TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Sarkozy : «La crise a changé la donne sur les 35 heures»

La crise «a changé la donne» sur la durée du temps de travail, a déclaré jeudi le président de la République, estimant que les 35 heures «n'existent plus».

Alors que le débat sur un réaménagement de la durée légale du travail agite depuis plusieurs jours la majorité et l'opposition, le chef de l'Etat qui présentait ses voeux aux partenaires sociaux a déclaré : «Aujourd'hui, les 35 heures, uniformes et obligatoires, n'existent plus. Pour autant, je considère qu'il n'est pas de sujets tabous. Et je le dis d'autant plus clairement que la crise a changé la donne». «Si les partenaires sociaux ou les partis politiques ont des propositions à faire, bien évidemment le gouvernement y sera attentif», a-t-il assuré.
«Avec cependant une préoccupation: ne pas toucher au pouvoir d'achat des salariés. C'est clair, je n'accepterai pas ça. Et une deuxième préoccupation: ne pas peser sur la compétitivité des entreprises». Et de poursuivre : «Je n'ai pas été élu pour ça mais au contraire pour donner les moyens aux entreprises de se battre dans la compétition internationale».
Je suis heureux que les conséquences défavorables des 35 heures sur la compétitivité des entreprises et sur le pouvoir d'achat des salariés, et sur les finances publiques, (...) soient aujourd'hui reconnues au sein de toutes les grandes familles politiques», a-t-il dit. «Depuis 2007, je rappelle que les 35 heures mises en place par Martine Aubry ont disparu, puisque nous avons supprimé les obstacles aux heures supplémentaires pour les entreprises et pour les salariés, qui ont été 5,3 millions en 2010, malgré la crise, à bénéficier de l'exonération fiscale et sociale», a expliqué le chef de l'Etat.
«Pour un ouvrier au salaire moyen qui fait deux heures supplémentaires par semaine, le gain net de pouvoir d'achat est de 150 euros par mois. Je ne sais pas comment on peut dire aux salariés qu'ils pourront gagner davantage sans travailler davantage», a-t-il souligné.

Dispositif unique d'accompagnement des salariés

Au cours de son intervention, le président Nicolas Sarkozy a plaidé en faveur «d'un dispositif unique d'accompagnement des salariés licenciés économiques». Le chef de l'Etat a encouragé les partenaires sociaux à rechercher «la mise en place d'un dispositif unique d'accompagnement des salariés licenciés économiques, qui se substituerait aux actuels CTP (contrat de transition professionnelle, ndlr) et CRP (convention de reclassement personnalisé, ndlr)» dans le cadre des négociations sur la nouvelle convention d'assurance-chômage. Ce dispositif unique «garantirait aux salariés un niveau de rémunération sécurisant et un accompagnement renforcé vers le retour à l'emploi», a ajouté le chef de l'Etat.
La nouvelle convention d'assurance chômage «est une composante très importante de notre sécurité sociale professionnelle», a-t-il estimé.Cette convention doit faire «en sorte d'être plus efficaces en termes de retour à l'emploi», a déclaré le chef de l'Etat.
A propos de la réforme des retraites, le président a indiqué que « personne ne reviendra sur la réforme des retraites que nous avons conduit, parce qu'elle était nécessaire».

Anticiper le choc de la réforme de la dépendance

Enfin s'agissant de l'augmentation prévue du nombre de personnes âgées dépendantes, Nicolas Sarkozy a exprimé sa volonté d'anticiper «le choc». «La stratégie que je vous propose, c'est que nous anticipions le choc et que nous fassions quelque chose, même si naturellement il y aura des décisions difficiles à prendre», a dit le chef de l'Etat.Le gouvernement a lancé cette semaine les travaux préparatoires de la réforme.
Les premières mesures sont prévues dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012, examinée à l'automne 2011. «Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes dépendantes devrait augmenter entre 30 et 50% d'ici à 2040», a-t-il dit. «La France n'est pas condamnée à devoir prendre des décisions toujours en catastrophe après les autres alors qu'il est quasiment trop tard», a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a par ailleurs fait la liste de plusieurs enjeux de la réforme. Il faut «garantir à chacun qu'il sera acompagné, protégé et qu'il verra sa dignité respectée jusqu'à la fin de sa vie», a-t-il affirmé. Le chef de l'Etat a aussi évoqué la nécessité d'une «couverture équitable du territoire en termes de taux d'équipements, et de conditions de traitements» et celle de «former le personnel nécessaire alors qu'il y a des listes d'attente partout» à l'entrée des établissements d'accueil. «J'ai souhaité que le nouveau Conseil économique, social et environnemental (CESE) soit saisi de la problématique de la dépendance», a-t-il ajouté, disant qu'il se rendrait «prochainement à l'invitation de son président Jean-Paul Delevoye».

Interview exclusive d'Alassane Ouattara sur FRANCE 24




Interview exclusive d'Alassane Ouattara sur FRANCE 24
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PPDA se dit "sidéré" par les accusations de plagiat

Patrick Poivre d'Arvor s'est dit jeudi 6 janvier "sidéré" par les accusations de plagiat dans sa biographie d'Hemingway d'un livre de 1985. "Je suis sidéré par ce que j'ai pu lire ou entendre depuis quarante-huit heures. Je suis soupçonné de plagiat pour mon prochain livre, qui ne sortira en librairie que fin janvier, sur la base d'une version qui n'est pas la bonne, ni la définitive", souligne dans un communiqué adressé à l'AFP l'ancien présentateur du JT de TF1.

Les Editions Arthaud, "sitôt la faute découverte, ont réagi très loyalement en la reconnaissant et en présentant leurs excuses", ajoute-t-il. "Ce tirage diffusé en décembre à la presse a par erreur été réalisé à partir d'une de mes versions de travail antérieures. Celle-ci comportait effectivement de nombreuses notes de lecture, dont certaines que j'avais prises en vue d'une ébauche d'adaptation cinématographique de la vie d'Hemingway", assure PPDA.
Dans Hemingway, la vie jusqu'à l'excès, à paraître le 19 janvier, PPDA aurait repris, selon L'Express, près d'une centaine de pages d'une biographie signée par l'Américain Peter Griffin, aujourd'hui disparu. L'hebdomadaire a publié en regard plusieurs extraits similaires de l'ouvrage de Griffin et de celui de PPDA, qu'il a reçu de la maison d'édition. "Il y a eu très précisément onze allers et retours entre mon éditrice et moi depuis la remise de ma première version de travail à la fin de l'été. Le texte dépassait alors les sept cents pages ! Mon éditrice m'a suggéré des coupes, j'ai proposé les miennes", assure le journaliste-écrivain.
VERSION DE L'ÉDITEUR
Il assure avoir "beaucoup retravaillé et réduit" la première partie du livre évoquant la jeunesse d'Ernest Hemingway "sur laquelle Peter Griffin, qui a interrogé son fils et sa veuve, est de loin le meilleur biographe". "Est-il si extraordinaire qu'il soit ma principale source pour cette courte période ?", interroge-t-il. "Contrairement à ce qu'ont affirmé certains, je l'ai cité dix-huit fois dans les notes figurant à la fin de la version provisoire incriminée. Cela eût été une étrange de façon de procéder si j'avais réellement voulu occulter l'existence de ce livre", se défend Patrick Poivre d'Arvor. "Est-ce qu'une erreur fâcheuse, assumée par l'éditeur, autorise ce déchaînement de malveillance (...) ? Je souhaiterais simplement être jugé sur l'ouvrage définitif que je signe et assume (...) et qui m'a mobilisé pendant dix-huit mois", conclut PPDA.
PPDA refusait jusqu'ici de répondre aux sollicitations des journalistes qui souhaitaient l'interroger sur ces accusations. "J'ai passé un an et demi à écrire ce livre et trouve très désobligeant ce soupçon de plagiat. Je me suis naturellement documenté auprès des nombreuses biographies existantes, au nombre desquelles celle de Griffin me semble la meilleure sur le jeune Hemingway. Mais je n'allais pas lui réinventer une vie !" avait-il simplement expliqué à L'Express, avant la publication de l'article et sans évoquer d'erreur de l'éditeur. Cette explication avait été avancée pour la première fois par Arthaud, mercredi, au lendemain de la publication de l'article.

Peut-on être licencié pour avoir critiqué son employeur sur le Net ?

Selon un sondage, un salarié sur cinq dénigre son entreprise sur Facebook ou Twitter. Un exutoire qui n'échappe pas complètement à la loi.

15 % des salariés parlent de leur entreprise sur Facebook ou Twitter, et 21 % le font plutôt de manière négative, révèle un sondage Vivavoice pour l'agence de communication digitale Hopscotch. Peut-on être licencié pour avoir critiqué son entreprise ou un collègue de travail sur un réseau social ? L'utilisation des réseaux sociaux par le salarié n'est pas réglementée par la loi et la jurisprudence est encore pauvre. Voici ce qu'il faut en retenir.
Dénigrer sa hiérarchie sur Facebook justifie un licenciement disciplinaire
C'est l'enseignement que l'on peut tirer du jugement du conseil de prud'hommes de Boulogne-Billancourt rendu le 19 novembre 2010, une première en France. Les juges ont validé le licenciement de deux salariés auxquels l'employeur reprochait d'avoir dénigré l'entreprise sur Facebook. Sur sa page personnelle, ouverte "à ses amis et leurs amis", l'un avait ironisé en écrivant faire partie d'un "club des néfastes", respectant un rite consistant à se "foutre de la gueule" de sa supérieure hiérarchique. Deux de ses collègues lui avaient répondu : "Bienvenue au club." Un quatrième a vendu la mèche à l'employeur, la société d'ingénierie Alten, qui a licencié les trois salariés "pour faute grave", estimant que les propos tenus constituaient "un dénigrement de l'entreprise" et une "incitation à la rébellion". Deux des salariés visés ont contesté cette mesure devant la juridiction prud'homale. La question était de savoir si les "amis d'amis" auxquels les propos étaient accessibles incluaient potentiellement tout le monde et si le "mur" constituait un espace public ou si, au contraire, les propos relevaient d'une sphère privée réservée à certains membres du réseau social. Le juge départiteur a tranché. Le "mur" est accessible à tous par un accès direct par Google. Ce mode de diffusion a donc un caractère public.
La cour d'appel de Versailles a été saisie en appel de cette décision.
Définir une règle du jeu en interne
Rien n'empêche, a priori, un salarié de surfer sur Internet pendant son temps de travail. Tout est en effet question d'équilibre : la sphère privée du salarié et sa liberté d'expression doivent être compatibles avec sa productivité. Alors, l'utilisation excessive des réseaux sociaux par les salariés peut-elle motiver un licenciement ? "Si le salarié en fait un usage abusif, susceptible d'affecter son travail, la jurisprudence pourra considérer qu'il a manqué à ses obligations contractuelles, indique Christine Baudoin, avocate spécialisée en droit du travail. L'encadrement de l'usage des réseaux sociaux et de l'Internet par une négociation collective est une bonne solution", préconise l'avocate.

Déjà, les hirondelles...

Nous sommes capables de tout mais pas forcément du pire. Alors que l'idéologie française, ce défaitisme nombriliste et scrogneugneu, semblait avoir pris le contrôle de nos esprits, il y a, à l'aube de la nouvelle année, deux raisons au moins de ne pas désespérer.

D'abord, l'affaire des chrétiens d'Orient est sortie de la catégorie des sujets qui fâchent et dont il ne faut pas parler, de peur d'être verbalisé sur-le-champ pour islamophobie par les agents de la circulation de la bien-pensance. Devant les attentats et les attaques d'églises en terre d'islam, il n'est plus interdit de s'indigner ni de s'émouvoir. Bien sûr, il ne s'agit pas de se retourner contre les musulmans de France, qui n'en peuvent mais. Après les massacres d'Egypte, d'Irak, du Pakistan ou du Soudan, on attend seulement que la communauté internationale, à commencer par la France, se penche enfin sur ce dossier, si ce n'est pas trop lui demander.

Ensuite, dans un tout autre genre, on ne peut que se féliciter de l'appel de Manuel Valls pour "déverrouiller" les 35heures. Décidément, si cet homme n'existait pas, il faudrait l'inventer. Il gêne tout le monde, à droite comme à gauche. Observez comment, après ses déclarations, les meilleurs ministres se tortillent, en regardant leurs chaussures, tandis que ses propres amis envisagent, pour un peu, de l'envoyer en camp de "rééducation". Voilà bien ce qui devrait être, avec la réforme de l'Education nationale et la revalorisation de la fonction enseignante, le grand débat de la prochaine élection présidentielle: comment redonner tout son sens à la valeur travail, tellement mise à mal ces dernières années...

Comment sauver les chrétiens d'Orient ?

Commencer avec la présidentielle ? Strauss-Kahn, de loin le meilleur ? Fabius qui, à défaut, pourrait s'imposer ? Le grand cadavre à la renverse qu'il faudra, puisqu'il n'a pas su ni voulu muer, tenter de réanimer ?

Recommencer avec l'affaire Sakineh et le cynisme des juges flics qui multiplient les mises en scène, les faux aveux orchestrés et voudraient nous présenter comme un progrès le passage de la lapidation à une pendaison ?

Epiloguer sur le double procès que m'intentent, pour le même article, un groupuscule d'extrême droite et un ancien du Monde diplo(au passage, et comme promis, copie de l'erratum paru, le jour même de la parution de l'article, sur le site Internet du Point : " Une erreur s'est glissée dans ce bloc-notes ; lorsque j'évoque les protagonistes du nouvel axe entre Riposte laïque et Bloc identitaire, c'est de Pierre Cassen qu'il s'agit et non de Bernard Cassen. ") ?

Je préfère, et de loin, revenir sur ce qui me paraît être l'événement le plus énorme, le plus gros de conséquences tragiques, de ce début d'année 2011 - je préfère revenir sur l'attentat qui, dans la nuit du Nouvel An, a fait 21 morts et 79 blessés parmi les fidèles de l'église d'Al Kidissine d'Alexandrie.

Cet attentat, tout d'abord, venait en point d'orgue d'une série d'attaques qui, au Nigeria, aux Philippines, ailleurs, avaient ensanglanté la nuit de Noël. Il venait au terme d'une année marquée, entre autres, par le carnage de la cathédrale de Bagdad. En sorte qu'il est de moins en moins contestable que l'on est en présence, là, d'une persécution de masse en bonne et due forme. Difficile à concevoir, s'agissant d'une religion longtemps dominante, voire dominatrice et intolérante ? Peut-être. Mais c'est pourtant vrai. Et Benoît XVI est parfaitement fondé à dire que les chrétiens sont, aujourd'hui, à l'échelle de la planète, le groupe religieux " en butte au plus grand nombre de persécutions ".

Cet attentat, comme tous les autres, visait une communauté dont on ne dit pas assez que son histoire se confond avec celle de la région. Cette vague d'actes terroristes décime des Eglises dont on ne sait pas suffisamment qu'elles furent (les coptes d'Egypte) longtemps majoritaires ou en tout cas (la Syrie) plus anciennes que l'arrivée de l'islam. En sorte que ceux qui les commettent ne sont pas seulement des barbares mais sont aussi des imbéciles qui, lorsqu'ils prétendent éradiquer la " division " en terre d'islam, s'en prennent à ce qui fait l'âme de la région. Le forfait serait aussi grand si les chrétiens d'Orient n'étaient pas cette minorité autochtone ? Bien sûr. Mais la circonstance est aggravante. Elle ajoute une dimension, disons, métaphysique au geste. Un crime irréparable a été commis lorsque le monde arabe s'est vidé de ses juifs et de leur mémoire. Qu'il se prive de ses chrétiens, qu'il fasse subir aux dernières communautés catholiques capables de prier dans la langue même du Christ ce qu'il a fait subir aux descendants des tribus d'Israël et ce sera, non seulement pour lui mais pour le monde, une nouvelle perte sèche, un nouvel effondrement spirituel et moral, un nouveau désastre de civilisation et de culture.

Autant dire que l'islam est, dans cette affaire, à la croisée de ses destins. Ou bien on s'obstine dans le déni et la langue de bois ; on continue, comme la police de Moubarak, à parler d'" actes isolés " ; on s'entête, comme Moubarak lui-même, à voir dans ces bains de sang des violences qui en avaient, non à " une communauté en particulier ", mais au " pays tout entier " ; on disculpe les coupables ; on fait comme Ahmed al-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar, qui dénonce le " point de vue (sic) du pape " appelant, en une insupportable " ingérence ", à arrêter le massacre des innocents ; et alors c'est, pour tous, le chemin de la catastrophe. Ou bien c'est le courage qui l'emporte ; les intellectuels musulmans sortent de leur assourdissant et terrible silence ; les imams prennent position ; le Conseil français du culte musulman fait école qui, dès le 1er janvier au matin, condamnait sans équivoque la " barbarie " de cet " attentat terroriste abject " ; et, ce que j'appelais, dans mon dernier bloc-notes, " l'honneur des musulmans " prenant enfin le dessus, l'on aura peut-être une vraie chance d'éviter le choc des cultures que d'aucuns appellent de leurs voeux mais qu'il faut à tout prix conjurer.

Quant aux autres, tous les autres, que doivent-ils faire ?

Ne pas tomber dans le piège, d'abord, de la fausse symétrie : " vous ne voulez pas d'églises ? nous ne voulons plus de mosquées " - le rôle des démocrates est de tenter de hisser autrui au-dessus de lui-même, jamais de s'aligner sur le pire de sa bassesse.

Ne pas céder non plus à l'éternel argument des pleutres : " gare à ne pas trop en faire ; en défendant ces gens, vous les désignez ; en les désignant, vous les exposez " - ceux qui connaissent l'histoire du peuple juif savent que le " profil bas " n'a jamais protégé personne et a toujours, au contraire, ouvert la voie aux égorgeurs.

Il faut parler, au contraire. Parler toujours et encore. Témoigner. S'indigner. Et même, quand on le peut, prier. Oui. Pourquoi pas, en effet, et puisque c'est de cela, après tout, qu'il s'agit, une prière oecuménique qu'appelleraient, d'une seule voix, des autorités des trois religions du Livre ? Pourquoi pas une journée mondiale des chrétiens d'Orient et, lors de cette journée, une heure où la planète serait invitée à s'unir, par la prière ou la pensée, avec ces persécutés ? Personnellement, j'en serai et ferai exception, pour l'occasion, à mon agnosticisme de principe

"En boycottant les vœux, la CGT envoie un message à l'Elysée et en interne"

Bernard Thibault a créé l'événement en décidant de ne pas se rendre, jeudi 6 janvier, aux vœux du président de la République adressés aux forces vives de la nation. Une première. Le secrétaire général de la CGT refuse ainsi de participer à un "simulacre" et marque sa désapprobation sur l'issue du conflit sur les retraites.

Guy Groux, directeur de recherche du CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po, spécialiste du syndicalisme, estime que la direction de la CGT et Bernard Thibault envoient un "double message" : à l'Elysée mais aussi à sa base, au moment où le syndicat a lancé une offensive dans les entreprises pour ouvrir des négociations.
Quel message la CGT veut-elle faire passer en refusant, contrairement aux autres syndicats, de se rendre aux vœux de l'Elysée ?
Guy Groux : La stratégie de Bernard Thibault est claire. Il envoie un double message : d'une part en direction de son organisation, pour montrer, après le dur conflit des retraites, que la CGT reste déterminée. D'autre part, il s'adresse au gouvernement. La CGT s'est beaucoup engagée dans le conflit des retraites et a mal accepté la détermination de Nicolas Sarkozy dans ce conflit. Cette fermeté était pourtant prévisible, car le président avait présenté les retraites comme une "réforme majeure" de son quinquennat et voit l'élection de 2012 arriver.
Il n'empêche, la direction de la CGT estime que le gouvernement n'a pas suffisamment tenu compte de la négociation collective, alors qu'il avait fait voter des textes en 2007 et 2008 sur le dialogue social. Thibault dénonce chez Sarkozy le hiatus entre la volonté de dialogue social et la fermeté affichée, sur les retraites mais aussi avant.
En quoi la situation de la CGT est-elle différente de celle des autres syndicats ?
Un des éléments à prendre en compte est la situation interne de la CGT : la direction doit compter avec une opposition qui reste présente et se montre plus radicale. La direction dit à ses troupes : "Nous entrons dans une zone de turbulences, avec des négociations et nous sommes les plus déterminés." En effet, la CGT a lancé une campagne très combative, au niveau des entreprises, via les syndicats de base, pour faire ouvrir des négociations, notamment sur la pénibilité. Un thème qui renvoie à la question des seniors et à l'âge de départ des salariés. La CGT soulève également la question du pouvoir d'achat.
Certains observateurs soulignent aussi que les élections syndicales à la SNCF approchent et qu'elle y connaît la concurrence de SUD. La CGT a par ailleurs connu des déboires à La Poste et à EDF, un de ses bastions. Mais la dimension interne n'est pas la dominante. La décision de la CGT s'adresse surtout à l'Elysée.
En quoi Nicolas Sarkozy a-t-il besoin des syndicats pour le futur ?
Je précise qu'il faut raison garder : la direction de la CGT n'affiche pas de rupture totale du dialogue avec l'Elysée et conserve des contacts. Elle fait un geste symboliquement fort. Quant à Nicolas Sarkozy, il a eu une volonté forte d'affichage sur les réformes. S'il se représente en 2012, il devra se prononcer sur de nouveaux thèmes, pour poursuivre son programme. Pour cela, il lui importe de maintenir de bonnes relations avec les syndicats. En France, on ne peut réformer seul : on se rappelle l'exemple de Dominique de Villepin et du contrat première embauche.

Mélenchon : "DSK représente si mal la gauche"





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Ouattara: "Je souhaite une solution pacifique"




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Les poètes de la Méditerranée, fratrie et antagonisme

Des mots pieds dans l'eau. Sous l'ombrelle des rives de la Méditerranée, de l'Afrique aux Balkans, en passant par le monde arabe et l'Europe latine, la poésie a pris le pouvoir. Passion d'écrire et voix de la Mare nostrum est ce volumineux ouvrage, une anthologie moderne groupant « Les poètes de la Méditerranée ». Regard panoramique sur le mont du Parnasse au ciel commun. Une fratrie qui ne manque toutefois pas d'antagonisme...


Soleil, sable et eau aux camaïeux bleus pour la toile de Nicolas de Staël intitulée La plage d'Agrigente, en couverture de l'anthologie Les poètes de la Méditerranée* (éditions d'Eglal Errera, dans la collection Poésie/Gallimard Culturesfrance - 949 pages) et préfacée par Yves Bonnefoy. Avec ce paysage typiquement et essentiellement méditerranéen, le ton est déjà donné pour cet opus groupant plus d'une centaine de «mages» des temps modernes venus de vingt-quatre pays sollicités par le chant des sirènes de la Mare nostrum.
Monde sonore bruissant des vagues de la mer, habité par la fraîcheur des criques au parfum d'embrun, fragrance du romarin, du thym, de l'olivier et des pins pour ces mots chargés de lumière, d'une certaine douceur de vivre, mais aussi rongés par des conflits sanglants qui n'ont pas fini de se déteindre sur des frontières avoisinantes et voisines.

L'originalité de ce panorama richement panaché et coloré ce ne sont pas seulement sa valeur de témoignage, sa chaleur de rêve éthéré, ses aspirations de sensualité, de volupté, de paix et de sérénité, mais c'est aussi la multiplicité des langues initiales d'origine, avec pour bannière et fanion communs leur traduction en français.
De l'arabe au croate, en passant par l'italien, l'espagnol, le grec, le slovène, l'hébreu, le turc, l'albanais, les langues, telle une fourmillante tour de Babel touchée par la grâce de la traduction, deviennent un espace culturel partageable, perceptible, tangible. Un espace et une tribune ouverts à tous et pour tous.
Les mots deviennent des passeurs de culture, des témoins des drames des humains, une expression universelle pour la joie, le bonheur, l'espoir. Mais surtout des mots qui deviennent facteurs de compréhension. Et un exemple et mode de vie.
Une lecture-découverte à travers ces poèmes et ces rimes libres pour la plupart ; des poèmes et des rimes ébouriffés par le vent des montagnes et des coteaux, assombris et voilés par des forêts profondes et des bois clairsemés, illuminés par des arcs-en-ciel fugaces et secoués par les tempêtes de cette mer qu'Ulysse a sans doute traversée.
Pour le pays du Cèdre, figurant en bonne place, on note la présence, dans ces pages, de Salah Stétié, Ounsi el-Hage, Vénus Khoury-Ghatta, Abbas Beydoun et Issa Makhlouf. Choix bien limité, car bien sûr il y en a bien d'autres.
La meilleure façon d'aborder la présentation de cette anthologie, associant jugement, explication et critique, et, pour conclure, est de citer les propos d'Eglal Errera dans l'introduction: «Pour ces vingt-quatre pays, dont tous possèdent une façade, aussi étroite soit-elle, sur la Mare nostrum, cette anthologie donnera à lire et à entendre dix-sept langues telles qu'on les écrit ou qu'on les parle aujourd'hui. Cinq alphabets achèveront d'esquisser le paysage polyglotte de cette édition où le poème en langue originale figurera en regard de sa traduction française. Quatre générations de poètes vivants y seront présentes par cinq pages dévolues en moyenne à chacun, sans distinction d'âge ou de notoriété. Ce parti pris générationnel ne s'est pas toujours avéré possible, car la longévité des poètes et des habitants du bassin méditerranéen varie d'une région à l'autre. On vit plus vieux et, par conséquent, on écrit plus longtemps en Europe de l'Ouest que dans les Balkans ou dans certains pays arabes. Le choix éditorial, toujours réducteur, n'a donc pas impliqué les mêmes sacrifices ni engendré les mêmes frustrations selon les pays et les langues. L'absence de certains aînés reste parmi nos regrets les plus brûlants, tempérés toutefois par le plaisir vivifiant de donner audience à d'autres, moins lus et parfois même jamais jusqu'ici publiés en français.»
Pour laisser derrière soi une année écoulée et accueillir une année nouvelle, la poésie est une transition de choix. Voilà un livre de chevet, comme un amour parfait. On l'abandonne sans colère ni ressentiment et on le retrouve toujours avec plaisir et bonheur. Pour un voyage aux mots bordés de mer et de soleil, aux paysages toujours attachants, toujours renouvelés. Pour une musique à la fois proche et lointaine, mais toujours presque familière car d'essence commune.

"Les Poètes de la Méditerranée. Anthologie" : la découverte de "la langue des autres"

C'est un de ces livres merveilleusement inépuisables que l'on aimerait emporter sur une île, ou mieux encore, tout au long d'un périple. Un livre qui en contient une infinité d'autres. Une anthologie qui réunit 101 poètes, appartenant à 24 pays. Elle est conçue - l'idée est magnifique - comme un voyage autour de la Méditerranée. De la Grèce à la Turquie, du Proche-Orient au Maroc, on parvient à un massif imposant et plus familier - la péninsule ibérique, la France et l'Italie - avant de retourner à l'est, vers les rives tourmentées des pays slaves du sud.

La poésie est née tôt, en Méditerranée, rappelle Yves Bonnefoy dans sa belle préface. Et presque aussitôt elle y a parlé haut et fort. C'est elle qui, en Mésopotamie, dans la geste de Gilgamesh, cherche à donner aux princes et aux guerriers une conscience morale, une expérience métaphysique, elle qui fonde le monde grec, elle qui, à Athènes, chez les Tragiques, entreprend cet échange avec la raison qui doit se poursuivre aujourd'hui encore." Une "tâche de vigilance" confiée par Virgile à Dante, poursuivie par Cervantès, Leopardi, Cavafy, Seféris, Darwich.
L'alliance de la mer et des rivages a toujours fait de la Méditerranée un espace profondément humain, un creuset de rencontres et d'échanges, où s'impose l'importance de la parole. "Parler avec tout de suite à côté de soi la langue des autres, celle-ci serait-elle dite "barbare", écrit Yves Bonnefoy, c'est en effet percevoir la différence de notions qui s'attachent en divers lieux à des choses pourtant les mêmes."
La proximité de la "langue des autres" : voilà ce qui rend passionnante cette anthologie polyglotte éditée par Eglal Errera - avec l'aide de nombreux traducteurs, éditeurs, découvreurs. Le texte original figure toujours en regard de la traduction française, dans chacune des 17 langues représentées, en 5 alphabets. Un exploit typographique - qui rend sensible au regard le rythme des poèmes du syrien Adonis, de l'Israélien Eliraz, ou des deux poètes chypriotes, l'un grec et l'autre turc. Un poème de l'italien Zanzotto s'intitule "Xénoglossies".
Voyages choisis, éloignements imposés : beaucoup de déplacements impriment au recueil ce que le Portugais Nuno Judice appelle "la respiration de l'exil". Parmi les Français, Andrée Chedid, née en Egypte, et Lorand Gaspar, en Roumanie, ont éprouvé très tôt "l'entre-deux" des langues. Francophone, la Libanaise Vénus Khoury-Ghata a traduit Aragon en arabe et Adonis en français. Beaucoup de ces poètes se rencontrent, se lisent, se traduisent. Ainsi Yves Bonnefoy, traducteur de Keats et de Leopardi, est lui-même traduit par le Grec Thanassis Hatzopoulos, le Monténégrin Slobodan Jovalekic et le Libanais Issa Makhlouf.
"Ô mer, tu es la mort et la vie tout ensemble", écrit Dara Sekulic, née en Bosnie-Herzégovine. Si le recueil s'achève sous le "ciel cendreux" du Macédonien Vlada Urosevic, les poèmes dessinent souvent, selon l'expression du Grec Stratis Pascalis, une "cartographie de la lumière", du Pirée à Tanger. En couverture du livre, l'éblouissant soleil sicilien d'un tableau, La Plage à Agrigente : il fallait, selon Eglal Errera, rendre à ces rives "leur lumière inégalable dont Nicolas de Staël, né à Saint-Pétersbourg et mort à Antibes, écrivait à René Char que "l'on ne la voit pas parce qu'elle est la lumière même"".

Ouattara espère prendre le pouvoir "dans les prochains jours"

Alassane Ouattara, reconnu président de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale mais contesté par le président sortant, Laurent Gbagbo, s'est dit "confiant" de prendre le pouvoir "dans les prochains jours", dans un entretien jeudi sur Europe 1. "Mes partisans sont impatients et pensent que nous devrions aller plus vite pour prendre le pouvoir", a expliqué Alassane Ouattara dans cet entretien enregistré mercredi depuis l'hôtel d'Abidjan où il vit retranché depuis le second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre.

"Mais nous allons y arriver. Je suis confiant que dans les jours à venir, nous allons avoir la totalité du pouvoir", a poursuivi M. Ouattara, déclaré vainqueur par la commission électorale. "Je peux vous dire que ce sera au mois de janvier." "Il est temps qu'on en finisse avec cette situation. Laurent Gbagbo doit quitter le pouvoir", a dit M. Ouattara à propos de son rival qui affirme avoir remporté la présidentielle en s'appuyant sur une proclamation par le Conseil constitutionnel, dirigé par un de ses proches.
Pour Alassane Ouattara Laurent Gbagbo a du sang sur les mains. "De nombreux Ivoiriens sont assassinés par des mercenaires et des miliciens de Laurent Gbagbo", dit-il avançant "200 morts" et "plus de 1 000 blessés", sans compter des "viols". "Nous avons des preuves. L'ONU et l'organisation des droits de l'homme ont relevé des massacres, des assassinats ", poursuit le président reconnu par la communauté internationale. "J'ai déjà écrit au secrétaire général des Nations unies pour demander que la Cour pénale internationale envoie en Côte d'Ivoire une mission d'investigation et me dit que cela se fera dans les prochains jours", ajoute-t-il.

Xavier Beulin

Le nouveau patron de la FNSEA avait déjà tout d'une huile puisque, outre une demi-douzaine d'instances agricoles, il présidait Sofiprotéol, l'acteur financier de la filière oléagineuse tricolore. Premier représentant des « grandes cultures » depuis un demi-siècle à tenir les rênes du principal syndicat paysan, ce brun aux yeux vert clair, né d'une mère originaire de La Réunion, a interrompu précocement ses études à la mort de son père afin de reprendre l'exploitation familiale de Donnery, dans le Loiret. Après s'être aguerri à la tête du Centre des jeunes agriculteurs du département, il a accumulé les mandats, entre Chambre d'agriculture, Fédération des producteurs d'oléagineux et protéagineux et Haut Conseil à la coopération agricole. Spécialiste des négociations à l'OMC, il s'est fait élire à la succession de Jean-Michel Lemétayer sur un programme prônant esprit entrepreneurial et ouverture aux marchés. Un profil d'agromanager qui a valu à cet admirateur de De Gaulle et du boxeur Mohamed Ali de se faire traiter d'« émir vert » par un concurrent de la Coordination rurale. Il est vrai que son goût pour le golf et la voile, de même que ses habitudes de vacances à Gammarth, en Tunisie, l'éloignent de l'image d'Epinal de la paysannerie traditionnelle. Et que, s'il chausse des bottes, ce n'est pas seulement pour aller aux champs mais également afin de rallier la capitale sur sa grosse moto. Quant à son soutien financier à plusieurs hebdomadaires locaux, il ne saurait être étranger à sa volonté de récolter aussi une bonne image sur ses terres.

Recadrage de raison

L’année nouvelle sera utile, avait promis Nicolas Sarkozy dans ses vœux à la nation. Hier, en échangeant les vœux avec le gouvernement, il a fait connaître aux ministres les bonnes résolutions qu’ils devaient prendre et concrétiser, afin de se rendre eux-mêmes utiles, au pays bien sûr, mais aussi à la préparation du grand rendez-vous électoral de 2012. Évoquer l’échéance, même en la qualifiant de « lointaine », n’en revient pas moins à la placer bien en évidence, afin qu’elle inspire sa conduite à chaque membre du gouvernement. Aux yeux du chef de l’État, celui-ci doit briller par son efficacité, son unité et sa solidarité. Travailler plus pour gagner plus dans l’opinion, puis dans les urnes.

Il s’agit bien d’un rappel à l’ordre. Il est de bonne guerre d’envoyer les chevau-légers de la majorité harceler les figures notoires de l’opposition, en exploitant les agaceries, frictions et divergences entre Martine et Ségolène, Manuel et Benoît, Dominique et Jean-Luc, Daniel et Éva, Marine et Bruno. Mais cette guérilla perdra de son effet si, sous les couleurs du président, Chantal et Rachida, Jean-François et Xavier, Brice et Michel donnent le même spectacle d’escarmouches et de polémiques que les camps adverses. Comment le citoyen distinguerait-il les « bons » des « méchants », dans une cacophonie générale où l’intérêt collectif serait noyé dans le tourbillon des rivalités particulières ?

Si le rappel présidentiel apparaît ainsi raisonnable, au nom de la cohésion de la majorité, il n’est toutefois pas sans précédent. Et pourtant, Nicolas Sarkozy n’est jamais parvenu, ces trois dernières années, à maintenir serrés tous les boulons de son domaine. D’une part, cela est dû tout bonnement à la nature humaine : hommes et femmes politiques sont, comme les autres, de chair, de sang et d’eau, et de surcroît réceptifs à cette passion qui rime souvent avec ambition, mot qui, en soi, n’est pas toujours suspect. De l’autre, le président contribue lui-même à certains cahots entre tribus de droite et du centre, car le faible socle populaire que révèlent les sondages favorise les spéculations iconoclastes.

La transparence contre la corruption

A l’instar d’autres pays d’Europe centrale, la Slovaquie est gangrénée par la corruption. Son gouvernement a décidé de s’attaquer à ce fléau en publiant tous les appels d’offres de marchés publics. 

Avant Noël, le Parlement slovaque a adopté un amendement au Code civil. Depuis le 1er janvier 2011, tout contrat commercial passé avec l’Etat devra être rendu public sur Internet. Et sans cet affichage, aucun contrat ne sera valide.
Une telle transparence est tout à fait inhabituelle. Même dans les pays européens qui peuvent s’enorgueillir d’un très faible niveau de corruption, cette obligation n’est pas la règle. C’est en fait la corruption du milieu politique slovaque qui a conduit le Premier ministre Iveta Radičová à s’engager dans cette voie, et l’adoption de cet amendement constitue sans aucun doute sa plus grande victoire politique depuis son accession au pouvoir [en juillet 2010].
Il faut par ailleurs savoir que ce texte a un effet rétroactif. Le gouvernement slovaque a par conséquent déjà rendu publics tous les contrats passés avec l’Etat au cours des quatre dernières années et s’est engagé, d’ici la fin de l’année, à afficher tous ceux conclus depuis 2000.
Cette façon radicale d'instaurer la transparence peut s’expliquer par plusieurs raisons. Contrairement à la République tchèque, où le principal thème de campagne des partis de droite a concerné l’endettement de l’Etat, en Slovaquie, les débats ont avant tout porté sur la corruption rampante qui avait cours sous le gouvernement de Robert Fico.
L’opposition de l’époque avait alors tout fait pour susciter dans l’opinion publique un fort sentiment d’aversion contre tous ceux qui touchaient des pots-de-vin, en rappelant les détournements de biens publics auxquels s’étaient livrés les membres du gouvernement de Vladimír Mečiar dans les années 90, un épisode qui reste un souvenir très amer dans la mémoire historique de la Slovaquie.

Le monde politique soumis à une pression toujours plus grande

Iveta Radičová a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Mais on peut également proposer une autre explication, celle-là plus générale, qui renvoie à une tendance globale : les rapports sociaux sont de plus en plus influencés par Facebook et le monde politique est soumis à une pression toujours plus grande des médias. WikiLeaks ne constituerait qu’un effet secondaire du phénomène. Il ne resterait alors à la disposition des politiciens que deux options : se dissimuler derrière des remparts, ou, en revanche, jouer la carte de la totale transparence.
Seul le temps nous dira dans quelle mesure l’expérience slovaque réduira la corruption. L’opposition affirme que la publication de milliers de contrats n’aura pour seul effet que de submerger de données la société et les médias qui seront bien en peine de les traiter. Les défenseurs de cette expérience prétendent, quant à eux, qu’il y aura toujours quelqu’un – une entreprise ayant perdu un appel d’offres, par exemple – pour les alerter sur des prix de marché excessifs. Et puis surtout, la publication des contrats sur Internet obligera les entreprises et les fonctionnaires à adopter un comportement responsable.

La Slovaquie en laboratoire d'expériences sociales

Cette avancée de la Slovaquie vers une transparence quasi absolue de l’Etat est sans doute risquée et personne ne peut prédire quels seront ses effets non voulus. Par ailleurs, il n’est pas du tout certain que cette stratégie parvienne à tuer la pieuvre de la corruption, qui est tout autant hypertrophiée en République tchèque et dans le reste de l’Europe centrale et qui a su développer une aptitude tout à fait singulière pour contourner les lois.
En raison de son histoire politique mouvementée, qui voit régulièrement s’imposer à la tête du pays une escouade de politiciens radicaux, la Slovaquie devient à nouveau – pour la deuxième fois déjà après l’introduction il y a 8 ans de réformes fiscales radicales – un laboratoire d’expériences sociales.

L'UE dans le monde :Un ami qui nous veut du bien

Après la Grèce et le Portugal, Pékin vient au secours de l'Espagne, frappée par la crise de la dette. Sur fond d'achat massif d'obligations d'Etat espagnoles, cette politique s'insère dans la stratégie de pénétration chinoise en Europe.
"Le camarade chinois, le meilleur allié de Zapatero", note El Mundo, au moment où le vice-Premier ministre chinois Li Keqiang effectue en Espagne une visite cruciale pour l’avenir de l’économie espagnole. Le gouvernement de José Luis Zapatero "croise les doigts pour qu’en 2011, la Chine continue d’insuffler de l’oxygène" dans l’économie espagole, estime ainsi le quotidien conservateur.
Selon ce dernier, Pékin aurait signé avec Madrid des accords économiques pour 5,5 milliards d’euros. La Chine a par ailleurs déjà acquis plus de 43 milliards d’euros d’obligations d’Etat espagnoles et "semble prête à en acheter davantage". Des annonces qui ont entraîné le 4 janvier une diminution de 9 points de la prime de risque de la dette espagnole.
El Mundo est toutefois critique vis-à-vis de la "complaisance" de Zapatero, qui aurait trouvé dans les hiérarques de la dictature communiste ses "meilleurs alliés dans ces moments difficiles", et souhaite que le chef du gouvernement s’inspire d'Angela Merkel ou de Nicolas Sarkzoy, "qui n’ont pas hésité à exiger de la Chine qu'elle respecte les droits de l’homme".

Chaque mois, la Chine achète 7 à 8 milliards d'obligations d'Etat de l'UE

L'Espagne n'est pas un cas isolé dans la stratégie européenne de Pékin, observe de son côté Dziennik Gazeta Prawna : "Chaque mois, la Chine achète des obligations d'Etat des pays de l'UE pour une valeur de 7 à 8 milliards d'euros, afin d'assurer la pérennité des exportations chinoises", écrit ainsi le quotidien polonais. En aidant les "PIGS" (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne), ajoute "DGP", la Chine "se familiarise avec le marché européen et, plus important encore, elle influence indirectement le taux de change de l'euro, en affaiblissant par la même occasion son principal rival, l'Allemagne".
C'est d'ailleurs pour tranquilliser cette dernière que Li Keqiang a publié une tribune dans le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung. Le vice-Premier ministre chinois y célèbre la "lutte commune contre la crise" menée au cours des deux dernières années par la Chine et l'Allemagne, et souligne l'ampleur des échanges commerciaux entre les deux pays —"140 milliards de dollars en 2010, ce qui correspond à 30% des échanges commerciaux entre la Chine et l'UE" — ce qui fait de la Chine le premier partenaire commercial de l'Allemagne hors-UE.

Pékin espère échapper aux sanctions de Bruxelles

En tendant la main aux pays les plus endettés, Pékin espère ainsi échapper aux sanctions de Bruxelles pour le dumping qu'elle exerce par ailleurs (la Commission a lancé 50 procédures pour concurrence déloyale contre la Chine), explique l'analyste Yiyi Lu dans Dziennik Gazeta Prawna.
Il note que parallèlement à ces achats, Pékin exige que l'UE lui reconnaisse le statut d'économie de marché et qu'elle assouplisse les conditions pour le transfert des technologies les plus récentes. La prochaine étape, conclut Yiyi Lu, devrait être la levée de l'embargo sur les ventes d'armes, imposé par l'UE à la Chine après la répression sanglante de Tian' anmen en 1989.

Un sociologue : « L’islam est posé chez nous comme un problème »

Un sondage d’opinion a montré qu’en France et en Allemagne, quatre habitants sur dix perçoivent l’islam « plutôt comme une menace ». Peu avant sa publication, le sociologue Roland Pfefferkorn dénonçait certains facteurs de cette méfiance
Roland Pfefferkorn enseigne la sociologie à l’Université de Strasbourg et travaille au sein du laboratoire Cultures et sociétés en Europe du CNRS. Il s’intéresse aux inégalités et aux rapports de sexe et de classe. Il a été interrogé récemment dans le contexte de la recrudescence des actes racistes et antisémites en Alsace.
Le racisme devient-il plus fort en France, notamment dans nos régions ?
C’est tellement facile de dire que le racisme vient d’en bas, des ouvriers qui voteraient FN. Mais il faut voir comment des bailleurs traitent des candidats locataires à la peau noire, et comment, en Alsace aussi, on ne sert par des personnes « basanées » dans certains restaurants. Ces comportements se retrouvent partout. En revanche, ce qui est particulier à la France, ce sont des hommes au gouvernement qui n’hésitent plus à développer des discours xénophobes. Or, ce sont surtout les musulmans qui sont visés par ces propos ou par certaines mesures, comme l’interdiction du voile.
La moitié des filles exclues des classes en France pour porter le voile le sont en Alsace-Moselle. La loi de 2004 est clairement une loi raciste et les grands défenseurs de la laïcité ne dénoncent pas l’absence de cette dernière en Alsace-Moselle.
Un appel a été lancé à Strasbourg, à l’initiative du maire, Roland Ries, pour promouvoir le vivre ensemble. Qu’en pensez-vous ?
Il faut aller au-delà d’un appel de ce type. Il faudrait une pratique qui soit en accord avec les grandes déclarations. Or, un ministre de l’Intérieur condamné en première instance pour déclarations racistes et qui reste à son poste, c’est un signal clair. D’autre part, le racisme est surtout alimenté par ceux qui apparaissent à la télévision. (Il cite des noms, qui relèvent toutefois de l’appréciation personnelle, N.D.L.R.).
Mais on n’a jamais invité une jeune fille française qui porte le voile à s’exprimer à la télé. En revanche, on a vu la manipulation dans de récents reportages sur la polygamie ou les relations garçons-filles dans les cités.
Pourquoi les musulmans deviennent-ils la cible de cette méfiance et de ce rejet ?
Parce que l’islam est posé comme un problème, notamment depuis la première guerre du Golfe et les attentats de 2001.
Il y a une alliance politico-médiatique, qui va bien au-delà de la France, pour alimenter un sentiment anti-musulman et anti-arabe. On l’a vu chez nous, avec le bruit fait autour de la candidate voilée du NPA à Marseille, ou lorsqu’un fast food a proposé de la viande halal. Alors qu’il n’y a pas d’affaire concernant des plats casher ou végétariens, ou bien sur le port de la kippa.

Selon le sondage IFOP-Le Monde publié mardi, 42 % des Français interrogés considèrent les musulmans « plutôt comme une menace », et 22 % les voient comme « un facteur d’enrichissement culturel » (pour 36 %, ils ne sont « ni l’un ni l’autre »). Les Allemands sont respectivement 40 %, 24 % et 36 % à donner ces réponses. Dans les deux pays, une forte majorité estime que l’intégration des musulmans ne s’est pas faite : 68 % des Français et 75 % des Allemands le pensent.

Six Airbus A380 commandés par Asiana Airlines

Asiana Airlines, deuxième compagnie aérienne de Corée du Sud, va acheter six Airbus A380 pour près de 1,8 milliard de dollars.

La deuxième compagnie sud-coréenne a commandé, ce jeudi, six airbus A380 pour près de 2 milliards de wons (1,78 milliard de dollars) au prix catalogue. Les livraisons de ces gros porteurs débuteront à partir d'avril 2014. Basée à Séoul, la compagnie Asiana a précisé ne pas encore avoir décidé si elle choisira les moteurs de Rolls-Royce. Ces derniers ont provoqué en novembre 2010 l'immobilisation de plusieurs A380 de la compagnie australienne Qantas. D'ailleurs, Qantas a demandé un dédommagement à Rolls-Royce.
Membre de la même alliance aérienne que Lufthansa, United, Continental et Singapore Airlines, Star Alliance, Asiana Airlines prévoit d'utiliser ces très gros porteurs sur ses vols à destination des États-Unis et de l'Europe et vise en priorité la clientèle affaires. De quoi faire de l'iombre à son principal concurrent, Korean Air, membre, lui de l'alliance Sky Team dont Air France et Delta Airlines sont les chefs de file.

Qui va succéder à Anne Lauvergeon à la tête d'Areva ?

Un comité de nomination vient de se mettre en place. Sa mission : proposer trois noms à Nicolas Sarkozy. Les rumeurs vont bon train. Parmi les noms les plus cités : Marwan Lahoud et Yazid Sabeg.


Proposer trois noms à Nicolas Sarkozy à la fin du mois pour prendre la tête d'Areva, alors que le mandat de l'actuelle présidente du directoire, Anne Lauvergeon, s'achève en juin. C'est l'objectif, d'un comité de nomination qui vient de se mettre en place selon nos informations confirmant celles de l'AFP.

"Fin janvier reste néanmoins un objectif très ambitieux" explique à La Tribune un proche de cette commission qui comprend cinq administrateurs du groupe nucléaire. Présidée par le président du conseil de surveillance du groupe Jean-Cyril Spinetta, nucléaire, cette commission regroupe aussi François David, président de la Coface, René Ricol, commissaire général à l'investissement, Oscar Fanjul, vice-président de Lafarge et de l'experte comptable Guylaine Saucier. Un chasseur de tête aurait d'ores et déjà été choisi.
"Nicolas Sarkozy tient à ce que les délais soient tenus. Il y a une certaine urgence car il faut que le nouveau (président d'Areva ) regarde les contrats en cours, notamment en Inde (où le groupe nucléaire négocie la vente de deux réacteurs EPR), qui est un contrat extrêmement risqué", a indiqué une autre source à l'AFP. "Anne Lauvergeon peut tout à fait être candidate à sa propre succession et faire partie des trois noms", a précisé une autre source. Les noms de Marwan Lahoud (EADS) et de Yazid Sabeg (Altis) sont régulièrement cités, après l'élimination d'Alexandre de Juniac, directeur de cabinet à Bercy et le retrait de Denis Ranque, l'ancien PDG de Thales.
Anne Lauvergeon, qui a créé Areva en 2000 en fusionnant la Cogema et Framatome, a d'ores et déjà déclaré publiquement son intérêt pour un troisième mandat. Réussira-t-elle ce tour de force alors qu'elle est confrontée depuis des années à l'hostilité des gouvernements successifs ? Sans compter l'hostilité affichée ces derniers mois par Nicolas Sarkozy en personne, qui soutient les visées sur Areva d'Henri Proglio, PDG d'EDF. Tant et si bien que certains évoquent Air France-KLM comme point de chute d'Atomic Anne. Fabrice Gliszczynski et Marie-Caroline Lopez

Politesse




Il ne s’attendait pas à celle-là, notre Président... D’habitude, c’est lui qui bouscule les rituels, casse les codes et piétine la syntaxe, cette politesse de la langue. «Il parle vrai», explique son très zélé ministre Luc Chatel, c’est un signe de «grande sincérité». Mais notre Président a trouvé plus sincère que lui avec Bernard Thibault. Le patron de la CGT ne lui a certes pas lancé «casse-toi, pauv’con», car il a un minimum d’éducation. Mais c’est bien une forme polie de bras d’honneur qu’il vient de lui faire, en refusant d’aller recevoir ses voeux à l’Elysée. «Simulacre», dénonce Bernard Thibault, de nous offrir le verre de l’amitié après nous avoir méprisés sur les retraites.


On croirait entendre le jeune Sarkozy taclant les ronds-de-jambe des élites...
Reste une question: pour vivre en bonne société, peut-on vraiment tout se dire en toute sincérité et brutalité ?

Quand les procureurs renâclent

Tous les présidents de la République rêvent d'inscrire à leur bilan une grande réforme de la justice, à l'image d'un François Mitterrand abrogeant la peine de mort. Nicolas Sarkozy avait, en 2009, déniché sa réforme emblématique : il allait, sans coup férir, supprimer le juge d'instruction, ce petit juge d'un autre temps, trop mordant, trop indépendant. Dans la foulée, tout le système pénal français serait revu et corrigé. Le ministère de la Justice y a travaillé d'arrache-pied. En vain.

2010 est derrière nous et les juges d'instruction sont toujours debout. L'Élysée ne parle plus de les supprimer. Ironie de l'histoire, ce sont désormais les procureurs de la République, pièces maîtresses du système pénal français, à qui toutes les enquêtes devaient être confiées, qui sont sur la sellette. On leur reproche un manque d'impartialité et d'indépendance : ils relèvent de l'autorité du garde des Sceaux, dépendent de l'exécutif. Et comme l'affaire Bettencourt l'a confirmé, si besoin en était, non seulement ils obéissent, mais ils devancent bien souvent les désirs du pouvoir.

À de nombreuses reprises, la Cour européenne des droits de l'homme a mis en garde la France : vos procureurs ne peuvent être considérés comme une « autorité judiciaire ». Ce ne sont pas des juges, mais des fonctionnaires soumis aux desiderata de l'exécutif. On caricature à peine. Ces critiques, jusqu'alors, le gouvernement n'en avait cure. Pas question de revoir le statut du Parquet et de se priver d'un tel instrument de pouvoir, qui permet d'imposer ses vues en matière pénale et de contrôler les affaires dites sensibles.

Cette position est-elle encore tenable ? La Cour européenne a des alliés de poids en France. La Cour de cassation, le 15 décembre dernier, a fait sienne son analyse. Le Conseil constitutionnel n'en pense pas moins. Quant aux procureurs, reçus hier à la Chancellerie, ils regimbent. Ils réclament une réforme « forte et symbolique » de leur statut. Ils se sentent de plus en plus contestés et fragilisés. Leur dépendance à l'égard du pouvoir politique est vécue désormais comme un boulet insupportable.

Toute la réforme pénale concoctée à la Chancellerie est donc en miettes. La mosaïque, construite autour du pouvoir renforcé des procureurs, se désagrège. Sans révision du statut des procureurs ¯ qui nécessite une révision de la Constitution ¯ le système pénal est à la merci de recours multiples devant la Cour de Strasbourg. Déjà, le projet de loi sur la garde à vue, présenté par Michèle Alliot-Marie, il y a trois mois à peine, a été en partie détricoté par la commission des lois de l'Assemblée nationale, afin de se mettre en conformité avec la jurisprudence européenne.

Alors Nicolas Sarkozy a fait volte-face. Il n'évoque plus le sort des juges d'instruction. Nouveau joker. Il veut introduire des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Il y voit un triple avantage : cette réforme devrait plaire aux justiciables ; elle dégage des postes de magistrats dans des tribunaux surchargés ; elle peut être mise en place sans tarder, avant l'élection de 2012.

Cet optimisme présidentiel n'est pas partagé par tous et peut-être pas par le premier concerné, Michel Mercier, le nouveau garde des Sceaux. Casse-tête : cette réforme risque d'être coûteuse et juridiquement compliquée. Quant à la grande réforme du système pénal, elle attendra.

Le mur de défiance

Tous les sondages le confirment : les Français sont un des peuples les plus méfiants d'Europe. Yann Algan et Pierre Cahuc étaient, dès 2006, remontés aux sources du phénomène dans leur ouvrage « La Société de défiance ». Le sentiment n'est pas nouveau. On se souvient de la campagne de suspicion contre les « 200 familles » au temps du Front populaire. La crise récente n'a pu qu'exacerber cette tendance. Il suffit de se promener sur Internet pour y rencontrer une agressivité virulente contre les élites en général, les politiques et les financiers en particulier. Le terreau du populisme est là ; il suffit de se baisser pour le ramasser et d'aucuns ne s'en privent pas. L'extrême droite d'abord, c'est son capital historique. La gauche sans-culottes y trépigne également comme l'illustre le titre du nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon : « Qu'ils s'en aillent tous ! ». C'était exactement le thème de la première campagne politique de Jean-Marie Le Pen sous l'étiquette poujadiste, lors des élections législatives de… 1956 !

Comment fait-on barrage à une dérive aussi préoccupante ? En rétablissant la confiance, dirait M. de La Palice. Mais encore ? Puisque la parole des élites n'a plus de crédibilité, il faut travailler sans relâche à des actes. Prouver concrètement que l'on fait ce que l'on dit. C'est peut-être le chemin qu'a voulu emprunter Nicolas Sarkozy lors de ses voeux télévisés. Mais les trois thèmes qu'il a choisis pour 2011 ne vont pas être d'un maniement commode : La création d'une branche « dépendance » de la Sécurité sociale, parce que cela coûte très cher et qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses ; les jurés populaires dans les tribunaux, car ce n'est pas cela qui fera concrètement reculer l'insécurité ; la réforme de la fiscalité du capital, parce que cela ne concerne qu'une minorité. Quant à sa principale adversaire politique actuelle, Martine Aubry, ses voeux ont consisté en de gentilles paroles sur de gentils sujets généraux. Les actes réalistes susceptibles de rétablir la confiance ne sont donc pas venus non plus de ce côté. Le mur de défiance est encore devant nous !

Pour une nouvelle stratégie de croissance

La crise est venue bousculer nos espoirs d'augmenter durablement le rythme de notre croissance. Tout d'abord en dégradant nos finances publiques : les stabilisateurs automatiques ont bien fonctionné pendant la récession, mais au prix d'un creusement de nos déficits publics et d'une augmentation de notre endettement public. Ensuite, en resserrant le crédit, ce qui a entraîné une baisse des investissements privés et une augmentation du nombre des faillites.

Face à la crise, une première approche, d'inspiration keynésienne, et pronée par des économistes comme Paul Krugman, est de préconiser une augmentation indiscriminée de la dépense publique, et de compter sur le surcroît de croissance généré par cette augmentation pour résorber les déficits. Questionnée par de nombreux économistes, une telle politique est tout simplement inapplicable chez nous car elle est incompatible avec nos engagements budgétaires de court et moyen terme au sein de la zone euro, engagements qui seront surveillés de près par les marchés et par nos partenaires européens. Une seconde approche, ultralibérale, qui inspire aussi bien les républicains américains que David Cameron en Grande-Bretagne, est de miser entièrement sur la réduction des dépenses publiques, et de compter sur les baisses de taux d'intérêt et/ou baisses d'impôt induites par cette réduction pour renflouer les entreprises afin qu'ellesmêmes relancent la machine. Une telle politique implique tout simplement que l'Etat renonce à son rôle de catalyseur du processus de croissance.

On propose ici une troisième voie : celle d'une intervention ciblée de l'Etat, lequel internalise la contrainte budgétaire mais en même temps investit dans les domaines et secteurs clefs pour la croissance : l'éducation, la santé, le soutien aux PME, la mise en place d'une véritable sécurisation des parcours professionnels, et la lutte contre la désindustrialisation de notre économie.

Comment réaliser la quadrature du cercle qui consiste à réduire nos déficits publics tout en maintenant nos investissements de croissance ? Pour partie, la solution doit certainement reposer sur une réduction de nos dépenses publiques : dans ce domaine, des progrès réels peuvent être réalisés, notamment en éliminant des échelons administratifs rendus superflus par la révolution informatique, et en soumettant un certain nombre de prestations sociales à des conditions de ressources. Mais cela ne suffira pas : la France doit également s'engager sans plus tarder dans une réforme radicale de son système fiscal qui aille bien au-delà des timides projets gouvernementaux en matière d'imposition du patrimoine.

En particulier, notre système fiscal souffre de l'existence d'une multiplicité de niches. Ces niches font que le taux moyen d'imposition n'est en fait que de 24,4 % pour les mille contribuables les plus aisés et devient inférieur à 20 % pour les dix contribuables les plus riches, alors qu'il dépasse les 40 % dans les pays scandinaves. Il faut donc commencer par supprimer les niches fiscales qui n'ont pas eu d'effet avéré sur la croissance : en particulier, la défiscalisation des heures supplémentaires, ou la TVA réduite sur la restauration (le passage au taux réduit de 5,5 % de la TVA coûte 3 milliards d'euros par an) ou la loi Girardin censée favoriser l'investissement industriel dans les DOM et qui s'est transformée en niche pour les très hauts revenus, ou encore les niches qui, en pratique, font chuter le taux d'IS de 33 % à 17 % pour les grandes entreprises et notamment le fameux amendement Copé.

C'est parce qu'ils se sont dotés de fiscalités transparentes et progressives, de fiscalités sans niche, que des pays comme la Suède ou la Finlande sont parvenus à considérablement réduire leurs déficits publics après les crises financières qu'ils ont traversées dans les années 1990, et ce sans porter atteinte ni à la qualité de leurs services publics - la Finlande est toujours parmi les meilleurs dans le classement PISA -, ni à leur potentiel de recherche et d'innovation, ni à leur compétitivité au sein de l'économie mondialisée. Pourquoi pas nous ?

L'Allemagne profite de la reprise, pas Angela Merkel

L'économie allemande, loin de subir le ralentissement annoncé à la fin de l'été dernier, démarre l'année en trombe. L'indice IFO, qui mesure le moral des entrepreneurs, est ressorti à son plus haut historique en décembre. Les exportateurs affichent une grande confiance. Les ventes à l'étranger, après avoir progressé de quelque 15 % en 2010, pourraient encore croître de 10 % en 2011 et donc franchir, pour la première fois, la barre des 1.000 milliards d'euros. Les difficultés des pays les plus fragiles de la zone euro devraient être plus que compensées par le dynamisme des pays émergents. La Chine pourrait ainsi devenir, dès cette année, le deuxième débouché pour le « made in Germany », derrière la France. Les industriels allemands s'intéressent de très près au douzième plan quinquennal de Pékin, qui vise, entre 2011 et 2016, à réorienter le modèle économique chinois vers les énergies renouvelables, les technologies vertes, les voitures à propulsion alternative. Tous domaines dans lesquels les entreprises allemandes estiment avoir d'importants avantages concurrentiels. L'autre poids lourd du continent asiatique, l'Inde, leur semble également très prometteur. Les pays qui croissent le plus vite actuellement sont gourmands en machines-outils et biens d'équipement allemands. La frange de leur population qui s'enrichit rapidement affiche volontiers son nouveau statut avec des voitures de luxe… allemandes. Daimler espère vendre en 2015 quelque 300.000 véhicules en Chine, trois fois plus que l'an dernier. Le constructeur a indiqué avoir atteint les limites de ses capacités de production et prévenu ses clients qu'ils devront s'armer de patience.

La nouveauté des derniers mois, c'est que les commerçants aussi ont retrouvé le sourire : les consommateurs, frileux depuis des années, ont repris le chemin des magasins. Ils ont été rassurés par plusieurs éléments : le programme gouvernemental de réduction des déficits ; les hausses de salaires arrachées par les syndicats ; la bonne volonté des employeurs, qui souvent accordent les revalorisations plus tôt que prévu, comme Bosch ou Siemens ; un chômage en repli régulier. Les ventes de Noël 2010 pourraient être supérieures de 2,5 % à celles de 2009. La consommation des ménages pourrait assurer une part majoritaire de la croissance de 2011, qui devrait tourner autour de 2,5 %, selon la plupart des instituts de conjoncture. Après son rebond estimé à 3,7 % en 2010, l'économie allemande devrait donc rattraper son niveau d'avant-crise au cours du second semestre 2011.

Un institut en particulier, Kiel Economics, a publié une étude remarquée, dans laquelle il pronostique une expansion durable, de l'ordre de 2,5 % par an jusqu'en 2015, notamment grâce à la politique monétaire accommodante de la BCE. Il est vrai que la crise de l'euro produit des effets positifs : la monnaie unique a baissé face au dollar ; les taux d'intérêt sont inférieurs à ce qui serait approprié pour la seule Allemagne ; et les difficultés des pays périphériques devraient exercer une pression à la baisse sur les prix de leurs produits, pour le plus grand bonheur de leurs clients allemands. Certes, on trouve aussi des conjoncturistes beaucoup plus pessimistes pour 2012 et les années suivantes. L'institut IMK, par exemple, n'exclut pas une nouvelle récession en 2012, en fonction des développements de la crise de l'euro et d'autres risques exogènes comme l'immobilier chinois.

Mais, pour l'instant, Angela Merkel peut se flatter d'avoir sorti le pays de la crise de 2009 de manière magistrale. Les finances publiques s'améliorent rapidement. Le déficit budgétaire devrait revenir, dès cette année, largement sous la barre des 3 % du PIB prévue par le Pacte de stabilité. Selon l'institut IWH, l'Etat fédéral pourrait même dégager un excédent dès 2014, en avance sur le mécanisme de frein à la dette inscrit dans la Loi fondamentale en 2009. Cette performance et la validation du modèle exportateur placeront Angela Merkel en position de force sur l'échiquier européen, alors que l'Union doit avancer cette année sur la voie d'une meilleure coordination des politiques économiques. Comme en 2010, Berlin restera au centre du jeu quand il s'agira de doter l'UE d'une meilleure gouvernance et de corriger les différentiels de compétitivité en son sein. Les Européens devront donc encore compter sur une chancelière très exigeante, pour ne pas dire autoritaire.

D'autant plus qu'en politique intérieure, le succès économique ne semble pas du tout profiter aux partis de la coalition au pouvoir. C'est une situation problématique pour la chancelière, car 2011 est une « super année électorale », avec pas moins de sept scrutins régionaux. Le scénario noir qu'on redoute à la chancellerie, c'est une victoire de la gauche à Hambourg, le 20 février, avec un effet d'entraînement sur les trois élections de mars, en Saxe-Anhalt, en Rhénanie-Palatinat puis dans le Bade-Wurtemberg. Compte tenu de l'effondrement du parti libéral, tombé fin 2010 à quelque 3 % des intentions de vote, il n'est pas impossible que Stuttgart, bastion conservateur depuis l'après-guerre, bascule à gauche. Un nouveau revers électoral majeur, après celui que la droite a subi en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en mai dernier, aurait un effet symbolique désastreux. Au-delà, il compliquerait encore la tâche du gouvernement face à une opposition de plus en plus revigorée au Bundesrat, la Chambre haute du Parlement. La gauche y a déjà montré ses muscles, en décembre, en bloquant pour la première fois un texte adopté par le Bundestag : la réforme des minima sociaux. Quelles que soient ses réussites économiques, Angela Merkel risque donc d'être confrontée à une cohabitation de plus en plus inconfortable, avant même d'avoir atteint la moitié de son deuxième mandat.

Nicolas Hulot sauvé par des pompiers plongeurs de Saint-Malo

Cet après-midi à 15 h 57. Les pompiers plongeurs de Saint-Malo et ceux du centre de Saint-Briac sont appelés pour venir en aide à deux kite-surfeurs en détresse près de la plage du Lancieux (Côtes d’Armor). Le kite-surf est un sport de glisse qui consiste en une planche tractée par un parachute. Un sauvetage réussi et les kite-surfeurs sont ramenés à terre.

Par contre, surprise pour les pompiers. L’un des kite-surfeurs était Nicolas Hulot en personne. L'animateur de TF1 aurait refusé d’être transporté au centre hospitalier.

VOILÀ QUI LE FERA RÉFLÉCHIR À  LA PRÉSIDENTIELLE. 

L'Europe toujours sous surveillance

C'est formellement aujourd'hui en fin d'après-midi à Budapest, au cours d'une brève cérémonie, que la Belgique transmettra à la Hongrie le drapeau étoilé, symbole du changement de la présidence de l'Union européenne pour les six prochains mois. Demain, la Commission conduite par José Manuel Barroso tiendra au même endroit de premières séances de travail avec le gouvernement de Viktor Orban pour discuter des priorités de la présidence hongroise. Mais ce ne sont bien sûr pas ces dernières qui retiendront l'attention : c'est la façon dont l'Europe accepte de confier ses rênes à un pays qui prend ses distances avec ses valeurs communes. La désormais fameuse loi sur le contrôle des médias (votée en décembre) a fait l'objet d'une condamnation sans équivoque de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui y voit une « atteinte à la liberté de la presse » et une concentration des pouvoirs « sans précédent dans les démocraties européennes ». Les mots sont lourds. Aux dernières nouvelles, hier, Budapest a plaidé sa bonne foi et promis de tenir compte des remarques de la Commission… Une affaire à suivre, d'autant plus près que la mauvaise foi du gouvernement n'est plus à prouver. Il suffit de voir ce qui se passe dans un autre domaine, la nouvelle fiscalité bâtie sur mesure pour piéger les seules sociétés étrangères.

Cet épisode ne confirme pas seulement que le système de présidence semestrielle tournante a vécu et qu'il aurait déjà dû être remplacé par la présidence permanente confiée au très et trop discret Herman Van Rompuy. Il intervient au moment où, à l'autre bout du continent, les difficultés de la zone euro sont toujours présentes. Le Portugal, qui a réalisé hier sa première adjudication de l'année, a dû offrir aux investisseurs des taux d'intérêt presque deux fois plus élevés que lors des deux précédentes. Lisbonne n'est manifestement pas assuré de ne pas devoir un jour passer sous le parapluie des aides communautaires et du FMI. Il reste à espérer que le beau duo tenu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel plaidant à distance la cause de l'euro auprès de leurs peuples le 31 décembre et l'entrée de l'Estonie dans la zone euro le 1 er janvier aient été autre chose que cela : une parenthèse.

Menace sur le génie belge 

On peine à croire que l’histoire se passe dans le pays hôte des principales institutions européennes. Mais c’est ainsi : dans l’Europe de 2011, l’un des pays fondateurs de l’Union se paie le luxe de se déchirer. Un spectacle assez désespérant quand, au même moment, les 27 peinent à consolider le grand idéal d’un continent solidaire au-dessus des intérêts de chacune des nations qui le composent.

Querelles linguistiques, incompréhensions culturelles, jalousies territoriales : tous les ingrédients d’un conflit inextricable sont réunis derrière un paravent d’apparente tranquillité. Ce pourrait être déjà un naufrage : quel pays, en pleine crise économique, pourrait se permettre une paralysie politique de plus de 200 jours ?

La petite Belgique est bien la seule à pouvoir supporter une telle épreuve. Grâce à l’étonnante solidité de son appareil d’État astucieux et efficace, tellement rodé à l’instabilité gouvernementale - comme le fut l’administration française sous la IV e république - qu’il parvient à faire tourner cette drôle de machine sans personne dans la cabine de pilotage. Il y a là une sorte de génie si on considère les fort corrects résultats économiques du pays et une atmosphère générale bien moins dépressive que dans l’hexagone.

Vu de l’autre côté de la frontière la situation prêterait presque à sourire tant elle semble relever de l’absurde. Est-ce le miracle inattendu d’un personnel politique, souvent de qualité, qui ne manque pas d’humour ? Ses ténors ne se prennent généralement pas au sérieux, dédramatisant du même coup une sorte de jour sans fin où l’échec des négociations entre Flamands et Wallons se prolonge si longuement qu’il survit désormais au cycle des saisons. Mais combien de temps une telle comédie peut-elle encore durer ?

Avec le temps, tout ne s’en va pas. Ferré ne parviendrait pas à contredire l’amertume de Brel, ce Wallon qui crachait son exaspération envers les Flamands qui la lui rendaient bien. Les petites haines recuites et les rancœurs n’épargnent pas les territoires de la vieille Europe… Elles sont ordinaires mais elles font tellement froid dans le dos quand elles exigent le renoncement à des solidarités qui semblent évidentes sur de si petites superficies !

L’impuissance de l’Union à ramener les deux protagonistes à la raison ne peut que soulever les craintes devant le triomphe de la tentation d’un repli communautaire de plus en plus extrême. Le refus du parti indépendantiste flamand de donner son accord à un compromis qui semblait à portée de main accrédite l’hypothèse de la politique du pire. Si la partition n’est pas à l’ordre du jour, un péril bien pire encore menace la Belgique : le pourrissement.