François Hollande et Angela Merkel ont fait preuve de courage et de ténacité en se rendant dans la capitale biélorusse pour mettre Vladimir Poutine au pied du mur. Ils ont arraché un cessez-le-feu qui, même s’il est le deuxième en cinq mois, constitue un résultat appréciable, après le bain de sang dont les civils ont été les premières victimes depuis un an en Ukraine. Le président et la chancelière ont prouvé une fois de plus que la France et l’Allemagne, lorsqu’elles étaient unies et déterminées, pouvaient soulever des montagnes en Europe. Puisse François Hollande s’en souvenir, lui qui a perdu tant de temps depuis qu’il est à l’Elysée à manigancer des alliances contre Berlin.
Cependant, même suspendu, le conflit ukrainien reste préoccupant. L’accord Minsk 2 ne garantit pas la paix, loin de là, et sa mise en œuvre repose sur la bonne volonté de protagonistes dont la mauvaise foi n’est plus à prouver. Le texte consacre les gains territoriaux des rebelles et contraint l’Ukraine, qui a déjà perdu la Crimée l’an dernier, à renoncer de facto à exercer sa souveraineté sur le Sud-Est. Enfin, il n’apporte aucune réponse à des questions vitales pour l’avenir. Comment l’Europe peut-elle aider l’Ukraine à ressusciter son économie et éradiquer la corruption ? Comment l’Otan peut-elle restaurer une dissuasion efficace contre Vladimir Poutine, qui a montré que, contrairement aux Occidentaux, il n’avait pas peur de recourir aux armes pour restaurer la puissance impériale d’antan ? Et plus largement, comment l’Europe pourra-t-elle renouer un jour une relation de confiance avec la Russie ? Si la longue nuit de Minsk a au moins permis aux Européens de gagner un peu de temps pour ébaucher une vraie stratégie à l’Est, elle n’aura pas été inutile. A condition qu’ils ne laissent pas filer l’occasion.