Fort occupé à représidentialiser son image, François Hollande commémore. Dimanche en Alsace puis lundi en Belgique, ce sera le début de la Grande guerre. Jeudi, c’était l’assassinat de Jean Jaurès. Pendant le Tour de France déjà, il s’était rendu sur le Chemin des Dames. Le 14 juillet, c’était aussi le centenaire de la Première guerre mondiale. Et en juin, c’était la Seconde, avec le 70e anniversaire du Débarquement allié en Normandie. Bientôt, ce sera la Libération de Paris en 1944 dont il faudra se souvenir.
Tout cela est bel et bon. On ne saurait faire grief au chef de l’Etat d’honorer les morts d’hier ni lui reprocher de tirer les leçons des épreuves
traversées par la Nation. Pas plus qu’on ne peut le critiquer lorsqu’il affiche son empathie avec les victimes d’aujourd’hui, et qu’il fait mettre les drapeaux en berne pendant trois jours suite au crash du Boeing d’Air Algérie.
Mais un président de la République ne doit pas seulement être le témoin du passé et le chef d’orchestre des émotions nationales. Car la commémoration, la commisération et la compassion font peut-être une bonne communication, mais pas une politique. Il ne faudrait pas que toutes ces cérémonies détournent François Hollande des tâches sur lesquelles les Français le jugeront : réforme de l’Etat, lutte contre les déficits publics, dossiers internationaux brûlants…
Si François Hollande veut laisser sa propre trace dans l’Histoire, il doit agir ici et maintenant. « On reconnaît un discours de Jaurès à ce que tous les verbes sont au futur », disait Georges Clémenceau avec malice. A l’inverse, on n’aimerait pas que tous les discours de Hollande soient désormais au passé.