TOUT EST DIT

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jeudi 17 novembre 2011

La France peut elle envisager de soumettre à Référendum sa politique de restriction budgétaire comme a tenté de le faire la Grèce ? Par Christophe Georges Albert

Depuis, le krach des dettes souveraines, l’enjeu central de la crise n’est plus la régulation du capitalisme mais la résistance de la démocratie selon une formule empruntée à Nicolas BAVEZREZ, historien et économiste. En effet, si aucun progrès n’a pu être enregistré sur le plan économique et financier, la crise a changé de dimension en s’installant au cœur des démocraties, conjuguant ainsi le développement du populisme avec l’impuissance et la délégitimation des gouvernements.

C’est dans ce contexte qu’après l’accord de sauvegarde du système financier en général et de la Grèce en particulier intervenu après le sommet européen du 27 Octobre que le premier ministre Grec M. Papandréou a souhaité consulter son peuple par la voie du référendum.
Or, l’ambition ne peut pas être seulement de "rassurer" les marchés. Elle doit être de leur imposer à nouveau la légitimité d’une union monétaire dont la force soit à la hauteur de sa très grande puissance collective, économique et financière (Le Monde.fr).
C’est pourquoi, au-delà de la diversité de nos textes constitutionnels, pourrait-on envisager de saisir le peuple par la voie du référendum pour qu’il se prononce sur l’adoption d’un principe d’aide ou de rigueur budgétaire ? Comment traiter l’irruption des peuples et des parlements dans les finances publiques des Etats de l’Union Européenne ?
Répondre à ces questions nécessite ainsi de poser les conditions juridiques du recours au référendum entre les deux pays, (I) mais aussi de considérer le projet d’uniformisation des procédures en matière de finances publiques (II)
I – Comparaison des conditions juridiques d’un recours au référendum entre la Grèce et la France
La France comme la Grèce dispose d’une capacité constitutionnelle à recourir au référendum (A), pour autant peut-on valider la transposition du processus référendaire Grec à la pratique institutionnelle de la France (B).
A – Les dispositions constitutionnelles permettant le recours au référendum
L’article 44 de la Constitution « 12ème résolution du 07/06/1975 » Grecque autorise le Président de la République à convoquer, sur proposition du gouvernement et après le vote à la majorité absolue du Parlement, un référendum sur des questions nationales d’intérêt crucial. En revanche, en France, deux articles réglementent le recours à cette pratique institutionnelle, les articles 11 et 89 de la Constitution.
Or, si la constitution Grecque encadre ce dernier par le pouvoir d’obstruction qui est laissé au Parlement, son thème peut être envisagé très largement « intérêt national crucial ».
Inversement, la France laisse le choix de son organisation au pouvoir exécutif, mais ne l’autorise que sur des thèmes précis et limités.
Dès lors, peut-on envisager une synergie procédurale entre les deux Etats membres de l’Union européenne sur le thème particulier des finances publiques ?
B – Validité de la transposition du processus référendaire portant sur les finances publiques en Grèce à la pratique institutionnelle française
Si la Grèce prévoit un cadre référendaire très large, à savoir « un intérêt national crucial », qui peut être utilement justifié dans le cadre de l’acceptation par le peuple des plans de rigueur successifs imposé à ce pays, l’article 34 de la Constitution française, témoigne d’un système de représentation qui donne compétence au Parlement en matière de Finances publiques.
Ainsi, l’assiette et les taux de recouvrement des impositions de toutes natures, ou encore le vote de la loi de finances par le parlement sous couvert du respect de l’article 13 de la DDHC « principe du consentement à l’impôt » empêche fondamentalement au Président de la République de prendre l’initiative d’un référendum, même si l’on a pu ajouter à l’article 11, que peuvent être soumises à référendum « les réformes relatives à la politique économique et sociale de la Nation ».
Le texte s’attache fondamentalement en effet plus à l’incidence de ce dernier sur le fonctionnement des institutions que sur la portée des mesures envisagées.
Néanmoins, dans le cadre d’une économie intégrée au sein de l’Euro Land et d’une nécessaire coordination politique entre les nations, les budgets nationaux devraient être soumis en amont à la commission européenne, uniformisant dès lors les procédures relatives aux finances publiques.
II –Projet d’uniformisation des procédures en matière de finances publiques
Le Parlement européen a adopté, le 28 septembre dernier, le paquet législatif de six textes sur la « gouvernance économique » de l’Union européenne, ce qui tant à rationaliser les procédures d’adoption des budgets entre les Etats de l’union (A), mais aussi à légitimer le rôle des représentations nationales contre la tentation populiste (B).
A – Rationalisation des procédures d’adoption des budgets entre les Etats de l’Union
Cette résolution prévoit la surveillance et l’évaluation des budgets nationaux en amont par la Commission européenne qui aura le pouvoir de contrôler l’application de ses recommandations et d’imposer des sanctions.
Les gouvernements devront dorénavant se conformer strictement au paradigme de l’austérité : réduire les dépenses publiques et les allocations sociales, comprimer les salaires et les pensions, diminuer le secteur public et procéder à de nouvelles privatisations.
Dès lors, dans ce contexte le processus référendaire Grec ne pouvait trouver une quelconque justification, car dans le cadre d’une politique intégrée, l’Etat aurait perdu une partie de sa souveraineté.
Peu important, en effet que l’initiative référendaire soit limitée par la volonté de l’Assemblée « Cas Grecs » ou par les prérogatives constitutionnelles de l’article 11 « Cas Français ».
Nous aboutissons ainsi de fait à une rationalisation européenne des procédures d’adoption des budgets des pays membres de l’Union visant à légitimer le rôle des parlements pour conter la menace populiste.
B – Légitimation du rôle des représentants des Nations
Selon Nicolas BAVEREZ, dans tout le monde occidental le populisme prospère sous des formes multiples, protectionnisme, séparatisme, extrémisme..
Ce phénomène se conjugue néanmoins avec la perte de crédibilité majeure des gouvernements de l’échiquier politique européen.
Il apparaît cependant que la crise ait permis l’irruption des parlements et des peuples au sein d’un monopole jusqu’alors aux mains de financiers et des technocrates.
C’est pourquoi, les procédures constitutionnelles des Etats-Nation européens s’effaceront au profit d’une représentation parlementaire plus large et du pouvoir de sanction de la commission européenne réglant de facto la controverse liée à la possibilité de transposer l’initiative référendaire Grec à la France.

Pour l'IRSN, aucun réacteur nucléaire français ne mérite d'être fermé

Aucun des 58 réacteurs nucléaires ne mérite d'être fermé. Telle est la principale conclusion du rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), remis jeudi 17 novembre, auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire.

Après avoir imaginé les scénarios de catastrophes naturelles (effondrement de barrage, destruction de villes), Jacques Repussard, le directeur général de l'IRSN, estime que les normes de sûreté des installations nucléaires peuvent être "légitimement considérées comme sûres". Par conséquent, aucune fermeture de réacteur ne s'impose.

En revanche, l'IRSN préconise de revoir ces normes pour renforcer la prévention des accidents. "L'accident de Fukushima, mais également les évaluations complémentaires de sûreté, mettent en évidence la nécessité de faire évoluer sans tarder certains référentiels de sûreté des installations", indique le rapport de l'IRSN. "Par exemple, il faut que, dans chaque réacteur, il y ait au moins un générateur diesel qui soit en hauteur, indépendant et protégé, y compris son alimentation, et qui tienne même en cas de séisme très violent", détaille Jacques Repussard.

>>VOIR NOTRE INFOGRAPHIE : Les centrales nucléaires en France

Les sites nucléaires de Gravelines, Saint-Alban et du Tricastin, proches d'installations industrielles, "devraient prendre en compte les phénomènes dangereux associés aux sources d'agression des installations industrielles" ainsi que les "agressions liées aux voies de communication" et "évaluer leurs conséquences sur les installations nucléaires de base", insiste le rapport.

LES ONG DÉNONCENT UNE "COUPABLE INDULGENCE"

L'Observatoire du nucléaire, association opposée à l'atome, dénonce la "coupable indulgence en faveur de l'industrie nucléaire" des conclusions du rapport de l'IRSN. "Pour l'IRSN, les centrales nucléaires peuvent continuer à fonctionner... malgré leur sûreté défaillante !", s'étonne l'association dans un communiqué.

"Sachant qu'un évènement naturel violent (tempête, gel sévère, inondation, séisme, etc.) peut se produire à chaque instant, l'IRSN reconnaît implicitement que les réacteurs français peuvent causer à tout moment une catastrophe nucléaire", s'insurge l'Observatoire du nucléaire.

LA STRATÉGIE DU "NOYAU DUR"

Ces conclusion ne diffèrent pas de ce qu'avait laissé filtrer l'IRSN, le 7 novembre, quant aux progrès à réaliser : il faut "cibler les moyens de protection essentiels et les protéger", déclarait alors Jacques Repussard. Par exemple, en cas de risque de crue, il est nécessaire de "s'assurer que les équipements servant d'outils de secours ne sont pas stockés en sous-sol", détaillait-il.

M. Repussard défendait alors une stratégie du "noyau dur", c'est-à-dire mieux protéger "les équipements destinés à prévenir l'aggravation d'un accident". Et prendre en compte, l'environnement extérieur des centrales, notammment industriel, comme les usines chimiques ou le transport de butane à proximité.

Après l'accident nucléaire japonais de Fukushima, il a été demandé aux exploitants des centrales nucléaires françaises d'autoévaluer la sécurité et le bon fonctionnement des installations en France. EDF, Areva et le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ont remis ces premiers rapports à la mi-septembre auprès de l'IRSN, qui les a synthétisés et complétés par ses propres projections. Sur la base de ces multiples rapports, l'ASN rendra au gouvernement ses conclusions début 2012.

La droite n'échappera pas au débat sur le nucléaire

La bisbille entre socialistes et écolos sur le thème du nucléaire peut réjouir la droite, car elle risque d'avoir de graves conséquences sur le sort présidentiel de Hollande en 2012. Mais la majorité a tort de penser qu'elle échappera à ce débat sur le nucléaire et la politique énergétique française. Il faudra rendre des comptes aux Français sur la sécurité, les déchets et le lobbying, ce qui constitue la face sombre de cette énergie. L'édito vidéo de Christophe Barbier.



Nouveau


C’est tout l’intérêt des rituels, de revenir chaque année à date fixe - le troisième jeudi de novembre, pour notre beaujolais nouveau. Et chaque année coulent les mêmes commentaires sur le fruité du breuvage, façon banane, cassis, et pourquoi pas jujube ou papaye... C’est l’ennui des rituels, de parfois porter à la répétition. Alors, quoi de neuf sur le beaujolais nouveau ? Il se vend moins bien chez nous. Moins bien aussi sur ses vieux marchés des Etats-Unis et du Japon. Mais beaucoup mieux chez les émergents, comme on dit, au Brésil, en Russie, et surtout en Chine. Imaginez la conversion d’un milliard de Chinois au plaisir aigrelet du vin nouveau, et aux joies simples du ban beaujolais - lalalalalère... Pas suffisant pour nous remettre la balance commerciale d’aplomb, mais assez pour la faire tituber dans le bon sens. Et cette fois sans modération.

Quand Hollande promène les Verts…

Rassembler le camp anti-Sarkozy, c’est un objectif. Gouverner ensemble, c’en est un autre. Atteindre le premier ne signifie pas forcément qu’on concrétisera le second. François Hollande serait-il déjà prêt à dissocier l’un de l’autre ? En éteignant son téléviseur après l’intervention du candidat du PS hier soir, on a pu avoir l’étrange sentiment que le générique de fin du 20h de TF1 venait de sonner le glas d’une gauche plurielle version 2012.

Comment, en pleine crise économique, deux partis avouant leur «désaccord» sur une question aussi fondamentale que l’énergie pourraient-ils s’associer pour conduire le pays dans la période la plus incertaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Ferme sur Flamanville et souple sur les lobbies, le vainqueur jadis triomphant de la primaire socialiste n’est pas parvenu à répondre de façon convaincante à cette interrogation.

Inutile de jouer sur les mots en parlant, comme l’a fait Benoît Hamon (PS), d’une simple «différence d’interprétation» sur le fameux paragraphe concernant le mox. Il y a bien un gouffre entre les deux (ex ?) futurs partenaires. L’acceptation ou le refus du nucléaire ne peut être considéré comme une alternative marginale laissée sur le bord de la table des négociations. Elle est centrale. Et l’incapacité à la traiter sans générer une journée de confusion comme ce mercredi échevelé suffit à montrer que les cultures du PS et des Verts sont toujours aussi difficiles à mixer qu’entre 1997 et 2002. Comment ont-ils pu prendre le risque d’arriver à cette fin d’année 2011 sans avoir mis au point une stratégie pour gérer leur vieille opposition qui ressurgit ?

Le spectacle de la journée chaotique d’hier va laisser une marque désastreuse sur ce début de campagne plutôt raté de François Hollande. La totale improvisation qu’il a laissé transparaître est pire encore dans l’imaginaire collectif que l’absence d’un accord qu’on savait difficile à conclure. Socialistes et écologistes n’envisagent manifestement pas la vie demain de la même façon. Et c’est tout de même embarrassant. Apparemment détaché mais visiblement désarçonné, légèrement emprunté dans son expression, François Hollande, au bout du compte, n’aura-t-il pour seule issue que d’envoyer promener, purement et simplement, EELV-Les Verts?

Le peuple et les techniciens

Le choix de placer deux économistes à la tête des gouvernements grec et italien semble couler de source. La nature et la gravité de la crise actuelle orientent presque naturellement vers ce type de compétence. On se souvient qu'en 1976, au lendemain du choc pétrolier, le président Giscard d'Estaing avait appelé à Matignon « l'un des meilleurs économistes de France », Raymond Barre. Et combien d'autres, énarques ou non, sollicités pour mettre leur savoir technique au service de leur pays... Rien de bien original, par conséquent.

Sauf que ce choix interpelle. Beaucoup y voient la confirmation d'une heureuse tendance à la « technicisation » du politique. Non que la démocratie ait fait son temps, disent-ils. Il convient simplement d'en ajuster le fonctionnement à une conjoncture exceptionnelle et sans doute durable. En clair, devenir « sérieux ». Renoncer à d'interminables débats générateurs d'impuissance. Mettre en veilleuse les conflits d'intérêts, synonymes de blocage, pour laisser le champ libre à des experts supposés indemnes des délices et poisons du jeu démocratique.

Déjà, dans l'Antiquité, Platon le recommandait lorsqu'il plaçait à la tête de sa République un philosophe-roi, gage de sagesse et de savoir avisé. Et tout au long du XIXe siècle, en réplique à la commotion révolutionnaire, le courant positiviste - avec Saint-Simon, Comte et Durkheim à sa tête - alimentera le rêve d'une « politique scientifique ». Une gouvernance basée sur la raison et les faits, appelée à venir à bout de « la politique métaphysique fondée sur des suppositions plus ou moins abstraites et plus ou moins creuses ».

L'administration des choses, plutôt que le gouvernement des hommes : le mot d'ordre sera repris au lendemain de la crise de 1929 par le groupe de réflexion X-Crise, cercle de polytechniciens défendant la légitimité politique de la technocratie en temps troublés. Et ce coup d'oeil rétrospectif serait incomplet sans la mention de la Synarchie : cette société plus ou moins secrète prospéra sous le régime de Vichy, séduite par l'opposition entre l'autorité (morale et intellectuelle) attachée à la compétence éclairée et le pouvoir de statut, plus problématique, spécialement en démocratie.

L'histoire de la démocratie est dominée par ce conflit de deux légitimités. Celle du nombre : le peuple souverain dans l'infinie diversité de ses talents ; celle de la raison qui fait la belle part aux « capacités », comme on disait autrefois, c'est-à-dire à ceux que leurs qualités personnelles et leur compétence désignent à la confiance de leurs électeurs. Et c'est toute la subtilité du système représentatif que de faire émerger des hommes et femmes qui, non seulement expriment les attentes du peuple, mais se distinguent par leur aptitude à prendre part à la gestion publique. Disons-le clairement : la démocratie est aussi une machine à sélectionner les meilleurs d'entre nous.

Tout le problème naît de la déconnexion toujours menaçante entre la sphère de la décision et une société ruminant son impuissance, au grand bonheur des populismes. La pire des erreurs serait de faire de chaque enjeu politique un simple débat technique. En oubliant qu'il n'est pas de problème, si technique soit-il, qui ne soit par nature politique et relevant donc de la compétence de la nation. La « démocratie sans le peuple », dont parlait le juriste Maurice Duverger, est un risque permanent qu'il nous revient à tous de déjouer.

Dette grecque : pourquoi la décote de 50% risque d'échouer

Les discussions en vue d'un échange d'obligations comportant une décote de 50% entre le gouvernement grec et les investisseurs privés, devraient commencer ce mercredi à Francfort. Mais les détails de cette opération soulèvent d'ores et déjà des critiques.
L'opération, dont le principe et la décote de 50% ont été décidés en commun dans la nuit de 26 au 27 octobre à Bruxelles par les gouvernements de la zone euro et les investisseurs privés détenteurs d'oblitations grecques, doit permettre de ramener la dette publique grecque à 120% du PIB du pays en 2020, au lieu de plus de 160% actuellement. Mais si le principe de la décote est sur les rails, la question de la participation volontaire des investisseurs privées reste floue.

Et pour cause : une grande partie de la dette souveraine grecque est désormais entre les mains d'institutions publiques et non d'investisseurs privés. En effet, selon des chiffres de Barclays, la BCE détiendrait environ 45 milliards d'euros de dette grecque, acquise via son programme de rachat d'obligations souveraines. De leur coté, les Etats de la zone euro et le FMI se sont également largement substitués au financement des investisseurs via des prêts bilatéraux. Enfin, près de 36 miliards d'obligations sont détenues par des fonds souverains grecs, et ne sont donc pas concernés.

Sur son blog, Olivier Berruyer se lance dans une simulation dont les résultats ont de quoi surprendre. En retirant d'office de l'opération les détenteurs publics de dette grecque, ainsi que les 15 millliards d'euros d'obligations devant être remboursée à  court terme, et en considérant que 50% des petits porteurs d'obligations et 80% des autres porteurs participeront à  cet échange, nous pouvons conclure que seulement 100 milliards d'euros seront -peut être- concernés par la décote. Ce qui permettrait d'effacer environ 50 milliards d'euros de dette et de la ramener à 115% du PIB.
Mais encore une fois, le diable est dans les détails, puisque le communiqué issu du sommet précise que "Les États membres de la zone euro contribueront à l'ensemble des mesures relatives à la participation du secteur privé à hauteur de 30 milliards d'euros. Sur cette base, le secteur public est disposé à fournir un financement supplémentaire au titre du programme pour un montant allant jusqu'à 100 milliards d'euros jusqu'en 2014, y compris la recapitalisation requise des banques grecques." En clair, les Etats devront mettre la main à la poche, notamment à cause de la participation des banques grecques. En grande difficulté, ces dernières sont incapables de subir des pertes sans une recapitalisation. De même d'ailleurs qu'un certain nombre d'autres banques européennes particulièrement exposées aux dettes souveraines.
Autrement dit, les pertes que l'on s'apprête à faire subir aux banques pour soulager la dette de l'Etat grec seront probablement compensées par la création de nouvelles dettes des gouvernements de la zone euro... pour recapitaliser les banques.
L'Europe, qui prétend apprendre de ses erreurs, ne tenterait-elle pas de résoudre la crise de la dette par davantage de dette

 

 

L'Asie investit toujours plus en Chine. Les Etats-Unis... beaucoup moins

Portés par les pays d'Asie, les investissements directs étrangers (IDE) en Chine, ont progressé de 15,9% sur les dix premiers mois de l'année et résistent au ralentissement de l'économie mondiale. Mais le gouvernement chinois reste prudent face aux difficultés en Europe et aux Etats-Unis.
Malgré le ralentissement généralisé de l'économie mondiale, la Chine reste très attractive pour les investisseurs étrangers. Le pays se prépare même à une année record. Sur les dix premiers mois de l'année, les investissements ont atteint 95 milliards de dollars, soit une hausse de 15,9% par rapport à la même période l'an dernier. Un rythme effréné qui s'est cependant légèrement ralenti, puisqu'en septembre, l'IDE avait progressé de 16,7% par rapport à septembre 2010.
Les investissements en provenance des pays d'Asie ont eux fortement progressé, pour atteindre les 81,9 milliards de dollars entre janvier et octobre. Ils participent à cette forte augmentation. Le Japon, en particulier, a fait bondir ses investissements de 65,5% sur la même période.
En revanche, les capitaux en provenance des Etats-Unis ont reculé de 18,1% depuis janvier à 2,6 milliards de dollars. Shen Danyang, porte-parole du ministère du Commerce chinois, attribue cette chute aux mauvaises perspectives de l'économie américaine. Il pointe aussi du doigt la politique des Etats-Unis pour inciter à rapatrier les capitaux. Et ce afin de participer à la reconstruction de l'industrie manufacturière américaine.
Pourtant dans la tourmente, l'Europe reste quant à elle un fournisseur de capitaux stable. Les investissements en provenance du Vieux Continent ont crû de 1% au cours des dix premiers mois de l'année pour atteindre les 5,5 milliards de dollars.
Mais ces chiffres encourageants ne sont pas de nature à diminuer les inquiétudes de la Chine, encore très dépendante de l'étranger, face au risque de crise globale, qui pourrait tarir les flux de capitaux.
M. Shen craint par ailleurs que les exportations chinoises ne soient directement impactées par le ralentissement de l'activité et la montée des protectionnismes en Europe et aux Etats-Unis.
De son côté, la banque centrale chinoise met en garde contre le risque d'une crise systémique en cas d'extension de la crise de la dette en zone euro. Elle envisage même "le moment venu et avec une ampleur appropriée" d'ajuster sa politique monétaire restrictive.

Le groupe de Francfort, bras armé de l’UE

Le Groupe de Francfort, cette super-élite sans mandat démocratique, a de plus en plus de pouvoirs dans la crise de la zone euro, au point de faire et défaire les dirigeants élus du continent. 
Le Vieil Opéra de Francfort – un temps la ruine la plus marquante de l’Allemagne de l’après-guerre, et aujourd’hui sa recréation la plus impressionnante – est devenu le symbole de la renaissance européenne. Et c’est là que, le mois dernier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont reçu l’élite bureaucratique de l’UE lors de ce que l’on aurait, en d’autres temps, dépeint comme un putsch.
C’est qu’ils en avaient assez, de ces sommets de la zone euro, avec ces dirigeants qui faisaient des allers-retours en avion sans jamais avancer. L’heure était venue de mettre en place un groupe plus restreint, qui exercerait avec fermeté un pouvoir officieux. Ce soir-là, alors qu’ils étaient rassemblés pour écouter l’orchestre Mozart de Bologne sous la direction de Claudio Abbado, un nouvel escadron de la mort de l’UE est né.
Comme Silvio Berlusconi vient de s’en apercevoir, ce que l’on appelle le Groupe de Francfort ne plaisante pas. Il y a encore quelques mois, il aurait été impensable qu’un chef de gouvernement européen tente d’en déstabiliser ou d’en déposer un autre. Aujourd’hui, deux dirigeants de l’UE sont tombés en une semaine. Comme Sarkozy en a récemment fait l’expérience, pour provoquer un changement de régime, il faut tendre la main aux rebelles.

L'arnaque de la décennie

On ne saurait reprocher au groupe sa manie du secret. Au sommet du G20 de Cannes, ses représentants se pavanaient avec des badges portant la mention “Groupe de Francfort (GdF)”. Officiellement, la Grande-Bretagne n’en fait pas partie, mais les responsables du Foreign Office se comportaient comme s’ils en étaient membres. Comme l’a dit l’un d’entre eux : “Nous sommes sur le point d’écarter Berlusconi”. Une telle déclaration aurait autrefois soulevé un tollé. Début novembre, il est devenu manifeste qu’une opération pour éliminer Berlusconi avait été lancée.
Quand cette soirée a été réservée à l’Alte Oper, le 19 octobre, personne n’avait l’intention de former un nouvel escadron de la mort. Il était simplement prévu d’organiser un grand raout de plus au frais du contribuable, une fiesta pour marquer le départ de Jean-Claude Trichet de la Banque Centrale Européenne.
Helmut Schmidt, l’ancien chancelier allemand âgé de 92 ans, vu aujourd’hui comme le parrain du projet européen, avait déclaré devant le parterre des dignitaires qu’une “crise dans la capacité d’action des organes politiques de l’UE” était “un danger bien plus grand que le surendettement pour l’avenir de l’Europe”. Il était temps de se montrer sans merci.
Quand Merkel a pris la parole, elle a fait part de son exaspération face aux sommets européens et leurs mécanismes démocratiques peu maniables. “La capacité de l’UE à agir et sa marge de manœuvre se sont avérées lentes et complexes, s’est-elle plainte. Si nous voulons tirer parti de la crise, nous devons être prêts à agir plus rapidement, et même de façon non conventionnelle.” Sarkozy est arrivé tard, mais à temps pour l’arnaque de la décennie.

Berlin assume son statut

Mario Draghi, le nouveau patron de la BCE et un Italien qui n’aime guère Berlusconi, était également présent. Ainsi que Christine Lagarde, la nouvelle directrice (française) du Fonds Monétaire International, qui est chargée des renflouements et peut imposer des conditions humiliantes (ce qu’elle s’est empressée de faire à Berlusconi).
Il y avait aussi José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne qui affiche de plus en plus des manières de voyou, et son alter ego pour l’économie, Olli Rehn. L’omniprésent Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg et chef du groupe des 17 nations de la zone euro, était là, avec Herman Van Rompuy, élu président de l’UE parce qu’il n’a aucun avis sur rien.
Le groupe de Francfort est en effet le produit de la fusion entre la haute administration européenne et le pouvoir financier allemand : une sorte de Bruxelles-sur-le-Rhin. Jamais un tel groupe n’aurait pu voir le jour avant la crise, à l’époque où l’on s’inquiétait de la puissance allemande.
A présent, Berlin assume son statut. “La question de savoir qui pouvait accepter le modèle allemand a été tranchée par les marchés, déclarait récemment un porte-parole du gouvernement allemand. Il ne s’agit plus de discuter de la nature des décisions à prendre mais du détail et de l’étendue des mesures à mettre en œuvre.” Ce haussement de ton est perceptible partout. On cite à présent des responsables européens anonymes affirmant qu’il est temps “de se réveiller et de passer à l’action. C’est pour ça qu’on est là”.

Une initiative contraire au protocole

Le malheureux Papandréou est devenu une cible idéale après avoir menacé d’organiser un référendum sur le plan de sauvetage européen. Cet été, il critiquait encore “les erreurs et les hésitations” de l’UE. Le petit groupe de Francfort lui a montré de quelle détermination il était capable en lui coupant les vivres, précipitant ainsi son remplacement par Lucas Papademos, ancien responsable de la BCE formé à Francfort.
Même Barroso a pris une décision extraordinairement déstabilisante pour Papandréou en appelant à la formation d’une coalition ; une initiative à la fois contraire au protocole et à l’affirmation selon laquelle la commission européenne respecterait la souveraineté des Etats membres.
Le cas de Berlusconi était plus compliqué. Il a réussi à échapper à ses ennemis – tant de l’opposition que de la brigade des mœurs – pendant presque 17 ans de carrière politique. L’économie italienne est, en outre, solide. Supprimez le service de la dette et vous obtenez des finances publiques non seulement équilibrées mais parmi les plus excédentaires de la zone euro.
On ignore qui a estimé que l’Italie serait en crise si les marchés financiers décidaient de lui appliquer un taux d’intérêt supérieur à 7 % sur sa dette souveraine. La réponse se trouve peut-être dans une déclaration faite par Angela Merkel l’année dernière : “Il faut restaurer la primauté du pouvoir politique sur les marchés”.

15 personnes à la tête d'un budget de mille milliards d'euros

Les responsables politiques s’y essaient depuis des générations, sans grand succès. C’est toutefois beaucoup plus facile maintenant que la zone euro a créé un gigantesque appareil permettant à une poignée de gens de tirer les ficelles du pouvoir. Le plan de sauvetage européen – avec son budget supposé de mille milliards d’euros – représente 15 personnes.
Il serait maintenant possible d’exercer un immense pouvoir sur tout un continent en réunissant une poignée de personnalités partageant les mêmes conceptions dans l’arrière-salle de l’opéra de Francfort. Tout cela au nom de l’unité européenne.
Le groupe de Francfort considère la démocratie – ainsi que les marchés – d’un œil méfiant, pour ne pas dire hostile. Les considérations de Juncker à propos de ces électeurs exaspérants sont bien connues depuis qu’il a résumé le problème des gouvernants en ces termes : “Nous savons tous ce qu’il faut faire, ce que nous ne savons pas c’est comment nous faire réélire une fois que nous l’avons fait”.
Une solution à ce problème semble aujourd’hui se dessiner : il suffit d’introniser un petit groupe de dirigeants qui, pour commencer, n’ont pas été élus et n’iront plus demander leur avis aux électeurs. Ensuite, laissez-les faire ce qu’ils veulent.

Goldman Sachs, la banque qui nous veut du bien

Mario Monti, Lucas Papademos et Mario Draghi ont un point commun : ils ont tous travaillé pour la banque d’affaire américaine. Cela ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie d’influence qui a peut-être déjà trouvé ses limites. 

Ils sont sérieux et compétents, pesant le pour et le contre, étudiant les dossiers à fond avant de se prononcer. L'économie est leur péché mignon. Ils ne se découvrent que très rarement, ces fils de la Lumière entrés dans le Temple après un long et tatillon processus de recrutement. C'est à la fois un groupe de pression, une amicale de collecte d'informations, un réseau d'aide mutuelle. Ce sont les compagnons, maîtres et grands maîtres amenés à "répandre dans l'univers la vérité acquise en loge".
Ses détracteurs accusent le réseau d'influence européen tissé par la banque américaine Goldman Sachs (GS) de fonctionner comme une franc-maçonnerie. A des degrés divers, le nouveau président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, le président désigné du conseil italien Mario Monti et le nouveau premier ministre grec Lucas Papademos sont les figures totémiques de ce maillage serré.

Ex-commissaires et responsables de banques centrales

Le premier fut vice-président de Goldman Sachs International pour l'Europe entre 2002 et 2005. Il était "associé" en charge des "entreprises et pays souverains", le département qui avait, peu avant son arrivée, aidé la Grèce à maquiller ses comptes grâce au produit financier " swap " sur de la dette souveraine.
Le deuxième a été conseiller international de Goldman Sachs de 2005 à sa nomination à la tête du gouvernement italien. Selon la banque, sa mission a consisté à la conseiller" sur les affaires européennes et les grands dossiers de politiques publiques mondiaux". Mario Monti a été un "ouvreur de portes" dont la tâche consistait à pénétrer au coeur du pouvoir européen pour défendre les intérêts de GS.
Le troisième, Lucas Papademos, fut gouverneur de la Banque centrale hellène entre 1994 et 2002. A ce titre, il a joué un rôle non élucidé dans l'opération de maquillage des comptes publics perpétré avec l'aide de Goldman Sachs. Le gestionnaire de la dette grecque est au demeurant Petros Christodoulos, ex-trader de la banque américaine à Londres.
Deux autres poids lourds du réseau Goldman en Europe ont également été à l'affiche dans la crise de l'euro : Otmar Issing, ex-membre du directoire de la Bundesbank et ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne ; l'Irlandais Peter Sutherland, un administrateur de Goldman Sachs International, qui a participé en coulisses au sauvetage de l'Irlande.

Recueillir des infos en toute légalité

Comment le réseau de fidèles et d'entremetteurs a-t-il été constitué ? Aux Etats-Unis, ce cercle magique est constitué d'anciens responsables de l'institution passés avec armes et bagages au plus haut niveau de la fonction publique. En Europe, en revanche, Goldman Sachs s'est fait l'apôtre du capitalisme de relations.
Mais à l'inverse de ses concurrents, la banque ne s'intéresse ni aux diplomates à la retraite, ni aux hauts fonctionnaires nationaux comme internationaux et encore moins aux anciens premiers ministres ou ministres des finances. Goldman vise en priorité les responsables de banques centrales ou les ex-commissaires européens.
Leur tâche prioritaire consiste à recueillir des informations en toute légalité sur les opérations à venir ou sur la politique de taux d'intérêt des banques centrales. La banque aime placer ses hommes sans jamais laisser tomber le masque. C'est pourquoi ses hommes liges cachent cette filiation quand ils donnent une interview ou mènent une mission officielle.
Bien introduits, ces "ex" bavardent de choses et d'autres avec leurs interlocuteurs. Les langues se délient devant des personnages d'une telle trempe. Ils "sentent le vent" comme on dit familièrement. Les informations exclusives circulent ensuite dans les salles de marché de la banque.
Un ancien associé de Goldman Sachs à la BCE, un ex-entremetteur à la tête du gouvernement italien, un proche au pouvoir en Grèce : pour ses contempteurs, la banque dispose aujourd'hui d'un fantastique relais à Francfort, Rome et Athènes qui pourrait s'avérer utile en ces temps tourmentés.

La banque a mangé son pain blanc

Reste que, au-delà des apparences, le gouvernement Goldman en Europe, au faîte de sa puissance avant ou pendant la tourmente financière de 2008, a peut-être mangé son pain blanc.
En effet, les complicités anciennes entretenues par les ex-banquiers centraux chevronnés mobilisés pour tirer les ficelles, se révèlent moins utiles de nos jours face à des politiciens sensibles à l'impopularité des professionnels de la finance tenus pour responsables de la crise. Là où Goldman Sachs pouvait facilement exercer ses talents, une série d'affaires lui ont mis à dos la puissance publique. Le carnet d'adresses ne suffit plus sur une planète financière complexe et technique, face à une nouvelle génération d'industriels moins pétris de respect pour l'establishment.
Les patrons européens partis à la conquête du monde se sont émancipés des croisés de la haute finance style GS. La quête de valorisation de l'actionnaire, les exigences de transparence et l'activisme des contre-pouvoirs (médias, ONG, investisseurs institutionnels) ont tendance à émousser l’"effet réseau".

Démission surprise du directeur Europe du FMI

Le Fonds monétaire international va changer de directeur pour l'Europe en pleine crise de la dette sur ce continent, après la démission inattendue du Portugais Antonio Borges, remplacé un vieux routier de l'institution.
Le FMI a annoncé dans un communiqué la démission avec effet immédiat de M. Borges, 63 ans, "pour raisons personnelles".
Cet économiste n'aura passé qu'un an à Washington, à des fonctions qui l'ont amené à superviser des prêts parmi les plus grands de l'histoire de l'institution, à la Grèce (30 milliards d'euros) et à l'Irlande (22,5 milliards), deux membres de la zone euro. Il était, conformément à la tradition du Fonds, mis à l'écart des relations avec son pays, le Portugal, auquel le FMI a accordé un prêt de 26 milliards d'euros.
Selon des sources proches du Fonds, il ne faisait pas l'unanimité. Certains collègues lui reprochaient de parler trop franchement en public avant de s'être assuré du consensus en interne.
L'un des moments marquants de son mandat fut quand, le 5 octobre, il évoqua lors d'une conférence de presse à Bruxelles la possibilité que le FMI intervienne sur les marchés de la dette publique, comme le fait la Banque centrale européenne.
Quelques heures plus tard il publiait un communiqué pour préciser: "Nous n'avons pas discuté de ces questions avec nos Etats membres".
Son successeur choisi par la directrice générale Christine Lagarde est d'un profil très différent: l'Irano-Britannique Reza Moghadam est un fonctionnaire entré au FMI en 1992 et connu pour son entregent auprès des Etats membres et sa discrétion.
Directeur de la Stratégie, des Politiques et de l'Evaluation depuis 2008, il a joué un rôle central dans les relations avec le G20 et dans la conception des réformes entreprises par le Fonds ces dernières années.
"J'ai hâte de voir Reza Moghadam appliquer à notre travail en Europe la même vision stratégique, la même diligence et le même entrain que ceux qu'il a démontrés à son poste précédent", a déclaré Mme Lagarde, cité dans le communiqué.
Sa nomination doit être avalisée par les Etats membres au conseil d'administration. Commencera alors une tâche qui s'annonce délicate.
M. Moghadam devra créer un nouveau type de mission: le Fonds s'est vu confié la tache inédite de surveiller l'application des mesures économiques promises par l'Italie, huitième économie mondiale, à ses partenaires européens.
Il lui faudra aussi gérer l'épineux problème de la Grèce. Si l'Irlande et le Portugal se montrent des élèves appliqués des recommandations du FMI, l'organisation multilatérale a multiplié les déconvenues dans ce pays.
Athènes bénéficie du plus grand prêt jamais versé par le Fonds (17,4 milliards d'euros à ce jour) mais l'économie grecque continue de s'enfoncer dans la récession. De plus, selon l'hypothèse centrale du FMI, l'Etat hellène ne sera pas capable de se financer normalement sur les marchés avant 2021.
Les relations restent à nouer avec le nouveau gouvernement grec d'union nationale dirigé par Lucas Papademos. Et à Washington, M. Moghadam devra trouver, avec Mme Lagarde, le compromis entre les pays membres du FMI qui souhaitent un soutien maximal de l'institution à la Grèce et ceux qui se refusent à l'augmenter vu la lenteur des réformes dans ce pays.
Ce chantier est laissé inachevé par M. Borges, malgré un CV considéré idéal dans cette crise: il combinait une expérience à la Banque du Portugal où il aura été l'un des architectes de la création de la monnaie unique européenne, et une autre chez Goldman Sachs International, où il avait pu parfaire sa connaissance des marchés financiers.

Le gouvernement de Lucas Papadémos obtient la confiance du Parlement

Le nouveau gouvernement d'union nationale dirigé par Lucas Papadémos a obtenu la confiance du Parlement, mercredi 16 novembre, première étape de sa lourde tâche pour sortir le pays de l'ornière. Grâce à une confortable majorité de 255 voix sur les 300 députés présents, ce vote devrait mettre un terme au débat parlementaire qui a suivi la nomination de l'économiste vendredi à la tête d'une coalition réunissant socialistes, droite et extrême droite.

En faisant le plein des voix, le nouvel exécutif entend montrer aux Européens l'engagement de la Grèce à respecter la feuille de route fixée par ses créanciers, même si elle est douloureuse pour les Grecs. Dans son discours aux députés, avant le vote, le premier ministre s'était dit "optimiste" de voir la zone euro "surmonter ses difficultés". M. Papadémos a souligné également à cette occasion qu'il fallait "des interventions plus radicales, avec un renforcement de la marge d'actions du Fonds européen de stabilité financière (FESF)".

NÉGOCIATIONS SUR L'EFFACEMENT DE LA DETTE GRECQUE

M. Papadémos doit maintenant rencontrer le président de l'Institut de la finance internationale (IIF), Charles Dallara, pour entamer officiellement les négociations sur le délicat programme d'effacement de la dette nationale. Signe de l'urgence de la situation, le dirigeant de l'IIF a spécialement fait le déplacement dans la capitale grecque pour y rencontrer au plus vite les dirigeants du pays, retenus à Athènes par le scrutin parlementaire.

M. Dallara doit également s'entretenir avec le ministre des finances, Evangélos Venizélos, qui avait qualifié vendredi "d'urgent le lancement, officiel et public" de la procédure d'effacement partiel de la dette grecque. Au total, le programme d'échange d'obligations comportant une perte de 50 % pour les créanciers privés doit permettre de réduire la dette publique à 120 % du produit intérieur brut du pays en 2020 contre plus de 160 % actuellement.

MANIFESTATIONS PRÉVUES JEUDI

M. Venizélos déposera dès vendredi au Parlement le projet de budget 2012, garant de l'engagement de la Grèce à respecter les règles d'assainissement imposées par ses créanciers. Il devrait décliner les nombreuses mesures d'austérité déjà votées, comme la mise en chômage technique de milliers d'employés du secteur public.

La dénonciation de ces sacrifices devrait figurer en bonne place dans les manifestations de gauche organisées jeudi pour commémorer la répression, le 17 novembre 1973, de la révolte estudiantine contre la junte des colonels.