la recherche de la banque Natixis, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, et Olivier Pastré, professeur à l’université Paris VIII. Ce qu’ils disent est aussi intéressant sur les économistes que sur la politique !


Le point clef est un grand pessimisme sur la situation : au niveau mondial, c’est la guerre économique et rien n’a été réglé depuis le début de la crise en 2007. Une crise qui est née du transfert des productions vers les pays émergents, les pertes de revenus dans les pays riches étant compensés artificiellement par du surendettement (public ou privé) - lui-même facilité par des politiques monétaires laxistes.


Bref, ça continue et, pour l’avenir, ces économistes nous promettent désindustrialisation, excès de liquidité, mollesse de la croissance à cause du désendettement et flambée des prix des matières premières. Ce qu’ils disent de la France est que sa compétitivité s’est effritée depuis dix ans. Pas très gai !


Du côté des propositions, il y a d’abord ce qui concerne l’international. François Fillon, qui parle par la bouche (fictive) de nos économistes, annonce que la France va se battre pour que la BCE soit chargée de la politique de change de l’Europe pour arrêter que l’euro soit la victime impuissante des fluctuations du dollar. Aujourd’hui, elle a pour seule mission de lutter contre l’inflation.


En France, les économistes poussent à la baisse des dépenses publiques, mais dans le cadre d’une vraie réforme de l’Etat, et non plus à l’aveugle. Autres réformes envisagées : donner plus de moyens à l’éducation, diminuer les charges sociales sur l’emploi peu qualifié, aller vers une « flexi-sécurité » à la danoise en matière sociale et fusionner les aides à la reprise d’emploi. Voilà pour leur programme de gouvernement !


Tout cela, est-ce crédible ? Ces économistes ne vont pas dans le détail des réformes à faire, leur discours reste assez général. Ils ne se risquent pas sur l’ISF ou le bouclier fiscal ! Pourquoi ? Peut-être par humilité parce que leur métier n’est pas sorti indemne de la crise. Sans doute parce qu’ils savent bien, au-delà du jeu de l’exercice, que la politique est un autre métier.


Mais certainement aussi parce qu’il y a quand même un certain désarroi chez les experts, qui voient bien que leurs logiciels doivent évoluer, à cause de la crise mais aussi à cause des bouleversements en cours.


La cartographie économique dans dix ans, l’avenir des classes moyennes, les inégalités, la mise en place ou non d’une régulation mondiale : pour résumer, ce qu’il faut faire, personne ne sait très bien. C’est vrai pour nos trois économistes, qui sont de tendance plutôt libérale, comme pour les autres. Tous ceux qui disent le contraire et sont les héraults du yakafokon ne sont pas très crédibles.

L'Irlande et le mal du siècle

Après la Grèce, l'Irlande menace de déstabiliser la zone euro. Sa récession est confirmée, son chômage atteint 15 % de la population active et son déficit public 32 % du PIB, près de onze fois le seuil recommandé par Maastricht. Dans le branle-bas qui s'ensuit, les ministres des Finances de la zone euro ont décidé une assistance collective au pays menacé ; le Royaume-Uni (qui n'y est pas tenu, car non membre de la zone) annonce qu'il va intervenir en soutien de son voisin. De Washington, le secrétaire au Trésor adjure les Européens d'agir « très très vite ». Le bon apôtre. Car l'affaiblissement de l'euro met à mal sa politique inavouée du dollar faible. Mais comment, du « miracle irlandais » d'hier, est-on passé au cauchemar d'aujourd'hui ?


Par un enchaînement très simple et maintenant bien connu de ce siècle : la charge, successive ou concomitante, de ces trois cavaliers de l'Apocalypse que sont le paradis fiscal, le système bancaire et l'immobilier. L'Irlande a en effet commencé par adopter un taux symbolique d'impôt sur les sociétés, appâtant les capitaux. Ajoutés aux aides communautaires, ils ont déclenché une euphorie dont les banques ont profité pour inciter les ménages au surendettement immobilier. Là-dessus, la crise financière américaine a ruiné le système bancaire, dont le sauvetage public a ruiné l'Etat. Au bout de la chaîne, un peu comme aux Etats-Unis, on retrouve les ménages, à la fois contribuables et endettés.


La leçon de l'aventure est tellement élémentaire qu'on est presque gêné de la redire : les séductions financières, fiscales et bancaires sont comme ces excitants qui donnent bonne mine, mais dont les effets secondaires sont dévastateurs ; sans un tissu solide d'économie réelle, ces succès nominaux font au contraire les bulles qui l'empêchent d'éclore. A la différence de la peste du fabuliste, ce mal-là ne répand pas tout de suite la terreur, mais emprunte les attraits trompeurs de l'euphorie. Et le ciel n'y est pour rien.

Une vision du développement


Le dernier rapport du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) apporte un lot de bonnes nouvelles. On se souvient que, depuis 1970, les travaux statistiques du PNUD portent sur un concept de développement qui inclut non seulement les revenus mais aussi une mesure de la santé via l'espérance de vie à la naissance et une mesure du niveau culturel via la durée moyenne de scolarisation. La vision du développement ainsi conçue est nettement plus large et complète que celle donnée par les seuls indicateurs économiques traditionnels. C'est pourquoi on l'appelle IDH, indice de développement humain. A cette aune, sur 169 pays évalués, la Norvège est numéro 1, les Etats-Unis numéro 4, la France numéro 14, la Chine numéro 89. Parmi les trente derniers, hélas, 28 pays africains.


Plus largement, le rapport 2010 livre deux enseignements positifs : d'une part, l'IDH a progressé en moyenne de 41 % dans le monde depuis 1970, dont 18 % depuis 1990. D'autre part, l'amélioration très nette des indicateurs relatifs à la santé et à l'éducation n'est pas corrélée avec l'indicateur de revenus, ce qui signifie que les facteurs de gouvernance, d'organisation, de culture, peuvent améliorer une situation même lorsque les capacités financières sont affectées par la conjoncture. Ce point est confirmé par le fait que les trois seuls pays dont l'IDH a régressé depuis 1970, la République démocratique du Congo, la Zambie et le Zimbabwe, sont des pays qui ont connu, soit des guerres civiles, soit des gouvernances désastreuses.


Parmi les nombreuses indications passionnantes de ce rapport, on relèvera aussi qu'il avoue ne pas être capable d'affirmer si oui ou non les inégalités ont progressé au cours des dernières décennies. Il cite très honnêtement des études qui concluent en sens opposé. Sur ce sujet hautement conflictuel au plan politique, un tel aveu ne manque pas d'étonner. Enfin, il faut hélas terminer sur un sujet inquiétant. Le rapport souligne maintes fois que la soutenabilité à long terme du modèle actuel de développement économique est hautement improbable.