mercredi 11 février 2015
Une minute de gloire
Les petites phrases eurent leur heure de gloire. Elles assuraient à leur auteur une notoriété certaine. Quelques-unes sont restées telle celle de Philippe Séguin : « Ce n’est pas parce que les caisses sont vides qu’elles sont inépuisables ». Aujourd’hui la mode en est passée ou les talents ont décliné. Aussi convient-il de saluer bien bas la tentative de Jean-Christophe Lagarde qui s’essaie au genre et qui dirige, je crois, un parti politique. Surfant sur l’affaire du jour, il a déclaré préférer « un Tiki sans papiers » à « deux Kouachi qui, eux, ont des papiers ». Certes, on ne voit pas bien le rapport. Certes, personne ne défendra des assassins. Certes, l’intelligence de la pensée n’est pas évidente. Mais déjà, le voilà un peu moins inconnu.
Ce n’est déjà pas si mal.
Un mois après, l’esprit n’est plus là
Pas de diagnostic partagé sur l’état calamiteux du pays, pas de consensus républicain autour d’une refondation du « modèle » français, pas d’unité nationale pour voter un corpus de lois à même d’éviter la désintégration sociale… Un mois après le traumatisme des attentats et l’extraordinaire sursaut des Français, l’« esprit du 11 janvier » a vécu. L’élan s’est arrêté net, terrassé par l’autisme de la classe politique, étouffé par le retour des corporatismes, trahi par une passion des formules qui n’a d’égal que la foi dans le statu quo, écrasé par un étatisme sourd à la société civile.
Depuis le 12 janvier, c’est politics as usual. L’UMP se déchire à défaut de se choisir une ligne. La très attendue conférence de presse du chef de l’Etat accouche d’une souris – le service civique volontaire. Rien n’entrave la dynamique d’un Front national « aux portes du pouvoir ». Au bond de popularité du couple exécutif succède un reflux marqué dans les sondages. Les annonces de réformes cosmétiques sur le chômage ou sur l’éducation suivent les incantations couvertes par le bruit des kalachnikovs. L’électrochoc a fait pschitt !
Bien sûr, personne n’imaginait que le gouvernement inverserait en 31 jours des décennies de gabegies, de lâchetés et de mensonges. Et que n’aurait-on dit s’il avait multiplié les lois de circonstance, sans concertation, ni préparation ? Mais voilà. Il est clair que François Hollande va se contenter de reposer le couvercle sur le chaudron. Son programme : un Premier ministre au front pour mieux se réserver les sommets, des mesures techniques pour donner l’illusion de l’action, un pari sur la croissance pour maquiller les échecs. Et au final, une occasion manquée.
Le vrai espoir de 2017
Plus le temps passe, et plus s’ancre en moi la conviction que les dés politiques sont pipés. L’américanisation ou la présidentialisation de la vie politique française est une erreur fondamentale qui est l’une des sources de l’impasse politique actuelle. Avec le quinquennat, aligné sur le mandat des députés et la mise en place « des primaires », le système politique a été largement neutralisé. L’électeur choisit avant tout un visage,
une image, une marque, un peu comme un produit de consommation. La manipulation médiatique sur la mise en valeur – ou le lynchage – d’un personnage devient un principe de fonctionnement du régime. Le débats d’idées, la confrontation des projets, le choix d’un destin collectif en sont les victimes directes. L’élection présidentielle de 2017 se présente sous les pires auspices. Elle conduit presque inévitablement au conformisme et à la continuité. Hollande ou Valls? Ils appliqueraient, par définition, la même non-politique qu’aujourd’hui, mélange de frime et d’inertie. Juppé? Il viserait naturellement au consensus et donc, au statu quo. Sarkozy? Elu de nouveau président, placé sous le feu des haines et des rancoeurs, j’ai du mal à l’imaginer s’engageant dans la voie d’une cassure profonde. Dans tous ces cas de figure, une élection au deuxième tour contre le Pen (à l’image de 2002) ne pourra que renforcer la quête de l’unité nationale, de l’apaisement, du consensus et donc, de l’immobilisme tranquille. Alors? Alors, il n’est pas impossible que nous assistions en 2017 à un basculement profond du régime. Sous la pression populaire et compte tenu de la neutralisation prévisible de l’Elysée, il ne faut pas exclure une sorte de résurrection démocratique à travers l’élection législative, un retour aux sources de la souveraineté. Il faut alors imaginer une explosion des frontières partisanes et l’émergence d’une majorité d’idées, sur la nécessaire réforme de l’économie autour de la confiance en l’entreprise, le retour à l’ordre et à l’autorité, y compris en matière d’éducation, de sécurité, d’immigration, de lutte contre le communautarisme et le fondamentalisme, l’émergence d’un puissant et courageux Premier ministre, appuyé sur cette majorité d’idées, volontaire pour prendre en main le destin du pays, sans calcul personnel, sans arrière-pensées ni tabous et assumant ainsi ses responsabilités. Je rêve? Peut-être mais il faut bien garder une chance d’espérer, aussi infime soit-elle… Le désastre politique
Les événements électoraux du Doubs, le 1er et le 8 février ont toute l’apparence d’un désastre politique pour l’opposition démocratique. Même si rien n’est joué d’avance, ils ouvrent, me semble-t-il, la perspective d’un renouvellement du bail du parti socialiste pour 5 ans à la tête du pays en 2017. Je vois, dans l’éventualité d’une pareille calamité, la conséquence d’une évolution de la vie politico-médiatique qui s’éloigne toujours plus des débats d’idées, des projets de société, de la politique au sens noble du terme – le gouvernement de la cité – pour se focaliser sur les rivalités et ambitions personnelles des politiciens. D’où cette tribune dans Figaro Vox.
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