Mais que l'on se rassure, visiblement les marchés vont encore en parler pendant un moment. Alors qu'il y a quelques semaines, tout le monde organisait des meetings avec des analystes, des économistes et des stratégistes pour savoir quelles seraient les implications en cas de défaut, maintenant que la question du défaut est repoussée aux calendes grecques (ooooups, mauvais jeu de mots), on se rend soudain compte que le plan de sauvetage mis en place par les politiciens va quand même coûter un maximum de pognon et que ce n'est peut-être pas le moment de se serrer la ceinture, alors que l'économie est déjà sous oxygène depuis des mois...
On se demandait donc ce qui se passerait si les USA faisaient défaut et bien on ne le saura jamais. En tous les cas pas avant 2013 au moins, par contre, maintenant on sait ce que ça fait quand les USA ne FONT PAS défaut. Ça fait mal. Très mal.
Ceci dit il n'est pas simple de tirer un parallèle entre l'accord trouvé entre Républicains et Démocrates et la chute du marché d'hier soir, mis à part le fait que les investisseurs auraient préféré voir un plafond de la dette réhaussé ET en plus l'annonce de la découverte d'une nappe pétrolifère sous Washington ET de la plus grande mine d'or du monde dans la banlieue de Georgetown. Il n'est pas évident de faire le lien. Mais on va dire que c'est le fait que l'on a déjà fait les calculs et que les économies induites par l'augmentation du surendettement US, risque de couter environ 0.3% par an la croissance de l'économie US. Etant donné la tronche du GDP en ce moment, il se pourrait que ça nous bouffe le peu de croissance actuelle....donc ? Récession ?? CQFD
En même temps, ça reste des calculs fait à la va-vite sur le coin d'un bureau de Wall Street, alors ça vaut ce que ça vaut. Hier soir, ça valait presque 3% de baisse et la 8ème séance de baisse consécutive pour les indices, sans compter que, du coup le S&P500 est en baisse pour l'année, ce qui est une super nouvelle, puisque la majorité des stratèges ont un objectif entre 10 et 15% de hausse pour 2011, cela laisse présager d'une fin d'année de folie. Il ne reste plus qu'à trouver le bon moment pour acheter. Pour les statisticiens, on retiendra également que la dernière fois que nous avons enquillé 8 séances de baisse consécutives, c'était en septembre 2008. Je ne sais pas ce que vous faisiez à cette époque, mais souvenez-vous, on achetait tous des sacs de riz et des six-packs d'Evian pour se prémunir de la fin du monde qui arrivait. Après, Lehman s'est pris les pieds dans le tapis...
Dans les choses à retenir dans la séance d'hier, on retiendra l'accord du Sénat qui a validé le plan pour augmenter la dette américaine 2.4 trillions de dollars (en même temps, ça ne vaut plus grand-chose le dollar...) et ils vont aussi réduire les déficits de 2.1 trillions, c'est surtout ça que l'on n'a pas aimé. Mais il y avait aussi les chiffres de la consommation qui était « étonnamment » faibles... WHAT A SURPRISE !!! Il est vrai que l'on peine à imaginer que l'américain moyen soit inquiet quand il voit qu'il est dirigé par une bande de clowns et que l'économie de son pays est en train de prendre conscience de la signification du mot « surendettement »... ça donne moins envie d'aller faire chauffer la carte de crédit ou alors plutôt pour aller stocker de la bouffe dans son garage et ensuite de se barricader à la maison... Les chiffres étaient donc mauvais et le ton était donné... Les inquiétudes quand à la croissance US n'étaient que la cerise sur le gâteau.
Et puis il y avait aussi l'Europe. Parce que du coup, on réveille les anciennes peurs d'il y a quelques semaines, alors que l'on pensait en avoir fini une fois pour toute après avoir sauvé la Grèce ? ou à peu de chose près ? non, du coup on est revenu sur le sujet de l'Espagne et de l'Italie, sauver la Grèce, le Portugal et l'Irlande n'est pas grand-chose quand on imagine le boulot que ça serait de sauver le « S » et le « I » de PIIGS, en même temps. Du coup, même si il y a un mois de cela nous avions définitivement rayé la possibilité d'un défaut de l'Italie, « parce que quand même, c'est tout de même pas la Grèce », finalement on y revient gentiment... surtout que quand on relit les écrits de la loi de Murphy et que l'on apprend que « ce qui ne devrait JAMAIS arriver, arrive FORCEMENT un jour... »
Donc, si vous mettez ensemble dans un grand saladier, un peu de ralentissement économique américain, le chômage qui augmente partout, les leaders européens qui « décalent leurs vacances afin de surveiller l'état de l'économie au mois d'août », les CDS qui montent au ciel et les rendement des obligations d'Etat qui prennent l'ascenseur, la visibilité économique qui pousse les investisseurs à passer au vol aux instruments et l'incertitude qui grandit et qui grandit encore, pas besoin d'avoir un doctorat en chimie pour comprendre que le mélange est explosif et doit être manipulé avec précaution.... En gros les indices européens se sont fait défoncer, mais pas autant que la Suisse. Pour notre défense on n'était pas là lundi, il y avait donc un sacré boulot à faire pour rattraper le retard, mais en plus comme l'euro se faisait laminer et que le dollar ne vaut bientôt plus le papier sur lequel il est imprimé, on se demande à qui les entreprises suisses vont bien pouvoir exporter. A moins que l'on devienne friand de yuans, même si nous n'avons pas de problème d'endettement, on commence à se demander comment on va faire... Le dollar suisse donne envie d'acheter un appart à Miami Beach, mais il est tentant d'attendre les 0.50 contre franc suisse, ce qui, à ce rythme-là ne saurait tarder. Et puis l'Euro ne va pas mieux et la parité contre suisse semble de plus en plus évidente..
Résultat des courses, la journée d'hier fût sanglante à tous points de vue. Les supports techniques des indices, pour ceux qui en avaient encore, sont en train de se faire exploser. Le S&P500 a sérieusement entamé sa moyenne mobile des 200 jours, moyenne qui est censée être « LE DERNIER REMPART » avant que la tendance commence vraiment à prendre une sale gueule. Hier à l'ouverture, on pouvait encore y croire, mais 30 points plus bas, il faut se rendre à l'évidence. On peut encore secrètement espérer que le support horizontal des 1250 tienne le choc aujourd'hui, comme il l'avait fait en mars alors que la Grèce était censée partir en faillite... Mais à l'époque le problème n'était que grec, là il devient un peu plus vaste...
La grande question reste de savoir si nous sommes au début d'un mouvement majeur ou simplement à la fin d'une correction. Sans avoir fait « analyse technique » comme doctorat, j'aurais tendance à dire que si le S&P500 passe sous les 1250, la porte est ouverte pour 100 points de baisse en plus... En même temps au stade où nous en sommes, ce n'est pas la fin du monde. Le problème principal est que le marché est en train de jouer aux poupées russes, dès qu'on ferme un dossier, on en rouvre un autre derrière, c'est presque un mouvement perpétuel, sauf que l'on aurait tendance à se dire qu'on ne pas réussir à se sauver d'un cheveu à chaque fois et que la fois où il faudra vraiment passer à la caisse, ça risque de faire péter la limite de la carte de crédit.
Inutile de vous dire que toutes ces incertitudes ont des effets périphériques aux marchés boursiers. Il y a tout d'abord l'or... L'or qui bien sûr se délecte des évènements, chaque mauvaise nouvelle, chaque crainte ne fait que de le propulser plus haut, toujours plus haut ? même si un jour le réveil sera difficile ? pour le moment il n'y a rien à dire : « the only way is up » aussi sûr que « the only way is down » sur les indices... sauf que sur les indices c'est pas sûr... L'or c'est SUUUURRR il va plus haut bien plus haut... Hier le métal jaune a battu un nouveau record ? comme tous les jours ? à 1661.59$... Ce matin il corrige, revenant sagement sous les 1660$. Sans oublier que l'argent est en train de prendre le même chemin, même si c'est moins glamour. Le métal gris est en train de repasser les 40$, menaçant même de repartir faire un pétage de plomb en direction des 50$, comme il avait fait en mars-avril à l'époque où on allait tous mourir étouffés par une indigestion de souvlakis.
Comme disait le vieux proverbe commanche : « quand économie américaine ralentir, homme blanc ne plus mettre essence dans pick-up truck et quand homme blanc ne plus mettre essence dans pick-up truck, homme blanc commencer à se déplacer en cheval hybrid prius et quand homme blanc chevaucher prius, homme blanc s'arrêter moins souvent à la maison EXXON, et quand homme blanc ne aller chez EXXON, eau noire du centre de la terre qui sort par les tours de métal au milieu du sable ne plus valoir un kopeck »... Le pétrole se traite à 93.39$ sur le WTI est en plongée, si l'on trouve que le chart du S&P500 est un cas d'école, le baril va au mieux à 90$, au pire à 80$... Mais on peut compter sur les brillants stratèges pétroliers pour venir nous faire une annonce tonitruante et nous coller un target à 40$ sur le baril après nous avoir JURE qu'on allait à 130$ c'est CERTAIN... Le Brent s'échange à 116.04$. Mais heureusement, ce soir il y aura la publication des inventaires et là, c'est sûr on va se marrer...
Dow Jones 11867 -2.19%
S&P500 1254 -2.56%
Nasdaq 2669 -2.75%
Londres 5718 -0.97%
Paris 3523 -1.82%
Francfort 6797 -2.26%
Milan 17273 -2.53%
Madrid 9115 -2.18%
SMI 5546 -4.09%
Ce qu'il y a de bien dans les marchés quand il y a des « grosses news » comme ces jours, c'est que plus rien d'autre ne compte. J'ose simplement rappeler que nous sommes en pleine saison des résultats trimestriels, que les chiffres continuent d'être globalement bons à très bons, mais visiblement les errances des Etats face à leurs endettements sont bien plus importants et dissimulent parfaitement ce qui se passe au niveau micro-économique, puisqu'il devient de plus en plus difficile de trouver un article qui parle d'autre chose que de plafond ou de d'endettement. Le Wall Street Journal, qui est censé parler de Wall Street est devenu « Plafond Magazine », plus rien ne compte.. vivement que ça se tasse qu'on puisse reparler d'autre chose.
Tokyo 9642 -2.06%
Hong Kong 22004 -1.86%
Shanghai 2808 +0.09%
Sydney 4421 -2.00%
Ce matin en Asie on se félicite de l'approbation du Sénat et pour fêter ça, on fait comme New York ; on baisse. Il y a juste les chinois qui on le chic de se moquer du malheur des autres et qui en profitent pour grapiller quelques points et surtout ne pas baisser en signe de solidarité avec les difficultés occidentales. Le trade surplus australien ainsi que les ventes de détails sont en baisse et la croissance du secteur des services en Chine se calme un peu. Par contre ce matin, l'agence de rating Dagong Global a encore réduit le rating de la dette US et menacé de revenir pour en rajouter une couche...
DONC... Ce qui est tout de même super-drôle, c'est que l'agence de rating chinoise n'est pas forcément meilleure que ses comparses américains, quoiqu'ils avaient déjà anticipé la catastrophe actuelle, mais ce qui est drôle c'est qu'au moment où Dagong vient annoncer un baisse de rating et prévient que ce n'est pas fini, dans le même temps, Moody's CONFIRME le triple A des USA et dans la foulée Fitch déclare que les USA sont à un risque de défaut très très bas... ce qui confirme le triple A. La question qui se pose est de savoir si les gens qui prennent ces décisions ont fait les mêmes études, le même CFA ou la barrière de la langue et de l'écriture fait que Dagong n'a pas les mêmes données que les stars en place depuis bien trop longtemps ??? En tous les cas, ça confirme ce que je pensais et que la meilleur solution pour régler les problèmes liés aux ratings c'est de raser les bureaux de Fitch, Moody's et S&P au napalm et de mettre tous les analystes en prison, histoire de rentabiliser Guantanamo.
Dans les autres nouvelles, Timothy Geithner suggère tout de même au Congrès d'augmenter les impôts car réduire les dépenses ne suffira tout de même pas. Ou alors il faut stopper la guerre en Irak, en Afghanistan et ailleurs au plus vite, ça va déjà coûter moins cher. Mais si l'on en croit certains articles ce n'est pas prêt de se réduire de ce côté là, puisqu'un ancien espion américain estime qu'Israël s'apprête à bombarder les installations nucléaires iraniennes d'ici septembre et que le Pentagone est déjà sur le pied de guerre. C'est bien, un bon conflit nucléaire, ça va bien nous aider à retrouver le calme sur les marchés. Et puis en investissant 100 milliards de plus pour aller tester les nouveaux avions de chasse en Iran, ça va bien aider le budget à s'équilibrer... A moins que les américains décident d'arrêter de tomber malade sans arrêt et de faire ainsi baisser les coûts de la santé.
Alors que la situation actuelle fait à nouveau surgir le mot « récession » dans les journaux, on commence à se demander si la FED ne pourrait pas mettre un plan de stimulus pour aider l'économie à se reprendre. C'est d'ailleurs BlackRock qui le pense, enjoignant la FED d'agir alors qu'ils estiment que l'économie US est à la limite du « décrochage »... A 15h00 cette après-midi, Silvio Berlusconi va s'adresser à la nation pour leur expliquer son plan pour « booster » la croissance et essayer du même coup de réinstaurer un brin de confiance, ce qui est de loin pas gagné.... Mais au moins on devrait rigoler. Twitter devrait lever des fonds tout prochainement, 800 millions de dollars devraient rentrer dans l'escarcelle du site de micro-messaging, portant la valorisation à 8 milliards, ce n'est donc pas la crise pour tout le monde.
Ce matin les futures américains sont en hausse de 0.11% laissant présager d'un rebond spectaculaire. Côté chiffres économiques nous aurons les MBA purchase applications, le Challenger Job cut, l'ADP Employment Report qui nous donnera une idée de la sauce à laquelle nous serons mangés vendredi, les Factory Orders et l'ISM Non-Manufacturing, petit frère de celui qui nous a déjà plombé le marché la semaine passée. Côté chiffres trimestriels, il y aura une avalanche de publications, mais comme de toute manière tout le monde s'en fout tant qu'on ne parle pas de dette, il n'y a pas de raison de s'y attarder plus que de raison...
Après 8 séances de baisse, le marché trouvera-t-il la force d'inverser la tendance, pas facile de le dire, je serais tenté de dire que non, car nous ne sommes pas encore suffisamment ancrés dans la déprime la plus noire. Le mois d'août promet d'être riche en évènements, une chose est sûre ; on ne va pas s'ennuyer et je vais avoir de quoi écrire.
En attendant le discours de Silvio, il me reste à vous souhaiter un bon café, une bonne journée et que la force soit avec vous. Si vous êtes d'accord, on se retrouve demain au même endroit.
Morningbull
Our enemies are innovative and resourceful, and so are we. They never stop thinking about new ways to harm our country and our people, and neither do we.
George W. Bush