TOUT EST DIT

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samedi 18 décembre 2010

Du brouillard au sommet de l’UE

Sauver l’euro : encore une fois, le sommet européen qui se tient les 16 et 17 décembre doit décider des moyens de stopper la crise. Mais à Bruxelles, décideurs et observateurs ne semblent plus vraiment savoir où ils vont. 
 La crise a mis l’Europe dans un drôle d’état. S’il fallait un mot pour décrire l’Union aujourd’hui, ce serait "écartelée". Certains pays veulent à tout prix sauver leurs partenaires surendettés, d’autres refusent catégoriquement. Certains veulent maintenir l’euro, d’autres veulent revenir aux monnaies nationales. En un an tout a changé.
Les hauts diplomates polonais en poste à Bruxelles font honneur à leur fonction quand on leur demande, le soir autour d’une bière, si leurs compatriotes veulent toujours de la monnaie unique.
La plupart laissent échapper un soupir. "Oui, l’euro", il est en crise celui-là. N’empêche. Cela ne changerait rien à la volonté de Varsovie de troquer ses zlotys contre la monnaie européenne. Mais quand ? Cela reste une question ouverte. S’ensuit un clin d’œil diplomatique. Avant cela, il faut voir si les plans de sauvetage suffisent et si les pays arrivent à rembourser leur montagne de dette. Certes, ces dernières semaines, on a plutôt été soulagé de ne pas être membre de la zone euro, mais c’est bien compréhensible, non ?

Des propositions franco-allemandes sans saveur

Les Polonais éprouvent le même sentiment à l’égard de l’euro que bon nombre de chefs de gouvernement européens à l’égard des propositions allemandes pour sortir de la crise : ils sont partagés. Entre rejet total et soutien absolu, la plupart des Etats membres tergiversent, explique un haut diplomate d’un petit pays. Oui, les Allemands ont souvent raison en la matière. Mais on ne veut pas toujours rester collé aux basques de Berlin. Ni de Paris d’ailleurs. "Nous n’avons plus d’appétence pour les propositions franco-allemandes", confirme un haut diplomate d’un grand pays.
Les hésitations des chefs de gouvernements ne font qu’ajouter à cette ambivalence. Nicolas Sarkozy voulait encore convaincre ses partenaires d’emprunter plusieurs milliards d’euros avant la fin de l’année. Cet argent devait créer un "choc de croissance" et propulser l’Europe hors de la crise. Un peu de temps et deux paquets de sauvetage plus tard, l’entreprenant Français semble n’être que l’ombre d'Angela Merkel.
Parmi les nouveaux hésitants figure à présent le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Celui-ci a tenté à grand renfort d’interventions de convaincre ses partenaires de financer une partie des dettes par des emprunts communs, sans grand succès. Après le refus clair et net de Paris et de Berlin, les emprunts communs ne sont pas à l’ordre du jour du sommet européen.
Par ces déclarations, le gardien désigné de l’euro ne fait qu’augmenter le désarroi autour de la monnaie unique. Il agace en outre certains de ses camarades qui laissent entendre d’où viendrait l’idée des emprunts communs. Ces derniers expliquent que dans l’usine à concepts de Bruxelles et de la Commission européenne se trouvent des fonctionnaires et des économistes engagés qui cherchent à amener les pays européens dans une union toujours plus étroite.

Quelque chose de bizarre dans le comportement des chefs d'Etat

Bon nombre d’entre eux sont issus des pays fondateurs de l’Europe. Ils voudraient à présent définir des normes économiques et sociales communes. Le repli national que l’on observe dans de nombreux pays va toutefois à l’encontre de leur projet. C’est pourquoi les commissaires européens se gardent bien d’en parler officiellement.
Pour comprendre que les atermoiements des politiques n’aident en rien à régler cette crise, il suffit de regarder la réaction des Bourses et des décideurs financiers. Ces derniers ne s’intéressent que modérément à l’agitation de Bruxelles et continuent de miser contre l’euro. Juste avant le sommet européen, les agences de notation ont menacé de rabaisser la note d’autres pays lourdement endettés [l’Espagne et la Belgique].
Par conséquent, les chefs d’Etat et de gouvernement tentent de faire passer leurs réunions pour de simples conférences de travail. A Berlin, on parle de "sommet parfaitement normal". Il y a pourtant quelque chose de bizarre dans leur comportement. Même le patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, est annoncé. Voilà qui est inhabituel. Il était déjà présent au sommet extraordinaire de mai dernier à propos de la crise grecque. Deux jours après, l’Union européenne adoptait un plan de stabilisation de 750 milliards d’euros.

De vraies décisions, SVP !

Ni les plans de sauvetage ni le rachat par la Banque centrale européenne de titres de dettes souveraines n’ont permis de sortir de la crise. Les dirigeants européens doivent désormais adopter une stratégie claire et des processus de décision fiables, écrit un économiste polonais. 

Le caractère temporaire et inefficace des décisions prises il y a plusieurs mois nous apparaît clairement aujourd’hui. La question n’est pas de savoir si les fonds dégagés pour sauver les économies en difficulté étaient suffisants ou non, mais bien de comprendre que ces décisions n’ont fait que repousser les problèmes au lieu de les résoudre.
Les Etats dits périphériques de la zone euro souffrent de problèmes structurels qui les empêchent d’être compétitifs. A cela s’ajoute une dette souveraine faramineuse qu’il est, à l’heure actuelle, fort peu probable de voir un jour entièrement remboursée. Le fait de remettre les réformes à plus tard ou de ne pas reconnaître leur nécessité n’a fait qu’aggraver la situation. Toutefois, le véritable problème de la zone euro est son manque de stratégie.
Il est aujourd’hui évident que les Etats de la zone euro n’ont pas véritablement réfléchi à une stratégie de sortie de crise. Tant que cette crise des liquidités ne concerne qu’un petit pays, ses partenaires sont capables de lever relativement vite les fonds nécessaires pour couvrir ses besoins de financement pour quelques années. Toutefois, si c’était un pays important qui se trouvait en difficulté, ses voisins mêmes les plus solides pourraient avoir du mal à trouver les financements nécessaires.

Le rôle de la BCE n'est pas de venir en aide aux pays endettés

Il est clair aujourd’hui que personne n’a sérieusement analysé la situation. Si l’idée de faire reprendre les dettes des pays en difficulté par la BCE pouvait être concevable comme solution d’urgence il y a quelques mois, elle ne peut en aucun cas être considérée comme une solution définitive.
Tout d’abord parce que le rôle de la BCE n’est pas de venir en aide aux pays endettés mas de garantir la stabilité de la monnaie unique. La BCE a beau souligner qu’elle "stérilise" ses rachats d’actifs en retirant du marché le surplus de base monétaire qui en résulte, le fait que la stabilité des prix ne soit pas son objectif principal discrédite son action. Or, c’est sur ce degré de crédibilité que les consommateurs se fondent pour anticiper le niveau de l’inflation.
L’opacité des processus de décision européens est un autre problème préoccupant. Il existe trois centres décisionnels en Europe : le président de la commission, José Manuel Barroso, le président du conseil européen, Herman von Rompuy, et le "super duo" formé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Les deux premiers, qui essaient de définir une solution cohérente pour l’ensemble des Etats membres, découvrent subitement que toutes les décisions ont déjà été prises lors de la rencontre Sarkozy-Merkel. Cela ne serait pas si dramatique si leurs propositions étaient compatibles. Hélas, elles sont un compromis entre deux approches radicales : une union des transferts / obligations et une union d’Etats autonomes. Ce genre de compromis débouche rarement sur des solutions pertinentes.

Les marchés financiers ne croient plus les responsables européens

La crainte d’un effondrement de la zone euro pourrait, au bout du compte, contribuer à l’émergence d’une solution acceptable. Les marchés financiers ne croient plus les responsables européens. Ils ne réagissent plus à l’annonce des divers plans de sauvetage. En réalité, Berlin est même opposé à toute nouvelle levée de fonds pour aider l’Espagne. Aujourd’hui, les responsables européens doivent prendre des décisions concernant l’ajournement du remboursement des dettes accumulées par leurs partenaires en difficulté.
La perspective d’une dislocation de la zone euro n’inquiète pas seulement les pays périphériques, les grandes économies se font également du souci. Ce sont en réalité ces pays qui ont le plus profité de l’arrivée de l’euro. C’est grâce à la monnaie unique que l’Allemagne est devenue le premier pays exportateur au monde en l’espace de dix ans. Plus de 40% de ses exportations sont destinées à d’autres pays de la zone euro. Si l’euro était abandonné et que les monnaies nationales étaient réintroduites, le deutsche mark enregistrerait la plus forte hausse de valeur. L’Allemagne perdrait toute sa marge de compétitivité tandis que les pays aujourd’hui frappés par la crise redeviendraient compétitifs.
C’est paradoxalement l’Allemagne qui le plus profité de l’euro et devrait faire le maximum pour sauver ce grand projet européen. Pour ce faire, l’Europe a besoin de mesures drastiques et décisives, et non de compromis ou de manœuvres dilatoires.

Captain Beefheart, musicien et peintre, est mort

Le musicien et artiste-peintre Don Van Vliet, plus connu sous le pseudonyme de Captain Beefheart, est mort en Californie à l'âge de 69 ans, a annoncé vendredi la Michael Werner Gallery de New York exposant ses tableaux. Il souffrait de sclérose en plaques.


Captain Beefheart et son groupe, le Magic Band, ont agité le monde de la musique dans les années 1960, proposant une œuvre expérimentale mêlant rock et blues. Adepte du décalage entre rythme et paroles, Captain Beefheart avait collaboré avec Frank Zappa, qu'il connaissait depuis ses années adolescentes.

Né le 15 janvier 1941 à Glendale, en Californie, Van Vliet et le Magic Band ont publié leur premier album, Safe as Milk, en 1967. Deux ans plus tard, ils enregistrent "TroutMask Replica", un disque acclamé par la critique mais qui ne rencontre pas le succès musical.
Captain Beefheart poursuit sa route, les membres du Magic Band changent. En 1982, il livre avec Ice Cream for Crow son dernier album avant de se consacrer à la peinture.
DÉJÀ ORPHELIN DE FRANK ZAPPA, JE ME RETROUVE DÉMUNI DEVANT CETTE NOUVELLE DISPARITION D'UN GÉNIE MUSICALE QUI NE SERA PAS REMPLACÉ.

Stuttgart, voie de garage pour Merkel?

La prospère capitale du Bade-Wurtemberg cristallise, autour de sa gare, les difficultés de la chancelière. 


Le collier de perles a fait la différence. En un ou deux passages sur les plateaux de télévision, Christine Oberpaur est devenue l’icône de la contestation qui s’est emparée de la paisible Stuttgart et menace à présent la chancelière Angela Merkel. Cette aimable sexagénaire le confie benoîtement: "Je suis une brave bourgeoise qui, toute sa vie, a voté pour les chrétiens-démocrates de la CDU. Mais quand on voit ce qui s’est passé ici… Un monde s’est écroulé." Quel crime a donc commis le parti d’Angela Merkel pour mériter pareil opprobre, à trois mois d’une élection régionale aux enjeux désormais nationaux? Après quinze années de tergiversations ont débuté récemment les travaux de la nouvelle gare. Baptisé Stuttgart 21, ou "S21", le projet vise à doter la sixième ville d’Allemagne (près de 600.000 habitants) d’une gare du XXIe siècle. Aujourd’hui cul-de-sac, celle-ci permettra de relier Paris à Budapest par le TGV.
Le Bade-Wurtemberg est le Land le plus riche d’Allemagne; le train a le vent en poupe dans un pays ouvert à l’écologie ; Stuttgart deviendra un nœud ferroviaire majeur: comment ne pas être séduit? "Sur le papier, le projet était parfait. L’ennui est que les autorités n’ont pas pris en compte la dimension émotionnelle de la question et ont refusé d’entendre les demandes de démocratie", analyse Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Monument classé, aux allures de pénitencier, la gare actuelle devrait être rasée pour laisser place à un dispositif entièrement souterrain. Les travaux obligeraient à abattre près de 300 grands arbres du parc voisin. Et le coût du projet avoisine les 5 milliards d’euros, montant jugé déraisonnable par beaucoup. "Du coup, la mobilisation va bien au-delà des activistes habituels et touche cette bourgeoisie ronronnante, reprend Henrik Uterwedde. Sans compter que les manifestations pacifiques ont été violemment réprimées et qu’il y a bien longtemps que les Verts du Bade-Wurtemberg ne font plus peur."

Emmenés par un catho pratiquant, les écolos menacent la CDU

Emmenés par Winfried Kretschmann, un catholique pratiquant de 62 ans aux cheveux blancs coiffés en brosse, qui prône l’équilibre budgétaire, les écologistes des Grunen sont crédités de près de 30% des voix aux régionales du 27 mars. Pas suffisant pour l’emporter mais bien assez pour faire chuter la CDU, qui règne ici depuis cinquante-huit ans. "Nous n’avons pas su expliquer les raisons du coût des travaux, reconnaît Christine Arlt-Palmer, tête de liste CDU sur l’un des quatre secteurs de Stuttgart. Nous n’avons pas non plus su prendre en compte les inquiétudes de la population, ce que les Verts ont exploité à merveille."
Incapable d’envisager une défaite dans le bastion du Bade-Wurtemberg, Christine Arlt-Palmer admet cependant que "si nous perdons, nous risquons une grave crise au sein de toute la CDU". "Une situation explosive", estime aussi le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car malgré des performances économiques uniques en Europe en ces temps de tourmente financière, Angela Merkel voit sa cote de popularité s’écrouler: 72% d’opinions favorables en août 2009, 41% ces jours-ci. La faute à des chamailleries publiques au sein de la coalition, à la baisse des allocations chômage et familiales, à l’implication du pays en Afghanistan…
La perte de Stuttgart en mars et peut-être de Berlin en septembre, lors d’une des cinq autres élections locales prévues en 2011, pourrait entraîner la chute prématurée de la chancelière. Mais curieusement, même ses adversaires n’osent y croire. Historien d’art et architecte de formation, spécialiste de la gare de Stuttgart, à laquelle il a consacré un ouvrage, Martin Roser a créé la section locale des Verts en 1981. Il a certes assisté à des scènes inouïes: "Dans mon quartier, tous les habitants sont des fidèles de la CDU. Et pourtant ils ont collé des vignettes “Non à S21” à l’arrière de leur Porsche!" Mais ces nantis qui, hier encore, devaient manifester par dizaines de milliers dans les rues de Stuttgart, iront-ils jusqu’à voter Verts, un choix révolutionnaire pour bon nombre d’entre eux? "J’ai peur que le naturel finisse par reprendre le dessus", confie-t-il.

Crise de la dette : le grand écart du Traité de Lisbonne

L'introduction de deux petites phrases dans le texte du traité révolutionne la philosophie de l'Union monétaire, désormais aussi bancale que la situation financière de la zone euro.

 Les vingt-sept se sont félicités, après le Conseil européen qui s'est tenu jeudi et vendredi, d'avoir procédé à une révision « light », mineure, du traité de Lisbonne. Pour preuve, il ne s'agit que de deux phrases ajoutées à l'article 136, qui ne concerne que les pays de la zone euro. Cette modification ne nécessitera d'ailleurs pas une révision en bonne et due forme du traité mais une procédure simplifiée : pas de convention préalable, pas de conférence intergouvernementale, un simple avis conforme de la Commission et du Parlement européen, la signature des chefs d'Etat et de gouvernement et une ratification nationale par chaque Etat membre. « Il n'y a pas de transfert de compétences à l'Union. C'est pourquoi les ratifications dans les Etats passeront par un simple feu vert parlementaire et n'exigeront certainement pas de référendum », soulignent les diplomates.

Pourtant, l'introduction de ces deux phrases dans le texte du traité révolutionne la philosophie de l'Union monétaire. La première, en particulier indique que « les Etats membres dont la monnaie est l'euro peuvent établir un mécanisme de solidarité qui pourra être activé s'il était indispensable de sauvegarder la stabilité de la zone euro dans son ensemble ». Cet engagement est en contradiction flagrante avec un autre article du traité, l'article 125 qui interdit tout soutien financier des institutions européennes (Banque centrale européenne y compris) et des Etats membres à un pays de la zone euro en difficulté. C'est le fameux principe du « no bail-out », fondement, jusqu'ici, de l'Union économique et monétaire. Lors de la création de la monnaie unique, il était clair en effet que si la politique monétaire devenait commune, les politiques budgétaires demeuraient, elles, aux mains des Etats membres, leur responsabilité restant entière quant à leur gestion des finances publiques.
Imposée par l'Allemagne, cette mesure devait la protéger contre toute dérive budgétaire de l'un ou l'autre de ses partenaires qui auraient cherché à se défausser de sa dette sur les plus vertueux. C'est pourtant exactement ce qui s'est passé. Aujourd'hui, sous la pression des marchés, les moins vertueux de la zone menacent tout le système, obligeant leurs voisins à les sauver de la faillite. La fragilité du traité de Maastricht est mise à nu. La solidarité s'est imposée, de force plus que de gré au point de balayer le principe de responsabilité individuelle. Pourtant, les autorités allemandes n'ont pas voulu toucher à cet article 125 qui doit rester le garde fou de leur engagement européen et le fondement d'une zone euro idéale, véritablement intégrée et sans grave déséquilibre entre ses membres. Le traité de Lisbonne dit donc désormais une chose et son contraire. Il est désormais aussi bancal que la situation financière de l'Europe.

Henri IV retrouve sa tête

Retrouvée dans l'armoire d'un retraité et authentifiée par une équipe de légistes, la tête momifiée d'Henri IV devrait rejoindre le reste de la dépouille royale à la basilique Saint-Denis, près de Paris, où sont enterrés les rois de France.

Alors que l'on célèbre le 400e anniversaire de la mort du "bon roi", assassiné de deux coups de poignard dans le coeur par Ravaillac en mai 1610, une équipe de 19 chercheurs français a annoncé avoir authentifié son crâne, dont on était sans nouvelle depuis les années 50.
Leurs conclusions ont été publiées jeudi par le British Medical Journal: la tête brunie, où l'on distingue la trace d'une barbe et d'une moustache aux poils roux et blancs mêlés, est bien celle d'Henri IV, dont le cadavre avait été exhumé et décapité à Saint-Denis par les révolutionnaires en 1793.
Les détails des recherches scientifiques devaient être présentés jeudi à Paris lors d'une conférence de presse au Grand Palais. Des légistes, des historiens, des paléopathologues (spécialistes des pathologies, symptômes et maladies d'autrefois) mais aussi des parfumeurs ont participé à l'étude.
Ils se sont fondés sur les caractéristiques connues du visage d'Henri IV, qui avait une tache sombre sur le nez, portait une boucle d'oreille à l'oreille droite et avait une cicatrice aux lèvres datant d'une tentative d'assassinat en 1594.
Le crâne correspond au moulage fait juste après la mort du "Vert galant" conservé à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris, qui porte un grand front, un gros nez et un menton carré.
TRIBULATIONS ENTRE FRANCE ET ALLEMAGNE
Même si les techniques scientifiques les plus avancées ont été utilisées, aucune analyse ADN n'a pu être réalisée, peut-on lire dans le British Medical Journal.
"Il était impossible de retrouver des traces d'ADN mitochondrial non contaminé sur les échantillons et donc aucune comparaison n'était faisable avec les autres reliques du roi ou de ses descendants", explique l'équipe, dirigée par le Pr Philippe Charlier, déjà célèbre pour avoir révélé l'empoisonnement d'Agnès Sorel, favorite du roi Charles VII.
L'étude des méthodes d'embaumement a fourni d'autres indices décisifs, souligne l'étude.
Henri IV avait demandé avant sa mort, à 57 ans, d'être embaumé "selon la mode italienne", qui consistait à ne pas ouvrir le crâne et permettait une conservation dans le meilleur état de la tête.
Cette dernière a été retrouvée en 2008 par un journaliste-documentariste, Stéphane Gabet, chez un retraité de 84 ans habitant dans l'ouest de la France.
Cette découverte a mis fin à plus d'un siècle de "tribulations, réapparitions et disparitions" de la tête, entre la France et l'Allemagne, raconte Jacques Perot, qui préside la Société Henri IV.
"C'est la fin d'une vraie enquête policière avec de nombreux rebondissements", s'enthousiasme l'ancien conservateur du château de Pau, où était né Henri IV en 1553.
FUNÉRAILLES OFFICIELLES ?
Le crâne, qui était passé entre les mains de plusieurs collectionneurs au tournant du XXe siècle, était emballé dans un linge et rangé dans un coffret en bois sur l'étagère d'une armoire, à l'insu des enfants du retraité.
Après la décapitation de 1793, on perd la trace de la tête jusqu'au milieu du XIXe siècle.
En 1919, un antiquaire de Dinard, Joseph-Emile Bourdais, l'acquiert lors d'une vente aux enchères. Il la montre dans un "petit musée de Montmartre avant de la proposer au Louvre, qui la refuse, doutant de son authenticité", raconte Jacques Perot.
Le crâne est ensuite racheté à l'héritière de Bourdais et on perd sa trace. "Qu'on l'authentifie cette année est une sorte de couronnement du 400e anniversaire, un clin d'oeil de l'Histoire", souligne l'historien, qui a vu "en face-à-face" le roi à qui il a consacré "une grande partie de sa vie".
Si l'étude publiée à Londres évoque une "cérémonie de funérailles officielles" pour réunir la tête et le corps d'Henri IV, à la basilique Saint- Denis, nécropole des rois de France, on est encore sous le coup de la surprise totale.
"Pour l'instant, rien n'est prévu", dit Patrick Monod, administrateur de la basilique, "mais il ne serait pas anormal que ce crâne revienne ici d'une manière ou d'une autre".
La maison Bourbon, héritière des rois de France, serait favorable à un retour à Saint-Denis, cinq ans après celui, en grande pompe, du coeur de Louis XVII, le fils de Louis XVI et Marie-Antoinette.
Mais cela pourrait tourner au casse-tête juridico-administratif, note Patrick Monod.
"C'est à la fois un objet archéologique, le morceau d'une histoire privée et familiale et un objet mobilier qui appartient à l'Etat au titre des collections de la basilique", fait-il valoir.

Un homme politique pour le réveillon ? Non merci

Pas question de passer le réveillon de Noël avec un homme ou une femme politique, disent six Français sur 10, selon un sondage BVA pour Canal+ diffusé vendredi.
Sept personnalités politiques ont été proposées aux personnes interrogées et 61% ont répondu qu'elles souhaitaient n'en inviter aucune.
Ceux qui consentent à partager la bûche avec une personnalité politique préfèrent Dominique Strauss-Kahn (23%). Viennent ensuite François Fillon (20%) puis Nicolas Sarkozy (14%), à peine plus souhaité que Ségolène Royal (13%) et Dominique de Villepin (12%).
Les invités les moins désirés sont Martine Aubry (10%) et Marine Le Pen (8%).
Sondage réalisé par internet du 14 au 15 décembre auprès d'un échantillon de 1.058 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.